C OMPOSITIO M ATHEMATICA
J EAN -P IERRE H ENRY
M ICHEL M ERLE Fronces et doubles plis
Compositio Mathematica, tome 101, n
o1 (1996), p. 21-54
<http://www.numdam.org/item?id=CM_1996__101_1_21_0>
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Fronces et doubles plis
JEAN-PIERRE
HENRY1
et MICHELMERLE2
1 Centre de Mathématiques, (Unité associée au CNRS n°169), Ecole Polytechnique, F-91128
Palaiseau CEDEX
2 Laboratoire Jean-Alexandre Dieudonné, (Unité associée au CNRS n°168), Université de Nice, Parc Valrose, F-06108 Nice CEDEX 2
Received January 1, 1991; accepted in final form April 24, 1994
Introduction
Etant donné un germe de
morphisme analytique f :
X - S et unplongement
relatif local tel que
f
soit induit par la deuxièmeprojection
les variétés
polaires
dumorphisme comparent f
avec lesprojections
linéaires. Si V est un sous espace linéaire deCn,
et 7r laprojection
de noyauV,
la variétépolaire
de
f
associée à V est l’adhérence du lieucritique
dumorphisme:
restreint à la
partie
de X oùf
est lisse.L’image
par vr de la variétépolaire P( f , Vk)
est le dirimant def
associé àVk.
Lesmultiplicités
des dirimants def
sont étroitement liées autype
deThom-Whitney
de
f (voir [Henry-Merle-Sabbah]
Théorème 6.1 et, pour le cas où S est unpoint [Teissier 2] chapitre V,
Théorème 1.2 et[Henry-Merle 2]
Théorème1).
Toutefois les
multiplicités
des variétéspolaires
ne rendent pascompte
du com-portement
dumorphisme (03C0, f )
sur lapartie
de son propre lieucritique
oùf
estlisse. On
néglige
deux sortes dephénomènes:
d’unepart,
lespoints multiples
def
etplus généralement,
lespoints critiques
de( f , 7 ) ayant
même valeurcritique;
d’autre
part,
les invariants d’ordresupérieur
à un def :
les variétéspolaires
sontdes invariants du
premier ordre, uniquement
définies à l’aide desplans tangents
relatifs àf.
Or,
si la constance desmultiplicités
des variétéspolaires
suffit à caractériser les stratifications deWhitney,
celles-ci sont loin d’être suffisamment fines pour un certain nombre deproblèmes
à commencer par ceuxqui
ont trait à la résolution simultanée dessingularités.
Zariski avait introduit une notion
d’équisingularité beaucoup plus forte,
définiepar récurrence et dite
algébro-géométrique:
Par
définition,
un espaceanalytique
Xplongé
dans en estéquisingulier au
sensde Zariski le
long
d’une sous variété lisse Ysi,
pour uneprojection générale
7r,le discriminant de la restriction de x à X est
équisingulier
lelong de 03C0(Y).
Cettedéfinition
opère
parrécurrence,
sur la codimension de Y dans X. En codimension0,
on demande quel’espace
réduit associé à X soit Y. La définitionprimitive
de0. Zariski utilisait des
projections simplement
transverses. Pour la codimension 1 cette définition étaitparfaitement opératoire,
mais dès la codimension 2 desexemples
deBriançon
etSpeder
montraient(par exemple
pour lacompatibilité
avec les stratifications de
Whitney)
que seules desprojections génériques pouvaient
être utilisées
(pour
une étude détaillée voir[Henry] paragraphe 1).
Cette définition
impose,
pour commencer, depouvoir
caractériserl’équisingula-
rité du lieu des
points
doubles et des cusps du discriminant(défini
par uneprojection
linéaire
générique).
Unepremière étape obligée
pour caractérisernumériquement
cette forme
d’équisingularité
est donc de montrer que lesmultiplicités
de ceslieux et de leur variétés
polaires (qui
apriori dépendent
de la structure linéairedu
plongement)
sont des invariantsanalytiques.
Parexemple,
siX,
de dimensionpure d plongée
dansCn,
estprojetée
surCd+1
par uneprojection générale
03C0, lamultiplicité
du lieu despoints
doubles de 7r nedépend
pas duplongement
de Xdans Cn.
Nous allons par
conséquent
nous intéresser à ces invariants d’ordresupérieur
def
en nous limitant ici au cas où S est unpoint
et aux invariants d’ordredeux,
c’est à dire aux fronces et aux doublesplis, qui
sont aussi les strates de Thom-Boardman de codimension 1 dans le discriminant dumorphisme (03C0, f)
restreint à lapartie
lisse de
f.
Pour étudier le
comportement
dumorphisme (03C0, f )
en restriction à son propre lieucritique P( f , V),
nous allons le comparer à celui induit surP( f , V)
par uneprojection générale,
c’est à dire dont le noyau U C Cn estgénéral parmi
lesplans
de dimension k.
Nous démontrons
(Thm 4.2.6),
dans le cas où S est unpoint,
que, pour une notiond’équisingularité convenable,
le dirimant estéquisingulier
à uneprojection générale
de la variété
polaire P(f, V). Ceci,
pour la notiond’équisingularité considérée, répond
à unequestion
de B. Teissier([Teissier 2]
ch.VI, 6, ’problème’
p.485)
enrelation avec
l’ équisingularité
à la Zariski.Nous
énonçons
les critères effectifs sur lesplans
noyaux deprojection
pour que lespolaires correspondantes (resp. dirimants)
soientgénériques,
et montrons que, pourceux-là,
lestypes
desingularité
de fronces ou dedouble-plis
sont aussigénériques (en précisant
les conditions sur ledrapeau).
Chemin
faisant,
nous sommes amenés à considérer un nouvelobjet géométri-
que
naturel,
’l’ombreportée’,
définie àpartir
del’image
inverse du dirimant(pour
l’utilisation en ’reconnaissance des formes’ et ’vision artificielle’ voir
[Henry-
Merle
4]).
Nous démontrons
également, toujours
dans le cas où S est unpoint,
que les mul-tiplicités
des variétés de cusps et depoints
doubles dudirimant,
etplus généralement
les
multiplicités
de leurs dirimantsgénéraux,
sont des invariantsanalytiques
locauxdu germe de
morphisme.
A notre
connaissance,
les seuls résultats concernant fronces et doublesplis
d’ungerme
d’espace analytique
se limitaient à un articledéjà
ancien[Briançon-Henry]
qui
traitait des familles de surfaces àsingularités isolées,
et utilisait des tech-niques
difficilementgénéralisables
en dimensionsupérieure (par exemple,
commeles variétés
polaires
intéressantes sont descourbes,
on y utilisaitl’équisaturation
comme caractérisation
algébrique
del’équisingularité).
Pour le cadreglobal,
nousrenvoyons à l’article de
synthèse
de[Kleiman 4]
où l’on décrit les formules depoints multiples
d’unmorphisme algébrique.
Enfin,
nous donnons des critèresnumériques
pourl’équisingularité algébro-géo- métrique
d’un espaceanalytique X
lelong
d’une sous-variété lisse de codimensionau
plus
2.Sous cette même
hypothèse,
nousrépondons
affirmativement à laquestion
suivante de Zariski: les
projections
linéaires induites par unplongement
donnésuffisent elles à définir
l’ équisingularité algébro-géométrique?
1. Conormal et
spécialisation
1.1. CONORMAL RELATIF D’UN MORPHISME ANALYTIQUE
Soit
f :
X - S unmorphisme analytique
de dimension relative pure d. Nous supposons donné unplongement
relatif de X dans unproduit
d’une variété lisse M par S. On considère le fibré conormal relatif àf
au dessus du lieu lisse de
f
et son adhérenceT*M
dans S x T* M.Lorsque
S estun
point,
nous le noteronsT*~M
au lieu deT*fM.
On étudie aussi la variété à l’infini du cône
T; M
que nous noteronsC(f, M)
(ou C(f)
s’iln’y
a pasd’ambiguïté)
etqui
estplongée
dans PT*M.Lorsque S
est un
point,
nous la noteronssimplement C(~).
l.l.l. Conormal et variétés
polaires
relativesLa
question
étantlocale,
nous identifions le germe àl’origine
de M avec celui d’unespace vectoriel en à
l’origine.
Soit un entier entren - d - 1 et n - 1 (n - 2 si
dims =
1)
etVk
un sous espace vectoriel de dimension dans Cn. Considérons lemorphisme
7r : X - S XCn lVk
induit par laprojection
de noyauVk
sur Cn.On définit la variété
polaire
relativeP( f , Vk),
associée à laprojection 7r
commel’adhérence du lieu
critique
dumorphisme 7r
restreint à lapartie
lisse def.
P(f, Vk)
est donc l’adhérence de l’ensemble despoints
lisses def
où leplan
tangent
relatiftxf
en x àXf(x)
rencontreVk
en dimension excédentaire(au
moinségale
à d+ k - n
+1);
cequi s’exprime
en disant quel’orthogonal txf (espace
conormal relatif à X en
x)
intersectel’orthogonal Vk
en dimension au moins 1.Cette construction
peut
être décrite à l’aide du conormal relatifC(f).
Soit:
C ( f ) ~ x
lemorphisme
conormal. On a alors lediagramme
suivant:Il existe un ouvert de Zariski non vide
U1
dans lagrassmannienne G(k; n)
telque, pour
Vk appartenant
àU1, PVk
intersecteT f 1 (0)
en codimension k. La variétépolaire
est alors laprojection
sur X de l’intersection deC( f )
avecPk
au dessusde
n-1.
On définit ensuite le dirimant
relatif 11(f, Vk)
commel’image
par 7r de la variétépolaire P(f,Vk).
Il est muni d’uneapplication
vers S induite parf
quenous noterons encore
f.
1.1.2. Conormal du dirimant
La section de
C( f )
parPk
au dessus del’application
deGauss 1
seprojette
dansPT*(Cn/Vk)
sur le conormal de0394(f, Vk) (cf
notiond’image
directe de[Sabbah],
pour la démonstration voir
[Henry-Merle-Sabbah]
Corollaire4.3.11).
Nous verrons par la suite que le conormal de la
polaire P( f , Vk)
n’est pas obtenu de manière aussisimple.
1.2. SPÉCIALISATION
Nous
rappelons
ici un énoncé de théorème avant de démontrer les corollaires dontnous ferons un usage intensif dans la suite:
THÉORÈME
1.2.1.Soit f: ~ ~ S
unmorphisme analytique, T*f
M son conormalrelatif supposé équidimensionnel
au dessus deS, (on
dit alors quef
est sanséclatement en codimension
0). Alors,
pour toutmorphisme
h : T ~S,
toutecomposante irréductible Z de
l’espace T*fM
X s T est le conormalrelatif
dumorphisme h-1(f)
restreint àl’image
de Z dans X X s T.Pour la démonstration voir par
exemple [Henry-Merle-Sabbah],
Corollaire4.2.1,
où on
peut
trouver lepremier
énoncé de ce résultat dans le cadregénéral
desmorphismes
sans éclatement(en
codimension0).
Pour unhistorique détaillé,
nousrenvoyons à l’article de Kleiman
[Kleiman]. Signalons
en outre une démonstration de[Kashiwara 1]
dans le casparticulier
d’une fonction sur une variétélisse,
seplaçant
dans le cadrelagrangien.
1.2.2.
Déformation
sur le cône normalPour un espace
analytique
X et un sous espaceanalytique Y,
on construit la déformation de X sur le cône normal à Y dans X.Pour cela on
éclate,
dans leproduit X
x C le sous espace Y x 0 et on restreint l’éclaté à l’ouvert où l’idéal de Y x 0 estengendré
par une coordonnée de C nulleen 0.
L’espace
obtenu seprojette
surC,
la fibre au dessus de 0 étant le cône normalà Y dans X.
Lorsque
X est un sous espace de Cn et que Y est un sous-espace vectoriel deCn, l’espace Def(X, Y)
est le sous ensemble de en x C adhérence deSupposons que X
estplongé
dans une variété lisse M. Le conormal relatif dumorphisme
0:Def(X, Y ) -
C s’identifie alors naturellement à la déformation du conormal de X sur son intersection avecT*YM.
COROLLAIRE 1.2.3. Toute
composante de CT*YMT*XM
est le conormal de saprojection
dansGy X.
En suivant
[Sabbah],
nous associons à toutcycle
Z dans M lecycle (de
dimen-sion
égale
à la dimension deM)
défini par son conormalTzM
dans T* M. Le corollaireprécédent
montre queCT*YMT*XM
est unesomme 03A3T*Zl
M decycles
conormaux ou, si l’on
préfère,
lecycle
conormal associé à uncycle homogène 03A3Zi
deCyX qui
n’est pas nécessairement somme decycles
de même dimension.DÈFINITION
1.2.4. Lecycle 03A3 Zi
est lespécialisé
de X lelong
de Y.Lorsque
Y est unpoint 0,
la classe de Chem-McPherson locale de X en 0 est la somme des classes de Chem-Mather descycles Zi,
ou si l’onpréfère,
la classede Chem-Mather du
spécialisé
de X en 0.Remarque
1.2.5.Lorsque
X est un germe de surface àsingularité
isoléedans
(C3, 0),
lespécialisé
lelong
de 0 est la somme du cônetangent
et de cer- tainesgénératrices particulières (tangentes exceptionnelles).
C’est ladescription
de
[Henry-Lê]
des limites deplans tangents
à X en 0.COROLLAIRE 1.2.6. Soit X un sous-espace
analytique
d’un espace vectoriel y XNy,
contenant Y. On suppose que X est un cône de sommetNy
dans ladirection Y. Si Z est une composante de
CT*YMT*XM,
elle est alors le conormal de ses deuxprojections
sur Y XNy
et Y* XN*Y.
1.3. MULTIPLICITÉS
Lors de l’étude des
multiplicités
des variétéspolaires
des variétés de fronces oudoubles
plis
lepoint
crucial sera de caractériser lesprojections
donnant naissance à des dirimantsayant
lamultiplicité générique.
Nous
rappelons
en lesprécisant
des résultats nécessaires(voir [Henry-Merle- Sabbah] 4.4, [Henry-Merle 3])
et[Henry]):
dans la situation de1.1.1,
onpeut
supposer, sansperte
degénéralité, que S
estlisse,
identifié à un espace vectoriel C s . On considère l’éclatementE0C(f)
de l’idéal de 0 dansC(f).
Le diviseurexceptionnel
de cetéclatement, image
inverse de0,
est notéDo;
il est de dimensionn - 2 + s et admet un
plongement
naturel dansn-1
xpn+s-1.
Soient
Vk
un sous espace vectoriel de Cn etUk+2
un sous espace vectoriel decn+s,
tous deux indexés par leur dimension. Il existe un translatégénéral
ducycle
P Vk
xP Uk+2
par l’action deGL( n, C)
xGL( n + s, C) qui
est transverse àDo (Bertini-Kleiman).
PROPOSITION 1.3.1.
Lorsque
l’intersection dansPn-1
XPI+S-L
du diviseurexceptionnel Do
avec lecycle PVk
XPUk+2
est transverse de dimension0,
(1)
lamultiplicité
en 0 de la variétéP( f, Vk)
estégale
au nombre d’intersection(2)
cettemultiplicité
est lamultiplicité
d’unepolaire générique,
c’est à dire asso-ciée à un élément
générique
de lagrassmannienne G(k; n),
(3)
c’est un invariantanalytique
def.
Supposons
deplus
que S est de dimension s 1. Il existe un ouvert de Zariskinon vide
U,
dans lagrassmannienne G(k ; n)
tel que, pourVk appartenant
àUl,
l’intersection du diviseur
exceptionnel Do
avec lecycle Pk
xP Vk
est vide(voir [Henry-Merle 1],
Corollaire 2 p.195).
THÉORÈME
1.3.2.Lorsque
l’intersection danspn-l
X pn du diviseur excep- tionnelDo
avec lecycle PVk
xPVk
estvide,
il existe alors un ouvertU2
dans lagrassmannienne G(2 ; Cn+1 /Vk)
tel que siV£+2/Vk appartient
àU2
(1)
l’intersection dansPn-1
X P’ du diviseurexceptionnel Do
avec lecycle
k V£+2
est de dimension0,
(2)
le dirimantA (f, Vk)
est unehypersurface
dans S xen /Vk,
(3)
lamultiplicité
en 0 du dirimant0394(f, Vk)
estégale
au nombre d’intersection(4)
lamultiplicité
dudirimant 0394(f, Vk)
est lamultiplicité
d’un dirimantgénéri-
que, et c’est un invariant
analytique
def.
(5)
cettemultiplicité
estégale
à lamultiplicité
de la variétépolaire P( f , Vk)
etc’est la
multiplicité
d’unepolaire générique.
Autrement
dit, lorsque 8
est de dimension1,
une variétépolaire
a lamultiplicité
d’une variété
polaire générique (i.e.
lamultiplicité générique
d’unepolaire),
si etseulement si elle est transverse au
plan qui
sert à la définir. Le dirimant correspon- dant a la mêmemultiplicité qui
est bien sûr celle d’un dirimantgénérique.
Lorsque S
est de dimensionsupérieure
à1,
onpeut
tout de même se ramenerà l’énoncé
précédent
en considérant laProposition
4.4.6 et laRemarque
4.4.7 de[Henry-Merle-Sabbah]
et enrestreignant f
au dessus d’une droitegénérale
deS = es.
Soit X un germe à
l’origine
de Cn . On construitl’espace X
dans Cn xGL( n, C)
comme
image
dumorphisme
Soit y =
0 xGL(n, C) et 0
la secondeprojection
duproduit
X xGL(n, C) .
On étudie ici le conormal relatif du
morphisme 0
et le diviseurexceptionnel
Dde l’éclatement
de y
dans ce conormal relatif. On noteDld
sa fibre au dessus de0 x Id. Elle s’identifie au diviseur
exceptionnel Do
de l’éclatement de 0 dans le conormal de X .PROPOSITION 1.3.3. Soient k un
entier,
n - d - 1 k n - 1 etVk
un sousespace vectoriel de C’.
Lorsque
l’intersection danspn-l
P’ deDId
avec lecycle
Pk
XPVk
estvide,
le dirimantrelatif 0394(~, Vk)
estéquimultiple
lelong de y
auvoisinage
de l’identité deGL(n, C).
Comme il est clair que la fibre au dessus
de g
eGL( n, C )
de ce dirimant relatif est le dirimant0394(f,g(Vk))
on retrouve bien l’énoncéprécédent.
On a même unpetit supplément,
parexemple
dans le cas où S est unpoint
et k = n -1,
pourlequel
laProposition
1.3.2 n’a pas de sens; on en déduit alors(par
transitivité desdirimants),
que0394(~, Vn-2),
c’est à dire la famille desprojections planes
descourbes
polaires P(X, g(Vk))
a son dirimant de codimension 1 vide.Remarque
1.3.4. LaProposition
1.3.1(et,
mutatis mutandis laProposition 1.3.3)
admet une
légère
variante:Lorsque
l’intersection danspn-l
x Pn du diviseurexceptionnel Do
avec lecycle PVk
xPVk+1
estvide,
il existe alors un ouvertU2
dans lagrassmannien-
ne
G(2 ; Cn+1/Vk+1)
tel que, siV£+2/Vk+
1appartient
àU2,
les conclusions desPropositions
1.3.1 et 1.3.3 sont vraies.1.4. DEUXIÈME CONORMAL
Le
premier
conormal a servi à construire les variétéspolaires,
par intersectionau dessus de
pn-l.
Pour construire lespolaires
depolaires
et lesfronces,
il vanous falloir considérer le conormal de
T*XCn
dans Cn x(Cn)*
que nous noterons[2]
Cn. Nousappellerons l’espace
ainsi construit le deuxième conormal de X.Construisons
également
la déformation deT[2]X
Cn sur le cône normal àT[2]0
en.C’est le conormal relatif de la déformation de
T*XCn
surTô
Cn.1.4.1.
Description géométrique
La fibre au dessus de 0 de la déformation est un diviseur
plongé
dans unproduit d’espaces
en x(Cn)*
x(Cn)*
x C 1. C’est donc l’ensemble despoints (~ L, N, v )
du
produit
tels que:. il existe un chemin
analytique h
tracé dans l’ouvert Ucomplémentaire
dans lapartie
lisse X° del’origine,
avech(0)
= 02022 le
long
de cechemin, ~
est la limitequand 0
tend vers 0 d’unchamp analytique
de vecteurs colinéaires à
h(8),
avech(03B8)/l(03B8) holomorphe
et s’annulant pour 8=0.2022 L est la limite
quand
B tend vers 0 d’unchamp analytique
de vecteurs conor-maux à X en
h(03B8),
2022
( N, v )
est la limitequand 0
tend vers 0 d’unchamp (N(03B8),v(03B8))
tel que(N(03B8), h(03B8) ~(03B8)v(03B8))
soit unchamp analytique
de vecteurs conormaux àT*XCn en (h(03B8), L(03B8)).
1.5. PROPRIÉTÉS DE LA SPÉCIALISATION
Def (T[2]XCn, T[2]0 en)
1.5.1. Le conormal
T*XCn
est, au dessus de lapartie
lisseX °,
un fibré vectoriel de rang n - d. En unpoint (x, L)
deTxcn l’espace tangent Tx,L
contient donc(0
xtx )
si tx estl’espace tangent
à X en x.Sur le conormal
Tl, L,
la deuxièmeprojection
de(Cn)*
x Cn induit unesurjection T:,L --7
tx,qui
à tout élément(N, v)
deTl, L
associe v dans tx.1.5.2. La
surjection T:,L --7 t induit, toujours
au dessus de lapartie
lisseX °,
uneapplication surjective:
Sur
T[2]X
en la forme différentielle N dx + v dL est nulle par définition. Comme(L . v) = 0, onaLdv+vdL = 0 sur T[2]XCn.
On en déduit que N dx - L dv est aussi
nulle,
cequi
montre ques(T[2]X Cn)
est contenu dans
T*TXo(Cn
xCn),
si s est la transformation:(x, L, N, v) ~ ( x , L, N, - v ) .
Les deux espaces susnommés étant de même dimension etirréductibles,
ils sontégaux.
1.5.3. On sait que le fibré
cotangent T*(T*Cn)
estcanoniquement isomorphe
au fibré
tangent T(T*cn).
Cetisomorphisme
hamiltonien est réalisé par la forme bilinéaire nondégénérée
sur T*T*Cn donnée par:Montrons que cet
isomorphisme
induit unisomorphisme
entre le fibré conormalT[2]X o
Cn et le fibrétangent T(T*X o Cn).
Il suffit pour celà de vérifier queTx,L
est sonpropre
orthogonal
relativement à cette formebilinéaire,
soit encore que la forme bilinéaire définie sur T X o par:où
( N, v )
est un élémentquelconque
dex,L
relevant v, est une formesymétrique.
Or B est la seconde forme
fondamentale,
doncsymétrique.
En
prenant
les adhérences desobjets considérés,
nous voyons queT(T*X)
et[2
CI sont identifiés parl’isomorphisme canonique
deT(T*Cn)
et deT*(T*Cn).
1.5.4. Invariance de
T [2]
CnSi L’ est un vecteur conormal à XO en x, alors
(L’, 0)
est conormal àTxcn
en( x , L ) .
Il s’ensuit queTx,L contient tx
x 0qui
est donc contenu dans le noyau de lasurjection Tl, L - tx,
etqui
étant de dimension n - d estégal
à ce noyau.On en déduit que si
T [2]
Cn contient lepoint (x, L, N, v)
il contientégalement
leséléments de
(x, L,
N +x, v).
De même pour la déformation
Def(T[2]X Cn, T[2]0 Cn ), qui
contient lepoint
decoordonnées
(f, L, N
+ÀL, v, 0)
dèsqu’elle
contient lepoint (f, L, N, v, 0).
1.5.5. Notons que
Def(T[2]X Cn, T[2]0 Cn)
estégalement
stable par les homothéties:Si l’on retire de
Def(T[2]X Cn, T[2]0Cn)
les sous-ensembles définisrespectivement
par:
L = 0, N = v = 0, et ~ = v = 0 et
que l’on passe auxquotients
successifs parles trois relations
d’équivalence,
on obtientl’espace
éclaté deC[2] (0)
dansC[2](X),
noté
E c[2] (O)d21 (X).
1.5.6. Soit Z l’une des
composantes
du diviseurexceptionnel CT[2]0
0 C nT[2]X
en.Grâce au résultat de dualité de
1.2.6,
les deuxprojections
qet p
font de Z le conormal de ses deux
images q(Z)
etp(Z), qui
sont donc duales l’unede l’autre.
Remarquons
ensuite queq( Z)
est une sous variétéalgébrique
du diviseur excep- tionnel deDef(T*XCn, T*0Cn).
A l’aide du Corollaire1.2.3,
la forme différentielle L dÉ est nulle surq(Z)
donc sur Cn.0
(a)
Dans leproduit
Cn x(Cn)*
x(Cn)*
xCn,
nous pouvons considérer les diverses orbites de l’action du groupe linéaireGL( n, C ) .
La variété Z est contenue dans la réunion d’orbites où l’on a:En
effet, q(Z)
esthomogène
dans les deux directions î etL,
et comme Z est sonconormal, L · m) = N · ~> =
0. D’autrepart,
un raisonnementanalogue
ou le faitque le
couple (X °, 0)
satisfait les conditions deWhitney,
montre queL · ~>
= 0.(b) Puisque (L - ~>
= 0 et que L d~ = 0 surZ,
la forme différentielle ~ dL est aussi nulle et la variété Z est stable par la transformation:LEMME 1.5.7.
Supposons
que Z soit inclus dans la réunion d’orbites où l’on a(N - v)
= 0. Il existe alors un sous-espace vectoriel W de Cn tel que:Preuve. Soit
(f, L, N, v)
unpoint
de Z dont lesprojections
par p et q sont lisses. CommeL · ~>
= 0 surZ,
on voit que(~, L)
est un vecteur conormal àq(Z)
en
(~, L),
cequi peut s’exprimer
par l’inclusion der(q(Z))
dansp(Z)
si r est latransformation:
(~, L) - (L, f).
Si l’on a de plus N·v>
= 0 surZ,
le même raisonnement prouve quer(p(Z))
estinclus dans
q(Z).
Les deux variétésq(Z)
etp(Z)
ont donc même dimensionqui
nepeut
être que n, étant entendu quedim(Z) =
2n et quedim(q(Z)) dim(D)
= n.On a donc Z =
q(Z)
xq()
cequi
montre queq(Z) etp(Z)
sont des sous-espaces vectoriels de en x(C’)*
et de(Cn)*
x en.De
plus, q(Z)
est alors unecomposante
du diviseur Dqui
est le conormal desa
projection
W dans C’. Biensûr,
W est un sous-espace vectoriel deC’,
et onobtient le résultat du lemme.
1.6. PRINCIPE DE TRANSVERSALITÉ ISOTROPE
Nous regroupons dans cette section diverses
conséquences
d’un résultat de trans- versalité des variétésisotropes. Rappelons
d’abord une définition.DÉFINITION
1.6.1. Considérons un germe de variété lisse M que nous identi- fierons au germe àl’origine
de C’. Notons(x)
unsystème
de coordonnées sur C’et
(L)
les coordonnées conormales. Une sous variété A ducotangent
T*M est diteisotrope
si la forme différentiellecanonique
Ldx est nulle sur un ouvert dense depoints
lisses de A.LEMME 1.6.2.
(de
transversalitéisotrope). Désignons
par A une sous variétéisotrope
du cotangentPT*P’-1.
Pour tout entier1kn-1, il
existe unouvert de Zariski U de la
grassmannienne G(k ; n),
tel quelorsque
V est dansU,
l’intersection de A avec lecycle polarisant PV
xPV
est vide.Preuve. A est de dimension au
plus
n - 2 et lecycle polarisant
PV xPV
de codimension n - 1 dansPT*Pn-1
où le groupe linéaireagit
transitivement. Le théorème de Bertini-Kleiman donne la conclusion. D Nous pouvons maintenantappliquer
ce résultat à un certain nombre de situationssur
C[2] (X)
ouEc[2] (0)C[2] (X)
où il est facile de se ramener à une intersection de variétéisotrope
avec uncycle polarisant
dutype
PV xPV.
COROLLAIRE 1.6.3. Pour tout
entier k,
il existe un ouvert de Zariski U de lagrassmannienne G(k; n)
tel que,lorsque
V est dansU,
l’intersection ducycle
T(V) défini par
avec l’ensemble des
points
deEC[2] (0)C[2] (X) (resp. C[2] (X)) vérifiant
x = 0 estcontenu dans le lieu des
points
où x = v = 0.Preuve. Par définition du deuxième
conormal,
on a surC [2] (X)
l’identité:sur la sous variété où x = 0 on a aussi
puisque
dx = 0l’égalité:
La
projection
du fermé x = 0 par lemorphisme (v, L)
est une variétéisotrope Â,
qui
est deplus homogène
parrapport
à la variable v. Enappliquant
le lemme de transversalitéisotrope,
on voit que l’intersection de A =PA
avec PV xPY
est vide donc que l’intersection de A avec(V)
est contenue dans le sommet du cônev =
0,
d’où le résultat annoncé. ~COROLLAIRE 1.6.4. Pour tout entier
k,
il existe un ouvert de Zariski U de lagrassmannienne G(k ; n)
tel que,lorsque V appartient à U,
l’intersection ducycle T(V) défini
paravec le diviseur
D[2]0 est formée
depoints (é, L, N, v)
telsque.£
n’est pas dans lesous espace V.
Preuve. Par définition du deuxième conormal et
propriétés
de la déformationDef(T[2]X Cn, To en),
on a surDo
l’identité :si la droite £ est contenue dans
V,
sur lecycle v
C V CL
on a aussi £ C V CL
or
Do
seprojette
sur D où la forme différentielle L d~ s’annule.On intersecte cette variété
isotrope homogène
avec lecycle polarisant
défini paret l’intersection est contenue dans ~ = 0.
Sur la sous variété où é = 0 on a aussi
puisque
d~ = 0l’égalité:
la
projection
de l’intersection deD[2]0
avec ~ = 0 surl’espace
des(v, L)
est doncune variété
isotrope homogène
parrapport
à v. Nousappliquons
à l’intersection de cette variété avec lecycle polarisant (V)
le lemme de transversalitéisotrope,
etnous obtenons que sur
l’intersection,
on devrait avoir v =0,
cequi
estincompatible
avec î =
0;
iln’y
a donc pas de telspoints,
cequi
entraîne le corollaire. ~ COROLLAIRE 1.6.5. Pour tout entierk,
il existe un ouvert de Zariski U de lagrassmannienne G(k ; n)
tel que,lorsque
Vappartient
àU, la forme
linéaire Nn’est pas nulle sur les
points (î, L, N, v)
de l’intersection ducycle (V) (défini
par v C V
C L),
avec le diviseurD[2]0.
Preuve. La
projection
par lemorphisme (v, L)
de l’intersection deD[2]0
avecN = 0 est
isotrope
ethomogène.
La forme différentielle vdL y est nulle.L’intersection avec le
cycle polarisant (V)
est contenue dans v = 0.Mais,
surD[2]0
on nepeut
avoir simultanément v =N = 0,
cequi
donne le résultat. 0Remarque
1.6.6. Nousappelerons E[2](X)
l’éclaté de v = 0 dansl’espace
EC[2](0)C[2](X) (voir 1.5.5),
etnoterons 1
la direction duvecteur v ~
0 danspn-1.
Comme nous nous intéressons à la section de
E[2] (X )
par lecycle
et que l’intersection de
T(Y)
avecl’image
inverse de x = 0 est contenue dans l’ensemble despoints (R, L, N,
v,03BE)
deD[2]0
vérifiant:l’intersection
D[2]0
n(V)
admet unplongement
dansP’-’
Xpn-l
Xp n-1
XE0(Cn) (où Eo( en)
dénote l’éclaté de 0 dansCn)
et seprojette
sur leproduit Pn-1 Pn-1 X Pn-1 X Pn-1.
2. Construction des variétés de fronces
Soit X un espace
analytique.
Laquestion
traitée étant locale nous supposerons désormaisque X
est un germed’espace analytique
irréductible de dimension pured, plongé
localement dans( Cn, 0),
avecd
1 et n > 2.Il
s’agit
d’étudier X relativement à uneprojection
linéaire 7r de noyauV,
espace linéaire de dimensioncomprise
entre n - 2 et n -d,
dans Cn .2.1. COMMENT VOIR LES FRONCES
Soient 7r: Cn ~
Cn/V
uneprojection
linéaire de noyau V(dim
V ==k n - d k z
n -2)
etP(X, V)
la variétépolaire
associée.Si l’on restreint 03C0 au lieu lisse de
P(X, V)
on obtient un nouveau lieucritique,
le lieu des
fronces
de X relativement à V. C’est la strate de Thom-Boardman03A3d-n+k-1,d-n+k-1 de la projection
7r restreinte à lapartie
lisse xo.DÉFINITION
2.1.l. Nousappellerons
variété des fronces de X relativement à V- notée
F(X, V)
-, l’adhérence dans X de ce lieucritique
et variété des cusps de X relativement à V - notéeK(X, V)
-,l’image
de la variété des fronces par laprojection
7r.2.1.2. Caractérisation des
points fronces
Un
point
x deP(X, V)
estcritique
pour la restriction de 7r à lapartie
lissede
P(X, V)
si l’intersection del’espace
conormal àP(X, V)
en x avecV
est dedimension au moins* 2.
* Comme nous sommes sur la polaire relativement à la direction V cette intersection est déjà au
moins de dimension 1 puisque tout hyperplan tangent à X est tangent à
P(X, V).
Il s’ensuit que x, lisse sur
X,
est unpoint
fronce de X relativement àV,
0 s’il existe un L non
nul,
conormal à X en x, contenu dansV,
. si
P(X, V)
est lisse en x, c’est à dire sidim(tx
nV)
= 1 etdim(Tx,L
n(0 V)) = 0
2022 si l’intersection de
l’espace
conormalTx,L
àT*XCn
en(x, L )
avecV
x V estde dimension au moins
2,
avec uneprojection sur tx
de dimension au moins 1.Nous reformulons cette dernière assertion de la manière suivante: Un
point
x lissesur X est un
point
fronce relativement àV,
s’il existe au dessus de lui dansC[2] (X ) un point (x, L, N, v) ~
en x(Cn)*
x(Cn)*
xC’)
vérifiant:Remarquons
alors que lepoint (x, L, N, v ) appartient
à la réunion d’orbites sousGL( n, C )
caractérisée par:( N, v )
E 1 où I est la variété d’incidence de( C n ) *
xCn,
définie parLe lemme
qui
suit va nouspermettre
denégliger
le cas où ce fermé contient entièrementDef(T[2]X en, Tci2J en).
Eneffet,
ceci ne seproduit
que pour les variétés linéaires dont les variétés de fronces sontdésespérément
vides.LEMME 2.1.3. Si tout vecteur
( N, v )
conormal àT*XCn, vérifie N · v>
=0, l’espace X
est alors une variété linéaire.Preuve. Nous pouvons supposer que X est une
composante
irréductible d’une intersectioncomplète
définie par deséquations:
Le conormal
T*Xo
Cn estl’image
de X ° parl’application:
Le
plan tangent
au conormal de X en unpoint
au dessus de x estl’image
duplan tangent
en x à X par la matricejacobienne:
L’espace
conormal àT*XCn
en unpoint (x, L)
au dessus de x dans X ° est donc lasomme
de tx
et del’espace orthogonal
à tous les vecteurs colonnes de la matricejacobienne.
On a donc les relations:Si
T[2]X Cn
est entièrement contenu dans la réunion d’orbitesN · v) = 0,
on endéduit
l’égalité:
vérifiée pour tout A E
Cn-d
et v dansTX’
en toutpoint
de lapartie
lisse X°.On en déduit que
chaque ~i
s’annule sur leplan tangent
à X en x cequi
montreque X est linéaire au
voisinage
dupoint
x, et termine la démonstration. p Nous supposerons désormais que X n’est pas linéaire.2.2. MULTIPLICITÉS DES VARIÉTÉS DE CUSPS
L’espace E[2] (X) (voir 1.6.6)
est muni d’uneapplication canonique
dansPn-1
xpn-l décrite
par:Pour tout sous espace vectoriel