Théorème de Grothendieck
Leçons : 201, 208,213, 234 Théorème 1
Soit (X,µ) un espace de probabilités, et S un sous-espace vectoriel fermé de Lp(µ) tel queS⊂L∞(µ). AlorsS est de dimension finie.
Démonstration. Étape 1 : il existe K>0tel que∀f ∈S,kfk∞¶Kkfkp.
Soit i l’injection canonique de (S,k · k∞)dans (S,k · kp). C’est une application linéaire bijective, qui est continue cark· kp¶k· k∞puisqueµ(X) =1. De plus ses espaces de départ et d’arrivée sont des Banach :
• D’une part car S est fermé dans Lp(µ) qui est complet selon le théorème de Riesz- Fischer ;
• D’autre part, si(fn)n∈SN tend vers f dans L∞(µ), alors (i(fn))n tend vers i(f)dans Lp(µ) donc comme S est fermé dans Lp, i(f) = f ∈S, de sorte que S est aussi un sous-espace fermé de L∞(µ), donc est complet.
Par conséquent, selon le théorème d’isomorphisme de Banach, i est un isomorphisme bicontinu ; en particulier, il existeK >0 tel que∀f ∈S,kfk∞¶Kkfkp.
Étape 2 : il existeM >0tel que∀f ∈S,kfkp¶Kkfk∞. Soit f ∈S, on distingue deux cas :
• Premier cas: p<2. Selon l’inégalité de Hölder,
kfkpp¶µ(X)1−p2 Z
X
(|f(x)|pdµ(x))2p p2
¶kfkp2 si bien quekfkp¶kfk2.
• Deuxième cas: p¾2.
kfkpp= Z
X
|f(x)|p−2|f(x)|2dµ(x)¶kfk∞p−2kfk22etape 1= Kp−2kfkp−p 2kfk22
donc en simplifiant de part et d’autre de l’inégalité, kfk2p ¶ Kp−2kfk22 et le résultat s’ensuit.
Étape 3 : utilisation de ces relations de domination.
Soit(f1, . . . ,fn)une famille orthonormée deS. Si c = (c1, . . . ,cn)∈Qn, il existe Xc ⊂X de mesure pleine tel que
∀x ∈Xc,
Xn
i=1
cifi(x)
¶
Xn
i=1
cifi ∞
¶M1
Xn
i=1
cifi 2
=M1 v u t
Xn
i=1
ci2 avec M1>0 une constante (cf étapes 1 et 2).
Donc siX0= S
c∈Qn
Xc,X0 est de mesure pleine et on a
∀c∈Qn,∀x∈X0,
n
X
i=1
cifi(x)
¶M1 v u t
n
X
i=1
ci2. CommeQnest dense dansRn, le résultat vaut également pourc∈Rn.
Gabriel LEPETIT 1 ENS Rennes - Université Rennes 1
En particulier, si x ∈X0,ci= fi(x), on obtient
Pn
i=1
fi(x)2 ¶M1
v tPn
i=1
fi(x)2 soit
n X
i=1
fi(x)2
¶M12.
Donc en intégrant,
n
P
i=1kfik22¶M12 soit, comme(f1, . . . ,fn)est orthonormée, n¶M12.
Supposons que S soit de dimension infinie. On pourrait alors trouver une famille libre de tailleE(M12)+1, ce qui fournirait par le procédé d’orthonormalisation de Gram-Schmidt, une famille orthonormée deSde cette taille : cela contredit le résultat ci-dessus. DoncS est de dimension finie.
Remarque.Le théorème de l’isomorphisme de Banach est une conséquence du théorème de Baire, qu’il faut donc connaître.
Références : Maxime ZAVIDOVIQUE (2013). Un max de maths. Calvage et Mounet (at- tention il y a une erreur).
Gabriel LEPETIT 2 ENS Rennes - Université Rennes 1