FICHE À DÉCOUPER
La Lettre d'ORL et de chirurgie cervico-faciale • N° 352 - janvier-février-mars 2018 | 33
f i c h e t e c h n i q u e
Sous la responsabilité de son auteur
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ou du plancher buccal avec dyspnée, diffusion de la toxine aux muscles adjacents pouvant provoquer de fausses routes, paralysie faciale, difficulté à fermer la mâchoire ;
➤ pratiquer un examen ORL avec éventuelle nasofibroscopie de déglutition ;
➤ leur remettre une feuille d’information disponible à l’adresse suivante : https://www.orlfrance.org/wp-content/
uploads/2017/10/INJECTION_TOXINE_BOTULIQUE_BAVAGE.pdf ;
➤ leur faire signer une feuille de consentement éclairé.
L e bavage est une perte non intentionnelle de salive par la bouche (1). Il est dû à une accumulation de salive par trouble de la déglutition et il est favorisé par une inocclusion mandibulaire, labiale, ou des troubles posturaux.
Il peut aussi être consécutif à une hypersialorrhée, le plus souvent d’origine médicamenteuse. Il compromet sévèrement la qualité de vie du patient et de ses proches. Il est présent dans de nombreuses maladies neurologiques, dans lesquelles les troubles de la déglutition sont souvent difficiles à corriger.
Son principal traitement consiste à diminuer la sécrétion de salive. Les médicaments anticholinergiques sont efficaces, mais entraînent de nombreux effets indésirables. Les interventions chirurgicales (exérèse des glandes salivaires principales, ligature ou transposition de leurs canaux) sont plus radicales et invasives ; et leur efficacité, incertaine. Elles sont donc difficiles à accepter pour les patients et leur entourage (2).
Les injections de toxine botulique sont aujourd’hui considérées comme le traitement de première intention contre le bavage : c’est un traitement efficace, bien toléré, avec de rares effets indésirables (3-7).
La toxine botulique agit au niveau présynaptique en bloquant la libération d’acétylcholine, ce qui entraîne un assèchement transitoire des sécrétions au niveau glandulaire.
Consultation préalable
En pratique, les patients sont vus une première fois en consul- tation pour :
➤ les informer des modalités du traitement, qui comporte la nécessité de renouveler les injections tous les 4 à 6 mois ;
➤ les informer de la pratique hors Autorisation de mise sur le marché de ces injections ;
➤ les informer des effets indésirables possibles, mais toujours transitoires : sécheresse buccale, hématome au point d’injection
Le traitement du bavage par injections de toxine botulique
M. Mailly1
1 Service d’ORL et chirurgie cervico-faciale, fondation Adolphe-de-Rothschild, Paris. Figure. Injection d’une glande sous-maxillaire sous contrôle échographique.
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fiche technique n° 34 FICHE À DÉTACHER
Botox® (soit 60 UI de Dysport®) peut être injectée dans chaque glande. Les patients et/ou leurs soignants ont pour consigne de rappeler en urgence en cas d’effet indésirable sévère.
Puis les patients sont revus 4 mois plus tard, pour une deuxième séance, pendant laquelle on adapte les doses en fonction de l’efficacité, de la durée de cette dernière et des éventuels effets indésirables.
Selon les équipes, les injections se font “à l’aveugle”, c’est- à-dire en utilisant les repères anatomiques ou en étant guidées par échographie. L’échographie permet de guider l’injection, afin qu’elle soit strictement intraglandulaire. Selon nous, elle permet d’injecter des doses adaptées à la taille du parenchyme et d’obtenir ainsi une efficacité optimale avec un risque d’effets
indésirables moindre (8). ■
1. Blasco PA. Surgical management of drooling. Dev Med Child Neurol 1992;34:368-9.
2. Meningaud JP, Pitak-Arnnop P, Chikhani L, Bertrand JC.
Drooling of saliva: a review of the etiology and manage- ment options. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2006;101:48-57.
3. Bushara KO. Sialorrhea in amyotrophic lateral sclerosis: a hypothesis of a new treatment-botulinum toxin A injections of the parotid glands. Med Hyp 1997;48:337-9.
4. Vashishta R, Nguyen SA, White DR, Gillespie MB. Botu- linum toxin for the treatment of sialorrhea: a meta-analysis.
Otolaryngol Head Neck Surg 2013;148:191-6.
5. Reddihough D, Erasmus CE, Johnson H, McKellar GMW, Jongerius PH. Botulinum toxin assessment, intervention and aftercare for paediatric and adult drooling: international consensus statement. Eur J Neurol 2010;17:109-21.
6. Lakraj AA, Moghimi N, Jabbari B. Sialorrhea: anatomy, pathophysiology and treatment with emphasis on the role of botulinum toxins. Toxins (Basel) 2013;5:1010-31.
7. Porta M, Gamba M, Bertacchi G, Vaj P. Treatment of sialorrhoea with ultra-sound guided botulinum toxin A injection in patients with neurological disorders. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2001;70:538-40.
8. Mailly M, Rebours C, Koskas P et al. Interests of the ultrasound-guidance in the treatment of drooling through botulinum toxin injections, our experience over 10 years.
J Pitak-Arnnop P Stomatol Oral Maxillofac Surg 2017;118:
5-10.
Références bibliographiques
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
Technique
Les injections sont le plus souvent réalisées sans sédation, avec la pose 1 heure auparavant d’un patch de lidocaïne/prilo- caïne en regard des points d’injection. Chez les enfants, elles peuvent avoir lieu sous mélange équimoléculaire d’oxygène et de protoxyde d’azote (MEOPA) ou anesthésie générale.
Les 4 glandes principales (parotides, sous-maxillaires) sont injectées (figure, p. 33). Les troubles de la coagulation et la présence de troubles majeurs de la déglutition sont une contre-indication à l’injection des glandes sous-maxillaires.
La toxine botulique utilisée est de type A (Xeomin®, Merz Pharma ; Botox®, Allergan ; Dysport®, Ipsen). Lors de la première séance, une première dose de 20 UI de Xeomin® ou