A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
L UIS B EL
Le champ scalaire en relativité restreinte
Annales de l’I. H. P., section A, tome 8, n
o2 (1968), p. 205-216
<http://www.numdam.org/item?id=AIHPA_1968__8_2_205_0>
© Gauthier-Villars, 1968, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de l’I. H. P., section A » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.
org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
205
Le champ scalaire
en
relativité restreinte
Luis BEL
Laboratoire de Physique Théorique associé au C. N. R. S.
Institut H. Poincaré, Paris.
Vol. VIII, n° 2, 1968, Physique théorique.
RÉSUMÉ. -
Étude
deséquations
du mouvement et destrajectoires
d’une
particule d’épreuve
soumise à unchamp
scalaire(à
courte et àlongue portée) statique
et àsymétrie sphérique
en relativité restreinte. Examen dequelques implications
ducouplage particule-champ
scalaire.INTRODUCTION
Nous nous intéressons dans cet article au
champ
scalaire en relativitérestreinte. Nous étudions les
équations
du mouvement et lestrajectoires
d’une
particule d’épreuve
soumise à unchamp
scalairestatique
et àsymé-
trie
sphérique,
et nous faisonsquelques
remarques concernant lecouplage particule-champ scalaire, couplage qui
est assezparticulier.
Nous avons considéré le cas où le
champ
scalaire est àlongue portée
et le cas où il est à courte
portée. Étant
donnéqu’on
n’a.jamais
observéjusqu’à présent
dechamp
scalaire àlongue portée,
cetteétude
peutparaître
sans
grand
intérêt dans lepremier
cas.Cependant
le faitqu’il
n’aitjamais
été observé pouvant être dû à une constante de
couplage
trèspetite,
peut- être sera-t-il observé unjour
par des effets fins indécelés à l’heure actuelle.Nous croyons utile de nous y intéresser pour savoir éventuellement le reconnaître.
On connaît par contre des
champs
scalaires à courteportée.
Mais onnous
objectera
sans doute que dans ce cas laportée
est si courtequ’il
ne semanifeste
guère qu’au
niveau nucléaire ou endessous,
domaines danslesquels
un traitementclassique (c’est-à-dire
nonquantique),
fût-il rela-tiviste,
est aussi sansgrand
intérêt. C’est vraie seulement enpartie
carcertaines
particularités
de ladescription classique
se retrouvent, ou devraient se retrouver, dans ladescription quantique.
C’est ce que nous montrons dansquelques-unes
des remarquesauxquelles
nous avons fait allusionplus
haut.Le
champ
scalaire àlongue portée
afait,
sous différentesformes, l’objet
de nombreux travaux. Certains de ces travaux sont des tentatives de théories relativistes de la
gravitation ;
d’autres des tentatives de théoriesplus
oumoins unitaires du
champ
scalaire et duchamp
degravitation (~).
Danscet article nous considérons le
champ
scalaire par lui-même. Il n’estqu’un champ
dansl’espace-temps
de Minkowski au mêmetitre
que lechamp électromagnétique.
1 -
ÉQUATIONS
DU MOUVEMENTET LAGRANGIEN D’UNE PARTICULE
D’ÉPREUVE
SOUMISE A UN CHAMP SCALAIRE
a)
Pour fixer les notations écrivons l’intervalle élémentaire del’espace-
temps de Minkowski sous la forme :Les
équations
du mouvement d’uneparticule d’épreuve
soumise à unchamp
scalaire ~ que nous considérerons sont :avec :
et où m est la masse propre de la
particule
et q sacharge
scalaire.(~)
Voir par exemple R. H. Dicke : The theoretical significance of experimental relativity.Gordon and Breach, et les références données dans cet ouvrage.
De - - 1 et de
2 dr
il vient immédiatement mds -
0. D’autre part il est évident que(2)
sont invariantes par la transformation dejauge :
b)
Unpetit
calcul prouve que leséquations
du mouvement(2)
dériventdu
lagrangien :
.ou encore, en choisissant comme
paramètre
avec
c)
Pour terminer de caractériser l’interaction de laparticule
avec lechamp
il fautpréciser l’équation
duchamp.
Nous supposeronsque 0
est solution de :
où ,u est une constante
positive
ou nulle.2. - CAS
STATIQUE
ASYMÉTRIE SPHÉRIQUE.
APPROXIMATION
CLASSIQUE
a)
Nous supposerons dorénavantqu’il
existe unrepère galiléen
pourlequel 1>
estuniquement
fonction de r : .et satisfait la condition à l’infini :
Ceci donne :
où
Q
est lacharge
scalairede
la source duchamp,
et g la constante decouplage correspondante.
’
On remarquera que compte tenu de
(8),
dans le0,
et comptetenu de
(8)
et(9),
dans le cas p =0,
C nepossède
pasl’invariance
dejauge (4).
Le fait
que
leséquations
du mouvement(2)
admettent de toutesfaçons
cette invariance de
jauge peut s’interpréter
comme une liberté de choix del’échelle
d’énergie.
b)
Onpeut
prouver facilement d’unepart
que lesmc
trajectoires correspondantes
aux solutions de(2)
dans lerepère galiléen
et pour le
champ C
considérés sontplanes,
et d’autre part quesi ,
> 0 l’accélération d’uneparticule
dont la vitesse est nulle estdirigée
vers lecentre
(potentiel attractif)
et dans la directionopposée (potentiel répulsif)
.
si ~
0. Nous supposeronsdorénavant ~
> 0.c) Si f e- fJ’ et ~
sont suffisammentpetits,
lelagrangien (6) devient,
à la- r c
constante additive
près - mc2 :
avec k = On obtient ainsi à
l’approximation classique
leslagran- giens
d’uneparticule.
soumise à unchamp
de type Coulomb =0)
ouYuka wa
( ~0).
On remar q uera quel’hypothèse v c
1 seule aurait été insuffisante pour obtenir(11,.
3. -
ÉQUATION
DES TRAJECTOIRES.’
POTENTIEL APPARENT., POTENTIEL EFFECTIF
.
a)
Choisissons des coordonnéespolaires
r et 0 dans leplan
destrajec-
toires
envisagées.
Nous pouvons ainsi écrire :L’hamiltonien
correspondant,
ouénergie
de laparticule,
est :et le moment
conjugué
à0,
momentangulaire :
E et P sont évidemment des
intégrâtes premières.
L’équation
destrajectoires
est :e étant le
signe
de la vitesseradiale, (ro, 0o)
laposition initiale,
et :Pour des valeurs données de E et P le mouvement de la
particule
seréalise
d’après ( 15)
dans un intervalle de r pourlequel
on ait :b)
Nousappellerons potentiel
apparent la fonction :Pour’
>0, U(r)
est une fonctionnégative
et croissante dans tout l’inter- valle admissible r > 0. En outre nous avons.
c)
Nousappellerons potentiel
effectif la fonction :, P
où p = 2014. Nous supposerons p
positif
cequi
ne restreint pas lagénéralité.
mc
Posons d’autre part :
Nous avons ainsi :
et par
conséquent
lacondition (18)
se traduit par :d)
Laterminologie adoptée
pour U et ç sejustifie
par le fait que leproblème
ici étudié est formellementéquivalent
à celuiqui
consisterait à choisir commelagrangien
avec :
Dans cette
équivalence
lacorrespondance
entretrajectoires
se ferait enposant :
É
etP
étantrespectivement l’énergie
et le momentangulaire
au sens de(24).
4. - POTENTIEL A LONGUE
PORTÉE.
ÉTUDE
DU POTENTIEL EFFECTIFSi le
potentiel 0
est àlongue portée,
c’est-à-diresi Il
=0,
lesprincipales caractéristiques
dupotentiel
effectif(20)
sont les suivantes :Il est clair tout d’abord que :
On peut prouver en outre que la dérivée
({J’
ne s’annulequ’en
un seulpoint
r-qui correspond
naturellement à un minimum avec((J(r-)
0.r’(p)
est une fonction croissante de p et on a :=
~(r )
est une fonction croissante de p et on a :5. - POTENTIEL A COURTE
PORTÉE.
ÉTUDE
DU POTENTIEL EFFECTIFa)
Considérons maintenant le cas où lepotentiel C
est à courteportée :
c’est-à-dire le cas p # 0. Nous poserons, ce
qui
ne restreint pas lagénéra- lité,
= 1. Nous avonsprouvé
les résultats suivants :Les valeurs limites du
potentiel
effectif cp sont :Les
points qui
annulent la dérivéeql
sont ceux pourlesquels
on a :Cette
équation
peut avoir des solutions ou ne pas en avoir suivant la valeur de p.L’équation :
définit une valeur
positive unique
de z.Soit fi
le nombrepositif
donnépar :
.
1)
Si pfi,
il existe deuxpoints r -
et r + solutions de(31)
etqui
sontde part et d’autre de z. Nous poserons :
r -
correspond
à un minimum de ç et r + à un maximum.II)
Si p =fi
il existe un seulpoint
solution de(31)
et cepoint
est z. Ilcorrespond à
unpoint
d’inflexion de cp,qui
sauf en cepoint
est une fonc-tion
positive
et décroissante dans tout l’intervalle r > 0.III)
Si p >fi
il n’existe pas des solutions de(31).
ç est une fonction décroissante etpositive
dans tout l’intervalle r > 0.b)
Examinons avecplus
de détail le cas I. r - et r + sont des fonctions de pp.
r- est une fonction croissantede p,
etr+ est une fonction décroissante de p et :
({J + = ~p(r + ~
et({J -
=p(r’)
sont des fonctions croissantes dep~ç+
>~p - )
et les valeurs limites sont :
D’autre part, de ce
qui
vient d’être dit il résultequ’il
existe une valeurPo
p qui
nous permet dedistinguer
trois cas dans le cas I :la)
Si p0 ; Ib)
Si p =po,~’
=0 ; Ic)
Si p > po,({J -
> 0.6. - DISCUSSION
QUALITATIVE
DES TRAJECTOIRES POSSIBLES
De
(23)
et des résultats ci-dessus onpeut
obtenir la classification des différents types detrajectoires possibles
suivant les valeurs de W(ou E)
et p.
a)
Pour lepotentiel
àlongue portée
cestrajectoires
sont du type :1)
C -)(orbite
circulaire stable avec W =({J - 0), 2)
E( -)(orbite
de typeelliptique
avec W 0 etpossédant
deuxpoints limites), 3)
H(orbite
detype
hyperbolique
ouparabolique
avec W > 0 etpossédant
unpoint
limite.
b)
Pour lepotentiel
àcourte-portée
cestrajectoires
sont ou bien destypes
C~B
E(-) et H commeci-dessus,
ou bien des types :4) C(+) (orbite
circulaire stable avec W =({J -
>0), 5) C~°~ (orbite
circulaire stable avec W =0), 6)
E~ + ~(orbite
de typeelliptique
avec W >0), 7)
E~°~(orbite
detype
elliptique
avec W =0), 8) ~ (orbite
circulaire instable avec W =~), 9)
if(orbite possédant
unpoint
limite et un cercle limite :10)
~f(orbite
s’étendant
jusqu’à
l’infini etpossédant
un cercle limite :Que
est uncercle limite
(2)
pour lestrajectoires
dutype 8
8 = +
1)
ou #(p ~
W =({J+,
r >r+,
G = -1)
peut se démontrer facilement àpartir
de(15)
et(16).
(2)
Pour la notion de cercle limite voir par exemple H. T. Davis : Introduction to nonlinear differential and integral equations. Chap. II, § 5, Dover publications.Remarque.
- Enpartant
dulagrangien classique (11)
on trouve lesmêmes types de
trajectoires.
Mais alors que les orbites de typeE~B
parexemple,
sont pour Jl = 0 des vraiesellipses
àl’approximation classique,
elles ne le sont
plus
dans le cas relativiste.7. -
DÉTERMINATIONS APPROCHÉES
DE E~ ET E+
E- et E+ étant les
énergies correspondant
aux orbites circulaires nousdonnons ci-dessous les
expressions approchées de
la fonctionE-(p),
dans le cas Il =
0,
et des fonctionsE ^ (p)
et E +(p),
dans le cas =1,
pour des valeurs suffisammentgrandes
de pa)
pour = 0 on a :b)
pour p = 1quelques précisions préliminaires
sont nécessaires.Étant
donné que dans ce cas il
n’y
a d’orbites circulaires que dans le cas 1 duparagraphe 5,
cas pourlequel
pp,
il est clair que pour que ppuisse
êtresuffisamment
grand
il faut quefi
le soit aussi. Or on peut démontrer quefi
est une fonction croissante
de ~
toutcomme Ç
d’ailleurs. D’autrepart’
est
d’après (32)
fonction croissante de z. Nous supposerons donc z suffi-samment
grand
et p suffisammentproche
dep.
Nous serons alors dans le casIc
duparagraphe
5. On trouve ainsi. 8. -
QUELQUES REMARQUES
Quelques-uns
des résultats ci-dessus ainsi que le type même d’inter- action duchamp
scalaire avec uneparticule appellent
un certain nombrede remarques.
A. - On peut par
exemple
se demanderquelles
seraient lesprévisions
d’une théorie du
champ
degravitation
décrite par unchamp
scalaire.ANN. INST. POINCARÉ, A-VIII-2 15
Pour obtenir à
l’approximation classique
la théorie newtonnienne d’unchamp central, il
suffit de poser p = 0et ~
=20142014,
c M étant la masse de lasource du
champ
et G la constante de lagravitation (3).
Une telle théorie serait incorrecte parce que d’une part elle
prévoit
un retard des
périhélies
et parce que d’autre part elle ne rendrait pas compte de la déviation des rayons lumineux auvoisinage
du soleil. Par contre il est amusant de remarquer que compte tenu de la modification de la masseapparente
caractéristique
du type d’interaction décrit par(13),
cette théorieprédit
pour ledécalage
des raiesspectrales
un résultatqui
est, aupremier
GM ordre en
20142014, identique
à celui de la théorie de lagravitation
d’Einstein.Ceci nous amène à la deuxième remarque.
B. - Un
champ
scalaire provoque undéplacement
des raiesspectrales.
Ce
déplacement
est vers le rouge si lepotentiel
est attractif et vers le violetsi le
potentiel
estrépulsif.
C. - Le
potentiel
apparent U est,pour’
suffisammentgrand
et Jl -#0,
aussiproche qu’on
le désire d’unpuits rectangulaire.
Plusprécisément
ceque nous affirmons est que
z étant donné par
(32)
dans le cas p = 1. Ceci permet de donner unejustifi-
cation des
puits rectangulaires
sur la base duchamp
scalaire.D. - Les états
correspondant
aux orbites du type Yf ou H avec Wproche
deç+
semblent d’excellents candidats pour définir la notion de résonance. En effet pour les orbites du typeJf,
0 tend vers l’infiniquand
rtend vers
r+,
et pour les orbites du type H lim 8 est aussigrand
que l’on veut pour W suffisammentproche
de03C6+.
Les états
correspondant
aux orbites de typeC(+), E(+),
6 ou semblenteux aussi de bons candidats pour la même notion. A remarquer toutefois que les états de type C~ + ~ et E~ + ~ sont du
point
de vueclassique (nous
vou-lons dire ici non
quantique) parfaitement
stables. Ils ne le seraient sansdoute pas du
point
de vuequantique.
Il seraitjustement
intéressant d’établirune
comparaison
entre la notion de résonance tellequ’elle
seprésente
des deux
points
de vue. Paradoxalement ladescription classique
sembleplus
richequalitativement
dans la mesure où deux types de résonances(3) Cette théorie a des points de similitude avec celle de Walker. 195I.
semblent
possibles
alorsqu’en mécanique quantique
on n’en adistingué qu’un
seul(4).
Il est facile de voir dans
quelle
mesure ladescription classique
des étatsde type
C~ ou rrJ,
parexemple,
estjustifiée.
Avec :on trouve :
Suivant le seul critère
2014
« 1 ladescription classique
serait doncjustifiée
dr p
pour des
grandes
valeurs du momentangulaire
et parconséquent
del’énergie.
E.
- Enfin,
pourterminer,
on peut se demanderquelles seraient, en mécanique quantique,
leséquations
d’onde d’uneparticule
soumise à unchamp
scalaire. Partant de(6),
cequ’on
peut écrire deplus simple
enappli-
quant le
principe
decorrespondance
est :pour une
particule
despin
0. Etpour une
particule
despin 1/2.
Cette dernièreéquation,
parexemple,
peut d’ailleurs être réécrite évidemment sous la formeIl semble par
conséquent
que dans une théorie deschamps spinorielle
etscalaire en interaction le
lagrangien
d’interaction devrait être(5)
(4) Voir par exemple V. de Alfaro et T. Regge : Potential Scattering, North Holland ( 5) Des lagrangiens d’interaction similaires à (46) ont déjà été considérés. Voir par exemple
dans un cas particulier ARNWITT et DESER. Phys. Rei-., vol. 100, n° 1, 1 955.
Ainsi le
lagrangien
d’interaction :ne serait
justifié
que pour1 q ~ suffisamment petit
dans tout l’intervalle
significatif
de variation de ~.Manuscrit reçu le 29
septembre
1967.. Directeur de la puhlicaticn : P. GAUTH1ER-VÎLLARS.
IMPRIMÉ EN FRANCE
DÉPOT LÉGAL ÉD. ? 1581(1. IMPRIMERIE BARNÉOUD S. A. LAVAL N" 5600. 2-1968.