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STV, vol. 31, n° 4, juillet-août 2019

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doi : 10.1684/stv.2019.1084

Stents nus en angioplastie coronaire : la fi n d’une histoire ?

Jean-Michel Juliard

Hôpital Bichat, Service de cardiologie, Paris, France jean-michel.juliard@aphp.fr

L’

angioplastie coronaire percuta- née a connu un essor considé- rable au cours des trois dernières décennies. Le développement du stent, dès la fi n des années 1980, avait accru la sécurité du geste en permettant la correction des dissections aiguës, évi- tant ainsi le recours à une chirurgie ur- gente grevée d’une lourde mortalité [1].

La contrepartie a été de lutter contre la resténose en raison d’une prolifération intimale au contact des barreaux métal- liques du stent. Dès 2002, suite à l’étude RAVEL, la mise sur le marché de stents dits actifs, permettant de délivrer des substances anti-prolifératives, a contri- bué à résoudre ce problème [2]. Par contre, avec les stents actifs de première génération (enrobés soit de sirolimus, soit de paclitaxel), un signal de throm- bose tardive a été envoyé au congrès de la Société européenne de cardiolo- gie (ESC) en 2006 [3], aboutissant au développement de stents de deuxième et troisième générations : mailles plus fi nes, polymères à résorption plus ra- pide ou complète et autres drogues anti- prolifératives comme l’évérolimus et le zotarolimus avec abandon du paclitaxel probablement plus thrombogène. Que reste-t-il alors en 2019 des indications pour le stent nu à l’ère des stents actifs, au-delà des stents de première généra- tion Cypher® (Cordis) et Taxus® (Bos- ton Scientifi c) ?

Une méta-analyse récente sur don- nées individuelles a comparé ces stents actifs de nouvelle généra- tion aux stents nus. À partir de 20 essais randomisés, 26 616 patients ont été inclus avec un suivi moyen de 3,2 ans [4]. Le critère primaire de

jugement associait décès d’origine cardiaque et infarctus. Le risque de décès/infarctus était signifi cative- ment réduit avec le stent actif (Hazard Ratio (HR) : 0,84 ; IC 95 % : 0,78- 0,90 ; p < 0,001) portant sur la ré- duction du risque d’infarctus (0,79 ; 0,71-0,88 ; p < 0,001) avec une ten- dance non signifi cative sur la réduc- tion de mortalité (0,89 ; 0,78-1,01 ; p = 0,075). La mortalité toutes causes était également réduite de façon non signifi cative. Le risque de thrombose de stent était réduit avec les stents actifs (0,63 ; 0,50-0,80 ; p < 0,001) ainsi que le taux de revascularisation du vaisseau dilaté (0,55 ; 0,50-0,60 ; p < 0,001). Ce bénéfi ce a été observé à un an de suivi, alors qu’au-delà les courbes d’événements étaient paral- lèles entre stents actifs et stents nus, mais sans risque accru de thrombose

tardive pour ces stents actifs de nou- velle génération.

Cette méta-analyse sur données individuelles démontre claire- ment le bénéfi ce des stents actifs de nouvelle génération : réduction signifi cative du risque d’infarctus, de thrombose de stent et de revas- cularisation avec une tendance à la réduction de la mortalité. Cette différence est notée durant la pre- mière année de suivi, sans diver- gence des courbes au-delà et sans risque accru de thrombose tardive avec ces stents actifs. Ces résul- tats étaient concordants dans tous les sous-groupes de population, indépendamment de la présen- tation clinique (angor stable ou syndrome coronaire aigu), des fac- teurs de risque ainsi que de l’anato- mie coronaire. De fait, la ESC avait

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Recommendations

DES are recommended over BMS for any PCI irrespective of:

● clinical presentation

● lesion type

● planned non-cardiac surgery

● anticipated duration of DAPT

● concomitant anticoagulant therapy

Classa

I A

Levelb

Figure 1. Recommandations de la Société européenne de cardiologie (ESC) sur l’utilisation des stents actifs (DES) en comparaison aux stents nus (BMS) au cours de l’angioplastie coronaire : les stents actifs sont recommandés, quels que soient la présentation clinique, le type de lésion, en cas de chirurgie non cardiaque program- mée, indépendamment de la durée de la bithérapie antiplaquettaire (DAPT) ou du traitement anticoagulant [5].

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déjà pris position en 2018 pour un usage exclusif (niveau de preuves IA) des stents actifs de nouvelle génération au cours de l’angioplas- tie coronaire (fi gure 1) [5].

La fi n d’une histoire pour les stents nus ? Oui, certainement, en théorie et également en pratique car le nombre de stents nus posés en Ile-de-France se compte en quelques unités en 2018.

En 2019, aucune situation clinique ou biologique ne justifi e la pose d’un stent nu au cours d’une angioplastie coronaire. Une durée minimale de un mois de la bithérapie antiplaquettaire est applicable en cas de chirurgie non cardiaque programmée ou de traite- ment anticoagulant. Au-delà d’un an,

des développements technologiques supplémentaires sont indispensables pour étendre ce bénéfi ce à plus long terme.

Liens d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêt.

Références

1. Sigwart U, Puel J, Mirkovitch V, Joffre F, Kappenberger L. Intravascular stents to pre- vent occlusion and restenosis after transluminal angioplasty. N Engl J Med 1987 ; 316 : 701-6.

2. Morice MC, Serruys PW, Sousa JE, et al., RAVEL, Study Group. Randomized study with the sirolimus-coated Bx velocity balloon- expandable stent in the treatment of patients with de novo native coronary artery lesions. A

randomized comparison of a sirolimus-eluting stent with a standard stent for coronary revascu- larization. N Engl J Med 2002 ; 346 : 1773-80.

3. Camenzind E, Steg PG, Wijns W. Stent thrombosis late after implantation of fi rst- generation drug-eluting stents. A cause of concern. Circulation 2007 ; 115 : 1440-55.

4. Piccolo R, Bonaa KH, Efthimiou O, et al., on behalf of the Coronary Stent Trialists’ Col- laboration. Drug-eluting or bare-metal stents for percutaneous coronary intervention : a systematic review and individual patient data meta-analysis of randomised clinical trials.

Lancet 2019 ; 393 : 2503-10.

5. Neumann FJ, Sousa-Uva M, Ahlasson A, et al. 2018 ESC/ACTS guidelines on myo- cardial revascularization. Eur Heart J 2019 ; 40 : 84-165.

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L

a fi brillation auriculaire (FA) est le trouble du rythme le plus fréquent chez les sujets âgés (> 80 ans), ceux-ci représentant la moitié de sujets atteints de FA. Cette population est croissante et la FA expose au risque d’insuffi sance car- diaque et d’accident vasculaire céré- bral (AVC). L’impact de la FA sur le risque de survenue d’un état démen- tiel avait fait l’objet de nombreuses études longitudinales avec des résul- tats parfois contradictoires.

Une étude coréenne a été effectuée à partir d’un registre national de 262 611 patients inclus entre 2005 et 2012, qui étaient indemnes d’AVC et de dé- mence [1]. Parmi ces patients, 10 435 présentaient une FA et ceux-ci ont été

« matchés en 2/1 » à 252 176 patients ne présentant pas de FA. Un score de propensité a permis une comparaison entre deux populations comparables,

sans FA (n = 20 612) et une autre avec FA (n = 10 319). Durant la période d’ob- servation, l’incidence de la survenue d’une démence a été de 4,1 et 2,7 pour 100 patients/an respectivement dans les populations avec ou sans FA. Après ajustement, le risque de démence était signifi cativement accru dans la popula- tion avec FA (Hazard Ratio (HR) : 1,52 ; IC 95 % : 1,43-1,63). La FA augmente à la fois le risque de démence type Alzhei- mer (1,31 ; 1,20-1,43) et de démence vasculaire (2,11 ; 1,85-2,41) (fi gure 1).

Chez les patients en FA, un traitement anticoagulant était associé à une réduc- tion du risque de démence (0,61 ; 0,54- 0,68). Un score de risque thrombotique CHA2DS2-VASc élevé était associé à un plus haut risque de démence (fi gure 2).

Le bénéfi ce du traitement anticoagu- lant sur la prévention de la survenue d’un état démentiel chez les patients en FA a été précisé dans un registre

national suédois à partir d’une cohorte de patients à faible risque thrombo- tique (c’est-à-dire en excluant tous ceux ayant un CHA2DS2 –VASc> 1, chez qui le traitement anticoagulant est recommandé) [2]. Entre 2006 et 2014, 91 254 patients ont été inclus, dont 39 160 recevaient un traitement anti- coagulant contre 52 094 n’en recevant pas. En appliquant un score de propen- sité, deux populations « matchées » égales de 23 746 patients ont été com- parées. Après ajustement, le traitement anticoagulant diminuait le risque de démence (0,62 ; 0,48-0,81) (fi gure 3).

Ce bénéfi ce était limité aux sujets âgés (> 65 ans), alors qu’avant 60 ans ce traitement était plutôt délétère dans ce groupe de patients à faible risque.

L’analyse de ces deux grandes data- bases confi rme un risque accru de démence, à la fois de type Alzheimer ou démence vasculaire, en cas de FA,

Fibrillation auriculaire et risque de démence

Jean-Michel Juliard

Hôpital Bichat, Service de cardiologie, Paris, France jean-michel.juliard@aphp.fr

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indépendamment du risque d’AVC.

Seule la FA permanente serait corrélée au risque de démence en comparaison avec la FA paroxystique [3]. L’effet préventif du traitement anticoagulant est retrouvé même chez les sujets à faible risque thrombotique, mais res- treint aux sujets de plus de 65 ans.

Ces données sont en accord avec les recommandations 2016 de la Société européenne de cardiologie (ESC), qui recommandent un traitement anticoagulant dès que le score CHA2 DS2–VASc est supérieur à 1 avec déjà un point pour la tranche d’âge 65-74 ans [4]. Il reste une zone « grise » entre 60 et 65 ans, pour laquelle une décision personnalisée devra être prise. L’effet préventif sur le risque de démence ne

semble pas dépendre du type d’anticoa- gulant, antagoniste de la vitamine K ou anticoagulant oral direct [5].

Le mécanisme à l’origine duquel le risque de démence est accru chez des patients en FA en l’absence d’AVC reste inconnu. Dans un registre natio- nal suisse, le rôle joué par des infarc- tus cérébraux silencieux a été mis en avant pour expliquer l’altération pro- gressive des fonctions cognitives chez des patients en FA [6]. Des lésions de la substance blanche ainsi que des mi- crobleeds sont le plus souvent retrou- vés en cas de FA [7]. La FA est-elle la cause de la démence ou un simple marqueur de la dégénérescence vas- culaire globale ? Nul ne peut le dire en l’état actuel de nos connaissances.

Tout cela doit nous inciter à dépister la FA chez les sujets âgés, car celle- ci est souvent silencieuse, respecter les recommandations d’utilisation des anticoagulants en fonction des scores de risque thrombotique, et pro- bablement utiliser les anticoagulants oraux directs dont le profi l de sécu- rité est meilleur que les antagonistes de la vitamine K, notamment sur le risque hémorragique intracérébral. Le bénéfi ce à long terme des techniques ablatives n’a pas été rapporté par une étude à grande échelle.

L’augmentation du risque de démence avec le score de risque thrombotique montre l’importance des facteurs de risque vasculaire en association avec la FA. Anticoaguler la FA est aussi

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Probable dementia by incident AF include stroke

PS-matched population Cumulative indicence dementia

Log rank p <0001

No. at risk

AF 10319 10049 9619 9012 8131 7021 5895 4569 2052 8 AF-free 20612 20134 18906 17480 15494 13270 11246 8842 3929 20

1.0 0.8 0.6 0.4 0.2 0.0

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9

Years after enrollment

AF status AF AF-free

Probable dementia by incident AF censor for stroke

Cumulative indicence dementia

No. at risk AF AF-free

10319 9870 9283 8582 7642 6466 5319 4046 1783 7 20612 20008 18694 17229 15197 12948 10918 8556 3790 20 1.0

0.8 0.6 0.4 0.2 0.0

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9

Years after enrollment

Log rank p <0001 AF status

AF AF-free Probable dementia by incident AF

include stroke

Overall population Cumulative indicence dementia 1.0 0.8 0.6 0.4 0.2 0.0

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9

Log rank p <0001 AF status

AF AF-free

Years after enrollment No. at risk

AF 10435 10161 9722 9104 8211 7088 5946 4604 2064 8 AF-free 252176 245947 234416 219209 196761 170881 147331 117649 53029 269

Probable dementia by incident AF censor for stroke

Cumulative indicence dementia

Years after enrollment No. at risk

AF 10435 9980 9381 8667 7716 6525 5365 4075 1795 7 AF-free 252090 245672 232174 216367 193365 167214 143551 114181 51245 264

1.0 0.8 0.6 0.4 0.2 0.0

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9

Log rank p <0001 AF status

AF AF-free

A

C

B

D

Figure 1. Incidence cumulée du risque de démence chez des patients avec ou sans fi brillation auriculaire (AF ou AF-free) dans la population globale (A et B) et dans la population « matchée » (C et D) avec ou sans accident vasculaire cérébral (include stroke or censor for stroke) [1].

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important que le traitement de l’hy- pertension artérielle, du diabète, et l’arrêt du tabac chez le patient en FA afi n de limiter le déclin de fonctions cognitives. Néanmoins, la majorité des patients atteints de démence, de type Alzheimer ou vasculaire, n’ont pas de FA, illustrant que d’autres déterminants génétiques sont encore à découvrir, et ce d’autant que cette population s’accroît très rapidement, véritable problème de santé publique pour les années à venir [8].

Li ens d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêt.

Références

1. Kim D, Yang PS, Yu HT, et al. Risk of de- mentia in stroke-free patients diagnosed with atrial fi brillation : data from a population- based cohort. Eur Heart J 2019 ; 40 : 2313-23.

2. Friberg L, Andersson T, Rosenqvist M.

Less dementia and stroke in low-risk patients with atrial fi brillation taking oral anticoagula- tion. Eur Heart J 2019 ; 40 : 2327-35.

3. Chen LY, Agarwal SK, Norby FL, et al.

Persistent but not paroxysmal atrial fi brillation is independently associated with lower cogni- tive function : ARIC Study. J Am Coll Cardiol 2016 ; 67 : 1379-80.

4. Kirchhof P, Benussi S, Kotecha D, et al.

2016 ESC Guidelines for the management of atrial fi brillation developed in collaboration with EACTS. Eur Heart J 2016 ; 37 : 2893-62.

5. Friberg L, Rosenqvist M. Less dementia wih oral anticoagulation. Eur Heart J 2018 ; 39 : 453-60.

6. Das RR, Seshadri S, Beiser AS, et al. Prev- alence and correlates of silent cerebral infarcts in the Framingham offspring study. Stroke 2008 ; 39 : 2929-35.

7. Conen D, Rodondi N, Müller A, et al., Swiss-AF Study Investigators. Relationships of overt and silent brain lesions with cognitive function in patients with atrial fi brillation. J Am Coll Cardiol 2019 ; 73 : 989-99.

8. Bangen KJ, Beiser A, Delano-Wood L, et al.

APOE genotype modifi es the relationship between midlife vascular risk factors and later cognitive decline. J Stroke Cerebrovasc Dis 2013 ; 22 : 1361-69.

No AF AF

OAC (No) OAC status

OAC (Yes) 10

8

Incidence of dementia (100 person-years)

CH2ADS2-VASc score 6

4

2 *

*

*

*

*

*

*

0

0 1 2 3 4 5 6-7

A

1.0

Log rank p <.0001

OAC and dementia in AF censor for stroke

Months after enrollment 0.8

0.6 0.4 0.2 0.0

No. at risk

6 1 1266

528 2859 1215 3756 4561

1608 1963 5413 2302 6090 2576 6581 2799 7004 2975 7342 3092 OAC(No) OAC (Yes)

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9

Cumulative Indicence of Dementia

B

Figure 2. (A) Incidence de la démence en fonction du score CHA2DS2-VASc chez les patients avec ou sans fi brillation auriculaire (FA). (B) Incidence cumulée du risque de démence en fonction d’un traitement anticoagulant (OAC) [1].

3%

2%

1%

0

0 2 4 6 8 10

Never OAC (n-15,169)

OAC ≥80% of time (n-13,023)

Years

HR 0.60 (0.46-0.77) p<0.001

Figure 3. Risque de démence (ordonnées) en fonction du temps (abscisses) chez des patients porteurs d’une fi brillation auriculaire (FA) ne recevant pas d’anticoagulants (never OAC) ou recevant un traitement anticoagulant plus de 80 % du temps (OAC ≥ 80 % of time) [2].

Références

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