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L'évolution du cursus universitaire d'histoire et la fréquentation estudiantine des centres d'archives

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Academic year: 2022

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L’évolution du cursus universitaire d’histoire et la fréquentation estudiantine des centres d’archives

Il s’agit de poser la question des effets de la réforme de l’enseignement supérieur dite réforme LMD (Licence-Master-Doctorat) sur les recherches des étudiants en master d’histoire et donc sur leur fréquentation des centres d’archives. Dans beaucoup d’universités, cette réforme s’est accompagnée d’une refonte plus ou moins importante du cursus recherche au niveau bac + 4 et bac + 5. Le passage du système maîtrise/DEA au master recherche a en effet provoqué un changement dans la nature des travaux demandés aux étudiants en histoire. Les statistiques des inscriptions dans ces formations et des salles de lecture de différents centres d’archives (Archives départementales de Maine-et-Loire et Centre des archives diplomatiques de Nantes notamment) montrent les effets de ces changement sur le nombre des étudiants en histoire fréquentant les archives. Mais il est possible d’aller plus loin et d’évoquer de nouvelles manières pour les étudiants en histoire de travailler dans les centres d’archives et les nouvelles attentes qui sont les leurs.

La réforme LMD

L’esprit de la réforme LMD a été un alignement européen des diplômes et des niveaux d’études, soit : L pour le niveau du diplôme de Licence obtenu à bac + 3 ; M pour le niveau du diplôme de Master obtenu à bac + 5 ; et D pour le niveau du Doctorat, obtenu à bac + 8 (ou plus… ce qui est très souvent le cas en sciences humaines et notamment pour le doctorat en histoire qui nécessite de longs dépouillement de sources.

Le système s’est mis en place progressivement depuis quelques années. Il est partout appliqué désormais dans les Universités d’Etat et à tous les niveaux. On parle donc de L1 à L3 pour le cursus de la première à la troisième année, de M1 et M2 pour les deux années de master. Les diplômes de DEUG (bac + 2) et de Maîtrise (bac +4) continuent à être délivrés aux étudiants qui en font la demande au cours de leur année de L2 et M1. Les DEA (Diplôme d’Etudes Approfondies) et les DESS (Diplôme d’Enseignement Supérieur Spécialisé) ont été remplacés, les premiers par des masters dits « recherche » et les seconds par des masters dits

« professionnels ». Mais cette distinction n’a déjà plus cours dans certaines Université et beaucoup d’éléments laissent penser que sa suppression se fera à court terme.

Pour les étudiants, se pose donc une question simple à exprimer mais pas à trancher : quel diplôme, pour quoi faire ? En histoire, la « disparition » de la maîtrise qui apparaissait tout à la fois comme un diplôme de fin d’études universitaires, une initiation à la production historique et une bonne situation préliminaire à la préparation aux concours (maîtrise obligatoire pour l’agrégation) a été problématique. En somme la question de l’allongement des études d’un an était posée : aller jusqu’en deuxième année de master pour obtenir un diplôme reconnu et qui deviendra une norme européenne, ou suivre seulement une année de master et décrocher la maîtrise… Mais l’année de M1 n’a plus rien à voir avec l’année de maîtrise…

Du système maîtrise/DEA au système master

Dans beaucoup d’universités, la réforme LMD s’est accompagnée d’une refonte plus ou moins importante du cursus recherche au niveau bac + 4 et bac + 5. Le passage du système

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maîtrise/DEA au master recherche a en effet provoqué une réflexion des historiens universitaires sur la nature des travaux de recherche demandés aux étudiants.

La maîtrise, c’était surtout un mémoire de recherche conçu comme une « minithèse » sur un sujet précis (120 pages). Les petites monographies d’histoire locale, les études d’un corpus bien identifié, étant particulièrement adaptées à ce genre de travail. D’où des étudiants qui fréquentaient les centres archives d’octobre à mars, très régulièrement voire quotidiennement, et qui par conséquent avait le temps de s’y retrouver dans des fonds complexes ou dont les instruments de recherche étaient approximatifs. Mais ce faisant, il était demandé aux étudiants de « faire de la recherche » avant de leur en avoir donné les clés… En effet, l’année de DEA était elle conçue comme une propédeutique à la recherche en vue du travail de doctorat : c’était mettre le charrue avant les bœufs…

Les universitaires ont profité de la réforme LMD pour remettre les choses à l’endroit.

A l’instar de systèmes d’enseignement supérieur étrangers et notamment au Canada, ils ont choisi de concevoir l’année de master 1 comme une année préparatoire à une recherche qui peut s’effectuer véritablement en M2 et même être poursuivie en thèse. Dans ces conditions, le travail demandé en M1 n’a plus rien à voir avec une maîtrise. Il ne s’agit plus de développer un sujet précis, il s’agit de faire l’état des sources et de la bibliographie (sans oublier la dimension historiographique), de poser des problématiques puis de présenter une courte étude de source ou étude de cas. La longueur de ce mémoire peut évidemment variée, comme les consignes données sur son contenu, mais toujours la qualité est privilégiée sur la quantité et la norme d’une quarantaine de pages est souvent avancée.

Certains ont émis des réserves sérieuses sur la disparition de la maîtrise traditionnelle et dans quelques universités l’ancien système a pu perdurer dans le nouveau cadre LMD, mais pas longtemps. L’organisation des deux années de master telle qu’elle est décrite ci-dessus est devenue une norme et les plus réticents s’y conforment… ou s’y conformeront bientôt.

Nouveaux lecteurs, nouvelles attentes

Les effets de cette nouvelle organisation du cursus de l’apprentissage à la recherche en histoire a bien évidemment des effets très importants sur la fréquentation des centres d’archives. On comprend d’abord facilement que les étudiants peuvent traiter de sujets très différents, bien plus larges que les monographies traditionnelles : se pencher sur la ségrégation américaine, l’identité européenne des Belges, la Roumanie de Ceausescu, etc. Les étudiants peuvent également plus facilement travailler à partir de sources orales (pour les sujets d’histoire contemporaine bien évidemment). Les centres locaux d’archives ne sont plus les seuls à être des centres de ressources pour les étudiants.

Une fois leur sujet défini avec leur directeur de recherche, afin de réaliser leur état des sources, les étudiants consultent les inventaires et autres instruments de recherche des services d’archives. Quelques jours peuvent leur suffire. En revanche, ils peuvent être amener à fréquenter plusieurs centres afin de répertorier les sources disponibles. Tout le travail qu’ils doivent réaliser en historiographie, bibliographie et problématique se fait plutôt dans les bibliothèques. Enfin, l’étude se source ou étude de cas que les étudiants doivent réaliser nécessite encore la fréquentation des centres d’archives, mais là encore pour une période courte puisque le corpus est très limité.

Ainsi, les chiffres de fréquentation des centres en nombre d’étudiants peut ne pas avoir beaucoup évoluer entre les années antérieures à la réforme et aujourd’hui, mais en nombre de journées effectives de consultation, la baisse peut être importante dans certains services. Il est en outre très délicat de faire parler les statistiques sur la fréquentation : certains documents réalisés pour ce faire ne mentionnent pas encore le terme de master.

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La réforme LMD et l’évolution du cursus des études universitaires d’histoire qui en est consécutive amène donc dans les centres d’archives un public nouveau : celui des étudiants de 1ère année de master. Généralement, ils n’arrivent pas dès la rentrée d’octobre, mais plutôt en janvier, une fois terminée un premier semestre souvent lourd en cours théoriques et méthodologiques. Ils ne « dépouillent » pas beaucoup de sources, mais réalisent un état des sources sur un sujet donné. Ils travaillent donc surtout sur les inventaires, d’où la nécessité encore plus impérieuse que par le passé d’instruments de recherches efficaces.

Yves Denéchère Professeur d’histoire contemporaine Directeur du département d’histoire Université d’Angers CERHIO UMR 6258

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