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Comment le diable est entré dans une école bretonne

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Revue Médicale Suisse

www.revmed.ch

19 décembre 2012

actualité, info

point de vue

C’est une histoire qui se passe en Bretagne, pays des Celtes et du granit.1 On peut la faire commen­

cer en octobre 2010, quand les jours commencent à décliner sur la lande. A Rennes tout d’abord, capitale de la province, puis bien­

tôt à Paris, les «autorités de santé»

sont saisies pour faire la lumière.

Il faut «apporter une réponse aux difficultés sanitaires affectant les enseignants d’une école de Bre­

tagne». L’histoire ne dit pas si l’école est libre ni si les prêtres catho liques, ou les druides anti­

ques, furent saisis du dossier.

Toujours est­il que l’on s’activa dans les espaces laïcs, républi­

cains et épidémiologiques. Si l’on avait eu l’humeur à plaisanter, on aurait vite dit que l’affaire ne manquait ni de sel ni d’air. Mais on ne plaisante guère en Bretagne.

Ou du moins pas selon les codes en vigueur dans l’Hexagone.

Bien vite les limiers psychosociaux mirent en évidence «la conjonction de plusieurs événements graves»

dans l’établissement scolaire. Des événements qui avaient «généré une forte anxiété». Des événe­

ments qui «s’ajoutaient à des dif­

ficultés de communication entre la direction et les personnels».

Des difficultés qui furent perçues par les plaignants comme une non­prise en compte de leurs doléan ces. Tout ceci est joliment tourné dans le rapport officiel :

«cette situation avait convaincu les personnels que la fréquenta­

tion des locaux faisait courir un risque pour leur santé». Et mieux encore : «l’enquête épidémiolo­

gique a conclu à l’absence de dan­

ger, l’essentiel des symptômes s’expliquant par le confinement».

Avec une éclairante morale : «la résolution de la crise est passée par une intervention technique sur le bâtiment et par l’améliora­

tion de la communication».

Le confinement, tout est toujours là. Et c’est alors que la parole est libératrice. Rien de neuf sous la lune, dira­t­on. Sans doute. Nous voyons déjà les propriétaires des divans et les gardiens des confes­

sionnaux sourirent dans leur barbe ou leur chasuble. Mais la puis­

sance publique est là qui peut

aujour d’hui mettre tout en œuvre pour faire parler la raison raison­

nante.

Investigation épidémiologique

Il y a d’abord eu une enquête transversale, réalisée en novem­

bre et décembre 2010 auprès de l’ensemble du personnel de l’école. Objectif : «décrire les cas et identifier d’éventuelles situations environnementales à risque».

Avec définition de ce que serait un cas : «toute personne travail­

lant à l’école entre le 1er janvier 2008 et le 30 septembre 2010, enco re en poste à la rentrée 2010­

2011 et présentant au moins l’un des symptômes suivants : fatigue, mal de tête, rhinite, sinusite, toux ou douleurs oculaires.» A noter : les élèves ont été exclus de la défi­

nition de cas, car seules quelques très rares plaintes parmi les 500 élèves avaient été relayées par les parents (irritation des voies aérien nes supérieures, sensation de soif).

Investigations clinique et psychosociale

Un médecin spécifiquement iden tifié a rencontré les personnels volon­

taires entre novembre 2010 et févr ier 2011. Puis des entretiens réalisés par une psychosociolo­

gue. Objectif : «explorer les dimen­

sions psychologique, sociale, culturelle et institutionnelle de la situation de crise». Ces entretiens, individuels, ont eu lieu dans un bureau vacant de la direction, sur le temps scolaire. Synthèse du contenu des entretiens indivi­

duels présentée pour validation collégiale, au cours d’un entretien de groupe, organisé après le temps scolaire sur le temps per­

sonnel des salariés. Objectif de cet entretien de restitution : «traduire un discours collectif auprès de la cellule de coordination présentant au mieux le vécu de la situation, tout en effaçant les particularités individuelles, susceptibles d’ex­

poser les personnes, notamment les enseignants».

Investigations environnementales

Les résultats des premières études environnementales préexistantes à la saisine du mois d’octobre 2010 étaient remis en cause par le personnel de l’école. Trois cam­

pagnes successives furent donc alors réalisées. Recherche de for­

maldéhydes, de benzène, toluè ne, xylène (BTX), de composés orga­

niques volatils (COV) et mesure des paramètres d’ambiance, hygro métrie relative, tempéra­

ture, dioxyde de carbone (CO2).

Installation d’une ventilation méca nique contrôlée (VMC) sur l’ensemble du bâtiment.

Résultats

Fin novembre 2010. Sur vingt et une personnes, seize enseignants ou personnel de l’école ont rempli le questionnaire. Douze corres­

pondent à la définition de cas. Soit un taux d’attaque pendant l’an­

née scolaire 2009­2010 de 50% ; puis de 75% pour l’année scolaire 2010­2011. Dans plus de la moitié des cas, apparition des symp­

tômes dès l’entrée en classe et symptômes disparaissant après la sortie de l’établissement.

Pour sa part, le médecin signalait que, parmi les personnes touchées, deux présentaient une pathologie préexistante (souffrance mentale et pathologie respiratoire). L’in­

vestigation psychosociale a iden­

tifié qu’une des personnes tou­

chées avait acquis un statut de

«porte­parole» des ressentis du personnel. Vingt et une personnes auront participé aux entretiens : seize enseignants (dont un seul homme) et trois personnels (fémi­

nins).

Le bâtiment avait été réhabilité en 2007. En 2009, le rez­de­jardin avait été inondé à deux reprises, au printemps et en été – nous sommes en Bretagne. Le 27 août de la même année, une fenêtre était tombée à l’intérieur d’une classe, entraînant la condamna­

tion de toutes les fenêtres de la faça de principale à partir du 1er septembre de la même année.

L’école fermait ses yeux, en somme. La direction fut informée de l’apparition des premiers symptômes en novembre de la même année. Ils réapparurent à la rentrée de janvier 2010. Après les vacances de printemps, les ensei­

gnants exerçaient leur droit de retrai t pour que soit prise en compte leur revendication d’une investigation environnementale de leur lieu de travail.

«Le ressenti d’une absence de recon naissance des symptômes et des plaintes exprimées et d’un refus de la direction de communi­

quer les premiers résultats des études a généré de l’anxiété, et des rumeurs ont circulé quant à une menace sanitaire. Le senti­

ment d’insécurité a été accentué par la mutation, à sa demande, de la directrice et le départ précipité de son remplaçant, résument les enquêteurs. Enfin, des articles de presse étaient ressentis comme diffamants par les salariés, le manque d’implication des parents, l’absence d’une prise en charge clinique précoce dans le cadre d’une médecine du travail, un comi té d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail inactif étaient mentionnés comme fac­

teurs aggravants de la situation.»

Vient un moment où tout fait sens.

La Bretagne n’est pas une île. Dès les années 1980, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) décri­

vait une élévation du nombre de

«syndromes des bâtiments mal­

sains» dans plusieurs pays, dont les pays scandinaves et aux Etats­

Unis.2 On parle aussi de syn- dromes psychogènes : céphalées, fati gue, irritation des yeux, des narines, sécheresse de la peau, troubles de concentration chez des personnes travaillant dans

Comment le diable est entré dans une école bretonne

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Revue Médicale Suisse

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1 Syndrome breton, collectif et inexpliqué (octobre 2010-novembre 2011). Prise en charge interdisciplinaire d’un syn- drome collectif inexpliqué parmi le per- sonnel d’une école de Bretagne, octobre 2010-juin 2011. Bull Epidemiol Hebd 2012;48/11.

2 World Health Organization (Regional Of- fice for Europe). Indoor air pollutants : exposure and health effects. Euro Re- ports & Studies 78. Copenhagen : WHO Europe, 1983.

3 Les syndromes psychogènes : connais- sances acquises et études de cas (Nu- méro thématique). Bull Epidemiol Hebd 2007;15-16:121-36.

Vaud : les subsides à l’assurance-maladie perdent leur efficacité

Le mécanisme vaudois de subsides aux primes d’assurance-maladie est un outil globalement performant et l’objectif de soutenir les plus bas re- venus est atteint. Néanmoins, com me dans d’autres cantons «le système s’essouffle» en raison de la hausse continue des primes. Ce constat alarmiste ressort du dernier rapport de la Cour des comptes, qui relève par ailleurs quelques lacunes dans le dispositif d’octroi. (…)

En dépit d’un accroissement des dé- penses d’environ 50% ces six der- nières années, le mécanisme perd en efficacité. Car l’adaptation des sub- sides peine à compenser la hausse des primes, note le rapport. Un phé- nomène particulièrement marqué de- puis 2009, année qui a vu les primes vaudoises prendre l’ascenseur sans raison apparente. Résultat : la part moyenne à charge des assurés a à nouveau augmenté ces trois derniè- res années.

Pour la Cour des comptes, le pro- blème tient à l’impuissance des au- torités – Confédération et cantons – à agir sur la fixation des primes, cette mesure étant l’apanage des caisses maladie. Une situation qui l’amène au constat que «le système a atteint ses limites». «Les pouvoirs publics ne pourront pas continuer à courir derrière la hausse des pri mes», appuie sa présidente, Eliane Rey. L’or- gane de contrôle en conclut qu’«il est grand temps d’explorer d’autres pistes» pour limiter les coûts de la santé et «optimiser la performance»

des subsides. (…)

Pour pallier ce manque de lisibilité, elle suggère de définir la notion d’ayant droit «de manière objective et dura- ble», par exemple en prenant comme

indicateur le seuil de pauvreté. De même, la Cour estime que le suivi des prestations doit être amélioré.

Elle recommande à cet effet l’élabo- ration d’un «tableau de bord» à mê me

«d’évaluer systématiquement l’adé- quation des formules des subsides et de vérifier l’efficacité des mesu res».

(...)

Arnaud Crevoisier Le Courrier du 12 décembre 2012

Le CHUV lance une vaste biobanque

Consentez-vous à l’utilisation, à des fins de recherches, de vos échantil- lons, sous forme codée ? Y compris les données de votre génome ? Sou- haitez-vous être informé des résul- tats pertinents pour votre santé ? Dès le 7 janvier 2013, chaque patient hos- pitalisé au CHUV de Lausanne sera invité à répondre à ces questions et à faire don de ses prélèvements (tis- sus, sang). Avec ce matériel, le cen tre hospitalier veut créer une bioban que

«unique en Europe», selon le res- ponsable du projet, Vincent Mooser, chef du département des laboratoi- res. «La Suisse est en retard dans ce domaine», avise-t-il.

Le concept de biobanque s’applique à toute institution détenant des échan- tillons biologiques et leurs données associées, d’origine végétale, micro- bienne, animale ou humaine ; son rôle premier est de mettre à disposition de la recherche des ressources de qualité. Il existe des dizaines de bio- banques plus ou moins grandes et ciblées dans le monde. Ce genre d’entreprises a toutefois pris une nouvelle envergure avec les progrès en génomique : «Il est devenu facile de séquencer l’ADN de tout un cha- cun, dit Vincent Mooser. On va faire face à un tsunami de données, d’une grande complexité, auquel on est peu préparé.» (…)

L’équipe de Vincent Mooser a encore montré cet été dans Science que le génome humain abrite des milliers de variations sur ne serait-ce que 202 gènes.

«Pour évaluer le rôle de toutes ces variations, il faut disposer d’une infra- structure adéquate et profiter d’une puissance statistique suffisante», poursuit-il. C’est-à-dire pouvoir com- parer les génomes séquencés de très nombreux patients. Les initiateurs de la Biobanque institutionnelle de Lausanne (BIL) espèrent recueillir les échantillons de 15 000 individus par an. «Notre projet a vraiment été

"pensé génome". Une caractéristique distinctive», dit Christine Currat, di- rectrice opérationnelle de la BIL, qui précise que celle-ci se basera sur l’infrastructure de la Biobanque On- cologie, collection de tissus cancé- reux existant au CHUV depuis 2007 dont elle avait la charge. (…)

«Un aspect délicat des biobanques concerne les découvertes de patho- logies sur des échantillons prélevés des années plus tôt, avise Daniel Simeon-Dubach, consultant indé- pendant en biobanques : faut-il alors avertir leurs propriétaires ? Et com- ment ?» «Les patients atteints d’une maladie génétique nouvellement mise au jour ont le droit de ne pas vouloir le savoir, surtout s’il n’y a pas de trai- tement», abonde Martin Götz, de la Division biomédecine de l’Office fé- déral de la santé publique. (…) Vincent Mooser et son équipe sont conscients du problème : «C’est un cas typique de gouvernance adap- tative : les avancées technologiques vont plus vite que les connaissances et l’éthique. Nous évaluerons avec des éthiciens le type de mutations au sujet desquelles nous avertirons les porteurs, s’ils le souhaitent.» (…)

Olivier Dessibourg Le Temps du 13 décembre 2012 des milieux confinés.3 Et un inva­

riant : un facteur déclenchant anxio gène (en Bretagne ce fut donc la chute d’une fenêtre) suivi de l’apparition d’un inconfort respi ratoire et d’un cortège symp­

tomatique. Une dynamique épi­

démique de propagation à partir d’un cas index, porteur des plain­

tes ultérieures. Des symptômes généraux aspécifiques, bénins et variés. Une population essentiel­

lement féminine. Des investiga­

tions environnementales en défi­

nitive négatives, menées dans un contexte social conflictuel. Les mânes d’Urbain Grandier (vers 1590­1634) et de ses possédées de Loudun ?

En Bretagne, il fallut donc, une fois la fenêtre tombée, ventiler et communiquer dans l’interdisci­

plinarité pour pouvoir s’en sortir.

Morale : avant de nicher dans les détails, le diable entre dans les écoles bretonnes par les fenêtres.

Pour s’en guérir, les hommes et les femmes doivent désormais user de leurs moulins à paroles.

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

A propos de …

A l’occasion du départ des Drs Max Burri, Philippe Erard et Reza Kehtari

Jeudi 10 janvier 2013 de 8 h 30 à 11 h 40

Neuchâtel, Hôpital neuchâtelois- Pourtalès, Grand auditoire 8 h 30 Introduction, R. Malinverni 8 h 40 Et la formation continue…

H. Zender

8 h 50 Cardiologie intervention- nelle : perspectives et avenir, B. Meier

9 h 20 Médecine de premier recours et médecine d’urgence :

mariage d’amour ou de raison ? J.-P. Deslarzes

10 h 10 Nutrition et infection, C. Pichard

10 h 40 Contrôle des bactéries multirésistantes : quel pont entre l’hôpital et la communauté ? G. Zanetti

11 h 10 Présentation de cas, M. Burri, P. Erard et R. Kehtari Renseignements :

R. Kehtari

Hôpital neuchâtelois-Pourtalès Département de médecine 2000 Neuchâtel

Tél. 032 713 36 00 Fax 032 713 58 35 reza.kehtari@ne.ch

5th challenges in viral hepatitis

Jeudi 10 janvier 2013 de 14 h 00 à 18 h 00

Lausanne, CHUV, Auditoire Alexandre Yersin

14 h 00 Welcome and introduction, D. Moradpour

14 h 10 Hepatitis B : a global perspective, F. Negro

14 h 50 Interactive clinical case presentation, S. Buyse

15 h 10 The hepatitis B virus life cycle : achievements and challenges, S. Urban

16 h 20 Management of chronic

hepatitis B : status and challenges beyond treatment guidelines, T. Berg

17 h 00 Interactive clinical case presentation, C. Nichita 17 h 20 Closing remarks, D. Moradpour

Renseignements : M. Binggeli

Service de gastro-entérologie et d’hépatologie

CHUV-PMU 1011 Lausanne Fax 021 314 83 60 malika.binggeli@chuv.ch agenda

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