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Etude Comparative de Sémantiques Graduées pour l'Argumentation Abstraite

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Etude Comparative de Sémantiques Graduées pour l’Argumentation Abstraite

Elise Bonzon, Jérôme Delobelle, Sébastien Konieczny, Nicolas Maudet

To cite this version:

Elise Bonzon, Jérôme Delobelle, Sébastien Konieczny, Nicolas Maudet. Etude Comparative de Sé-

mantiques Graduées pour l’Argumentation Abstraite. Dixièmes Journées d’Intelligence Artificielle

Fondamentale (JIAF’16), Jun 2016, Montpellier, France. �hal-01947407�

(2)

Actes IAF 2016

Etude Comparative de S´ emantiques Gradu´ ees pour l’Argumentation Abstraite

Elise Bonzon

1

J´ erˆ ome Delobelle

2

S´ ebastien Konieczny

2

Nicolas Maudet

3

1

LIPADE, Universit´ e Paris Descartes, Paris, France

2

CRIL, CNRS - Universit´ e d’Artois, Lens, France

3

Sorbonne Universit´ es, UPMC Univ Paris 06, CNRS - LIP6, UMR 7606, 75005 Paris

elise.bonzon@parisdescartes.fr {delobelle,konieczny}@cril.fr nicolas.maudet@lip6.fr

R´esum´e

L’argumentation est un proc´ed´e permettant d’´eva- luer et de comparer un ensemble d’arguments. Une fa-

¸

con de les comparer consiste `a utiliser les s´emantiques gradu´ees qui ordonnent les arguments du plus au moins acceptable. R´ecemment, plusieurs s´emantiques ont ´et´e propos´ees ind´ependamment les unes des autres en ´etant souvent accompagn´ees de propri´et´es souhaitables. Ce- pendant, il n’existe aucune ´etude comparative dans une perspective plus large. C’est pourquoi nous fournissons une comparaison g´en´erale de toutes ces s´emantiques `a la lumi`ere des propri´et´es existantes. Cela permet de mettre en ´evidence les diff´erences comportementales entre les s´emantiques gradu´ees existantes.

Abstract

Argumentation is a process of evaluating and compa- ring a set of arguments. A way to compare them consists in using a ranking-based semantics which rank-order ar- guments from the most to the least acceptable ones.

Recently, a number of such semantics have been propo- sed independently, often associated with some desirable properties. However, there is no comparative study which takes a broader perspective. This is what we propose in this work. We provide a general comparison of all these semantics with respect to the proposed properties. That allows to underline the differences of behavior between the existing semantics.

1 Introduction

L’argumentation consiste `a raisonner `a partir d’in- formations conflictuelles bas´ees sur l’interaction entre arguments. La m´ethode la plus connue pour repr´esen- ter ce processus d’argumentation a ´et´e propos´ee par

Cet article est la version fran¸caise d’un article publi´e `a AAAI 2016.

Dung [7] `a l’aide de syst`eme d’argumentation mo- d´elis´e par un graphe binaire, o`u les noeuds repr´e- sentent les arguments, et les fl`eches repr´esentent les attaques. A partir de ces syst`emes d’argumentation, plusieurs s´emantiques ont ´et´e propos´ees (voir [3] pour un aper¸cu) afin de s´electionner les ensembles d’argu- ments, appel´es extensions, pouvant ˆetre conjointement accept´es. Cependant, pour des applications avec un nombre important d’arguments, le fait d’avoir unique- ment deux niveaux d’acceptabilit´e (un argument est soit accept´e, soit rejet´e) peut poser probl`eme. C’est le cas par exemple des plateformes de d´ebat en ligne (voir [11] pour une discussion).

Une solution consiste `a utiliser des s´emantiques per- mettant de comparer les arguments, non pas avec l’´evaluation classique accept´e/rejet´e, mais avec un grand nombre de niveaux d’acceptabilit´e. Beaucoup de ces s´emantiques, appel´ees s´emantiques gradu´ees, ont

´

et´e propos´ees ces derni`eres ann´ees [1, 5, 11, 12, 9] avec, pour chacune d’entre elles, un comportement plus ou moins diff´erent, et des propri´et´es logiques. Cependant, toutes ces s´emantiques n’ont jamais ´et´e compar´ees entre elles.

C’est justement ce que nous proposons dans cet ar- ticle en ´etudiant les s´emantiques gradu´ees existantes dans la litt´erature (en se focalisant sur les s´emantiques qui retournent un ordre unique entre les arguments) `a la lumi`ere des propri´et´es propos´ees. Cela nous permet de souligner les diff´erences de comportement entre ces s´emantiques, et de proposer une meilleure lecture des choix qui s’offrent `a nous `a ce sujet.

Le papier est organis´e comme suit. Dans la section suivante, nous fournissons l’´etat de l’art requis sur les syst`emes d’argumentation et les s´emantiques gradu´ees.

La section 3 regroupe les diff´erentes propri´et´es pr´e-

(3)

sentes dans la litt´erature tandis que la section 4 intro- duit formellement les s´emantiques gradu´ees existantes.

Il est important de noter que cet article n’a pas pour objectif de donner tous les d´etails et explications de ces s´emantiques et propri´et´es, ces informations ´etant dis- ponibles dans les articles en question. Dans la section 5, nous pr´esentons un r´esum´e ainsi qu’une discussion `a propos des diff´erentes propri´et´es, puis nous comparons les s´emantiques avant de conclure en section 6.

2 Pr´ eliminaires

Dans cette section, nous rappelons bri`evement quelques ´el´ements cl´es sur les syst`emes d’argumenta- tion abstraits propos´es par Dung [7].

D´efinition 1. Unsyst`eme d’argumentation (AF) est un couple F = hA, Ri o`u A est un ensemble fini d’entit´es abstraites appel´ees arguments et R une re- lation binaire sur A, i.e. R⊆A×A, appel´eerelation d’attaque. Un ensemble d’arguments S ⊆A attaque un argument b ∈ A, si ∃a ∈ S, tel que (a, b) ∈ R.

NotonsArg(F) =A.

SoitAFl’ensemble de tous les syst`emes d’argumen- tation. Pour deux AF F = hA, Ri et G = hA0, R0i, nous d´efinissons l’unionF∪G=hA∪A0, R∪R0i.

Nous pouvons maintenant introduire quelques no- tions permettant de formaliser les propri´et´es des sys- t`emes d’argumentation.n

D´efinition 2. Soient F = hA, Ri un syst`eme d’ar- gumentation et a, b ∈ A. Un chemin P de b vers a, not´e P(b, a), est une s´equence s = ha0, . . . , ani d’arguments telle que Notons lP = n la longueur de P. Un d´efenseur (resp. attaquant) de a est un argument situ´e au d´ebut d’un chemin de lon- gueur paire (resp. impaire). Nous d´esignons le multi- ensemble des d´efenseurs et des attaquants de a par R+n(a) = {b | ∃P(b, a) avec lP ∈ 2N} et Rn(a) = {b | ∃P(b, a) avec lP ∈ 2N+ 1} respectivement. Les attaquants directsdeasont les arguments apparte- nant `aR1(a). Un argumentaestd´efendusiR2+(a)6=

∅.

Un racine d´efensive (resp. racine attaquante) est un d´efenseur (resp. attaquant) non-attaqu´e. Nous d´esignons le multi-ensemble des racines d´efensives et des racines attaquantes de a par BRn+(a) = {b ∈ R+n(a) | |R1(b)| = 0} et BRn(a) = {b ∈ Rn(a) | |R1(b)| = 0} respectivement. Un chemin de b versa est unebranche d´efensive(resp. branche attaquante) sibest une racine d´efensive (resp. atta- quante) dea. Enfin, notonsBR+(a) =S

nBR+n(a)et BR(a) =S

nBRn(a).

Lescomposants connect´esd’un syst`eme d’argumen- tation AF correspondent `a l’ensemble de ses plus grands sous-graphes, not´ecc(AF), o`u deux arguments appartiennent au mˆeme composant si et seulement si il existe un chemin (sans prendre en compte l’orientation des fl`eches) entre eux.

Dans le cadre de Dung [7], l’acceptabilit´e d’un argument d´epend de son appartenance `a des en- sembles d’arguments appel´es extensions. Une autre fa-

¸

con de s´electionner un ensemble d’arguments accep- tables consiste `a ordonner ces arguments du plus ac- ceptable au moins acceptable. Les s´emantiques gra- du´ees ont pour but de retourner un tel ordre entre les arguments.

D´efinition 3. Unes´emantique gradu´eeσassocie `a chaque syst`eme d’argumentation AF =hA, Riun ordre σAF sur A, o`u σAF est un pr´e-ordre (une relation reflexive et transitive) sur A. aσAF b signifie que a est au moins aussi acceptable queb(a'σAF b´equivaut

`

aaσAF betbσAF a, et aσAF b´equivaut `aaσAF b etbσAF a).

Quand il n’existe aucune ambigu¨ıt´e concernant le syst`eme d’argumentation en question, nous utiliserons σ au lieu deσAF.

Finalement, nous introduisons la notion d’ordre lexi- cographique afin de pouvoir d´efinir certaines s´eman- tiques gradu´ees.

D´efinition 4. Un ordre lexicographique entre deux vecteurs de r´eels V = hV1, . . . , Vni and V0 = hV10, . . . , Vn0i, est defini par :

V lexV0 ssi∃i≤n t.q. Vi≥Vi0 et ∀j < i, Vj=Vj0

3 Propri´ et´ es

Dans cette section, nous rappellons les diff´erentes propri´et´es logiques propos´ees dans la litt´erature pour les s´emantiques gradu´ees. Il est important de noter que toutes ces s´emantiques ne sont pas obligatoires (nous verrons plus tard que certaines d’entre elles sont in- compatibles), mais, dans un but d’exhaustivit´e, nous souhaitons toutes les pr´esenter afin de v´erifier les- quelles sont satisfaites par les s´emantiques gradu´ees existantes. Sauf indication contraire, toutes les pro- pri´et´es sont d´efinies pour une s´emantique gradu´ee σ,

∀AF ∈AFet∀a, b∈Arg(AF).

D´efinition 5. Unisomorphisme γ entre deux sys- t`emes d’argumentation AF =hA, Riet AF’ =hA0, R0i est une fonction bijectiveγ:A→A0 telle que ∀x, y∈ A,(x, y)∈Rssi(γ(x), γ(y))∈R0. Avec un l´eger abus de notation, nous noteronsAF0 =γ(AF).

(4)

Abstraction. Le classement sur A doit ˆetre d´efini uniquement sur la base de la relation d’attaque entre les arguments.

(Abs) Soient AF, AF0 ∈ AF. Quel que soit l’isomorphisme γ t.q. AF0 = γ(AF), alors aσAF b ssiγ(a)σAF0 γ(b)

Independence. L’ordre entre deux arguments a et b doit ˆetre ind´ependant des arguments qui ne sont connect´es ni `aani `ab.

(In) ∀AF0∈cc(AF),∀a, b∈Arg(AF0),aσAF0 b

⇒aσAF b Les propri´et´es suivantes concernent les meilleurs et les pires arguments d’un syst`eme d’argumentation : Void Precedence. Un argument non-attaqu´e doit ˆ

etre strictement plus acceptable qu’un argument attaqu´e.

(VP) R1(a) =∅ etR1(b)6=∅ ⇒ aσb Self-Contradiction. Un argument qui s’auto- attaque doit ˆetre strictement moins acceptable qu’un argument qui ne l’est pas.

(SC) (a, a)∈/R et (b, b)∈R ⇒ aσb Les propri´et´es suivantes, dites “locales”, concernent les attaquants et d´efenseurs directs des arguments : Cardinality Precedence. Plus le nombre d’at- taquants directs d’un argument est ´elev´e, plus son niveau d’acceptabilit´e sera faible.

(CP) |R1(a)|<|R1(b)| ⇒ aσ b

Quality Precedence. Plus le niveau d’acceptabilit´e d’un des attaquants directs d’un argument est ´elev´e, plus le niveau d’acceptabilit´e de cet argument sera faible.

(QP)∃c∈R1(b) t.q.∀d∈R1(a), cσd⇒ aσb Avant de d´efinir les prochaines propri´et´es, nous avons besoin d’introduire une relation qui permet de comparer des ensembles d’arguments en se basant sur leurs classements :

D´efinition 6. [1] Soit ≥S un ordre sur un ensemble d’arguments A. Quels que soientS1, S2⊆A,S1S S2 est une comparaison de groupe ssi il existe une fonction injective f de S2 vers S1 telle que ∀a ∈ S2, f(a) a. Et S1 >S S2 est une comparaison de groupe stricte ssi S1S S2 et (|S2| < |S1| ou

∃a∈S2, f(a)a).

Counter-Transitivity. Si les attaquants directs de b sont au moins aussi nombreux et acceptables que ceux de a, alorsadoit ˆetre au moins aussi acceptable queb.

(CT) R1(b)≥S R1(a)⇒aσb

Strict Counter-Transitivity.Si CT est satisfaite et que les attaquants directs de b sont strictement plus nombreux ou acceptables que ceux dea, alors a doit ˆ

etre strictement plus acceptable queb.

(SCT) R1(b)>S R1(a)⇒aσb

Defense Precedence. Soient deux arguments avec le mˆeme nombre d’attaquants directs. Un argument d´efendu doit ˆetre strictement plus acceptable qu’un argument non d´efendu.

(DP)|R1(a)|=|R1(b)|, R2+(a)6=∅et R+2(b) =∅

⇒ aσb

D´efinition 7. SoientAF =hA, Ri eta∈A. La de- fensedeaest ditesimplessi tous les d´efenseurs dea attaquent exactement un attaquant direct dea. La d´e- fense de aest dite distribu´ee ssi tous les attaquants directs deasont attaqu´es par au plus un argument.

Distributed-Defense Precedence. La meilleure d´efense d’un argument est quand chacun de ses d´efenseurs attaque un attaquant diff´erent.

(DDP) |R1(a)|=|R1(b)|et |R+2(a)|=|R+2(b)|, si la d´efense deaest simple et distribu´ee et que la d´efense debest simple mais pas distribu´ee, alors aσb

Les propri´et´es suivantes permettent de v´erifier si des changements dans un AF peuvent am´eliorer ou d´egra- der l’acceptabilit´e d’un argument. Ces propri´et´es ont

´

et´e propos´ees informellement par Cayrol et Lagasquie- Schiex [5], dans le contexte de leur s´emantique. Nous proposons une formalisation qui les g´en´eralise pour n’importe quel syst`eme d’argumentation. Nous d´efinis- sons d’abord formellement comment ajouter une d´e- fense/attaque `a un argument.

D´efinition 8. Soient AF = hA, Ri et a ∈ A. La branche de d´efense ajout´ee `a a est P+(a) = hA0, R0i, avec A0 = {x0, . . . , xn}, n ∈ 2N, x0 = a, A∩A0 ={a}, etR0={(xi, xi−1)|i≤n}. Labranche d’attaque ajout´ee `a a, not´eeP(a), est d´efinie de la mˆeme mani`ere `a la diff´erence que la s´equence est de longueur impaire (i.e. n∈2N+ 1).

Les prochaines propri´et´es sont d´efinies∀AF, AFγ ∈ AF tel qu’il existe un isomorphisme γ avec AFγ = γ(AF), et ∀a∈Arg(AF).AFγ est un clone deAF. Strict addition of Defense Branch. Ajouter une branche d´efensive `a n’importe quel argument am´eliore son acceptabilit´e.

(⊕DB) Si AF? = AF ∪ AFγ ∪ P+(γ(a)), alors γ(a)σAF?a

(5)

Addition of Defense Branch. Il pourrait ˆetre utile de traiter le cas des arguments non-attaqu´es diff´eremment. Dans [5], la propri´et´e est d´efinie d’une mani`ere plus sp´ecifique : ajouter une branche d´efen- sive `a n’importe quel argumentattaqu´e am´eliore son acceptabilit´e.

(+DB) Si AF? = AF ∪ AFγ ∪ P+(γ(a)) et

|R1(a)| 6= 0, alorsγ(a)σAF?a

Increase of Attack branch.Augmenter la longueur d’une branche attaquante d’un argument am´eliore son acceptabilit´e.

(↑AB) Si b ∈ BR(a), b ∈/ BR+(a) et AF? =AF ∪AFγ∪P+(γ(b)), alorsγ(a)σAF?a Addition of Attack Branch.Ajouter une branche attaquante `a un argument d´egrade son acceptabilit´e.

(+AB) SiAF?=AF∪AFγ∪P(γ(a)), alors aσAF? γ(a)

Increase of Defense branch. Augmenter la lon- gueur d’une branche d´efensive d’un argument d´egrade son acceptabilit´e.

(↑DB) Si b ∈ BR+(a), b ∈/ BR(a) et AF? =AF ∪AFγ∪P+(γ(b)), alorsaσAF? γ(a)

Les propri´et´es Abs, In, VP, DP, CT, SCT, CP, QP et DDP sont d´efinies dans [1], les propri´et´es In, VP et SC dans [12] et la propri´et´e VP dans [5].

A cet ensemble de propri´et´es provenant de la litt´e- rature, nous souhaitons ajouter plusieurs propri´et´es basiques qui nous semblent manquantes.

Total. Tous les arguments sont comparables entre eux.

(Tot) aσb ou bσ a

Non-attacked Equivalence. Tous les arguments non-attaqu´es ont le mˆeme rang.

(NaE) R1(a) =∅et R1(b) =∅ ⇒ a'σ b La derni`ere propri´et´e permet de comprendre le comportement adopt´e par une s´emantique en ce qui concerne la notion de d´efense. L’id´ee est de savoir si un argument uniquement d´efendu est toujours meilleur qu’un argument attaqu´e.

Attack vs Full Defense.Un argument sans branche attaquante est strictement plus acceptable qu’un argument uniquement attaqu´e par un argument non-attaqu´e.

(AvsFD)AF est acyclique,|BR(a)|= 0,|R1(b)|= 1 et|R+2(b)|= 0⇒aσb

V´erifions maintenant les incompatibilit´es et les d´e- pendances entre ces propri´et´es.

Proposition 1. Pour toutes les s´emantiques gra- du´ees, les couples de propri´et´es suivants ne sont pas compatibles :

— CP et QP [1]

— CP et AvsFD

— CP et +DB

— VP et⊕DB

Les propri´et´es suivantes ne sont pas ind´ependantes :

— SCT implique VP [1]

— CT et SCT impliquent DP [1]

— SCT implique CT

— CT implique NaE

— ⊕DB implique +DB

4 S´ emantiques Gradu´ ees Existantes

4.1 Categoriser

Besnard et Hunter [4] proposent une fonction cate- goriserqui assigne une valeur `a chaque argument, en se basant sur la valeur de ses attaquants directs.

D´efinition 9. Soit F = hA, Ri un AF. La fonction categoriser Cat:A→]0,1]est d´efinie comme :

Cat(a) =

( 1 siR1(a) =∅

1 1+P

c∈R

1(a)Cat(c) sinon

D´efinition 10. La s´emantique gradu´ee Catego- riserassocie `a chaque AF =hA, Riun ordreCatAF sur A tel que∀a, b∈A, aCatAF b ssiCat(a)≥Cat(b).

Exemple 1. Soit F =hA, Ri avec A={a, b, c, d, e}

etR={(a, e),(b, a),(b, c),(c, e),(d, a),(e, d)}.

d a b

e c

Figure1 – Un syst`eme d’argumentation Le score de chaque argument retourn´e par la fonc- tion est Cat(a) ≈ 0.38, Cat(b) = 1, Cat(c) = 0.5, Cat(d)≈0.65et Cat(e)≈0.53. Donc nous obtenons l’ordre suivant : bCatdCateCatcCata.

Cette s´emantique prend uniquement en compte le score des attaquants directs pour calculer la force d’un argument. C’est pourquoi l’argumentede l’exemple 1, qui est attaqu´e deux fois mais par des arguments qui le sont eux-mˆemes par des arguments non-attaqu´es, obtient un score sup´erieur `a celui de l’argumentc, qui est attaqu´e seulement une fois, mais par un argument ayant un score ´elev´e.

(6)

Proposition 2. La s´emantique gradu´ee Categoriser satisfait1 Abs, In, VP, DP, CT, SCT, ↑AB, ↑DB, +AB, Tot et NaE. Les autres propri´et´es ne sont pas satisfaites.

4.2 Syst`eme d’Argumentation Social

Leite et Martins [11] introduisent une extension des syst`emes d’argumentation de Dung en incluant des votes sociaux sur les arguments : les Syst`emes d’Ar- gumentation Sociaux (SAF). Ils proposent ´egalement une famille de s´emantiques o`u un mod`ele est une solu- tion du syst`eme d’´equations2 avec une ´equation pour chaque argument, bas´ee sur son support social (vote sur les arguments) et sur ses attaquants directs. Afin de pouvoir comparer ces s´emantiques avec les autres s´emantiques gradu´ees existantes dans le cadre clas- sique, nous choisissons ici d’ignorer le support social des arguments en donnant `a tous une valeur identique.

D´efinition 11. Soient F = hA, Ri un AF et S = hL, τ,f,g,¬i une s´emantique (bien-fond´ee) SAF. La fonction totale MS :A→Lest unmod`ele socialde F ´etant donn´e la s´emantiqueS tel que∀a∈A :

MS(a) =τ(a)f¬g{M(ai) :ai∈R1(a)}, o`u

— L est un ensemble totalement ordonn´e avec une borne sup´erieure > et une borne inf´erieure ⊥, contenant toutes les valeurs possibles d’un argu- ment ;

— τ:A→Lest un facteur d’att´enuation ;

— f : L×L → L combine le score initial avec le score des attaquants directs. f est conti- nue, commutative, associative, monotone avec les deux arguments et>est son ´el´ement neutre ;

— g:L×L→L agr`ege le score des attaquants di- rects. g est continue, commutative, associative, monotone avec les deux arguments et ⊥est son

´el´ement neutre ;

— ¬: L→L restreint la valeur de l’argument at- taqu´e. ¬ est antimonotone, continue, ¬⊥ =>,

¬>=⊥et¬¬a=a.

Une s´emantique (bien fond´ee) possible, propos´ee dans [11], est la s´emantique produit simple SP = h[0,1], τ,f,g,¬io`u τ = 1+1 (avec > 0, afin d’as- surer l’unicit´e de la s´emantique), x1fx2 = x1×x2 (Produit T-Norm),x1gx2=x1+x2−x1×x2(Somme Probabiliste T-CoNorm) et ¬x1= 1−x1.

1. Les propri´et´es Abs, In, VP, DP, CT, SCT ont d´ej`a ´et´e erifi´ees par Pu et al. [13].

2. Une approche par ´equation a ´egalement ´et´e propos´ee par Gabbay [9]. Cette m´ethode retourne plusieurs solutions, et donc plusieurs ordres pour un AF. C’est pourquoi nous ne consid´erons pas cette m´ethode dans ce papier.

D´efinition 12. La s´emantique gradu´ee SAF as- socie `a chaque AF =hA, Ri un ordreSAFAF sur A tel que∀a, b∈A, aSAFAF b ssiMS(a)≥MS(b).

Exemple 1 (cont.). Avec = 0.1, le score retourn´e par la fonction est MSP(a)≈ 0.07, MSP(b) ≈0.91, MSP(c) ≈0.08, MSP(d)≈0.20 et MSP(e) ≈0.78.

L’ordre obtenu est donc :

bSAFeSAFdSAFcSAFa

Comme pour la s´emantique Categoriser, la force des attaquants est plus importante que leur nombre, c’est pourquoi eest pr´ef´er´e `a c. Cependant l’impact d’une branche d´efensive sur un argument est plus faible avec SAF qu’avec Categoriser.

Proposition 3. SAF satisfait Abs, In, VP, DP, CT, SCT, ↑AB, ↑DB, +AB, Tot et NaE. Les autres pro- pri´et´es ne sont pas satisfaites.

4.3 Discussion-based semantics

La s´emantique Discussion-based [1] compare les ar- guments en comptant le nombre de chemins allant jus- qu’`a eux, en commen¸cant par les attaquants directs. Si certains arguments poss`edent le mˆeme nombre d’atta- quants directs alors la longueur des chemins est r´ecur- sivement augment´ee jusqu’`a trouver une diff´erence.

D´efinition 13. Soient F =hA, Ri un AF, a∈A et i∈N.

Disi(a) =

−|R+i (a)| sii est pair

|Ri (a)| sii est impair

Lecompteur de discussion de aest not´eDis(a) = hDis1(a), Dis2(a), . . .i.

D´efinition 14. Las´emantique gradu´ee Dbsasso- cie `a chaque AF =hA, Riun ordreDbsAF surAtel que

∀a, b∈A,aDbsAF b ssiDis(b)lexDis(a).

Exemple 1 (cont.).

´

etape a b c d e

1 2 0 1 1 2

2 -1 0 0 -2 -3

En utilisant l’ordre lexicographique, l’ordre obtenu est le suivant : bDbsdDbscDbseDbsa

Cette fois-ci, le nombre d’attaquants est plus im- portant que leur force, c’est pourquoi c est pr´ef´er´e `a e.

Proposition 4. Dbs satisfait Abs, In, VP, DP, CT, SCT, CP, ↑AB, ↑DB, +AB, Tot et NaE. Les autres propri´et´es ne sont pas satisfaites.

(7)

4.4 Burden-based semantics

La s´emantique Burden-based [1] assigne `a chaque argument, lors de l’´etape i, un nombre pond´er´e, qui d´epend du nombre pond´er´e de ses attaquants directs calcul´e lors de l’´etapei−1.

D´efinition 15. Soient F =hA, Ri un AF, a∈ A et i∈N.

Buri(a) =

1 sii= 0 1 +P

b∈R1(a) 1

Buri−1(b) sinon Le nombre pond´er´e de a est not´e Bur(a) = hBur0(a), Bur1(a), . . .i.

Deux arguments sont lexicographiquement compar´e sur la base de leur nombre pond´er´e.

D´efinition 16. La s´emantique gradu´ee Bbsasso- cie `a chaqueAF =hA, Riun ordreBbsAF surAtel que

∀a, b∈A,aBbsAF b ssiBur(b)lex Bur(a).

Exemple 1(cont.).

´etape a b c d e

1 3 1 2 2 3

2 2.5 1 2 1.33 1.83

En utilisant l’ordre lexicographique, l’ordre obtenu est le suivant :bBbsdBbscBbseBbsa

A l’image de cet exemple, Dbs et Bbs retournent souvent le mˆeme r´esultat. La principale diff´erence entre ces deux s´emantiques est que Bbs satisfait DDP, donc les r´esultats diff`erent uniquement sur les exemples prenant en compte ce type de structure.

Proposition 5. Bbs satisfait Abs, In, VP, DP, CT, SCT, CP, DDP, ↑AB, ↑DB, +AB, Tot et NaE. Les autres propri´et´es ne sont pas satisfaites.

4.5 Evaluation `a base de tuples

La s´emantique propos´ee par Cayrol et Lagasquie- Schiex [5] prend en compte toutes les branches d´e- fensives et attaquantes pr´ec´edant un argument pour ensuite les stocker dans des tuples :

D´efinition 17. Soient F =hA, Ri un AF et a ∈A.

Soit vp(a) le tuple (ordonn´e) d’entiers pairs conte- nant les longueurs de toutes les branches d´efensives de a, i.e. vp(a) est le plus petit tuple ordonn´e tel que |BR+n(a)| = x ⇒ n ∈x vp(a), o`u ∈x signi- fie “apparaˆıt au moins xfois”. De mani`ere similaire, vi(a) est le tuple (ordonn´e) d’entiers impairs conte- nant les longueurs de toutes les branches attaquantes dea, i.e. vi(a) est le plus petit tuple ordonn´e tel que

|BRn(a)|=x⇒n∈xvi(a). Untuple poura est un couplev(a) = [vp(a), vi(a)].

Lorsqu’un syst`eme d’argumentation comporte au moins un cycle, certains tuples peuvent ˆetre infinis.

Afin de les calculer, cette m´ethode n´ecessite un pro- cessus calculatoire ´elev´e, qui transforme un graphe cy- clique en un graphe acyclique infini. Nous consid´erons donc cette approche uniquement pour les graphes acy- cliques. On notera cette s´emantiqueT uples.

Une fois le tuple de chaque argument calcul´e, il reste

`

a les comparer. Pour cela, il suffit de comparer la lon- gueur des branches attaquantes/d´efensives et, en cas d’´egalit´e, comparer les valeurs stock´ees dans chaque tuple (voir Algorithm 1).

Algorithm 1:T uples

Input:v(a), w(b) deux tuples des arguments aetb Output:Un classementTentreaet b

1 begin

2 if v = w thenaTbetbTa;

3 else

4 if |vi|=|wi|et|vp|=|wp|then

5 if vplexwp etvilexwithenaTb;

6 else

7 if vplexwp etvilexwithena≺Tb;

elsea6Tbeta6Tb;

8 else

9 if |vi| ≥ |wi|et|vp| ≤ |wp|thena≺Tb;

10 else

11 if |vi| ≤ |wi|et|vp| ≥ |wp|thenaTb;

elsea6Tbeta6Tb;

Remarquons que deux arguments peuvent ˆetre in- comparables. C’est le cas, par exemple, si un argument poss`ede strictement plus de branches attaquantes et strictement plus de branches d´efensives qu’un autre argument. Par cons´equent, cette s´emantique retourne un ordre partiel entre les arguments.

Comme l’exemple 1 contient un cycle, la s´emantique Tuples ne peut pas ˆetre appliqu´ee.

Proposition 6. La s´emantique gradu´ee Tuples sa- tisfait Abs, In, VP, +DB, ↑AB, ↑DB, +AB, NaE et AvsFD. Les autres propri´et´es ne sont pas satisfaites.

4.6 Matt & Toni

Matt et Toni [12] calculent la force d’un argument en utilisant un jeu strat´egique `a deux joueurs `a somme nulle. Ce jeu confronte deux joueurs, un partisan et un opposant pour un argument donn´e, o`u les strat´egies des joueurs sont les ensembles d’arguments. Pour un AF F =hA, Ri et a∈ A, les ensembles de strat´egies pour le partisan et l’opposant sontSP(a) ={P |P ⊆ A, a∈P}et SO={O |O⊆A} respectivement.

(8)

D´efinition 18. SoientF =hA, Ri un AF et X, Y ⊆ A. L’ensemble des attaques deX versY est d´efini par YF←X ={(a, b)∈X×Y | (a, b)∈R}. Le degr´e d’acceptabilit´e deP par rapport `aO est donn´e par φ(P, O) =12[1+f(|O←PF |)−f(|PF←O|)]o`uf(n) = n+1n . D´efinition 19. SoitF =hA, Ri un AF. Lesr´ecom- penses de P, not´eesrF(P, O), sont d´efinies par :

rF(P, O) =

0 ssi∃a, b∈P,(a, b)∈R, 1 ssi|PF←O|= 0,

φ(P, O) sinon

Partisan et opposant choisissent des strat´egies mixtes, selon certaine distribution de probabilit´e, respectivement p = (p1, p2, . . . , pm) et q = (q1, q2, . . . , qn), avec m = |SP| et n = |SO|. Pour chaque argument a ∈ A, la r´ecompense esp´er´ee du partisan E(a, p, q) est alors donn´ee par E(a, p, q) = Pn

j=1

Pm

i=1piqjri,j. Finalement la valeur d’un jeu `a somme nulle pour un argumentaest :

s(a) = max

p min

q E(a, p, q)

D´efinition 20. La s´emantique gradu´ee M&Tas- socie `a chaque AF = hA, Riun ordre M&TAF sur A tel que∀a, b∈A, aM&TAF b ssis(a)≥s(b).

Exemple 1 (cont.). La valeur de chaque argument est s(a) ≈0.17 ,s(b) = 1 , s(c) = 0.25, s(d) = 0.25 et s(e) = 0.5. L’ordre obtenu est donc le suivant : bM&TeM&Tc'M&TdM&Ta.

Sur cet exemple, nous pouvons voir qu’une fois en- core la force des attaquants est plus importante que leur nombre (eest meilleur qued).

Proposition 7. La s´emantique gradu´ee M&T satisfait Abs, In, VP, +AB, SC, Tot, NaE et AvsFD. Les autres propri´et´es ne sont pas satisfaites.

5 Discussion

Il est facile de v´erifier sur l’exemple courant que toutes ces s´emantiques poss`edent des comportements diff´erents (l’ordre entre les arguments est diff´erent pour chaque s´emantique except´e pour Bbs et Dbs - voir le r´esum´e dans la Table 1) : cela justifie la n´eces- sit´e d’un travail axiomatique.

Notre travail initie cette ´etude en prenant en compte les propri´et´es qui ont ´et´e propos´ees dans la litt´erature.

Notre analyse s’applique aux s´emantiques existantes, mais de nouvelles s´emantiques peuvent tr`es bien ˆetre examin´ees de la mˆeme mani`ere.3 La table 2 r´esume

3. C’est le cas par exemple des s´emantiques propos´ees dans [10, 2].

S´emantique Ordre entre arguments Cat bCatdCateCatcCata SAF bSAFeSAFdSAFcSAFa M&T bM&TeM&Tc'M&TdM&Ta Dbs bDbsdDbscDbseDbsa Bds bBbsdBbscBbseBbsa

Table1 – Ordres obtenus sur l’exemple 1 les propri´et´es satisfaites par les s´emantiques gradu´ees pr´esent´ees dans ce papier. Nous v´erifions ´egalement qu’elles sont les propri´et´es satisfaites par la s´emantique de base (groundeden anglais) propos´ee par Dung, afin d’avoir une id´ee de sa compatibilit´e avec les s´eman- tiques gradu´ees classiques. Rappelons qu’avec cette s´e- mantique, il existe uniquement deux niveaux d’accep- tabilit´e (accept´e/rejet´e) :

Proposition 8. La s´emantique de base (grounded) sa- tisfait Abs, In, QP, Tot, NaE et AvsFD. Les autres propri´et´es ne sont pas satisfaites.

Une croix × signifie que la propri´et´e n’est pas sa- tisfaite, le symbole X signifie que la propri´et´e est sa- tisfaite, le symbole−signifie que la propri´et´e ne peut pas ˆetre appliqu´ee `a la s´emantique (car la s´emantique n’est pas compatible avec la contrainte donn´ee par la r`egle), et les cellules gris´ees repr´esentent les r´esultats d´ej`a prouv´es dans la litt´erature.

Propri´et´es SAF Cat Dbs Bbs Tuples M&T Grounded

Abs X X X X X X X

In X X X X X X X

VP X X X X X X ×

DP X X X X × × ×

CT X X X X × × ×

SCT X X X X × × ×

CP × × X X × × ×

QP × × × × × × X

DDP × × × X × × ×

SC × × × × - X ×

⊕DB × × × × × × ×

+DB × × × × X × ×

↑AB X X X X X × ×

↑DB X X X X X × ×

+AB X X X X X X ×

Tot X X X X × X X

NaE X X X X X X X

AvsFD × × × × X X X

Table 2 – Propri´et´es satisfaites par les s´emantiques gradu´ees ´etudi´ees

(9)

Plusieurs observations peuvent ˆetre faites en ce qui concerne les axiomes et r´esultats rapport´es dans la Table 2 :

•Certains axiomes sont accept´es et partag´es par toutes les s´emantiques. C’est le cas des propri´et´es Abs, In et VP. Cela n’est pas surprenant, puisque ces propri´et´es semblent n´ecessaires `a toute bonne s´emantique gra- du´ee. En effet, rappelons que nous avons en entr´ee un syst`eme d’argumentation abstrait de Dung o`u aucune information n’est donn´ee sur la nature des arguments, de ce fait seules les attaques sont prises en compte, d’o`u l’importance de Abs. Concernant la propri´et´e Independence (In), aucune explication ne justifie le fait qu’un argument puisse influencer des arguments n’ayant aucun lien entre eux. Enfin, les arguments non-attaqu´es sont bien ´evidemment les meilleurs argu- ments dans un AF, c’est pourquoi VP est n´ecessaire.

NaE est ´egalement satisfaite par toutes les s´eman- tiques. C’est ´egalement un crit`ere de base pour une s´emantique gradu´ee puisqu’elle dit que tous les argu- ments non-attaqu´es sont ´equivalents. Cette notion est assez proche d’un des principes pr´esent dans les s´e- mantiques classiques de Dung o`u seuls les attaquants doivent avoir un impact sur les arguments, et non pas les arguments qu’ils attaquent.4

Une autre propri´et´e que nous consid´erons comme im- portante est la propri´et´e Tot, qui est fortement li´ee avec l’id´ee des s´emantiques “gradu´ees”. Celle-ci semble indispensable dans le cadre des applications r´eelles.

C’est un inconv´enient de Tuples qui propose n´ean- moins une vision originale du probl`eme. Une question int´eressante serait de savoir s’il est possible de raffiner Tuples, i.e. d´efinir une s´emantique proche de Tuples, plus simple au niveau calculatoire pour les syst`emes d’argumentation avec cycles, et qui satisfait Tot.

Une derni`ere propri´et´e satisfaite par toutes les s´emantiques est +AB, qui d´eclare qu’ajouter une branche d’attaque `a un argument d´et´eriore son accep- tabilit´e. Cela semble ´egalement ˆetre une ´evidence pour les s´emantiques gradu´ees : plus l’argument est attaqu´e, pire il est.

Globalement, cela nous donne un ensemble de 6 pro- pri´et´es devant ˆetre satisfaites par chaque s´emantique gradu´ee : Abs, In, VP, NaE, Tot et +AB. Notons que Abs, In, NaE et Tot sont satisfaites par la s´emantique de base mettant ainsi en ´evidence une certaine com- patibilit´e avec les s´emantiques de Dung. VP et +AB ne sont, quant `a elles, pas satisfaites par la s´eman- tique de base. Cela s’explique par le fait que ces deux propri´et´es suivent vraiment la notion de graduation

4. Notons qu’il serait possible de faire une distinction entre les arguments qui attaquent un grand nombre d’arguments et ceux qui ne le font pas — et donc contredire NaE. Cela peut ˆetre consid´er´e comme une sorte d’indice de pouvoir. Mais ce n’est pas l’objectif des s´emantiques gradu´ees ici.

dans l’´evaluation tandis que la s´emantique de base propose uniquement deux niveaux d’acceptabilit´e (ac- cept´e/rejet´e).

•Certains axiomes semblent tr`es discriminants et per- mettent une classification des s´emantiques. En com- mentaire g´en´eral, SAF, Cat, Dbs et Bds partagent beaucoup de propri´et´es. Tuples et M&T semblent appartenir `a une autre classe de s´emantiques puis- qu’elles sont les seules `a satisfaire AvsFD. La propri´et´e AvsFD, illustr´ee par la Figure 2, soutient qu’un ar- gument qui est (seulement) attaqu´e une fois par un argument non-attaqu´e (c’est le cas de b uniquement attaqu´e par b1) est moins bon qu’un argument avec beaucoup d’attaquants directs mais tous appartenant

`

a des branches d´efensives (c’est le cas de a qui pos- s`ede quatre branches d´efensive et aucune branche at- taquante), est une propri´et´e tr`es discriminante. Donc

a4 a3 a

a2 a1

a6 a5

a8 a7

b1 b

Figure 2 – AF qui repr´esente la propri´et´e AvsFD

cette propri´et´e peut ˆetre vue comme une sorte de li- mite entre deux sous-classes de s´emantique gradu´ee.

Celles qui la satisfait prennent en compte la totalit´e des branches d’attaque/d´efense. Tandis que pour celles qui ne la satisfait pas, une branche d´efensive est tou- jours p´enalisante puisqu’elle reste toujours une attaque vers un argument.

• Davantage de propri´et´es sp´ecifiques.Rappelons que les axiomes pr´esent´es op`erent `a diff´erents niveaux. Les axiomes ‘locaux’ (CP, QP, DP, (S)CT), ne consid´erant que les attaquants (ou d´efenseurs) directs, effectuent un choix qui peut ˆetre justifi´e dans certain cas, mais qui semble difficilement g´en´eralisable (et mˆeme parfois impossible `a concilier avec certaines propri´et´es plus g´en´erales, voir la Prop. 1). Les propri´et´es bas´ees sur le ‘changement’ (⊕DB, +DB,↑AB,↑DB, +AB) sont tr`es int´eressantes. Une des contributions de ce papier est d’avoir syst´ematiquement g´en´eralis´e ces propri´et´es.

• D´efinir axiomatiquement les pires arguments n’est pas si ´evident. Curieusement, lorsque toutes les s´e- mantiques semblent d’accord axiomatiquement sur le fait que les arguments non-attaqu´es doivent ˆetre les meilleurs dans un syst`eme d’argumentation (VP), il

(10)

n’y a aucun consensus en ce qui concerne les pires arguments. SC est tr`es int´eressante de ce point de vue. Cette propri´et´e consid`ere qu’un argument qui s’auto attaque est intrins`equement d´efectueux, mˆeme sans autres arguments ´eventuels pour le vaincre. Ce- pendant, aucune des s´emantiques ne satisfait cette propri´et´e, except´e celle de Matt et Toni. Cela s’ex- plique par le fait que toutes les s´emantiques consi- d`erent qu’un argument qui s’auto attaque est juste un chemin comme les autres. Donc un argument qui s’auto attaque (et n’est attaqu´e par aucun autre ar- gument) est meilleur qu’un argument attaqu´e par un grand nombre d’arguments non attaqu´es.

• L’int´eraction entre les axiomes est souvent instruc- tive. Nous avons identifi´e plusieurs incompatibilit´es entre les axiomes. Une remarque suppl´ementaire peut ˆ

etre faite dans ce sens en ce qui concerne l’incompa- tibilit´e entre VP et⊕DB. Il est ´evident que⊕DB est plus g´en´erale que +DB, et dans un sens plus natu- rel : la propri´et´e est d´efinie pour tous les cas, sans distinction pour certains arguments (en l’occurrence les arguments non-attaqu´es ici). Mais cette propri´et´e contredit VP de ce fait. +DB est moins “syst´ematique”

(elle correspond `a la propri´et´e originale propos´ee dans [5]) mais reste compatible avec VP : si une personne consid`ere que les arguments non-attaqu´es doivent ˆetre les meilleurs (VP), alors il est impossible que la situa- tion d’un argument donn´ee s’am´elioretoujours suite `a l’ajout d’une branche de d´efense.

• Cet ensemble d’axiomes doit encore ˆetre augment´e.

Cela peut se justifier par le fait que les s´emantiques SAF et Cat satisfont exactement les mˆemes propri´et´es alors qu’elles ont des comportements diff´erents (voir Table 1) . Cela signifie qu’il manque au moins une propri´et´e afin de pouvoir distinguer ces deux op´era- teurs.

6 Conclusion

Dans cet article, nous proposons une ´etude compa- rative des diff´erentes s´emantiques gradu´ees existantes.

Il s’av`ere que ces s´emantiques adoptent des compor- tements assez diff´erents et satisfont des propri´et´es dif- f´erentes. Nous s´electionnons plusieurs propri´et´es que toute bonne s´emantique gradu´ee doit satisfaire dans ce cadre : Abs, In, VP, NaE, Tot et +AB. La propri´et´e AvsFD, qui permet de comprendre le comportement d’une s´emantique concernant la notion de d´efense, est

´

egalement int´eressante puisqu’elle permet de s´eparer les s´emantiques gradu´ees en deux sous-classes diff´e- rentes.

Des travaux sont cependant encore n´ecessaires dans ce domaine. D’abord pour proposer d’autres s´eman- tiques gradu´ees. Mais il semble ´egalement primordial

de trouver d’autres propri´et´es logiques, et ainsi essayer de caract´eriser diff´erentes classes de s´emantiques par rapport `a ces propri´et´es. Un ambitieux programme de recherche serait d’identifier les situations o`u des axiomes controvers´ees sont justifi´ees ou non.

Nous sommes actuellement en train de lancer plu- sieurs exp´erimentations visant `a calculer le degr´e de diff´erence qu’il existe entre les ordres retourn´es par ces s´emantiques. L’id´ee consiste `a calculer une distance (par exemple la distance de Kandall tau) entre chaque ordre obtenu, pour ensuite repr´esenter le tout dans une matrice et/ou un graphe.

Ce travail sur les s´emantiques gradu´ees est principa- lement motiv´e par les applications possibles pour des plateformes de d´ebat en ligne. Sur ces plateformes, les personnes peuvent g´en´eralement voter sur les ar- guments et/ou sur les attaques. Cela implique donc l’existence de poids sur les arguments et sur les at- taques. Les SAF [11, 8, 6] permettent de prendre en compte ces informations. Nous commen¸cons donc avec le cadre standard (sans poids) et pr´evoyons d’´etudier ces s´emantiques dans le cadre des SAF. Pour cela il serait int´eressant de regarder s’il est possible de g´en´e- raliser ces s´emantiques en incluant des poids, tout en adaptant les propri´et´es, ou en proposer de nouvelles,

`

a ce cadre.

7 Remerciements

Ce travail a b´en´efici´e d’une aide de l’Agence Na- tionale de la Recherche portant la r´ef´erence ANR-13- BS02-0004 dans le cadre du projet AMANDE.

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Références

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