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Elements de caracterisation de deux formes de resistance des cereales face au nematode a galle
Meloidogyne naasi Franklin
T. Loos, Françoise Person-Dedryver
To cite this version:
T. Loos, Françoise Person-Dedryver. Elements de caracterisation de deux formes de resistance des
cereales face au nematode a galle Meloidogyne naasi Franklin. Agronomie, EDP Sciences, 1990, 10
(7), pp.589-594. �hal-02711508�
Zoologie
Éléments de caractérisation de deux formes
de résistance des céréales face au nématode à galle Meloidogyne naasi Franklin
T Loos F Person-Dedryver
D Pannetier
INRA de Rennes, Laboratoire de recherche, chaire de zoologie,
Domaine de la Motte-au-Vicomte, BP 29, 35650 Le Rheu, France
(Reçu le 10 novembre 1989; accepté le 16 mai 1990)
Résumé — La qualité d’hôte de cultivars d’orge vis-à-vis du nématode à galle Meloidogyne naasi
aété étudiée. La ré-
sistance partielle d’un cultivar s’exprime par
unralentissement du développement des nématodes dans
sesracines,
par rapport à
uncultivar multiplicateur. Elle limite également les populations femelles du parasite ainsi que leurs fé- condités. La résistance totale de la lignée 1 d’Aegilops variabilis Eig n’est contournée par aucune des 3 populations
du nématode utilisées. Celles-ci présentent cependant une variabilité dans leur agressivité face à la gamme d’hôtes testée, et l’une d’entre elles contourne la résistance partielle du cultivar
cvMorocco.
nématode / Meloidogyne naasi / résistance / céréale
Summary — Characteristics of two kinds of resistance in cereals to the root-knot nematode Meloidogyne naa-
si Franklin. The host status of barley cultivars
asregards the root-knot nematode Meloidogyne naasi
wasstudied.
Partial resistance of
cvMorocco
wasexpressed through
aslower nematode development in its roots detected from
the first month of growth than in
amultiplying cultivar (table I). This partial resistance reduced the number of female
parasite populations and their fecundity in the roots of
cvMorocco
morethan in those of
cvCérès (table II). The early expression of partial resistance might allow
ascreening test to be established after 20 days’ growth at 20 °C. The total
resistance of line 1 Aegilops variabilis Eig was not overcome by any of the 3 geographic nematode populations used.
However, these 3 populations exhibited some variability in aggressiveness against the host range tested, and one of them overcame the partial resistance of cv Morocco (fig 1).
nematode / Meloidogyne naasi / resistance / cereal
INTRODUCTION
Meloidogyne naasi Franklin 1965 est un néma- tode à galle des graminées rencontré dans les régions tempérées. Il est un facteur limitant du rendement de l’orge dans l’Europe de l’Ouest (Caubel et al, 1972; Gooris et d’Herde, 1977;
York, 1980) et aux État-Unis (Allen et al, 1970).
En France, le seul nématicide homologué
est l’aldicarbe pour les cultures céréalières. Il n’est, en outre, autorisé que par épandage
dans la raie de semis. Or cette molécule n’a en
réalité qu’un effet nématostatique (Cavelier, 1987), pendant 50 j au maximum. Il est donc
aisément concevable que ce traitement n’est efficace que pour les cultures de printemps, se-
mées à l’époque de l’éclosion des oeufs lors de la remontée des températures (Ogunfowora et Evans, 1977). Dans le cas des cultures d’hiver, la seule méthode de contrôle des populations
du nématode est basée sur l’introduction de
plantes non-hôtes dans les rotations culturales
(Gooris et d’Herde, 1977). Ces plantes sont, hélas, peu rentables économiquement dans les grandes zones céréalières, donc peu utilisées.
L’utilisation de cultivars résistants est une
manière très efficace de limiter la multiplication
du parasite sans modifier la rotation culturale
de l’agriculteur. Aucun cultivar d’orge ou de blé
connu à ce jour n’est totalement résistant à M naasi. Cependant, des résistances totales ont été observées chez Hordeum chilense (Cook et York, 1981), une orge sauvage, et chez Aegilops
variabilis (Person-Dedryver et Jahier, 1985), une espèce voisine du blé. Une seule de ces résis- tances est en voie d’utilisation pratique, grâce à
un travail de cytogénétique effectué à l’INRA de
Rennes (Yu et al, 1990). Il s’agit de celle trouvée dans la lignée 1 d’Aegilops variabilis. Ce résultat amènera à l’utilisation fréquente des futurs culti-
vars possédant cette résistance qui risquerait de
se voir contournée trop vite.
Il sera donc nécessaire d’utiliser des résis- tances partielles (ou incomplètes) trouvées chez certains cultivars de céréales. Le cultivar Moroc-
co de l’orge d’origine marocaine, par exemple,
ne permet la formation que d’un nombre réduit de femelles adultes dans ses racines (Person- Dedryver, 1985).
Le travail relaté ici consiste à étudier l’expres-
sion de la résistance partielle du cultivar Moroc-
co de l’orge, en conditions naturelles et dès la formation des premiers stades de développe-
ment du nématode, afin d’en tirer un test de dé-
pistage rapide des cultivars résistants. Un deuxième volet de ce travail a trait à l’étude des
possibilités de contournement des résistances
(totale et partielle), par l’utilisation de 3 popula-
tions géographiques de M naasi. Il sera réalisé
en conditions contrôlées de boîtes de Petri.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Matériel
Les nématodes
L’expérimentation permettant d’étudier l’expression de
la résistance partielle de l’orge est réalisée dans du sol naturellement infesté provenant d’une parcelle
ex-périmentale de la station INRA du Rheu (IIIe-et- Vilaine), cultivée
enray-grass anglais
cvVigor.
Pour l’estimation des possibilités du contournement des résistances, les larves L2 utilisées sont issues de 3 populations géographiques différentes :
-
une population du Rheu, provenant de monoculture de blé d’hiver de la station INRA et servant de réfé- rence,
-
une population belge, provenant de monoculture de blé de printemps à la station de nématologie de Merel- becke,
- une
population de Tours, provenant d’une culture de blé d’hiver.
Les plantes
L’expression de la résistance partielle du
cvMorocco
d’Hordeum vulgare L est étudiée par comparaison
avec
le
cvCérès, très multiplicateur de M naasi (Per- son-Dedryver, 1985).
La gamme d’hôtes testée pour les 3 populations du
nématode est composée des
cvMorocco et Cérès de
Hordeum vulgare des
cvTop et Lutin de Triticum
aes-tivum L et du témoin résistant à la population du
Rheu : Aegilops variabilis Eig lignée 1 (Var 1).
Méthodes
Expression de la résistance partielle
Cette expérimentation
aété placée
enconditions exté- rieures. Pour des raisons de commodité de transport,
le sol infesté
aété prélevé en 9 lots d’environ 35 dm 3 juste avant l’expérimentation,
audébut du printemps
1988. Après homogénéisation, il
aété réparti dans
180 pots de 1,5 dm 3 à raison de 90 par cultivar étudié.
L’estimation du potentiel infectieux du sol
seréalise
sur un
échantillon de 200 g de sol, pris dans chaque
lot de sol après homogénéisation. Une moitié sert à
déterminer le poids
secaprès dessication au labora- toire, tandis qu’une extraction des L2 est réalisée sur
l’autre moitié par la méthode de centrifugation-
flottation (Gooris et d’Herde, 1972). Les larves sont
comptées
sousla loupe binoculaire et le résultat est
exprimé par gramme de sol sec. Les taux d’infesta- tions utilisés sont moyens et varient de 2 à 42 L2/g de
sol sec.
Les caryopses prégermés ont tous été plantés le 13
avril 1988. Chaque pot
necontient qu’une seule plante. Cette technique permet la pénétration des
larves infestantes (L2) dès leur sortie de l’œuf,
aumême moment pour toutes les plantes testées. Le suivi de l’évolution des nématodes, tant en vitesse de développement qu’en nombre, a été réalisé simultané- ment pour les 2 cultivars étudiés. Un apport d’engrais liquide complet (N, P 2 O 5 , K 2 O) est réalisé tous les mois, et l’arrosage
aété assuré journellement
ende-
hors des périodes pluvieuses.
Des prélèvements de plantes sont nécessaires pour étudier les populations endoradiculaires du né- matode. Le temps nécessaire à la formation des pre- mières larves du stade L3
aété mesuré pour chaqun
des cultivars utilisés. L’analyse d’un seul pot par culti-
var
a permis d’apprécier qualitativement le stade de
développement du nématode dans les galles. Des pré-
lèvements de 20 pots par cultivar ont alors été effec- tués, à date propice, permettant une analyse statisti-
que convenable :
-
1
erprélèvement : le 9 mai 1988 (26 jours),
-
2 e prélèvement : le 17 mai 1988 (34 jours),
-
dernier prélèvement : le 25 juillet 1988 (fin de cul-
ture, 103 jours).
Les 2 premiers prélèvements permettent
unsuivi de l’évolution des larves dans les racines, tandis que le dernier
apour but de compter, en fin de culture, le nombre de femelles adultes formées, ainsi que le nombre d’œufs pondus, constituant le potentiel infec-
tieux pour la culture suivante.
Lors de chaque prélèvement, chaque plante est dé- potée et
sesracines soigneusement lavées. Les
ra-cines sont alors pesées et broyées dans
unmixeur Waring pendant 4 fois 15
secà vitesse rapide (20 000 tours/min) pour les 2 premiers prélèvements, et à vi-
tesse plus lente (15 000 tours/min) pour le dernier. Les nématodes sont extraits par la méthode de centrifuga-
tion-flottation (Coolen et d’Herde, 1972), et les indivi-
dus des différents stades, ainsi que les œufs, sont dé- nombrés
sousla loupe binoculaire. Les résultats concernant les individus sont rapportés au poids de ra- cines, afin d’être comparables d’une plante à
uneautre
et d’un cultivar à l’autre. Le nombre d’œufs est lié, par contre, à celui des femelles. Les poids de racines sont
donnés, afin de permettre de juger du bon développe-
ment de la plante.
Les températures du sol sont enregistrées
enper-
manence
à -10 cm, à la station météorologique de
l’INRA du Rheu, proche de l’essai. À partir des tempé-
ratures minimales et maximales journalières,
nouspouvons calculer la température moyenne reçue par les racines des plantes.
Les données recueillies sont transformées en log (X
+
1 ) et traitées par
uneanalyse de la variance à l’aide du logiciel STAT-ITCF, avec le test de Newmann- Keuls.
Estimation des possibilités
de contournement des résistances
Cette expérimentation
aété effectuée
enconditions contrôlées, en boîtes de Petri sur milieu eau gélosée (20 g/l) selon la méthode utilisée par Person-Dedryver (1984). Pour chaque cultivar d’orge et de blé utilisé,
ainsi que pour la lignée Var 1,
onutilise 20 boîtes
contenant chacune 1 plante, et ceci pour chacune des 3 populations du parasite étudiées. Toutes les plantes reçoivent le même inoculum de 48 L2 réparties à rai-
son
de 16 sur 3 racines séminales (Person-Dedryver, 1984). Cette technique permet de comparer les ré- ponses des plantes par une étude statistique.
Les boîtes sont placées à 21 °C
enphotopériode et
à 18 °C en période obscure. La durée de la photopé-
riode est de 16 h. La culture dure de 45 à 50 j. Les
boîtes sont alors examinées et on compte les galles,
les femelles et les masses d’œufs dans chaque boîte, après dissection de chacune des galles à l’aide d’un
scalpel.
Les données sont traitées par une analyse de la
variance à 2 facteurs : le cultivar et la population de nématodes.
RÉSULTATS
Expression de la résistance incomplète
Le 9 mai, il apparaît que le nombre de larves L2
grossies (L2G) est significativement plus élevé
chez Cérès que chez Morocco (tableau I). No-
tons que c’est à cette date que les toutes pre- mières larves de stade L3 sont observées sur
Cérès - en très faible proportion - alors qu’aucune n’est repérée sur Morocco.
Le 17 mai, le nombre de larves L2 est signifi-
cativement plus important chez Morocco que chez Cérès, tandis que l’inverse est observé pour les stades L2 grossies et surtout L3 (ta-
bleau I).
En comparant l’évolution des proportions des
divers stades lors des 2 premiers prélèvements
(tableau I), nous pouvons déduire une vitesse de
développement plus faible de M naasi sur le cul- tivar Morocco que sur le cultivar Cérès.
Les mesures de températures ont permis de
calculer que les toutes premières larves L3 ap-
paraissaient chez Cérès après 345 °C j (base
0 °C), ce qui correspond à environ 17 j à 20 °C.
Le 25 juillet on constate que Cérès a permis la
formation d’un plus grand nombre de femelles adultes par gramme de racines, et qu’elles sont,
en outre, plus fécondes que celles formées sur
Morocco (tableau II).
Estimation des possibilités
de contournement des résistances
Aucune des 3 populations testées du nématode
ne contourne la résistance totale trouvée dans la
lignée 1 d’Aegilops varibilis (fig 1).
Des interactions significatives entre les culti-
vars et les populations testés, mises en évi- dence lors de l’analyse de la variance, démon-
trent statistiquement que la hiérarchie des cultivars trouvée avec la population du Rheu (Person-Dedryver, 1985) n’est pas respectée
avec les deux autres populations (fig 1). Pour
chacun des cultivars étudiés, la population belge
se démarque significativement des 2 autres par les nombres de galles induites et de femelles for-
mées, bien supérieurs à ceux comptés pour les 2 autres populations. Dans le cas des blés cv
Lutin et Top, l’analyse de la formation des galles,
des femelles et des oeufs ne permet pas d’affir-
mer que l’un des 2 cultivars favorise plus globa-
lement le développement de l’une ou l’autre des
populations étudiées. Par exemple, la population belge forme plus de galles sur Top que sur Lutin, à l’inverse de la population de Tours. Par contre, il est difficile de dissocier ces 2 cultivars en ce
qui concerne la formation des femelles et des oeufs de la population belge.
DISCUSSION - CONCLUSION
La résistance incomplète
La résistance incomplète des cultivars d’orge
étudiés est caractérisée par 3 paramètres :
-
la vitesse de développement des nématodes;
-
le nombre de femelles formées par plante;
-
la fécondité des femelles.
Le nombre total des nématodes sur Morocco et sur Cérès est significativement différent entre
les 2 cultivars et il est plus grand dans les ra-
cines de Cérès. Chez le cv Morocco, le dévelop- pement de M naasi est plus lent, et ce, dès la for- mation des premiers stades larvaires, ce qui
limite considérablement la formation des fe- melles et des œufs. Ce développement lent ne peut pas être imputé à une compétition entre les
individus infestants, puisque les poids de racines
du cv Morocco sont, en début de culture et du fait de la pécocité de ce cultivar, significativement su- périeurs à ceux du cv Cérès (tableau I).
Le ralentissement du développement, visible
dès les premiers stades parasitaires de M naasi, permet d’envisager un test de dépistage rapide
d’un cultivar partiellement résistant. Ce test cons-
isterait à cultiver les plantes à tester sur un sub-
strat infesté artificiellement, à 20 °C pendant 17 à 20 j correspondant aux 345 °C j de nos 26 pre-
miers j de culture. Le comptage des différents stades du nématode dans les racines et la com-
paraison, notamment des pourcentages de L2G présents, très différents chez les cultivars résis- tants et multiplicateurs permettrait de conclure.
Lors de l’expérimentation en boîte de Petri (fig 1), il semble que, dans le cas des orges, le cv Morocco ne se conduise plus comme résistant partiel vis-à-vis de la population belge du néma- tode, en comparaison avec le cv Cérès vis-à-vis des populations du Rheu et de Tours.
Les comportements différents des 3 popula-
tions du nématode testées laissent supposer qu’il existe dans la nature une variabilité de l’espèce
M naasi du point de vue de l’agressivité (John-
son, 1981), comme cela avait déjà été observé par Antoniou et Evans (1987). Ces auteurs
avaient supposé que cette variabilité provenait
d’une pression de sélection due au climat. Il semble donc difficile de préciser clairement une
hiérarchie dans la résistance incomplète de culti-
vars à M naasi sans indiquer la population de ré-
férence. Cela apparaît très important lors du choix d’un cultivar partiellement résistant par un
agriculteur. Il faudrait toutefois que ces résultats soient confirmés en plein champ, surtout en ce qui concerne la population belge et celle de
Tours.
La résistance totale
II est satisfaisant de constater que la résistance totale du géniteur A variabilis n° 1 n’est contour- née par aucune des populations du nématode
étudiées, alors que ce n’est pas le cas de la ré- sistance incomplète du cultivar Morocco. Cepen- dant, afin de préciser les différences d’agressivi-
té, entre les populations géographiques des parasites et les possibilités de contournement de la résistance totale, il serait souhaitable de tester des populations d’origines plus variées.
II serait également intéressant de confronter à
un maximum de populations de M naasi, les 2
seules autres sources de résistance totale
connues à ce jour à l’égard de ce nématode : les
lignées PI 283374 et PI 283375 de H chilense
(Cook et York, 1981). Nous pourrions alors sa-
voir si elles constituent également un géniteur intéressant à utiliser dans des programmes de sélection des céréales résistant à M naasi.
RÉFÉRENCES
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