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Journal of Algebra

www.elsevier.com/locate/jalgebra

Minimalité et abyssalité des extensions abéliennes et projectives de Q

Bruno Deschamps

LaboratoiredeMathématiquesNicolasOresme,CNRSUMR6139,France

i n f o a r t i c l e r és u m é

Historiquedel’article : Reçule28septembre2014 DisponiblesurInternetlexxxx CommuniquéparEva

Bayer-Fluckiger

Keywords:

InverseGaloistheory Shafarevichconjecture Galoiscohomology Projectivegroups

Danscetarticlenousclassifionscomplètementlessous-corps projectifs minimauxde Qab.Nous nous intéressons ensuite à l’existence d’extensions abéliennes et projectives de Q qui ne contiennent aucun sous-corps projectif minimal. En marge dece travail nousfaisons le lien entre ces questions etles conjectures de Shafarevich, Fried–Völkleinet Dèbes–

Deschampspourproposerunedescriptionsimpledu groupe deGaloisabsoluducorpsdesrationnels.

© 2015ElsevierInc.Tous droits réservés.

a b s t r a c t

Inthisarticleweclassifyalltheminimalprojectivesubfields ofQab.Wethenfocusontheexistenceofaprojectiveabelian extensionofQwhichcontainsnominimalprojectivesubfield.

Alongside thiswork wemake thelinkbetween these issues andtheconjecturesofShafarevich,Fried–VölkleinandDèbes–

Deschamps, topropose asimple description ofthe absolute Galoisgroupofthefieldofrationalnumbers.

© 2015ElsevierInc.Tous droits réservés.

* Auteur correspondant à : Département de Mathématiques, Université du Maine, Avenue Olivier Messiaen,72085LeManscedex9,France.

Adressee-mail :Bruno.Deschamps@univ-lemans.fr.

http://dx.doi.org/10.1016/j.jalgebra.2015.04.047 0021-8693/© 2015ElsevierInc.Tous droits réservés.

(2)

1. Introduction

En 1964, Shafarevich aémis une importante conjecture, à ce jour toujours non dé- montrée,quiprévoitquelegroupedeGaloisabsoludelaclôtureabélienneQabdeQest isomorphe au groupeprolibre de rang dénombrableFω (ici ω =0 désignele cardinal du dénombrable). Il existe une généralisation notable de la conjecture de Shafarevich, due àFriedetVölklein,etquiprévoitquelegroupedeGaloisabsolud’uncorps hilber- tien,projectifetdénombrableestprolibre.Cetteconjectureaétéelle-mêmeétenduepar Dèbes et Deschamps,enune conjecturetrès générale (voir[1]pourledétail).SiShafa- revichafocalisésonattentionsurlecorpsQabencequiconcernelalibertédecertaines extensions deQ,nousallonsvoirdanscetextequ’ilest légitimepourcettequestion,de considérer debienpluspetitesextensionsabéliennesdeQ.

Le caractère projectif du corps Qab est souvent présenté comme une conséquence de la théorie du corps de classe. Son caractère hilbertien découle d’un théorème de Kuykquiassurequetouteextensionabélienned’uncorpshilbertienestencoreuncorps hilbertien. De ce point de vue, tout sous-corps strict de Qab est donc hilbertien et, sous la conjecture de Fried–Völklein, dès qu’un tel corps est projectif, son groupe de GaloisabsoluserévèleêtreprolibreetdevientdoncuncandidatpluspetitqueQabàla conjecture deShafarevich.

Sous laconjecturedeShafarevich,onalasuiteexacte

1 Fω Gal(Q/Q) Z 1

dont il est mal aisé de tirer une description de Gal(Q/Q) à proprement parler. Par exemple, cettesuite n’estpasscindée : sic’était lecas, Gal(Q/Q) contiendrait desélé- mentsdetorsionnoninvolutifs,cequiestimpossibled’aprèslathéoried’Artin–Schreier.

Si,dans cettesuiteexacte, onest enmesure dechangerlefacteur Z enquelque chose d’un peu plusproche d’un groupeprojectif, onpeutespérer en dire plussur legroupe Gal(Q/Q). A cet effet, l’étude des sous-corps projectifs minimaux de Qab menée dans le §1.1.nous amènedansle§2.3 àmontrerque, sousune formeunpeuoptimiséede la conjecture de Shafarevich(conjecture qui reste beaucoup moins générale que celles de Fried–Völklein etDèbes–Deschamps),onpeutmontrer qu’ilexisteunisomorphismede laforme

Gal(Q/Q)

FωZ Z/2

La remarque 11 de ce texte apporte quelques précisions sur la nature des actions considéréesdansces produits.

L’objet principal de cet article est d’explorer la famille des sous-corps projectifs de Qab et detenterdelescataloguer.Dansle§2.1nousdécrivonsexplicitementlesexten- sions abéliennesprojectivesminimales (pources deuxpropriétés) deQ. Ils’agitenfait des pluspetitsous-corps totalement imaginairesde Qab qui contiennentlaZ-extension

(3)

de Q(théorème 6).Dans le§3 nous nous intéressons auxsous-corps projectifsde Qab qui ne sont extensions d’aucun sous-corps projectif minimal (que nous appelons corps abyssaux dans ce texte). Nous montrons qu’ilen existe et nous enexplicitons certains (théorème 13), la proposition 14 montrant que l’on peut en trouver qui sont, d’une certainemanière,aussiproches quel’onveutdeQ.

2. Extensionsabéliennesprojectivesminimales

Rappelonspour commencer qu’un corpsK estdit projectif,si songroupede Galois absoluΓ= Gal(Ksep/K) estungroupe(profini)projectif,c’est-à-diresitoutproblèmede plongementfinipourΓ possèdeunesolutionfaible.Ilexisteunesériedecaractérisations de la projectivité d’un corps, que l’on pourra par exemple trouver dans [4]. La plus notable est sans doute celle qui assure que le corps K est projectif si et seulement la dimensioncohomologiquedeΓ est1.Onendéduitque,siKestprojectif,alorstoutes sesextensionsalgébriquesL/Klesontaussi.Danscettesituation,lesgroupesdeBrauer desextensions algébriquesL deK vérifient tousBr(L)= 0.Encaractéristique0,cette dernièrepropriété caractériseréciproquementlefaitpour K d’êtreprojectif.

Pource qui est des extensions abéliennes projectives deQ, il est relativement facile de construire des sous-corps projectifs stricts de Qab. A cet effet, rappelons le lemme classiquedecohomologiegaloisienne :

Lemme1. (Voir[4, Proposition I.3.3.14].) SiH estun sous-groupe ouvertd’un groupe profini G et que pour un nombre premier p donné on acdp(G)<+ alorscdp(G)= cdp(H).

Dansl’isomorphismeusuel

Gal(Qab/Q)Z/2×

p=2

Z/(p−1)×Z

lepremierfacteurZ/2 correspondàl’extensionQ(

1)/Qquiesttotalementimaginaire.

Ainsi, si l’on considère le sous-corps Mq de Qab laissé fixe par le facteur Z/(q−1)Z pour unpremierq= 2,ce corps est alorsluiaussitotalement imaginaire etvérifie, par conséquent,que songroupede Galois absoluest dedimension cohomologique 2. On peutdoncappliquerlelemme 1pourtoutpremierpetobtenirfinalementlaprojectivité ducorpsMq.

2.1. Classification

Pourtoutpremierp,onnotera Q(μp) l’extensiongaloisienne engendréeparlesra- cinespn-ièmesdel’unitéquandnvarie. Ilest classiqueque

Gal(Q(μ2)/Q)Z/2×Z2 et Gal(Q(μp)/Q)Z/(p−1)×Zp pourp= 2

(4)

Dans cet isomorphisme, pour p = 2, le facteur Z/(p−1) correspond au groupe de Galois de l’extensionQ(ξp)/Qoù ξp désigneune racine primitive p-ième de l’unité.Le facteur Z/2 correspondluiàl’extensionQ(

1)/Q.QuantaufacteurZp,ilcorrespond au groupedeGaloisde l’uniqueZp-extensionde Qquenousnoterons Zp dans lasuite de cetexte. Ils’agitd’uneextension totalement réellede Qqui est totalement ramifiée en p. On notera aussi Z le compositum pour tous les premiers p des corps Zp, c’est l’unique Z-extension de Q. Le théorème de Kronecker–Weber assure que le corps Qab est égal au compositum des corps Q(μp). Chacun de ces derniers étant linéairement disjoints ducompositumdesautres,onretrouve l’isomorphismeusuel

Gal(Qab/Q)Z/2×

p=2

Z/(p−1)×Z

annoncé plushaut.

Pourl’étudedessous-corpsprojectifsdeQab commençonsparexploiterlelemme 1: Proposition 2. SoitΩ/Qune extension galoisienne. Si Ωest projectif, alors il est tota- lement imaginaire et siΩ est un sous-corps totalementimaginaire d’indicefini sous Ω alors, Ω estprojectif.

En conséquence de quoi, si Ωest un corps projectif, extension abélienne deQ, et si Gal(Ω/Q)contient un élémentdetorsion d’ordreimpair ouaumoinsdeuxinvolutions, alorsΩ n’est pasuncorps projectifminimal.

Preuve. Puisquel’extension Ω/Qest galoisienne, si Ω n’estpas totalement imaginaire alorsilest totalementréel.Danscesconditions,laconjugaison complexeestélémentde Gal(Q/Ω),groupequi,possédantdelatorsion,nepeutpasalorsêtreprojectif.

Pourmontrer lasuite delaproposition, nousappliquonsle lemme 1 enposant G= Gal(Q) et H = Gal(Q/Ω). Par hypothèse, cdp(H) 1 pour tout premier p, mais comme Ω est supposé totalement imaginaire sa dimension cohomologique est 2 et donc, en vertu de ce que l’on vient de rappeler, pour tout premier p on a cdp(G) = cdp(H)1.Ceci prouvequeΩ estprojectif.

Supposons maintenant que Ω soit un corps projectif, extension abélienne de Q et considéronsunélémentσ∈Gal(Ω/Q) d’ordreimpairoualorsquiestuneinvolutionqui n’estpaségale àlarestrictionàΩ delaconjugaisoncomplexe.LecorpsΩ= Ω<σ> est alors unsous-corps strict d’indicefinide Ω, extension galoisiennede Q, qui vérifie que la restriction de la conjugaison complexe à Ω n’est pas triviale. Le corps Ω est donc totalement imaginaireet enappliquantcequi précède,onvoitqueΩ estprojectif. 2

Enappliquantcetteproposition,onvoitquesi P0désigneunensemblefinidenombres premiers impairs alors le sous-corpsM de Qab deséléments laissésfixes parle facteur

p∈P0Z/(p−1) de Gal(Qab/Q) est projectif.

Onestdoncenmesured’exhiberunesuitestrictementdécroissante(Mn)n≥1desous- corpsdeQabquisonttousprojectifs.Parexemple,onconsidère,pourn≥1,lesous-corps

(5)

deQabdesélémentslaissésfixesparlefacteur

ppnZ/(p−1) (pndésignanticilen-ième nombrepremier).Ilvérifie

Gal(Mn/Q)Z/2×

p>pn

Z/(p−1)×Z

etl’onvoitalorsque,sil’onestmesuredepasseràlalimite,onpourraitsedébarrasser du facteur infini

p=2Z/(p−1) de Gal(Qab/Q) et préserver le caractère projectif du corpsainsiobtenu.

Onpeut,eneffet,faireunetelle chose.Lecorpsainsiobtenuestmêmeunsous-corps projectifminimal de Qab. Pourdémontrer celaon vautiliser uneimportante propriété de projectivitédes extensions algébriques de Q : considérons une extension algébrique k/Qfiltréepar unefamille(ki/Q)i desous-extensions finies.Pourune place v dek, on note(ki)vlecomplétédeki pourlaplaceinduiteparvsurkietl’ondéfinitledegrélocal deken v commeétantlenombresurnaturelsuivant :

nv(k) = ppcm[(ki)v:Qv] Onaalors :

Théorème 3. (Voir [4, Proposition II.3.3.9].) Soit k/Q une extension algébrique et p un nombre premier. On suppose que p = 2 ou que k est totalement imaginaire. On a cdp(k)1sietseulementsipourtouteplace ultramétriquevdek,l’exposantdepdans nv(k)est infini.

Appliquéaucasdesextensionscyclotomiques,celadonne :

Corollaire4.Soientpunnombrepremieret L/Qune extensionalgébriquetelsque,soit p= 2,soit Lest totalementimaginaire.Si Zp⊂L alorscdp(L)1.

Preuve. La preuve de ce corollaire repose sur la parfaite connaissancedes données de ramification dans les extensions cyclotomiques. Rappelons à cet effet le très classique lemme :

Lemme5.Soient m un entier et un premier. On écritm=ka avec(a,)= 1.Dans l’extension Q(ξm)/Q, l’indice de ramification de est égal à e = ϕ(k) et son degré résiduelestégalàf =ωa(),l’ordre(multiplicatif)de moduloa.

Pour tout entier n 1 nous noterons Zp,n la sous-extension de Zp qui vérifie Gal(Zp,n/Q)=Z/pnZ.Considéronsalorsuneplace v deL.

Sivrelèvelepremierp,alorsl’extensionZp/Qétanttotalementramifiéeenponvoit que[(Zp,n)v:Qp]=pn etdoncl’exposant depdansledegrélocal nv(L) estinfini.

Sivrelèvelepremierq=p,alorsqneseramifiantpasdansZp,ledegré[(Zp,n)v:Qq] est égal au degré résiduel de q dans Zp,n. Comme rappelé dans le lemme 5, le degré

(6)

résidueldeqdansQ(ξpn+1) estégalàl’ordremultiplicatifωpn+1(q).Puisqueqωpn+1(q) pn+1,onvoitquelimnωpn+1(q)= +etcommeωpn+1(q) divise(p1)pn,onendéduit quel’exposantdepdansωpn+1(q) tendvers+avecn.PuisqueQ(ξpn+1)=Zp,n.Q(ξp), on voit que l’exposant de pdans le degré résiduel deq dans Zp,n tend aussi vers + avec n. Ainsi, l’exposant de p dans le degré local nv(L) est infini et l’on peut donc appliquer lethéorème 3pour conclure. 2

On est maintenant en mesure de caractériser les sous-corps projectifs minimaux deQab :

Théorème 6.SoitΩQab un corps.Lespropositionssuivantes i) Ωest un corpsprojectifminimal,

ii) Ω est égalau compositumdu corps Z et d’un corpsde nombres totalementimagi- naire C,extension 2-cycliquedeQ,

iii) Ωestuncorpstotalementimaginaireetilexisteunentierr≥1 telqueGal(Ω/Q) Z/2r×Z,

iv) Ωestun corpsminimalpourlesdeuxpropriétéssuivantes :il esttotalementimagi- naire etcontientle corps Z,

sont équivalentes.

Preuve. ii)=⇒iii) LecorpsΩ estcertainementtotalementimaginairepuisqu’ilcontient C qui est totalement imaginaire. Maintenant, puisque Gal(Z/Q) Z est un groupe projectif,ilserelèvedanslegroupeGal(C.Z/Q) etcommecederniergroupeestabélien, on endéduit queGal(C.Z/Q)Gal(Ω/Z)×Z. Par unargument galoisienclassique, onvoitquelegroupeGal(Ω/Z) estlerelevéd’unsous-groupedeGal(C/Q) etestdonc, parsuite,un2-groupecyclique.

iii) = ii) Puisque Gal(Ω/Q) Z/2r×Z, le corps Ω est le compositum de deux extensions galoisiennes linéairement disjointes sur Q, C et L, vérifiant respectivement Gal(C/Q)Z/2r etGal(L/Q)Z.

Maintenant, le corps Q ne possède qu’une seule Z-extension qui est L = Z. Par ailleurs, L étant totalement réelle, si C était totalement réelle il en serait demême de Ω ce qui est contraire auxhypothèses.Ainsi, C n’est pastotalement réelle et est donc nécessairement totalementimaginaire,entantqu’extensiongaloisiennedeQ.

ii) = i) Le corps Ω est certainementtotalement imaginaire, puisqu’ilcontient un corps totalement imaginaire. Lefait queΩ soit projectifest alors uneconséquence im- médiateducorollaire 4. Montronsmaintenantqu’ilest minimal.

Supposons qu’il existe un sous-corps strict L Ω qui soit projectif. Puisque par hypothèseilexisteunentierr≥1 telqueGal(Ω/Q)Z/2r×Z,legroupeH = Gal(Ω/L) est alors un sous-groupe fermé non trivial de Z/2r×Z. Ilne peutêtre inclusdans le facteur Z/2r car sinon, H contiendrait l’unique involution deGal(Ω/Q) laquelle est la

(7)

restrictiondelaconjugaisoncomplexeàΩ.Danscesconditions,Lseraitinvariantparla conjugaisoncomplexeetalorslegroupeGal(Q/L) contiendraitunélémentdetorsionce quicontrediraitsoncaractèreprojectif.LegroupeH contientdoncunélémentg /∈Z/2r etcommeZ est sanstorsion, 2rgest alorsunélément nontrivialdeH∩Z.

Ainsi,H0=H∩Z est unsous-groupe nontrivialdeZet donc H0=

p∈P0

pnpZp

P0 désigneun certain ensemblenon vide de nombrespremiers et (np)p∈P0 une col- lectiond’entiers.Sil’on considèrelecorpsL0 desinvariantsdeΩ parH0,ona

Gal(L0/Q) =Z/2r×

p∈P0

Z/pnp×

p /∈P0

Zp

et,parailleurs,L0entantqu’extensiondeLestuncorpsprojectif.Ceciestimpossible, carsi p∈ P0 alorsl’exposant de pdansle degré[L0:Q] est fini(égalànp si p= 2 et 2r+n2 sip= 2).Puisqueledegré localdeL0 enn’importequelleplacedivise[L0:Q], onendéduitparlethéorème 3quecdp(L0)2.

Remarque.UneautremanièredevoirlanonprojectivitéducorpsL0reposesurlabonne connaissancedeBr(Q) :sil’onsupposequeL0 estprojectif,alorssongroupedeBrauer est nul et la suiteexacte d’inflation-restrictionrelative aux groupes de Brauermontre queBr(Q)H2(L0/Q).

Si p ∈ P0, alors la composante p-primaire de Br(Q) s’identifie à celle du groupe H2(Gal(L0/Q),L0). La composante p-primaire de Gal(L0/Q) est égale à A = Z/pnp (resp.A=Z/2r×Z/2n2 sip= 2).Ainsi, sil’on poseB =Z/2r×

q∈P0, q=pZ/qnq×

q /∈P0Zq(resp.B=

q∈P0, q=2Z/qnq×

q /∈P0Zqsip= 2)alorsGal(L0/Q)=A×B.

La suite exacte d’inflation-restrictionappliquée aux composantes p-primaires donne la suiteexactesuivante

0 H2(B, L0A)p inf H2(A×B, L0)p res H2(A, L0)p

maiscommeB est ungroupeprofinid’ordrepremieràp, onaH2(B,L0A)p= 0.Ainsi, le groupe H2(A×B,L0)p, c’est-à-dire Br(Q)p, s’injecte dans le groupe H2(A,L0)p = H2(A,L0).

Maintenant,Aétantfini,legroupeH2(A,L0) est d’exposant.Ilest pourtantcélèbre queBr(Q)pcontientunsous-groupedivisiblenontrivial,cequiconduitàuneabsurdité.

i) = iii) Pour unnombre premier p= 2 donné, on pose p−1 = 2rpmp avec mp

impairde sorte que l’on peutécrire Gal(Qab/Q) Γ0×Γ1×Z où Γ0 et Γ1 sont des sous-groupesfermésvérifiant :

Γ0Z/2×

p=2

Z/2rp et Γ1

p=2

Z/mp

(8)

On considère θ : Gal(Qab/Q) −→Gal(Ω/Q) l’épimorphisme de restriction.Pour un nombre premier p = 2 donné l’image par θ du sous-groupe Z/mp de Γ1 est un sous- grouped’ordreimpairdeGal(Ω/Q).Enapplicationdelaproposition 2etpuisqueΩ est supposéminimal,onpeutaffirmerqueθ(Z/mp)= 1.Maintenant,lessous-groupesZ/mp

engendrent topologiquementlegroupeΓ1,onendéduitdoncfinalementqueθ(Γ1)= 1.

Pour un entier n 1 fixé, l’image par θ du sous-groupe Z/2×

p≤nZ/2rp est un 2-groupe abélien fini. Ilest nécessairement cyclique car sinon, il contiendrait aumoins deux involutions ce qui contredirait, par la proposition 2, le caractère minimal de Ω.

Ainsi,il existeunentierhn telque θ(Z/2×

p≤n

Z/2rp)Z/2hn

La suite des sous-groupes θ(Z/2×

p≤nZ/2rp) est croissante, de sorte que la suite (hn)n≥1est unesuitecroissanted’entiers.

Sicettesuiten’estpasstationnaire,onvoitquelim−−→nZ/2hn s’identifieau2-groupede Prüfer,μ2 Q2/Z2,quiestun2-groupeabélien2-divisible.Cegroupeestisomorpheà A=θ(Z/2

pZ/2rp) etpuisqueZ/2⊕pZ/2rpestdensedansΓ0,onvoitqueθ(Γ0)=A.

Dans Gal(Ω/Q), A est un pro-2-groupe abélien. Nous allons montrer qu’il est aussi 2-divisible.

Lesgroupesprofinisquel’onconsidèresontderangdénombrable,ilssontdoncmétri- sables et l’onpeut alorsutiliser lecritère séquentielpour caractériserl’adhérence. Soit g∈Aet(gn)n≥1unesuited’élémentsdeAquiconvergeversg.Parhypothèse,ilexiste pour toutn≥0,unélément hn∈Atelque 2hn=gn.PuisqueA estcompact, lasuite (hn)n1possèdeunevaleurd’adhérenceh∈Aetcettedernièrevérifiealors,parpassage àlalimite,2h=g.Ceci prouvelecaractère2-divisibledeA.

Par ailleurs, unpro-2-groupe nontrivial Gnepeut jamaisêtre 2-divisible. Eneffet, si U désigne unsous-groupe ouvert de G alors[G: U] = 2n pour uncertain entier n.

Mais alors,pour toutg∈G,il existeh∈Gtelqueg= 2nh∈U.Ainsi,U =G,ce qui implique queGest trivial.

Ainsi, le groupe A = θ(Γ0) est trivial, ce qui est absurde car dans ces conditions θ(Γ0×Γ1×Z)=θ(Z) etdoncΩ estunsous-corpsde Z,quiestuncorpstotalementréel.

Ilexistedoncunentierrtelquelim−−→nZ/2hnZ/2r.Ce sous-groupeétantfini,ilest fermé etl’onpeutdoncconclurequeθ(Γ0)Z/2r.

Le sous-groupe Z de Gal(Qab/Q) s’envoie par θ sur un groupe de la forme

p∈P0Z/pnp×

p /∈P0ZpP0 désigneuncertainsous-ensembledenombrespremiers et (np)p∈P0 unecollectiond’entiers.

Si 2 ∈ P/ 0, alors la pro-2-partie de Gal(Ω/Q) est engendrée par Z/2r et Z2, mais commeelleestabélienneetquel’undesfacteursestdetorsionalorsquel’autreestsans torsion, onendéduitqu’elleest égaleàZ/2r×Z2, desortequel’on a

Gal(Ω/Q)Z/2r×

p∈P0

Z/pnp×

p /∈P0

Zp

(9)

Si2∈ P0 alorslapro-2-partie deGal(Ω/Q) estengendrée parZ/2r et Z/2n2 et est doncun2-groupe abélienfiniD. Onaalors

Gal(Ω/Q)

p∈P0, p=2

Z/pnp×

p /∈P0

Zp

Si P0 = alors dans les deux cas, la proposition 2 conduit à une absurdité. Ceci prouvedoncquel’imageparθdufacteurZ est égaleàZ.LegroupeZ est sanstorsion, alorsqueZ/2rest detorsionetainsi, l’imagedeθ,c’est-à-direlegroupeGal(Ω/Q),est isomorpheàZ/2r×Z.

iv)=⇒ii) Puisque Ω/Qest totalement imaginaire il existe un élément α ΩQ totalement imaginaire (voir le lemme 8 àvenir). Sil’on pose C =Q(α) alors C et Z sont descorps linéairementdisjoints sur Qet C.Z est uncorps totalement imaginaire contenant Z.ParminimalitédeΩ onadoncΩ=C.Z. L’extensionC/Qestabélienne et finieet l’onadoncGal(C/Q)=n

i=1Z/2ki×GGest ungroupeabéliend’ordre impair. Dire que C est totalement imaginaire équivaut ici àdire que la restriction de la conjugaison complexe à Gal(C/Q) est non triviale. Il existe donc un indice i0 tel quelarestrictiondelaconjugaisoncomplexe aufacteurZ/2ki0 soitnon triviale.Sil’on considère C/Q lasous-extension de C vérifiantGal(C/Q)=Z/2ki0 alors le corps C est totalement imaginaire, toutcomme C.Z. Par minimalité de Ω, on en déduit que C=C etleii).

iii) = iv) Si Ω Ω est un corps totalement imaginaire qui contient Z, alors Gal(Ω/Ω) auneintersectionnulle aveclefacteur Z.CommeZ/2restdetorsionet que Zestsanstorsion,celaimpliquefinalementqueGal(Ω/Ω) estcomplètementinclusdans lefacteurZ/2r.SiGal(Ω/Ω) n’était pastrivialalorsil contiendraitl’élémentd’ordre2 de Z/2r, qui est l’unique élément d’ordre2 de Z/2r×Z. Cet élément correspondantà laconjugaisoncomplexe,onendéduiraitqueΩ esttotalementréel,cequi estcontraire auxhypothèses. 2

Danslapreuveduthéorème 6,lapropriétédeminimalitéest intimementliéeaufait decontenirlecorps Z.Plusgénéralement,ona :

Proposition7. SoitΩQ un corpscontenantle corpsZ (on ne suppose pasque Ω/Q soit abélienne,pasmême galoisienne apriori).

a)SiΩ/Z estfinie, alorstoutsous-corpsprojectifdeΩ contient Z.

b)Le corpsΩest projectifsi etseulement siΩ esttotalement imaginaire.Enconsé- quence de quoi, si le corps Ω est projectif alors il est extension d’un corps projectif minimalcontenant Z.Lescorpsprojectifsminimauxcontenantlecorps Z sontexacte- mentlesextensions finiestotalementimaginaires minimalesde Z.

Preuve. a) 1/ Cas particulier où Ω/Q est galoisienne. Notons Γ = Gal(Ω/Q) et N = Gal(Ω/Z).PuisqueΓ/N Gal(Z/Q)=Z et quecegroupeestprojectif,onendéduit que Γ NZ. SoitΩ0 Ω un sous-corps projectifet N0 = Gal(Ω/Ω0). Raisonnons

(10)

parl’absurdeetsupposonsqueN0⊂N.Ilexistedonc(t,x)∈NZ avecx= 0 telque (t,x)∈N0.Siϕ∈Aut(N) désigne l’actiondexsurN, onaalorspourtoutn≥1,

(t, x)n = (tϕ(t)· · ·ϕn−1(t), nx)∈N0

PuisqueN estfini,ilexiste n0> m0telsque

tϕ(t)· · ·ϕn0(t) =tϕ(t)· · ·ϕm0(t)

et l’on a donc tϕ(t)· · ·ϕn0m01(t) =e. Il existe donc n =n0−m0 tel que(t,x)n = (e,nx)∈N0. Dans le facteur Z deΓ, onpeut écrire< nx > =

p∈P0=pnpZpP0

désigne un certain ensemble non vide de nombres premiers et (np)p∈P0 une collection d’entiers. Quitte à considérer un sous-groupe de N0 (ce qui revient à considérer une extension deΩ0qui restealorsprojective),onpeutsupposerqueN0=pnpZpZ pour uncertainpremierpetunentiernp arbitrairementgrand.

Sil’on noteΘ:Z−→Aut(N) l’action deZ sur N,alorson aker(Θ)=hZ oùhest unentierquidésignel’ordredeΘ(1) danslegroupefiniAut(N).Commehnedépendni de pnidenp,on peutdonc choisirnp de sortequeN0 ker(Θ).Dans cettesituation, onaNN0=N×N0et lediagrammed’extensionssuivant :

Ω

N0×N

N0 N

Ω0

N

Z

N0

Z

Ω0∩Z

Q

La théorie de Galois assure que Gal(Ω0∩Z/Q) =Z/N0 = Z/pnp×

q=pZq et donc l’exposant depdansledegréde[Ω0:Q] estfini(ilvautexactementnp.opop désigne l’exposantdepdanso(N)).Cecirendimpossiblelefaitquecdp0)1 etdoncqueΩ0

soit projectif.

2/Cas général.Ilsedéduitducasparticulierenconsidérantlaclôturegaloisiennede Ω sur Qet en remarquantque cettedernièreest nécessairement dedimensionfiniesur Z carΩ/Z estfinieet Z/Qestgaloisienne.

b) SiΩ esttotalement imaginaire,soncaractère projectifdécoule immédiatementdu corollaire 4. Réciproquement, uncorps projectif, extension algébrique de Q, est néces- sairementtotalementimaginaire,carunplongementréelimpliqueraitparisomorphisme une 2-dimensioncohomologique infinie.

(11)

Pourmontrer lasuitedel’énoncé,établissonslelemmesuivant :

Lemme 8. Si L Q est un corps totalement imaginaire, alors il existe un corps de nombresK⊂Lquiest totalementimaginaire.

Preuve. Considérons une filtration croissante, Q = L0 L1 ⊂ · · · ⊂ L, de L par descorps denombres. Supposonsqu’aucundes corpsLn ne soittotalement imaginaire et,pour n 0 fixé,notons In l’ensemble des plongements de Ln dans R. L’inclusion Ln Ln+1 définit, par restriction des plongements, une application naturelle ϕn+1 : In+1 −→ In pour tout n. On voit alors que (Inn)n0 est un système projectifet quelim←−−nIn correspondàl’ensembledesplongements réelsducorpsL(quiestvidepar hypothèse).Par hypothèse,l’ensembleIn estnonvideet ilest parailleursfinipuisque Ln/Qest fini.L’argument classiquede compacitéassure alorsque lim←−−nIn =,ce qui constitueuneabsurdité. 2

D’après le lemme 8, il existe un corps de nombres K Ω totalement imaginaire.

Lecorps L=K.Z est alors uncorps totalement imaginairede dimensionfiniesur Z. PuisqueL/Z estfinie,ellepossèdeunnombrefinid’extensionsintermédiairesetdoncil existeuneextensionintermédiaireZ ⊂L0⊂Ltotalementimaginairequisoitminimale.

Le a) dela propositionmontre alors queL0 est uncorps projectif minimal dontΩ est extension.

Lafindelapropositiondécoulealorsdesargumentsdonnésprécédemment. 2 Une applicationimmédiate duthéorème 6 assure que le corps Ω2 = Q(

1).Z est projectifminimal. Danscettesituation,ona

Gal(Qab2)

p=2

Z/(p−1) et Gal(Ω2/Q)Z/2×Z

D’un point de vuegaloisien, le corps Ω2 est obtenuen ne conservant que lefacteur directZ/2 dufacteurZ/2×

p=2Z/(p−1).Onpeutopérerlamêmechosesurlesautres facteurs :pourunnombrepremierq= 2,onécritq−1= 2r.m avecmimpairdesorte que l’on dispose de la décomposition Z/(q−1) = Z/2r×Z/m. On considère alors le sous-corpsΩq deQabconstituédesélémentsinvariantsparlesous-groupeZ/m×Z/2×

p=qZ/(p−1),desorteque

Gal(Ωq/Q)Z/2r×Z

LecorpsΩq estalors projectifminimal etest obtenuenneconservantque lefacteur de2-torsiondufacteur directZ/(q−1) dugroupeZ/2×

p=2Z/(p−1).

Décriretouslessous-corpsprojectifsminimauxdeQabrevientàdécriretouslescorps de nombres imaginaires purs, extensions 2-cycliques de Q, c’est-à-dire à décrire tous

(12)

les épimorphismes continus θ : Γ0 −→ Z/2r avec r arbitraire, qui ne contienne pas la conjugaison complexedansleurnoyau.

Le groupe Z/2r étant fini est discret et, comme θ est continu, il est localement constant. On en déduit qu’il existe une famille finie de nombres premiers impairs q1,· · ·,qn telle que

p=2,q1,···,qnZ/2rp ker(θ). Ainsi, toutrevient àchercher desépi- morphismes

θ:Z/2×Z/2rq1× · · · ×Z/2rqn −→Z/2r qui necontiennentpasl’involutiondiagonaledansleurnoyau.

Considéronsg,g0,g1,· · ·,gndesgénérateursrespectifsdesgroupesZ/2r,Z/2 etZ/2rqi pouri= 1,· · ·,n.Pourchaqueindicei= 0,· · ·,n,ilexisteununiqueai∈ {0,· · ·,2r1} telque θ(gi)=gai.Enayantpris soindeposerrq0 = 1,onvoit alorsqueθ existesi et seulementsionalestrois conditionssuivantes :

(C1) : Pour tout i= 0,· · ·,n,on aai2rqi 0mod(2r) (assurele caractère morphique deθ).

(C2) : Aumoins undesai est inversiblemodulo2r (assurelecaractèresurjectifdeθ).

(C3) : a0+a12rq1−1+· · ·+an2rqn−1 0 mod(2r) (assure que l’involution diagonale n’estpasdanslenoyau).

Remarque 9.La“grosse”partie dugroupeGal(Q(μp)/Q)Z/(p−1)×Zp est Zp et l’on pense souvent,à causede cela,que lapartie laplusimportante deGal(Qab/Q) Z/2×

p=2Z/(p−1)×Z est Z.C’estpourtant,d’unecertainemanière,l’inverse.

Le groupeZ est de rang1 alors que celuide

p=2Z/(p−1) est infini.Parailleurs, étantdonnéunnombrepremierqetunentiern,lethéorèmedeprogressionarithmétique de Dirichletmontre qu’ilexisteune infinitéde premiersptelquelavaluation q-adique dep−1 soitégale àn.Ainsi,onendéduitque

p=2

Z/(p−1)

q

n

Z/qn

ω

mais commelegroupeZq estunsous-groupe fermé de

nZ/qn,on voitquele groupe Zω est unsous-groupe ferméde

p=2Z/(p−1) etilexistedoncuncorpsK telque

Ω2 K Z

ω Qab

2.2. Une descriptionsimple desgroupesdeGaloisabsolus descorpsdenombres Revenons maintenant à la conjecture de Shafarevich et aux différentes conjectures qui l’impliquent. Commeon l’aannoncé dans l’introductionde ce texte, auregard des

(13)

résultatsdu§2,laconjecturedeShafarevichn’estpaslaplusoptimalesouslaconjecture de Fried–Völklein. Par ailleurs, la conjecture de Shafarevich ne permet pasde décrire simplementle groupede Galoisabsolu deQ. Ons’aventure ici àproposer deux autres conjectures :

Z-conjecture.Lesextensionsfinies ettotalementimaginaires ducorps Z possèdentun groupedeGaloisabsolu prolibre.

En utilisant les résultats précédents, on voit que la Z-conjecture entraine l’énoncé suivant :lessous-corpsprojectifsminimauxdeQab possèdentungroupedeGaloisabsolu prolibre.CeténoncéestuneversiondelaconjecturedeShafarevichminimisantlecorps Qab,parexempleenremplacantcedernierparlecorps Z(i).Onl’appeleralaconjecture deShafarevichminimisée.

Conjecture de Shafarevich généralisée. Les sous-corps projectifs de Qab possèdent un groupedeGaloisabsolu prolibre.

L’intérêtdela Z-conjectureest quelegroupeZ estungroupeprojectifet qui donc serelèvedanstoutgroupeprofinidontil estlequotient.

Proposition10. SouslaZ-conjecture, siC désigneun corpsdenombresalors a) Si C esttotalementimaginaire, onaGal(Q/C)FωZ.

b) SiC n’est totalementimaginaire,on aGal(Q/C)

FωZ Z/2.

Enparticulier,souslaZ-conjecture, onaGal(Q/Q)

FωZ Z/2.

Preuve. SiC n’estpas totalement imaginaire,alors C(i) l’estet commel’élément non trivialdeGal(C(i)/C)=Z/2Zcorrespond àlarestriction delaconjugaison complexe, onendéduitqueGal(Q/C)Gal(Q/C(i))Z/2.OnpeutdoncsupposerqueCesttota- lementimaginaire.Danscesconditions,lecorpsC.Z estuneextensionfinietotalement imaginairede Z et doncGal(Q/C.Z)Fω.Onaalorslasuiteexacte

1 Gal(Q/C.Z)

Gal(Q/C) Gal(C.Z/C)

1

1 Fω Gal(Q/C) Z 1

qui, compte-tenu du caractère projectif du groupe Z, est scindée et assure donc un isomorphismedelaformeGal(Q/C)FωZ. 2

(14)

On voit que l’on peut remplacer la Z-conjecture par la conjecture de Shafarevich minimiséedanslaproposition 10àconditiondeneconsidérerpourCquedesextensions abéliennes de Q. En particulier, on voit que la conjecture de Shafarevich minimisée entrainel’existence d’unisomorphismeGal(Q/Q)

FωZ Z/2.

La Z-conjecture et la conjecture de Shafarevich généralisée sont en fait contenues danslaconjecturedeFried–Völklein.Eneffet,lescorpsconsidérésdanscesdeuxconjec- tures sontprojectifset dénombrables, leurcaractère hilbertiendécoule duthéorème de KuykpourlaconjecturedeShafarevichgénéraliséeetduthéorèmedeWeissauerpourla Z-conjecture (cedernier théorèmeassurequ’uneextension finieet stricted’uneexten- siongaloisienned’uncorps hilbertienestuncorps hilbertien,voir[3]).Enrésumé,pour ce quiest desdifférentesconjecturesdontonaparlé,onalahiérarchiesuivante :

Dèbes–Deschamps

Fried–Völklein

Shafarevich

généralisée Z-conjecture

Shafarevich Shafarevich minimisée

Il existe une suite exacte 1FωGal(Q/Q)Z1

Il existe un isomorphisme Gal(Q/Q)

FωZ Z/2

Gal(Q/Ct)FωZ Gal(Q/Cnt)

FωZ Z/2

(Ct(resp.Cnt)désigne n’importe quel corps de nombres totalement imaginaire (resp. non totalement imaginaire).)

Remarque11.Lathéorieanabélienneassurequedeuxcorpsdenombresontdesgroupes deGaloisabsolusisomorphessietseulementsicescorpssonteux-mêmeisomorphes.De ce pointdevuel’isomorphismeavecleproduitsemi-directFωZ donnédanslapropo- sition 10 peutprêter àconfusion.Enfait,dans l’écriture FωZlachoseindéterminée (et àmieuxcomprendre)restel’actiondeZsurFω.UneconséquencedelaZ-conjecture àcesujetestl’existenced’unecorrespondanceinjectiveentrelesclassesd’isomorphismes des corps de nombreset lesclasses d’équivalence des Z-actions de Fω pour larelation d’équivalenceα∼β⇐⇒FωαZFωβZ.

Considèrons α : Z −→ Aut(Fω) une action qui, sous la Z-conjecture, définit un isomorphisme Gal(Q/Q)

FωαZ

Z/2 et notons Q le corps des invariants par le facteur FωαZ (Qest donc une extension quadratique de Q). Certainespropriétés arithmétiquesdeQ,permettentdepréciserplusieurschosessurα:

a) Notons que,puisqueZ est monogèneet quel’action est continue(elle correspond dans Gal(Q/Q) à des conjugaisons), la donnée de l’action est entièrement déterminée

(15)

parl’action de 1Z surle groupeFω, c’est-à-direparla donnéed’un automorphisme θ∈Aut(Fω).Maintenant,lesélémentsdeAut(Fω) sontentièrementdéterminésparleurs imagessurunebase BdeFω donnée.L’automorphismeθenvoie Bsuruneautrebase.

Lathéoried’Iwasawa permetde préciserune chosesurcettedonnée : l’automorphisme θn’envoieaucunebase B surelle-même.

Pourmontrer cefait, supposonsqu’ilexisteune tellebase Bet considéronsalorsles orbites des éléments de B sous l’action de θ. Elles forment une partition de B et, si {xi}i∈I désigneuneclassedereprésentantsdesorbitesOθ(x),alorsonanécessairement I 2.Eneffet,supposonsqu’ilexistetrois indicesi1,i2,i3∈I disctincts.Notonsalors α123 unebasedugroupeprolibrederang3,F3.L’applicationπ:B−→F3définie par

π(x) =αj pour toutx∈Oθ(xij) (j= 1,2,3)

=epour toutx /∈Oθ(xi1)∪Oθ(xi2)∪Oθ(xi3)

définitununiqueépimorphismeπ:Fω−→F3quivérifieque,pourtoutt∈Fω,π(θ(t))= π(t).Ils’ensuit queπserelèveàFωZ toutentierenposant π(Z)=eet doncquele groupeF3 seréalise sur Qce qui est impossible (voir parexemplela remarque 1.6. de [2]surledegrédelibertéd’uncorpsdenombres).

Ainsi, I = {i1,i2} (ou I = {i1}, l’argument qui suit s’adaptant facilement à ce cas). Prenons alors un groupe abélien G de rang 4. En tant que groupe abélien, il se réalise sur Q et donc il existe un épimorphisme π : Fω Z −→ G. Posons g1 = π(xi1), g2 = π(xi2) et g3 = π(1) (1 désignant ici le neutre multiplicatif de Z, qui est un générateur topologique du groupeadditif). Puisque pour toutt ∈Fω, on a π(θ(t))=π(1)π(t)π(1)−1 =π(t), onen déduitque pour toutx∈B,π(x)=g1 ou g2. Ainsi, l’imageparπ de FωZ est legroupe < g1,g2,g3 > qui,étantde rang 3, ne peutêtreégalàGtoutentier.

b) Six∈ker(α), onaalors α(x)(γ)=xγx−1 =γ pour toutγ∈ Fω. PuisqueZ est lui-mêmeabélien,onendéduitquexestcentraldansGal(Q/Q) etdoncquex= 0. On vienticidejustifierquel’actionαestfidèle.

c) Une autre propriété deGal(Q/Q) montre quel’action αne possède pas de point fixe : si γ Fω est un point fixe de α(x) pour un certain x Z non nul, alors x et γ commutent et donc < x,γ > est un sous-groupe abélien de Gal(Q/Q). Il est alors nécessairement de rang 1 (cf [4, ex.2 §II.3.3.]) et donc, les ordres o(x) et o(γ) sont premiers entreeux. Puisqueo(Z)=

pp onen déduit,en particulier, queαn’a pas depointfixe.

2.3. Digressions arithmétiques

Onnotep1,p2,· · ·lasuitecroissantedesnombrespremiersetl’onfixeunisomorphisme Gal(Qab/Q)=Z/2×

n2Z/(pn1)×Z.Pourn≥2,onnoteKnlecorpsdesinvariants deQabparlesous-groupeZ/2×n

i=2Z/(pi1).Onadonc

(16)

Gal(Kn/Q) =

i>n

Z/(pi1)×Z

Lasuite(Kn)n≥2aalorslespropriétés suivantes :

P1) (Kn)n2 est unesuitestrictementdécroissantedecorpsprojectifs.

P2) Pourtoutentiern≥2,Kn/Kn+1 est finie.

P3) LecorpsZ =

n2Knn’estpasprojectifetlesKnsontdesextensionsalgébriques de Z.

Nousallonsvoirtroisconséquencesàce constat.

a) Une conséquencegéométrique.

LanonprojectivitéducorpsZ équivautàl’existenced’uneextension finieZ(α)/Z telle que l’application de norme N : Z(α) −→ Z ne soit pas surjective (cf [4, Pro- position II.3.1.5]). Puisque

n≥2Kn = Z, il existe donc un rang à partir duquel Kn ∩Z(α) = Z. On peut donc supposer que ce rang est n = 2, de sorte que [Kn(α) : Kn] = [Z(α) : Z] = h pour tout n 2. Si b = (b1,· · ·,bh) désigne une Z-basede Z(α),alorsbestaussiune Kn-basede Kn(α) pourtoutn.Relativementàb, lanormeN s’exprimecommeunpolynômehomogèneP ∈Z[x1,· · ·,xn].Pourdesrai- sonsévidentesl’applicationdenormeNn:Kn(α)−→Kns’exprimedansbparlemême polynôme P. Les corps Kn étantprojectifs, toutesles applications Nn sont surjectives (cf [4,Proposition II.3.1.5]).Siλ∈Z désigne unélément qui n’estpasatteintpar N, alors lavariétéV définieparlepolynômeP−λpossèdedespoints Kn-rationnelspour toutn≥2,maisaucunpoint Z rationnel.

Conséquence. Il existe un corps k, une suite décroissante (Ln)n≥1 d’extensions algé- briques de k telle que k =

n≥1Ln et Ln/Ln+1 soit finie pour tout n 1 et une k-variétéV telsque V(Ln)=∅pourtoutn≥1etV(k)=∅.

b) Une conséquencesurlesgroupes profinis.

Sil’on poseΓ= Gal(Q/Z) et,pour toutn≥2,Γn = Gal(Q/Kn), alorslesgroupes Γn sont des sous-groupes fermés dugroupe Γ etl’hypothèse Z =

n2Kn dit que Γ est(topologiquement)engendréparlaréuniondesΓn.LesquotientsΓn+1ns’identifie aux groupesGal(Kn/Kn+1) et sontdonc finis. Parhypothèse, chaque Γn est projectif et Γ nel’estpas.

Conséquence. Il existeun groupe profini Γ non projectifqui estengendré par une suite croissante de sous-groupes distingués fermés projectifsn)n≥1 telle que Γn+1n soit fini pour toutn.

(17)

Traduit en termes de problème de plongement, la questionse ramène àrelever des solutions : on considère un problème de plongement de groupes finis à noyau abélien pourΓ

Γ

π

1 N G

s H 1

Ceproblème induit,parrestriction,surchaquesous-groupe Γn unproblèmedeplonge- mentqui, parprojectivitéde Γn possède une solutionfn.Et l’on cherche une solution f : Γ−→G:

Γ0

f0

Γ1

f1

...

Γ

π f?

1 N G s H 1

Sichaque flêche fn relèvela flêche fn−1, l’hypothèse

nΓn = Γ, permet alors, par continuité,deconstruirelaflêchef recherchée.Réciproquement,ladonnéed’unesolution f induitl’existencedesolutionsf0,f1,· · ·tellesquefn relèvefn1pour toutn≥1.On estdoncamenéàétudierleproblèmesuivant :onsedonneunproblèmedeplongement

Γ0 f0

Γ1

f1

1 N G

s H 1

avec des solutions respectives f0 et f1 et l’on se demande s’il existe une solution f1 : Γ1−→Gquirelèvef0?Cettequestionestenfaitunepurequestiondecohomologiedes groupes.Eneffet,onfaitagirΓ0surN vialarestrictiondef1àΓ0:tx=f1(x1)tf1(x)

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