• Aucun résultat trouvé

Chap. 5

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Chap. 5"

Copied!
31
0
0

Texte intégral

(1)

CHAPITRE 5

CONIQUES PROJECTIVES (ET AFFINES)

Les passages en petits caract`eres 23.8 et 23.12 n’ont pas ´et´e trait´es en cours et peuvent ˆetre omis.

21. Rappels sur les formes quadratiques

(1) Cette section, constitu´ee de rappels de L2 ou L3, a ´et´e expos´ee rapidement en cours.

Ses r´esultats sont consid´er´es comme connus. Soit k un corps.

D´efinition 21.1. — Soient V, E deux k-espaces vectoriels. Une application bilin´eaire de V ×V dans E est une application b : V ×V → E qui est lin´eaire en chaque variable (l’autre variable ´etant fix´ee), i.e. pour u, u0, v, v0 ∈V etλ, µ, λ0, µ0 ∈k, on a :

b(λu+λ0u0, v) = λb(u, v) +λ0b(u0, v) et b(u, µv+µ0v0) =µb(u, v) +µ0b(u, v0).

En appliquant successivement ces deux conditions on obtient que :

b(λ1u12u2, µ1v12v2) = λ1µ1b(u1, v1) +λ1µ2b(u1, v2) +λ2µ1b(u2, v1) +λ2µ2b(u2, v2).

Plus g´en´eralement, pour toutn ∈N etui, vi ∈V et λi, µi ∈k, on a : bXn

i=1

λiui,

n

X

j=1

µjvj

=

n

X

i=1

λib ui,

n

X

j=1

µjvj

=

n

X

i,j=1

λiµjb(ui, vj).

Exemple 21.2. — Soit A = k[X1, . . . , Xr] l’alg`ebre des polynˆomes sur k en r variables ; pour tout r-uplet a = (a1, . . . , ar) ∈ Nr on note Xa le monˆome X1a1· · ·Xrar. Alors la multiplication m:A×A→Aest d´efinie parXa·Xb =Xa+bet la condition quemsoitk-bilin´eaire. C’est-`a-dire, pour P =P

a∈NrαaXa etQ=P

b∈NrβbXb arbitraires, on a : P·Q=m(P, Q) = X

a,b∈Nr

αaβbm(Xa, Xb) = X

a,b∈Nr

αaβbXa+b.

Dans la suite de cette section, on suppose car(k)6= 2.

D´efinitions 21.3. — Soit V un k-espace vectoriel.

(1) Une forme bilin´eaire sur V est une application bilin´eaire φ :V ×V →k.

(2) On dit que φ est sym´etrique si pour tout x, y ∈V on a φ(x, y) = φ(y, x).

(1)Version du 26/10/2016.

(2)

(3) Dans ce cas, on dit que l’application Q :V → k, x7→ Q(x) = φ(x, x) est laforme quadratique d´efinie par φ. Pour tout λ∈k et x, y ∈V, on a Q(λx) =λ2Q(x) et :

Q(x+y) =φ(x+y, x+y) =φ(x, x) +φ(x, y) +φ(y, x) +φ(y, y)

=Q(x) +Q(y) + 2φ(x, y).

(†)

Donc φ est d´etermin´ee par Q, i.e. :

(∗) φ(x, y) = 1

2 Q(x+y)−Q(x)−Q(y) et, si Q est donn´ee, on dit que φ est la forme polaire deQ.

(4) En rempla¸cant y par −y dans la formule (†), on obtient Q(x−y) =Q(x) +Q(y)− 2φ(x, y) d’o`u la formule ´egalement utile :

(∗∗) φ(x, y) = 1

4 Q(x+y)−Q(x−y) .

Remarque. — Pour v´erifier qu’une application φ : V ×V k est une forme bilin´eaire sym´etrique, il suffit de voir queφ(x, y) = φ(y, x) et queφ est lin´eaire en la premi`ere variable, car ces deux conditions entraˆınent alors la lin´earit´e en la deuxi`eme variable.

D´esormais, on supposeV dedimension finien. Soitφ une forme bilin´eaire sym´etrique (en abr´eg´e : fbs) surV et Q la forme quadratique associ´ee.

D´efinition 21.4 (Expression dans une base et rang). — Soit B = (e1, . . . , en) une base de V et soient (x1, . . . , xn) les coordonn´ees correspondantes. Pour i, j = 1, . . . , n, posons aij =φ(ei, ej) ; comme φ est sym´etrique alors aji =aij.

(i) La matrice A= (aij)1≤i,j≤n est sym´etrique (i.e. tA =A) ; elle est appel´ee la matrice deφ (ou deQ) dans la base B et not´ee MatB(φ) ou MatB(Q).

(ii) Pour tout x = Pn

i=1xiei et y = Pn

j=1yjej, notons tX = (x1, . . . , xn) et tY = (y1, . . . , yn), alors on a φ(x, y) =Pn

i,j=1aijxiyj et ceci est ´egal, d’une part, `a

(†) (x1, . . . , xn)A

 y1

... yn

=tXAY et, d’autre part, `a :

(‡)

n

X

i=1

aiixiyi+ X

1≤i<j≤n

aij(xiyj +xjyi).

(iii) Pour y= x, (‡) donne Q(x) =Pn

i=1aiix2i +P

1≤i<j≤n2aijxixj donc Q correspond dans la base B au polynˆome Pn

i=1aiiXi2 +P

1≤i<j≤n2aijXiXj homog`ene de degr´e 2.

(iv) R´eciproquement, si Qest donn´ee parQ(X) = Pn

i=1ciXi2+P

1≤i<j≤ncijXiXj alors sa forme polaireφ est donn´ee parφ(ei, ei) =ci et, pouri6=j, φ(ei, ej) =c0ij o`u c0ij =c0ji = (1/2)cij. Donc

MatB(Q) =

c1 c012 · · · c01n c021 c2 c023 · · · c02n ... . .. ... . .. ... c0n−1,1 · · · . .. cn−1 c0n−1,n

c0n1 c0n2 · · · c0n,n−1 cn

 .

(3)

21. RAPPELS SUR LES FORMES QUADRATIQUES 85

(v) Soit C une autre base de V etP = MatB(C) la matrice de passage. Alors

(?) MatC(φ) =tP AP.

(vi) On appellerangdeφ(ou deQ) le rang de la matriceA. D’apr`es le point pr´ec´edent, ceci ne d´epend pas de la base choisie, car comme P (et donc tP) est inversible, alors A et tP AP ont mˆeme rang.(2) On dit que Q (ou φ) est non d´eg´en´er´ee si elle est de rang n = dim(V), i.e. si sa matrice dans n’importe quelle base est inversible.

(vii) On appelle noyaudeQ(ou de φ) et l’on noteN(Q) ouN(φ) le sev de V suivant : N(φ) = {x∈V | ∀y∈V, φ(y, x) = 0}.

Pour toute base B de V, on a N(φ) = Ker(A) ; par cons´equent,N(φ) ={0}ssi φ est non d´eg´en´er´ee.

D´emonstration. — Seul les points (v) et (vii) n´ecessitent une d´emonstration. Donnons-en deux pour (v). ´Ecrivons C = (f1, . . . , fn) et posons B = MatC(φ).

1`ere d´emonstration. ´Ecrivons fi =Pn

r=1prier pour touti. Alors bij =φ(fi, fj) =

n

X

r,s=1

pripsjφ(er, es) =

n

X

r,s=1

pripsjars =

n

X

r,s=1

(tP)irarspsj = (tP AP)ij. 2`eme d´emonstration. Soient u, v ∈ V arbitraires, notons X, Y (resp.X0, Y0) leurs coor- donn´ees dans la base B (resp. C). D’apr`es la formule de changement de coordonn´ees, on a X =P X0 et Y =P Y0 donc

φ(v, u) =tYAX =tY0(tP AP)X0

et ceci entraˆıne que bij =φ(fi, fj) est le coefficient d’indice (i, j) de la matrice tP AP (car alorstY0= (0, . . . ,0,1,0, . . . ,0) avec le 1 `a lai-`eme place et de mˆeme pourX0), d’o`u B =tP AP.

Prouvons maintenant (vii). Soit x∈V etX le vecteur colonne de ses coordonn´ees dans la base B. Alors x∈N(φ) ssi φ(y, x) = 0 pour tout y∈V, i.e. ssi :

(∗) ∀Y ∈kn, tY AX = 0.

Or, notant U le vecteur colonne AX et Y(i) le vecteur dont toutes les coordonn´ees sont nulles sauf la i-`eme qui vaut 1, on voit quetY(i)U ´egale la i-`eme coordonn´ee ui deU. Par cons´equent, la condition (∗) ´equivaut `a la nullit´e de U = AX. Ceci montre que N(φ) = Ker(A).

Une propri´et´e importante des formes quadratiques non d´eg´en´er´ees est qu’elles induisent un isomorphisme entre V etV, i.e. on a les r´esultats suivants.

D´efinition 21.5 (importante). — Soit φ une fbs surV ; notonsθ l’application lin´eaire V →V, x7→φ(−, x). C’est-`a-dire :

(i) Pour tout x ∈ V, θ(x) est l’application V → k, y 7→ φ(y, x). La lin´earit´e de φ en la premi`ere variable signifie que y 7→φ(y, x) est une forme lin´eaire sur V, donc on a bien θ(x)∈V.

(2)On verra plus bas qu’on peut trouver une baseC dans laquelle la matrice de φest diagonale; alors le rang est le nombre de coefficients diagonaux non nuls.

(4)

(ii) La lin´earit´e de φ en la deuxi`eme variable entraˆıne alors que θ est lin´eaire i.e. que θ(λx+x0) =λθ(x) +θ(x0) (´egalit´e de formes lin´eaires) ; en effet, pour touty∈V on a :

θ(λx+x0)(y) = φ(y, λx+x0) = λφ(y, x) +φ(y, x0) = λθ(x)(y) +θ(x0)(y).

Proposition 21.6. — SoientB une base deV, B la base duale de V etA= MatB(φ).

Alors A est la matrice de θ dans les bases B (au d´epart) et B (et l’arriv´ee), not´ee MatB,B(θ).

D´emonstration. — ´Ecrivons B = (e1, . . . , en) et B = (e1, . . . , en). Pour tout f ∈ V, son ´ecriture f = Pn

i=1ciei est donn´ee par ci = f(ei). Pour f = θ(ej) on a : θ(ej)(ei) = φ(ei, ej) = aij et donc θ(ej) =Pn

i=1aijei. Ceci montre que MatB,B(θ) =A.

Corollaire 21.7. — φ (ou Q) est non d´eg´en´er´ee ssi θ est un isomorphisme V −→ V. Dans le cas contraire, on dit que Q est d´eg´en´er´ee et son noyau N(Q) ´egale Ker(θ).

D´efinition 21.8 (Orthogonalit´e). — Soit φ une fbs sur V.

(i) On dit que deux vecteurs x, y ∈ V sont orthogonaux (pour φ) si φ(x, y) = 0.

Plus g´en´eralement, on dit que deux sous-ensembles X, Y de V sont orthogonaux si l’on a φ(x, y) = 0 pour tout x ∈ X et y ∈ Y. On notera X⊥Y pour signifier que X et Y sont orthogonaux.

(ii) Pour tout sous-ensembleY de V, son orthogonal (relativement `a φ), not´e Y, est : (?) Y ={x∈V |φ(x, y) = 0, ∀y∈Y}.

Remarquons au passage que V=N(φ).

(iii) Y est un sous-espace vectoriel de V (mˆeme si Y n’en est pas un) ; de plus, on a les propri´et´es suivantes :

(??) Y ⊂Z =⇒Z⊂Y et Y= Vect(Y)

en particulier, si Y est un sous-espace vectoriel F de V et si (f1, . . . , fp) est une famille g´en´eratrice de F, alors

F={f1, . . . , fp} ={x∈V |φ(x, fi) = 0, ∀i= 1, . . . , p}.

D´emonstration de (iii). — Soientx, x0 ∈Yetλ∈k, alors on a, pour touty∈Y,φ(λx+x0, y) = λφ(x, y) +φ(x0, y) = 0, ce qui montre que λx+x0 ∈Y. Donc Y est un sous-espace vectoriel de V.

Il est imm´ediat que si Y ⊂ Z, alors Z ⊂ Y car si x ∈ Z alors x est orthogonal `a tout

´

el´ement de Z, donc x est a fortiori orthogonal `a tout ´el´ement de Y (puisque Y ⊂ Z), donc x∈Y.

CommeY ⊂Vect(Y), ceci donne l’inclusion Vect(Y)⊂Y. Montrons l’inclusion r´eciproque.

Soit x ∈ Y et soit v un ´el´ement arbitraire de Vect(Y) ; par d´efinition, v s’´ecrit comme une combinaison lin´eaire finie v=λ1y1+· · ·+λryr, avec yi ∈Y etλi∈k; alors on a

φ(x, v) =

r

X

i=1

λi φ(x, yi)

| {z }

=0

= 0

et doncx∈Vect(Y). Ceci montre queY⊂Vect(Y), d’o`u l’´egalit´e Vect(Y)=Y.

Th´eor`eme 21.9 (Orthogonalit´e pour φ non d´eg´en´er´ee). — Soit φ une fbs non d´e- g´en´er´ee sur V et soitF un sev de V.

(5)

21. RAPPELS SUR LES FORMES QUADRATIQUES 87

(i) On a dim(F) = dim(V)−dim(F) et F = (F). (ii) Si F ∩F ={0}, alors V =F ⊕F.

(iii) En fait (ii)est vrai mˆeme sans supposer que φ soit non d´eg´en´er´ee.

D´emonstration. — (i) Six∈F alors pour touty∈Fon aφ(x, y) = 0 et doncx∈(F). Ceci montre que F ⊂(F), sans supposer que φ soit non d´eg´en´er´ee.

Soit θ:V →V l’application lin´eaire associ´ee `a φ. Alorsθ(F) est un sev de V et l’on a F =

y∈V | ∀x∈V, 0 =φ(x, y) = θ(x)(y) =θ(F)0, o`u0 d´esigne l’orthogonalit´e entre V etV (cf. 15.1). On a donc

(∗) dim(F) = dim(V)−dimθ(F).

Supposons maintenant que φ soit non d´eg´en´er´ee. Alors θ est bijective donc θ(F) est de mˆeme dimension queF, et donc (∗) entraˆıne que dim(F) = dim(V)−dim(F).

On a de mˆeme dim(F) = dim(V)−dim(F) = dim(F), et alors l’inclusionF ⊂(F) entraˆıne l’´egalit´e F = (F). Ceci prouve (i).

(ii) et (iii) : ne supposant plus queφsoit non d´eg´en´er´ee, on a toujours dimθ(F)≤dim(F) et donc dim(F)≥dim(V)−dim(F).

Si l’on a F ∩F ={0}, alors F et F sont en somme directe, et d’apr`es ce qui pr´ec`ede on a :

dim(F ⊕F) = dim(F) + dim(F)≥dim(V) et ceci entraˆıne que F ⊕F =V (et que dim(F) = dim(V)−dim(F)).

Remarque 21.10. — Attention ! Le lecteur peut penser au cas de V = Rn muni du produit scalaire euclidien (x|y) =Pn

i=1xiyi; dans ce cas, pour tout sev F deV on aF∩F={0}car si x∈F∩Falors l’´egalit´e 0 = (x|x) =Pn

i=1x2i entraˆıne quex= 0. Mais ceci est une particularit´e du cas euclidien et n’est pas vrai pour une fbs non d´eg´en´er´eeφarbitraire. Par exemple, soitφla fbs surR2 d´efinie par

φ(u, v) =x1y2+x2y1 si u= x1

x2

etv= y1

y2

;

sa matrice dans la base canoniqueB= (e1, e2) deR2 estA= 0 1

1 0

, doncφest non d´eg´en´er´ee.

Cependant, on a φ(e1, e1) = 0 = φ(e2, e2) donc chacune des droites D1 = Re1 et D2 =Re2 est

´

egale `a son propre orthogonal, i.e.D1=D1 etD2 =D2.

D´efinition 21.11 (Restriction `a un sous-espace). — Soit φ une fbs surV et soit F un sev de V.

(i) On note φF la fbs sur F obtenue en restreignant φ `a F ×F, i.e.φF(x, y) = φ(x, y) pour toutx, y ∈F ; on l’appelle la restriction deφ `a F.

(ii) On a F ∩F = {x ∈ F | ∀y ∈ F φ(x, y) = 0} = N(φF). Donc l’assertion (ii) du th´eor`eme 21.9 peut se r´ecrire comme suit : «siφF est non d´eg´en´er´ee, alors V =F ⊕F».

Remarque 21.12. — Attention ! Mˆeme si φ est non d´eg´en´er´ee, φF ne l’est pas n´ecessairement. Par exemple, soit φ la forme polaire de la forme quadratique Q(x1x2) = x1x2 sur R2, elle est non d´eg´en´e- ee mais sa restriction `a chaque droite isotropeD1=Re1 ouD2=Re2 est nulle, donc d´eg´en´er´ee.

(6)

D´efinition 21.13 (Bases orthogonales). — Soient Qune forme quadratique sur V et φ sa forme polaire. Soient B = (e1, . . . , en) une base de V et (x1, . . . , xn) les coordonn´ees correspondantes.

(i) On dit que B est une base orthogonale pour φ (ou pour Q) si l’on φ(ei, ej) = 0 pouri6=j, ce qui ´equivaut `a dire que la matrice A = MatB(φ) est diagonale.

(ii) Ceci ´equivaut encore `a dire que Q(x1, . . . , xn) = c1x21 +· · ·+cnx2n, et dans ce cas c1, . . . , cn sont les coefficients diagonaux de A.

Th´eor`eme 21.14 (Existence de bases orthogonales). — Soit φ une fbs sur V. (i) Il existe une base de V orthogonale pour φ.

(ii) Si B = (e1, . . . , en) est une base de V orthogonale pour φ et si (x1, . . . , xn) sont les coordonn´ees correspondantes, alors Q(x1, . . . , xn) = c1x21 +· · ·+cnx2n et le rang de φ est

´

egal au nombre de ci non nuls. En particulier,φ est non d´eg´en´er´ee ssi tous lesci sont6= 0.

(iii) Si Qest de rang r < non peut supposer, quitte `a renum´eroter les ei, queci =Q(ei) est non nul pour i = 1, . . . , r et nul pour i > r. Alors N(Q) est le sev Vect(er+1, . . . , en), donn´e par les ´equations xi = 0 pour i= 1, . . . , r.

D´emonstration. — (i) Proc´edons par r´ecurrence sur n = dim(V). Il n’y a rien `a montrer si n= 0 ou si φ= 0. On peut donc supposer n≥1, le r´esultat ´etabli pour n−1 et φ 6= 0.

Alors la forme quadratique Q est non nulle (cf. 21.3 (∗)), donc il existe e1 ∈ V tel que Q(e1)6= 0. Posons F =ke1; comme φ(e1, e1) 6= 0, alors F ∩F ={0} et donc, d’apr`es le th´eor`eme 21.9, on a V =F ⊕F.

Par hypoth`ese de r´ecurrence, il existe une base (e2, . . . , en) de F telle que φ(ei, ej) = 0 pouri6=j. Alors (e1, e2, . . . , en) est une base de V orthogonale pour φ. Ceci prouve (i).

(ii) est clair, car le rang de φ est le rang de la matrice A = MatB(φ), qui est diagonale de coefficients diagonauxc1, . . . , cn.

Enfin, (iii) d´ecoule du point (vii) de 21.4. On peut aussi le red´emontrer comme suit : Fixons un indice i > r; comme la base B est orthogonale et comme φ(ei, ei) = 0, alors ei est orthogonal `a tous les ´el´ements de B donc appartient `a N(Q). Ceci montre que Vect(er+1, . . . , en) ⊂ N(Q). R´eciproquement, si un ´el´ement v = Pn

j=1ajej appartient `a N(Q) alors, pouri = 1, . . . , r, l’´egalit´e 0 =φ(ei, v) =aici donne ai = 0 (car ci 6= 0), donc v ∈Vect(er+1, . . . , en).

Le th´eor`eme 21.14 est valable pour tout corps k de caract´eristique 6= 2. La possibilit´e d’effectuer des r´eductions suppl´ementaires d´epend de propri´et´es «arithm´etiques» de k, c.-`a-d., de quels ´el´ements de k sont des carr´es. Lorsque k = C ou R, on peut donner des versions plus pr´ecises.

Th´eor`eme 21.15 (Formes quadratiques sur C). — Soient k un corps alg´ebrique- ment clos,(3) V un k-ev de dimension n etQ une forme quadratique sur V, de rang r≤n.

Il existe une baseB de V telle queMatB(Q)soit diagonale, avec les rpremiers coefficients

´

egaux `a 1 et les autres nuls, i.e. dans les coordonn´ees correspondant `a cette base on ait : Q(x1, . . . , xn) =x21+· · ·+x2r.

(3)Il suffit en fait que tout ´el´ement dekposs`ede une racine carr´ee dansk, cf. la d´emonstration.

(7)

21. RAPPELS SUR LES FORMES QUADRATIQUES 89

D´emonstration. — D’apr`es le th´eor`eme 21.14, il existe une base (f1, . . . , fn) de V ortho- gonale pour Q. Pour tout i, posons ci = Q(fi). Alors le rang r de Q est le nombre de ci non nuls et, quitte `a renum´eroter les fi, on peut supposer que ci 6= 0 pour i ≤r et ci = 0 pour i > r. Comme k est alg´ebriquement clos, chaque ci 6= 0 poss`ede dans k une racine carr´ee µi 6= 0. Posons alors ei = µ−1i fi pour i ≤ r, et ei = fi pour i > r. Alors la base B = (e1, . . . , er, er+1, . . . , en) est encore orthogonale, et v´erifie Q(ei) = 1 pour i ≤ r et Q(ei) = 0 pouri > r. Ceci prouve le th´eor`eme.

Th´eor`eme 21.16 (Th´eor`eme d’inertie de Sylvester). — Soient V un R-espace vec- toriel de dimension n, Q une forme quadratique sur V et φ sa forme polaire.

(i) Soit B = (e1, . . . , en) une base orthogonale pour φ et soit p (resp. q) le nombre d’indices i tels que Q(ei) > 0 (resp. < 0). Alors p et q ne d´ependent pas de la base orthogonale choisie.

(ii) Le couple (p, q) s’appelle la signature de Q (ou de φ) ; on a rang(φ) =p+q.

(iii) On peut choisir B de sorte que la matrice diagonale D= MatB(φ) ait pour termes diagonaux (1, . . . ,1,−1, . . . ,−1,0, . . . ,0), le nombre de 1 (resp. −1)´etant p (resp. q).

emonstration. — Posons r = rang(φ). Soient B = (e1, . . . , en) et C = (f1, . . . , fn) deux bases de V orthogonales pour φ. Notons p(resp.p0) le nombre d’indicesi tels queQ(ei)>0 (resp. Q(fi) >0) et q (resp.q0) le nombre d’indicesitels queQ(ei)<0 (resp.Q(fi)<0). Alors

r=p+q=p0+q0

et il s’agit de montrer queq=q0etp=p0. Quitte `a renum´eroter les ´el´ements deBetC, on peut supposer que

(?)

Q(ei)>0 pouri= 1, . . . , p Q(ei)<0 pouri=p+ 1, . . . , p+q Q(ei) = 0 pouri > p+q=r;

Q(fi)>0 pouri= 1, . . . , p0

Q(fi)<0 pouri=p0+ 1, . . . , p0+q0 Q(fi) = 0 pouri > p0+q0=r .

Notons P+ le sous-espace de V engendr´e par les vecteurs ei tels que Q(ei)0. Ces vecteurs sont au nombre denq, donc dimP+=nq. Soitxun ´el´ement arbitraire deP+, ´ecrivons x=P

i∈Ixiei, avec I={1, . . . , p} ∪ {r+ 1, . . . , n}; alors, d’apr`es (?), on obtient

(1) Q(x) =

p

X

i=1

x2iQ(ei)0.

D’autre part, soitP0 le sous-espace deV engendr´e par les vecteursfjtels queQ(fj)<0. Ces vecteurs sont au nombre de q0, donc dimP0 =q0. Soit y un ´el´ement non nul de P0, on peut ´ecrire y =Pp0+q0

j=p0+1yjfj, avec au moins l’un desyj non nul (cary6= 0). Alors, d’apr`es (?) `a nouveau, on obtient

(2) Q(y) =

p0+q0

X

j=p0+1

y2jQ(fj)<0.

Par cons´equent, on a P+P0 ={0} doncP+ et P0 sont en somme directe, d’o`u n= dimV dimP++ dimP0 =nq+q0

d’o`u q q0. ´Echangeant les rˆoles des bases B et C, on obtient de mˆeme q0 q, d’o`u q = q0, puis p=rq=rq0=p0. Ceci prouve (i).

Prouvons (iii). SoitB= (e1, . . . , en) comme ci-dessus ; pour i= 1, . . . , p+q, notonsci la racine carr´ee de|Q(ei)|et rempla¸conseiparc−1i ei; on obtient ainsi une base orthogonale ayant la propri´et´e d´esir´ee.

(8)

22. Quadriques et coniques projectives, th´eor`eme de Pascal

Le but de cette section est d’´etudier les quadriques projectives dePn(k), c.-`a-d. les sous- ensembles

V(Q) = {[x0, . . . , xn]∈Pn(k)|Q(x0, . . . , xn) = 0}

o`uQ est une forme quadratique sur kn+1, i.e. un polynˆome homog`ene de degr´e 2 : Q(x) =

n

X

i=0

aix2i + X

0≤i<j≤n

bijxixj.

Remarquons tout de suite que, pour un point p = [x] de Pn(k), le point x de kn+1 n’est d´efini qu’`a homoth´etie pr`es donc on ne peut pas parler de lavaleur deQenp, mais comme Q est un polynˆome homog`ene de degr´e 2 alors Q(λx) =λ2Q(x) pour toutλ ∈k×, donc le fait que Q(x) soit nul ne d´epend que de p, ce qui justifie la d´efinition de V(Q). Lorsque n = 2, on dit«conique»au lieu de quadrique.

Mˆeme si l’on ne s’int´eressera dans la suite qu’aux quadriques (et surtout aux coniques), nous donnons ci-dessous des d´efinitions g´en´erales, en guise d’introduction `a la g´eom´etrie alg´ebrique.

D´efinition 22.1 (Hypersurfaces de kn). — SoitP ∈k[X1, . . . , Xn] un polynˆome non constant.(4) On d´efinit savari´et´e des z´eros dans l’espace affine kn, not´eeV (P),(5) par :

V(P) = {x= (x1, . . . , xn)|P(x) = 0}

et l’on dit que c’est une hypersurface (alg´ebrique) de kn. En fait, quand on dit cela, on suppose implicitement que le corps k est alg´ebriquement clos, par exemple k=C, ou bien quekest consid´er´e commesous-corps d’un corps alg´ebriquement closk, par exemple k =R et k=C.

En effet, lorsque k n’est pas alg´ebriquement clos, il arrive que V(P) ne soit «pas int´e- ressant», par exemple si k =R, et si l’on posePc=X2+Y2+cpourc∈R, alors

V(P0) = {(x, y)∈R2 |x2 +y2 = 0}

se r´eduit au point (0,0), au lieu d’ˆetre une honnˆete «courbe alg´ebrique » comme par exemple le cercle

V(P−1) = {(x, y)∈R2 |x2+y2 = 1}

ou l’hyperbole

{(x, y)∈R2 |xy = 1}=V(XY −1) ou la parabole

{(x, y)∈R2 |y=x2}=V(Y −X2).

Pire encore, VR(P1) = {(x, y) ∈ R2 | x2 +y2 = −1} est vide. Toutefois, dans C on a (x +iy)(x −iy) = x2 +y2 donc dans C[X, Y] si l’on fait le changement de variables X0 =X+iY et Y0 =−X+iY, alors P1 = 1−X0Y0 et donc

VC(P1) = {(x0, y0)∈C2 |x0y0 = 1}

(4)On supposeP non constant carV(P) =kn siP = 0, tandis queV(P) =siP est une constante6= 0.

(5)On noteV pour«Vari´et´e»; d’autres auteurs notentZ(P) pour«eros».

(9)

22. QUADRIQUES ET CONIQUES PROJECTIVES, TH ´EOR `EME DE PASCAL 91

est une «honnˆete » hyperbole, et le fait que VR(P1) = ∅ signifie simplement que cette hyperbole «complexe» n’a pas de «points r´eels». On verra bien d’autres exemples de la sorte dans la suite.

Toutefois, nous ne voulons pas imposer `akd’ˆetre alg´ebriquement clos, car pr´ecis´ement on veut pouvoir ´etudier des courbes alg´ebriques dansR2 telles que cercles, ellipses, hyperboles et paraboles...

D´efinition 22.2 (Polynˆomes homog`enes). — On dit qu’un polynˆome non nul P ∈ k[X1, . . . , Xr] est homog`ene de degr´edsi tous les monˆomes qui le composent sont de mˆeme degr´e total d. Par exemple, si r = 3 un polynˆome homog`ene de degr´e 1 est de la forme a1X1+a2X2+a3X3, et un polynˆome homog`ene de degr´e 2 de la forme :

a1X12+a2X22+a3X32+a1,2X1X2+a1,3X1X3+a2,3X2X3.

Exercice 22.3. — Soitnun entier2. Quelle est la dimension duk-espace vectoriel des polynˆomes en nvariables surk, homog`enes de degr´e 2 ?

D´efinition 22.4 (Hypersurfaces de Pn(k)). — Soit P ∈ k[X0, . . . , Xn] un polynˆome en (n+1) variableshomog`enede degr´ed≥1. On d´efinit savari´et´e des z´eros dans l’espace projectif Pn(k), encore not´eeV(P), par :

V(P) = {[x] = [x0, x1, . . . , xn]∈Pn(k)|P(x) = 0}

et l’on dit que c’est une hypersurface (alg´ebrique) dePn(k). Remarquons d’abord que ceci est bien d´efini : en effet, si on remplace x ∈ kn+1 par λx, avec λ ∈ k×, alors, comme P est homog`ene de degr´ed, on a P(λx) =λdP(x), donc la nullit´e ou non deP(x) ne d´epend que de [x].(6) Par exemple, si P est homog`ene de degr´e 1, i.e. si P = a0X0 +· · ·+anXn, alors V(P) est simplement l’hyperplan projectif P(Ker(f)), o`u f est la forme lin´eaire f(x) = a0x0+· · ·+anxn.

Comme dans le paragraphe pr´ec´edent, quand on consid`ere V (P) avec P homog`ene de degr´ed >1, on suppose implicitement que le corpsk est alg´ebriquement clos, par exemple k = C, ou bien que k est consid´er´e comme sous-corps d’un corps alg´ebriquement clos k, par exemple k =R et k=C.

En effet, si k = R et si l’on note X, Y, Z au lieu de X0, X1, X2 et qu’on consid`ere le polynˆome P =X2+Y2+Z2 homog`ene de degr´e 2, alors

VR(P) = {[x, y, z]∈P2(R)|x2+y2+z2 = 0}=∅.

Par contre, dans C[X, Y, Z], on aX2+Y2+Z2 = (X+iY)(X−iY) +Z2 donc si l’on fait le changement de variable X0 =X+iY et Y0 =−X+iY, alors

VC(P) = {[x0, y0, z]∈P2(C)|x0y0 =z2}

est une honnˆete courbe alg´ebrique projective, appel´ee une conique projective (cf. ci- dessous).

Dans la suite de cette section, on suppose car(k)6= 2 etV d´esigne unk-ev de dimension n+ 1, d’o`u dim(P(V)) = n. Sauf mention du contraire, les formes quadratiques consid´er´ees seront suppos´eesnon nulles, i.e. dans la suite la phrase«SoitQune forme quadratique sur V » signifie : «Soit Qune forme quadratique sur V, non nulle».

(6)Par contre, on ne peut pas parler de la«valeur»deP au point [x].

(10)

D´efinitions 22.5. — Soit Q une forme quadratique sur V, non nulle.

(i) Un vecteur v ∈V est dit isotrope (pour Q) si l’on a Q(v) = 0.

(ii) L’ensemble C(Q) = {v ∈ V | Q(v) = 0} des vecteurs isotropes est appel´e le cˆone isotrope. C’est un cˆone, au sens o`u il est stable par homoth´eties : si v ∈C(Q) et λ∈ k× alors Q(λv) = λ2Q(v) = 0 donc λv∈C(Q).

(iii) L’image deC(Q)−{0}dansP(V) est l’hypersurface deP(V) d´efinie par le polynˆome homog`ene Q, i.e. c’est :

V(Q) = {[v]∈P(V)|Q(v) = 0}.

On dit queV(Q) est la quadrique projectived´efinie parQ, et lorsque dimP(V) = 2 on dit conique au lieu de quadrique.

Exemples 22.6. — (1) SiQest la forme quadratique surR2 d´efinie parQ(x1, x2) =x1x2, alors le cˆone isotrope est la r´eunion de la droite d’´equation x1 = 0 et de celle d’´equation x2 = 0, et la quadriqueV(Q)⊂P1(R) est form´ee des deux points [0,1] et [1,0].

(2) SiQest la forme quadratique sur R3 d´efinie parQ(x1, x2, x3) =x21+x22−x23, alors le cˆone isotrope est le cˆone d’´equationx21+x22=x23 : la section par chaque plan«horizontal»d’´equation x3 = c donne le cercle de centre (0,0, c) et de rayon r = |c|. Son image V(Q) dans P2(R) est form´ee du «cercle» {(x, y)∈R2|x2+y2 = 1} dans le plan affineP =P2(R) priv´e de la droite D d’´equation z = 0 ; il lui manque les deux points d’intersection avec D, qui sont les deux points [1, i,0] et [1,−i,0] deP2(C).

Remarque. — Attention ! Il ne faut pas confondre le cˆone isotropeC(Q) ={xV |Q(x) = 0} avec le sev N(Q) = {xV | ∀y V, φ(x, y) = 0}. On a toujoursN(Q)C(Q) mais l’inclusion est en g´en´eral stricte : dans les deux exemples pr´ec´edents Qest non d´eg´en´er´ee doncN(Q) ={0}, tandis que C(Q) est un cˆone 6={0}.

Exemple 22.7 (important). — D´ecrivons tout d’abord les quadriques d’une droite pro- jective D = P(E), o`u dim(E) = 2. Soit Q une forme quadratique sur E et soient B = (e0, e1) une base de E orthogonale pour Q et (x0, x1) les coordonn´ees correspondantes.

Quitte `a ´echanger e0 et e1 on peut supposer que λ = Q(e0) est 6= 0 ; alors en rempla-

¸cant Q par λ−1Q (ce qui ne change pas la quadrique) on se ram`ene au cas o`u Q(e0) = 1, d’o`u Q(x0, x1) =x20−δx21, pour un certain δ∈k. Distinguons les cas suivants :

(i) δ = 0, d’o`u Q(x0, x1) = x20. Dans ce cas, V(Q) est form´ee d’un point «double», i.e. c’est le point p= [0,1] de D «compt´e deux fois».

(ii) δ 6= 0. Soit α une racine carr´ee de δ dans le corps alg´ebriquement clos k, alors Q(x0, x1) = (x0−αx1)(x0+αx1). DoncV(Q) est form´ee des deux points distincts [α,1] et [−α,1]. Ces deux points sont dansP(E) ssiα ∈k; sinon, notantk0 l’extension quadratique k[α] =k[T]/(T2−δ) de k, ils sont dans P1(k0).(7)

Revenons `a unk-evV de dimensionn+ 1≥3 et d´ecrivons l’intersection de la quadrique V(Q)⊂ P(V) et d’une droite projective D =P(E), pour E un sev de V de dimension 2.

Notons QE la restriction de Q `a E et remarquons que D∩V(Q) est la vari´et´e des z´eros V(QE)⊂D.

Lemme 22.8. — On a l’une des trois alternatives suivantes :

(7)Plus pr´ecis´ement, ils sont dans P(Ek0), o`uEk0 esigne le k0-espace vectoriel d´eduit de E par extension des scalaires dek`a k0, cf. 23.14.

(11)

22. QUADRIQUES ET CONIQUES PROJECTIVES, TH ´EOR `EME DE PASCAL 93

a) QE = 0 et D⊂V(Q).

b) QE est non d´eg´en´er´ee. Alors D ∩V(Q) est form´ee de deux points distincts p 6= q (´eventuellement `a coordonn´ees dans une extension quadratique de k).

c) QE est de rang 1. Alors D∩V(Q) est form´ee d’un seul point p.

D´emonstration. — On aQE = 0 ssiV(QE) =D, et ceci ´equivaut `aD⊂V(Q). Supposons donc QE 6= 0. Soit (e0, e1) une base orthogonale de E. Comme dans l’exemple pr´ec´edent, on se ram`ene au cas o`uQ(e0) = 1 et l’on pose alors Q(e1) = −δ. Sous ces conditions, on a

D∩V(Q) = {[xe0+ye1]|x2+δy2 = 0}

o`u (x, y)6= (0,0).

SupposonsQE non d´eg´en´er´ee, i.e. δ6= 0. Notonsαune racine carr´ee deδ(´eventuellement dans une extension quadratique k0 de k). Alors D ∩ V(Q) est form´ee des deux points distincts p= [αe0+e1] et q = [−αe0+e1].

Enfin, supposons QE de rang 1, i.e. δ= 0. Dans ce cas,D∩V (Q) est form´ee du «point double» p= [e1] (d´efini par l’´equationx2 = 0).

Corollaire 22.9. — Soit C = V(Q) une quadrique de P(V). Si C contient trois points d’une droite D alors C contient D.

D´emonstration. — Ceci d´ecoule de la proposition pr´ec´edente.

Avant d’´enoncer le th´eor`eme sur la conique passant par cinq points donn´es (22.12) et celui de Pascal (22.14), qui nous int´eresseront principalement dans le cas non d´eg´en´er´e, on a besoin d’´enoncer quelques r´esultats qui nous permettront de traiter le cas d´eg´en´er´e.

Proposition 22.10. — Soit C =V(Q) une conique d’un plan projectif P(V). Supposons que C contienne une droite D.

(i) Alors C est d´eg´en´er´ee.

(ii) Plus pr´ecis´ement, si l’on choisit des coordonn´ees homog`enes[x, y, z] telles que D ait pour ´equation Z = 0, alors Q=ZL(X, Y, Z) pour une certaine forme lin´eaire L.

(iii) Si L n’est pas multiple de Z, alors Q est de rang 2 et C est la r´eunion de D et de la droite D0 d’´equation L= 0. Sinon, Q=λZ2 est de rang 1 et dans ce cas on dit que C est la «droite double» D.

D´emonstration. — Soitφla forme polaire deQ. ´EcrivonsD =P(E), o`uE est un sev de V de dimension 2. Par hypoth`ese, la restriction de Q `a E est nulle, donc pour toutx, y ∈E on a :

φ(x, y) = 1

2 Q(x+y)−Q(x)−Q(y)

= 0.

Soient (e1, e2) une base de E, compl´etons-la en une base B = (e1, e2, e3) de V et notons (x, y, z) les coordonn´ees dans cette base. Alors A= MatB(φ) est de la forme suivante :

0 0 a 0 0 b a b c

o`u a=φ(e1, e3), b =φ(e2, e3) et c=Q(e3) ne sont pas tous nuls (car Q est suppos´ee non nulle). Alors on a

Q(X, Y, Z) = cZ2+ 2Z(aX +bY) =Z(2aX+ 2bY +cZ),

(12)

ce qui donne (ii) avec L(X, Y, Z) = (2aX+ 2bY +cZ). De plus, on voit que Aest de rang

≤2 (car ses colonnes 1 et 2 sont li´ees), d’o`u (i).

Enfin, on voit que A est de rang 1 ssi a = 0 = b, ce qui correspond au cas o`u L est multiple de Z. Le point (iii) en d´ecoule.

Remarques 22.11. — (1) R´eciproquement, la r´eunion de deux droites D et D0 du plan projectif est une conique. En effet, soientLetL0 les formes lin´eaires (uniques `a homoth´etie pr`es) d´efinissantDetD0et soitQ=LL0. Alors, pour tout [x, y, z]∈P(V), on aQ(x, y, z) = L(x, y, z)L0(x, y, z) et ceci est nul ssi l’un au moins de L(x, y, z) et L0(x, y, z) est nul : ceci montre que V(Q) est la r´eunion de D etD0.

(2) Il r´esulte de la proposition que si C est une conique d´eg´en´er´ee (i.e. la r´eunion de deux droites ou une droite «double») et sip1, . . . , p5 sont cinq points distincts deC, alors au moins trois de ces points sont align´es.

Th´eor`eme 22.12. — Soient P(V) un plan projectif et p1, . . . , p5 cinq points distincts de P(V), quatre d’entre eux n’´etant jamais align´es. Alors il existe une unique conique C passant par ces cinq points.

D´emonstration. — Distinguons deux cas. (1) Supposons que trois points soient align´es sur une droiteD, par exemple p1, p2, p3. Si une coniqueC contient lespi alors, d’apr`es 22.9 et 22.10, elle contientD donc elle est d´eg´en´er´ee et est la r´eunion de Det d’une seconde droite D0. Alors, comme p4 et p5 ne sont pas sur D ils doivent ˆetre sur D0 et donc D0 = (p4p5).

Ceci montre que, dans ce cas, D∪D0 est l’unique conique contenant les pi.

(2) Supposons maintenant que trois des pi ne sont jamais align´es. Alors (p1, p3, p5, p2)(8) forment un rep`ere projectif et dans ce rep`ere ils ont pour coordonn´ees homog`enes respec- tives : [1,0,0], [0,1,0], [0,0,1], et [1,1,1]. De mˆeme,p4 = [a, b, c] aveca, b, ctous non nuls et deux `a deux distincts (car si on avait, par exemple,c= 0 (resp.a=b) alorsp1, p3, p4 (resp.p5, p2, p4) seraient align´es).

Soit Q(X, Y, Z) = αX2 +βY2 +γZ2 +uY Z +vZX +wXY une forme quadratique arbitraire. Elle s’annule en p1 (resp.p3, resp.p5) ssi α = 0 (resp.β = 0, resp.γ = 0), et l’annulation en p2 et p4 ´equivaut aux deux ´equations lin´eaires en u, v, w suivantes :

u+v+w= 0 et bc u+ca v+ab w= 0.

On en d´eduit w=−u−v puis b(c−a)u+a(b−c)v = 0, d’o`uv = b a

c−a

b−cu, puis w=−u−v = −u

a(b−c)

a(b−c)−b(a−c)

= c a

a−b b−cu.

Ceci d´etermine de fa¸con unique Q, `a homoth´etie pr`es, i.e. en prenant u = a(b −c) on obtient que

Q(X, Y, Z) = a(b−c)Y Z+b(c−a)ZX+c(a−b)XY

est l’´equation de l’unique conique qui passe par le rep`ere standard [1,0,0], [0,1,0], [0,0,1], [1,1,1] et par le point [a, b, c]. (Celle-ci est non d´eg´en´er´ee d’apr`es la remarque 22.11.)

(8)Ce choix de num´erotation est li´e `a la d´emonstration du th´eor`eme de Pascal 22.14 qui va suivre.

(13)

22. QUADRIQUES ET CONIQUES PROJECTIVES, TH ´EOR `EME DE PASCAL 95

D´efinition 22.13 (Cˆot´es oppos´es d’un hexagone). — Soient A, B, C, D, E, F six points d’un plan projectif, dont trois ne sont jamais align´es.(9) Pour chaque num´erotation p1, . . . , p6 de ces points, appelons «paires de cˆot´es oppos´es »(pour la num´erotation donn´ee) les trois paires de droites

(p1p2),(p4p5)

, (p2p3),(p5p6)

, (p3p4),(p6p1)

et notons P1 (resp.P2, resp.P3) le point de concours de la 1`ere paire (resp. de la 2`eme, resp. 3`eme). Ces trois points sont distincts. (Si on avait par exempleP1=P2, ce point appartien- drait `a (p1p2)(p2p3) et `a (p4p5)(p5p6) donc devrait ˆetre ´egal `ap2et `ap5, impossible carp26=p5.)

Sik =R et si les points p1, . . . , p6 du plan affine E =R2 forment dans cet ordre les sommets d’un hexagone convexe r´egulier (donc inscrit dans un cercle), alors la notion de«cˆot´es oppos´es» a le sens habituel et les cˆot´es oppos´es sont parall`eles (et donc dans le plongement projectifPb(E), les pointsP, Q, Rappartiennent `a la droite `a l’infini). Mais dans la d´efinition pr´ec´edente, la num´erotation despi est arbitraire, ce qui donne plus de configurations possibles.

Th´eor`eme 22.14. — Soient A, B, C, D, E, F six points d’un plan projectif, dont trois ne sont jamais align´es.

(i) (Th´eor`eme de Pascal)(10) Si ces points appartiennent `a une mˆeme conique C (ecessairement non d´eg´en´er´ee)alors, pour toute num´erotationp1, . . . , p6, les points de concours des trois paires de cˆot´es oppos´es sont align´es.

(ii) R´eciproquement, si pour une num´erotation p1, . . . , p6 les points de concours des trois paires de cˆot´es oppos´es sont align´es, alors il existe une unique conique C passant par A, B, C, D, E, F.

D´emonstration. — Choisissons une num´erotationp1, . . . , p6. Reprenant les notations de la d´emonstration pr´ec´edente, on peut supposer quep1, p3, p5, p2, p4etp6 ont pour coordonn´ees homog`enes respectives :

[1,0,0], [0,1,0], [0,0,1], [1,1,1], [a, b, c] et [u, v, w],

aveca, b, c(resp.u, v, w) non nuls et deux `a deux distincts. D’apr`es le th´eor`eme pr´ec´edent, l’unique conique C passant par p1, . . . , p5 est donn´ee par

Q(X, Y, Z) =a(b−c)Y Z+b(c−a)ZX+c(a−b)XY, et doncp6 appartient `a C ssi on a :

0 =Q(u, v, w) =a(b−c)vw+b(c−a)wu+c(a−b)uv.

D´eterminons `a quelle condition les points de concours des trois paires de cˆot´es oppos´es sont align´es.

La droite (p1p2), resp. (p4p5), a pour ´equationy=z, resp.bx=ay, donc elles se coupent au point P1 = [a, b, b]. De mˆeme, la droite (p2p3), resp. (p5p6), a pour ´equation x = z, resp.vx =uy, donc elles se coupent au point P2 = [u, v, u].

Enfin, la droite (p3p4), resp. (p6p1), a pour ´equation cx=az, resp. wy =vz, donc elles se coupent au point P3 = [aw, cv, cw].

(9)En particulier, ces six points sont deux `a deux distincts.

(10)Blaise Pascal, math´ematicien et philosophe fran¸cais (1623-1662), qui fut l’´el`eve de Desargues.

(14)

AlorsP1, P2, P3 sont align´es ssi le d´eterminant

a u aw b v cv b u cw

est nul, or on voit qu’il vaut : vw a(c−b) +wu b(a−c) +uv c(b−a) =−Q(u, v, w).

Ceci montre (ii), et aussi (i) puisque la num´erotationp1, . . . , p6 a ´et´e choisie arbitrairement.

p1

A A

A A

A A

A A

Ap2

p3

p4

p5

B B

B B

B B

B B

B B

Bp6

@

@

@

@

@

@

@

@

P R Q

22.15. Classification des coniques projectives r´eelles. — Il r´esulte du th´eor`eme d’inertie de Sylvester 21.16 qu’il n’y a, `a homographie pr`es, que cinq types de coniques r´eellesC =V(Q)⊂P2(R). En effet, d’apr`es le th´eor`eme de Sylvester, il existe une base B deR3telle que, dans les coordonn´ees correspondantes, on aitQ(X, Y, Z) =aX2+bY2+cZ2, aveca, b, cdans {−1,0,1}et non tous nuls. CommeQ et±Qd´efinissent la mˆeme conique, on a les cinq alternatives suivantes :

(1) Q est de rang 1. Dans ce cas, on peut supposer que Q=X2 et alors C est la droite double de P2(R) d’´equation x2 = 0.

(2) Qest de rang 2. Dans cas cas, on peut supposer que Q=X2±Y2 et l’on a les deux sous-cas :

2a) Q = X2 − Y2 = (X −Y)(X +Y). Alors C est la r´eunion des deux droites projectives d’´equationsx=y etx=−y.

2b) Q=X2+Y2. Alors dansP2(C),CC est la r´eunion des deux droites projectives d’´equations x = iy et x = −iy; elles se coupent au point p = [0,0,1] qui est le seul point r´eel de C.

(3) Q est de rang 3, i.e. non d´eg´en´er´ee. On peut alors supposer que Q=X2 +Y2±Z2 et l’on a les deux sous-cas :

3a) Q=X2 +Y2+Z2. Dans ce cas, C n’a pas de point r´eel.

3b) Q=X2+Y2−Z2.

On voit donc qu’`a homographie pr`es, Q = X2 +Y2 − Z2 est l’unique conique pro- jective non d´eg´en´er´ee ayant des points r´eels. Remarquons que si on prend comme droite

`

a l’infini D la droite d’´equation z = 0 (resp.y = 0) alors dans le plan affine E = P2(R)−D, identifi´e aux triplets de points (x, y,1) (resp. (x,1, z)) de R3, on obtient l’el- lipse (resp. l’hyperbole) d’´equation x2+y2 = 1 (resp.x2−z2 = 1).

De plus, si l’on fait le changement de coordonn´ees u=z+y etv =z−y (de sorte que z2−y2 =uv) et qu’on prend comme droite `a l’infiniD la droite d’´equation v = 0 alors dans le plan affine E = P2(R)−D, identifi´e aux triplets de points (x, u,1) de R3, on obtient la parabole d’´equationu=x2.

Références

Documents relatifs

Si trois paraboles sont tangentes à deux des trois cô- tés d'un triangle et ont respectivement pour axes trois droites concourantes partant des sommets du triangle, leurs

Mais, comme tout à l'heure, cette dernière relation reste étrangère à l'élimination, en sorte que le lieu des foyers de* toutes les surfaces de révolution, passant par une

PAR M. Le quadrilatère formé par les quatre droites A, B, C, D est circonscrit à la conique O,ses sommets sont AC, BD, x\D, BC, donc les quatre droites T.AC, T.BD, TfAIX; T.BC sont

Pour y arriver, considérons, dans Fespace linéaire à quatre dimensions, une quadrique (à trois dimensions) F et un 5~édre conjugué dont les faces sont des espaces linéaires à

Reprenons d'abord la figure du n° 3, et projetons-la de manière que les coniques (A) et (B) deviennent deux cercles (a) et (6), deux points communs autres que P devenant les

Il faut, dans le cas (5), que la longueur s soit plus petite que le plus grand côté, mais plus grande que le côté moyen du triangle, parce qu'un des trois couples de points doit

Inscrivons une conique to dans le triangle PCD; on sait qu'on peut alors incrire dans la première conique un triangle RST conjugué par rapport à la seconde; prenons la droite CD

Considérons une conique et deux cercles quelconques, mais ayant le même centre, et soient AB et CD deux cordes communes à la conique et au premier cercle, et M, JY, P , Q les