HAL Id: halshs-01844074
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Submitted on 19 Jul 2018
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La ”Socio-Linguistic Study of Orleans” (1966-1971)
Gabriel Bergounioux
To cite this version:
Gabriel Bergounioux. La ”Socio-Linguistic Study of Orleans” (1966-1971). Sonorités - Le Bulletin de
l’AFAS, 1995, pp.2-4. �halshs-01844074�
La "Socio-Linguistic Study of Orleans" (1966-1971) Gabriel Bergounioux
La "Socio-Linguistic Study of Orleans" – ou "Enquête Socio-Linguistique à Orléans" (en abrégé ESLO) – représente, en France, la seule grande enquête linguistique centrée sur une ville. Constituée autour de 1968, elle reflète l'ambition d'un projet et l'échec de son exploitation ; elle témoigne aussi de la précarité des archivages de documents sonores. Nous rappellerons ici les circonstances de son élaboration.
1Connaître le français parlé
L'idée d'un corpus descriptif, reflétant la variété des usages du français parlé, a été proposée par une équipe d'universitaires anglais de Colchester qui souhaitaient renouveler les méthodes d'enseignement des langues en prenant en compte à la fois les transformations techniques (apparition des laboratoires de langue) et une réflexion pédagogique : étudier la langue parlée en contexte et non la langue littéraire. Prolongeant les réflexions d'une sociolinguistique naissante, ils privilégiaient la variation linguistique et ses effets de classement à l'intérieur d'une entité urbaine.
Constatant qu'il n'existait aucun corpus de ce type disponible, Jack Kay, John Ross et une dizaine de leurs collègues entreprirent d'en constituer un à Orléans, un choix géographique conditionné par des paramètres élémentaires (interaction des échanges linguistiques dans une communauté provinciale, proximité de Paris, dialectalisation peu marquée). Une pré-enquête, destinée à tester les exigences du projet, fut conduite durant l'été 68 auprès de quelques personnalités et de clients de café recrutés au hasard (les deux ensembles paraissent disjoints).
Les principes d'enquête
Instruits par ces premiers enregistrements, les initiateurs du projet donnèrent un sous-titre à leur entreprise : "portrait sonore d'une ville". Après avoir exclu de la collecte les milieux de l'immigration, les enfants et les paysans, ils composèrent un échantillon représentatif des locuteurs orléanais, en contrastant l'âge, le sexe, le milieu professionnel et le niveau d'étude.
Les personnes natives d'autres régions (Paris, Sud-Ouest, Bretagne, Pieds-Noirs d'Algérie) n'étaient pas récusées : l'enquête restituait la diversité des productions simultanément attestées en un lieu. Deux des participants, Patricia Biggs et Michel Blanc, le justifièrent :
Les témoignages ne sont pas représentatifs ; nous n'y chercherons donc pas cet individu mythique, l'Orléanais moyen.
Le changement d'échelle était d'importance : plus de porte-parole mandaté mais une collectivité qui portait un témoignage d'ensemble sur ses productions linguistiques par ses productions linguistiques. Même si l'enquête récusait a priori toute validation sociologique, les locuteurs devaient représenter un état de langue contrasté. Une réflexion en ce sens fut menée avec le Centre de Sociologie Européenne de Pierre Bourdieu et six groupes socio- professionnels furent déterminés, avec une caractérisation interne par âge et par sexe (dix-huit à trente ans, trente à cinquante ans, plus de cinquante ans).
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