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Représentation et théorisation de la noblesse dans les traités castillans du XVe siècle : une édition du Nobiliario Vero de Ferrán Mexía

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Academic year: 2021

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HAL Id: tel-00951093

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Submitted on 24 Feb 2014

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Représentation et théorisation de la noblesse dans les traités castillans du XVe siècle : une édition du

Nobiliario Vero de Ferrán Mexía

Sara Gonzalez-Vazquez

To cite this version:

Sara Gonzalez-Vazquez. Représentation et théorisation de la noblesse dans les traités castillans du XVe siècle : une édition du Nobiliario Vero de Ferrán Mexía. Littératures. Ecole normale supérieure de lyon - ENS LYON, 2013. Français. �NNT : 2013ENSL0864�. �tel-00951093�

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THÈSE

en vue de l'obtention du grade de

Docteur de l’Université de Lyon, délivré par l’École Normale Supérieure de Lyon

Discipline : Études hispaniques Laboratoire UMR 5648 – CIHAM

École Doctorale ED 484 –3LA (Lettres, Langues, Linguistique et Arts)

présentée et soutenue publiquement le 6 décembre 2013

par Madame Sara Gonzalez-Vazquez

_____________________________________________

Représentation et théorisation de la noblesse dans les traités littéraires castillans du

XVe

siècle : une édition du Nobiliario Vero de Ferrán Mexía

______________________________________________

Directeur de thèse : M. Carlos HEUSCH

Après l'avis de : M. Jean-Pierre JARDIN

M. Jesús RODRÍGUEZ VELASCO

Devant la commission d'examen formée de :

M. Francisco BAUTISTA,Universidad de Salamanca : Examinateur M. Carlos HEUSCH,ENS de Lyon : Directeur

M. Jean-Pierre JARDIN,Université Paris 3 : Rapporteur M. Denis MENJOT, Université Lyon 2 : Examinateur

Mme María Concepción QUINTANILLA RASO, Universidad Complutense de Madrid : Examinatrice M. Jesús RODRÍGUEZ VELASCO,Columbia University : Rapporteur

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REMERCIEMENTS

À l’issue de mes années de doctorante, je tiens à remercier ceux sans qui cette thèse n’aurait pu aboutir. Carlos Heusch, tout d’abord, mon directeur de recherche, qui m’a guidée, soutenue, stimulée et aidée tout au long de ces quatre années. Jesús Rodríguez Velasco, ensuite, qui m’a accueillie à New York durant un semestre et m’a suivie à distance. Et, bien sûr, Francisco Bautista, Jean-Pierre Jardin, Denis Menjot et María-Concepción Quintanilla Raso qui me font l’honneur d’accepter de venir siéger à mon jury de thèse.

Je sais également gré à tous les membres du corps académique qui ont su m’encourager, m’aider, répondre à mes questions ou encore enrichir ma pensée grâce à de fructueux échanges au cours de ces années de recherche, durant ma thèse mais aussi pendant mes années de formation préalable.

Mes travaux de recherche n’auraient pas pu avancer aussi efficacement sans l’aide et l’accueil de toute l’équipe enseignante du département d’Espagnol de l’Université Lyon 2 pour mon monitorat et mon ATER, équipe au sein de laquelle je travaille avec toujours autant de plaisir et de sérénité.

Un grand merci aussi à mes camarades de bureau et co-doctorants du CIHAM qui ont su rendre mon travail de thèse un peu moins solitaire.

Que soient finalement remerciées toutes les personnes qui m’ont accompagnée

d’une façon ou d’une autre tout au long de cette grande étape.

(4)

TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS ... 2  

Table des matières ... 3  

Introduction ... 6  

I. Noblesse et chevalerie ... 6  

II. Les enjeux du débat ... 10  

III. Représentation et théorisation ... 14  

Première partie. ... 16  

Le débat sur la noblesse dans la Castille du bas Moyen Âge ... 16  

I. Approche historique de la noblesse castillane médiévale ... 18  

A. Les structures de la noblesse ... 20  

1. Les structures socio-économiques ... 20  

Nobleza ... 21  

Hidalguía ... 23  

Caballería ... 25  

2. Les structures politiques de la noblesse ... 28  

Bandos et clientèles ... 28  

Le lignage ... 30  

La noblesse et le pouvoir royal : le système de la privanza ... 32  

B. Une noblesse en mutation ... 34  

1. De la nobleza vieja a la nobleza nueva ... 34  

2. Répartition de la noblesse sur le territoire ... 38  

II. Approches juridiques de la noblesse ... 43  

A. Les Partidas d’Alphonse X ... 44  

1. Monarchie et chevalerie ... 45  

2. Chevalerie et noblesse ... 49  

3. Noblesse et royauté ... 55  

4. La grande noblesse et les titres ... 57  

5. Hidalgos et infanzones ... 60  

6. letrados et doctores ... 61  

B. Modèle italien de la « noblesse du droit » ... 63  

III. Définition et représentation de la noblesse dans les traités du xv

e

siècle ... 67  

A. Les traités sur la noblesse ... 68  

1. Typologie ... 68  

2. Textes et contextes ... 70  

Les textes d’Alonso de Cartagena ... 70  

La Cadira de honor et l’Espejo de verdadera nobleza ... 71  

Le Tratado sobre el título del duque ... 73  

Les Generaciones y semblanzas et les Claros varones de Castilla ... 74  

La Definición de nobleza ... 76  

Le Blasón general y nobleza del universo ... 77  

B. Noblesse, hidalguía, chevalerie ... 78  

1. Noblesse et hidalguía ... 78  

Noblesse et hidalguía sont synonymes ... 79  

(5)

Noblesse et hidalguía sont deux réalités distinctes ... 80  

2. La chevalerie ... 82  

C. Origines de la noblesse ... 85  

1. Le lignage ... 85  

2. Le roi ... 90  

D. Conclusion ... 94  

Deuxième partie. Ferrán Mexía et son Nobiliario Vero ... 96  

I. Ferrán Mexía ... 97  

A. Données biographiques ... 97  

1. L’ascendance noble de Ferrán Mexía ... 99  

2. Mariages et descendance ... 102  

B. Ferrán Mexía, caballero veinticuatro de Jaén ... 104  

1. Pas d’armes ... 104  

2. Conspiration ... 107  

3. Sous les Rois Catholiques ... 112  

C. Ferrán Mexía, homme de lettres ... 115  

1. Poésie ... 115  

2. Prose ... 119  

II. Le Nobiliario Vero ... 122  

A. Les exemplaires ... 122  

1. Les manuscrits de Salamanque ... 122  

Le manuscrit Bus. 2414 ... 123  

Le manuscrit Bus. 2428 ... 124  

2. Le manuscrit de Madrid ... 124  

3. Manuscrits fragmentaires ... 125  

4. L’incunable ... 127  

B. Les conditions de rédaction de l’œuvre ... 128  

1. Étude des différents colophons et généalogie de l’œuvre ... 128  

2. Situation politique et écriture du Nobiliario Vero ... 130  

C. La structure du texte ... 132  

1. Première partie ... 133  

2. Deuxième partie ... 134  

3. Troisième partie ... 136  

D. Les sources et leur utilisation ... 137  

1. Les sources principales ... 143  

Bartole ... 143  

Tite-Live ... 144  

L’importance des Partidas ... 145  

La Bible et Godefroi de Viterbe ... 146  

Boèce ... 147  

Duarte et Honoré Bouvet ... 148  

2. Autres sources ... 149  

3. Répartition des sources ... 150  

E. Choix éditoriaux ... 169  

III. La représentation de la noblesse dans le Nobiliario Vero ... 171  

A. Origines et définition de la noblesse ... 171  

1. L’origine de la noblesse ... 171  

(6)

2. Définition de la noblesse ... 173  

B. Une nouvelle théorie de la noblesse ... 175  

1. Lignage et individu ... 175  

2. Enracinement de la noblesse dans le temps ... 178  

3. L’obsession du sang et de la pureté ... 180  

4. Conclusion ... 182  

Conclusion générale ... 183  

Bibliographie ... 187  

Édition critique du Nobiliario Vero ... 204  

Apparat critique ... 425

(7)

INTRODUCTION

À l’aube du

XVe

siècle, le tout jeune roi Jean II monte sur le trône de Castille : il n’a que deux ans lorsqu’il est proclamé roi le 25 décembre 1406. Commence alors un long règne qui durera jusqu’en 1454. Très mouvementée sur le plan politique (le roi eut à se confronter à de nombreux épisodes de guerre civile et de rébellion nobiliaire), cette période est cependant restée célèbre pour son exceptionnel développement culturel, grâce notamment au rayonnement de la « cour littéraire »

1

du roi Jean II. À sa mort, l’essor littéraire se poursuit et s’amplifie malgré la poursuite de guerres civiles endémiques qui marquent durablement le règne de son successeur Henri IV, puis la guerre de succession qui voit finalement Isabelle accéder au trône. À la fin de la période, le développement de l’imprimerie permet finalement un véritable essor de la littérature.

Les textes qui nous sont parvenus de cette époque sont de nature très variée : poésie religieuse ou palatine, traductions d’œuvres antiques, traités en tous genre, correspondances, romans de chevalerie et recueils de lois offrent une vision de la culture castillane de la fin du Moyen Âge. Or, à cette époque, production et réception de l’écrit sont l’apanage des catégories sociales les plus élevées, noblesse et clergé ; cette culture à laquelle nous avons accès grâce à ces textes est donc essentiellement d’ordre religieux et nobiliaire. C’est à cette deuxième catégorie de textes que nous nous sommes intéressée.

I. NOBLESSE ET CHEVALERIE

Tout au long du Moyen Âge, noblesse et chevalerie sont inextricablement liées.

Cette relation est restée dans l’imaginaire populaire qui confond régulièrement les deux. La théorie des trois ordres imaginée par les évêques Adalbéron de Laon et

1 Nous empruntons l’expression au titre de l’ouvrage de Théodore Joseph BOUDET dePUYMAIGRE, La cour littéraire de don Juan II, roi de Castille, Paris : Librairie A. Franck, 1873.

(8)

Géraud de Cambrai au début du

XIe

siècle

2

fait de la société médiévale un monde régi par une distinction stricte entre trois groupes de population peu perméables, les oratores, les bellatores et les laboratores. Celui qui nous intéresse ici est celui des bellatores, des guerriers, aussi appelés milites ou nobiles, milites désignant plutôt la fonction et nobiles le statut

3

.

À la fin du

XIIIe

siècle, le roi Alphonse X tente de réunir chevalerie et noblesse en créant un rapport durable entre le métier des armes et la noblesse. Dans la deuxième Partida, il définit ainsi la chevalerie comme un groupe de militaires nobles liés au roi par un lien de nature

4

. Ce faisant, il tente d’assujettir la chevalerie, et donc la noblesse, au pouvoir royal.

Avec les guerres de reconquête, la nécessité d’enrôler de nouveaux guerriers auprès des chevaliers se fait sentir. Des combattants non nobles, mais néanmoins à cheval rejoignent les rangs de la chevalerie pour faire face aux adversaires maures.

Avec le temps, ceux-ci tentent de l’intégrer afin de profiter des privilèges afférents.

Dès lors, le roi Alphonse XI se voit obligé de créer des restrictions à la chevalerie. Il crée ainsi en 1332 le premier ordre de chevaliers laïques, l’ordre de la Banda, qui fonctionne tel une chevalerie dans la chevalerie avec à sa tête le roi

5

. Les Partidas et l’Ordenamiento de la Banda naissent ainsi d’une volonté politique d’assujettissement de l’aristocratie castillane au pouvoir royal. Avec la reconquête, celle-ci gagne en effet en terres et en pouvoir, et peut à terme menacer la souveraineté du roi.

La deuxième partie du

XIVe

siècle est marquée par une guerre de succession entre le fils légitime d’Alphonse XI, Pierre I

er

et son frère bâtard, Henri de Trastamare. C’est ce dernier qui gagne la couronne après avoir assassiné son demi- frère. Il fonde alors une nouvelle dynastie, celle des Trastamare, qui durera jusqu’à la mort des Rois Catholiques. Les premiers souverains de cette dynastie doivent faire face à un problème majeur, celui de leur légitimité puisqu’ils sont descendants d’un

2 Voir l’étude fondatrice de Georges DUBY, Les trois ordres ou l’imaginaire du féodalisme, Paris : Gallimard, 1978.

3 Voir Georges MARTIN, La chevalerie en Castille à la fin du Moyen Âge : aspects sociaux, idéologiques et imaginaires, Paris : Ellipses, 2001, p. 5.

4 « De esta manera, Alfonso crea la caballería como dispositivo político, mediante el cual intenta crear un lazo solidario, el de la caballería, y la conversión de un oficio, tal y como se veía en el Espéculo, en un estado, tal y como se sigue de la teoría política de los tres órdenes o estados en que se divide el mundo. » : Jesús RODRÍGUEZ VELASCO,El debate sobre la caballería en el siglo XV : la tratadística caballeresca castellana en su marco europeo, Valladolid : Junta de Castilla y León, Consejería de Educación y cultura, 1996, p. 19.

5 Voir Jesús RODRÍGUEZ VELASCO,El debate sobre la caballería…, p. 22.

(9)

bâtard, fratricide qui plus est. Henri II fait preuve de largesses

6

, et achète littéralement une partie de la chevalerie pour la rallier à sa cause. De leur côté, les partisans du frère déchu, la vieille noblesse pétriste, continuent de résister au nouveau souverain.

À partir de la deuxième moitié du

XIVe

siècle et jusqu’à la fin du Moyen Âge, la chevalerie gagne en diversité ce qui la rend de plus en plus difficile à cerner et marque un début de séparation d’avec la noblesse. À cette période, la chevalerie est au moins triple : la chevalerie type « de la Banda » qui correspond à la haute noblesse de lignage et qui ne conserve de chevalerie que le nom, une chevalerie moyenne, de petite noblesse, qui cherche à s’élever au service du roi, et une petite chevalerie non noble, des villes, qui tente d’intégrer les rangs de la noblesse. Tout au long de cette période, on assiste ainsi à un ballet incessant de déclassement et reclassement des chevaliers et des nobles au sein d’un de ces groupes. La chevalerie des villes tente d’intégrer la noblesse par le service au roi, les chevaliers petits nobles qui sont déjà à son service s’évertuent à gagner des faveurs et des dignités afin de rejoindre les rangs de la très haute noblesse. Le point commun entre tous ces groupes est la culture chevaleresque, un idéal de vie puisé dans la fiction chevaleresque

7

.

À partir du moment où la haute noblesse commence à s’écarter de la chevalerie de fait, le pouvoir royal se retrouve dans une position délicate à cause de son isolement face à un groupe de grands nobles, plus puissants que lui dans les faits. Par ailleurs, au

XVe

siècle, Jean II, se désintéresse particulièrement de la vie politique et laisse le gouvernement du royaume à son favori, Álvaro de Luna, tandis qu’il se consacre à la culture. La grande noblesse castillane ne peut que réagir violemment face à cette situation qu’elle considère comme injuste puisque c’est son rôle, et non celui d’un bâtard aragonais, d’aider le roi dans les affaires de l’état.

Commence alors une période de rébellions épisodiques de cette noblesse contre Jean II d’abord, puis contre son successeur, le roi Henri IV

8

. Le mécontentement est

6 Il est d’ailleurs surnommé « Enrique de las Mercedes », Henri « des Grâces ».

7 Voir à ce sujet le travail fondateur de Martín de RIQUER, Caballeros andantes españoles, Madrid : Espasa- Calpe, 1967.

8 « La gran crisis que caracteriza el tránsito de la Edad Media a la Moderna nace justamente del choque entre dos fuerzas fundamentales que actuaban en direcciones opuestas –una unitaria y otra disgregadora–, la monarquía y la nobleza. La monarquía se sentía capacitada por ejercer directamente su autoridad sobre todo el territorio del Estado, ya que el natural desarrollo de la civilización había ya hecho posible una organización

(10)

d’autant plus fort qu’à chaque fois, les rois choisissent comme favoris de petits nobles aux origines obscures auxquels la grande noblesse ne peut se résoudre à obéir.

Ainsi, c’est à l’époque qui nous intéresse, la fin du

XVe

siècle, que chevalerie et noblesse commencent à diverger et que l’on voit progressivement se dissocier ces deux réalités. Ailleurs en Europe aussi, le lien entre les deux commence à s’étioler et ce, depuis l’apparition d’une bourgeoisie puissante et fortunée dans les villes du nord de l’Italie au

XIVe

siècle. Mais cette distinction est encore nouvelle pour la société castillane qui ne l’a pas encore totalement admise ; elle est, de fait, l’objet de moult débats. L’obstacle sémantique induit par le manque de précision dans la terminologie employée (noble, caballero, hijodalgo) a été la première difficulté à laquelle nous avons dû nous confronter. Celle-ci nous a d’ailleurs accompagnée tout au long de nos travaux de recherches dans nos lectures non seulement de textes médiévaux, mais aussi de productions de chercheurs contemporains. La méprise est prompte et l’écueil parfois difficile à éviter.

La grande confusion dans la terminologie qui entoure la définition d’une noblesse castillane qui se métamorphose au cours du

XVe

siècle est à l’origne de l’accroissement de la production de textes en tous genre (poèmes, traités, chroniques, lettres, biographies …) sur la noblesse. Ces textes sont l’occasion pour leurs auteurs de mettre en avant et défendre leurs idéaux et leurs aspirations pour cette noblesse qui est en train de se redessiner. Chacun, selon sa situation personnelle et politique particulière, tente de faire entendre durablement sa voix dans cette profusion de textes sur la noblesse du

XVe

siècle.

administrativa adecuada para ello, y luchaba por arrancar a la nobleza los fueros y los privilegios que en tiempos de más escasas posibilidades organizativas había tenido que concederle. La nobleza, que se había apoderado del ejercicio de la autoridad en vastas fracciones del territorio del reino, en las que había sentado jurisdicción, defendía, por su parte, sus posiciones con todos los medios de que disponía, que eran todavía grandes, y, en muchos casos, superiores a los de la Corona. », Mario PENNA,Prosistas castellanos del siglo XV, I, BAE, 116, Madrid : Atlas, 1959, p. XI.

(11)

II. LES ENJEUX DU DÉBAT

Notre étude des représentations et de la théorisation de la noblesse porte sur une époque de transition. En effet, le contexte dans lequel elle s’inscrit, la Castille du

XVe

siècle, est celui d’une redéfinition idéologique de la noblesse fondée sur des rapports de force nouveaux dont font état les débats littéraires de l’époque. Depuis près d’un siècle, le roi n’est en effet plus seulement entouré de nobles lui offrant les traditionnels consilium et auxilium, il a aussi à son service une armée de letrados, hommes de lettres issus des universités qui l’assistent dans les fonctions de gouvernement du royaume

9

.

Cette nouvelle catégorie, issue principalement d’une petite noblesse urbaine vient créer un déséquilibre dans l’organisation traditionnellement tripartite de la société : au clergé et à la noblesse à qui incombaient jusqu’alors la tâche d’aider le roi viennent se substituer, ou s’ajouter, les letrados. À l’inverse des nobles et des hommes d’Église, souvent nobles par ailleurs, dont les intérêts particuliers peuvent entrer en conflit avec ceux du roi dans les questions de gouvernement, ces letrados sont des hommes nouveaux, qui n’ont rien à perdre et tout à gagner. Ils se mettent donc fidèlement au service du pouvoir royal, espérant ainsi obtenir des faveurs, des charges ou des dignités supérieures qui leur permettraient d’intégrer les rangs de la noblesse. Le vieux débat entre les armes et les lettres ressurgit alors et se transforme en enjeu politique.

Alors que les letrados sont de plus en plus visibles à la cour et dans les centres de pouvoir, les nobles se sentent menacés, d’autant plus que les nouveaux assesseurs du roi commencent à se définir eux aussi comme nobles. Ce sont eux qui, les premiers, commencent à formuler un discours sur la noblesse en s’appuyant sur un retour aux sources de la noblesse, la noblesse romaine davantage fondée sur l’honneur et le mérite que sur le lignage. Aidés de leurs connaissance de l’Antiquité et du droit italien, ces hommes prennent ainsi parti contre l’hérédité jusqu’alors intrinsèquement liée à la noblesse en Castille, et pour la reconnaissance d’une

9 Voir l’article de Salvador de MOXÓ, « La elevación de los “letrados” en la sociedad estamental del siglo

XIV », in : XIISemana de Estudios Medievales (1974), Pampelune : Diputación Foral de Navarra, 1976, p. 183- 215.

(12)

noblesse liée au mérite et aux vertus. Pour ces hommes, la noblesse se mérite plus qu’elle ne s’hérite. Ces théories sont issues de la pensée du jurisconsulte italien Bartole pour qui seule compte la noblesse politique, octroyée par le souverain.

Les tenants de la noblesse de mérite sont à rapprocher des prises de position d’humanistes, comme Leonardo Bruni ou Bonaccorso de Montemagno. C’est pour cela que le clivage ne réside pas uniquement dans une opposition entre « vieux » et

« nouveaux » nobles, ou entre « alvaristes » et partisans des Infants d’Aragon lors des guerres civiles du règne de Jean II. L’opposition est aussi culturelle, intellectuelle, ce qui explique les prises de position en faveur de la « noblesse de vertu » de grands nobles lettrés comme Pérez de Guzmán ou le Marquis de Santillane, qui traduit en castillan de nombreux textes latins et italiens. Ce dernier déplore par ailleurs la dégénérescence de la noblesse castillane qui a oublié ses fonctions de conseillère du souverain.

Si les liens entre noblesse et royauté ont été le fil conducteur du discours politique depuis le

XIIIe

siècle, comment réagit la noblesse maintenant qu’elle se retrouve face à l’inexorable perte de son pouvoir ? Quelles sont ses stratégies de résistance ?

Face à cette volonté des letrados d’utiliser la noblesse pour transformer la société et redéfinir les relations sociales, la noblesse ancestrale n’a plus d’autre choix que de se définir à son tour, se décrire afin d’actualiser son existence dans les textes.

Dès lors que la noblesse se retrouve confrontée à sa banalisation socio-politique émerge un discours fantasmé sur ce qu’elle est, ou croit être. C’est ainsi que contre les letrados, les partisans de la noblesse de lignage se voient contraints de se construire leur propre discours. En tentant de faire remonter l’origine de la noblesse castillane à la noblesse visigothique, ils cherchent à réactualiser l’idée de la noblesse comme un honneur hérité d’un illustre ancêtre.

Ce débat sur l’origine de la noblesse a pour enjeu principal le pouvoir : les

partisans de la noblesse héritée cherchent à conserver leurs prérogatives face aux

tenants d’une noblesse de mérite qui cherche à s’imposer. Mais qu’advient-il de cette

nouvelle noblesse au fil du temps ? Devient-elle à son tour une noblesse de lignage,

désireuse de conserver ses acquis au détriment de potentiels nouveaux venus dans

les rangs de la noblesse ? Cette question fait également partie du débat et pose

(13)

différemment le problème de la définition de la noblesse : il ne s’agit plus de savoir d’où vient la noblesse mais à partir de quand elle peut être considérée comme définitivement acquise.

La grande période du débat sur l’origine de la noblesse se situe vers le milieu du

XVe

siècle, alors que la vieille aristocratie se sent menacée par le pouvoir croissant du connétable de Castille. Après une période d’accalmie et de moindre production sur le sujet, la fin du siècle voit ressurgir la question.

À la suite de la bataille de Toro en 1476, victoire politique pour Isabelle et Ferdinand qui voient leur pouvoir définitivement acquis, les nouveaux rois entreprennent de grands travaux de réforme des institutions du royaume. Une fois encore, une partie de la noblesse se sent menacée mais cette fois-ci, le péril ne vient pas d’un roi démissionnaire mais d’un pouvoir royal qui gagne en confiance et tente de s’entourer d’un « fonctionnariat » d’État pour l’aider à gouverner. Les nobles comprennent alors que le but de la manœuvre est in fine de parvenir à se dispenser de leurs services. Par ailleurs, c’est également sous les Rois Catholiques qu’ont lieu les dernières levées en masse de chevaliers pour mener à bien la campagne de Grenade. Celle-ci achevée, les rois ne feront plus appel à la chevalerie qui se retrouvera à nouveau privée de son rôle politique et social.

Sur le plan juridique, les nouveaux monarques amorcent par ailleurs une réforme dont ils chargent le juriste Alonso Díaz de Montalvo au cours des Cortes de Tolède de 1480. Les Ordenanzas Reales de Castilla, aussi connues sous le nom d’Ordenamiento de Montalvo sont ensuite publiées en 1484. Cette réforme des institutions et des lois est l’occasion de rationaliser et d’homogénéiser les structures du royaume avec la création de la Chancellerie, haute cour de justice à Valladolid, et la modification du Conseil Royal à la tête duquel se retrouve un évêque assisté de trois nobles et d’une dizaine de letrados. Les grands nobles en restent membres de droit mais n’ont plus voix au chapitre, ce qui amoindrit considérablement leur pouvoir. Ce nouvel équilibre que tentent d’instaurer les Rois Catholiques avec une unification et une rationalisation des structures du gouvernement marque un premier pas vers la modernité et le déclin de la noblesse sous sa forme médiévale.

Dans l’État moderne voulu par les Rois Catholiques, dans lequel les nobles ne sont

plus ni défenseurs, ni conseillers, que devient la noblesse ? Quel rôle peut-elle

(14)

encore jouer et comment peut-elle conserver son pouvoir, qui commence à lui échapper ?

C’est dans ce contexte que Ferrán Mexía, chevalier veinticuatro de Jaén entreprend l’écriture du Nobiliario Vero. Dans ce traité dédié au roi Ferdinand, il expose une nouvelle vision de la noblesse. Partisan de la noblesse héritée, il la fait remonter non plus jusqu’aux visigoths mais jusqu’au premier homme, Adam. Il s’attaque ensuite frontalement aux théories de Bartole avant de proposer un discours original sur la noblesse. Si pour le jurisconsulte italien seule compte la noblesse politique, Ferrán Mexía considère pour sa part que la véritable noblesse est théologale. Il s’agit donc d’une noblesse qui s’hérite et ne peut en aucun cas se perdre puisqu’elle descend du sang. De la même façon, elle ne peut donc pas s’acquérir. On naît noble ou plébéien par la grâce divine, et rien ne peut s’opposer à cette volonté suprême. Le discours de Ferrán Mexía est ainsi novateur au sein du débat sur la noblesse puisqu’il le déplace sur le plan ontologique. Il crée par ailleurs une nouvelle polémique : en s’attachant à l’importance de la pureté du sang, il vise très certainement les letrados convers de l’entourage des souverains et leur refuse, à tout jamais, la possibilité d’accéder à la noblesse. Comment ce passage d’une logique d’état à une logique de caste, de « race », opéré par Ferrán Mexía peut-il résoudre le problème du déclin de la noblesse dans ses fonctions historiques ?

Ce traité sur la noblesse a été jusqu’à présent relativement peu étudié du fait de sa longueur (les traités du milieu du siècle sont dans l’ensemble bien plus courts), de sa singularité et de l’absence d’édition moderne, la seule et dernière édition

10

du texte remontant à 1492 ! Afin de pouvoir étudier pleinement les traités sur la noblesse du

XVe

siècle, il nous a semblé nécessaire de nous familiariser avec ce texte au sujet duquel la bibliographie est peu abondante. L’ayant trouvé intéressant à plus d’un titre, nous nous sommes alors proposé de l’éditer afin d’en offrir une lecture plus aisée et une meilleure connaissance. Nous avons ainsi comparé l’incunable de 1492 aux deux seuls manuscrits médiévaux conservés de ce texte, et soigneusement reporté les différentes variantes du Nobiliario Vero. C’est ce texte que nous éditons à la fin de de notre travail de thèse.

10 Tout au long de notre travail, nous utiliserons le terme « édition » dans son sens large de tirage, ou publication.

(15)

III. REPRÉSENTATION ET THÉORISATION

S’il est certain que les discours sur la noblesse du

XVe

siècle émanent tous de nobles (il n’existe pas de discours ouvertement anti-nobiliaire), la question du ou des destinataires doit cependant être posée. Au-delà des dédicaces convenues aux grands nobles ou aux souverains, à qui s’adressent Alonso de Cartagena, Diego de Valera, Juan Rodríguez del Padrón, ou encore Ferrán Mexía dans ces textes ? Qui cherchent-ils à convaincre ?

La noblesse est une idée tout à fait subjective : on est noble à partir du moment où les autres nous voient, nous reconnaissent comme tel. Pour exister en tant que groupe de pouvoir privilégié, la noblesse, qu’elle soit de mérite ou héritée, doit se projeter. Michel de Certeau définit la représentation comme une « mise en scène littéraire »

11

. La représentation de la noblesse est ainsi la reconstruction littéraire de son imaginaire. Dans les traités du

XVe

siècle, celle-ci est le point de départ d’une dispute théorique sur sa définition et sa fonction au sein de la res publica.

Nous avons décidé de n’inclure dans notre corpus que des textes qui proposent à la fois une représentation et une tentative de théorisation de la noblesse en général. Ainsi, nous avons laissé de côté poèmes, biographies chevaleresques ou encore correspondances qui n’entraient pas frontalement dans le débat sur la noblesse ou n’en offraient pas une théorisation suffisante. Après une première approche, historique, de la noblesse médiévale, nous nous sommes penchée sur le corpus juridique la régissant, puis nous avons tenté de nous approcher au mieux des diverses définitions de la noblesse proposées par les traités théoriques ; dans un premier temps, nous avons proposé une caractérisation des traités sur la noblesse, qui permet de distinguer plusieurs phases dans l’écriture sur la noblesse, puis nous nous sommes intéressée au débat passionné opposant les théoriciens de la noblesse au

XVe

siècle autour des thèmes centraux que sont le lignage, l’honneur ou encore la vertu. Dans un deuxième temps, nous nous sommes intéressée plus particulièrement au Nobiliario Vero de Ferrán Mexía, texte fondamental et pourtant trop mal connu

11 Michel de CERTEAU, L’écriture de l’histoire, Paris : NRF Éditions Gallimard, 1975, p. 101.

(16)

du débat sur la noblesse, que nous avons tenté de décrire et décrypter avant d’en

donner une édition.

(17)

PREMIÈRE PARTIE.

LE DÉBAT SUR LA NOBLESSE

DANS LA CASTILLE DU BAS MOYEN ÂGE

(18)

S’il y a débat sur la noblesse castillane médiévale, c’est tout d’abord parce qu’il nous est difficile de cerner avec précision ce groupe. Comme l’écrit Marie-Claude Gerbet :

On ne peut parler, surtout pour les siècles médiévaux, époque de sa genèse, d’une noblesse espagnole mais de noblesses, aussi variées que les dominations politiques, en dépit de traits communs qui participent de la définition même de toute noblesse : la jouissance d’un statut juridique privilégié

12

.

Les historiens de la noblesse médiévale s’efforcent donc de bien laisser entendre que celle-ci ne constitue aucunement un groupe homogène, et ce à plus d’un titre. En effet, la noblesse évolue considérablement au cours des siècles médiévaux, de l’aristocratie wisigothique du haut Moyen Âge à la noblesse bien délimitée et constituée, aux

XIe

-

XIIIe

siècles, puis à la noblesse renouvelée de la fin du

XVe

siècle

13

. Par ailleurs, la diversité des catégories nobiliaires, ainsi que l’extrême disparité de la répartition géographique des nobles sur l’ensemble du territoire castillan, rend difficile toute tentative d’étude de la noblesse dans son ensemble : celle-ci n’est pas une catégorie sociale uniforme et aux contours bien définis mais elle présente de très grandes disparités dont témoigne l’abondance de termes pour la nommer. De même, le nom générique « noble »

14

ne recouvre pas à lui seul la totalité des réalités sociales, politiques et économiques contenues dans les termes noble, grande, rico hombre, hidalgo, caballero ou infanzón. L’existence de cette terminologie révèle ainsi une large variété de situations qu’il nous a fallu apprivoiser grâce à une étude lexicographique et conceptuelle de la noblesse.

12 Marie-Claude GERBET, Les noblesses espagnoles au Moyen Âge, XIe-XVe siècle, Paris : Armand Colin Éditeur, 1994, p. 5.

13 Cette démonstration est l’objet du petit ouvrage synthétique de María Concepción QUINTANILLA

RASO, Nobleza y caballería en la Edad Media, Madrid : Arco Libros, 1996.

14 Les termes « noble » et « noblesse » que nous emploierons pour plus de commodité de façon générique dans le sens français de catégorie sociale définie par des privilèges, ne revêtent pas toujours cette très large signification au XVe siècle où selon Marie-Claude Gerbet, « L’absence d’un terme générique pour désigner la noblesse tient aussi au caractère très flou, incertain de ses limites. Les nobles partagent en effet certains privilèges, certaines activités avec des non-nobles. ». Voir Marie-Claude GERBET, La noblesse dans le royaume de Castille. Étude sur ses structures sociales en Estrémadure (1454-1516), Paris : Publications de la Sorbonne, 1979, p. 3.

(19)

Nous avons tout d’abord tenté de résoudre cette difficulté sémantique : comment définir la noblesse au sens large et quel sens revêtent les multiples termes constituant le paradigme nobiliaire ? Il nous a semblé opportun de procéder, dans un premier temps, à une étude historique sur la réalité de la noblesse castillane au

XVe

siècle. Les travaux des nombreux historiens de la noblesse nous ont permis de délimiter les contours de cette catégorie et de nous approcher d’une définition des diverses sous-parties qui la composent. Nous avons ensuite procédé à un examen de la législation sur la noblesse ainsi que des théories en vigueur à l’aube du

XVe

siècle, ce qui nous a permis de mettre en évidence les problèmes posés par la définition de la noblesse. Nous avons enfin poussé plus avant notre étude lexicographique en étudiant le discours sur la noblesse au

XVe

siècle dans différents types de textes : traités nobiliaires et textes plus « littéraires » nous donnent ainsi une vision extrêmement nuancée et divergente de la noblesse, reflet des tensions politiques avec la royauté et au sein de la noblesse ainsi que des réticences ou des stratégies d’adaptation au processus de renouvellement et d’évolution que celle-ci expérimente.

I. APPROCHE HISTORIQUE DE LA NOBLESSE CASTILLANE MÉDIÉVALE

En 1984, María Concepcíon Quintanilla Raso rappelle, dans une révision de l’historiographie récente sur la noblesse, combien celle-ci est difficile à définir

15

. Cette historienne propose alors une dizaine de catégories d’études sur le sujet (en particulier la formation de la noblesse, son ancrage régional, ses structures familiales, sa participation au gouvernement, sa projection urbaine, sa position économique, son mode de vie et la dimension seigneuriale de cet état) qui devraient permettre de mieux la cerner. Quelques années plus tard, cette même historienne prépare et

15 « El concepto de nobleza es difícil de precisar por los múltiples aspectos que en él concurren, y por las modificaciones que experimentó, tanto en su ámbito interno como en la consideración que de ella se hacía desde el exterior », María Concepción QUINTANILLA RASO, « Nobleza y señoríos en Castilla durante la baja Edad Media. Aportaciones de la historiografía reciente », Anuario de estudios medievales, 14, 1984, p. 615.

(20)

soumet une nouvelle étude historiographique

16

de la noblesse castillane du bas Moyen Âge, preuve de la très grande activité de la recherche sur le sujet.

La noblesse médiévale en général a principalement été étudiée par Marc Bloch, Joseph Morsel et Léolpold Génicot. Par ailleurs, chaque royaume a également fait l’objet d’études particulières ; ainsi, Philippe Contamine s’est intéressé au royaume de France, Claudio Donati a étudié la noblesse italienne et José Mattoso celle du Portugal

17

. Concernant le domaine qui nous intéresse tout particulièrement, la Castille, la lecture de l’ouvrage coordonné par Ramón Menéndez Pidal nous a offert une première approche intéressante

18

. Pour entrer plus avant dans l’étude de la noblesse trastamare, nous nous sommes référée aux travaux de Salvador de Moxó, Luis Suárez Fernández, María Concepción Qunitanilla Raso, José Manuel Nieto Soria, Marie-Claude Gerbet et Adeline Rucquoi en particulier

19

. Enfin, nous avons consulté des ouvrages proposant des études géographiques de la noblesse

16 María Concepción QUINTANILLA RASO, « Historiografía de una élite de poder : la nobleza castellana bajomedieval », Hispania, 175, 1990, p. 719-736.

17 Sur la noblesse médiévale en Occident et dans différents royaumes européens, voir en particulier : Karl Ferdinand WERNER, Naissance de la noblesse : l’essor des élites politiques en Europe, Paris : Fayard, 1998, Marc BLOCH, La société féodale, Paris : Albin Michel, 1989 ; Joseph MORSEL, L’aristocratie médiévale : la domination sociale en Occident, Ve-XVe siècle, Paris : Armand Colin, 1994 ; Léopold GÉNICOT, La noblesse dans l’Occident médiéval, Londres : Variorum Reprints, 1982 ; Philippe CONTAMINE, La noblesse au royaume de France de Philippe le Bel à Louis XII, Paris : PUF, 1997 ; Arie Johan VANDERJAGT, “Qui sa vertue anoblist”: The Concepts of ‘noblesse’ and

‘chose publique’ in Burgundian Political Thought, Groningen : Jean Miélot, 1981 ; Charity Cannon WILLARD, « The Concept of True Nobility at the Burgundian Court », Studies in the Renaissance, 14, 1967, p. 33-48 ; Marie- Thérèse CARON, Noblesse et pouvoir royal en France : XIIIe-XVIe siècle, Paris : Armand Colin, 1994 ; Claudio DONATI, L’idea di nobiltà in Italia, secoli XIV-XVIII, Roma-Bari :Laterza, 1988 ; Francesco TATEO, « La disputa sulla nobiltà » in : Francesco TATEO (ed.), Tradizione e realtà nell’Umanesimo italiano, Bari : Dedalo, 1967, p. 355- 421 ; José MATTOSO, A nobreza medieval portuguesa: A familia e o poder, Lisbonne : Estampa, 1981 ; Léo VERRIEST, Noblesse, chevalerie, lignages : condition des biens et des personnes, seigneurie, ministérialité, bourgeoisie, échevinages questions d'histoire des institutions médiévales, Bruxelles : L. Verriest, 1959.

18 Ramón MENÉNDEZ PIDAL, Historia de España XV : Los Trastámaras de Castilla y Aragón en el siglo XV

(1407-74), Madrid : Espasa Calpe, 1964.

19 Salvador de MOXÓ, « La nobleza castellana en el siglo XV », Anuario de estudios medievales, no 7, 1970- 1971, p. 493-511, étude fondatrice à plus d’un titre, Luis SUÁREZ FERNANDEZ, Nobleza y monarquía. Puntos de vista sobre la historia castellana del siglo XV, Valladolid : Universidad de Valladolid, 1975 ; Monarquía hispana y revolución trastámara, Discurso leído el día 23 de enero de 1994 en el Acto de su Recepción Pública, Madrid : Real Academia de la Historia, 1994 ; Nobleza y monarquía. Entendimiento y rivalidad: el proceso de construcción de la corona española, Madrid : La Esfera de los Libros, 2003 ; María Concepción QUINTANILLA RASO,

« Historiografía de una élite de poder : la nobleza castellana bajomedieval », Hispania, 175, 1990, p. 719-736, Nobleza y caballería en la Edad Media, op. cit., « La nobleza », in : José Manuel NIETO SORIA (dir.), Orígenes de la monarquía hispánica: propaganda y legitimación (ca. 1400-1520), Madrid : Dykinson, 1999, p. 63-103 ; José Manuel NIETO SORIA, « Las noblezas de Castilla », in : Lucía VALLEJO (ed.), Los Reyes Católicos y la monarquía de España.

Museo del Siglo XIX, Valencia, septiembre-noviembre de 2004, Madrid : Sociedad Estatal de Conmemoraciones Culturales, 2004, p. 153-170, Marie-Claude GERBET, Les noblesses espagnoles au Moyen Âge, XIe-XVe siècle, op. cit., Adeline RUCQUOI, « Être noble en Espagne aux XIVe-XVIesiècles. », in : Otto Gerhard OEXLE et Werner PARAVICINI (éds.), Nobilitas. Funktion und Repräsentation des Adels in Alteuropa, Göttingen : Vandenhoeck &

Ruprecht, 1997. Voir aussi Armand Joseph ARRIAZA, Nobility in Renaissance Castile, Iowa City : University of Iowa, 1980.

(21)

castillane : ceux de Denis Menjot sur Murcie

20

, d’Adeline Rucquoi sur Valladolid

21

, de Rafael Sánchez Saus sur Séville

22

, de María Concepción Qunitanilla Raso sur Cordoue

23

, de Marie-Claude Gerbet sur l’Estrémadure

24

, de Nicolás Cabrillana sur Salamanque

25

, et d’Eloisa Rámirez Vaquero sur la Navarre

26.

Il serait ici totalement vain, terriblement audacieux et parfaitement hors de propos de vouloir résumer un si vaste pan de l’histoire médiévale castillane ; cependant, il nous a semblé essentiel de nous arrêter sur certains aspects de la réalité historique de la noblesse trastamare afin de contextualiser l’étude des discours sur la noblesse du

XVe

siècle, sujet au cœur de nos travaux de recherche.

A. LES STRUCTURES DE LA NOBLESSE

1. LES STRUCTURES SOCIO-ÉCONOMIQUES

La noblesse castillane médiévale se subdivise en trois catégories plus ou moins hermétiques du fait de l’ambiguïté de la définition de la noblesse. En effet, selon que l’on considère qu’elle prend sa source dans le lignage, les fonctions ou encore les moyens économiques, nobleza, hidalguía et caballería peuvent se recouper ou s’exclure catégoriquement.

20 Denis MENJOT, « Hidalguía et caballería à Murcie : contours sociaux d’une aristocratie urbaine du

XIIIe siècle au XVe siècle », Les sociétés urbaines en France et en Péninsule Ibérique au Moyen Âge, colloque de Pau 1988, Pau-Paris : Éditions du CNRS, 1991, p. 219-227 et Murcie castillane. Une ville au temps de la frontière (1243- milieu du XVe siècle), Bibliothèque de la Casa de Velázquez, vol. 20, Madrid : Casa de Velázquez, 2002, 2 tomes.

21 Adeline RUCQUOI, « Des villes nobles pour le roi », in : Adeline RUCQUOI (dir.), Realidad e imágenes del poder, España a fines de la Edad Media, Valladolid : Ámbito Ediciones, 1988, p. 195-214 et Valladolid au Moyen- Âge : 1080-1480, Paris : Publisud, 1991.

22 Rafael SÁNCHEZ SAUS, « Los orígenes sociales de la aristocracia sevillana del siglo XV », En la España Medieval. Estudios en memoria del Profesor don Claudio Sánchez Albornoz, V, 2, 1986, p. 1119-1139.

23 María Concepción QUINTANILLA RASO,Nobleza y señoríos en el reino de Córdoba. La casa de Aguilar. Siglos

XIV y XV, Cordoue : Monte de piedad y caja de ahorros de Córdoba, 1979.

24 Marie-Claude GERBET, La noblesse dans le royaume de Castille. Étude sur ses structures sociales en Estrémadure (1454-1516), Paris : Publications de la Sorbonne, 1979.

25 Nicolás CABRILLANA, « Salamanca en el siglo XV: nobles y campesinos », Cuadernos de historia J. Zurita, 1969, p. 255-295.

26 Eloisa RAMÍREZ VAQUERO, Solidaridades nobiliarias y conflictos políticos en Navarra. 1387-1464, Pampelune : Gobierno de Navarra, 1990.

(22)

NOBLEZA

Dès le début du

XIIIe

siècle, les aristocrates fortunés au service de la Reconquête et du souverain reçoivent le nom de ricos hombres. Il existe deux catégories de ricos hombres, selon leur ancienneté et leur richesse : les ricos hombres, groupe déjà formé au

XIIe

siècle, et à l’autorité omniprésente dans le royaume, et les caballeros ricos hombres réellement issus de la Reconquête, moins riches et à l’influence politique moins marquée car seulement régionale

27

.

Dès la fin du

XIVe

siècle, de nombreux ricos hombres promus par les Trastamares sont dotés de titres

28

. En effet, avec la nouvelle dynastie émergent de nouveaux lignages et de nouveaux comportements au sein de la noblesse ; celle-ci s’urbanise, obtient des charges à la cour ainsi qu’une plus grande autonomie dans le gouvernement de ses domaines, en particulier en matière de juridiction. Pour María Concepción Quintanilla Raso, l’octroi de titres est ainsi directement lié à une fragmentation en domaines seigneuriaux du territoire castillano-léonais

29

. Le nombre de titres augmente progressivement et ceux-ci acquièrent une véritable valeur, politique et symbolique, au cours des règnes des premiers rois trastamares.

L’arrivée au pouvoir de Jean II marque un point d’inflexion et provoque une modification qualitative et quantitative

30

du groupe des nobles titrés. En effet, le souverain mise sur une stratégie d’octroi massif de titres et de seigneuries afin de récompenser les familles qui lui sont proches, participent au gouvernement du royaume, et prennent son parti dans les luttes de bandos ; cette politique, qui se poursuit tout au long du

XVe

siècle, conduit à l’accroissement des différences entre la catégorie de la haute noblesse et les autres nobles. Dès lors, les nobles titrés se perçoivent comme une catégorie à part et se forgent une image « d’élite naturelle du

27 Marie-Claude GERBET,Les noblesses espagnoles au Moyen Âge, …, p. 47.

28 Denis MENJOT, Murcie castillane. Une ville au temps de la frontière (1243-milieu du XVe siècle), Bibliothèque de la Casa de Velázquez, vol. 20, Madrid : Casa de Velázquez, 2002, tome 2, p. 764. Au sujet de la noblesse titrée, voir l’ouvrage collectif coordonné par María Concepción QUINTANILLA RASO (dir.) Títulos, grandes del reino y grandeza en la sociedad política. Fundamentos en la Castilla medieval, Madrid : Sílex, 2006. La première partie,

“El engrandecimiento nobiliario en la Corona de Castilla. Las claves del proceso a finales de la Edad Media”, proposée par la chercheuse, s’attache à montrer les étapes du passage d’une partie de la noblesse titrée à la Grandesse à la fin du Moyen Âge.

29 María Concepción QUINTANILLA RASO (dir.) Títulos, grandes del reino y grandeza en la sociedad política…, p. 46.

30 Ibid., p. 47.

(23)

royaume »

31

. À la fin du

XVe

siècle, la haute noblesse contrôle presque la moitié du territoire castillan. L’étendue des prérogatives des nobles et leur puissance seigneuriale sont telles que leurs domaines s’apparentent à de petits états au sein du royaume de Castille. Cet état de fait est la conséquence directe de la politique d’octroi de titres et de seigneuries par les monarques trastamares qui avaient par ailleurs cherché à endiguer le pouvoir des nobles en mettant en place un système politique fondé sur l’absolutisme royal

32

. À la fin du

XVe

siècle, les Rois Catholiques tenteront de mettre fin à ce statu quo en entreprenant une réorganisation du royaume, à la base de l’état moderne.

À mesure que de nouvelles familles intègrent les rangs de la noblesse titrée, les plus riches et puissantes d’entre elles cherchent à se démarquer, dans un mouvement de fuite en avant vers une plus grande reconnaissance. C’est dans ce contexte que l’idée de « Grandesse » fait son chemin. Dans les Partidas, le terme grande n’est employé que dans sa forme adjectivale pour différencier, au besoin, la grande noblesse qui participe au gouvernement du royaume de la simple chevalerie.

Une inflexion linguistique, survenue au milieu du

XIVe

siècle, provoque une dé- catégorialisation du morphème lexical grande qui se substantive. « Grands » se substitue alors à ricos hombres pour désigner les familles nobles les plus titrées et dotées en domaines et seigneuries. Les deux expressions coincident alors pour désigner deux réalités qui tendent à se distinguer : la très grande noblesse au sommet de l’État et les nobles ricos hombres dont la fortune et l’influence sont moindres. María Concepción Quintanilla Raso y voit ainsi la preuve de la formation d’une conscience accrue d’appartenance à l’élite dans la catégorie des grands nobles titrés

33

. À la fin du

XIVe

siècle, le syntagme « grandes del reino » fait son apparition. Il sera alors employé conjointement avec le terme grande dans de nombreux textes au cours du

XVe

siècle.

31 « élite natural del reino », ibid., p. 48.

32 Sur le discours et les représentations de la royauté castillane de la fin du Moyen Âge, voir les travaux de José Manuel Nieto Soria, en particulier : José Manuel NIETO SORIA,“La Realeza”, in: José Manuel NIETO

SORIA (dir.), Orígenes de la monarquía hispánica: propaganda y legitimación (ca. 1400-1520), Madrid : Dykinson, p. 25- 62, « El “poderío real absoluto” de Olmedo (1455) a Ocaña (1469). La monarquía como conflicto », En la España Medieval, XXI, 1998, p. 159-228, ainsi que « La nobleza y el “poderío real absoluto” en la Castilla del siglo XV », Cahiers de Linguistique et de Civilisation Hispaniques Médievales, XXV, 2002, p. 237-254, pour les représentations littéraires de l’absolutisme royal.

33 María Concepción QUINTANILLA RASO (dir.) Títulos, grandes del reino y grandeza en la sociedad política…, p. 69.

(24)

HIDALGUÍA

L’aristocratie à l’origine de la noblesse ne présente, jusqu’au

XIIe

siècle, que deux catégories : le groupe supérieur des ricos hombres, les plus fortunés, et une noblesse inférieure, celle des infanzones. Vassaux du roi ou des grands nobles, ceux-ci appartiennent également à la catégorie nobiliaire car ils disposent du même privilège d’exemption fiscale et du caractère héréditaire de leurs biens. Une très grande perméabilité entre ces deux groupes permet par ailleurs une forte mobilité sociale. À partir du

XIIe

siècle, au terme infanzón s’ajoute celui de hidalgo. Contraction de l’expression hijo de algo, « fils de bien », celui-ci montre bien le caractère héréditaire de la noblesse

34

. Si le terme fidalgo devait à l’origine marquer une distinction dans le groupe, il finit par supplanter infanzón en englobant son contenu sémantique pour désigner tous les nobles de lignage. De simples hidalgos peuvent accéder à la rico hombría par la fortune ou un privilège royal alors que des ricos hombres cadets de familles peuvent voir leur prestige dévalué, et retomber ainsi dans la catégorie des hidalgos

35

.

Marie-Claude Gerbet distingue trois voies d’accès à l’hidalguía : l’octroi par le roi d’un privilège d’hidalguía, l’exemption fiscale ainsi que la chevalerie

36

. Le roi ne peut en théorie pas faire d’hidalgos mais seulement offrir les privilèges de l’hidalguía

37

. Cependant, les différents souverains castillans sont souvent passés outre la législation alphonsine et ont largement octroyé des hidalguías. Ainsi, pour distinguer les nouveaux venus dans la noblesse des anciens nobles, cette hidalguía est-elle appelée de privilegio, en opposition à l’hidalguía de sangre

38

, héréditaire et héritée. Outre la richesse, caractéristique de la haute noblesse, le sang constitue donc l’un des fondements de la noblesse castillane au sens large. L’héritage de la fama d’un lignage reconnu et renommé, est ainsi ce qui différencie l’état nobiliaire du reste de la population. Cet état garantit des privilèges que le roi peut éventuellement accorder,

34 Vid. María del Carmen CARLÉ,« Infanzones e hidalgos », Cuadernos de Historia de España, IV, 1946, p. 114-124. Pour Marie-Claude Gerbet, l’« utilisation conjointe, qui paraît redondante, d’infanzón et hidalgo, reflétait sans doute une nuance qui nous échappe. » : Les noblesses espagnoles au Moyen Âge, …, p. 48.

35 Marie-ClaudeGERBET, « Les guerres et l’accès à la noblesse en Espagne de 1465 à 1592 », Mélanges de la Casa de Velázquez, t. 8, 1972, p. 300.

36 Marie-ClaudeGERBET, « Les guerres et l’accès à la noblesse en Espagne de 1465 à 1592 » …, p. 301.

37 La législation alphonsine des Partidas fait référence à ce sujet : le roi « puede les dar honrra de fijosdalgo a los que lo non fueren por linaje », Segunda Partida, tome I, fo 105v. Voir plus loin notre étude du texte des Partidas.

38 Marie-ClaudeGERBET, « Les guerres et l’accès à la noblesse en Espagne de 1465 à 1592 » …, p. 301.

(25)

mais le lignage est primordial. Ainsi, un hidalgo de privilegio peut-il faire accéder ses descendants de la troisième génération à l’hidalguía de sangre. Le temps est la condition sine qua non pour qu’un privilège ponctuel donne lieu à la noblesse. Par ailleurs, aucune législation ne semble interdire aux hidalgos « l’exercice d’un métier manuel même très humble »

39

, tel que charpentier, mais la plupart des auteurs de traités sur la noblesse en font tout de même un frein à l’accès à l’hidalguía.

Afin d’accéder à l’hidalguía de sangre, il suffit donc de pouvoir prouver que l’on descend d’un lignage privilégié depuis trois générations. Or, le privilège le plus manifeste de la noblesse est l’exemption fiscale. Réussir à prouver que sa famille est exemptée d’impôts depuis trois générations permet ainsi d’accéder de fait à cette hidalguía de sangre, espèce de noblesse à part entière

40

. Ce changement d’état se matérialise sur les listes des contribuables des différents conseils municipaux : le nouveau noble passe ainsi de la liste des pecheros à celle des exemptés. Ce changement de liste ne constitue qu’une des représentations de l’annoblissement. En effet, les nobles jouissent de privilèges visibles au sein de la société : ils ne sont pas tenus de loger le roi et sa cour, ils ne peuvent être soumis à la torture ni emprisonnés pour dettes, par exemple. Par ailleurs, ils ne peuvent être dépossédés de l’un des signes les plus visibles de la noblesse : armes et cheval

41

.

À l’origine, l’accès à la noblesse, quel que soit son échelon, était ainsi conditionné par l’hérédité d’un privilège, l’exemption fiscale, dépendant du bon vouloir du souverain qui la concédait pour diverses raisons. Cette exemption ne représentait qu’une des nombreuses prérogatives de la noblesse, mais elle finit par devenir la caractéristique principale. En 1387, Jean I

er

inclut dans la catégorie des hidalgos tous ceux qui avaient été absents des listes de contribuables pendant vingt ans à condition que leurs ancêtres des trois générations précédentes n’aient pas contribué

42

.

39 ibid., p. 306.

40 À ce propos, voir pour Murcie l’exemple cité par Denis MENJOT, Murcie castillane. Une ville au temps de la frontière …, p. 764, note 9.

41 Voir les Ordenanzas Reales de Castilla, libro quarto, título II, ley II : « Que sean guardadas a los fijos dalgo las libertades e franquezas que tienen de las leyes », ley III : « Que los preuillegios que los fijos dalgo tienen, que no sean prendados sus casas e armas sean guardadas », ley IV :« Que el fidalgo no pueda ser preso por deuda ni ser puesto a tormento ».

42 Miguel Ángel LADERO QUESADA, La Hacienda Real de Castilla en el siglo XV, La Laguna : Universidad de la Laguna, 1973, p. 211.

(26)

CABALLERÍA

Plus encore que la noblesse, la chevalerie englobe une multitude de réalités différentes qu’il convient de bien distinguer. En effet, la caballería ne se confond pas avec la noblesse et se compose de plusieurs catégories bien distinctes : elle est avant tout une fonction militaire exercée par des combattants aux statuts juridiques variés.

Si tous les chevaliers ne sont pas nobles, beaucoup tentent d’intégrer les rangs de la noblesse en vertu de l’idéal chevaleresque qui préside tant au mode de vie noble qu’à celui du riche militaire à cheval

43

.

Dès 1102, la Bulle du pape Pascal II assimila Reconquête et croisade, faisant ainsi de l’affontement contre les royaumes Maures une guerre juste et légitime. La chevalerie fut ainsi très recherchée en Castille où le roi lui-même était généralement armé le jour de son couronnement. Chef de l’armée de la Reconquête, il procédait fréquemment à des adoubements sur le champ de bataille

44

afin de récompenser les nobles guerriers les plus méritants de la caballería de espuelas doradas ou caballería sobre hidalguía.

Afin de distinguer les cavaliers nobles des cavaliers non nobles, le roi Alphonse X précisa la terminologie en 1277 : les caballeros hidalgos étaient ainsi les chevaliers issus de la noblesse, à la différence des autres chevaliers, non nobles. Les hidalgos trop pauvres pour posséder une monture et combattre à cheval étaient appelés escuderos, écuyers

45

.

Nous avons vu que le souverain ne pouvait pas octroyer la noblesse, mais en conférant les privilèges de la chevalerie et de l’infanzonía à des vilains, il créait les conditions d’un accès de fait à cette catégorie après trois générations. Il s’attachait ainsi le service de vassaux en échange d’une noblesse en devenir. Dans les milices urbaines, les plus aisés servaient à cheval. Ces caballeros non nobles ne tardèrent pas à

43 Pour Jean Gautier-Dalché, la versatilité du vocabulaire montre bien « la difficulté que l’on éprouvait à tracer une limite précise entre noblesse de sang, chevalerie au sens où on l’entendait au-delà des Pyrénées et chevalerie villana. », Charles-Emmanuel DUFOURCQ et Jean GAUTIER-DALCHÉ, Histoire économique et sociale de l'Espagne chrétienne au Moyen Âge, Paris : Armand Colin, 1977, p. 126-127.

44 Cette tradition hispanique s’oppose à l’usage du reste de l’Europe qui veut que l’impétrant se prépare à son adoubement au cours d’une veillée d’armes à l’église. Alphonse X entend renouer avec cette tradition dans le titre XXI de la 2e Partida, consacré à la chevalerie, où l’investiture chevaleresque ordinaire se fait avec une veillée d’armes, l’exceptionalité restant celle qui se fait sur le champ de bataille.

45 Voir Denis MENJOT, « Hidalgos et caballeros dans les villes du royaume de Castille : l’exemple de Murcie (XIIIe-XVe siècles) », in : Hermínia VASCONCELOS VILAR et Maria Filomena LOPES DE BARROS (éd.), Categorias Sociais e Mobilidade Urbana na Baixa Idade Média, Lisbonne : Edições Colibri, 2012, p. 90.

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