Universit´e Claude Bernard Lyon 1 2009-2010 LEC¸ONS SUR LES CONIQUES
On a int´erˆet `a travailler simultan´ement sur les quatre lec¸ons ayant trait aux coniques :
1. D´efinitions de la parabole, g´eom´etriquement et par ´equation r´eduite ; ´equivalence entre ces d´efinitions. Construction de la tangente et de la normale en un point.
2. D´efinitions de l’ellipse, g´eom´etriquement et par ´equation r´eduite ; ´equivalence entre ces d´efinitions.
3. D´efinitions de l’hyperbole, g´eom´etriquement et par ´equation r´eduite ; ´equivalence entre ces d´efinitions.
4. Exemples de repr´esentation param´etrique des coniques ; construction de la tangente et de la normale en un point `a une parabole, une ellipse, une hyperbole.
Comment utiliser ces notes ? —J’ai essay´e de faire le bilan des diff´erents expos´es pr´esent´ees au tableau et de d´evelopper les remarques orales.
– La synth`ese regroupe les connaissances essentielles qui doivent venir `a l’esprit `a la lecture des titres de ces lec¸ons ; les plans que l’on peut adopter s’en d´eduisent.
– J’expose ensuite les ´el´ements fondamentaux des trois premi`eres lec¸ons, qui en constituent le cœur.
– Je poursuis avec un certain nombre de compl´ements. Certains trouvent naturellement leur place `a la fin de l’une des trois premi`eres lec¸ons ou permettent de construire le quatri`eme expos´e ; d’autres sont propos´es
`a titre d’enrichissement et/ou pour pr´eparer la discussion avec le jury.
– Finalement, je propose quelques liens avec d’autres lec¸ons. Attention ! Comme tout ce que vous direz devant le jury est suceptible de donner lieu `a des questions, mentionner une application aux coniques dans telle ou telle lec¸on suppose d’ˆetre en mesure d’en parler.
Les d´efinitions et les ´enonc´es des th´eor`emes doivent ˆetre connus. Plutˆot que d’apprendre par cœur les d´emonstrations, il faut en retenir les id´ees essentielles et s’entraˆıner `a les reconstituer avec pr´ecision.
——————————- I. Synth`ese
1. Partie commune aux trois premi`eres lec¸ons — L’intitul´e conduit naturellement `a d´efinir une parabole/ellipse/hyperbole comme un lieu g´eom´etrique en termes de directrice, foyer et excentri- cit´e, puis `a caract´eriser ces courbes par leurs ´equations r´eduites. On terminera en tirant quelques cons´equences de l’´equation r´eduite :
– trac´e de la conique en la voyant comme le graphe d’une (ou de deux) fonction(s), – d´etection des sym´etries (cf. 2.4 et 3.2),
– existence d’une tangente en tout point (cf. 3.7), – obtention d’un param´etrage (cf. 3.6).
Cette partie commune n’est pas particuli`erement difficile, mais il faut faire preuve de rigueur et de coh´erence (comme toujours...).
(i) Si l’on dessine la courbe tout de suite apr`es avoir donn´e sa d´efinition g´eom´etrique, cela signifie que l’on est capable de d´eterminer son allure sans recourir `a l’´equation r´eduite.
Ceci peut effectivement se faire en ´etudiant l’intersection avec les droites parall`eles ou perpendiculaires
`a la directrice. C’est tr`es facile pour une parabole, un tout petit peu moins pour une ellipse ou une hyper- bole (cf. 3.1). Si l’on ne veut pas avoir `a en parler, il faut s’abstenir de tracer la courbe avant de disposer de son ´equation r´eduite.
(ii) Lorsqu’on d´etermine l’´equation r´eduite d’une conique, il faut bien prendre garde `a raisonner par conditions n´ecessaires et suffisantes (cf. 2.2, d´emonstration des th´eor`emes).
1
(iii) Si l’on veut parler de la tangente ou de la normale en un point, il faut commencer par ´etablir leur existence.
2. Sp´ecificit´es — Pour la parabole, l’intitul´e impose de parler de la tangente et de la normale en un point. Pour cela, on commence par ´etablir l’existence d’une tangente en tout point en utilisant l’´equation r´eduite, puis on donne une propri´et´e g´eom´etrique permettant de la construire (cf. 3.8). La normale en un point se d´efinit comme la perpendiculaire `a la tangente passant par ce point.
Pour l’ellipse, il est int´eressant de mentionner le fait qu’il s’agit de l’image d’un cercle par une affinit´e orthogonale. C’est une simple interpr´etation g´eom´etrique de l’´equation r´eduite, dont on peut d´eduire un proc´ed´e de construction de l’ellipse et de ses tangentes, ainsi qu’un param´etrage (cf. 3.4 et 3.6).
Pour l’hyperbole, on pourra s’int´eresser aux asymptotes, qui se d´eterminent tr`es simplement `a partir de l’´equation r´eduite. Elles constituent les axes d’un rep`ere cart´esien, g´en´eralement pas ortho- norm´e, dans lequel l’´equation prend sa forme la plus simple : xy= 1. On en d´eduit facilement le param´etrage classique de l’hyperbole par les fonctions cosh et sinh (cf. 3.5 et 3.6).
Enfin, pour l’ellipse et l’hyperbole, on peut donner la caract´erisation bifocale. L’int´erˆet r´eside dans l’application au trac´e de la conique et `a l’´etude de ses tangentes. Mise en garde : la d´emonstration est un peu d´elicate (cf. 3.10 et 3.11).
3. Param´etrage et tangentes (quatri`eme lec¸on) — On peut commencer en rappelant la d´efinition g´eom´etrique en termes de directrice, foyer et excentricit´e, qui a le m´erite de fournir une pr´esentation unifi´ee des trois types de coniques, puis donner (sans d´emonstration) leurs ´equations r´eduites. Ceci
´etant fait, expliquer comment obtenir un param´etrage `a partir d’une ´equation r´eduite dans chacun des cas (cf. 3.6) et en d´eduire l’existence d’une tangente en tout point (3.7). Terminer en donnant une m´ethode de construction des tangentes ; pour ce faire, le point de vue foyer/directrice est tr`es avantageux en cela qu’il permet de formuler un th´eor`eme g´en´eral que l’on d´emontre facilement `a l’aide de coordonn´ees (cf. 3.9) :
Soit C une conique de directrice D, de foyer F et d’excentricit´e e. Si M est un point de C n’ap- partenant pas `a l’axe focal, alors la droite(MF) intersecte D en un point P et la droite (PM) est la tangente `a C au point M.
Une autre pr´esentation possible peut d´ebuter par une d´efinition des coniques via leurs ´equations r´eduites, ce qui permet d’obtenir un param´etrage (cf. 3.6) et d’´etablir l’existence d’une tangente en tout point. Parler rapidement des tangentes `a une parabole (cf. 3.8). ´Enoncer finalement la ca- ract´erisation bifocale des ellipses/hyperboles (cf. 3.10) et ´etablir les propri´et´es angulaires des tan- gentes/normales qui s’en d´eduisent (cf. 3.11).
——————————-
II. ´El´ements fondamentaux des trois premi`eres lec¸ons
Pr´erequis / Cadre – Les coniques semblent avoir totalement disparu des programmes de l’enseignement secondaire ; il y a quelques ann´ees, elles ´etaient ´etudi´ees en Terminale S, sp´ecialit´e math´ematiques.
Pr´esentation au niveau de la fin d’une Terminale scientifique, pour laquelle on fera appel `a l’ensemble des connaissances de g´eom´etrie plane du secondaire. Dans tout ce qui suit, on d´esigne parΠun plan affine eucli- dien.
2.1. Axe focal — On consid`ere une conique C de foyer F, de directice D et d’excentricit´e e∈ R>0: C = {M ∈Π| MF = e.d(M,D)}.
Proposition 1 — La droite∆= F +−→D⊥ est un axe de sym´etrie de C .
D´emonstration.Soitσ la r´eflexion par rapport `a∆. On aσ(F) = F etσ(D) = D, d’o`u
σ(M)F − e · d(σ(M), D) =σ(M)σ(F) − e · d(σ(M),σ(D)) = MF − e · d(M,D) pour tout point M du plan puisqueσ est une isom´etrie. Commeσ◦σ= id, on en d´eduit :
M∈ C ⇐⇒ σ(M) ∈ C ⇐⇒ M ∈σ(C )
et doncσ(C ) = C .
C’est cette propri´et´e remarquable qui justifie que l’on donne un nom `a∆: l’axe focal.
L’axe focal∆intersecte la directrice D en un point K. Un point M de∆appartient `a C si et seulement si MF= e · MK, c’est-`a-dire si et seulement si−→MF= ±e ·−−→MK.
(i) Il y a une unique solution si e= 1 : le milieu S de [FK].
(ii) Si e6= 1, il y a deux solutions : A = bar{(F;1),(K;e)} et A′= bar{(F;1),(K;−e)}.
En particulier : l’ensemble C est toujours non vide (ce qui n’est pas ´evident a priori).
D
F
∆
S
e=1 K
A F
K
∆ D
A’
e < 1
A
K F
A’
∆
D e > 1
2.2. Obtention d’une ´equation r´eduite — Introduisons le rep`ere orthonorm´e R0= (K;−→i ,−→j) avec
−
→i = −→KFKF et notons d= FK = d(F, D) l’abscisse du point F.
Pour tout point M du plan de coordonn´ees(u, v) dans R0,
MF2− e2· d(M,D)2= (u − d)2+ v2− e2u2=( v2− 2d u −d2
si e= 1;
(1 − e2)
u−1−ed22
+ v2−1e−e2d22 si e6= 1.
(i) Parabole – Soit S= K +d2−→i le milieu du segment[KF] et soit R = (S;−→i ,−→j).
Th´eor`eme 2 — La parabole C est l’ensemble des points du plan dont les coordonn´ees(x, y) dans le rep`ere(S;−→i ,−→j ) v´erifient l’´equation y2− 2dx = 0.
D´emonstration. Notant (x, y) les coordonn´ees dans le rep`ere (S; −→i ,−→j), on a x = u −d2, y= v et MF2− e2 · d(M,D)2= y2− 2dx pour tout point M du plan. Par suite :
M(x, y) ∈ C ⇐⇒ y2− 2dx = 0.
(ii) Ellipse – Les points A= bar{(F;1),(K;e)} et A′ = bar{(F;1),(K;−e)} ont pour coordonn´ees respectives e+1d ,0 et 1−ed ,0 dans R0, donc le point O= K +1−ed2−→i est le milieu du segment [AA′].
Th´eor`eme 2bis — L’ellipse C est l’ensemble des points du plan dont les coordonn´ees(x, y) dans le rep`ere(O;−→i ,−→j ) v´erifient l’´equation
x2 a2+y2
b2 = 1, o`u a= 1−eed2 et b= √ed
1−e2.
D´emonstration. Notant (x, y) les coordonn´ees dans le rep`ere R = (O; −→i ,−→j), on a x = u −1−ed2, y= v et MF2− e2· d(M,D)2= (1 − e2)x2+ y2−1e−e2d22 pour tout point M du plan. Par suite,
M(x, y) ∈ C ⇐⇒ x2 a2+y2
b2 = 1 avec a= 1ed
−e2, et b=√ed
1−e2.
On a a, b > 0 ; en outre, a > b car√
1− e2>1− e2puisque 0 < 1− e2<1. L’abscisse du point F dans le rep`ere R est
d− d
1− e2 = − e2d
1− e2 = −ae = −p
a2− b2
et celle de la droite D est h= −1−ed 2 = −ae = −√aa22−b2. Notons en passant l’expression de l’excentri- cit´e de C et de la distance d du foyer `a la directrice :
e=1 a
pa2− b2, d= b2
√a2− b2.
Remarques — (i) On aurait pu d’embl´ee introduire le point O fournissant la « bonne » origine pour notre rep`ere orthonorm´e. Cependant, il me semble plus simple de travailler dans R0 et de faire ap- paraˆıtre « spontan´ement » le point O via une formule de changement de rep`ere.
(ii) Si l’on veut que le foyer ait une abscisse positive, il suffit de consid´erer le rep`ere(O; −−→i ,−→j).
Cela revenant `a changer x en−x, l’´equation de C n’est pas modifi´ee.
(iii) Hyperbole – Les points A= bar{(F;1),(K;e)} et A′= bar{(F;1),(K;−e)} ont pour coordonn´ees respectives e+1d ,0 et 1−ed ,0 dans R0, donc le point O= K+1−ed2
−
→i est le milieu du segment[AA′].
Th´eor`eme 2ter — L’hyperbole C est l’ensemble des points du plan dont les coordonn´ees(x, y) dans le rep`ere(O; −→i ,−→j) v´erifient l’´equation
x2 a2−y2
b2 = 1, o`u a= e2ed−1 et b= √ed
e2−1.
D´emonstration. Notant (x, y) les coordonn´ees dans le rep`ere R = (O; −→i ,−→j), on a x = u −1−ed2, y= v et MF2− e2· d(M,D)2= (1 − e2)x2+ y2−1e−e2d22 pour tout point M du plan. Par suite,
M(x, y) ∈ C ⇐⇒ x2 a2−y2
b2 = 1 avec a= e2ed−1, et b=√ed
e2−1.
On a a, b > 0. L’abscisse du point F dans le rep`ere R est
d− d
1− e2 = e2d
e2− 1 = ae =p
a2+ b2
et celle de la droite D est h= e2d−1 =ae =√ a2
a2+b2. Notons en passant l’expression de l’excentricit´e de C et de la distance d du foyer `a la directrice :
e=1 a
pa2+ b2, d= b2
√a2+ b2.
2.3. ´Equivalence avec le point de vue g´eom´etrique — Il s’agit maintenant d’´etablir que toute
´equation cart´esienne de l’une des formes ci-dessus, dans un rep`ere orthonorm´e, d´efinit une conique au sens g´eom´etrique. Voici un exemple de r´edaction dans le cas d’une ellipse.
Th´eor`eme 3 — Soit(O; −→i ,−→j) un rep`ere orthonorm´e et soit a, b deux nombres r´eels tels que a > b >
0. L’´equation cart´esienne ax22 −by22 = 1 d´efinit une ellipse de foyer F(−c,0), de directrice la droite D d’´equation x= −h et d’excentricit´e e avec
c=p
a2− b2, h= a2
√a2− b2 et e=1 a
pa2− b2.
D´emonstration.Posons c=√
a2− b2, h=√a2
a2−b2 et e=1a√
a2− b2. Notant F le point de coordonn´ees(−c,0) et D la droite d’´equation x= −h, on a
MF2− e2· d(M,D)2= (1 − e2) x2 a2+y2
b2− 1
pour tout point M(x, y) du plan. Ainsi, l’´equation cart´esienne xa22+yb22− 1 = 0 d´efinit l’ellipse de foyer F, de
directrice D et d’excentricit´e e.
2.4. Sym´etries — L’´equation r´eduite d’une ellipse/hyperbole C ´etant invariante par les transforma- tions(x, y) 7→ (±x,±y), la droite∆′= (O;−→j) est un second axe de sym´etrie de C et le point O en est un centre de sym´etrie.
On en d´eduit que le point F′=σ∆′(F) et la droite D′=σ∆′(D) fournissent un second couple (foyer, directrice) permettant de d´efinir C .
——————————- III. Compl´ements
3.1. Allure d’une conique `a partir de la d´efinition g´eom´etrique et proc´ed´e de construction — On peut se faire une premi`ere id´ee de l’allure d’une conique C de foyer F, de directrice D et d’excentricit´e e en ´etudiant ses points d’intersection avec les droites parall`eles `a D.
Soit D′ une droite parall`ele `a D. Tous les points de D′ sont `a la mˆeme distance de D, ´egale `a la distance d(D, D′) de D `a D′. Par suite,
C∩ D′= {M ∈Π| M ∈ D′ et MF= e · d(D,D′)}
est l’intersection de la droite D′et du cercle de centre F et de rayon e· d(D,D′).
L’´etude de l’intersection d’un cercle et d’une droite permet d’en d´eduire : (i) C ∩ D′= ∅ si d(F, D′) > e · d(D,D′) ;
(ii) C ∩ D′est un singleton si d(F, D′) = e · d(D,D′) ;
(iii) C ∩ D′contient deux points si d(F, D′) < e · d(D,D′). Ces points sont sym´etriques par rapport
`a l’axe focal∆= F +−→D⊥.
Soit K le projet´e orthogonal de F sur D. Toute droite D′parall`ele `a D s’´ecrit sous la forme D′= P +−→D
avec P∈∆. On a alors
d(D, D′) = KP et d(F, D′) = FP.
Cas d’une ellipse : e < 1 — Introduisons comme en 2.1 les points A= bar{(F;1),(K;e)} et A′= bar{(F;1),(K;−e)}. Pour tout point P ∈∆,
FP2− e2· KP2=−PF→+ e ·−→PK
−PF→− e ·−→PK
= (1 − e2)−PA→|−→
PA′ et donc, comme 0 < e < 1,
(i) FP > e· KP ssi−→ PA|−→
PA′
>0, donc ssi P est ext´erieur au segment[AA′] ; (ii) FP= e · KP ssi−PA→|−→
PA′
= 0, donc ssi P = A ou P = A′; (iii) FP < e· KP ssi−PA→|−→
PA′
<0, donc ssi P est int´erieur au segment[AA′].
On en d´eduit que l’ellipse C est non vide et enti`erement contenue entre les deux droites parall`eles A+−→D et A′+−→D . La fonction M7→ d(M,D) est par cons´equent born´ee lorsque M parcourt C . Comme MF= e · d(M,D), il en est de mˆeme de la fonction M 7→ MF et donc C est une partie born´ee du plan.
Cette ´etude conduit `a un proc´ed´e de construction des points de C `a la r`egle et au compas (au moins lorsque e∈ Q) : placer A et A′ sur l’axe focal puis, pour tout point P∈ [AA′], construire les points d’intersection de la droite P+−→D avec le cercle de centre F et de rayon e·d(P,D). La figure ci-dessous a ´et´e trac´ee avec e= 12.
A’
A F
D
∆
+ + +
+
Remarque — Il serait sans doute int´eressant de programmer cette construction sur une calculatrice graphique.
Cas d’une hyperbole : e > 1 — Le raisonnement est le mˆeme que pour une ellipse mais la conclu- sion est oppos´ee puisque maintenant 1− e2<0.
(i) FP > e· KP ssi−PA→
−→PA′
<0, donc ssi P est int´erieur au segment[AA′] ; (ii) FP= e · KP ssi−PA→
−→PA′
= 0, donc ssi P = A ou P = A′; (iii) FP < e· KP ssi−PA→
−→PA′
>0, donc ssi P est ext´erieur au segment[AA′].
On en d´eduit que l’hyperbole C est contenue dans la r´eunion des deux demi-plans d´efinis par les conditions
−−→AM −→AA′
6 0 et
−−→
A′M
−−→A′A
6 0. Comme C intersecte toute droite parall`ele `a D et contenue dans la r´eunion de ces demi-plans, la fonction M7→ d(M,D) n’est pas born´ee lorsque M parcourt C . Ainsi, C est une partie non born´ee du plan.
De la mˆeme fac¸on que pour une ellipse, cette ´etude conduit `a un proc´ed´e de construction des points de C `a la r`egle et au compas (au moins lorsque e∈ Q) : placer les points A et A′ sur l’axe focal ∆ puis, pour tout point P de ∆−]AA′[, construire les points d’intersection de la droite P +−→D avec le cercle de centre F et de rayon e· d(P,D).
L`a encore, il peut ˆetre int´eressant de programmer cette construction sur une calculatrice graphique.
Cas d’une parabole : e= 1 — Pour une parabole, il est plus simple d’´etudier ses points d’intersec- tion avec les droites perpendiculaires `a la directrice. En effet, pour tout point H de D, d(M, D) = MH et donc
C ∩ (H +−→D⊥) = {M ∈ H +−→D⊥| MF = MH}
est l’intersection de la droite H+−→D⊥ avec la m´ediatrice du segment[FH]
On en d´eduit que C est incluse dans le demi-plan de fronti`ere D contenant F ; en outre, comme C intersecte toute droite perpendiculaire `a D, la fonction M7→ MF n’est pas born´ee lorsque M parcourt C . Ainsi, C est une partie non born´ee du plan.
Ce que l’on vient de dire fournit bien ´evidemment un proc´ed´e de construction des points de C `a la r`egle et au compas. Il peut ˆetre int´eressant de le programmer sur une calculatrice graphique.
3.2. D´etermination des isom´etries pr´eservant une conique — Si C est une conique de foyer F, de directrice D et d’excentricit´e e, on observe ais´ement que la droite∆= F +−→
D⊥est un axe de sym´etrie de C (cf. 2.1). Lorsque C est une ellipse ou une hyperbole, l’´equation r´eduite met en ´evidence un nouvel axe de sym´etrie∆′parall`ele `a D ainsi qu’un centre de sym´etrie O, intersection de∆et∆′.
Il est naturel de se demander s’il existe d’autres isom´etries pr´eservant C . Un dessin sugg`ere claire- ment que non, et il reste `a le d´emontrer. Pour ce faire, il faut comprendre l’effet d’une telle isom´etrie sur l’axe focal, ce qui n´ecessite une bonne description de ce dernier.
Cas d’une ellipse — L’observation-clef est la suivante : les sommets A et A′ situ´es sur l’axe focal sont les deux points les plus ´eloign´es de C .
Lemme 4 — Quels que soient les points M, M′∈ C , on a MM′6 AA′, avec ´egalit´e si et seulement si {M,M′} = {A,A′}.
D´emonstration —Consid´erons une ´equation r´eduite xa22+by22 = 1 de C dans un rep`ere orthonorm´e avec a >
b > 0. Pour tout point M(x, y) appartenant `a C , OM=p
x2+ y2= a rx2
a2+y2 a2 6 a
rx2 a2+y2
b2 = a, avec ´egalit´e si et seulement si y= 0, c’est-`a-dire si et seulement si M ∈ {A,A′}.
Quels que soient alors M, M′∈ C , l’in´egalit´e triangulaire implique MM′6 OM+ OM′6 2a= AA′.
Si MM′ = 2a, alors les points O, M et M′ sont align´es et O est le milieu du segment [MM′] ; ceci implique
MM′= 2OM, d’o`u OM = a et donc M ∈ {A,A′}.
Proposition 5 — Il y a exactement quatre isom´etries pr´eservant l’ellipse C : l’identit´e, les deux r´eflexionsσ∆,σ∆′et la sym´etrie centraleσO.
D´emonstration. Soit f une isom´etrie affine telle que f(C ) = C . Les deux points f (A) et f (A′) de C sont tels que f(A) f (A′) = AA′, donc { f (A), f (A′)} = {A,A′} en vertu du lemme pr´ec´edent. Comme f est une bijection affine, on en d´eduit que f pr´eserve globalement l’axe focal∆= (AA′) et fixe le milieu O de [AA′].
Si f(A) = A et f (A′) = A′, alors f fixe chaque point de∆et il y a deux possibilit´es : f = id ou f =σ∆. Si f(A) = A′et f(A′) = A, alors g =σ∆′◦ f est une isom´etrie pr´eservant C qui fixe A et A′. D’apr`es ce que l’on vient de voir, ceci implique g= id ou g =σ∆et l’on obtient finalement f =σ∆′ ou f =σ∆′◦σ∆=σO. Cas d’une hyperbole — L’observation-clef est la suivante : les sommets A et A′ situ´es sur l’axe focal appartiennent `a des branches distinctes et, sous cette condition, ce sont les deux points de C les plus proches.
Lemme 4bis — (i) Toute isom´etrie affine f telle que f(C ) = C transforme une branche de C en une branche de C .
(ii) Quels que soient les points M et M′appartenant `a des branches distinctes de C , on a MM′> AA′, avec ´egalit´e si et seulement si{M,M′} = {A,A′}.
D´emonstration.(i) Il suffit d’observer que les deux branches C±de C sont ses composantes connexes. L’ap- plication f ´etant continue, f(C?) est connexe (? ∈ {−,+}) et donc f (C?) ⊂ C+ou f(C?) ⊂ C−; en appliquant le mˆeme argument `a f−1, on obtient f(C?) = C+ou f(C?) = C−.
(ii) Consid´erons une ´equation r´eduite ax22 −yb22 = 1 de C dans un rep`ere orthonorm´e avec a, b > 0. ´Etant donn´es deux points M(x, y) et M(x′,y′) appartenant `a des branches distinctes de C ,
MM′= q
(x − x′)2+ (y − y′)2>|x − x′| > 2a = AA′
car x, x′ sont des nombres r´eels de signes oppos´es tels que|x|,|x′| > a. Si cette in´egalit´e est une ´egalit´e, alors
|x| = |x′| = a et donc {M,M′} = {A,A′}.
Proposition 5bis — Il y a exactement quatre isom´etries pr´eservant l’hyperbole C : l’identit´e, les deux r´eflexionsσ∆,σ∆′ et la sym´etrie centraleσO.
D´emonstration.Soit f une isom´etrie affine telle que f(C ) = C . Les deux points f (A) et f (A′) de C appar- tiennent `a des branches diff´erentes de l’hyperbole en vertu du point (i) du lemme pr´ec´edent. Ils sont en outre tels que f(A) f (A′) = AA′, donc { f (A), f (A′)} = {A,A′} d’apr`es le point (ii). Comme f est une bijection affine, on en d´eduit que f pr´eserve globalement l’axe focal∆= (AA′) et fixe le milieu O de [AA′].
La fin de la d´emonstration est rigoureusement la mˆeme que dans le cas d’une ellipse. Cas d’une parabole — Il y a plusieurs mani`eres de caract´eriser l’axe focal d’une parabole ; en voici une, qui repose sur le fait qu’il existe une normale NPen tout point P (justification : ´equation r´eduite).
Lemme 4ter — Le sommet d’une parabole C est l’unique point P de C tel que NP∩ C = {P}.
D´emonstration.Soit S le sommet de C . La normale `a C au point S est l’axe focal∆, lequel intersecte C en S uniquement.
Soit maintenant P un point de C distinct de S et consid´erons une ´equation r´eduite y2− 2dx = 0 de C dans un rep`ere orthonorm´e (d > 0). Les coordonn´ees(x0,y0) de P sont telles que y06= 0. La tangente TP `a C en P est la droite d’´equation d(x −x0) −y0(y −y0) = 0 et la normale NPest la droite d’´equation y0(x −x0) + d(y −y0) = 0.
Les ordonn´ees des points de C∩ NPsont les racines du trinˆome F(Y) = y0
Y2 2d − x0
+ d(Y − y0) = y0
2dY2+ dY + y0
y20 2d− d
.
L’une des racines est y0puisque P appartient `a NP∩ C par construction. Comme F′(y0) =yd20 + d =y20+dd 2 6= 0, cette racine est simple ; la seconde racine du trinˆome est donc distincte de y0, ce qui signifie que NPintersecte
C en deux points distincts.
Proposition 5ter — Il y a exactement deux isom´etries pr´eservant la parabole C : l’identit´e et la r´eflexionσ∆.
D´emonstration.Soit f une isom´etrie affine telle que f(C ) = C . Comme toute bijection affine, f pr´eserve les tangentes : f(TP) = Tf(P)pour tout point P de C . Puisque f pr´eserve en outre l’orthogonalit´e, f(NP) = Nf(P). Appliquant ceci avec P= S, nous obtenons
Nf(S)∩ C = f (NS) ∩ f (C ) = f (NS∩ C ) = f ({S}) = { f (S)}.
Ceci implique f(S) = S en vertu du lemme pr´ec´edent, puis f (∆) = f (NS) = NS=∆.
Il y a quatre possibilit´es : f = id, f =σ∆, f =σS et f =σS+−→∆⊥. Les deux derni`eres sont exclues car ces isom´etries ´echangent les deux demi-plans de fronti`ere S+−→∆⊥alors que C est enti`erement contenue dans l’un
d’eux.
3.3. Unicit´e de l’´equation r´eduite — Une fois qu’on a d´emontr´e que toute conique poss`ede une
´equation r´eduite dans un rep`ere orthonorm´e convenable (cf. 2.2), il est naturel de se demander si cette
´equation est unique (oui) et si ce rep`ere est uniquement d´etermin´e (presque). Les r´eponses peuvent s’obtenir tr`es facilement une fois que l’on a d´etermin´e toutes les isom´etries pr´eservant une conique (cf. 3.2).
Proposition 6 — Soit C une parabole et supposons qu’il existe deux rep`eres orthonorm´es(O; −→i ,−→j) et(O′;−→
i′,−→
j′) dans lesquels C soit d´ecrite par des ´equations r´eduites y2− 2dx = 0 et y′2− 2d′x′= 0 avec d, d′>0. Alors d= d′et
O′= O, −→
i′ =−→i et −→
j′ = ±−→j .
D´emonstration.Les ´equations r´eduites montrent que les droites(O; −→i ) et (O;−→
i′) sont des axes de sym´etrie de C . D’apr`es la proposition 5ter, ces droites sont ´egales ; on en d´eduit :
– O′= O, car O (resp. O′) est l’unique point d’intersection de C avec(O; −→i) (resp. avec (O′;−→ i′)) ; – −→
i′ = ±−→i , puis−→
i′ = −→i car les abscisses des points de C sont positives dans chacun des rep`eres ; – −→
j′ = ±−→j par orthogonalit´e.
On dispose maintenant de deux ´equations y2− 2dx = 0 et y2− 2d′x= 0 d´efinissant C dans le mˆeme rep`ere orthonorm´e. En consid´erant par exemple le point de coordonn´ees(d2,d), on obtient imm´ediatement d′= d. .
Proposition 6bis — Soit C une ellipse/hyperbole et supposons qu’il existe deux rep`eres orthonorm´es (O;−→i ,−→j ) et (O′;−→
i′,−→
j′) dans lesquels C soit d´ecrite par des ´equations r´eduites ax22 ±by22 = 1 et
x′2
a′2±yb′2′2 = 1 avec a, b, a′,b′>0 (et a > b, a′>b′si C est une ellipse). Alors a′= a, b′= b et O′= O, −→
i′ = ±−→i et −→
j′ = ±−→j .
D´emonstration.Les ´equations r´eduites montrent que les deux points O et O′sont des centres de sym´etrie de C tandis que les quatre droites (O; −→i ), (O; −→j), (O′;−→
i′) et (O′;−→
j′) en sont des axes de sym´etrie. D’apr`es les propositions 5 et 5bis, ceci implique O′= O et
(−→ i′,−→
j′) = (±−→i ,±−→j) ou (−→ i′,−→
j′) = (±−→j ,±−→i).
On a en fait−→
i′ = ±−→i et−→
j′ = ±−→j . Pour le justifier, il faut distinguer les ellipses des hyperboles : – si C est une hyperbole, seuls les axes(O; −→i ) et (O′;−→
i′) intersectent C ; – si C est une ellipse, les cordes port´ees par (O; −→i) et (O′;−→
i′) sont strictement plus longues que celles port´ees par(O; −→j) et (−→
O′;−→ j′).
On dispose maintenant de deux ´equations r´eduites xa22±by22 = 1 et xa2′2±by′22 = 1 d´ecrivant C dans le mˆeme rep`ere orthonorm´e. En consid´erant l’intersection de C avec l’axe des abscisses, il vient imm´ediatement a′2= a2 et donc a′= a puisque a′>a. Si C est une ellipse, le mˆeme argument appliqu´e `a l’axe des ordonn´ees fournit b′ = b ; si C est une hyperbole, on obtient la mˆeme conclusion en consid´erant les coefficients directeurs des
asymptotes.
Les deux propositions que l’on vient de d´emontrer permettent de parler l’ ´equation r´eduite. Elles affirment en particulier que le coefficient d > 0 (resp. les coefficients a, b > 0) figurant dans l’´equation r´eduite d’une parabole (resp. d’une ellipse ou d’une hyperbole) est (resp. sont) intrins`equement as- soci´e(s) `a C : il(s) ne d´epend(ent) d’aucun choix.
3.4. L’ellipse comme image d’un cercle par une affinit´e orthogonale — Soit C une ellipse d’´equation r´eduite ax22+by22 = 1 dans un rep`ere orthonorm´e (O;−→i ,−→j) avec a > b > 0.
Soit f l’application du plan dans lui-mˆeme qui envoie un point de coordonn´ees(x, y) sur le point de coordonn´ees x,bay. Il s’agit d’une bijection affine appel´ee affinit´e orthogonale d’axe (O; −→i ) et de rapport ba. La bijection r´eciproque est l’affinit´e orthogonale d’axe(O;−→i ) et de rapport ab.
Pour tout point M(x, y) du plan, M∈ C ⇐⇒ x2
a2+y2
b2 = 1 ⇐⇒ x2+ay b
2
= a2⇐⇒ f−1(M) ∈ C(O,a) ⇐⇒ M ∈ f (C(O,a)) donc C est l’image du cercle C(O, a) de centre O et de rayon a par l’application f .
Cette observation ´el´ementaire donne un proc´ed´e de construction tr`es simple de l’ellipse C `a partir du cercle C(O, a) : ´etant donn´e un point M ∈ C(O,a) de projet´e orthogonal H sur (O;−→i ), le point
f(M) appartient au segment [HM] et est caract´eris´e par la relation m´etrique f (M)H = baMH.
Le segment[OM] intersecte de cercle C(O, b) en un point M′ tel que OMOM′ = ba. On obtient ainsi
f(M)H
MH = OMOM′, et il d´ecoule alors du th´eor`eme de Thal`es que la droite (M′f(M)) est parall`ele `a la droite(O;−→i ). Autrement dit : le point f (M) est l’intersection des droites (M;−→j ) et (M′;−→i ).
a a
b
+ +M M’ f(M)
O H
Remarque — Cette construction de C `a partir du cercle C(O, a) peut se programmer sur une calcu- latrice graphique.
Ce point de vue conduit naturellement :
- au param´etrage d’une ellipse par des fonctions trigonom´etriques (cf. 3.6) ;
- `a l’existence d’une tangente `a une ellipse C en tout point : le cercle C(O, a) admet en effet une tangente TM en tout point M et la droite f(TM) est alors tangente `a C au point f (M) car f est une bijection affine ;
- `a une m´ethode de construction des tangentes `a une ellipse C : pour construire la tangente au point P, il suffit de tracer la droite perpendiculaire `a (O f−1(P)) passant par f−1(P) (tangente `a C(O, a) au point f−1(P)), puis de construire son image par l’affinit´e orthogonale f .
3.5. Asymptotes d’une hyperbole — Soit C une hyperbole dont l’´equation r´eduite, dans un rep`ere orthonorm´e R = (O;−→i ,−→j) donn´e, s’´ecrit : ax22−by22 = 1 avec a, b > 0. La factorisation
x2 a2−y2
b2 =x a+y
b
·x a−y
b
incite `a poser X= ax+yb et Y= xa−yb, qui sont les coordonn´ees du point M(x, y) dans le nouveau rep`ere cart´esien R′= (O; −→u , −→v) avec
−
→u =a 2
−
→i +b 2
−
→j et −→v = a 2
−
→i −b 2
−
→j .
L’´equation cart´esienne de C dans le rep`ere R′ est XY= 1. On en d´eduit imm´ediatement que les droites(O; −→u) et (O; −→v) sont deux asymptotes de l’hyperbole C . Dans le rep`ere R, ces droites ont pour ´equations respectives xa−by = 0 et xa+by = 0.
Remarque — Attention : le rep`ere R′n’est en g´en´eral pas orthogonal ! En effet :(−→i |−→j ) = a2− b2, donc les axes de R′ sont perpendiculaires si et seulement si a= b, c’est-`a-dire si et seulement si l’excentricit´e de C est ´egale `a√
2. Une telle hyperbole est dite ´equilat`ere.
3.6. Param´etrages — L’´equation r´eduite d’une conique C permet d’obtenir tr`es facilement un pa- ram´etrage.
(i) Parabole — Soit C une parabole dont l’´equation r´eduite, dans un rep`ere orthonorm´e(O;−→i ,−→j) donn´e, s’´ecrit : y2−2dx = 0 avec d > 0. On obtient imm´ediatement un param´etrage de C en consid´erant l’application
γ : R→Π, t7→ O + t2
2d·−→i + t ·−→j .
(ii) Ellipse — Soit C une ellipse dont l’´equation r´eduite, dans un rep`ere orthonorm´e(O;−→i ,−→j) donn´e, s’´ecrit : xa22 +yb22 = 1 avec a > b > 0. Pour obtenir un param´etrage de C , il suffit de consid´erer un param´etrage du cercle de centre O et de rayon a puis de le composer par l’affinit´e orthogonale (x, y) 7→ (x,bay) :
γ: R→Π, t7→ O + acos(t) ·−→i + b sin(t) ·−→j .
(iii) Hyperbole — Soit C une hyperbole dont l’´equation r´eduite, dans un rep`ere orthonorm´e(O;−→i ,−→j) donn´e, s’´ecrit : x2
a2 − yb22 = 1 avec a, b > 0. Les formules X = ax +yb et Y = ax −yb d´ecrivent un changement de rep`ere : (X, Y) sont les coordonn´ees de M(x, y) dans le rep`ere R′= (O; −→u , −→v), o`u
−
→u = a2−→i +b2→−j et −→v = a2−→i −b2
−
→j . L’hyperbole C est d´ecrite dans R′ par l’´equation cart´esienne XY= 1, donc elle admet le param´etrage ´evident :
γ : R∗→Π, s7→ O + s · −→u +1 s· −→v . Les images des deux intervalles R>0et R<0sont les deux branches de C .
En utilisant la bijection(R → R>0, t7→ et) fournie par la fonction exponentielle, on en d´eduit que les deux branches de C sont param´etr´ees par
λ+: R→Π, t7→ O + et· −→u + e−t· −→v et
λ−: R→Π, t7→ O − et· −→u − e−t· −→v .
Finalement, si l’on ´ecrit ces formules dans le rep`ere orthonorm´e R, on obtient le param´etrage classique par les fonctions cosh et sinh :
λ+: R→Π, t7→ O + aet+ e−t
2 ·−→i + bet− e−t
2 ·−→j = O + a cosh(t) ·−→i + sinh(t) ·−→j et
λ−: R→Π, t7→ O − aet+ e−t
2 ·−→i − bet− e−t
2 ·−→j = O − acosh(t) ·−→i − sinh(t) ·−→j . 3.7. Existence d’une tangente en tout point — L’´equation r´eduite d’une conique C permet d’´etablir l’existence d’une tangente (et donc d’une normale) en tout point de C et d’en obtenir une ´equation cart´esienne. Il y a essentiellement deux mani`ere de le voir :
(i) en exprimant une coordonn´ee en fonction de l’autre, on ´ecrit C comme r´eunion de graphes de fonctions d´erivables.
Exemple : Si C est une hyperbole d’´equation r´eduite xa22 −yb22 = 1, C est la r´eunion des graphes des deux fonctions d´erivables R→ R, y 7→ ±a
q 1+yb22.
(ii) si F(X, Y) est le polynˆome figurant dans l’´equation r´eduite, on v´erifie que l’on a
∂F
∂X(x0,y0),∂F
∂Y(x0,y0)
6= (0,0)
pour tout point M(x0,y0) appartenant `a C . La tangente en ce point est alors la droite d’´equation cart´esienne ∂X∂F(x0,y0) · (x − x0) +∂∂YF(x0,y0) · (y − y0) = 0.
Une autre m´ethode consiste `a utiliser les param´etrages obtenus en 3.7 en v´erifiant qu’ils sont r´eguliers, c’est-`a-dire que le vecteur vitesse ne s’annule jamais.
Il n’y a pas grand chose `a dire sur la normale en un point M de C : – elle n’existe que si la tangente en ce point existe ;
– si la tangente TM existe, la normale est par d´efinition la droite perpendiculaire `a TMpassant par M.
3.8. Tangentes `a une parabole — Soit C une parabole de foyer F et de directrice D. On sait que C poss`ede une tangente en tout point M, que l’on note TM (justification : ´equation r´eduite ou pa- ram´etrage, cf. 3.7).
Th´eor`eme 7 — Soit M un point de C . La droite TM est la m´ediatrice du segment [HF]. C’est
´egalement la bissectrice int´erieure de l’angle [FMH, o`u H d´esigne le projet´e orthogonal de M sur D.
D´emonstration.Soit y2− 2dx = 0 une ´equation r´eduite de C dans un rep`ere orthonorm´e. Le foyer F de C est le point de coordonn´ees d2,0 et la directrice est la droite D d’´equation x = −d2. (cf. 2.2). La tangente `a C au point M(x0,y0) est la droite d’´equation cart´esienne d(x − x0) − y0(y − y0) = 0.
Cette droite est dirig´ee par le vecteur −→u de coordonn´ees
y0 d
. D’un autre cˆot´e, comme MF= MH, la m´ediatrice du segment [HF] est dirig´ee par le vecteur −→v =−→MF+−−→MH, de coordonn´ees
d
2− x0
−y0
+
−d2− x0
0
=
−2x0
−y0
.On en d´eduit que les vecteurs −→u et −→v sont colin´eaires car
y0 −2x0
d −y0
= 2dx0− y20= 0.
Ceci d´emontre que la tangente TM est la m´ediatrice du segment[HF]. Le triangle (´eventuellement aplati) HMF ´etant isoc`ele en M, cette droite est ´egalement la bissectrice int´erieure de l’angle HMF. 3.9. Tangentes du point de vue foyer/directrice — Soit C une conique de foyer F, de directrice D et d’excentricit´e e. On sait que C poss`ede une tangente en tout point M, que l’on note TM(justification :
´equation r´eduite ou param´etrage, cf. 3.7).
Cette droite a une caract´erisation g´eom´etrique tr`es simple permettant de la construire `a partir de F et D.
Th´eor`eme 8 — Soit M un point de C .
(i) Si M appartient `a l’axe focal, alors TMest la parall`ele `a D passant par M.
(ii) Si M n’appartient pas `a l’axe focal, alors la perpendiculaire `a(FM) passant par F intersecte la directrice D en un point P et TM= (PF).
D´emonstration. On se place dans le rep`ere orthonorm´e R0= (K; −→i ,−→j) du d´ebut de 2.2 : K est le point d’intersection de l’axe focal∆avec la directrice et−→i =−→KFKF. On note d= d(F, D) l’abscisse de F dans R0.
Dans ce rep`ere, la conique C est d´ecrite par l’´equation cart´esienne (1 − e2)x2− 2dx + y2+ d2= 0. ´Etant donn´e M(x0,y0) ∈ C , la tangente TMest la droite d’´equation cart´esienne
0=(1 − e)2x0− d (x − x0) + y0(y − y0) =(1 − e)2x0− d x + y0y− d(d − x0).
Cette droite est verticale si et seulement si y0= 0, donc si et seulement si M appartient `a l’axe focal, ce qui d´emontre (i).
Si M n’appartient pas `a l’axe focal, la tangente TMintersecte la directrice D en le point P de coordonn´ees (0, y1), avec y1=yd
0(d − x0). Il ne reste plus alors qu’`a calculer le produit scalaire des vecteurs−→FM
x0− d y0
et−→ FP
−d y1
:
−→FM|−FP→
= −d(d − x0) + y0y1= −d(d − x0) + d(d − x0) = 0
donc(FP) ⊥ (FM).
On en d´eduit une m´ethode de construction de la tangente TM en tout point M de C n’appartenant pas `a l’axe focal :
(i) tracer la droite(FM) ;
(ii) la perpendiculaire `a(FM) coupe D en un point P ; (iii) tracer la droite(PM) = TM.
3.10. Point de vue bifocal — Les ellipses/hyperboles peuvent ˆetre d´ecrites g´eom´etriquement `a partir de leurs deux foyers et de la distance entre les sommets A, A′situ´es sur l’axe focal.
Th´eor`eme 9 — (i) Soit C une ellipse de foyers F, F′. Notant A et A′les deux sommets de C sur l’axe focal, AA′>FF′et C est l’ensemble des points M du plan tels que MF+ MF′= AA′.
(ii) R´eciproquement, ´etant donn´es deux points distincts F, F′ et un nombre r´eel a > 0 tel que 2a >
FF′, l’ensemble des points M du plan tels que MF+ MF′= 2a est une ellipse de foyers F, F′. D´emonstration.Soit R= (O; −→i ,−→j) un rep`ere orthonorm´e tel que O soit le milieu de [FF′] et −→i =−→FFFF′′.
(i) Notant c l’abscisse du point F, on sait que C est d´ecrite par l’´equation xa22 +a2y−c2 2 = 1 avec a = AA2′ (cf.
2.2). Pour tout point M(x, y) du plan,
MF+ MF′= AA′⇐⇒ (MF + MF′)2= AA′2⇐⇒ MF2+ MF′2− AA′2= −2MF · MF′, MF2+ MF′2− AA′2= (x − c)2+ (x + c)2+ 2y2− 4a2= 2(x2+ y2+ c2) − 4a2 et
MF· MF′= q
(x − c)2+ y2· q
(x + c)2+ y2= q
(x2+ y2+ c2)2− 4c2x2. En posantΦ= x2+ y2+ c2, nous en d´eduisons
MF+MF′= AA′⇐⇒Φ−2a2= −p
Φ2− 4c2⇐⇒
Φ− 2a26 0
(Φ− 2a2)2=Φ2− 4c2x2 ⇐⇒
Φ− 2a26 0
a2Φ− c2x2− a4= 0.
Comme a2Φ− c2x2− a4= (a2− c2)x2+ a2y2− a2(a2− c2), nous obtenons finalement MF+ MF′= AA′⇐⇒
( Φ6 2a2 (1)
x2
a2+a2y−c2 2− 1 = 0 (2).
La condition (2) implique x26 a2 et y26 a2− c2, doncΦ= x2+ y2+ c26 a2+ (a2− c2) + c2= 2a2. La condition (1) est ainsi une cons´equence de (2) et nous pouvons conclure :
MF+ MF′= AA′⇐⇒ x2
a2+ y2
a2− c2− 1 = 0 ⇐⇒ M ∈ C .