G ERGONNE
Philosophie mathématique. Considérations philosophiques sur les élémens de la science de l’étendue
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 16 (1825-1826), p. 209-231
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209
PHILOSOPHIE MATHÉMATIQUE.
Considérations philosophiques
surles élémens de la science de l’étendue.
Par M. GERGONNE.
G É O M É T R I E D E
SITUATION.Tantum series
juncturaque pollet.
(floR.)LES
diverses théories dont se compose le domaine de la science de l’étenduepeuvent
êtrerangées
en deux classes très-distinctes.Il est, en
effet,
certaines de ces théoriesqui dépendent
essentiel-lement des relations
métriques qui
se trouvent exister entre lesdiverses
portions
d’étendue que l’on compare , etqui conséquem- ment
ne sauraient être établiesqu’à
l’aide desprincipes
du calcul.D’autres ,
aucontraire
sont tout-à-faitindépendantes
de ces mê-mes
relations ,
et résultentuniquement
de lasituation
que setrouvent avoir les uns par
rapport
aux autres , les êtresgéométri-
ques sur
lesquels
onraisonne ;
et, bien que très-souvent on les dé- duise desproportions
et ducalcul,
onpeut toujours,
ens’y
pre-nant d’une manière
convenable ,
les endégager complètement.
Maisil
peut quelquefois
devenir nécessaire pour cela de passer tour àtour de la
géométrie plane
à celle del’espace
et de celle-ci à lapremière
commeMonge
et lesgéomètres
de son école l’ont sisouvent
pratiqLré ,
et avec tant de succès.Il est donc raisonnablement
permis
de sedemander, d’après cela,
Tom.
XVI ,
n.°FI,
I.erjanvier I826.
28210
G É O M É T R I E
si notre manière de diviser la
géométrie
engéométrie plane
etgéo-
métrie de
l’espace
est aussi naturelle et aussi exactement conforme à l’essence des choses quevingt
siècles d’habitude ont pu nous lepersuader. Toujours du
moins demeure-t-il vraiqu’en
y renonçanton
parviendrait ,
en ne recourant , pour ainsidire , qu’à
lasimple intuïtion ,
à poesser assez avant dans lagéométrie
des commen-çans que l’étude du
calcul , présentée
dèsl’entrée,
ne rebnte quetrop
souvent, etqui peut-être s’y
livreraientplus
tard avec beau-coup moins de
répugnance, lorsque
leurintelligence
se seraitagrandie
etfortifiée,
par l’étude d’une sérieplus
ou moins pro-longée
depropriétés
del’étendue.
Mais un caractère extrèmement
frappant
de cettepartie
de lagéo-
métrie
qui
nedépend
aucunement des relationsmétriques
entre lesparties
desfigures;
c’estqu’à l’exception
dequelques
théorèmessymétriques d’eux-mêmes, tels
parexemple,
que le théorème d’Eu- ler sur lespolyèdres,
et sonanalogne
sur lespolygones,
tous lesthéorèmes y sont
doubles ;
c’est-à-dire que, dans lagéométrie plane,
àchaque
théorème il enrépond toujours
nécessairement un autrequi
s’en déduit en yéchangeant simplement
entre eux lesdeux mois
points
etdroites ;
tandis que , dans lagéométrie
del’espace,
ce sont les motspoints
etplans qu’il
fautéchanger
en-tre eux pour passer d’un
théoréme à
son corrélatif.Parmi un
grand
nombred’exemples
que nouspourrions puiser,
dans le
présent recueil,
de cette sorte de duailté des théorèmesqui
constituent la
géométrie
desituation,
nous nous bornerons à in-diquer ,
comme lesplus remarquables,
les deuxélégans
théorèmesde M.
Corielis,
démontrés d’abord à la page 326 du XI.evolume, puis
à la page69
duXII.e,
et l’article que nous avons nons-même
publié à
la pageI57
duprécédent volume,
sur les loisgénérales qui régissent
lespolyèdres. C’est, au surplus,
une suiteinévitable des
propriétés
despôles, polaires, plans polaires
et po-laires conjuguées
desligues
et surfaces du secondordre, qui jouent
ici ua rôle assez
analogue
à celui qnejoue
letriangle supplémen-
tair e ,
dans latrigonométrie sphérique où ,
comme il a étémontré,
dans tout le cours de l’intéressant mémoire de M. Sorlin(
tom.XV ,
pag.273),
les théorèmes peuventégalement
êtrerépartis
enen deux séries
parallèles ,
de manière à secorrespondre
deux àdeux ,
avec la
plus grande
exactitude. ’Toutefois , quelque digne
de remarque quepuisse
être un faitgéométrique
de cetteimportance,
etquelque
ressourcequ’il puisse offrir,
dans ungrand
nombre de cas , pour fairedeviner
enquel-
que sorte , de nouveaux
théorèmes ,
àpeine
a-t-il été entrevu, même par lesgéomètres qui ,
dans ces dernierstemps,
se sont leplus spécialement occupés
de la recherche despropriétés
del’étendue ;
tant est peu
philosophique
encore , même de nosjours ,
la manièred’étudier les
sciences,
Voilà ce
qui
nous détermine à faire de cette sorte degéométrie
en
parties doubles,
s’il estpermis
des’exprimer ainsi,
lesujet
d’unécrit
spécial
danslequel après
avoir rendu manifeste le faitphi- losophique
dont ils’agit,
dansl’exposé
même despremières
no-tions,
nous nous en appuyerons, soit pour démontrerquelque
théo-rèmes nouveaux , soit pour donner de
quelques
théorèmesdéjà
con-nus des démonstrations
nouvelles , qui
les rendent à l’avenir toutà fait
indépendans
des relationsmétriques desquelles
on a étéjusqu’ici
dans
l’usage
de les déduire.Nous
pourrions
fort bien nous borner à démontrer seulement unemoitié de nos
théorèmes ,
et à en déduire l’antremoitié , à
l’aidede la théorie des
pôles.
Mais nouspréférons
les démontrer direc-tement les uns et les autres, tant pour ne pas sortir des
premiers
élémens et rendre ce
qu’on
va livre accessible à ceux là-mêmequi
ne connaissent pas les
Élémens d’Euclide,
que pour avoir l’occa- sion de faire remarquerqu’il
existe entre les démonstrations de deux théorèmes d’une mêmecouple
la mêmecorrespondance qu’entre
leurs énoncés. Nous aurons même
soin ,
afin de rendre cette cor-respondance plus apparente ,
deprésenter
les théorèmesanalogues
dans deux
colonnes,
enregard
l’une del’autre ,
comme nous en2I2
GEOMETRIE.
avons
déjà usé,
dans l’article sur lespolyèdres rappelé plus haut ;
de telle sorte que les démonstrations
puissent
se servirréciproque-
ment de contrôle.
Nous croyons
superflu d’accompagner
ce mémoire defigures,
souvent
plus
embarrassantesqu’utiles ,
dans lagéométrie
del’espace ; figures
que nous nepourrions
d’ailleurs offrir que sous unaspect
unique
et individuel au lecteurqui
pourra , aucontraire ,
les cons-truire et
façonner
à songré,
si toutefois ilen juge
le secours né-cessaire. Il ne
s’agit ici,
eneffet,
que de déductionslogiques ,
tou-jours
faciles àsuivre , lorsque
les notations sontchoisies d’une
ma-nière convenable.
§.
I.Notions
préliminaires.
i. Deux
points,
distincts l’un del’autre,
donnés dansl’espace,
déterminent une droite
indéfinie qui, lorsque
ces deuxpoints
sontdésignés
par Aet B, peut
êtreelle-même
désignée
par AB.2. Trois
points
donnés dansl’espace
, ne se confondant pas deux à deux etn’appartenant
pas à une mêmeligne droite
déter-minent un
plan
indéfiniqui, lorsque
ces troispoints
sont res-pectivement désignés
parA, B, C , peut
être lui-mdmedésigné
par ABC.
3. Un
plan peut
aussi êtredé-
terminé dansl’espace
par une droite et par unpoint qui
nei. Deux
plans,
nonparallèles
donnés dans
l’espace,
déterminentune droite indéfinie
qui , lorsque
ces deux
plans
sontdésignés
par Aet B , peut
être elle-même dé-signée
par AB.2. Trois
plans,
nonparallèles
deux à deux dans
l’espace ,
et nepassant
pas par une mêmeligne droite,
déterminent unpoint qui, lorsque
ces troisplans
sont res-pectivement désignés
parA , B , C,
peut être lui-mêmedésigné
par ABC.
3. Un
point peut
aussi être dé-terminé
dansl’espace
par unedroite
et par unplan
dans le-DE SITUATION.
s’y
trouve pas contenu, ou en-core par deux droites
qui
con-courent en un même
point.
4.
Ce n’estqu’accidentellement
que des
points,
au nombre deplus
detrois,
dansl’espace,
dé-terminent un
plan unique,
quel’on
peut
alorsdésigner
par latotalité des lettres
qui désignent
ces différens
points.
Ce n’est aussiqu’accidentellement
que deux droi-tes, et à
plus
forte raison unplus grand nombre ,
sont dans unmême
plan.
5. Généralement
parlant ,
despoints
ennombre n ,
détermi-nent , dans
l’espace
des droi-tes au nombre de
et des
plans
au nombre deCe n’est
qu’accidentellement qu’ils
en déterminent un moindre nom-
bre.
6. Si l’on
peut
prouver deplus
de deux droites que , sans passer toutes par un mêmepoint
deux d’entre
elles ,
dequelque
qujei
elle ne se trouve passituée,
ou encore par deux droites si- tuées dans un même
plan.
4.
Ce n’estqu’accidentellement
que des
plans,
au nombre deplus
de
trois,
dansl’espace,
détermi-nent un
point unique
qne l’onpeut
alorsdésigner
par la tota-lité des lettres
qui désignent
cesdifférens
plans.
Ce n’est aussiqu’ac-
cidentellement que deux
droites,
et à
plus
forte raison unplus
grand
riombre concourent en unmême
point.
5. Crénéralement
parlant,
desplans
en nombre n,déterminent ,
dans
l’espace,
des droites au num-bre de
et des
points
au nombre deCe n’est
qu’accidentellement qu’ils
eu déterminent un moindre nom-
bre,
6. Si l’on
peut
prouver deplus
de deux droites que, sans être
toutes dans un même
plan ,
deuxd’entre
elles ,
dequelque
manière2I4
G E O M E T R I E manièreqct on
leschoisisse.,
sonttoujours
dans un mêmeplan ,
on en pourra conclure
qu’elles
sont toutes situées dans u n
plan unique.
y. Quatre droites- ses
dans nn même
plan,
détermi-nent , en
général,
sixpoints
dis-tribués trois à trois sur ces qua-
tre droites. Ces six
points
déter-minent trois nouvelles droites
qui,
à leur tour, déterminent trois
nouveaux
points.
p. Des
points,
en nombrequel-
conque, situés dans un même
plan, peuvent
être c-onsidéréscomme les sommets d’un
poly-
gone, dont les côtés sont déter- minés par ces mêmes
points, pris
consécutivement deux à
deux 3
et dans un ordre
quelconque,
du
premier
au dernier et de celui-ci au
premier.
IC. Des
droites ,
en nombrequelconque ,
Issues d’un mêmepomt
del’espace, peuvent
être considérées comme les arétes d’unangle polyèdre ,
dont lesfaces
sont déterminées par ces mêmes
droites , prises
consécutivement deux àdeux ,
et dans- un ordrequ’on
leschoisisse ,
concourenttoujours
en un mêmepoint ,
ouen pourra conclure
qu’etles
con-courent toutes en un
point
ulli-que.
7.
Quatre
droites issues d’unmême
point
del’espace,
déter-minent,
eugénéral ,
sixplans ,
passant
trois à trois par ces qua-tre droites. Ces six
plans
déter-minent trois nouvelles droites
qui
à leur tour, déterminent trois nou-
veaux
plans.
g. Des
plans,
en nombrequel-
conque , issus d’un même
point
de
l’espace , peuvent
être consi- dérés commelesfaces
d’un an-gle polyèdre dont
les arêtes sontdéterminées par ces mêmes
plans , pris consécutivement ,
deux àdeux ,
et dans un ordrequel-
conque , du
premier
au dernieret de celui-ci au
premier.
10. Des
droites,
en nombrequelconque,
situées dans un mêmeplan , peuvent
être considéréescomme les câtés d’un
polygone ,
dont les sommets sont détermi- nés par ces mêmes
droites, pri-
ses consécutivement deux à
deux ,
et dans un ordre
quelconque ,
deDE SITUATION.
,quelconque,
de lapremière
à ladernière
et de celle-ci à la pre- mière.i i. Un
polygone qui
a autant-de côtes
qu’un
autre a de som-mets est dit circenscrit à celui-
ci, lorsque ,
ces deuxpolygones
étant situés dans un même
plan,
les sommets du dernier sont res-
pectivement
situés sur les direc-tions des côtés du
premier.
I2. Un
angle polyèdre qui
aautant de faces
qu’un
autre ad’arêtes ,
est dit circonscrit à ce-lui-ci
,lorsque ,
ces deuxangles polyèdres ayant
même sommet les arêtes du dernier sont res-pectivement
dans lesplans
desfaces du
premier.
13. Un
polygone
est dit ins-erit à un
angle polyèdre qui
aautant d’arêtes que ce
polygone
a de sommeis,
lorsque
les som-mets du
polygone
sontrespecti-
vement sur les arêtes de
l’angle polyèdre.
I4.
Despoints,
en nombrequelconque,
dansl’espace,
peu-vent être considérés comme les sommets d’un
polyèdre.
Ceux deces
points qui appartiennent
àun même
plan déterminent
lesla
première a
ladernière,
et decelle-ci à la
première.
II. Un
angle polyèdre qui
aautant d’arètes
qu’un
autre a -defaces,
est dit inscrit àcelui-ci, lorsque ,
ces deuxangles polyè-
dres
ayant
même sommet lesplans
des faces du dernier con-tiennent
respectivement
les arêtesdu
premier.
I2. Un
polygone qui
a autantde
sommetsqu’un
autre ade côtés,
est dit inscrit à
celui-ci, lorsque,
ces deux
polygones
étant situésdans un même
plan,
les direc-tions des côtés du dernier con-
tiennent
respectivement
les som-mets du
premier.
13. Un
angle polyèdre
est ditcirconscrit ’ un
polygone qui
aautant de côtés que cet
angle
po-lyèdre
a defaces , lorsque
les fa-ces de
l’angle polyèdre
contien-nent
respectivement
les côtés dupolygone.
I4.
Desplans,
en nombrequel-
conque, dans
respace, peuvent
être considérés comme les
faces
d’un
polyèdre.
Ceux de cesplans qui passent
par un mêmepoint
déterminent les sommets du
polyè-
2I6 G E O M É T R I E
faces
dupolyèdre,
dont les arê-dre ,
dont les arêtes sont cellestes sont les côtés de ces mêmes de ces mêmes sommets.
faces.
I5. Un
polyèdre qui
a autant 15. Unpolyèdre qui
a autantde faces
qn’un
autre a de som- de sommetsqu’un
autre a de fa-niets, est dit circonscrit à celui- ces, est dit inscrit à
celni-ci,
lors-ci, lorsque
les sommets du der- que lesplans
des faces du der- nier sontrespectivement
dans les nier contiennentrespectivement plans
des faces dupremier,
les sommets dupremier.
Remarque.
Dans cequi précède,
nous avonsdisposé
les propo-sitions,
enregard
les unes des autres , comme elles doivent l’êtredans la
géométrie
à troisdimensions ,
et nous en userons de même dans tout cequi
va suivre. Dans lagéométrie plane ,
leur cor-respondance
serait un peu différente.Alors ,
parexemple,
la pro-position
8 de la série de droite devraitcorrespondre à
la propo- sition 7 de la série degauche.
Les
géomètres ayant remarqué
que les droites que déterminent deux sommets non consécutifs d’unpolygone
ou d’unpolyèdre ,
ainsi que les
plans
que déterminent deux arêtes non consécutivesd’un angle polyèdre, jouaient
un rôle assezimportant
engéomé-
trie,
ont cru utile de leur donner des dénominationsparticulières,
et ils les ont
appelés diagonales et plans diagonaux.
Mais lespoints
que déterminent deux côtés non consécutifs d’un
polygone ;
maisles droites que déterminent les
plans
de deux faces non consécu-tives,
soit d’unpolyèdre
soit d’unangle polyèdre,
ne sont pas d’une moindreimportance ,
etpourtant
on ne leur aassigné
aucune dé-nomination
spéciale.
On n’aurait sans doute pasmanqué
de lefaire ,
si les relations que nous nous
efforçons
ici de faiie ressortir avaient été aperçues par les créateurs de lascience ;
cequi
prouve, pour le dire enpassant ,
que ce n’est seulement quelorsqu’une
scienceest
déjà
parvenue en un assez hautdegré
de maturitéqu’on peut
espérer
d’en bien faire lalangue. Quoi qu’il
ensoit , plutôt
que de créer desdénominations nouvelles, qui pourraient fort
bien ne2I7 pas
plaire également
à tous leslecteurs,
nouspréférons
nous in-terdire ici
l’usage
des motsdiagonales
etplans diagonaux, qui manqueraient d’analogues
, et lesremplacer
constamment par lapériphrase équivalente.
Souvent à
l’avenir,
de ce que deux droites seront situées daus un mêmeplan,
il nous arrivera de conclurequ’elles
concourent en un mêmepoint ;
mais il faudra alors sous-entendre que cepoint
peut
fort bleu être infinimentéloigné.
§.
II.Théorèmes sur les
triangles,
lesquadrilatères,
lesangles
trièdreset les
angles
tétraèdres.16.
THÉORÈME.
Si deuxtriangles
sont tellement situés dansl’espace
que les droites que déterminent leurs sommets corres-pondans
concourent toutes troisau même
point ;
leur côtés cor-respondans
concourront en troispoints qui appartiendront
à unemême
ligne
droite.Démonstration. Soient
A , B,
C les trois sommets de l’un des
triangles,
etA’, B’,
C’ leurs cor-respondans respectifs
dans l’au- tre, de mannière que les droitesAA’, BB’,
CC’ concourent en un mêmepoint
P.Les deux droites
AA/, BB’,
concourant en un même
point P,
sont dans un mêmeplan,
Tom. XVI.
16.
THÉORÈME.
Si deux an-gles
trièdres sont tellement situés dansl’espace
que les droites que déterminent leursfaces
correspon- dantes soient toutes trois situées dans un mêmeplan ;
leurs arê-tes
correspondantes
détermineront troisplans qui
secouperont
sui-vant une même
ligne
droite.Démonstration.
Soient A, B,
C les trois faces de l’un des an-
gles trièdres,
etA’, B’,
C’ leurscorrespondantes respectives
dansl’autre,
de manière que les droi-tes
AA’, BB’,
CC’ soient situées dans un mêmeplan
P.Les deux droites
AA’,
BB’ étantsituées dans un même
plan P
concourent en un même
point,
29
2I8 G E O M E T R I E
qui
contiendraconséquemment
les
quatre points A , A’, B B’;
donc les droites AB et A’B’ sont
dans ce
plan,
etdoivent
parsuite,
concourir en unpoint. Ainsi,
deux côtés
correspondans quel-
conques, dans les deux
triangles y
concourent en un
point.
Soient
respectivement 03B1, 03B2,
03B3,les
points
de concours des côtéscorrespondans
BC etB’C’,
CAet
C’A’,
AB etA/B/ ,
des deuxtriangles.
Parce que cespoints
sont situés sur les directions des trois côtes du
triangle ABC
ils doivent être dans le
plan
dece
triangle ; mais
parcequ’ils
sont situés sur les directions des trois côtés du
triangle A’B’C’,
ils doivent être aussi dans le
plan
de ce dernier
triangle ;
donc lestrois
points 03B1, 03B2,
y se trouventà la fois dans deux
plans ;
doncils
appartiennent
à l’intersection de ces deuxplans , c’est-à-dire,
à une
ligne
droite.Si l’on
conçoit
que lepoint
de concours des trois droites que déterminent les sommets corres-
pondans
des deuxtriangles s’ap- proche
sans cesse duplan
de l’unoù concourront
conséquemment
lès
quatre plans A , A’, B ,
B’,donc les droites AB et A’B’ con- courent aussi en ce
point ,
et parsuite sont dans un même
plan.
Ainsi , deux
arêtescorrespondan-
tes
quelconques ,
dans les deuxangles trièdres
sont situées dansun même
plan.
Soient
respectivement 03B1, 03B2, 03B3
les
plans qui
contiennent les arêtescorrespondantes
BC etB’C’,
CAet
C’A’,
AB et A’B’ des deuxangles
trièdres. Parce quecesplans
contiennent les trois arêtes de
l’angle
trièdreABC ,
ils doiventconcourir à son sommet ;
mais ,
parce
qu’ils
contiennent lestrois
arêtes de
l’angle
trièdreA’B’C’,
ils doivent aussi concourir au som- met de ce dernier
angle trièdre ;
donc les trois
plans 03B1, 03B2,
y pas-sent à la fois par les deux mê-
mes
points ;
donc ilscontiennent
tous trois la droite
que détermi-
nent ces deux
points ; c’est-à-dire,
qu’ils
secoupent
tous trois suivant la même droite.Si l’on
conçoit
quele plan des
trois droites que déterminent les faces
correspondantes
des deuxangles
trièdress’approche
sanscesse
du
sommet de l’und’eux,
2I9
d’eux ;
leplan
de l’autre feraavec
le sien unangle
sans cessedécroissant, j usqu’à
cequ’enfin
ces deux
plans
se confondront en unseul ,
contenant lepoint
dontil
s’agit ;
et comme dans ce mou-vement les trois
points
03B1,03B2,
03B3 n’auront pas cessé
d’appartenir
à une même
ligne droite ;
il enrésulte le théorème
suivant :
17.THÉORÈME.
Si deuxtriangles,
situés dans un mêmeplan ,
sont tels que les droites que déterminent leurs sommetscorrespondans passent
toutes troispar un même
point;
lespoints
que détermineront leurs côtés cor-
respondans appartiendront
toustrois à une même droite.
18.
Donc, THÉORÈME.
Si deuxangles
trièdres de même sommet sont tels que lesplans
que déterminent leurs arêtes cor-
respondantes passent
tous trois par une mêmedroite ;
les droi-tes que détermineront leurs
fa-
ces
correspondantes
seront toutestrois dans un même
plan.
Démonstration.
Si ,
eneffet,
oncoupe les deux
angles
trièdrespar un même
plan, qui
ne passe pas par leur sommet commun, les sections seront deux.triangles,
la distance de ce sommet au som- met de l’antre ira sans cesse en
décroissant, jusqu’à
cequ’enfin
cesdeux sommets se confondront en un seul
point,
situé dans leplan
dont il
s’agit;
et comme, dansce mouvement, les trois
plans
03B1,03B2,
03B3 n’auront pas cessé de se cou-per suivant une même
droite,
ilen résulte le théorème suivant I7.
THÉORÈME.
Si deuxangles
trièdres de même sommet sont tels que les droites que dé- terminent leursfaces
correspon- dantes soient toutes trois dans unmême
plan,
lesplans
que déter- mineront leurs arêtes correspon- dantes secouperont
tous trois sui-vant une même droite.
18.
Donc, THÉORÉME.
Si deuxtriangles ,
situés dans unmême plan,
sont tels que lespoints
que déterminent leurs côtés cor-
respondans appartiennent
toustrois à une même
droite,
les droi-tes que détermineront leurs som-
mets
correspondans passeront
tou-tes
troispar
un mêmepoint.
Démonstration.
Si,
eneffet,
onconsidère ces deux
triangles
commeles
sections,
par un mêmeplan,
de deux
angles trièdres,
ayantun même sommet hors de ce
plan
220
G E O M É T R I E
dans le cas de la
proposition
ci-dessus
(I7);
d’où il résulte évi- demment que les deuxangles
trièdres doivent
jouir
de la pro-priété
annoncée.ces deux
angles
trièdres se trou-veront dans le cas de la propo- sition ci-dessus
(I7);
d’où ilrésulte évidemment que les deux
triangles
doiventjouir
de la pro-priété
annoncée.Remarques.
Lacorrespondance
entre ces divers théorèmes estici
telle quel’exige
lagéométrie
del’espace.
Dans lagéométrie plane ,
aucontraire,
le numéro ï8(
série dedroite ) répondrait
au numéro 17
(
série degauche ).
Les théorèmes
compris
sous ces deuxnuméros, susceptibles
derevêtir une multitude de formes
différentes,
etdesquels
on enpeut
déduire ungrand
nombred’autres ,
sontfondamentaux,
dansla
géométrie
de larègle.
Ilsoffrent,
enparticulier ,
les méthodesles
plus simples qu’on puisse employer
pour la résolution des deuxproblèmes suivans,
secorrespondant
l’un àl’autre ,
dans lagéo-
métrie
plane :
I. Deuxpoints
déterminant une droiteinconnue ,
qu’un
obstacleempêche
de tracer , trouver sur une droitedonnée,
EN NE FAISANT USAGE QUE DE LA
RÈGLE,
un troisièmepoint
de celle droite ? IL Un
point
inconnu devant être déterminé par deuxdroites , qu’un
obstacleempêche
deprolonger,
mener, parun
point donné,
EN NE FAISANT USAGE QUE DE LARÈGLE,
une troisième droite
qui
passe par cepoint ?
Si l’on suppose
(
I7, série de droite et18,
série degauche
que le sommet commun des deux
angles
trièdres devient le centred’LUie
sphère
de rayonquelconque y
onobtiendra s
sur lasphère,
des théorèmes
analogues
aux théorèmes 17(
série degauche)
et 18
(
série dedroite),
danslesquels
les droites se trou-veront
remplacées
par des arcs degrands
cercles. On en conclura lapossibilité
derésoudre,
sur lasphère ,
desproblèmes analogues
aux deux que nous venons
d’énoncer,
en ne faisant usage que du compasrègle, c’est-à-dire,
du compas à ouverturefixe,
servantà décrire des
grands cercles,
et danslequel conséquemment,
laDE SITUATION.
distance entre les
points
estl’hypothénuse
d’untriangle
isocèle rec-tangle,
dont les deux côtés del’angle
droit sontégaux
au rayonde la
sphère.
Parmi les nombreuses
conséquences qui
résultent des théorèmes( 17 et I8),
nous nous bornerons àsignaler
lessuivantes;
I9.
THÉORÈME.
Si deuxquadrilatères
sont inscrit et cir-conscrit l’un à
l’autre,
de tellesorte que les droites que déter- minent leurs sommets
opposés
pas-sent toutes
quatre
par un mêmepoint ;
lespoints
que détermine-ront leurs côtés
opposés
appar- tiendront tousquatre
à une mêmeligne
droite.Démonstration. Soient A et B deux sommets de l’inscrit
adja-
cens à un même
côté;
et soientA’ et B’ leurs
opposés respectifs.
Soient
désignés respectivement
para,
03B2, 03B1’, les
côtés du circonscritqui
contiennent lespoints A , B, A’, B’;
les côtés consécutifs de l’inscrit serontAB, BA’, A’B’, B’A;
et les sommets correspon-dans du circonscrit seront
03B103B2, 03B203B1’, 03B1’03B2’, 03B2’03B1.
On suppose que les deux droi-
tes AA’ et
BB’,
celle que déter- minent les deux sommets03B103B2
et03B1’03B2’,
et celle que déterminent les deux sommets03B103B2’ et 03B1’03B2,
passenttoutes
quatre
par un mèmepoint
I9.
THÉORÈME.
Si deuxangles
tétraèdres sont inscrit etcirconscrit l’un à
l’autre,
de tellesorte que les droites que déter- minent
leurs faces opposées
soienttoutes
quatre
dans un mêmeplan ;
les
plans
que détermineront leurs arêtesopposées passeront
tous qua-tre par une même droite.
Démonstration. Soient A et B deux faces du circonscrit
adjacen-
tes à une même
arête ;
et soient A’ et B’ leursopposées
respec- tives. Sointdésignées respective-
rnent par
03B1,03B2, 03B1’, 03B2’
les arêtesde l’inscrit qui
sont contenues dans lesplans A , B, A’, B’;
les arê-tes consécutives du circonscrit se- ront
AB , BA’, A’B’, B’A;
etles faces
correspondantes
de l’ins-crit seront
03B103B2, 03B203B1’, 03B1’03B2’, 03B2’03B1.
On suppose que les deux droites AA’ et
BB’,
celle que déterminent les deux faces03B103B2
et03B1’03B2’,
et celleque déterminent les deux faces
03B103B2’
et
03B1’03B2,
sont toutesquatre
dans tinmême
plan P;
Si donc l’on coin-222
G É O M É T R I E
P ;
si donc l’on compare le trian-gle
dont les trois sommets sontA
, B et03B13 à
celui dont les troissommets sont
A’,
B’ et03B1’03B2’,
onverra que , par
l’hypothèse,
lesdroites que déterminentleurs som- mets
correspondans
passent tou-tes trois par un même
point P ;
d’où l’on conclura
(I7)
que leurs côtéscorrespondans
AB et A’B’déterminent un
point
enligne
droite
avec les deuxpoints
03B103B1’et
03B203B2’.
Lacomparaison
du trian-gle
dont les sommets sontA ,
BIet
03B103B2’
à celui dont les sommets sontA’,
B et03B1’03B2
prouvera sem- blablement que lepoint déterminé
par les côtés ABI et A’B est aussi
en
ligne
droite avec les deuxmêmes
points
03B103B1’ et03B203B2’;
cequi complexe
la démonstration du théo- rème.En raisonnant comme nous
l’avons fait
(I8),
on conclura fa- cilement de là cet autre théo- rème2o.
THÈORÈME. Sideux
an-gles
tétraèdres sont inscrits et cir- conscrits l’un àl’autre ,
de tellesorte que les
plans
que déterminent leurs arêtesopposées passent
tousquatre
par une mêmedroite,
lesdroites que détermineront leurs
pare
l’angle
trièdre dont les trois faces sontA ,
B et03B103B2
à celuidont les trois faces sont
A’, B’;
et
03B1’03B2’,
on verra que, parl’hy- pothése,
les droites que détermi-nent leur faces
correspondantes
sont toutes trois dans un même
plan P,
d’où l’on conclura(I7)
que leurs arêtes
correspondantes
AB et A’B’ déterminent un
plan
coupant,
suivant une mêmeligne droite,
les deuxplans
03B103B1’ et03B203B2’.
Lacomparaison
del’angle
trièdre dont les faces sont
A ,
BI et
03B103B2’
à celui dont les facessont
AI, B
et03B1’03B2
prouvera sem- -blablement que leplan
déterminépar les arêtes AB’ et AIB coupe, suivant une même
droite,
lesdeux même
plans
03B103B1 et03B203B2’;
cequi complète
la démonstration du théorème.En raisonnant comme nous
l’avons fait
(I8),
on conclura fa- cilement de là cet autre théo- rème:20.
THÉORÈME.
Si deuxquadrilatères
sont inscrits et cir-conscrits l’un à
l’autre ,
de tcllesorte que les
points
quedétermi-
nent leurs côtés
opposés
appar- tiennent tousquatre
à une mêmedroite ;
les droites que détermi-DE SITUATION.
faces opposées appartiendront
tou-tes
quatre
à un mêmeplan.
neront leurs sommets
opposés
pas-seront toutes
quatre
par un mêmepoint.
Remarques.
Il estplus
quesuperflu
d’observerqu’en géométrie
plane
ce serait le Il.0 20( série
dedroite ) qui correspondrait
aun.° I9 (
série degauche ).
Il est facile de voir que les théorèmes
compris
sous ces deuxnuméros ont leurs
analogues
sur lasphère , lesquels
se déduirontdes
numéros19 (
série dedroite )
et 20(
série degauche),
ensupposant
que le sommet commun des deuxangles
tétraèdres de- vient le centre d’unesphère.
Ce sera ici le lieu très-naturel des deux théorèmes de M. Co- riolis
déjà cités , démontrés,
comme ils l’ontété,
tom.XII,
pag.70. Ils auront leurs
correspondans
dansl’espace, desquels
on endéduira d’analogues
sur lasphère.
.
III.Théorèmes sur
lespolyèdres.
2I.
THÉORÈME.
Si deux tétraèdres sont tellementdisposés
dans
l’espace
que les droites que- déterminent leurs sommets corres-pondans passent
toutesquatre
parun même
point ;
les droites que détermineront leursfaces
corres-pondantes
seront toutesquatre
dans un même
plan.
Démonstration. On voit d’abord
(16)
que les trois arêtes d’une même face de l’un des tétraè- dres concourront avec leurs cor-2I.
THÉORÈME.
Si deuxtètraèdres sont tellement
disposés
dans
l’espace
que les droites que déterminentleursfaces
correspon- dantes soient toutesquatre
dansun
mêmeplan ;
les droites que détermineront leurs sommets cor-respondans passeront
toutes qua-tre par un même
point.
Démonstration. On voit d’abord
(I6)
que les trois arêtes d’un même sommet de l’un des tétraè-dres ,
avec letirscorrespondantes
224 G É O M É T R I E respondantes
dans l’autre en troispoints qui appartiendront
à unemême
ligne droite,
déterminéepar les
plans
de ces deuxfaces;
donc les arêtes de l’uu et leurs
correspondantes
dans l’autre con-courront en six
points,
distribuéstrois à trois sur les
quatre
droi-tes déterminées par les
plans
desfaces
correspondantes ;
d’où il estfacile de conclure que ces qua-
tre droites
appartiendront
à unmême
plan.
22.
THÉORÈME.
Dans toutoctaèdre
hexagone
tel que les droi-tes que déterminent les sommets
opposés passent
toutes trois parun
même point;
les droites que déterminent lesfaces opposées
ap-partiennent
toutesquatre
a unmême
plan.
Démonstration. On voit d’abord
(16)
que les arêtes d’une facequelconque
de l’octaèdre et leursopposées,
dans la faceopposée
à
celle-là,
concourront en troispoints,
situés dans une mêmeligne droite,
déterminée par lesplans
de ces deuxfaces ;
doncles douze arêtes de l’octaèdre con- courront deux à deux en six
points,
distribués trois à trois sur les qua-
tre droites déterminées par les
dans l’autre détermineront trois
plans
secoupant
suivant une mêmedroite
, déterminée par les deuxsommets dont il
s’agit ;
donc lesarêtes de l’un et leurs correspon- dantes dans l’autre détermineront six
plans , passant
trois à trois par lesquatre
droites déterminées par les sommetscorrespondans ;
d’où il est facile de conclure que
ces
quatre
droites concourront en un mêmepoint.
22.
THÉORÈME.
Dans touthexaèdre
octogone tel que
les droi-tes que déterminent les
faces
op-posées
sont toutes trois dans unmême
plan ;
les droites que dé- terminent les sommetsopposés
passent
toutesquatre
par un mêmepoint.
Démonstration. On voit d’abord
(16)
que les arêtes d’un sommetquelconque
de l’hexaèdre et leursopposées ,
du sommetopposé
àcelui-là,
détermineront troisplans
se
coupant
suivant une mêmeligne droite,
déterminée par les deux sommets dont ils’agit ;
doncles douze arêtes de l’hexaèdre dé- termineront deux à deux six
plans,
se