Article original
Préliminaires sur la production de nectar
chez trois espèces de Vaccinium
AL Jacquemart
Laboratoire
d’écologie
et debiogéographie,
4-5,place
Croix-du-Sud,1348 Louvain-la-Neuve,
Belgique (Reçu
le 20 août 1991;accepté
le 21 mai1992)
Résumé — Les sécrétions nectarifères de la
myrtille (Vaccinium myrtillus L),
de lamyrtille
deloup (V uliginosum L)
et en moindre mesure de l’airelle(V
vitis-idaeaL)
ont étéanalysées
defaçon
quan- titative tant aupoint
de vue de la concentration totale en sucres que des concentrations relatives ensaccharose, fructose et
glucose,
de manière àpréciser
si lescaractéristiques
des nectars de Vac- cinium peuvent inciter les visites des insectespollinisateurs
observés(abeilles,
bourdons,syrphes).
Bien que les types de nectar soient fort différents entre ces 3
espèces taxonomiquement proches (prédominance
de saccharose pour lamyrtille,
de fructose etglucose
pour lamyrtille
deloup
et pro-portions équilibrées
de ces 3 sucres chezl’airelle),
des relations sont difficiles à mettre clairement enévidence entre, d’une part, les visites de pollinisateurs et d’autre part, les
caractéristiques
de chaqueespèce
de Vaccinium.nectar
/ glucide / Vaccinium / Apis / Bombus
INTRODUCTION
Les études
précédentes
concernant labiologie
florale de certainesespèces
du genre Vacciniumindiquent qu’elles
attirentun
grand
nombred’espèces d’Hyménoptè-
res
qui
les visitentapparemment
pour leurs ressources en nectar et/ou enpollen (Ritchie, 1955, 1956;
Dorr etMartin, 1966;
Bigras-Huot
etal, 1973;
Kevan et Laber- ge,1979;
Caneet al, 1985).
Des
Apidae appartenant
aux genresAndrena, Halictus, Nomada, Osmia,
Col-letes, Vespula, Apis, Psithyrus
et surtoutBombus
(Knuth, 1908;
Willis etBurkill, 1895, 1903; Perkins, 1919; Ritchie, 1955, 1956; Haslerud, 1974; Lundberg, 1974;
Angeby, 1979; Teräs, 1985; Rasmont, 1988)
sont considérés comme des visi- teursubiquistes
abondamment observéssur des fleurs de Vaccinium
myrtillus, V
vitis-idaea et V
uliginosum,
ainsi que cer- tainsSyrphidae (Knuth, 1908; Haslerud, 1974; De Buck, 1990).
Généralement,
les insectes du genre Bombus sont considérés comme lespolli-
nisateurs les
plus
efficaces et Teräs(1985)
donne des correlations entre leursactivités
pollinisatrices
sur Vaccinium etdes
paramètres
tels que le volume de nec- tar ou la concentration en sucres.Les fleurs solitaires de
myrtille (V
myr- tillusL) possèdent
des corollesrosées, pendantes,
engrelots sub-globuleux
àlobes très courts et retournés. L’airelle
(V
vitis-idaeaL) présente
des grappes ter- minales de 2 à 10 fleurs dont les corollescampanulées
blanches à bords révolutésne
dégagent
aucunparfum perceptible
par l’odorat humain.Enfin,
lespseudo-
ombelles de la
myrtille
deloup (V uligino-
sum
L) regroupent
des fleurspendantes
àcorolles blanches-verdâtres urcéolées à lobes très courts
retournés,
et exhalentune odeur
rappelant
celle del’aspérule
odorante
(Asperula
odorataL) (Warming, 1908).
Ces 3
espèces pérennes
se rencontrent dans leslandes,
les landes tourbeuses et lesbois,
fleurissent en Haute Ardennebelge depuis
la mi-avriljusqu’à
la finjuin (avec régulièrement
une seconde floraison finaoût)
etprésentent
les anthèresporici-
des
(bi-appendiculées
chez Vmyrtillus
etV
uliginosum) typiques
aux Ericaceae.V myrtillus
fleuritplus
tôt que les 2 autresespèces
mais lesphénologies
se recou-vrent en
partie. Puisqu’elles poussent
en-tremêlées, partagent
certainespollinisa-
teurs et
possèdent
despériodes
defloraison
chevauchantes,
ellespourraient
vraisemblablement entrer en
compétition (Rathcke, 1988).
Il est
possible qu’elles
tentent d’attirerdes
espèces pollinisatrices
distinctes enleur
proposant
des ressources différentes.C’est pour cette raison
qu’une analyse qualitative
etquantitative
desproductions
nectarifères de ces 3
espèces
a été entre-prise
dans le cadreplus général
de l’étudede leurs
systèmes reproducteurs.
Cet article tente de mettre en relation les
productions
nectarifères avec les visi- tes depollinisateurs.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Matériel
végétal
Le matériel étudié provient exclusivement d’une lande tourbeuse de Haute Ardenne
belge (Bihain,
50°15’00" LN 5°44’22" LE, alti- tude 652m)
dominée par diversesespèces
d’Ericaceae
(V myrtillus, V
vitis-idaea, Vuligino-
sum,
V oxycoccos,
Callunavulgaris,
Erica tetra- lix, Andromedapolifolia).
Sorbusaucuparia, Frangula
alnus, Salix x multinervis et Pinussylvestris
forment une strate arborescente peu fournie. La lande est entourée par des planta- tionsd’épicéas
et des tourbières. Les obser- vations et lesexpérimentations
ont été effec- tuées sur les 3premières espèces
deVaccinium
précitées
et ont été étendues du mois d’avril au mois dejuillet,
en 1988, 1989 et 1990. Laphénologie
et lespériodes
defloraison de ces
espèces
ont été suivies et notées.Observations sur les insectes
Des comptages d’insectes
présents
sur les fleursont été effectués, sur des surfaces de 2
m 2 , pendant
10 min, à différents moments de lajournée (9
h 30 - 18 h30)
et à différentes dates(11 avril - 28
juin)
en distinguant les pollinisa-teurs
qui prélèvent
du nectar et/ou dupollen
ettouchent les
stigmates,
des visiteursqui
utilisentles fleurs à d’autres fins
(repos, reproduction...)
ou qui sont de trop petite taille pour atteindre les
stigmates.
Des captures ont été réalisées
chaque
année, de manièresystématique,
durant lapé-
riode de floraison de chaque
espèce
de Vacci-nium. Pour chaque individu
capturé,
nous avonsnoté la date et l’heure de la capture, les condi-
tions
climatiques
etl’espèce
visitée. Le nombred’individus
capturés
s’élève à 304.Les insectes ont été
groupés
en bourdons,abeilles
domestiques,
abeilles solitaires,guê-
pes,
coléoptères, diptères, syrphes
oupapillons;
les identifications ont été faites ultérieurement.
Des visites
interspécifiques (entre espèces
deVaccinium)
ont été observées.Prélèvements du nectar
Les
prélèvements
de nectar ont été effectués à l’aide demicrocapillaires gradués
d’unecapacité
de 10
μl,
sur des fleurs fraîchementépanouies
deVaccinium
myrtillus
L(Vm),
de V vitis-idaea L(Vvi)
et de Vuliginosum
L(Vu)
à raison de 3plan-
tes par
espèce
et sur 10 fleurs environ parplante
et par
jour. L’opération
a étérépétée plusieurs
fois entre le 9 mai et le 3
juin
dechaque
année.Une série de
prélèvements
a été réalisée surle terrain sur des fleurs
placées
sous abri demanière à les
protéger
de la visite des insectes.Une seconde série a été effectuée sur des fleurs
épanouies
de rameaux ramenés le soir en laboratoire etplacés
dans desrécipients remplis
d’eau. Les
prélèvements
de nectar ont été effec- tuésquelques
heuresplus
tard ou le lendemainmatin. Le nombre total de
prélèvements
s’élèveà 92
(sur
150 fleurstestées)
pour Vmyrtillus,
135
(sur
460fleurs) pour V uliginosum
et 6(sur
100
fleurs)
seulement pour V vitis-idaea, les au- tres fleurs testéesn’ayant
fourni aucune sécré-tion. Environ un tiers des
prélèvements
a été ef-fectué directement sur le terrain, le reste l’a été
sur des fleurs
placées
en laboratoire.Les
quantités
de nectarprélevé
ont été me-surées par lecture directe des
microcapillaires.
Les résultats sont donnés en
μl
par fleur. L’état etl’âge
de la fleur, leslongueurs
des corolles, la date et l’heure duprélèvement
ont été notés.Analyses
des sucres du nectarCertains échantillons ont servi à
l’analyse
de laconcentration en matière sèche du nectar par réfractométrie immédiatement
après
leur récol-te. Une autre
partie
a été stockée à -25 °C en vue de sonanalyse
ultérieure en sucres parchromatographie
enphase
gazeuse.Concentrations en matière sèche
Puisque
les sucres,d’après
Heinrich(1976),
constituent au moins 99,97% du poids sec des sécrétions nectarifères, la concentration en su- cres totaux est assimilée à la concentration en
matières sèches des nectars.
Elle a été déterminée à l’aide d’un réfracto- mètre universel OPL
(type ABBE).
Ces mesures ont été réalisées
plusieurs
foispour V myrtillus (4 fois)
et Vuliginosum (3 fois)
mais n’ont pu être menées à bien avec V vitis- idaea faute d’une
quantité
suffisante d’échan- tillons.Concentrations relatives en sucres Les éthers
triméthylsilyles
sontpréparés
en dissol-vant 10-20 mg de nectar partiellement
déshydraté (MgSO4
à sec, dans de lapyridine
ou échantillonscongelés
mais nondéshydratés)
dans 1 ml de py- ridine (Brohst et Lott, 1966; Bosi,1973).
Sont
ajoutés
successivement 0,9 ml d’hexa-méthyldisilazane
et 0,1 ml d’acide trifluoro-acétique.
Le tubehermétiquement
fermé estalors
agité énergiquement
durantquelques
min,puis
laissé au repos 12 h environ pour obtenirune
parfaite
dérivation des trisaccharides.Une
microseringue
sert alors auprélèvement
et à
l’injection
dans lechromatographe.
Les
analyses
ont été exécutées sur chroma-tographe
Perkin-ElmerSigma
2 à colonne deverre pyrex 3 m x 2 mm à phase stationnaire 3% OV 7 et OV 22 à 1,5% sur chromosorb WHP. La
température
de la colonne est pro-grammée
de 190° à 295 °C à raison de 3 °C/min. La
température
du détecteur est de 290 °C.Le gaz vecteur est l’azote dont la pression est
de 205
kg/cm 2
à 90 °C.L’enregistreur
est de type Perkin-Helmer 023, la vitesse de défile- ment est de 12 cm/h. Lesquantités injectées
sont de 1 à
2 μl
et plusieursinjections
sont ef-fectuées pour chaque échantillon.
Les pourcentages des différents sucres sont calculés suivant la hauteur des
pics
et en faisantintervenir les facteurs de correction obtenus à
partir
des solutions standard(comprenant
20%de
glucose
a, 20% deglucose β,
20% de fructo-se a, 20% de fructose
β,
15% de saccharose, 2,5% de maltose et 2,5% demélobiose).
La so-lution témoin est
injectée après l’analyse
de 3échantillons et les facteurs de correction sont re- calculés
systématiquement
suivant la méthode de Bosi(1973).
Analyse
des donnéesLes
analyses statistiques
ont été effectuées à partir desprocédures
ANOVA(SAS
Institute,Inc
1982).
Le test de Scheffé ainsi que le test t de Student ont été utilisés pour comparer les moyennes des échantillons de taille variable.RÉSULTATS
Insectes visitant les fleurs de Vaccinium
Nombres
d’espèces
Un total de 52
espèces
a été récolté dont 9espèces
de bourdons(Bombus
Latrspp)
et 22
espèces
desyrphes (Diptera: Syrphi- dae).
Lesespèces
lesplus importantes
ont été
groupées
dans le tableau I. Les bourdons ont étéprincipalement représen-
tés par des reines car les ouvrières appa- raissent seulement à la fin des floraisons des Vaccinium et ont donc
joué
un rôle né-gligeable (4,7%
des bourdonscapturés).
Les
Coléoptères,
lesthrips,
lesLépidoptè-
res et les
Diptères
autres que lessyrphes
ont été très rares sur Vaccinium
(<
3% del’ensemble des visites
enregistrées),
leurrôle en tant que
pollinisateurs
est dès lors considéré commeinsignifiant
et ils ne sontpas
repris
dans le tableau I.Importance
relativedes différentes
espèces
Megabombus
pascuorum floralis L(consti-
tuant environ 38% des bourdons récoltés
sur
Vm),
Bombuscryptarum (27%)
et sansdoute d’autres
espèces plus
rares visitentpréférentiellement Vm,
alors quePyrobom-
bus
pratorum (53%)
et Bombus lucorum(22%)
semblentpréférer
Vu. Ils ont été lespollinisateurs principaux
de ces 2espèces.
Il est évident que les abeilles domesti- ques
(Apis
meiliferaL,
tableauI)
ont étéplus
abondantes(de
l’ordre de 2-4 foisplus
que lesbourdons)
et ontjoué
un rôleplus important
que les bourdons dans lapollinisation
de Vvi. Elles ontégalement pol-
linisé de
façon régulière
Vu. Leurs visites moins nombreuses sur Vm sontpeut-être
causées par des facteurs
phénologiques.
Le rôle des autres
Hyménoptères captu-
rés est
plus
difficile à cerner.Quelques
abeilles solitaires
(Andromeda sp)
ont fré-quenté plus régulièrement
Vvi que les 2 autresespèces
de Vaccinium et ont trans-porté d’importantes pelotes
depollen,
maisleur consommation en nectar n’a pas été observée. Elles sont considérées comme
pollinisatrices
des Vaccinium bien que leurimportance
relative reste inconnue.De nombreuses fourmis ont visité
Vm, principalement
pour le nectar. Elles ont causé desdommages
considérables auxfleurs
(surtout
durant lespériodes
chaudesde
1988).
Elles ontmangé parfois
la totali-té de la corolle et une
partie
dugynécée.
Elles ont été moins nombreuses sur les 2 autres
espèces
de Vaccinium. Desguêpes
ont
également
été attirées par le nectar de Vm maiscelles-ci,
comme lesfourmis,
nesont
pas
considérées comme despollinisa-
teurs
potentiels
de Vaccinium.L’importance
relative dessyrphes
estégalement
difficile à évaluer en tant quepollinisateurs potentiels.
Citonsprincipale-
ment
Rhingia campestris, quelques
Erista-lis et
Sericomyia lappona (tableau I).
Lessyrphes
depetite
taillequi
n’ont pu attein- dre les nectaires n’ont pas étépris
enconsidération.
Rhingia
collecte manifeste-ment du nectar, visite et
pollinise
les 3 es-pèces
dansquasiment
toutes les condi- tionsclimatiques,
tout aulong
de lapériode
de floraison des Vaccinium et à tout moment de lajournée.
Quantités de nectar sécrétées
Les valeurs extrêmes des
quantités
denectar
prélevées
varient énormémentd’une fleur à l’autre
(0-23,38 μl
pourVm,
0-9,37 μl
pour Vu et0-3,00 μl
pourVvi).
Les moyennes recueillies à
chaque date,
pour Vm et Vu sont données à la
figure
1.La
figure 1(a,b)
montre que lesquanti-
tés moyennes
prélevées (fig 1 a)
varientconsidérablement en fonction de la date et sont maximales lors des maximums de flo- raison de
chaque espèce (fig 1 b).
La
quantité
récoltée par fleur est en moyenne de2,65 μl
pour Vm durant lapério-
de du 9 au 20 mai
(valeur
moyenne maxima- le de3,89
±2,28 μl
le 18mai);
elle est de1,65 μl
pour Vu pour lapériode
17-22 mai(valeur
moyenne maximale de2,8
±1,53 μl
le 21
mai).
PourVvi,
elle est de0,63
±0,13
μl
pour lapériode
17 mai-3juin (fig 1 ).
Concentrations en sucres totaux
Les nectars
prélevés
sont relativement peu concentrés(de
l’ordre de 17% en moyen- ne, tableauII).
Les valeurs mesurées sont assezhomogènes
et on ne détecte aucu-ne variation en fonction de la date ou de
l’espèce.
Cettehomogénéité
étantpeut-
être
uniquement
due à la taille réduite de l’échantillon.Concentrations relatives en sucres
Les résultats obtenus sont
présentés
dansle tableau III.
L’unique analyse
réalisée avec le nectarde Vvi
indique
laprésence
de fructose α(53,2%),
deglucose
α(18,3%)
et de sac-charose
(28,5%) (tableau III).
Les
proportions
relatives des sucres restent constantes pour les différents échantillonsanalysés (différences
non si-gnificatives
à P =0,05 : test t) mais
varientfortement suivant les
espèces.
Le saccha-rose domine très
largement
chez Vm(S/(F
+
G)
=14,136)
alorsqu’il
estquasi
inexis-tant chez Vu
(S/(F
+G)
=0,003)
et que Vviprésente
lesproportions
lesplus équili-
brées entre les 3 sucres
(S/(F
+G)
=0,399 (tableau III).
DISCUSSION
Les résultats sont
trop
peu nombreux ettrop
variables pour mettre en évidence les effets de diversparamètres (température,
humidité
relative,
ouautres) qui pourraient expliquer
au mieux les différences entre lesquantités
et lesqualités
des nectars fournis.Une
centrifugation
des fleurs ou unepression
manuelle sur la base desgyné-
cées
permettent d’augmenter
lesquantités
recueillies.
Néanmoins,
comme l’ont fait re-marquer
Mesquida et al (1988),
ces métho-des ne
correspondent
pas auxprélève-
ments effectués par les insectes.
L’usage
de la
micropipette
semble doncplus
adé-quat
pour Vm et Vu. Il faudrait tester d’au- trestechniques
avec Vvi car il estpossible
que ses fleurs
plus largement
ouvertes per- mettent uneévaporation plus importante
dunectar et, si la viscosité de celui-ci augmen- te
fortement,
son extraction par microca-pillaire
devient dès lorsimpossible.
Différences dans les concentrations relatives en sucres chez les 3
espèces
Les différences
importantes
constatéesentre les concentrations relatives en su- cres chez les 3
espèces peuvent
semblerétonnantes.
Néanmoins,
Percival(1961)
arecensé,
chez les 43
espèces
d’Ericaceaequ’elle
aétudiées,
9espèces
dont le nectar necomprend
que dusaccharose,
22espèces
à nectar dominé par le
saccharose,
aucu-ne
espèce
à nectar bienéquilibré
et 12 es-pèces
à fructose etglucose
dominants.Suivant sa
classification,
Vaccinium myr- tillus relève dutype
saccharose dominant(Sfg), V
vitis-idaeaplutôt
dutype
intermé-diaire
(SFG)
alors que Vuliginosum
esttrès pauvre en saccharose
(sFG
ouFG).
Les valeurs obtenues chez V vitis-idaea sont
compatibles
avec celles queprésente Käpylä (1978).
Ses échantillons contien- nent0,105
mg de fructose etglucose
pour0,135
mg de nectar, c’est-à-dire une pro-portion
de 78%. Laproportion
trouvéedans notre cas est de
71,5%
deglucose
et fructose. Aucune donnée n’est fournie dans la littérature concernant les 2 autresespèces analysées.
En outre, les
productions
nectarifères d’autresespèces
de Vaccinium ont été étu- diées. Percival(1961)
trouve pour Vacci- niumcorymbosum,
V lamarckii et V tri-umph
untype unique
de nectar(sFG).
Mohr et Kevan
(1987) rangent
dans cettemême
catégorie V myrtilloides
et V angus- tifolium.Enfin, d’après
les travauxpubliés
en lamatière
(Percival, 1961;
Baker etBaker, 1983),
destypes
de nectar aussi variés se rencontrentfréquemment
au sein d’unmême genre
botanique.
Par contre, tou-jours
suivant ces auteurs, les concentra- tions relatives restent constantes pour une mêmeespèce, postulat
que corroborentnos données.
Relations entre la
composition
en sucredes
plantes
et lespollinisateurs
Baker et Baker
(1975, 1979, 1983, 1990)
ont tenté de mettre les
proportions
relati-ves en sucres en
parallèle
avec la faunepollinisatrice
rencontrée.D’après
ces au-teurs, les nectars dominés par les hexoses
proviennent
de fleurspollinisées
par lespetits Apidae
alors que les nectars à domi-nance de saccharose attirent les
plus
grosApidae
tels queApis
ou Bombus.D’autre
part,
Teräs(1985)
montre que les fleurs lesplus
souvent visitées par les bourdons(et particulièrement
par les rei-nes)
offrent du nectar contenant de 20- 39% ou 40-59% de fructose etglucose.
Par contre, les
types
saccharose pur(0-
2%
fru-glu)
ouglucose-fructose
purs(98- 100%)
recevraient peu de visites.Dans notre cas, V
myrtillus (Sfg)
attireun
plus grand
nombre de Bombus que les autresespèces (particulièrement Mega-
bombus pascuorum
floralis)
mêmelorsque
sa floraison se termine et que les 2 autres
espèces
sont alorspleinement épanouies.
Par contre,
Apis
mellifera se rencontrepré-
férentiellement sur V vitis-idaea
(SFG) mais, V uliginosum (FG
ousFG)
attire uneplus grande quantité
depollinisateurs
que V vitis-idaea.Les résultats obtenus ici montrent
qu’il n’y
a pas de relation évidente entre lestypes
de nectar et lespollinisateurs
ren-contrés et
rejoignent
en cela lesopinions
de Percival
(1961),
Eickwort etGinsberg (1980)
ou Dafni et al(1988)
pourlesquels
aucune corrélation ne
peut
être établie entre lestypes
de nectar et lespollinisa-
teurs.
D’autres
paramètres peuvent
intervenirpour tenter
d’expliquer
leslégères
différen-ces dans la faune
pollinisatrice
comme laphénologie
décalée des 3espèces,
les lon-gueurs des
corolles,
la forme différente deces
corolles,
l’odeur ou d’autresparamètres
encore. De
même,
les nectarspeuvent
contenir d’autres éléments attractifs ou nonpour les insectes tels que des acides ami-
nés,
deslipides,
desphénols,
etc(Baker
etBaker, 1979; Gottsberger et al, 1990).
Concentrations totales
en sucres
optimales
En ce
qui
concerne la concentration totaleen sucres, Free
(1955),
Pouvreau(1974),
Corbet
(1978)
et Eickwort etGinsberg (1980)
notent que le maximum de visitesd’Apidae
se font pour des concentrations totales en sucres de 30-50%. Par exem-ple,
les fleurs de Vcaespitosum fréquem-
ment visitées par diverses
espèces
deBombus et
d’Apis
offrent un nectar deconcentration moyenne
égale
à49,2%
(Carter, 1991).
Mais Waser(1982)
montreque les
Apidae peuvent
visiter des fleursau nectar dilué.
Les auteurs
ayant
étudié lesespèces
américaines
(Bigras-Huot et al, 1973;
Ro-berts, 1978;
Cane etal, 1985;
Mohr etKevan, 1987) signalent
tous une dominan-ce des bourdons sur les abeilles dans la
pollinisation
de Vacciniummyrtilloides,
Vangustifolium,
V macrocarpon et V stami-neum. Suivant ces auteurs, les
espèces
les
plus
attractives sont cellesqui possè-
dent les
plus grandes quantités
de nectarsmais pas nécessairement les
plus
concen- trés en sucres(et
rien n’est ditquant
auxproportions
relatives de cessucres).
Les Vaccinium
repris
dans laprésente
étude
présentent
des concentrations infé- rieures aux valeurs citéesgénéralement
comme «attractives»
(9,09-28,49%)
maiselles sont
compatibles
avec celles trou-vées,
parexemple,
par Dorr(1981)
chezZenobia,
une autre Ericaceaeprésentant
un nectar FG concentré à
16,5%
et attirant bourdons et abeilles.Les concentrations en sucres totaux ne
peuvent
donc pasplus expliquer
l’attirance de diversApidae
pour les fleurs des Vacci- nium étudiés que lestypes
de nectar ren-contrés. Le seul
paramètre
en accord avecla littérature est
peut-être
celui de la quan- tité sécrétée : Vmyrtillus plus
nectarifère a, eneffet,
attiré unplus grand
nombre depollinisateurs.
Facteurs
influençant
la
production
de nectarLa
quantité
et laqualité
d’un nectardépen-
dent de
multiples
facteurs tels quel’âge
dela fleur
(Roberts, 1978; Pleasants, 1983),
la localisation de la fleur
(Hocking, 1968;
Pleasants, 1983),
la taille de cette fleur(Brink
et deWet, 1980),
la taille de laplan-
te
(Harder, 1985),
la localisation de l’indivi- du(Zimmermann
etPyke, 1988),
le mo-ment dans la
journée (Corbet
etal, 1979),
les conditions
climatiques (Hocking, 1968;
Southwick
et al, 1981), le prélèvement
par despollinisateurs (Corbet
etal, 1979;
Pleasants, 1981)
ou l’humidité du sol(Zim-
merman,
1988),
de telle sorte que les ré-sultats
présentés
ici nepermettent
pas de conclure aveccertitude,
d’autantplus
que la variabilité estélevée;
une étudeplus
ap-profondie
desproductions
nectarifères des Vaccinium serait souhaitable.CONCLUSION
En
général donc,
Vm attiremajoritaire-
ment des reines de
bourdons,
avecquel-
ques
syrphes.
Lespollinisateurs
de Vu re-prennent
les mêmes genres maiscomportent
unplus grand
nombre de syr-phes
etquelques abeilles;
Vvi est surtout attractive àl’égard
desabeilles,
maiséga-
lement des
bourdons,
des abeilles solitai-res et des
syrphes.
Ainsi les
pollinisateurs
lesplus
communsse retrouvent chez les 3
espèces
de Vacci-nium. Ces Vaccinium
présentent
donc descombinaisons diverses de
pollinisateurs
avec un certain
partage
dequelques-uns
d’entre eux
(certains Bombus, Apis
et Rhin-gia principalement).
Les fourmis sont consi- dérées comme des voleuses de nectar(In-
ouye,
1980)
et nejouent
aucun rôle dans lapollinisation
des Vaccinium. Par contre, les bourdons et les abeillesdomestiques
récol-tent à la fois du nectar et du
pollen
tout entouchant les
stigmates,
ils sont donc consi- dérés comme de bonspollinisateurs
deVaccinium.
REMERCIEMENTS
Tous mes remerciements vont au Prof De Sloo-
ver qui a bien voulu
diriger
cette étude. J Mes-quida
et un lecteur anonyme ontpermis
d’amé-liorer
grandement
le manuscritgrâce
à leurscritiques judicieuses.
Le Prof P Berthet nous aapporté
ses connaissances statistiques.Summary —
Astudy
of the Vacciniumflower nectar secretions. In order to de-
termine if the characteristics of the Vaccin- ium nectars are
responsible
for the visits ofpollinators (bumblebees, honeybees,
ho-verflies) (table I),
the secretions of Vmyrtil- lus,
V vitis-idaea and Vuliginosum
havebeen
analysed
forquantity,
total sugarconcentration and relative ratios of sugars.
The
quantities
of extracted nectar differed amongdates,
flower ages andspecies (fig 1), as
did total sugar concentration(mean:
18.79% for V
myrtillus
and 16.40% forV uliginosum) (table II).
Great differencesare shown between
species
in chromato-graphic analysis
of their relative sugar ra- tios.V myrtillus
nectar showed sucrosedominance
(93.33%),
V vitis-idaea had a more balanced nectarcomposition (28.52%
sucrose, 53.24% fructose and 18.30%glucose),
and Vuliginosum
nectarwas sucrose poor
(0.33%
sucrose, 62.98%fructose and 35.93%
glucose) (table III).
An
attempt
was made to establish relations between thesepatterns
of variation andforaging
behaviour of insects.Actually pol-
linators are
quite
similar and it is doubtful that nectar characteristics alone determine visits. Furtherexperiments
arerequired.
nectar /
glucid
/ Vaccinium / Bombus /Apis
Zusammenfassung — Untersuchung
der Nektarsekretion in den Blüten von drei Vaccinium-Arten. Um
festzustellen,
ob die Besonderheiten der Vaccinium- Nektare für die Besuche der Blütenbestäu- ber(Hummeln, Honigbienen,
Schwebflie-gen)
eine Rollespielen,
wurde der Nektarvon V
myrtillus (Heidelbeere),
V vitis-idaea(Preiselbeere)
und Vuliginosum (Rausch- beere)
aufMenge,
Gesamtzucker- konzentration und die relativen Anteile der einzelnen Zucker untersucht.Die
Menge
des gewonnenen Nektars schwankte sowohl mit demZeitpunkt,
demAlter der Blüten wie mit der Art
(Abbildung
1). Dasselbe
war auch mit der Gesamt-zuckerkonzentration der Fall
(Mittelwert:
18,79%
für Vmyrtillus
und16,40%
fürV uliginosum,
TabelleII).
Große Unter- schiedeergaben
sich in der Zuckerzusam-mensetzung
zwischen den Arten bei derchromatographischen Analyse
der relati-ven Anteile der Zucker: bei V
myrtillus
herrschte die Sukrose vor
(93.33%)
wäh-rend V vitis-idaea einen annähernd ausge-
glichenen
Nektar aufwies(28,52%
Sukro-se,
53,24% Sukrose, 18,30% Glukose)
und V
uliginosum
sukrose-arm war(0,33%
Sukrose, 62,98%
Fruktose und35,93%
Glukose
(Tabelle III).
Wir
versuchten, Beziehungen
zwischendiesen Variationsmustern und dem Sam- melverhalten der Insekten herzustellen.
Die Bestäuber dieser drei Blütenarten sind aber sehr ähnlich und es erscheint zweifel-
haft,
daß nur dieEigenschaften
des Nek-tars über den Besuch entscheiden. Es sind weitere Versuche erforderlich.
Nektar / Zucker / Vaccinium /
Apis
/Bombus
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