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Grande-Bretagne et Europe : Une situation surréaliste.

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Academic year: 2022

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Grande-Bretagne et Europe : Une situation surréaliste.

Les batailles d’arrière-garde au parlement Britannique des partisans du maintien dans l’Europe de la Grande Bretagne sont en train de se terminer.

Certains vieux crabes nostalgiques ont essayé de faire passer quelques amendements au projet de madame May à la chambre des Lords, mais ces amendements seront annulés lors du retour du texte à la chambre des communes la semaine prochaine. Il est donc certain que madame May va invoquer l’article 50 dans quelques jours et les «négociations» vont pouvoir commencer -enfin- entre Bruxelles et Londres.

Je mets « négociations » entre guillemets tout simplement parce qu’un certain nombre d’anglais et non des moindres, pensent en toute bonne foi qu’il n’y a rien du tout à négocier. Des hommes aussi éminents que Lord Lawson, ancien ministre des finances de madame Thatcher (qui d’ailleurs vit dans le Gers) ou Lord King, le précédent gouverneur de la banque d’Angleterre soutiennent que ce que la Grande-Bretagne doit faire est très clair.

Il suffirait de demander que le commerce entre la Grande Bretagne et le reste de l’Europe soit régi par les règles du GATT qui encadrent le commerce international entre les pays qui n’ont pas signé d’accords bilatéraux entre eux tout en faisant passer (devant le parlement Britannique) une à une toutes les réglementations ou lois imposées par Bruxelles pour supprimer toutes celles qui ne correspondent pas aux intérêts locaux et garder toutes celles qui seraient de bonne qualité.

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Comme on le voit, l’idée est simple : la Grande- Bretagne abandonne tout accord exclusif avec la communauté européenne et demande simplement qu’entre la Communauté et elles soient appliquées les règles qui s’appliquent entre la Communauté et le reste du monde (US, Chine etc..) tout en faisant le tri entre les bonnes et les mauvaises solutions que l’Europe lui a imposé depuis des années, le tri étant fait par son propre parlement.

Voilà qui a le mérite de la simplicité.

Aimer la simplicité n’a jamais été la caractéristique première des bureaucrates Bruxellois et leurs vues sur les négociations sont bien entendu complètement différentes. Pour eux, la pire des choses serait que tout se passe simplement et que la Grande-Bretagne prospère tranquillement tandis que l’Europe continue de s’enfoncer.

Et donc, si j’ai bien compris, le but des négociateurs désignés par la Commission est double. Mettre des bâtons dans les roues de la Grande-Bretagne autant que faire se peut tout en essayant de lui extraire le maximum d’argent possible pendant que les négociations continuent.

En bons mafieux qu’ils sont, les commissaires européens veulent faire payer à la Grande-Bretagne de vouloir redevenir libre et indépendante et pour la faire chanter le plus longtemps possible, ils feront durer les pourparlers autant que faire se peut.

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Et d’agiter des chiffres de dizaines de milliards d’euro que la Grande-Bretagne devrait leur verser tout en expliquant que la City est foutue et que tous les principaux cerveaux qui y sévissent vont filer à Francfort ou à Paris, ce qui me fait doucement sourire (comprendre : rire aux éclats).

S’imaginer qu’une City qui se libère de la tutelle Bruxelloise va perdre de son attrait est une contradiction logique, car plus la City est libre, mieux elle fonctionne. Il n’y a que messieurs Barnier ou Macron pour croire qu’une City réglementée par Bruxelles fonctionnerait mieux qu’une City qui se réglemente elle-même. Si la City se libère de Bruxelles, mon conseil à tous les jeunes est qu’il faut s’y précipiter et non pas la quitter. Il faut être un haut fonctionnaire français pour ne pas comprendre que ce qui crée la croissance c’est la liberté et non pas le contrôle et la réglementation.

Et en écrivant cela, à mon avis, je touche vraiment au cœur du problème Bruxellois.

A l’évidence, des hommes comme Delors, Barnier, Lamy, Juncker, Barroso, Kinnock…pensent sincèrement que les réglementations, lois, directives qui sortent sans arrêt de Bruxelles sont utiles, efficaces et aident à la prospérité en Europe.

Quelque part, ces pauvres garçons se perçoivent en chef d’orchestre agitant leur baguette tandis qu’ils voient les entrepreneurs comme de gentils musiciens qui, s’ils n’étaient pas là opéreraient dans une cacophonie totale.

Il ne leur traverse même pas l’esprit que les entrepreneurs n’ont en rien besoin de chefs d’orchestre mais de monnaies correspondant à la productivité de chaque pays compte tenu de son pacte national, de droits de propriété reconnus par un système légal stable et de qualité et enfin d’un système de crédit concurrentiel et bien capitalisé s’appuyant sur des prix de marché pour les taux d’intérêts et les

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taux de change.

Or comme toutes leurs actions depuis vingt ans se sont attachées à détruire ces trois piliers indispensables (d’après Schumpeter) à toute croissance économique, on peut se poser des questions sur leur compréhension des réalités.

Ces pauvres gens croient vraiment, vraiment, qu’ils font un travail utile…Ils sont à peu près aussi utiles que les fonctionnaires du Gosse Plan en URSS il y a quelques années et ce n’est pas un hasard si j’ai souvent appelé l’Union Européenne une URSS molle. Les mécanismes de pensée sont les mêmes.

Et j’en ai un exemple quasiment parfait de ces différentes interprétations simplement en analysant le commerce extérieur de la Grande Bretagne.

Je vais d’abord présenter des chiffres, ceux des exportations et des importations entre la Grande- Bretagne et la zone euro, puis entre la Grande-Bretagne et le reste du monde et ensuite je les commenterai en mettant d’abord ma casquette de haut-commissaire européen et ensuite celle de Lord King.

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Explication du Commissaire européen lambda ou de l’homme de Davos de base.

Les exportations de la Grande Bretagne vers la zone euro ne progressent plus depuis 10 ans, alors que ses importations de la même zone montent fortement.

Cela veut donc dire que l’économie britannique n’est pas compétitive avec les économies de la zone euro et/ou n’a rien à vendre au reste de l’Europe. A la place de se reformer pour redevenir compétitifs, les britanniques ont choisi de sortir de l’Europe et comme ils sont inefficaces, qu’ils n’ont rien à vendre et qu’ils ne seront plus protégés par Bruxelles, leur économie va s’effondrer et ils n’auront que ce qu’ils méritent.

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Explication de Lord King, ancien gouverneur de la banque d’Angleterre

Les exportations de la Grande Bretagne vers le reste du monde hors zone euro se développent admirablement ainsi que les importations anglaises en provenance de cette zone (voir le graphique du bas). Les exportations anglaises vers l’Europe ne croissent pas tout simplement parce que la zone euro hors Allemagne stagne depuis 20 ans, et donc les importations françaises, italiennes, espagnoles, grecques, portugaises s’écroulent puisque les niveaux de vie locaux se sont ratatinés dans tous ces pays depuis vingt ans également. Et cette chute sans précédent des niveaux de vie en Europe continentale a été créée de toutes pièces par la coexistence de l’euro et de la folie réglementaire de Bruxelles (Cf. le dernier livre de Lord King, the end of Financial alchimy ».

En sortant de l’Europe, la Grande-Bretagne coupe donc le lien qui reliait la chaloupe Anglaise au Titanic Bruxellois en train de sombrer, et ce faisant, la Grande-Bretagne se sauve.

Bien entendu, si vous croyez comme mon haut fonctionnaire européen que la première thèse est la bonne, par charité il va vous falloir «punir» la Grande –Bretagne pour empêcher la France, l’Italie ou l’Espagne de se suicider.

Si vous pensez comme Lord King que le problème est la stagnation de l’Europe et non pas la sortie de la Grande-Bretagne , alors, vous allez dire que depuis vingt ans la Grande- Bretagne achète beaucoup plus au reste de l’Europe qu’elle ne le devrait sans que les européens lui rendent la politesse, tout simplement parce qu’on les y force (politique agricole commune par exemple) et qu’il vaudrait beaucoup mieux pour l’économie anglaise qu’il achètent ailleurs et moins cher, ce qui ferait monter le niveau de vie des électeurs anglais.

Sortir de l’Europe, c’est donc rendre sa liberté de choix au citoyen britannique.

Quand j’étais enfant, j’entendais souvent une phrase : « le client est roi »

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Le lecteur sans instruction remarquera que les anglais nous achètent infiniment plus qu’ils ne nous vendent, que donc ce sont nos clients et qu’il serait peut-être raisonnable d’être aimables avec eux. Nous devrions en fait être d’une gentillesse extrême puisqu’énormément d’emplois chez nous sont dépendants de leurs achats.

Hélas, ceux qui nous gouvernent sont très instruits et on fait l’école nationale d’administration. Et ces génies pensent que si les anglais ont un déficit, c’est tout simplement parce qu’ils sont mal gérés et qu’il est urgent de punir les gens mal gérés sans même réfléchir une seconde que ces incapables sont nos clients. Les punir, c’est les inciter à acheter ailleurs.

Il faut quand même être complètement crétin, ou avoir fait de très longues études, ou être fonctionnaire, ou les trois à la fois pour punir financièrement ceux qui vous achètent beaucoup plus de produits qu’ils ne nous en vendent.

Or, c’est ce que propose de faire les Barnier et Juncker de ce monde.

Bien entendu s’ils le font, les usines VW et BMW fermeront à Wolfsburg et à Munich tout simplement parce que les anglais iront acheter leurs voitures en Suède, en Corée ou au Japon. Ce ne sont pas les fabricants de voitures qui manquent et la moitié des surplus allemands est due à des exportations de voitures dont plus personne n’aura besoin dans 10 ans. Je peux par contre assurer le lecteur que tout le monde aura toujours besoin des services de la City dans 10 ans.

Et la zone Euro pendant ces mêmes 10 ans continuera de s’enfoncer de façon imperturbable et cela durera tant que les Barnier and Co ne seront pas virés, c’est- à-dire tant que les peuples ne se seront pas libérés…

Aux urnes citoyens, Formez vos bataillons

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Allons, allons !

Bruxelles tient Londres par les bourses…

L’idée que le peuple pense mal revient en force. Seule l’élite serait habilitée à penser. Ceux qui on voté pour le Brexit sont « des nains de jardin » (Bernard- Henri Lévy), « les bobos qui regardent Downtown Abbey » (Alain Minc) , « le soi- disant peuple qui prend des décisions irréfléchies » (Jacques Attali). En un mot ce sont des abrutis incultes qui n’auraient pas compris la portée de leur vote. Une telle posture a déjà permis avec succès à de nombreuses institutions européennes de contourner le vote des peuples…

La démocratie directe existe, on ne peut pas mépriser en permanence le

« Tiers Etat ». Il ne faut pas enterrer les Nations et les Peuples. C’est bien ce qui a été fait sur les billets de banque en Euro sur lesquels on a remplacé « les grands hommes » par des aqueducs et des ponts. Si les élites sont devenues illégitimes, c’est qu’elles ne proposent aucune vision. Il faudrait de vrais débats : un sur le type d’Europe que nous voulons (marché ou politique), un autre débat sur le type de croissance, un débat enfin sur la place des nations en Europe. Le rêve de Jean Monnet « d’une course sans retour vers les Etats Unis d’Europe » a vécu. L’Europe n’est pas binaire, Il n’y a pas que l’intégration et ou le fédéralisme…

La politique monétaire déclenchée depuis de nombreux mois n’a qu’un effet marginal sur la croissance économique. Tout le monde l’a constaté. Les politiques

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keynésiennes se caractérisent par le fait que si quelque chose ne donne pas les effets escomptés, au lieu d’arrêter, il faut en faire encore plus. Le Brexit va donc fournir le prétexte à la BCE pour acheter des papiers de moins bonne qualité. Cela va devenir utile pour refinancer les banques italiennes. Il semble que les fonds de pension des pays du nord pourraient bientôt emprunter de l’argent à taux quasi zéro pour l’investir en obligations souveraines des pays du sud de l’Europe. Des fonds de pension qui empruntent de l’argent c’est l’inverse de l’épargne longue.

C’est la conséquence des taux zéro où le futur devient plus certain que le présent.

On n’avait jamais vu cela !

La loi Travail devient un monstre législatif. La France de François Hollande est à deux doigts de l’embrasement. On est au bord de la guerre civile. La France est secouée par une insurrection sociale ponctuée de grèves hebdomadaires avec des actes de violences et de vandalisme. La CGT a basculé dans le terrorisme syndical. Il y a dans « l’ultra gauche » une montée de violence quasi armée dont les grands médias rendent assez peu compte.

Le CICE n’a pas permis « d’inverser la courbe du chômage ». Dans la perspective des élections présidentielles, François Hollande utilise maintenant l’arme de la démagogie à tous les étages avec l’annonce de nombreuses promesses qui ne sont pas financées. Les mesures électoralistes pour les fonctionnaires (dégel du point d’indice, nouvelles grilles salariales, hausse des effectifs…) vont coûter extrêmement cher. Au moment où l’endettement de la France atteint désormais 97,5% du PIB, ce sont des mesures absolument irresponsables…

Brouillard sur la manche, le continent est isolé

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L’économie britannique devrait terminer l’année dans le rouge. Il va se produire un choc déflationniste important. L’avenir radieux annoncé par les partisans du Brexit se traduit pour le moment par une dégradation financière du Royaume Uni par les agences de notation comme Fitch, pour qui la note a été abaissée à « AA avec perspectives négatives ». Le Congrès du parti conservateur se réunira en octobre à Birmingham. Theresa May semble la mieux placée pour devenir le prochain premier ministre. Elle sera obligée de proposer un modèle moins éloigné du « Remain ». Le Royaume Uni est pour le moment le troisième contributeur net au budget de l’UE à hauteur de 4,9Md€ après l’Allemagne (15,5) et la France (7,1).

Elle fera tout pour que les marchés restent à Londres et que les sociétés implantées au Royaume Uni continuent de bénéficier du « Passeport Européen ».

Comme le disent avec humour les traders londoniens, « Bruxelles tient Londres par les bourses ».

Si le Brexit ne se produit pas certaines actions anglaises sont attractives. notamment celles qui exportent le plus vers l’Europe continentale sont devenues attractives dans l’hypothèse où les futures négociations permettront à la Grande Bretagne de conserver au moins en partie l’accès au marché unique. Dans cette perspective, il faut mieux choisir des sociétés spécifiques plutôt que d’acheter des ETF qui répliquent un indice. Dans le cas de l’indice FTSE 100 par exemple, il y a trop de banques et de sociétés de matières premières. On peut retenir en revanche : Shanks Group (74% du chiffre d’affaire en Europe), Man Group (66%), Thomas Cook Group (65%), Vodafone (58%), Bodycote (57%), Computacenter (54%), Kingfisher (40%), Imperial Tobacco (40%), WPP (34%). Mais la baisse de la Livre n’est pas terminée….

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L’Europe doit tirer les leçons de l’électrochoc envoyé par les anglais

Tous les débats qui ont lieu depuis le vote en faveur du Brexit par nos amis anglais ont le mérite d’aborder enfin les effets de ce vote. C’est dommage qu’ils n’aient pas eu lieu pendant la campagne.

Le rejet de l’establishement politique incarné par les institutions européennes a prévalu. Avec 6 pays fondateurs, 19 pays membres de l’Union Monétaire et 28 pays membres de l’Union Européenne, il est évidemment très difficile de provoquer de l’enthousiasme et d’avancer.

On peut légitimement se plaindre de ne pas connaître Donald Tusk président du Conseil Européen qui réunit les chefs d’Etat et de Gouvernement ; Jean Claude Juncker président de la Commission; Jeroen Dijsselbloem président de l’Eurogroup qui réunit les ministres des finances. Frederica Mogherini représentante de la diplomatie européenne. Ils incarnent des jeux politiques incompréhensibles par les peuples européens.

Tout référendum qui aurait lieu dans plusieurs pays Européens sur le même sujet produirait les mêmes résultats. Il faudra donc redéfinir les missions des dirigeants européens, restreindre le champ de leurs interventions et surtout laisser respirer la démocratie. Les institutions européennes ne sont que ce que les états les autorisent à être.

Le divorce sera long et compliqué

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Le shéma juridique du divorce est compliqué puisqu’il implique une double négociation. Une sur les modalités de départ déclenchées à partir du moment où la Grande Bretagne le demande, en vertu de l’article 50 du Traité de Lisbonne. Une autre sur les futures relations entre Bruxelles et Londres. Pour avancer au niveau européen, il faut un vote à la majorité des Etats membres plus une approbation par le parlement européen, plus dans certains pays une ratification par les parlements nationaux. Comme tout cela peut durer au moins deux ans, certains pensent que nos amis anglais reviendront sur leur vote. Cela s’est déjà produit chez les danois en 1992 et 2000; chez les irlandais en 2001 et 2008; chez les suédois en 2003; en France en 2005; en Hollande en 2005; chez les grecs en 2015. Ceux qui connaissent bien l’histoire de l’Angleterre pensent en revanche qu’une nouvelle consultation se traduirait par un pourcentage de votes encore plus important en faveur du Brexit…

Le camp des probrexit a voulu s’affranchir des contraintes européennes.

Le problème est qu’elles étaient en grande partie imaginaires, la Grande Bretagne n’étant ni membre de la zone Euro, ni de l’espace Shengen. Parmi les statuts de pays associés à L’Union Européenne il existe deux exemples intéressants : la Norvège qui ne fait pas partie de l’UE mais qui est membre de l’espace économique européen. Elle bénéficie de l’accès complet au marché unique. En échange elle contribue au budget européen ;

la Suisse qui a une relation avec l’UE qui repose sur 120 accords bilatéraux qui ne comprennent pas les services financiers.

Paradoxalement le meilleur des systèmes pour des anglais qui voulaient continuer à profiter du marché unique européen était peut être le statut qu’ils ont décidé de quitter.

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Le départ du Royaume Uni affaiblira l’Union Européenne sur les plans économiques, diplomatiques et militaires. L’effet Brexit risque d’être plus négatif pour l’Europe que pour la Grande Bretagne. La croissance de l’UE pourrait tomber à 0,5% au moment où les dettes publiques ne sont pas résorbées.

Il prive de toute façon l’Europe du contrepoids contre la tentation réglementaire omni présente de Bruxelles. Londres a toujours imposé au projet européen une orientation très anglo-saxonne. La minorité des pays réputés libéraux ne sera plus assez importante pour bloquer l’adoption de certains textes.

Les risques économiques, financiers, sociaux et politiques pour Londres sont importants. Le business model reposant notamment sur l’exportation de services financiers en Europe continentale à partir de la City devra être revu. Tout cela va ouvrir une crise profonde aussi bien chez les conservateurs que chez les travaillistes.

L’Europe doit tirer les leçons de cet électrochoc. Il faut d’abord respecter le vote des électeurs. C’est l’occasion de relancer la construction européenne sur les grands problèmes qui les préoccupent : immigration, défense, politique économique. Le problème du moment étant que sur chacun de ces sujets allemands et français ne voient pour le moment pas les choses de la même manière.

L’effet domino est probable si les nouvelles relations entre le Royaume Uni et l’Union Européenne ne sont pas rapidement définies. Si les institutions

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européennes n’agissent pas assez vite, l’onde de choc populiste va se propager.

Elle agrège l’europhobie, la critique des élites, la peur de l’étranger et la crainte de la mondialisation. Tout ce qui capitalisera sur le nationalisme régressif et la montée protestataire profitera aux partis extrémistes. L’Italie pourrait être le prochain candidat à la sortie Son PIB n’a progressé que de 5,4% depuis 1999 date de l’instauration de l’Euro. Pendant la même période le PIB a japonais a monté de 14%. Le prochain référendum d’octobre prochain sera très important…L’Ecosse et l’Ulster vont encore demander un référendum …Les Pays Bas pourrait voter un « Nexit »

Sur les marchés, le dollar devrait profiter comme toujours de cette période d’incertitude. Il y a un moment où il faudra acheter les sociétés qui vont profiter de la dévaluation de la Livre notamment Diageo et Pernod Ricard toutes deux gros producteurs de whisky.

Parmi les secteurs qui vont particulièrement souffrir figurent les banques, l’assurance, l’immobilier et les compagnies aériennes dont l’essentiel des coûts sont en dollar alors que leurs recettes sont très majoritairement en Livre…

Les marchés en Asie vont aussi profiter de cette période d’incertitude en Europe.

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Et maintenant que vais-je faire ?

« De temps en temps un rocher tombe dans un fleuve et en détourne le cours » Soljenitsyne

La Grande- Bretagne a décidé de sortir de l’Union Européenne.

Et donc beaucoup de lecteurs qui me croient peut-être doué d’un don de voyance me demandent ce qui va se passer. Je vais donc être parfaitement franc : je n’en ai pas la moindre idée. Mais ne pas avoir la moindre idée ne m’interdit en rien de penser en bon intellectuel pragmatique que j’espère être à ce qui pourrait se passer et sur ce que tous ces bouleversements peuvent bien vouloir dire. Et d’agir en conséquence…au risque de me tromper, ce qui m’est souvent arrivé.

Comme d’habitude, je vais commencer avec Socrate et terminer avec monsieur Fenouillard, partant des causes premières pour terminer avec des recommandations d’achat ou de vente en bourse (pouah !).

La cause première de ce vote est toute simple. Un pouvoir ne subsiste dans nos sociétés que s’il est légitime.

Et la légitimité est une notion classique en science politique mais assez diffuse.Dans nos sociétés, il est d’usage de considérer que la légitimité provient du suffrage universel et qu’elle se ressource dans des élections fréquentes et

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concurrentielles tant et si bien que l’on en est arrivé à confondre légitimité et légalité.

Mais cela n’a pas toujours été le cas. Par exemple, l’Union Soviétique avait bâti sa légitimé sur le fait qu’elle était censée représenter le « prolétariat » c’est-à-dire le nouveau messie et qu’elle s’appuyait sur l’œuvre de Marx qui permettait de prévoir le déroulement de l’Histoire et dont Sartre disait que c’était l’horizon indépassable de la pensée humaine.

Et cela a marché jusqu’à la publication de l’Archipel du Goulag par Soljenitsyne qui fit éclater ces deux idioties. Du coup, l’Union Soviétique disparut quelques années après parce qu’elle avait perdu toute légitimité.

Curieusement, la même chose s’est produite avec la construction européenne et monsieur Juncker nous a dit tout récemment qu’il n’y avait pas de sortie démocratique aux institutions Européennes, ce qui revenait à affirmer que les peuples Européens avaient perdu pour toujours leur souveraineté.

Voila qui était afficher un chiffon rouge devant le peuple Anglais qui immédiatement se chargea de démontrer à ce fraudeur fiscal non élu que la souveraineté Britannique était antérieure et supérieure aux traités Européens sur lesquels on ne leur avait jamais demandé leur avis… Et donc la première conséquence que je tire du vote de jeudi dernier est que la construction européenne telle qu’imaginée par Jean Monnet et tous ses successeurs a perdu toute légitimité.

Ce que Soljenitsyne a fait à l’URSS, le peuple Britannique vient de le faire à cette espèce d’URSS molle qu’était devenue la construction Européenne et de cela, elle ne se remettra JAMAIS.

Première bonne nouvelle.

De cette réalité, je peux tirer quelques conséquences.

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Depuis longtemps, j’annonce le « réveil des peuples » L’embêtant était qu’aucun pays ne voulait jouer le rôle du petit garçon dans le conte d’Andersen « le Roi est nu » tant peu de pays avaient une histoire démocratique convenable. Dés que l’un d’entre eux commençait à manifester quelques velléités d’indépendance comme la Grèce ou l’Italie, on organisait un coup d’état pour virer le premier ministre et le remplacer par un Quisling de service, au nom de la reductio ad Hitlerium.

C’est un coup qu’on pouvait faire à TOUS les pays Européens, mais pas à la Grande-Bretagne puisque c’est elle qui avait battu Hitler.Et du coup l’obstacle a sauté et tous les autres pays vont à un moment ou à un autre redemander leur souveraineté. Et le jour ou un pays situé dans l’Eurozone organisera un referendum (la Hollande ?), l’euro sautera et l’Europe pourra recommencer à croitre normalement. Le bâtiment de la BCE à Francfort va être mis en location ou en vente dans peu de temps.

Deuxième bonne nouvelle.

Venons en aux conséquences économiques probables : la quasi totalité des hommes d’affaires que je connais vont donner des ordres pour interrompre TOUS les investissements à long terme. Il faut être fou comme un lapin pour construire une usine dans un pays sans savoir dans quelle monnaie les produits de cette usine seront vendus deux ans plus tard. Voila qui va créer une récession considérable et cette récession va amener à une hausse très forte des taux d’intérêts sur les obligations à 10 ans au Portugal, en Espagne, en Italie, en France et cela va accélérer le mécontentement des peuples. Pour ceux qui en auraient encore, vendez toutes les obligations d’Etat dans la zone euro, y compris les obligations allemandes puisque le secteur financier allemand, bourré d’obligations Françaises, Italiennes, Espagnoles va faire faillite et devra être nationalisé et recapitalisé par l’Etat allemand. L’offre de Bunds va beaucoup, beaucoup monter et vous aurez tout le temps d’en acheter.

En ce qui concerne les actions cotées en Europe, n’ayez que des titres de sociétés qui ne vendent presque rien dans le vieux continent et strictement rien aux Etats locaux. La volatilité que les politiciens Européens avaient essayé de supprimer en

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se prenant pour des demi-dieux va revenir en force et voila qui va faire mal.

Mais une cure de désintoxication est toujours pénible.

Pas vraiment une bonne nouvelle, mais rien ne sera possible tant que nous ne serons pas passés par là. J’aurais préféré que les hommes politiques reconnaissent leurs erreurs et organisent le démantèlement de toutes ces idioties, en bon ordre.

Hélas, ce sont les marchés qui vont se charger du sale boulot, et je crains que tout cela ne soit un peu chaotique.

Devant ce désastre qui s’annonce, les oints du Seigneur et autres hommes de Davos tombent les masques. Jacques Attali nous explique gravement que les peuples ne devraient pas être autorisés à voter sur les sujets qui les dépassent tandis que de menus personnages tels Gaspard Koenig, une sorte de sous BHL, nous annonce « qu’il déteste les Nations et les Peuples et qu’il va quitter la Grande Bretagne », qui à mon avis s’en remettra assez facilement.

On sent chez tous ces gens la une crainte considérable : à la place d’être subventionnés par les classes technocratiques comme ceux qui faisaient partie de l’association des écrivains en URSS autrefois, ils vont être obligés de se mettre au travail et de gagner leur vie honnêtement.

Le drame est qu’ils risquent d’être payés à leur vraie valeur.

Honnêtement, je considérerai ça comme une bonne nouvelle.

Terminons ce rapide tour d’horizon avec la Grande-Bretagne.

La livre sterling est en train de devenir sous évaluée et contre le dollar et contre l’euro et pour tout ce qui est le cash, je ne vois pas très bien pourquoi un Français ne devrait pas mettre son cash en Livre sterling. Apres tout la Livre remonte à Charlemagne et à mon avis elle sera encore là dans deux ans, en revanche, je ne

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suis pas sûr qu’il en soit de même pour l’euro.

En ce qui concerne les obligations, je ne vois pas pourquoi il faudrait en acheter tant leurs prix ont été manipulées par les banques centrales, à l’exception des obligations longues US qui gardent une capacité de protection et des obligations en Renminbi dont j’ai souvent parlé ici.

Et enfin en ce qui concerne les actions, la zone Asiatique centrée autour de la monnaie Chinoise devrait résister de façon satisfaisante. Pour ceux qui DOIVENT avoir des actions en Europe, j’achèterais en Grande- Bretagne, en Suède, en Suisse, au Danemark, tous pays qui ne font pas partie de la zone Euro.

A titre indicatif les actions Britanniques aujourd’hui devraient être favorisées par rapport aux actions de la zone euro ou françaises, comme en fait preuve le graphique suivant.

Conclusion

Comme le disait Lénine, parfois en quelques semaines, il se passe plus de choses que pendant bien des années précédentes.

Il me semble que nous sommes en train d’arriver dans l’une de ces périodes.

Gardez votre poudre bien au sec.

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La vraie signification du débat sur le BREXIT

« Les Anglais n’ont aucun problème avec les réalités. Ils ont de grosses difficultés avec les idées ».

Winston Churchill

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Vendredi prochain, nous allons enfin connaître le résultat du vote Britannique et je n’ai jamais fait mystère de mon souhait : j’espère que la Grande-Bretagne va sortir de cette Union Soviétique molle qu’est devenue l’Union Européenne et que cette sortie remettra un peu les pendules à l’heure à Bruxelles. Il va falloir qu’ils réapprennent que le Souverain est le peuple et non pas leur médiocres personnes.

Nous nous approchons en effet du dénouement de ce qui pourrait bien être la crise de l’Europe Technocratique et comme d’habitude les Anglais sont appelés à faire pencher la balance d’un coté ou de l’autre. Explications.

J’ai passé une grande partie de la semaine dernière à Londres pour rendre visite à mes clients Anglais. Je connais certains d’entre eux depuis trente ans ou plus et je dois dire que j’ai été un peu abasourdi par l’état d’excitation dans lequel je les ai trouvés. Ayant vécu 25 ans à Londres, je les croyais assez flegmatiques. Je me souviens en particulier du Krach de 1987 qui avait eu lieu exactement en même temps qu’une gigantesque tornade qui avait dévasté tout le sud de l’Angleterre. En début de semaine, pendant que les marchés boursiers s’effondraient, la seule chose qui les intéressait était de savoir combien d’arbres multi centenaires avaient été détruits. Parler du Krach, dont tout le monde savait que personne n’en parlerait plus quelques années après était donc… vulgaire. Pensez, des arbres centenaires …. Et donc, tout Anglais convenable dans la City ne montre jamais la moindre excitation quand il s’agit d’argent et il est de bon ton de parler des arbres quand tout va mal et non pas d’actions, d’obligations ou de son métier (comble du vulgaire).

Or, et comme je l’ai déjà dit, aujourd’hui ils sont tous dans un état d’excitation très peu Britannique et cela n’est pas normal.

Ce débat sur l’Europe touche donc à quelque chose de vital et de très profond chez TOUS les sujets de sa Majesté.

Ce qui m’amène à une première réflexion : ce vote n’a rien, mais rien à voir avec l’économie, puisque pour eux l’économie est tout à fait contingente et sans grande

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importance.

Ce débat fait donc à l’évidence remonter à la surface quelque chose de très profond qui touche à ce que j’aimerais appeler « l’âme » de la Nation (Anglaise) si cette notion d’âme d’une Nation n’avait pas été galvaudée pendant une grande partie du XIX eme et du XX eme siècle. Mais le fait que cette notion ait été mal utilisée par le passé ne veut pas dire qu’elle est fausse. Elle existe, et existera toujours.

Et donc la première question que tout observateur doit se poser est la suivante : qu’elle est cette « chose » qui est en train de remonter à la surface en Angleterre ? Et cette première question en appellera automatiquement une deuxième. Est-ce que « cela » est aussi en train de remonter ailleurs ?Et ici, je voudrais revenir une fois de plus à Renan, qui expliquait qu’une Nation, c’était une volonté de vivre ensemble, et que cette volonté s’ancrait dans une Histoire- Légende que tout le monde partageait. Et cette Histoire-Légende en Grande- Bretagne est intimement liée au développement de la Démocratie en tant que système politique.

Depuis la « Magna Carta » octroyée par Jean sans Terre il y a plus de 800 ans, à

« l’élection » de l’ancêtre de la Chambre des Lords présidée par Simon de Montfort (celui la même qui fut tué devant Toulouse au moment de la Croisade contre les Cathares), à la glorieuse révolution de 1689 en terminant avec la suprématie des

« Communes » sur les Lords au XIX eme, l’arrivée du suffrage universel, le vote des femmes…le mouvement a toujours été vers plus de Démocratie. Or ce mouvement a été très nettement interrompu depuis la ratification du Traité de Lisbonne bien que les électeurs Français et Hollandais l’aient rejeté sous son nom précédent de Constitution Européenne. Et ce Traité entérine des abandons de Souveraineté considérables en particulier dans les domaines de la Justice et de la prépondérance du Parlement Britannique sur les directives de la Commission Européenne. Qu’il ait été imposé à tous les pays faisant partie de la Communauté alors même qu’il avait été refusé par les deux peuples à qui l’on avait demandé leur consentement pour les Anglais était tout simplement incompréhensible.

Et donc deux choses ont choqué les Anglais dans ces évolutions initiées à

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Bruxelles.

Le premier fût que ce texte, refusé par les peuples Français et Néerlandais leur soient imposé quand même, et à tout le reste de l’Europe en plus, en utilisant la bonne vieille méthode de Jean Monnet.Les non élus présentent les textes leur donnant de plus en plus de pouvoir sans aucun contrôle démocratique, et souvent ces textes sont rejetés PAR LES PEUPLES comme cela a été le cas pour la Constitution Européenne.Qu’à cela ne tienne, nos « élites » présentent et représentent le même texte sous des formats différents et un jour il est accepté, de guerre lasse.Et de ce jour, il devient intangible et éternel comme les Dix Commandements. C’est ce qu’il est convenu d’appeler le « cliquet » Monnet, le mouvement ne peut avoir lieu que dans un sens-de plus en plus d’Europe- et les erreurs ne peuvent donc être corrigées comme on le voit tous les jours avec l’Euro.Que le Président Sarkozy ait été à l’origine de cette forfaiture le disqualifie à mon avis à tout jamais pour occuper à nouveau la fonction Présidentielle. Cet homme ne respecte pas le Peuple.

La deuxième fut la mise sous tutelle de la Justice Britannique par la Justice Européenne. S’il y a une idée à laquelle les Britanniques sont attachés, c’est bien d’être jugés par leurs pairs et en fonction de Lois qui ont été rédigées sous le contrôle de leurs représentants puisque c’est cela l’essentiel de ce qu’ils avaient obtenu avec la Magna Carta.Or tout cela n’existe plus.

La Démocratie, depuis le Traité de Lisbonne, a reculé en Grande-Bretagne un peu comme elle l’avait fait au moment du rétablissement des Stuart et cela s’était mal terminé…pour les Stuart Et j’en arrive à ce qui me parait essentiel : Tout le XIX eme et une partie du XX eme ont été marqués par l’émergence d’une notion essentielle qu’il est convenu d’appeler « le Droit des Peuples à disposer d’eux- mêmes ».Or, toute la politique de Bruxelles revient à annihiler ce qui avait été obtenu au prix de guerres et de révolutions sanglantes.

Et donc ce qui est en train de remonter des profondeurs, c’est simplement ce Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes que Bruxelles, lentement mais surement a pour ambition ultime de faire disparaitre. Et tous les totalitarismes ont comme ambition de faire disparaitre cette notion.Et n’importe quel survol historique

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montre que cela n’a pas très bien marché dans l’histoire récente comme on l’a vu avec l’effondrement de l’union Soviétique, suivi de la re-émergence de Nations que chacun croyait avoir disparu depuis longtemps.Et j’en arrive au deuxième point, cette réalité qui arrive des profondeurs est en train de remonter partout en Europe.

On le voit en Hongrie, en Pologne deux pays qui comme la Grande- Bretagne ont le bonheur de ne pas faire partie de l’Euro et donc ont gardé une certaine Souveraineté.On l’a vu en Autriche où nous saurons bientôt si des fraudes électorales ont permis aux partis pro- Bruxelles de rester au pouvoir de façon illégitime. On commence à le voir aussi en Espagne, où les déficits budgétaires et donc les dettes explosent et où Podemos risque de l’emporter.

On le voit au Portugal, le pays le plus endetté au monde et qui crève sous le joug de Bruxelles et de l’Euro.On le voit en Italie où la montée du mouvement des cinq étoiles semble se confirmer, aux dépens encore une fois des pro-Bruxelles. Quant à notre pays, je constate avec stupéfaction une totale déliquescence de l’Etat sans que l’opposition « officielle » réagisse en identifiant le vrai problème dont souffre la France. Et ce problème est le suivant : nous avons perdu la maitrise de notre destin et ce qu’il est convenu d’appeler la Droite de gouvernement ne nous propose que des recettes de cuisine pour redresser l’économie. Redresser l’économie quand on a perdu le contrôle de la politique budgétaire, de la monnaie et de ses frontières est une aimable plaisanterie.

Bref, nous sommes en train d’assister à l’échec du coup d’Etat organisé par les hauts fonctionnaires Français à la suite de la réunification de l’Allemagne.

A l’époque, dans mon livre, « Des Lions menés par des Anes », j’avais écrit que ces hommes allaient détruire l’Europe de la diversité et de la subsidiarité dans leur rêve fou de créer un Etat Européen dont personne ne voulait sauf eux.Nous y sommes. Et si par hasard, les Anglais votaient pour rester dans l’Union Européenne, alors c’est là que les choses commenceraient à aller mal partout ailleurs.

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Les Anglais se révoltent en général dans l’ordre.

Les révoltes des autres peuples Européens contre ceux qui veulent les assujettir, par contre, sont rarement paisibles.

“My taylor is still rich” ou petite bande dessinée à l’usage de la Grande-Bretagne

Comme les lecteurs fidèles le savent, de temps en temps j’aime bien me livrer à un petit exercice de survol historique d’un pays ou d’un concept en utilisant la méthode de la banque dessinée. Comme le disait Napoléon : “Un bon croquis vaut mieux qu’un long discours“.

Le moment est venu, à mon avis, de faire ce petit travail sur la Grande Bretagne.

S’il y a un pays en effet auquel les Français ne comprennent rien, c’est bien celui là . Qui plus est, notre plus vieil ennemi est sans doute en train de sortir du trou où l’avait collé les Travaillistes alors que nos socialistes continuent allégrement et fort

“normalement ” à creuser.

Commençons par une évidence. L’alternance politique veut dire quelque chose en

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Grande Bretagne. Que le lecteur considère le premier graphique.

De 1966 à 1979, les Travaillistes (Socialistes) dominent la politique Anglaise. Pour un socialiste,l’Etat est toujours la solution– sinon il ne serait pas socialiste. Et donc de 1966 à 1976, le poids de l’Etat central passe de 21% du PIB à 29 % en un peu plus de 12 ans. Certes, nous avons eu un petit intermède conservateur avec monsieur Heath, mais qui n’eut jamais le courage de s’opposer vraiment à la vulgate dominante. L’homme aurait pu être Chiraquien mais je m’égare.

En 1977, nous avons la faillite de la Grande Bretagne (FMI à Londres) et en 1979, Madame Thatcher est élue, et s’attache à faire reculer l’Etat, tant elle est persuadée que l’Etat est le problème. Monsieur Major continue sur cette lancée, tant et si bien qu’en vingt ans d’efforts acharnés, l’Etat recule de 29% du PIB à 21

% du PIB.

En 1997, les électeurs Britanniques qui pensent- à tort bien sur- que les socialistes ont compris quelque chose, ramènent les socialistes au pouvoir et Messieurs Blair et Brown défont en 10 ans ce que les conservateurs avaient mis vingt ans à accomplir, en faisant repasser le poids de l’Etat dans l’économie de 21% à 29, 5% . Comme d’habitude, l’expérience socialiste se termine dans une crise financière majeure, le système financier Britannique “sautant” en 2008-2009, et en Juillet 2010, les électeurs ramènent au pouvoir les conservateurs qui s’attachent à nouveau à faire baisser le poids de l’Etat dans l’économie….

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Certes, va me dire le lecteur, mais réduire le poids de l’Etat dans l’économie, n’est ce pas condamner les plus pauvres à la misère? N’est-ce pas L’Etat qui crée de la relance avec des créations d’emplois ?

C’est bien sur ce que veulent nous faire croire les « Oints du Seigneur » (cf Thomas Sowell) qui aiment vivre noblement dans les Palais Nationaux, au prétexte qu’ils auraient le monopole du cœur. Dans la réalité du terrain en revanche, c’est exactement l’inverse qui se passe. Ce que ne nous disent JAMAIS nos oints du Seigneur, c’est que les dépenses étatiques représentent toujours un COUT pour le secteur privé , et que quand les coûts augmentent, la rentabilité des affaires diminue, et que quand la rentabilité diminue, la croissance ralentit et le chômage augmente. En pratique, l’embauche d’un fonctionnaire déclenche en général la mise au chômage de deux travailleurs du secteur privé. Comme le disait Bastiat, il y a ce qu’on voit, l’embauche d’un fonctionnaire, et ce que l’on ne voit pas, la mise à pied de deux innocents. En fait on le voit très bien, mais la comptabilité Nationale cache cette vérité puisque son but c’est de favoriser la croissance de l’Etat. Ce but là en revanche, est atteint de façon remarquable.

Que le lecteur veuille bien considérer le graphique ci dessous qui relie le poids de l’Etat dans l’économie au taux de chômage de la population active, en Grande Bretagne..

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Le lecteur voit bien que toute hausse structurelle du poids de l’Etat dans l’économie déclenche une hausse du taux de chômage environ deux ans après, le contraire étant également vrai. (J’ai ce graphique pour TOUS les pays du monde développé : Si vous voulez que le chômage augmente dans deux ans, embauchez des fonctionnaires maintenant).

Pourquoi cela? Tout simplement parce que la croissance économique ne dépend que d’une chose et d’une seule, que Schumpeter appelait la « Création destructrice ». Or, il n’y a JAMAIS de destruction dans le système Etatique. Et donc plus le poids de l’Etat monte, et plus le pays se met à ressembler à l’ex URSS et c’est bien sur ce qui est en train d’arriver à la France et c’est contre cela que se bat le gouvernement de Monsieur Cameron.

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Mais pourquoi le parti travailliste Britannique soutient-il autant l’Union Européenne?

Une des phrases politique que j’entends le plus souvent des gens dans ce pays est la suivante :

“J’ai une règle stricte en politique, toujours soutenir le candidat qui pense le contraire de Polly Toynbee/James Delingpole/Nick Clegg/Daniel Hannan. “

Pour une raison qui m’échappe, la personne lache en général cela avec panache comme s’il s’agissait là d’un trait d’esprit remarquable..L’esprit humain fonctionne décidemment d’une drôle de façon. Les gens ont souvent du mal avec l’idée que vous puissiez être d’accord avec eux sur A et B mais pas sur C.

« Mais comment Zac Goldsmith peut-il être Eurosceptique » me demande un jour Roger Helmer, dans un étonnement réel, « Il est inaudible sur le changement climatique ! ».

Quand les questions deviennent techniques, il est assez tentant en effet de se tourner afin de regarder de que coté penche votre famille politique et de se déplacer en fonction jusqu’à ses alliés coutumiers.Peut être que cette tendance humaine explique le soutien du parti travailliste à l’Union Européenne.Ces dernières années, nous avons constaté l’adhésion en rang serré de la majorité des votant du centre gauche Britannique derrière les banquiers et les Eurocrates contre les victimes de l’Union Monétaire.

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Nous avons vu le parti travailliste applaudir à la descente d’avions privée des commissaires européens qui venaient dire aux infirmières irlandaises et aux assistants professeurs Portugais qu’ils se devaient à une plus grande austérité.

Pour ma part, j’ai souvent constaté que la plupart des personnes qui se considéraient comme des pro européens étaient le plus souvent des anti Eurosceptiques. Ils considéraient les problèmes non pas en s’interrogeant sur quels seraient les avantages et les inconvénients pour la Grande-Bretagne mais plutôt sur l’image du genre de personne qu ‘il se voudrait d’être dans les yeux des autres. Etre pro européen dans leur esprit implique que l’on soit perçu comme une personne censée, ouverte d’esprit et internationale. Etre eurosceptique, en revanche , c’est être une baudruche ou un hooligan.

Ainsi que Will Self le déclarait récemment :

« Je vois dans une Europe de plus en plus unie comme une façon déguisée sous des abords cosmopolites de taper sur le dos des petits anglais » Il est difficile de ne pas en conclure qu’Ed Miliband pense ainsi. Il est en effet sidérant de constater dans ses rares élocutions sur l’Europe qu’il n’aborde presque jamais les questions qui toucheraient l’économie, la démocratie ou les retombées constitutionnelles.A la place, il invoque le fait que sa propre famille ait été refugiée et accuse le premier ministre d’être en chemises avec ces coquins de « Torry Droitiers »

Une fois que l’idéal est définit, du moins par lui même, comme un Kulturkamp entre les modérés et les bigots, il a cessé de s’intéresser au problème. Si les partisans du libre échange et les pro thatchériens s’unissent dans un projet, il semble penser qu’il faille bien y voir quelque chose.Fort heureusement, tous les gauchos ne pensent pas ainsi parfois certains ne s’arrêtent pas à la posture comme Michael Foot et Tony Ben et ils doivent à ce titre être honorés.

Quelques jeunes blogueurs du parti travaillistes qui n’ont pas le poids de l’anti- Thatchérisme voient Ed Miliband pour ce qu’il est : un racket organisé par des fonctionnaires et des lobbys pour se payer un train de vie sur le dos de ceux qui bossent vraiment.

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Le danger pour le parti travailliste est que l’opinion de Ed Miliband soit en contradiction avec l’opinion publique. Ainsi que Don Hodge le fait remarquer, que l’opposition refuse toute idée de recours ou même de référendum serait alors un vrai bourbier politique. Si ,ainsi que je le pense, le premier ministre annonce un référendum (mercredi 23 Janvier) sur le Oui/ Non de rester dans l’Union Europénne, nous pourrions ainsi tenir là , les résultats de la prochaine élection.

Par Daniel Hannan

Librement traduit par IDL

Sources

Références

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