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LETTRE % CITOYEN GARAT. PARIS, PAR PIERRE GRANIÉ. M a r e t, cour desfontaines, EX-MINISTRE DE LA JUSTICE. AN Ve. A U

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Texte intégral

(1)

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LETTRE

..

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““»

f

A U

CITOYEN GARAT.

EX-MINISTRE DE LA JUSTICE.

Jam satisterris nirisatquediraô grandinis

PAR PIERRE GRANIÉ.

Prix douze sous.

A PARIS,

!

M

a

r

e t,courdes

F

ontaines, Palais Égalité.

Desenne,

sous les arcades, n°. 1. Palais Égalité.

On trouve

, chez les mêmesLibraires

> l’Histoire del’Assem- bléeConstituante de France, parl’auteur de cette Lettre, 1 vol. iu«8°.

AN

Ve.

3HENEWBERKY

(2)
(3)

LETTRE

A U

CITOYEN GARAT.

EX-MINISTRE DE LA JUSTICE.

J’

a

i lu, citoyen,dansle

numéro du m

Germinal

,

du

journal, intitulé la Clef

du

Cabinet des Souve- rains,

un

articlesignédeyous, et relatifà

un

écrit

du

représentant

Gamon,

adressé àsesconcitoyens.

Permettez-

moi

de m’entretenir

un moment

avec vous, sur quelques phrases dont les unes m’ont étonné, et dontle sens des autres à échappé sans douteàmafoibleconception.Votreréponse,sivous daignez

m’en

faire

une

, fera cesser

mon

étonne-

ment,

etouvrira

mon

intelligence. Si je trouve en vous

un

précepteur indulgent, je vous promets

un

disciple docile.

Une

lettre qui débute par

un compliment

, en

est

mieux

accueillie, et celui que je vous fais est

bien sincère. Je vois que nous

sommes

d'accord sur

un

personnage principal clés premiers jours de la révolution , sur

M.

Necker. Ses opinions,

que

si long-tems vous avez admirées, et que

(4)

( 4 )

vous avez louéesdansvosécrits etdansvos paroles de touteslesfacultésde votre esprit, ses opinions nesont plus lesvôtres) aussijelis cesparoles dans

le

compte

que vous rendez del’ouvrage

du

répré- sentant

Gamon.

€c Cestrois

ou

quatre lignesexpliquent

mieux

ce

33 terrible

phénomène

historique etpolitique

, que

» les prétendues histoires écritespar des

hommes

qui vivoient à cent cinquante lieuesde la Con-

»> vention, quise croyoientdans la solitudeparce

33 qu’ils étoientsurles bords des lacs, et en pré-

» sence des Alpes, et qui peuploient ces lieux

» augustesfaitspourlasolitude,laliberté etlana-

»

ture, desfollesopinions,etdesillusionsorgueil- leuseo des vieilles

monai

ehies

Voici ce quejedis dansl’Introductionde l’His- toire de l’Assemblée Constituante deFrance queje viens depublier, (pag. 4*

)“M.

Turgotvouloitpar des

moyens

facileset

doux

,détruirelesgabelles

,

a> lescorvéeset les droitsféodaux.Lestemples dela

3> Justice retentirentde discourscaptieux,d’après

lesquels ilfut arrêté quel’étatne pouvoitsubsis-

» ter sanslescorvées, lesdroitsféodeaux etlesga-

»

bellesj etquesansces institutions,lamonarchie

» crouleroit par ses fondemens.

La

perte de ce

>3 ministre vertueux fut résolue. Ilfut écarté par

33 les intrigues d’un banquier de

Genève

, égalé-

es

ment

étrangerànos

mœurs

, à nos coutumes et

» à nosloix

$ promulgateur infatigable de phrases

(5)

( 5 )

» laborieuses remplies de l’orgueil domestique le

35 pins rebutant, etc.

»

Lisez la suite, et vous y verrez ce que

chacun

sait

, que ce ministre à tout perdu par sa vanité, et par ses emprunts désor- donnés.

Vous

voyez que sur cetécrivain ministre ,

nous

pensonsdela

même

manière dansle tems présent

,

si nous avons été divisés d’opinion dans le tems

passé.J’enaitoujoursparlé dansles

mêmes

termes; votre

ami

Condorcet vous àdit les

mêmes

choses mille fois, et ce n’est qu’à cette heure que vous

comprenez

qu’il avoit raison. Les lignes que vous avezécrites à sa louange, ne signifient

donc

rien aujourd’hui;maiselles subsistent

comme

la remar- que de

M.

Dacier.

Jairelu trois foislaphrasequejevaistranscrire

;

j’en croyois àpeine

mes yeux,

et je suis encore à revenir de

mon

étonnement. «

Ce

n’est quedepuis

3> cent ans à-peu-près

, que les traits auxquels

on

35 peutinfailliblementreconnoîtrelavérité, ontété

»

dessinés : que son signalement aété

donné

parla

» philosophie à l’esprithumain. »

Voilà

d un

traitde

plume

legenre-humain plongé

-

dans

d

épaisses ténèbres depuis le jour de sa créa- tion ;et vous fixezprécisément l’époque

ou

leflam- beau dela vérité à

commencé

àluirepourles mal- heureuxmortels. Cette assertionestsiextraordinaire et si

neuve

, qu’il doit vous paroître tout naturel

(6)

( 6 )

qu’on vousprie deluidonner

un

plusgrand déve- loppement, Cesparolessipositivesetsisimples,

ne

suffisentpas

comme

celles

du

maître$ votre école n’estpasassez généralemeiltreconnue encore, etil

faut des preuves àdes esprits superbesetprévenus.

D’un mot

vous changez en

mensonge

et en folie cette sagesse si vantée des antiques Clialdéens ; lasuperbe Babilone, la magnifique Palmire n’ont été peuplées que d’insensés, de lâches esclavesqui n’ont jamais eu la moindre idée de la dignité de

l’homme

etde ses droits.

Ces temshéroïques delà Grèce célébrésparHo-

mère

etdanslesquelslerapprochementdes

hommes

étoit si touchant 3

ou on

voyoitlafille d’Alcinous avecses

compagnes

réglerelle-mêmetouslesdétails

domestiques de son palais$

ou

les rois toujours confondus avecleurs sujets en étoient les pasteurs et les pères;

ou

tous les étrangers étoient admis à leurs tablesfrugales, et faisoientavec euxdesliba- tions

aux

immortels : cestems d’innocence etd’é- galité

, j'auroiscru qu’ils eussent été arrachés par vous à cette proscription générale, à cette dégra- dation universelle dé tous les êtresvivans. Je suis surprisque vousayezoubliéce quidoitvouscauser

une

joiesi pure, que dans ces temsThersite inju*

rioit tout à son aise et en pleineliberté , le sage UIisse etlefilsd’Atrée, leroi desrois,lepuissant

Agamémnon.

V

ous n’avez égard ni

aux

sages loix de Sparte

,

(7)

( 7 )

niaux vertus deces habitans. Par tous, nousap- prenons qu’il n’y a eu qu’erreur et aveuglement dans l’urbanité d’Athènes , dans la sagesse de Socrate,etdansl’éloquente politiquede l’orateur de ses

beaux

jours.

Avant

ce tems, les vainqueurs de Salamine et de

Marathon

, ces destructeurs de toute la puissance Asiatique n’avoient combattu qu'avecleurschaînes,jamaisle glaivedela liberté n’avoit brillé dans leurs mains. Ces personnages illustres, les trois cens

Lacémodiens

des

Thermo-

piles sont

mort

dégradés:

Les

traitsdela vérité

n

fétoient

pas

encore dessinés, son signalement navoit

pas

été

donnépar

laphilosophie

à V

esprit

humain

.

Y

ous n’êtespas

du nombre de

ces gens delettres

quineconnoissent d’Aristote

que

son

nom,

quine

l’ont

même

pas ludans les versions latines, st qui depuislatraductionnouvelle poussent des crisd’é-

tonnement

etd’admiration. Ilssontstupéfaitsqu’en contradiction des

modernes

pensées des philoso- phes

du

dix-huitièmesiècle

,

on

ait

pu

prévoirdans

un

âge sireculé, les agitations et les fureurs d’un peuple qu’enhainedesrois

ou

investit de la toute puissance,et qu’on

arme

d’un poignard dontil se déchirebientôtlui-même.

Ce

puissant génieauroit

pu

laisserquelques doutesdansl’espritd’un

homme

tel que vous, sisaqualitéde précepteur d’Alexan- drene vous eutpasrévolté, etvouseut permis d’en faire

une

étude plus profonde.

Vous

y auriezvules

A

(8)

( 8 )

combinaisonsdiverses

du

Contratsocial pesées àîa balance de l’expérience , et d’une connoissance approfondie des affaires et des

hommes

,

commis-

sance sans laquelle

on

erre confusément

au

gréde

ses vagues pensées, engendrées parles

événement du

jour, et parla folie

du moment.

Laissons ce

vilesclave, dontl’existencen’apasété placéedans

un moment

de régénération, et passons

aux Ro-

mains , qui ont vaincu le

monde

, et quilui ont

donné

des loix.

En

n’allumantle flambeau,delavéritéqu’àl’épo*

que que vousfixez, vous conviendrez peut-être qu’il en a éclaté quelques étincelles pendant la

duréedeceslongssiècles de puissanceetde gloire, qui ont fait , et qui font encore l’admiration de l’Univers. Je ne vois rien dans votre écritqui an-

nonce

enfaveurde ce peuple la plus légèreexcep- tion : ainsi jene vous parlerai point dela retraite surle

Mont

sacré5de cepacteentrelepetit

nombre

qui abuse, et la multitude quidétruit5 de ces tri-

buns qui ne doivent pas agir, mais qui peuvent

empêcher

; de ce Scipion

, de cet Opimins

, qui

délivrèrent leur pays des Gracques

, quiprenoient

le génie de ladestruction pour celuidela liberté;

de ces belles annéesqui laissèrent respirerlegenre

humain

sous les loix tutélaires de Trajan, de ces joursde vraieliberté

, pendantlesquelsTaciteécri- voitl’histoiredecestyransaussi absurdes, etaussi féroces que ceux que nos divisions ont fait naître

(9)

( 9 )

<au milieu de nous. Laissons tous ces

évènemens

,

et

abandonnons

tousces

hommes

àl’esclavage età l’aveuglement auxquels vousles condamnez.

Vous

devezêtreconvaincu, citoyen, qu’envous écrivantjen’ai d’autre but que de m’instruire

, et

d’apprendre positivement de vous, sansvaines pa- roles et sans confusion , quels sont les écrivains célèbres,lesphilosophesillustres

,qui, depuis cent ans

ou

environ,ontalluméleflambeaudela vérité^

Je compte assez survotrepolitesse

, pour êtreper-

suadé que vous voudrezbien

me marquer

lesécrits, lespassages

même

des philosophes, dessinant les traits, et

donnant

le signalement

de

la vérité.

Vous

m’apprendrez surquel autel vousavez brûlé tous les ouvrages remplis des folles opinions des siècles antérieurs; quels sont les livres qui vous ont conduit à tant de sacrifices et qui sont sans doutevrais sans contradiction

, parmi lesperson- nes qui exercent leurs pensées. Ils ne renferment point de principes opposés. Ils onttracé les plans fixes et invariables; posé les bases sûres et indes- tructiblesdel’édifice social; et averti parvous, le

genre

humain

n’a plusqu’à obéir etàseprosterner.

Votre réponse m’intéresssesans doute; mais vous voyez qu’elle intéresseen

même

temsl'universalité des

hommes,

et que sans

une

félonie politique, vousnepouvezni refuser dela faire,nilaretarder.

Vous

ne voulez plus parler

du

livre de Montes- quieu>il estaisé de le comprendre. Je sais bience

(10)

( 10

)

que vouspensiez de cetécrivainavantla convoca- tion desEtats-généraux,àl’époque

vousledéfen- dîtesdans leJournal dePariscontre Voltaire, qui Voustraitaà cesujetdebel espritdelà poste

du

soir.

Jamais,aprèsrétablissement de notre république

,

votreespritetvotreconsciencene vouspermettront delouer

un

êtrepusillanime,qui à tracé en

homme

de génie l’étonnant tableau de la constitution d’Angleterre, et qui a dit qu’on

y

voit la liberté

comme

dans

un

miroir. Les admirateursles plus modérésdes monarchieslesplus tempérées, n’ont jamais approché

du

flambeau de la vérité qu’avec des éteignoirs5 qu’on admire ailleurs le génie de

Montesquieu

5 notreterre, que vous allezéclairer

,

ne

verra plusenluiqu’un vilesclave,dont

un

con- noisseur en 'vérité auroit

briser la

plume

, et étoufferla voix.

Vous

nevoulez

évidemment

parlerque des phi- losophes,qui ont succédé

aux

grands écrivains

du

siècle deLouis

XIV, aux

écrivainsde Port-Royal,

aux

Corneillles, auxFénélons,

aux

Bossuets, etc.

qui n’ont jamais

eu

dansla têtele pluspetit grain de philosophie, ni la plus légère connoissance de la vérité.Je vois

donc

s’avancer vers leflambeau delavéritéquivouséclaire,

V

oltaire,Jean-Jacques

Rousseau, Diderot, d’Àlembert, Condorcet, Hel- vétius, le baron Dolbac , etc. agitant la

flamme

sacrée, etallumant de concert l’immortelflambeau qui, depuis cent ans seulement, éclaire le genre humain.

(11)

( 1* )

Cependant Rousseaucombattoit Helvétius,dont

lamoralelui paroissôitattristante, etpropre àdes- sécher le

cœur

humain. Voltaire se

moquoit

de Rousseau , qui assurément le lui rendoit bien.

Diderot s’égayoit

aux

dépens de Rousseau et de Voltaire, qui avoient refusé de recevoir le brevet d’Àthée que cephilosophe avoitsi généreusement

offertde leurexpédier. Chezle baron Dolbac ,

on

neparloit jamaisquecontre

Dieu

etcontrelesrois;

on y

convenoitqu’une vingtaine de bêtes féroces

s’étoientpartagéesle

monde

politique

,qui,

comme

le

monde

naturel, feroit

beaucoup mieux

de se gouverner par lui-même, ce qui est lachose

du monde

lamoins sujetteà des inconvéniens.

Je pourrois vous tracer

une

peinture très-éten- due y et très*vraie des systèmes discordans, et ab- solument contradictoires de toute la philosophie qui remplit l'époque quiestdevenueexclusivement l’objetdevotreadmiration: maisjedois

me

borner dans

une

lettre écrite à

un homme

que je serois fâché d’ennuyer. Seulementje livrecequejeviens de direàvos sagesméditations.

Dans

les ouvrages de tous les auteurs que je cite, je ne vois

aucun

système politique,

aucune

vue générale d*administration, dont Fessaipuisse

même

êtrefait surlesréunions

d’hommes

qui

com-

posent les divers Etats

, qui partagent le

monde

civilisé.

On

trouve dans leurs écrits

une

grande haine des institutions existantes , et sur-tout des

(12)

( 12 )

personnes élevées en autorité. Je les vois tous d’accord pour détruire; mais dès qu’il s’agit de rebâtir,

comme

les architectes de la tour de Babel , ils ne s’entendent plus, et chacun se retire à l’écart avec son largage et ses concep- tions.

Y

oyezparmicesphilosophes,etleursplusardens

disciples

, qui ont tenu autre chose que la plume,

etauxquels nos destinées ont été livrées dans ces périlleux

momens

qui laisseront

un

si long s6u- venir.

Voyez

leurs opiniâtres disputes, et trouvez,

si vous le pouvez , dans leurs paroles rien de

stable , rien de concordant, rien d’une utilité positive, applicable

aux

affaires et

aux

nécessi- tés des gouvernemens.

Vous

ne vouliez tous qu’une

chambre

; et les extrêmes malheurs d’un peuple si long-tems assassiné, ont

pu

seuls nous

amener

à cette bienfaisante institution qui sera éternelle

au

milieu de nous, et qui nous sauvera delaragedelamultitude qui sedéchire elle-même, et

du

pouvoir arbitraire qui sèche et flétrit tous les lieux

il répand son souffle empoisonné.

A

tous les avertissement de l’expérience et de

lasagesse, surlessociétéspopulaires, surla liberté si

imprudemment

, si précipitamment accordée

aux

noirs , vous ne répondiez qu’avec le sourire

du

mépris; tous vous jasiez.

Aussiconfusément Quefaisoientles Troyensquand la pauvre Cassandre

Ouvroitlabouche seulement. .

(13)

C 13 )

Apprenez

-moi

donc dans quels écrits, dans quels discours se trouve cette vérité, dont vous parlez avec trop d’assurance

, pour ne pas con- noître parfaitement le lieu phisique dans lequel

on

peut la rencontrer.

Ce

qu’on conçoit le

mieux

dans tout ce que vous écrivez , c’est que vous placez la vérité dans la destruction des prêtres

,

et dans celle des rois : mais ce n’est pas à

un homme

aussi instruit que vous qu’ilfaut appren- dre que , sans compter diverses contrées de la

Grèce,

Rome

avoit pourles rois

un

méprisaussi prononcé que celui dont nous nous glorifions aujourd’hui) cependant le patriciat que vous n’aimez pas plus que la royauté, vous fait

mé-

priser ce peuple que le flambeau de la vérité n’a jamais éclairé. Je ne sais , mais

comme

sûrement vous ne songiez pas à cinq Directeurs entourés d’un grand éclat,

quand on

fit accepter en 1793

l’acte constitutionel5 j’ai peine à croire queleur costumeetleurssoldatssoientde votre goût

, puis- quel’autrejourvous vouspâmiezpresque deplaisir

enracontant, dans

un

Journal

, qu’un municipal n’avoit point d’écharpe dansl’assemblée primaire

d’un canton.

Vous

conviendrez qu’il

y

a

une

très-grande différence entre Fontenelle et vous au sujet de

la vérité. 11 disoit qu’il ne savoit

ou

la trouver, mais que s’ill’avoit dans sa main, il 11e la laisse- roit pas échapper parmi les

hommes

indignes de

(14)

(

M

)

la recevoir.

Vous

nous criez que vous savez

ou

bruîe son flambeau, vous déployez vos deuxbras, nous accourons et nous ne voyons rien.

Cependant n’allez pas croire que je blâme les écrits de tous les philosophes, et que je les voue à

une

générale proscription. Voltaire a écrit trop

imprudemment

peut êtrecontre la religion de son pays5 mais ses belles pages sur la tolérance ne périront point. Il ouvre tous les temples àtous les

hommes

qui

y

brûleront de l’encens à leur

ma-

nière au

même

dieu. Il n’a cessé d’écrire contre la corvée, la gabelle et la féodalité. Il a désiré,

non

la destruction des

monarques

qui doivent être les pères

communs

, mais celle des abus qui

degradoient les vieilles monarchies, dont avec raison vous supposez l’amour à

M. Necker

, votre ancien ami.

On

a étrangement abusé de ce que Rousseau a écritsur la politique, et il seroittrop long de dé- velopper cette vérité : mais ses livrespurs

comme

son

ame

, serontreçus et bénis de toutes les géné- rations. Quel autre

mieux

que lui a remplivotre

cœur

des brûlantes délices de l’amour qui crée

,

et des délices peut-être plus pénétrantes encore de l’amour qui conserve. Lespères et les

amans

,

les mères et les amantes, formeront

un

concert de louanges quise prolongera danstousles siècles à venir.

(15)

1 )

Je trouve donc que les philosophes qui s’exer- cent sur la politique et la morale méritent bien de l’humanité, et peuvent être d’un grand se- cours à ceux que la fortune

condamne

à gouver- ner les

hommes. Vous

allez

me

dire que je suis en contradiction avec

moi-même;

écoutez.

Dans un gouvernement

établi, et reconnu sans contra- diction, l’application des

maximes

sages de la

philosophie se fait sans danger

, parce qu’elle se fait par la toute puissance des loix , sans

empêchement

et sans résistance : mais lorsque chez

une

grande nation corrompue,

on

jette

au

milieu d’elle les principes théoriques de l’éga- lité; que ceux dont les mains inhabiles tiennent par hazard les rênes

du gouvernement

, veulent mettre en pratique les

maximes

des philosophes qu’ils ne

comprennent

pas , et qu’ils expliquent tout de travers. Alors

malheur

à ce peuple infor- tuné. Il croira à l’égalité phisique des biens, et la misère et la famine le dévoreront. Les insensés qui s’agiteront pour le gouverner, seront eux- liiêmes les tristes victimes de leurs vanités et de

leurs erreurs.

La

discorde s’établira au milieu d’eux. Ils deviendront le scandale

du monde

et le fléau de leur pays.

Chaque

jour verra détruire l’ouvrage

du

jour qui l’a précédé. Ils se croiront de grands

hommes,

parce qu’ils auront retenu quelques phrases contre

Dieu

et contre les rois.

La

Yoix de quelques tyrans féroces sera seule

(16)

( 16 )

écoutée, la hache des bourreaux ne se reposera plus, et

Marat

sera placé au Panthéon,

Grâce au génie tutélaire de notre patrie

, nous

avons échappé audespotisme naturellement appelé par ces sublimes combinaisons.

Nous sommes

ré-

gis par

une

constitution libre. Soyons fidelles à ses loix, et attendons

du

tems et des formes cons- titutionnelles les remèdes que l’expérience pourra indiquer.Cherchons maintenant dansleslivresdes philosophes, les

maximes

d’humanité etde politi-

que, qui pourront se concilier avec nos loix.

Laissons les théories et les vains systèmes.

Que

notreconstitution soitsûre sur ses bases,

comme

Marc-Aurèle l’étoit sur le trône

, que méritoit ses vertus, et qu’elle fasse

aux

Français le bien que cetempereurlitaux Romains.

Vous

devez

me

comprendre maintenant : je né vois de remèdes utilement appliqués que ceux qui

le sont par le gouvernement établi.

Autrement

ceux qui n’ont que la puissance de l’opinion

du

moment

courent risque de perdre leur pays, et se perdent à

coup

sûr eux-mêmes.

En

effet, relisez, si vous en avez le courage, tout ce qui aété écrit sur la politique pendant nos sept années d’agita- tions$ et vous ne trouverez qu’un

amas

indigeste de contradictions, de vains raisonnemens, de phrases dictées par la force des circonstances, et par l’évènement

du

jour.

Vous même,

voudriez

(17)

( *7 )

Oublie!* ce que vous avez écrit dans le teins

ou

vousfaisiez l’éloge journalierde l’Assemblee Cons- tituante, qui alors bâtissoit

une

monarchie, dont

la principale base étoit 1hérédité

d un

trône et

soninviolabilité.

Lesrévolutions netiennent qu’à Pimpérîcie des gouvernans, et

aux

abus devenus insupportables qui oppriment les gouvernés5 et soyez bien con- vaincu que le

mouvement

en France n’auroitpas

eu

cette violence

, qui apermis detout oser$ sans les usurpations des parlernens, la corvée, les ga- belles, et les droits féodaux qui dégradoient la terre et les mains utiles qui la cultivoient.

A

l’é-

poque

de la convocation des Etats-généraux,

on ne

vouloit que la réforme des abus, et ceux qui disent avoirsongé alors àlaRépublique, mentent à leur conscience et à leurs concitoyens. Leurs

écrits peuvent se retrouver, et leurs paroles ne sont point effacées

du

souvenir de ceux qui les ont entendus. N’allez pas conclure de ce

que

je dis ici que

mon

pays et son

gouvernement

ne sont pas chers à

mon

cœur. N’allez pas vous faire citoyen

Romain,

et

du

milieu de la place de

Rome me

reléguer dans la

Cappadoce ou

dans le

Pont.

Ah

! nul ne prend

un

intérêt plus grand

aux

triomphes de

ma

patrie et à sa prospérité.

Nul

ne fait des

vœux

plus sincères

pour

sa puis- sance et pour la destruction de ses ennemis.

Vous

ne

me

donnerez pas sans doute de ces épithètes

(18)

( i8 )

uséesqu'onprodigue

aux

gens d’une opinion dif- férente, lorsqu’on n’a pas de raisons valables à leur présenter.

Vous

laisserez ce soin à je nesais

quel auteur d’un article de la

Décade

Philosoplii.

que, qui a en prose, le génie de

M.

Desmasures en vers; qui, sansse

nommer,

insulte

un homme

qui lai est inconnu, dont l’ame est plus élevée que la sienne

, et lui prête sa propre bassesse et sa lâcheté (1).

Voici vosparoles : <cLorsque le citoyen

Gamon

»

ditquela minorité féroce de laConventionprit

» le

masque

dela liberté

, il peut faire entendre

3* que ces

hommes

affreux combattoient,

comme

»

il fut dit dans le tems, sous ce

masque pour

35 ^aristocratie et les rois.

Ce

qu’il

y a de subtil

^ dans cette fiction dérobe

mal

ce qu’il

y

a d’ab-

surde. a*

Il n’y a dans ce que dit le citoyen

Gamon

à ce sujet, ni subtilité, ni absurdité, ni mensonge.

Quoi

! vouscroyez, par exemple, que

Marat

étoit

républicain! il haïssoit les personnes qui avoient

composé

l’ancienne monarchie, et il vouloit les détruire , voilà tout. Il n’aimoit pas davantage

les

hommes nouveaux

qui vouloient asservir le tione

, prendre autour de lui le rang des antiques

(1)Voyez la Decade du 20 Germinal

, l’article ou l’on rend compte d’un ouvrage

, ayant pour titre

,

De

la Situa- tion intérieurde laRépublique

, par Charles Théremin.

(19)

C *9 )

. ,

Monmorency

, et disposer de sa puissance et de

ses- trésors. Il disoit qu’il n’avoit pas cesse

d

obéir à

une

famille assise depuis dixsiècles sur

le troue de ses aïeux, pour être l’esclave de quelques fa- quinsvenus desbords de la Gironde. Ilconvenoit avec ses amis quela confusiond’alors ne pouvoit

cesser que par la dictature et le suprêmepouvoir.

Oui

doute aujourd’hui des projets de Robes- pierre, qui, en frappant de

mort

sans discerne-

ment

et sans choix les françaisdetoutes les clas-

ses, jettoit

une

épouvanteuniverselle, et se

mon-

trait

comme

l’asyle suprême et l’unique protec-

teur. Iln’a

manqué

que de courage;et Saint- ust

,

un

des

kommes

les plus étonnans de cette épo- quecélèbre,aregretté,en mourant,d’avoirdévoué sa jeunesseetson audaceà

un homme

pusillanime

,

quin’avoitpasosé frapperledernier coup.

A

propos

de Robespierre

on m’a

appris que vous prépariez

un

ouvrage surlui et sur Mirabeau.

Ce

rapproche-

ment

est assez extraordinaire :

on

ne

m’a

pasdit ceque vous faisiez de Robespierre, mais

on m

a assuré que vous faisiez de

Mirabeau un

républi-

cain.

On ne

s’y seroit pas attendu, ainsi votre ouvrage ne peut

manquer

d’être piquant et cu-

rieux, je l’attends avec impatience, et jele lirai avec fruit.

Nous

avons par miracle échappé

aux

dangers de la tyrannie; tenons

nous pour

avertis , et

ne

courent

(20)

V J les

mêmes

hazards, qui,

peut être, Sauraient pas

une

si heureuse fin.

Ne

crions plus

aux hom- mes

turbulens et

aux

factieux de tous

les pays : y a

beaucoup

de chances

inconnues dans les

estmees, et celles

de l’Europe sont loin d’être

»

accomplies.

La

liberté est debout

au

milieu de

«

a France

, et laFrance est debout au milieude

* 1Euro P

e (0- 53 Souvenons-nous qu’il faut être posé

comme

l’étoit Trajan, et

comme

l’estnotre constitution

,pourse flatterdetravailleravec cer-

tnu e a la tranquillité

commune

et au bonheurj

que

lesthéories incertaineslivrentles peuples

aux

troubles, à la famine

, à la destruction

, et ordi- nairement rivent leurs

fers au lieu de les briser.

Craignonsl’épithète

de jacobins d’Europe, si

on

ue nous

donne

plus celle de jacobins de Paris.

Respectons les souverains légitines aveclesquels nous unissons notre puissance et que nous re- connoissons clans nos traités.

Le

plaisirde m’entretenir avecvousm’entraîne

ma

lettre déjà trop longuepourrait vous fatiguer*

etje

me

hâte de vousréitérer laprière queje vous

ai faiteen

commençant.

Dites-moi,

sans obscurité et sans détour;

est la vérité dont

les traits

n

ont été dessinés

que

depuis cent ans, etdont e signalement

a

été

donné par

la philosophie

à

(i). Clefdu Cabinet,n°. du ier.Pluviôse.

(21)

?

( 21

)

V

esprit

humain

. Si vous rne citez

un

écrivan an- glais, ( ce que jene

peux

croire, ca: il s’attachoit

aux

rois et recevoit des charges dansleur cour;*)

un

ex-bénédictin , de

mes

amis, qui a toute l’é-

rudition que son ancienne profession

annonce,

m’a promis de vous prouver que tout ce; qu’il a écritsetrouve

non

pastotidemverhis, maistotidem sensu, dansAristote, et dans quelquesautres phi- losophes de l’antiquité.

Les personnes qui aiment le

mieux

vos écrits et votre politique, désireroient avoir

une

con- noissance plus certaine

du

véritable système que vous avez conçu.

Nous

savons bien en France

comment

vous pensez, c’est, sans nul doute ,

comme

la constitution.

Vous

avez toujours été de 1’avis

du

dernier décret, et c’est assurément

fort sage et fort prudent

quand on

a habité notre

sol. Cela nous satisfait pour votre politique in- térieure; mais comjne d’après la phrase que j’ai,

citée les destinées de l’Europe vous occupent ; nous serions charmés de connoître vos désirs et vos

moyens

de les accomplir.

Cependant

il seroit

prudent de ne vous mêler de ses grandes affai- res qu’à Paris dans des brochures et dans '*•es journaux.

Le

roi de Prusse pourroit se -^c^ier si vous prêchiez votre doctrine dans *a0S etats*

S’ilvousarrivoit

un

accident, legros

ÆS

Français, quoique républicain, en seroit ir>-diocrement ar-

mo-

(22)

*

( 22

)

narque et les nôtres sont les

mêmes

, et que nous ayonsbesoin que

du

haut de son trône, il

com- mande aux nombreux

soldats qui défendent nos

communs

intérêts.

Je suisf etc. etc.

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