G ERGONNE
Optique. Essai analytique sur le phénomène du mirage
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 20 (1829-1830), p. 1-31
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I
OPTIQUE.
Essai analytique
surle phénomène du mirage ;
Par M. G E R G O N N E.
ANNALES
DE MA THÉMA TIQUES
PURES E T APPLIQ UÉS.
I.
DANs
les cas lesplus ordinaires,
les couchesatmosphériques
dedensité uniforme sont sensiblement
sphériques
etconcentriques,
etleur centre commun est le centre même de la terre. Mais
lorsqu’on
neconsidère que la
portion
del’atmosphère qui
repose sur un sol peuétendu,
onpeut ,
sans erreursensible ,
supposer ces couchespla-
nes et
horizontales,
et c’est ainsi que nous en userons constam-ment dans tout ce
qui
va suivre. Communément cescouches,
com-primées
par lepoids
de toutes cellesqui
leur sontsupérieures,
sontd’autant
plus
densesqu’elles
sontplus basses ;
et l’on démontre mêmefort aisément que , si elles avaient toutes la même
température ,
leur hauteur croissant en
progression
pardifférences,
leur densitédécroîtrait en
progression
parquotiens ; mais,
d’un autrecôté ,
ilest visible que ces couches doivent être d’autant
plus échauffées,
Tom. XX
n.° I,
I.erjuillet I829.
2
PHÉNOMÈNE
et, par
suite, d’autant plus dilatées,
touteschoses égales d’ailleurs,’
qu’elles
sontplus
voisines dusol ;
voilà donc une cause de con-densation et une cause
de dilatation qui
secontrarient
et de lacombinaison
desquelles
il résulte que les couches inférieures doi-vent être
plus dilatées
etconséquemment
moinsdenses,
et que les couchessupérieures,
au-contraire,
doivent être moins dilatées etconséquemment plus
densesqu’elles
ne le seraient si latempéra-
ture se trouvait uniformément
répartie
dans toute la masse; cequi
doit rendre le
décroissement
de densité de bas enhaut,
moins ra-pide qu’il
ne le serait dans le même cas.On
conçoit
même que, dans certaineslocalités,
dont le sol estsusceptible
de s’échauffer fortement .dans le milieu dujour,
parl’action
destayons solaires ,
ilpeut
se faire que la chaleurqu’il communique
aux couchesatmosphériques
lesplus
basses yproduise
une dilatation
qui
compense ou même fasseplus
que compenser la densité que tend à leur faireacquérir
lapression à laquelle
ellessont
soumises ;
et alors la densité de ses couches pourra fort bien être constante ou même croissante de bas enhaut, jusqu’à
unecertaine hauteur au-delà de
laquelle
elle deviendra décroissante. Ilne serait même pas
impossible que,
dans des circonstancesproba-
blement fori rares, la densité des couches fût alternativement crois-
sante et
décroissante,
de manière àprésenter,
lelong
d’unemême verticale, plusieurs
maxima etminima ;
or , ce sont toutes ces va-riétés de
circonstances,
comme nous le verronsbientôt, qui
don-nent naissance à cette
multiplicité d’images
d’un mêmeobjet qui
constitue
proprernent
lephénomène
dumirage,
ainsiqu’à
beau-coup
d’autresphénomènes
non moinspiquans,
dontquelques-uns,
à la
vérité,
n’ontpoint
encore étéobservés,
mais que lecalcul,
devançant
icil’observation,.
comme en tant d’autres rencontres, nenous montre pas moins comme
très-possibles
II.
Lorsqu’un
milieutransparent
se trouve ainsicornposé
de cou-ches
horizontales de densitéuniforme
; les rayonsémanés,
dans3
DU
MIRAGE.
toutes les directions d’un même
point lumineux, qui s’y
trouveplongé,
décrivent évidemment des courbesplanes,
situées dans tousles
plans
verticauxqu’on peut
concevoir par cepoint,
et ces rayonssont en nombre Infini dans chacun de ces
plans.
Il n’est pas moins évident que ceux d’entre cesrayons,
dont la direction initiale fait le mêmeangle
avec la verticale conduite par lepoint lumineux,
ont exactement la même courbure et sont situés de la même ma-
nière,
dans leursplans
verticauxrespectifs ;
d’où il résulte qne tous les rayons émanés de cepoint
sont distribués sur une série de sur-faces de
révolution, ayant
pour axe commun la verticale conduite par lepoint rayonnant, point
commun à toutes cessurfaces,
dontces mêmes rayons sont les méridiens. Il suffit donc d’étudier ce
qui
se passe dans l’unquelconque
desplans
verticaux conduits parce
point,
pour connaître cequi
se passe dans tous les autres.III. Considérons
donc, en particulier,
unquelconque
de cesplans,
dans
lequel
soienttracés,
par lepoint rayonnant,
un axe des x horizontal et un axe des y vertical. Concevonsque,
par chacun despoints
de ce dernier axe, on lui élève uneperpendlculaire
d’unelongueur proportionnelle
à la densité du milieu en cepoint ;
lesextrémités des
perpendiculaires ,
ainsiélevées, appartiendront
toutesà une certaine courbe que nous avons
appelée
lacaractéristique
dumilieu,
dansnotie mémoire de I808,
parcequ’en
effet elle est font propre à enpeindre
aux yeux la nature. On pourra, ausurplus,
augmenter
oudiminuer,
d’une mêmequantité quelconque,
toutesles coordonnées de cette courbe
parallèles
à l’axe des x , car cela reviendrasimplement
à admettre que l’on aaugmenté
oudiminué,
d’une même
quantité,
la densité dumilieu,
en tous sespoints;
ce
qui,
comme l’onsait ,
ne saurait altérer en aucune sorte la fi-gure
des rayons lumineux(*).
On pourra donc aussi faire marcher (*) Il est pourtant essentiel de remarquer que si uneaugmentation
onune diminution constante
quelconque
dans la densité du inilieu en tous ses4 PHENOMÈNE
cette
caractéristique parallèlenient
àelle-même, dans le
sensdes
x ; et nousprofiterons
à ravemrde
cette libertépour la faire
cons-tamment passer par
l’origine.
IV. Ces choses
ainsi entendues,
soit u la densité dumilieu , à
la hauteur y ; cette
densité
sera une certaine fonction de y ; desorte
qu’en pourra
poser , engénéral,
y
et udevant
être nuls en mêmetemps ;
et cetteéquation,
eny considérant les u comme des coordonnées
parallèles aux
x, seraaussi
celle de
lacaractéristique.
On auraainsi (
tom,XIX, pag.
270)
en
conséquence,
leséquations
du mouvementd’une molécule
lu- mmeuseseront ( ibid.,
pag.282)
points,
ne peutchanger
lafigure
des rayons lumineux , elle est loin toute-fois d’être sans influence sur l’acte de la vision. Si, en effet, le milieu de- vient très-dense, les humeurs dont l’oeil se compose,
lesquelles
ne réfrac-teut la lumière
qu’à
raison de l’excès de leur densité sur celle de l’air am-biant, réfracteront alors trop faiblement les rayons émanés du
point
lumi.neux
qui,
de la sorte,paraîtra plus
voisinqu’il
ne le sera réellement , etmême pourra le
paraître
assez pour n’être vu que d’une manière confuse. Le contraire arriverait, si le milieu devenait très-rare en tous sespoints.
Unpresbyte
l’est donc d’autantplus
et un myope d’autant moins que la co- lonnebarométridue
estplus
élevée ; et le myope lui-même devientpresbyte
lorsqu’il plonge
dans l’eau,DU
MIRAGE.
5k2
ayant
ici la mêmesignification qu’à
la pag. 262 dumémoire
cité.On pourra
d’ailleurs y joindre,
commes’y
trouvantimplicitement comprise ( ibid., pag. 273) l’équation
dans
laquelle w représente toujours
la vitesse de la lumière dans le vide.V.
En multipliant
par2dy
ladernière des équations (2)
elle de-vient
ce
qui donne,
enintégrant,
’A étant la constante
arbitraire.
Celarevient
àmais
l’équation (3) donne
éliminant
donc dt2 entre ces deuxéquations,
nousobtiendrons,
pour
l’équation
différentielle du rayonlumineux
Pour faire disparaître
la constanteA, désignons par
m la tan-6
PHENOMÈNE
gente
tabulaire del’angle que
faitla
directioninitiale du
rayon la- mineux avec 1"axe des x ; alors on devra avoir à lafois,
y=0 etdy 1
= m ; etpuisque
nous sommes convenus défaire constamment dxpasser la
caractéristiquie
parl’origine,
on auraaussi
alors u=o.En
conséquence l’équation (4) deviendra
d’où
ce
qui donnera,
ensubstituant,
posant done,
une foispour
tout, pourabréger
cette
équation deviendra
ce
qui donnera ,
endifférentiant,
on
tirera d’ailleurs
del’équation (6)
DU
MIRAGE.
7équation séparée,
dontl’intégration
nedépend plus
quedes
qua-dratures.
VI. Les
équations (6)
et(7)
mettent en évidence des relation-sentre la courbure de la
caractéristique
et celle du rayon lumineuxqu’il
est bon de remarquer en passant. observons d’abordqu’une
même tranche horizontale du milieu ne
pouvant jamais avoir, à
la
fois,
deux densitésdifférentes,
il s’ensuitqu’à
une même va-leur
quelconque
de y ne sauraientrépondre ,
à lafois , plusieurs
va-leurs
de u ;
cequi
revient à direqu’une parallèle quelconque à
l’axe des x, ne saurait couper la
caractéristique
enplus
d’unpoint.
Or
,l’équation (6)
prouvequ’à chaque
valeur de urépondent
seu-tement pour
dy dx,
deux valeurségales
et designes contraires ;
iln’en
répondra
donc pasdavantage
àchaque
valeurde y ;
cequi
revient à dire que y si une
parallèle à
l’axe des x estcoupée
par le rayon lumineux enplusieurs points,
elle le sera sous les mê-mes
angles
en tout cespoints,
abstraction faite dusigne qui
évi-demment devra être alternativement
positif
etnégatif,
et consé-quemment
une telle droite ne pourra couper le rayon lumineux en certainspoints
et le toucher end’autres ; ainsi ,
ou le rayon Irmi-neux coupera une telle
parallèle
en deuxpoints seulement, auquel
,cas ce rayon sera
symétrique
parrapport
à une certaineverticale,
ou bien il
serpentera
continuellement autour de cettedroite ,
etalors il se trouvera entièrement
compris
entre deux autres droitesparallèles à celles-là, qu’il
ira toucher alternativement. Cette mêmeéquation (6)
prouve d’ailleurs que, tant que m n’est pasnulle , c’est-à-dire,
tant que la direction Initiale du rayon n’estpoint
ho-rizontale,
satangente
ne saurait devenirparallèle
à l’axe des x que dans lesrégions
pourlesquelles a
estnégative;
elle prouveégale-
ment que,
tant que la direction initiale du rayon n’estpoint
ver-ticale,
satangente
ne saurait devenirperpendiculaire
à l’axe des xque dans les
points
pourlesquels
on aurait u infinie.8
PHENOMÈNE
Puisqu’à chaque
valeur de y il ne sauraitrépondre qu’une
seulevaleur
de u,
il n’enrépondra qu’une
nonplus
dedu dy;
etl’équa-
tion
(7) prouve qu’il
n’enrépondra également qu’une
seule ded2y dx2; ainsi, jamais
deux branches de tacourbe,
affectée par un même rayon, nepourront
êtretangentes
l’une à l’autre. Cette mêmeéquation (7)
prouve, en outre, quedu dy
etd2y dx2
sont constamment demême signe, qu’ils
croissent etdécroissent,
deviennent nuls et in- finis en mêmetemps ;
cequi
revient à direqu’aux
maxima et mi-nima de densité du milieu
répondent
despoints
d’inflexion du rayon , et que la courbure de ce rayon devient infinie pour lespoints
où la-tangente
lacaractéristique devient
horizontale.VII.
On voitqu’au
moyen del’équation (8)
lacaractéristique
écant
donnée,
onpeut
en conclure la nature de la courbe affec- tée par le rayon. Onpeut aussi,
à l’aide de la mêmeéquation,
se proposer de résoudre la
question inverse, c’est-à-dire,
celle oul’on demanderait
quelle caractéristique,
etconséquemment quelle
na-tnre de
milieu, peut
donner narssance à un rayon dont la natureet la situation sont
données;
et nous traiterons d’autantplus
volon-tiers cette
question
avantl’autre, qu’elle
n’a besoin pour être réso-lue,
que de lasimple application
du calculdifférentiel,
tandis quela résolution de la
première
réclameimpérieusement l’emploi
du cal-cul
imtégral;
mais voyonsauparavant
, comment onpeut déduire,
de l’observation
directe,
lafigure
d’un rayonlumineux.
VIII.
Concevons que, dans uneplaine
d’une certaineétendue,
à peu
près horizontale,
on ait tracé unerigole rectiligne,
assezprofonde
pourqu’en
y introduisant del’eau,
le fond n’en soit dé-couvert en aucun
point ;
on aura ainbi une surfacerigoureusement
DU
MIRAGE.
9horizontal (*).
Soientplantés,
lelong
de cetterigole
et dans titimême
plan vertical,
une suite dejalons verticaux susceptibles
d’êtreplus
ou moinsallongés
vers lehaut
, au moyen d’unetige à
cré-maillère,
mue par unpiguon,
à peuprès
comme on le voit dansnos
larnpes
à courantd’air ,
soit par tout autre moyenéquivalent;
et soit mise cette
disposition à profit
pour lesajuster ,
de telle sorte, que leurs extrémitéssupérieures paraissent,
àl’0153il,
être toutes enligne droite ;
on sera certain alors que ces extrémités sont toutessituées sur la courbe
qu’affecte
l’un des rayons lumineuxqui
par-tent de l’extrémité
supérieure
de l’un desjalons
extrêmes. Soientalors mesurées exactement tant les distances entre les
jalons
consécu-tifs que la hauteur de chacun au-dessus du niveau de
l’eau,
on obtiendra de la sorte les coordonnées d’unplus
ou moinsgrand
nombre de
points
de la courbe affectée par le rayonlumineux ; d’où,
par les méthodes connuesd’interpolation ,
on pourra conclurel’équation
de cette courbe. Il faudraseulement,
pour ramener l’ori-gine
à l’extrémitésupérieure
de l’un desjalons extrêmes, compter
les x àpartir
dupied
de cejalon,
etdiminuer
ensuiteles y
detoute sa hauteur.
IX. Ces choses ainsi
entendues,
supposons, engénéral, qu’en opérant
de la sorte on aittrouvé,
pourl’équation
de la courbedécrite par le rayon,
équation
danslaquelle
y doit être nulle en mêmetemps
que x;on en conclura
(*) On
conçoit
que , dans laprésente hypothèse,
où la lumière ne se meutpas
enligne
droite , tous les moyens ordinaires de nivellement’employés
dans la vue de se procurer une telle
surface,
seraient tout-à-fait illusoires.Tom. X-Y 2
’
I0
PHÉNOMÈNE
substituant
ces valeursdans l’équation (6),
elledeviendra
d’où
ontirera
mettant
donc
pour x, dans cette dernièreformule i
sa valeur eny, tirée de
l’équation (9),
on obtiendra ainsi la valeur de u enfonction de y ,
c’est-à-dire l’équation
de lacaractéristique.
X. Donnons
des exemples
del’application
de ceprocédé. Sup- posons
d’abord que l’observation aitdonné, pour
lafigure
durayon,
une
droite ayant pour équation
il
enrésultera
substituant
cesvaleurs dans
laformule (10)
, elledeviendra
résultat
qui
nerenferme pIns x
etqui
nousapprend qu’ici
la ca-ractéristique
est l’axedes r
oti uneparallèle
à cet axe ; cequi
re-vient
à direque
les rayons de lumière nonverticaux
ne sauraientêtre
rectilignes
que dans un milieu dedensité
constante; Eequi
était
d’ailleursfacile à prévoir.
DU
MIRAGE.
IISupposons,
pour secondexemple, qu’on
aittrouvé, pour
la fi-gure du rayon , une
parabole
ayant son axevertical
etexprimée
par
l’équation
il en résultera
substituant ces valeurs dans
la formule (10),
elle deviendraéliminant enfin x ou , ce
qui
revient aumême, 2gx+x2
de cettedernière
formule,
au moyen del’équation
du rayonlumineux
ilviendra ,
pourl’équation
de lacaractéristique,
c’est-à-dire qu’ici
lacaractéristique
est une droite inclinée àl’axe
des y ; ce
qui
revient à dire que la densité des couches duniilieu
croît ou décroît
proportionnellement à
leur élévation au-dessus du sol. Ce n’est donc que dans un milieu ainsi constitue que les rayonslumineux
peuvent êtreparaboliques;
lesrésultats obtenus prouvent
d’ailleurs que lesparaboles
tournent constamment leur convexité du côté le moins dense.XI. Passons
présentement à
l’autrequestion
, c’est-à-dire à celleoù,
aucontraire,
ils’agit
de conclure de la nature du milieu lafigure
de la courbe tracée par le rayon lumineux. Onconçoit
que, pourcela ,
il ne seraquestion
que de substituer pour u, dans laI2
PHÉNOMÈNE
formule
(8),
sa valeur en ydonnée
par ladéfinition du milleu;
d’intégrer
ensuite et dedéterminer
la constante introduite par l’in-tégration d’après
lacondition que x et y
soient nuls en mêmetemps.
XII.
Supposons,
pourpremier exemple
que la densité du mi- lieu soit constante ; lacaractéristique
seraalors
uneparallèle à
l’axedes y,
àlaquelle
il seratoujours permis (III)
de substituer l’axe des ylui-même ;
on aura ainsi u=o; au moyen dequoi l’équa-
tion
(8) deviendra
d’où
ou
simplement
puisque x et y doivent
être nuls en mêmetemps.
Les rayons lu-mineux
sont doncrectilignes
dans ce cas, comme onpouvait
biens’y
attendre.Supposons,
pour secondexemple
que la densité des couches croisse ou décroisseproportionnellement
à leurs distances auplan
horizontal conduit par le
point rayonnant ;
lacaractéristique
seraalors une droite
passant
parl’origine ,
on pourra donc poseru=y c;
c étant une
longueur
constante,positive
ounégative,
suivant que la densité sera croissante ou décroissante vers lehaut,
et d’autantmoindre que la variation de densité
sera plus rapide.
Enportant
cette valeur
de u
dansl’équation (8),
elledeviendra
DU MIRAGE, I3
dont l’intégrale
seraB étant la constante
arbitraire.
Enexprimant
donc que xet y doi-
vent être nuls en même
temps ,
on aurad’où,
en substituantEn
chassant ledénominateur, transposant
et faisantdisparaître
lecadical,
ilvient,
enréduisant 1
équation
d’uneparabole
dont l’axe estvertical,
dont la concavitéregarde
le côté verslequel
la densité vacroissant,
etqui
a unecourbure d’autant moindre que cette densité varie moins
rapide-
ment
(*).
Ainsi se trouvent démontrées les
réciproques
desdeux proposi-
tions que nous avons établies ci-dessus.
(*) Cette
équation
est exactement la même que celle de latrajectoire
desprojectiles
dans le vide, et on ne doit pas en êtresurpris, puisqu’ici,
comme la, ils’agit
d’une forced’impulsion
combinée avec une force accélératrice constante.I4 PHÉNOMÈNE
XII. Ce
qui
nous intéressespécialement
estde découvrir
dequelle
manière
s’opérera
la vibion à travers des milieux constitués comme ceux que nousconsidérons ici.
Pourcela ,
observons d’abord que,quelle
que soit lafonction
de y que l’on substitue pour u, dansl’équation (8),
enintégrant
ensuite cetteéquation
et en détermi-nant la constante comme nous l’avons
dit,
onparviendra toujours
pour le rayon
lumineux,
à uneéquation
de la formede sorte que, pour
chaque
valeurparticulière
de m ,c’est-à-dire,
pour
chaque
direction initiale donnée du rayonlumineux,
onpourra toujours,
au moyen de cetteéquation,
déterminer le cours entier de la courbequ’il devra
affecter.Soit un oeil
plongé
dans lemilieu
et soit(x’ y’)
le centre del’ouverture de sa
prunelle. Si, considérant
m,dans l’équation (I3),
comme un
paramètre indéterminé,
on veutprofiter
de sonindé-
termination
pour assujétir
le rayonparti
del’origine
à passer par lepoint (x’, y’),
ilfaudra
écrire que les coordonnées de cepoint
satisfont à
l’équation (13) ;
cequi
donnera po.urdéterminer
m, l’é-quation
Pour aller du
sirnple
aucomposé ,
supposonsd’abord que
cetteéquation
nesoit,
parrapport
à m, que dupremier degré
seule-ment, ou encore
qu’étant
d’undegré impair quelconque
par rap-port à
cetteinconnue,
elle ne donnejamais
pour ellequ’une
seulevaleur
réelle, quelle
quepuisse
être d’ailleurs la situation dupoint (x’, y’). Il
s’ensuivraqu’en quelque
endroitqu’un
0153il soitsitué ,
sur le
plan
des axes, un rayon et un seul rayon émané dupoint lumineux, parviendra toujours
au centre de saprunelle.
Leplan
des axes sera donc entièrement couvert par les rayons
qui s’y
trou-veront contenus , et ces rayons, ne se
coupant
pas les uns les au-DIJ
MIRAGE.
I5tres,
n’auront
pas de courbe limite oud’enveloppe
commune.Si,
dans ce cas , on tire del’équation (14) la
valeur de m , pourla substituer dans
l’équation (I3), l’équation résultante
en x, y,x’, y’,
seral’équation particulière
durayon qui parvient
au cen-tre de
l’0153il, lequel
se trouvera ainsiparfaitement
déterminé. En lui menant donc unetangente
par lepoint (x’, y’),
cettetangente indiquera,
par sadirection ,
la direction danslaquelle
lepoint
rayonnant paraîtra situé ,
pour un oeilplacé
en(x’, y’);
car onsait que les
objets
sonttoujours
vus dans la direction de la tan-gente
menée par l’oeil au rayon que luienvoyent
ces mêmesobjets.
Par
exemple,
dans le cas d’un milieuhomogène, ayant trouve
(XII)
pourl’équation générale
des rayons lumineux y-mx,si
l’on veut déterminer m de manière que l’unde
ces rayonspasse
par lepoint (x’, y’),
il faudra écrirey’=mx’;
tirant de cette
équation
la valeurde m,
pour lasubstituer dans
laprécédente,
celle-ci deviendral’équation
de latangente
menée au rayon par l’oeil seradonc
c’est-à-dire que cette
tangente
se confondra avec le rayonlui-même;
de sorte que le
point rayonnant
sera vu dans sa véritable direction.XIII.
Mais c’est
peude savoir dans quelle
direction ou surquelle
I6
PHÉNOMÈNE
droite menée par
l’0153il,
lepoint rayonnant semblera
setrouvera
et on peut désirer en outre de connaître
positivement quel
sera lepoint
de cette droitequ’il paraîtra
occuper, ou cequ’on appelle
au-trement le lieu
de l’image (*). Or, si,
par lepoint (x’, y’),
on ima-gine
unetrajectoire orthogonale
de tous les rayons émanés dupoint
lumineux,
il est clair que lestangentes
menées à ces rayons, par lespoints
ou lescoupera
latrajectoire ,
seront des normales à cettetrajectoire ;
d’où il suit que , pour un oeil situé en(x’, y’),
cesrayons sembleront
diverger
du centre de courbure de latrajectoire
en ce même
point ;
etpuisque, généralement,
le lieu del’image
d’un
point
est l’endroit d’oùparaissent diverger ,
à leur entrée dansl’0153il,
ceux des rayons émanés de cepoint qui
ypénètrent,
onpourra établir ce théorème
général :
THÉORÈME. Lorsque des rayons lumineux, de figure quelcon-
que,
émanés d’un mêmepoint,
sont touscompris
dans un mêmeplan,
le lieuapparent
de cepoint,
pour un 0153il situé d’une ma-nière
quelconque
dans ceplan,
est le centre dé courburerelatif
au lieu de
l’0153il,
decelle
destrajectoires orthogonales de
tous lesrayons lumineux
qui
le contient.Il suit évidemment de là que le
point rayonnant
ne pourra être distinctement aperçuqu’autant
que latrajectoire orthogonale
de tousles rayons émanés de ce
point
aura sa convexité tournée versl’0153il.
Si ,
eneffet,
le contrairearrivait,
le centre decourbure
decette courbe étant alors situé derrière le
spectateur,
les rayons de lumièresparviendraient
à son 0153il dans desdirections convergentes;
il se trouverait
donc
dans un caspareil
à celui où l’on est lors-(*)
M. Biot neparaît
pas s’étre occupe de cettequestion ; l’inspection
desplanches
de son ouvrage pourrait même induire les personnes peu versées dans ces matières à penser que le lieu apparent d’unpoint
lumineux estgë-
néralement sur le rayon
qui parvient
de cepoint
à l’0153il, cequi,
au con- traire, ne saurait arriver que dans le castrès-particulier
où ce rayon estrectiligne, c’est-à dire,
dans le cas ou le milieu esthomogène.
DU
MIRAGE. I7
qu’on regarde
desobjets
fortéloignés,
enappliquant
contrel’0153il
une lentille extrêmement convexe. Il verrait le
point
lumineux commele
verrait,
dans les circonstancesordinaires ,
unspectateur
exces- sivement myope.XIV. Si pour faire
l’application
de notrethéorème
il était né-cessaire d’obtenir d’abord
l’équation
de latrajectoire orthogonale
des rayons
lumineux,
leproblème pourrait
souvent être d une so-lution fort
embarrassante,
car cettetrajectoire
est donnée immédia-tendent par une
équation
différentiellequi peut
n’être que diffici- lementséparabie.
Heureusement on n’a pas besoin de la couibemême,
niais seulement de son centre de courburerépondant
aupoint (x’, y’);
et ce centre, comme oti va levoir,
peut être fa-cilement obtenu
par
lasimple application
du calcul différentiel.Soit
toujours (x’ ,y’)
un despoints
du rayonunique qui répond
à une valeur donnée
de m , c’est-à-dire, à
une direction initiale don- née du rayonlumineux ;
satangente
en cepoint,
normale aumême
point
à latrajectoire orthogonale,
contiendra te centre de courburecherché,
et sa normale au mêmepoint, tangente à
cettemême
trajectoire,
pourra , dans despoints
très-voisins decelui-là
être
prise
sensiblement pour latrajectoire
elle-même. Si donc onpasse de ce
premier rayon à
un autrequi
en soittrès-voisin ,
satangente,
aupoint
où il seracoupé
par la normale aupremier
en
(x’, y’),
pourra êtreprise
sensiblement pour une seconde nor- male à latrajectoire orthogonale laquelle
coupera lapremière
enun
point
très-voisin du centre decourbure ,
etqui
deviendra fi-nalement
ce point lui-même,
si le nouveau rayon lumineux vient à se confondre avec lepremier.
Appliquons
à cetteconception géométrique
lesprocédés
de l’ana-lyse ; supposons qu’ayant
résolul’équation
du rayon lumineux parrapport à y,
cetteéquation
soit alorson -aura
ainsi , pour le point (x’, y’),
Tom. XX
3
I8 PHENOMÈNE
d’où
en
conséquence, l’équation
de latangente
en cepoint,
normalà la
trajectoire
au mêmepoint,
et contenant ainsi le oentre de cour-bure
cherché,
seraou encore
Supposons présentement que
lepoint (x’, y’)
sechange en (x’+
03B4x’, y’+03B4y’);
et soitm+8m
la valeur queprend
m pour ce nou-veau
point.
La variation del’équation (17)
de latangente, dans laquelle
ilfaudra
traiter comme constantes lescoordonnées
et y du centre decourbure,
sera, en observant que XI estfonction de
x’ et mseulement
divisant par 03B4m etréduisant,
d’où
et
par suite (r 7)
DU MIRAGE. I9
Si
présentement
onprend
la variation del’équation (I5),
oaaura, en divisant
toujours
par03B4m,
d’un autre
côté,
si noussupposons
que lepoint (x’+03B4x’, y’+03B4y’),
est sur la normale au rayon lumineux en
(x’, y’),
nous auronsoù,
enmultipliant
par 03B4x’ 03B4m,mettant dans cette
dernière équation pour 03B4y’ 03B4m
savaleur donnée
parl’équation (2 1) t
elledeviendra
tirant
enfin de cettedernière
la valeur de03B4x’ 03B4m, pour
lasubstituer
dans les formules
(tg)
et(20),
celles-cideviendront
20
PHÉNOMÈNE
on
déduira donc
de ces formulesgénérales,
danschaque
cas par-ticulier ,
les valeurs des coordonnées x, y du lieu del’image du point lumineux ,
vu dupoint (x’, y’);
valeurs danslesquelles
ilfaudra d’ailleurs substituer pour m sa valeur tirée de
l’équation (I5).
Si l’on
représente
par r et r’ les distances réelles etapparentes
de l’0153il aupoint rayonnant,
et par 03B8 et 03B8’ lesinclinaisons
à l’ho- rizondes droites
menéesrespectivement de
l’0153il à cepoint
età
son
image,
on auraen substituant
donc,
dans cesdernières formules, pour x-x’
ety-y’ leurs
valeurs(22),
on auraLa
comparaison
des formules(23)
et(25)
fera connaître si lepoint
lumineux
est
vu au-dessus ou au-dessous de savéritable place
plus près ou plus
loin de l’0153ilqu’il
ne l’estréellement
-DU
MIRAGE.
2IXV.
Appliquons
ces formulesgénérales
au casparticulier d’une densité
constante pourlequel
on a(XII)
il
en résulteraet
conséquemment
à l’aide de
cesrésultats,
les formules(22)
et(25) deviendront
c’est-à-dire,
en menant pour m sa valeury’ x’
c’esl-à dire que le
point rayonnant
sera vu alors dans savéritable
direction et à sa véritable distance.
Cela,
ausurplus, pourrait fa-,
cilement être
prévu;
et cetteapplication particulière
nedoit
êtreenvisagée,
enconséquence, que
comme un moyen de vérifier nos formulesgénérales.
XVI. Si,
au lieu d’unpoint rayonnant unique ,
ils’agit
d’unobjet
d’une certaineétendue,
on pourra se demander si cetobjet paraîtra
à l’oeit dans sa véritable situation ou dans une situationrenversée,
etsi ,
dans ce dernier cas , le renversement auralieu
à
lafois,
duhaut
en bas et de l’avant àl’arrière,
ou seulementdans
l’une oul’autre
de cesdeux directions,
Pourdécouvrir
ce22
PHÉNOMÈNE
qui devra surpasser
sons cerapport, supposons d’abord que
lepoint
rayonnant
au lieu d’être àl’origine,
soit en(a, b); transposant
l’o-rigiue
en ce nouveaupoint x, y, x’, y’
sechangeront
en x-a,y-b, x-a’, y-b’,
dans lesformules (I4)
et(22).
Eliminant alorsm des
dernières,
au moyende
lapremière ,
on obtiendra xet y
enfouettons
de aet b ;
et ils’agira
d’examiner ensuite si x et a, y et b croissent etdécroissent ensemble;
ousi ,
aucontraire, x
ouy
ou tous les- deux décroissentlorsque a
ou b ou tous les deuxvont croissant.
Plus
généralement,
pour savoir sousquel aspect
s’offrira àl’0153il
une
ligne quelconque,
droite on courbeplane,
tracée dans leplan
des rayons, il faudra dans
l’équation
de cetteligne,
en aet b ,
mettre
pour
ces deux variables leurs valeurs en x et y ; etl’équa-
tion
résultante,
entre ces deux dernièresvariables ,
seral’équation
de la
ligne
demandée. On ferait l’inverse s’ils’agissait
de déter-miner ,
aucontraire, quelle
sera laligne qui
s’offrira sousune apparence donnée
(*).
XVII. Passons.
présentement au
cas oùl’équation (14)
ou(I5), c’est-à-dire,
est, par
rapport
à m , d’undegré- supérieur
au premier.Alors
elle donne pour m un certain nombre devaleurs ;
de sortequ’en gé-
nerai
dans ce cas ,plusieurs
rayons, émanés dupoint
lumineuxdans des directions
différentes, pourront parvenir
à un oeilcon-
venablement
situé, qui
en apercevraainsi
unplus
ou moinsgrand
nombre d’Images.
Mais onconçoit
que, suivant lagrandeur
et les(*) Il
ne
seraitguère plus
difficile de résoudre leproblème
pour une courbe à double courbure ou pour uneligne plane,
droite oncourbe ,
nonsituée dans un