rapport \
PAIT
.r
Îak m, duveyrier
A L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Le zz Juillet
,
lendemain de son
retour,A PARIS,
UE
L’IMPRIMERIE national».
1
7 9 **
USHARY
AVIS.
' V'1
,
1 *5 fH' .t I.
A
>f* »•%> "- .--y>vJE me détermine à
faireimprimer mon Rapport
tel
que
je l’aiprononcé à l’Assemblée Nationale;
jO
.
pour mettre
le véritable récitde mon voyage à côté de tous
les récitsqu’on pourrait imprimer sous mon nom
,ou comme émanés de moi
;2® pour démentir publiquement
lanote calorn- meuse lue à l’Assemblée Nationale
lejour même
de mon arrivée
,envoyée à M. de Montmorm
par
leRésident de France à Bruxelles, comme une note
officielleà
lùiremise par
leGouver- nement de Bruxelles. Cette note
,détruite dans tontes
sesallégations mensongères par
ladéclara- tion qui m’a
étéremise sur
les frontièresdes Pays- Bas
, estun mystère que
jen ëxplique pas encore,
et
que
jetâcherai d’approfondir.
DUVET R IER.
Ce
2.4 JuilletRAPPORT
FAIT
Par M. DUVETRIER
A L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Le 2X
Juillet,lende7nain de sou retour
,Messieurs
,Lorsqu’enrentrant surles terres françaises
,fai appris
que
l'Assemblée Nationale avoitdaigné jetersurmoi un
regard de bonté etdeprotection, toutesmes
peinesont été effa- cées, et je n’aivoulume
souvenir des traverses demon
voyage ,
que pour
êtreen
état de vousen
faire lep
]u
exact rapport.
^
sJe suis parti de Paris le 17 Juin avec
M. Bouchard
des anciens Gardes
du Roi
,mon
cousin. L’amitié quinous'umt
depuis notre enfance, sessentimensconnus,etl’avantage
que
seul il pouvoit m’offrir dedemander
et d’obteniren Allemagne
, lesnécessitésdu
voyage, avoientdéterminé
mon
choix et sa complaisance.
A
2(
4
)Arrivé k
Worms
le 21 à 9 heuresdu
soir, jeme
suistransporté
sur-le-champ au
Château habité parM.
deC
7Ï'élé annoncé comme, envoyé
par leRoi
, etintroduit inresqu’à l’instant.J’ai présenté
mes
dépêches àM.
deCoudé
, en présence de cinqou
six personnesquise trouvèrent aveclu.,parmi
lesquelles j’ai
remarqué un
Colonel françois, dont )aurai bientôt occasion de parler.M.
deGondé
,après avoirîulesdépêchesavec ap usgian^ attention,aprèsenavoir relu
même une
partie,m
ademandé
qui j’étois: j’ai dit
mon nom
etma
qualité.q
Alors
M.
deCoudé m’a
parléen
ces termes: ()erapporte autant
qué
je le puis sespropres expressions):M.
,ilne me
seraitpas
difficilederépondre sur-le-champ,mais fai
des paroles arecM.
leComte d
Artois, apreslesquelles je
ne
puisprendre aucune
résolutiondans
Circonstancesimportantesdet
celle-ci.IestBeaucoup
1 sans.
me
concerter avec lai.Je
parsdemain pour G Ment*
-vous êtes lemaître
on d
attendre icima
repense,jne suivre
à
Coolentz.J’ai choisi d’abord d’attendre h
Worms.
.' *
M
deCoudé
m’a observé que sifallois à Coblentz, sa réponse seroir plusprompte
, etmon
voyagepluscourt.L’invitation m’a
paru
claire. : j’ai ditque pmsqud
paroissoit le désirer , je le suivrons a Cobientz.
1
Comme
je prenois congé ,M.
de-Coudé ma
observedu
ton le plus calme et le plushonnête, quilpartiroitle len-
demain
matin ;que
je pourroispartir aprèsluiaanslama-
tinée! qu’au surplus, j’avois tout le
temps necessaire.
Le
lendemain 22 Juin, jen
aipu
partir deWorms qu
a„ne
heure après midi.M.
deCoudé
étoit part,hu-meme
àhuitheuresdu
matin, avec tous les chevaux de la poste.•T'ai couché le
même
jour àMayence
, et delà ,m’em-
barquant sur leRhin
pour laplus grandecélérité demon
voyage
, je suis arrivé à Coblentzle a5, surleshuitheures
du
soir.J’Qi appris
que.M.
deCondé
nem’avoitdevancéque d’une demi-heure, et qu’il étcit alors avec
M.
d’Artoisau
Palais del’Electeur.Je
m’y
suis transporté sur-le-champ. Introduit dansuiîq antichambre, j’y ai trouvé, avecplusieurs autres personnes, le Colonel français dont j’ai déjà parlé, et qui, s’avançant vers
moi
,ma
dit à voix basse : AI. Duveyiier, je vais
prendre les ordres
du
Prince; vous pouvez attendra ici.Jesuisrestéaumilieudehuitoudix jeunesOfficiersfrançois qui parcissoientinstruits
du
motif demon
voyage, et qui ,je ne puis le. dissimuler,
ne
m’ont pas traité avec bien- veillance.Peu
de temps après , j’aivu
passerle Colonelfrançois , et le Ministre de l’Electeur.J’ai été introduit auprès d’eux dans la pièce voisine
,
et là, le Ministre de l’Electeur m’a dit :
J\d.
Duveyi
ier, AI. le Princede Condé
, AI. leComte
d
Artoiset AI. IP
lecteurmont
chargéde
vous dire quils désirentque
voussortiez ce soirmême de
Coblentz.Mon
air a sans doutemarqué
la surprise.Le
Ministre a continué:C
estune
précaution indiquée seulementpour
votre su —reté.
Vous ne pouvez
vous dissimulerque
lacommission que
vousvenezde
remplirn'estpoint agréableà
AI.lePrince*ae Condé
;elle lestmoins
encoreà
tous les François qui laccompagnent
; et AI. l'Electeur,malgré
toute sabonne*volonté, craindroit
de ne
pouvoiréviterun
scandale.J'ai observé que cependant j’exécutois
une
commissiondonnée
par le Roi.(6)
Sur cette observation, le Coloilel françois
m
a ditdu
tonje plus doux: :
M.
Duveyrier, nous lesavons bien, nous;nous
lesavons:mais
pouvons-noustoujoursêtremaîtres des jeunes gens?Le
Ministredel’Electeur arepris : vous irezà
lapremière poste, surlechemin de France
,du
côtédu Château
habitépar M.
leComte
d'Artois. C'estAudernach
,petite Aile Impériale,
oh
vousserezen
sûreté.V
lus logerezàla
poste;et
demain dans
lamatinée
,M.
leComte
d'Artois vousfera
venirsansdanger à
son château,ou
peut-être vous enverra-t-onà Audernach
laréponsedont
vous devez être chargépour
le Roi.Je
vais vousdonner un
Officierpour quit ne
vous arrive riende la ville.Le
Ministre de l’Electeur,en
finissant, avoulume
fairesortir par
une
porte dérobée : elle étoit fermée. Il a fallu rentrer dans l’antichambreoù
j’avois attendu, et c’est là qu’un Officier des troupes de l’Electeur a reçu ordre dem’accompagner
à la postepour commander
des chevaux , de là àmon
auberge , demonter
avecmoi
dansma
voi-ture , et de ne
me
quitter qu’à la dernière porte de laville.
, .
Cet ordre a été ponctuellement exécuté. Je suis sortide Coblentz le
même
jour sur les dix heuresdu
soir, et jesuis arrivé à
Audernach
le lendemain àune
heure du matin.Ce
jônr-Iàmême
, sur lesdix heuresdu
matin, plusieurs couriers qui se succédoient rapidement , apportèrent aAudernach
la nouvelleque
leRoi
étoitsortide Paris. Cette nouvelle avoitété, disoit on, portée dès lessept heuresdu
matin àM.
l’Electeurde Trêves , qui s’étoit empressé de)a répandre dans la villede Coblentz.
Quelques heuresaprès , fai
vu
passerM.
dArtois, quise( 7 >
rendoit à Aix-la-Chapelle. J’ai appris
en même
temps, de tous côtés,que M.
deCondé
avoit repris la route deWorms.
Malgré
lacertitude que toutes cescirconstancesme
don- noient de ne point recevoir laréponse promisepour
toute la matinéedu même
jour, j’ai attendu a Audernacli lajournée entière ; et je
me
proposois uene
partirpour
laFrance
que
le lendemain, lorsque ,sur les onze heuresdu
soir, ilm’est
parvenu
des notionsassez précises, etdontla bienveillance m’a touché,que
plusieurs jeunesOfficiersde Cobientz, qui n’ignoroient pasmon
séjoür, ivres de lajoieque
leur causoitla nouvelle dont jeviensdeparler,s’étoient proposé deme
venir signifier,eux-mêmes
, lematin , et de très -bon
matin ,que
jen’avois pasde réponseà attendre.La
manière dont ces notionsme
furent transmisesme
con- vainquit quejen’avoispasun moment
àperdrepour
partir d’Audernach, etpour me
rendre en France, par le palus court chemin. Je ledemandai
au Maître de poste : ilme
traça sur
une
feuille lechemin que
je devois tenir. Je devois passerpar Pollich , traversertoutlepays deTrêves,passer à Trêves et à
Luxembourg
,pour delà me
rendre à Thionville.Je ne pouvois pas penser àretourner à Cobientz, ni à
Worms,
d’après.ce que je viens d’avoir l’honneur de vousdire, et d’aprèslamanière dont j’avois étéconduit à laporte de la ville par
un
1Officier de l’Electeur, pourma
propre sûreté. Je suisdonc
parti d’Audernach aune
heuredu
matin, dans lanuitdu Vendredi au Samedi
2S Juin..A
six lieues d’Audernach, leMaître de postem’aapprisque
leRoi
n’étoit pas sortidu Royaume
: cette nouvelle a calmé les inquiétudesdontj’avois été jusqu’alors dévoré.J’aipassé à Trêves,
A
Trêves seulement(et ceci estaremar-A
4; ( b )
qner , Messieurs) àTrêves seulement,
on
m’ademandé mon nom
,ma
qualité, et lenom
demon compagnon
devoyageïje 1ai
donné
tel que je le porte; j’aidonné
lenom de mon compagnon
de voyage. J’ahtraverséTrêves, etje suisarrivé aCreven-Marken
,où
j’ai appris ce que j’ignorois encore: jaiapprisqueM.
BouilléétoitàLuxembourg
avecun nombre
assez; considérable d’Officiers françoisqui l’avoientsuivi.Je
n
a vois point oublié les relationsque
j’avois eues avec lui dans la commission deNancy
, et je nepotivoispas penser a tout ceque M.
Bouillé avoit faitalors, à tout ce qu’ilm
avoit dit sur son attachement à la Constitution et à laLoi, sans penser àson embarras, si le hasard
me
mettoiten
sa présence. Ainsi , Messieurs, vous devez sentirque
§i j’avois
pu
prendreune
autre route, certesjen’auroispas passé hLuxembourg
; mais je ne pouvois plus retourner Surmes
pas ;Luxembourg
étoit le seul passage.Je suis arrivé le 26Juin :
on
m’ademandé mon nom
à la porte,comme
à Trêves; jel’ai
donné
sans déguisement; je n’en avois pas besoin; à l’aubergeoù
nous avons descendu,on
estvenu
nous dire qu’il failoit aller signerun
billet chez leMajor
de Place, pour avoir des chevaux de poste.Mon compagnon
de voyage a voulu m’éviter cette peine : il a été conduit chezle Général; le Général avoulusansdoute le faire reconnoître parM.
'Bouillé.Mon compagnon de voyage
n’apas étéparfaitement bien reçu deM.
Bouillé»surtout lorsquil a été obligé de direqu’ilm’accompagnoit.
Un
eide-Major dePlace estvenu
danslemême
temps m’ar- rêteràmon
auberge.Mon compagnon
devoyages’amionçoitcomme
ancienGarde du
Roi; matson
lui refùsoit cettequa-lité , parcelaseul qu’il m’accompagnoit
, par cela seul qu’il nccompagnoit
un homme
chargéde lacommissionque
jeve- fioisderemplir: 1§ bruit s’estmême répandu
,pendantnotr®< 9 >
détention à
Luxembourg
, qu’on l’avoit mis en présence de septà huit Gardes-du-Corps qui l’avoientméconnu
, quoi- qu’il soit de toute véritéque
jusqu’au derniermoment
,on
luia refusé tout
moyen
dese fairereconnoître.Je suis
donc
conduithla grande-Garde,où
je trouvemon compagnon
devoyage.Nous sommes
entreles mainsdu Ma-
jordePlace, del’aide-Majoretd’unautre Officier,quinous disentpoliment
que
l’ordre estdevisitertous les papiers , et qu’ainsi, si nous ne voulons pasque
l’on nous fouille , ilfaut vuider nos poches. J’ai
donné mon
porte-feuille ; j’aidonné
tousmes
papiers :on en
a faitun
inventaire , dontles deux premières pièces ctoient
ma
commissionetlepasse- port que j’avois emporté de Paris : cet inventaire fait,on
m’adonné
l’espéranceque
le rapportet la décision seroient assezprochainspour me
fairerepartirsur- le-champ
; cepen- dant,une
heureou une
heure etdemie
après,on
estvenu
me
déclarer qu’il falloit coucherau corps-de-garde.Surlesdixheures
du
soir, le Capitaine de garde est obligé des’absenterpour
fairesaronde.Ce moment
a étésaisiavecun empressement
que je ne puis plusme
dissimuler.Un
François , Officier auservice de l’Empereur, aconduit dans
Je corps-de-garde
où
nous étions , presque tous les Officiers françoisqui avoientaccompagné M.
Bouillé. Jenepuis vous rapporter , dans toute son étendue ,une
scène bien affli-geante.J’ai été traitédela manière la plusdure; ilest pres-
que
impossible de croire les expressions, lesmenaces
et les gestes dont sesontservis , enversmoi
, des Officiers françois qui avoient sans doute reçu de l’éducation , etqui dévoient avoir des sentimens.Le
Capitaine de garde est rentré, et lesa fait sortir avec sévérité.Le
lendemain j’ai appris qu’à lagardemontante on
leur avoit signifiéque
leGouverneur
étpit
extrêmement
étonné dela licence qu’ils s’étoient don-( 10 )
née ; qu’on leur
demander
oitde quel droit ils avoient violéune
garde pour outrager , pourmenacer
de la manière la plus violente , des prisonniers, des personnes arretées.On
leur a signifié
que
leCommandant
leurfaisoit lesplus expres- sesdéfensesde nous approcher.Dans
lemême
tempson
nous a transportés aun
autre corps-de-garde, à celui delaportedu
Chateau.N
dusnousy
sommes
établis , parce’que nous avons bienvu
, à la manière donton
nousparloit,que
notre liberténe pouvoit pas nous être renduedans lajournée.Le
lendemain lememe Major
,le
même
aide-Major, et cet Officier françois au service de l’Empire, dontjeviensdeparler,sontvenusm
interrogeravecdesformes
un peu
effrayantes.On
afaitsortirmon compagnon de
voyage;on
a prisnos armes; cequ’onn’avoitpasfaiten- core; etleMajor me
faisant asseoir, m’aannoncé
quej’étois accusé, et qu’on avoitmême
la preuve quej’avoisdonné un
faux
nom
à Trêves; quej’étoisentré seulàTrêves ;quemon compagnon
de voyagey
étoitentréseul; enfinque
nousn
a vions pas traverséTrêves,comme
nous 1annoncions. Je 1ai nié , etjen’avois quecetteréponsea faire ; maismadenega
tiométoit siferme, qu’elle a , je crois , persuadémeme
les Officiersqui m’interrogeoient, delavéritédema
réponse. Je demandois avec instance , depuisdeux
jours , la permission d’écrireou
àmes
parens,ou
auMinistèrede France, et cette permission m’étoit toujours refusée.Le Major me
disoit.<c
M.
Duveyrier, la permission que vousdemandez
ne,peut»êtrenécessaire.
Encore 24
heures ;im peu
de confiance:35
on
n’arien à vous reprocher;encore 2,4heures, etje\ousy>apporteraide bonnesnouvelles.»
Cependant
,on envoya
le lendemain lemême
Officier aTrêves
,
pour
vérifier si j’avoisrépondu
la vérité. Il est re-venu
: j’aisu que la vérification étoit entièrementàmon
C il )
avantage,
comme
elledevoitl’être: j’aisuqu’onn’avoitrien àme
reprocher ; mais,enmême-temps
, queleCommandant
dela Place m’avoit arrêté sur dessoupçons répandus depuis quelque temps , et qu’on ne m’avoit pas dissimulés a moi-même. On
m’a dit précisément quej’étois soupçonné d’être envoyé,comme beaucoup
d’autres,pour
débaucher les sol- dats de l’Empereur.La
vérification étant entièrementàmon
avantage, le
Commandant
deLuxembourg
avoit cru devoir prévenirleGouverneur
deBruxellesdemon
arrestation, et attendre saréponsepour me
mettreen liberté. C’est ce qui m’a été assuré plusieurs jours après, parun
secondMajor
dePlace,M.
de Rochefort, François dont l’honnêteté estconnue
à Bruxelles, et nousa étédu
plus grandsecours.Je ne vous parleraipas, Messieurs, d’une visite que j’ai
reçue d’un OfficierFrançois
, qui se disoit
envoyé
de Bruxel-les par les
Gouverneurs
desPays-Bas: ilestvenu me
propo-ser de lui donner, pour des Assignats , 5o,ooo liv. en or »
quejedevois avoiren
ma
possession,suivantlesrapports faitsau
Gouvernement
deBruxelles. Jene vous rapporte ce trait,
Messieurs, que pour vous donner
une
idée detouslesbruits qu’onavoitseméssurmon
compte.Je touche bientôt, Messieurs,
au moment
dema
liberté.J’ai resté vingt-deux jours dans cette situation , parce que m’étant adresséau Général pour
demander
lapermissiond’é- crire à Paris, le Général m’avoit fait réponse que cela lui étoit absolumentimpossible, d’après sarègle ; que je devois resterdans lemême
étatoù
il m’avoitannoncé
à Bruxelles.Enfin, Messieurs , le
Lundi
18 Juillet,M.
de Rochefort estentré dans notre gardesurles6 heuresdu
soir, ayantàlamain mon
porte-feuille; et ceporte-feuille seul m’aannoncé ma
liberté.M.
de R.ochefortm’adit: vousallezpartird'ici:voilà vospapiers: vérifiez si l'on
non a
riendistrait.Y
érifi-( 12 )
dation faite , j’ai certifé que ,
pendant mon
arrestationfon m
avaittraitéaveclessoins d'humanité
etde
justicequi
pouvaientse concilieraveclesprécautionsdiusage. *Dans
la conversation qüe feus , clans cette circonstance ,avec
M.
cleRochefort, jene puis
me
souvenir parquelmo-
tif il
me
dit que le matinmême
tous les jeunes Officiers françois étoient partis deLuxembourg
; qu’il ne restoit
en
cemoment
, àLuxembourg
, que les anciens Officiers, qui
quittoientrarement la Ville; mais qu’au surplus, jeserois es- corte jusqu’aux frontières de France, et que, là j’appren- firois laraisonpourlaquelle
ou me
mettoitenliberté.Tous
les ordres ont été donnés parl’Etat Major.La
voi- ture estvenueme
prendreà la portedu
corps-cle-garde. Je1ai trouvée environnée d’un Caporaletde sixCavaliers clés
Dragons
de Wissbourg.Jesuis sorti de la. Ville cle
Luxembourg
sur lesneuf
heu- resdu
soir, aumoment où on
alîoitfermerlesportes.Toute
la Ville étoit prévenue : le
Major
et lesautres Officiersnx’a- voient signifiéàmoi-même
, que j’allois êtreconduità Fri- sange, pourrentreren France par Thionville. Les Officiers Autrichiens qui nous â voient gardés, etqui, presquetous ,nous ont témoigné intérêt et affection; lesOfficiersAutri- chiens qui.venoientnous embrasser pour nous souhaiter
un bon
voyage, nous annonçoientaussique nousallions àThion-viîle.
Nous
étions donc bien persuadés que notre entréeen
Francese feraitparThionville.i
Nous
faisonsune
demi-lieue seulement sur lechemin
de Thionvilîie , et àune demi-
lieue nous trouvonsun
autre poste placépour nous attendre.Le chemin
alorsse divisoiten deux.Le
Caporal quinous avoit accompagnés, causeassez long-temps avecleCaporal qui nousattendait. Celui-ci viens( iS )
kla portière de la voiture , et
me demande
: ces Messieurs savent-ilsoù
ils vont ? .Te réponds : Je crois aller a Thion-ville.
— A
Thionville?Oui, oui...
Il parleau Postillon,
et lui
montre un
des deux, chemins. J entenas que le Pos-tillon lui fait
une
observation.Le
Caporal insiste QA'ecbeau- coupd’autorité , etfaitprendrelechemin
qu’ilindiquent.$lon Cousin, qui entend
un peu
YAllemand
,me prend
la
main
etme
dit:mon ami
, ilnefaut pas
renoncerà
notre courage: nousn
allonspas a F
risange. Il étoit dixheuresdu
soir.On
nousa fait passerpardes chemins détournés,dansdesbois.
A
minuit, nousyomines arrivés aun
très-petit Village; là, notre escorteachangé;on
nous a misentrelesmains des Ulhans ; le
chemin
estdevenu
plus difficile;nous avons voyagé dans des prés, dansdes terres labourées;
etenfinau bout dedixà douze heures, nousavionsfaitcinq lieues et
demie
, et nous étions rendus à Obanclies.Nous
avons appris que nous étions àune
lieue deLongwy
, mais àune
lieue aussi d’Arlon ,chemin
des Pays-Bas; et notro destinée n’étoitpas encore cbnnuc.Le
Capitaine étoitabsent : ilfalîoit ouvrirun
paquet qui lui étoit adressé, et qui contenoit le certificat qui devoit nousêtre délivré.La
réponsedu
Capitaine est arrivéeseule- ment. àdeux
heures. Je suis parti avec les Ulhans , qui m’ontaccompagné
absolument jusqua la ligne de démarca- tion ; eten
cet endroit , voici la déclaration qui m’a été remise.Par
ordrede
L.A
. R. , lesGouverneurs-Généraux
et Capitaines des Pays-Ras. Il est déclaréaux
sieursDu-
veyrieret
Rouchard qu
ils ontété traitéspar
arrêta Lu- xembourg
: i°.
parce
cjuilsn
avoientpas
de passe-port;(il est vraique mon
passe-port ne faisoit pasmention
demon
compagnon
de voyage), 2°. en raison dit- traitement (j^ue( >4 >
:des Officiers
de
nos Troupes, quoiquemunis de
passe-port,
«.voientéprouvé
dans
les Ailles frontièresde France,
etnotaimnent dans
lesforteresses.Je n’ai pas mis
un
quart d’heure à atteindreLongwv
; et lamanière dontj’aiétéreçum’aconsoléde toutesmes
inquié- tudes.Je rentre , Messieurs : je rapporte le
même
zèlepour
la chose publique, etla plus profondereconnoissance
pour
lesbontésdel’Assemblée Nationale.
Réponse de AT.
lePrésident.
Monsieur,
Votre
retour calme les inquiétudes de l’AssembléeNatio- nale sur votre sort.Vous ne
les avez pas ignorées. Ellesontdû
vous convaincre de l’intérêt que vous lui inspiriez.Le
zèle et le courage avec lesquels vous avez rempli votre mission, vous assurent de