DOCUMENTATION
LES NOUVELLES RACES PORCINES AMÉRICAINES
R. FÉVRIER
P. VIEILLART Station de Recherches surl’Elevage
Centre National de Recherches
Zootechniques
En 1945, les communications normales étant rétablies avec le Nouveau
Monde,
les zoo-techniciens
européens apprenaient,
par des informations encorefragmentaires,
que l’on créaitaux U. S. A.
plusieurs
nouvelles races de porcs : Minnesota n° I, Minnesota n° 2,Hamprace.
Ces
renseignements
devinrentplus
abondants par la suite : l’attrait de la nouveauté et desproduits
américainsaidant,
lepublic prêta
volontiers à ces races nombre dequalités, et des
demandes
d’importation
furentprésentées
àplusieurs
administrationseuropéennes.
L’objet
de cette mise aupoint
estd’apporter quelques précisions
sur cesujet, d’exposer
le but
poursuivi
par leurscréateurs,
de décrire les méthodesemployées
et d’étudier les résul- tats obtenus.LE BUT
En créant ces races, les chercheurs américains ne voulaient pas
( 1 ) uniquement ajouter quelques
unités deplus
à la gamme( 2 ) déjà
étendue des racesporcines exploitées
aux U. S. A.Une telle
variété,
loin d’être unerichesse,
constitue souvent undanger
enprovoquant
ladispersion
des efforts de sélection et enmultipliant
les causes d’indésirablesmétissages,
elle est redoutée aussi bien par CARROLL et KRIDER
( 7 )
aux U. S. A. que par ALLIX( 1 - 2 )
etQUIT
TE
T ( 42 )
en France et par CROWTHER( 14 )
enAngleterre.
Leur but était d’obtenir un porc destiné à êtrecroisé, d’après
WINTERS et ses collaborateurs( 5 ),
soit indifféremment avecd’autres races
(Minensota
n°z),
soitplus spécialement
avec l’une d’elles(Minnesota
n°2 ) ( 4 6), plutôt
que d’être utilisé directement pour laproduction
de la viande.L’intéret
ducroissement
La
supériorité
des animaux issus d’un croisement est, eneffet,
l’idée directrice de laplupart
des études réalisées ces dernières années aux U. S. A. et le succès des maïshybrides
n’a pas été sans influencer les tendances de la sélection animale dans ce
Pays,
où l’on penseproduire
en 1951 30à 40millions de «poulets hybrides
».ROBERTS et
C ARROLL , après
avoircomparé
par la méthode de la double-saillie( 3 )
desanimaux de pure race et des animaux croisés
( 43 )
etaprès
avoir examiné les résultatsexpéri-
mentaux
portant
surplus
de 5oooo animaux(6),
restentsceptiques
sur l’intérêtsystématique
que
peut présenter
le croisement. ROBISON( 44 ),
sans nier les résultatsparfois négatifs
des(
1
) Du
moins pour les races Minnesota n° 7 et 2.L’objectif
des créateurs de laHamprace
sembleavoir été
plus classique.
( 2
) D’après
BRIGGS( 4 ) :
Berkshire -Hampshire
- Poland China -Spotted
Poland China -Duroc ,Jersey - Chesle y White - Yoykshire Lavge White - Ta7nwayth - Hereford. Pa!K! C&î’Kf!—
( 3
)
Une truie est successivement saillie par deux verrats dont les descendants éventuels peuvent être facilementdistingués (oreilles, pelage, etc.).
études
réalisées,
estimequ’ils dépendent
des animaux utilisés et que sélection etpratique
du croissement ne s’excluent pas. LusH et al.
( 3 8- 3 g),
à la suite delongues
études au coursdesquelles
ils utilisent la méthode de ladouble-saillie, expriment également
uneopinion
nuancée : l’animal croisé n’est pas
toujours statistiquement supérieur
au meilleur parent pourchaque caractère,
mais si l’on considère l’ensemble descaractères,
il manifestegénérale:nent
sa
supériorité.
DICKERSON( 19 )
vaplus
loin: chacune des races existantes manifeste unesupé-
riorité pour une
partie
des caractèresutiles,
mais les croiséségalent
oudépassent
la meilleure des races dont ils sont issus pourchaque caractère,
et par làpossèdent
un net avantageglobal.
WaITEMAN, H ILLIER ,
WHATLEY(56)
notent des différences dans la carcasse en faveur des porcs croisés. Mais les échantillons étudiés sontréduits, et
les différences sont peusignificatives.
Quant
au créateur des nouvelles races,W INTERS , après
avoircomparé pendant
6 ansdes animaux de race pure et issus de croisements de trois
types
crossbred(’), three
bredcross( 2 )
backcross
(’) ( 5 8),
il affirme( 59 ) :
&dquo; Les résultats obtenus dans lestroupeaux expérimentaux
dans les
fermes
montrent que, pour lap y oductiorc
de porcs destinés àl’abattage,
lestrois types
decroisements possèdent
de nets avantages. Etplus tard,
à la suite d’une étude de l’hétérosis(ç8),
il
précise : L’augmentation de vigueur
résultant d’un croisement de deux souches(sirains) ( 4 )
con-sanguines (inbred) de
maïs ou d’anirnaux de laboratoire estun fait
établi. »Role de la
consanguinite
L’effort des Stations de
recherches,
dont l’activité est coordonnéedepuis
1937 par leRegional
SwineLaboratory ( 13 )
de AMES(Iowa),
aporté,
dans le domaine de lasélection,
vers la création de
lignées consanguines (inbred lines) ( 5 )
pour permettre des croisements(linecross)
dont on attendait des résultats meilleursqu’en
croisant des animaux de races diffé- rentes(crossbred).
La
plupart
des auteurs trouvent, eneffet,
unesupériorité
desproduits
de croisements entrelignées
inbred(line cross),
sensible surtout en cequi
concerne le nombre deporcelets élevés, quoique,
dans une étudeportant
sur 800portées
de 50 fermes del’Iowa, I!AZEL,
H
USSONet LusH
( 23 )
n’aient pas observé de différencesignificative
entre les résultats obtenus parl’emploi
de verrats inbred et de verrats ordinaires de race pure Poland China. DURHAM( 20
)
confirme ce résultat en étudiant lestroupeaux
de 18 fermes du Wisconsin. Mais HETZEItet ses collaborateurs
( 25 )
constatent une diminution nette de la mortalité en croisant entre elles deslignées
inbred( 29 %
à5 6 jours) ;
par contre, lepoids
de l’animal n’estaugmenté
que de 5
%
à zqojours
et l’amélioration de la carcasse estinsignifiante ( 1 , 5
mm de lard enmoins).
WARWICK et WII,EY( 54 )
ne mettent pas en évidence de nettes améliorations dans la croissance des porcscroisés, après
avoircomparé pendant
3 ans des animauxpnrebred,
crossbred et
crossline ;
seul lepoids
à5 6 jours
futgénéralement plus
élevé chez les « crossline ».DICxEItsoN,
LUSH et CULBERTSON( 17 )
trouvent, au sevrage, une amélioration de1 ,6 porcelet
par
portée
et de de3 ,6
lb par animal entre les crossline et les inbred line. CHAMBERSet WHA-TLEY
( 9 ),
dans un travailanalogue,
trouvento,88 porcelet
deplus
parportée.
SIERK(q.!),
tra-vaillant sur 373
portées
issues de croisements entrelignées inbred,
constate une amélioration devigueur (&dquo;)
de 4à zz %
parrapport
aux inbred dans les différents croisementsqu’il opère (Poland
China x Minnesota n° Iou 2, Minnesota n° I x Minnesota n°z)
etqui
atteintr 5 -%
par
rapport
à des croisements entre non inbred.L’inbreeding abaisse
lavitalité des animaux
C’est
là,
eneffet,
toute laquestion :
que les line cross manifestent une (,vigueur
»supé-
rieure aux
inbred,
cela semble établi. Mais il ne convient pas d’oublier que l’établissement de souches inbreds’accompagne
d’une diminution desqualités
utiles et que, pour s’avérer ren-table,
lelinecrossing
doit provoquer une améliorationsupérieure
à laperte
subie lors de la création des souchesparentes.
Sur les
Végétaux,
lephénomène
est bien connu et l’affaiblissement des souches inbred de maïs en constitue unexemple classique ( 33 ).
Nous
employons
les termes anglo-saxonsquand
il peut y avoirambiguïté ( 3 z) : (’)
Crossbred -produits
du croisement de 2races différentes.( 2
)
Three bred cross -produits
du croisement de 3 races différentes. Ex.(A
+B)
x C.( 3
)
Back-cross -produits
du croisement d’un crossbred avec unsujet
d’une race parente.( 4
)
Inbred line - ensemble d’animauxprovenant
desujets apparentés
entre eux.( 5
)
Inbred strain-«inbred line » où lessujets
ont un coefficientd’inbreeding supérieur
à 35,7%.Nous traduirons les deux termes «line » et « strain » par souche.
( s
)
Lescomparaisons
portent sur lepoids
au sevrage, la vitesse decroissance,
l’indice de consom-mation.
Sur des animaux de
laboratoire,
KiNG( 30 )
n’avait pas noté de sensible perte devigueur
au bout de 25
générations
successives de rats obtenus par le croisement frère x soeur, mais WRI G
HT
(6 4 )
avait constaté un déclin de vitalité sur des souches inbred decobayes.
Sur des animaux
domestiques,
HuGHES( 27 )
avait constaté unelégère
diminution de l’im-portance
desportées
dans des familles de Berkshireinbred,
alors que GODBEYet STARKEY( 22 )
observaient un déclin
plus
sensible. HoDGSON( 2 6),
en 1935, avait constaté chez le porc une diminution de la vitesse decroissance
et une réduction du nombre desporcelets
parportée, qu’il
attribuaitcependant
à la brutalité accrue de certainesmères,
autantqu’au
manque devigueur
de leurspetits.
BERGE( 3 )
montre, sur leLarge
White et la raceporcine norvégience,
un affaiblissement des
performances
à mesure que le coefficientd’inbreeding
croît.M C P HEE ,
R US S
ELet des ZELLER
( 40 )
et LusH et CuLSExTSON( 3 6)
constatent une forte diminutionaptitudes
utiles enpratiquant
del’inbreeding pendant plusieurs générations
de PolandChina. Le même résultat est obtenu sur des
Duroc-Jersey
par WILHAM et CRAFT( 57 ).
D ICKER S
ONet LUSII
( 17 - 1 8)
calculentqu’à chaque augmentation
de 10%
du coefficient deconsanguinité,
il y a une diminution hautementsignificative
d’environ 0,7porcelet
élevé parportée
et de 3,4lb à 5 mois par animal. Ilsremarquent également
une influence défavorablesur l’utilisation de la nourriture et les
qualités
de la carcasse. Il convient donc de remédier à cedanger
par lasélection,
mais COMSTOCKet WINTERS( 12 )
estimentqu’une
forte sélectionpermet
de contrebalancer les effets de 15% d’inbreeding
pargénération
pour la vitesse decroissance,
et de 2,5%
pour lafertilité,
cequi explique
les difficultés rencontrées sur cepoint.
Plus
tard, W I N TERS ,
CUMMINGS et STEWART(6 2 ),
étudiant leur méthoded’inbreeding
&dquo;souple
»(c’est-à-dire
sans croisementsystématique
entresujets ayant
undegré
donné deparenté
tel que frère et
sceur),
constatent que la sélection leur apermis
de maintenir les différentesqualités
des animaux sans baissesignificative, malgré
un très fort coefficientd’inbreeding ;
mais
K OTT M A N,
LusH et I!AZEL( 31 )
voient le niveau desperformances
baisser dans le trou- peau de l’Université del’Iowa,
les effets del’inbreeding l’emportant
sur ceux de la sélection.Comparaison linecross-outbred
Il
importe
donc de comparer leslinecross,
moins aux parents inbredqu’aux
animauxissus des méthodes
classiques
de sélection. WINTERSet ses collaborateurs(6 3 )
disent trèsjuste-
ment : «
L’objectif final
dudéveloppement des
souches inbred est leuremploi
dans des croisementspour
laproduction de
porcs destinés àl’abattage.
Pour cetteraison, la
valeur d’unelignée
inbredne
peut
êtreappréciée
ni sur unpoint particulier,
niglobalement,
par sespropres performances
comme inbred. >i
Le travail de CHAMBERS et WHATLEY
(8- 9 ) poursuivi
de193 8
à 1945, nousapporte
surce
point
d’intéressantesprécisions.
Travaillant sur 7lignées inbred, ces
auteurscomparent
les animaux issus de croisements entre 2 ou 3de ceslignées,
aux animaux deslignées parentes
et aux animaux ordinaires. Les résultats sont
présentés
dans le tableausuivant, qui exprime
les différences observées lors des diverses
comparaisons. (Exemple :
dans lacomparaison I,
le croisement de 2souches inbred a
donné,
parrapport
à la souche de lafemelle,
0,43porcelet
vivant de
plus,
0,55kg
deplus
parportée
à lanaissance,
etc. Dans lacomparaison V,
le croi-sement de 2 souches inbred a
donné,
par rapport à desDuroc-Jersey ordinaires,
o,92porcelet
de moins à la
naissance,
0,39porcelet
de moins à 21jours, 0 , 2 8
porc de moins à5 6 jours, etc.)
On peut remarquer que le croisement de 2
lignées
inbred donne des résultats nettementsupérieurs
à ceux deslignées originelles, légèrement
inférieurs à ceux des porcs noninbred, lesquels
sont surclassésuniquement
par leproduit
de croisementde 3 lignées
inbred.(Cette supériorité
estsignificative
pour le nombre et lepoids
desporcelets
nésvivants).
Sans mettre en doute les conclusions de ces travaux,
qui
ontrequis
une continuité et uneamplitude
dans l’effortqu’il
convient desouligner ( 1 ),
il nousparaît important
de noterque les résultats obtenus par ces différents moyens sont pour le moins médiocres en valeur
absolue,
et que le résultat descomparaisons
ne doit pas faire oublier le niveauauquel
ellessont
opérées.
C’est ainsi que WARWICKet WILEY( 54 ) donnent,
comme nombre deporcelets
sevrés chez les animaux « améliorés » par les méthodes
classiques :
5,2parportée,
et que DIC- KER
SON, LusH et CULBERTSON
( 17 )
obtiennent 3porcelets
parportée
inbred et4 ,8
parportée
linecross à 154
jours.
CHAMBERS et WHATLEY( 9 )
obtiennent à 180jours,
parportée : 4 ,6
avec lesinbred,
5,7 avec le croisement de 2lignées inbred,
5,7 avec les porcs normaux et6, 9
pourceux obtenus à
partir de 3 lignées
inbred. Ces résulats sontfaibles,
mêmecomparés
à la valeur moyenne obtenue aux U. S. A. etqui
est de l’ordre de6,z 5 ( 5 z) déjà
très faible en elle-même.Dans le cadre de ce
projet
concernant la création de souchesconsanguines
et désirantobtenir la meilleure combinaison
possible
degènes,
les zootechniciens américainsimaginèrent
de créer des races, ou
plus
exactement des souches(lines)
àpartir
deplusieurs
races dont ilsvoulaient associer les caractères. Laissons la
parole
àWIN TER S,
COMSTOCK et DAILEY(6 0 ),
à propos de la race Minnesota n° I. « Les
objectifs
de cette méthode sont :1
° de combiner dans un seul « strain » un maximum de caractères utiles
appa y tenant
aux deux racesmères ;
,’2
° de provoquer une recombinaison de
facteurs génétiques
d’où résulteyait l’extériorisation de nouveux caractères désirables non visibles chez les parents. Enl’occurrence,
le but était de com-biner au maximum la
longueur
du corps et le rebondi dujambon
du porc danois avec la couleur rouge, laprolificité
et la valeur laitière du Tamworth et en mêmetemps,
sipossible,
deprovoquer,
par la combinaison desgènes,
une accumulation d’autres caractères désirables des deux races.JoxaNSSOrr ( 29 )
a dressé le tableau des différenteslignées consanguines
obtenues àpartir
d’un croisement :
Celles
qui, actuellement,
semblent avoir leplus d’importance
ont étéproduites
aux Stationsdu
Minnesota,
et de MilesCity.
Elles ont été nommées Minnesota n° i, Minnesota no 2, etHamprace.
Des livresgénéalogiques
ont été créés pour chacune d’elles.LES MÉTHODES
Minnesota
n° 1Il
provient
d’un croisement effectué en 1937 du verrat danois 18-2 avec 6 truies Tam- worth. Nous avonsdéjà
vu les raisonsqui
ontguidé
le choix des auteurs, vers ces deux races ; il convientd’ajouter
quel’origine étrangère
de ces racespermettait d’espérer,
lors d’un croise-ment ultérieur avec des animaux
américains,
unplus
fortdegré d’hétérosis,
comme le pensentH
AZ
EL,
HUSSON et LUSH( 23 )
et STEWART et COMSTOCK( 50 ).
( 1
)
Au début de 1947, ces recherches sur les souches inbred avaientutilisé
7411portées compre-
nant
5 8 8zz porcelets
à lanaissance, d’après JOHANSSO N ( 29 ).
Le verrat
provenait
de la Station fédérale deBeltsville, qui
avaitimporté
en 1934du Danemark un certain nombre dereproducteurs
de la célèbre Danish Landrace. Les truiesprovenaient,
3 du l’Iowa StateCollege, et
3de l’Université du Saskatchevan. Les sixportées
nées furent contrôlées pour le
poids
et le nombre desporcelets
au sevrage, et laquantité
de nourriture consommée à 154
jours ;
de cefait,
une fut éliminéeetdesautres,i 3
femelleset 3 mâles furent conservés pour la
reproduction.
Ensuite,
furent vendus tous les animaux de pure race et lesproduits
de laF l .
La sélec-tion fut limitée aux
portées
de193 8
et fut effectuéed’après
les tests que nous avons décrits.Il est
important
desouligner,
comme le fontles auteurs,
que l’on n’apas’ appliqué
unplan rigide
decroisement ;
cette méthodeaurait
pu avoir comme effet d’interdire certaines alliancesintéressantes,
cequi
peutexpliquer
certains échecs rencontrés dans les tentativesprécédentes d’inbreeding (6 1 ).
Ce sont lesqualités
dessujets qui,
à l’intérieur du groupe des animaux de193 8, permirent
de déterminer les croisements àopérer :
« Lesmeilleurs furent
alliés aux meilleurs ». Une attention toute
particulière
fut attachée à lafertilité, qui
est pro-bablement,
nous l’avons vu, le facteur leplus
sensible àl’inbreeding. Aussi,
àpartir
de 1939,on n’hésita pas à
produire
30à 50% plus
deportées
que l’on nepouvait
encontrôler,
defaçon
à
pouvoir
éliminer avec sévérité les famillesmanquant
de fertilité(6 0 ).
Annales de Zootechnie. - 1952
Les critères utilisés dans le choix des
reproducteurs furent,
par ordred’importance : fertilité,
survie
(%
desevrés),
vitesse de
croissance,
indice de
consommation,
La sévérité de la sélection est
indiquée
par le tableausuivant,
que nousempruntons
àB
RUGMA
N,
WINTERS et DAILEY(5) :
Nous
soulignons
à nouveaul’importance
des moyensemployés :
pour cette seuleétude.
une
quarantaine
deportées
furent nécessaires àchaque génération.
Si l’on examine l’influence dans le
troupeau
actuel( 194 8)
des animaux dedépart, on
cons-tate
( 5 )
que le 2e verratdanois, qui paraissait supérieur
au1 er ,
nejoue
pas de rôle sensible dans lepatrimoine
héréditaire desanimaux
actuels :En 1947, on
pouvait
estimer que lesgènes provenaient,
pour4 8 %
des porcs danois et pour 52%
des Tamworths. Le coefficientd’inbreeding
calculéd’après
la formule de WRIGHT(6
5
-66)
Fx était de0 , 3 6
en194 8,
maisgrâce
à la méthodeemployée (sélection
sévère eteroisements
souples),
lesqualités
des animaux ne sont pas tombées aussi basqu’on pouvait
le craindre :
En
194 6,
le Minnesota n° zpouvait
êtreenregistré
sur les livres de « The Inbred Lives- tockRegistry
Association» qui
venait de se former.Le porc Minnesota n° z actuel a un corps
qui rappelle
un peu leDanois, quoique
moinsfin,
et moinslong.
Il estplus long
que les porcs américains et sa conformation nousparaît
meilleure. Sa robe est celle du
Tamworth,
rouge bistre.Minnesota
n°2
Il fut créé à Crookston par la même
équipe
de chercheurs ettoujours
encoopération
avec le
Regional
SwineLaboratory.
Leurbut, disent-ils,
était la création d’un type de porcmaigre qui pourrait
être croisé avec le Minnesota n° I.La même méthode fut utilisée
(&dquo;
flexible system » avec sélectionrigoureuse ),
àpartir
dc 1941, mais on
prêta davantage
attention aux caractères n’affectant pas directement l’uti- lité(fancy points),
defaçon
à créer une race différant leplus possible
du Minnesota n° i parson aspect extérieur. a On
pensait,
eneffet, qu’en développant
deuxlignées qui posséderaient
en commun de nombreux caractères
économiques,
maisdifféreraient
autant quepossible par
leurs caractèressuperficiels,
onaugmenterait
les chances rle réussiie de leur croisemenl(6 3 ).
»Les animaux désirés étant destinés à être croisés aux Minnesota n° i, il était souhai- table de fonder cette race avec des animaux
ayant
uneorigine
différente. Desépreuves
anté-rieures avaient montré que deux
lignées
inbred de Poland China( 51 ) (Market Lady
et BlackStar) possédaient
une bonnecroissance,
un faible indice de consommation etproduisaient
des carcasses satisfaisantes.
Cependant,
les truiesmanquaient
de fertilité et étaient de mau-vaises laitières. On pensa améliorer la
production
laitière et la fertilité des truies en utilisant le Yorkshire canadien( 51 ).
En r94i, le verrat Yorkshire canadien 7 V fut croisé avec 13truies Poland China. Les porcs de la
F l et
de laF 2
ne furent passatisfaisants, ni
dans leursperformances,
ni dans leur type.Aussi,
à l’automne 1943, la moitié des femelles de laF 2
fut recroisée(backross)
avec desverrats des mêmes
lignées
de Poland China. Letype
et lesperformances
furent améliorés.Comme pour le Mz’ttMMo<a M° r, une grosse élimination fut
effectuée,
basée sur laqualité
des individus et de leur descendance.
En
r 94 8,
bien que le coefficient deconsanguinité
fut deo,28,
lesperformances
des animauxne semblaient pas avoir trop baissé
depuis
ledébut ;
on peut estimer que les animaux actuelspossèdent
40%
degènes
Yorkshire et 60%
degènes
Poland China.En 1943, un 2e
troupeau
de Minnesota n° 2 fut créé à la Northeastexpériment
stationà Duluth
(Minnesota).
Un verrat Poland China de lalignée C,
provenant de la station centrale de Saint-Paul(Minnesota)
fut croisé avec 4femelles Minnesota n° 2provenant
dutroupeau
de Crookston. La même méthode de croisement et de sélection fut suivie et seulesquelques
introductions de
reproducteurs provenant
de Crookston furentopérées.
Dans cetroupeau,
le coefficient deconsanguinité atteignait
0,30enr y 4 8
et lesperformances paraissent
meilleures que celles de Crookston(8, 9
et 8porcelets
nés et sevrés parportée, 13 ,6 kg
de moyenne ausevrage).
Le porc ainsi obtenu a l’allure d’un
Yorkshire, près
de terre et court. Ses oreilles sontdroites, légèrement penchées
en avant. Sa robe estblanche,
avec des taches noires assez im-portantes,
couvrantparfois
laplus grande partie
du corps.Hamprace
ou montana n° 1Il a été créé dans le Montana
(U.
S.Range
LivestockExperiment Station,
MilesCity)
en collaboration avec The Montana
Agricultural experiment
Station et les services du Gou- vernement fédéral.La Station fédérale de Beltsville fournit 13 truies et 3verrats de race danoise en
193 6.
On se procura par ailleurs 3verrats et 5 truies
Hampshire
sans ceinture(unbelted).
En193 6,
on
procéda
aux croisements :2verrats
Hampshire
x5 truies danoises,
puis,
l’annéesuivante,
on utilisa :2verrats Danois et i verrat
Hampshire,
5
truies danoises et
g truies Hampshire,
avec des
sujets
obtenus de la Iregénération,
enmajorité
à robe blanche. D’autres animaux de laF i
furent croisés entre eux et,parmi
les noirsobtenus,
les meilleurs furent conservés pour lareproduction.
Ils constituent le troupeauactuel, qui provient
pour 55%
du porc danois et pour 45%
duHampshire.
Le coeficient deconsanguiaité
est de 32%.
Cette race, nous l’avons
indiqué,
n’a pas été crééespécialement
en vue de croisementsultérieurs ;
on a cherché à combiner les caractères utiles des deux racesd’origine,
aussi bienles
qualités d’élevage (fécondité,
valeurlaitière, etc.)
que lesqualités d’abattage (comme
leprécisent
ses « auteurs &dquo; :HuLTOn, Q UENSBERRY ,
ZELLER DAVIS( 2 8).
Nous devons noterque les résultats obtenus semblent nettement
supérieurs
à ceux deqracesprécédentes,
celles-cine devant pas,
rappelons-le,
être enprincipe
utilisées à l’état pur.En 1947, sur 45
portées :
LES RÉSULTATS
En examinant comment ces races ont été
créées,
nous avons eu l’occasion depréciser
leurs
performances
propres. Bien que, comme nous l’avonsindiqué,
celles-ci ne constituent pas un critère définitif(sauf
pour laHamprace)
nous croyons utile de lesrappeler
tellesqu’elles
sont données par les auteurs :
Comparaison des
racesnouvelles
avecles
racesparentes
La
première question que
l’on est en droit de se poser est desavoir si, par
rapport aux racesoriginelles,
les nouvelles racesprésentent
desperformances supérieures.
a)
Minnesota n° I.Bien que nous
n’ayons
pas deprécisions
concernant lesaptitudes
des familles de porcs Tamworth et Danois utilisées et que la méthoded’appréciation préconisée
par DICKERSON( 1 6)
n’ait pas étéemployée
d’unefaçon systématique,
nous pouvons trouver, dans lalittérature,
des
renseignements plus généraux
concernant ces races.Pour le Tamworth DAVIDSON
(i 5 ), indique
enAngleterre :
7,2porcelets
nés parportée
et
6, 1 sevrés,
mais il convient de noter que le Tamworlh a été amélioré auCanada,
et SMITH( 49 )
considère les truies Tamworth comme a
exceptionnellement prolifiques
u.Quant
au porcDanois,
saprolificité
est biensupérieure ;
CLAUSEN(II) publie
le tableau suivant :mais
l’âge
à 20kg
estcomparable
à celui de nombreuses races américaines( 10 ) :
En ce
qui
concerne la nourritureconsommée,
il est difficile de comparer avec exactitude des résultats américains etdanois,
les conditions de vie et d’alimentation étant différentes dans les deux cas(pâturage
et nourriture sèche dans le nourrisseurautomatique
aux U. S.A.,
et orge + lait écrémé distribué en
porcherie
auDanemark).
De toutefaçon,
il faut aux porcs Danois une moyenne de 3,2 U. F. pourproduire
ikg
depoids
vif( 10 ),
de 20à gokg
- alorsque le Minnesota n°
I exige,
aupâturage,
2,94kg
demélange
concentré.Enfin,
àl’abattage,
il estégalement
très difficile de comparer les mérites des deux races.Néanmoins,
nous avons despoints
derepère :
les mêmes mesuresaprès découpage
ont étéeffectuées par WINTERSet al.
(6 3 )
sur a des porcs de marché choisis », sur des Poland China sélectionnés et sur les deux races Minnesota. Les mesurescomparables
donnent :Nous pouvons ainsi constater que, sur aucun
point,
la race Minnesota n° In’est, fiar
sespropres performances, supérieure
au Poland Chinasélectionné, donc,
àfortiori,
au Danoisrenommé universellèment pour sa conformation.
b)
Le Minnesota n° 2.Les
performances
des souches de Poland China utilisées : MarketLady
et BlackStar,
nous sont connues. Nous avons, d’autre part, de nombreux
renseignements
sur le YorkshireLarge
White racequi
estprobablement
laplus répandue
dans le monde.Le Minnesnta n° 2 ne manifeste
donc,
par ses propresperformances d’élevage,
aucunesupériorité
sur les races dont il estissu,
sauf l’indice.A
l’abattage,
nous pouvons faire les mêmes observations que pour le Minnesota n° I,quoique
les carcasses lui soientsupérieures.
c) Hamprace.
Nous manquons de
renseignements
sur lesperformances
duHampshire
et sur les car-casses du
Hamprace
pourpouvoir
faire d’utilescomparaisons.
Il semble que la valeur
d’élevage
duHamprace
soit satisfaisante etcomparable
à cellede races
réputées,
comme leLarge
White et le Danois. Mais rien deprécis
nepeut
être avancésur les carcasses. La seule
comparaison possible
concerne le% de
« morceaux nobles &dquo;par rapport au
poids
vif( 2 8-6 3 ) :
le Minnesota noi donne4 8, 9 % ; le
lVlinnesota n° 2 donne5o,6
5 %
et leHamprace,
47,r%.
Il semble doncprobable
que, pour laqualité
de la carcasse,le
Hamprace,
inférieur au Minnesota n° z, nedépasse
pas le Danois et, àfortiori,
leHampshire, qui
estplus
mal connu.Résultats
des croisements
obtenusà partir des
races nouvellesExaminons maintenant
si,
utilisées comme elles doivent l’être selon leurscréateurs,
les deux races Minnesota ont donné des résultatssupérieurs,
à la fois aux racesparentes
et auxautres
populations porcines.
Néanmoins,
des mesuressystématiques
n’ont pas étéeffectuées,
et cette lacune dansl’oeuvre considérable
qui
a étéentreprise
estgênante
pour conclure valablement. Nous avonsrassemblé,
dans le tableausuivant,
l’essentiel des données dont nous pouvonsdisposer (6 3 ) :
&dquo;D’une
façon générale,
il semble que les animaux croisés sontsupérieurs
auxparents
ence
qui
concerne lepoids
au sevrage, la vitesse decroissance,
mais non pour laprolificité.
Quant
à lacomparaison
avec les troupeaux d’université ou les résultatsd’expériences
d’alimen-tation,
elle nousparaît
peuprobante,
cesperformances
étant nettement inférieures aux xmoyennes générales
des U. S. A.Quoi qu’il
ensoit,
les résultats lesplus
favorables obtenus à la suite de ces croisements sontgénéralement
inférieurs ou nedépassent
pas très sensiblement les résultats observés chez les raceseuropéennes perfectionnées,
comme le Danois ou leLarge
White. Seule laprécocité
des croisements Minn. n° i x Minn. n° 2, Minn. n° 1 x
V,
Mmn. n° i xM,
nousparaît remarquable.
,Les
comparaisons
des carcasses sontégalement
données(6 3 ).
Nous enreproduisons
ci-dessous l’essentiel.
(Nous appelons :
le Minnesota n° z = i ; le Minnesota n° a = 2, et les différentes souches de Poland China par leurinitiale.)
On peut constater, pour certains
croisements,
une amélioration sensible par rapport aux parents et surtout parrapport
aux porcs courants, en cequi
concerne :le
pourcentage
descinq
morceauxnobles,
le rendement en viande nette,
le
pourcentage
de morceaux gras.Le
pourcentage
dupoids
dujambon
ne varie pasbeaucoup.
Mais nous devons noter : .
1
° que les
performances
lesplus intéressantes ( 2
xML), 2 ( 2 X I), V( 2
xI), (V
x1)2 (V x I),
concernent un nombre d’échantillons
réduits,
cequi
leur ôte une grossepartie
de leursignifi- cation ;
2
° que les porcs courants américains servant de
comparaison
ont une conformation tout à fait défectueusecomparée
à certaines raceseuropéennes,
bien que les critèresd’appréciation
soient
généralement
les mêmes en France et aux U. S. A. Nous avons eu l’occasion( 21 )
de voirà la Station fédérale de Beltsville deux carcasses
correspondant,
l’une à laqualité
courantedu commerce
(Poland China),
l’autre à laqualité
« extra !· U. S. A.provenant
d’un croisement(Poland
China xDanois).
Lepourcentage
descinq
morceaux noblesétait, respectivement, pas rapport
aupoids vif,
de4 6,8
et 51,9% (nous
avons vuprécédemment :
Minn. n° i :48,9
- Minn. n° 2 :5 0 ,65
-Hamprace :
47,1 - croisement(V x 1)2 (V
xI) :
50- porc ducommerce :
4 6, 5 ). Or,
ce porc dont la carcasse nous a étéprésentée
comme unsuccès,
avaitune couche de lard dorsal de
3 6, 2
mm( 52 ,8
mm pourl’autre),
alors que les porcsLarge
Whitefrançais
couramment abattus à la Station du porc de Bois-Corbon( 34 )
ont uneépaisseur
de lard : au dos... 26 mm ; au rein... 30mm.
CONCLUSION
L’oeuvre réalisée par les zootechniciens américains
présente
un intérêtcertain,
car elledémontre
qu’il
estpossible
de constituer un troupeauporcin
fermé sans que laconsanguinité
ne provoque de graves
dommages,
et de créer une race en untemps incomparablement plus
court
qu’avec
les méthodes traditionnelles.Ainsi,
devient réalisable l’idée séduisante de croiseravec
profit
deslignées
«épurées
» par laconsanguinité.
Mais en ce
qui
concernel’application pratique
des résultats obtenusjusqu’à présent,
il nous
paraît
que ceux-si sontquelque
peu décevants dans l’état actuel deschoses, puisque,
dans
l’ensemble,
lesperformances
observées sur dessujets
élevés dans des conditions satis-faisantes,
si elles montrent un netprogrès
parrapport
à laplupart
des racesaméricaines,
nesont
pas supérieures
à celles que l’on observe dans des racesplus
anciennes et sélectionnées par les méthodesclassiques, qui
par ailleurs conservent unegrande
rusticité. Les chiffres donnés par les chercheurs eux-mêmes sont loin de nous porter, comme VOEGELI(5 3 )
à unsentiment
systématiquement
admiratif.Nous ne saurions
cependant
voir là un motif de condamner une méthode trop récente pour êtredéjà jugée
à ses résultats etqui
peut, unjour,
se révéler extrêmementféconde ;
mais nous pensons
qu’à
l’heure actuellel’exploitation,
du moins enEurope.
de ces nouvellesraces
présente
un intérêtqui
nousparaît
discutable.BIBLIOGRAPHIE
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