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Géographie Économie Société : Article pp.393-414 du Vol.12 n°4 (2010)

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Géographie, Économie, Société 12 (2010) 393-414

doi:10.3166/ges.12.393-414 © 2010 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

GÏOGRAPHIE ÏCONOMIE SOCIÏTÏ GÏOGRAPHIE ÏCONOMIE SOCIÏTÏ

Répartition spatiale et mobilité des inventeurs prolifiques français.

Un exercice de géographie de l’innovation Geographical localization and mobility of French

prolific inventors

Christian Le Bas

1*

et William Latham

2

1 LEFI, Institut des Sciences de l’Homme, 14, avenue Berthelot, 69363 LYON cedex 07

2 Département d’Économie, Université du Delaware, USA

Résumé

L’objet de ce papier est de présenter des éclairages sur les dimensions géographiques de la production technologique des inventeurs prolifiques français. Grâce à l’analyse de données de brevets américains inédites, nous donnons en premier lieu des informations sur leur localisation au niveau régional. Nous montrons ainsi qu’ils sont très concentrés autour des régions Île-de-France et Rhône-Alpes. Nous étudions ensuite la mobilité des inventeurs de ces deux régions dans l’espace des régions françaises.

Enfin, une analyse économétrique sur la population des 1163 inventeurs prolifiques français nous permet de confirmer les liens entre la mobilité interfirme et la productivité des inventeurs.

© 2010 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Summary

The aim of the paper is to highlight geographical localization of French prolific inventors. We construct a US patents data set for French inventors and use it to show that French prolific inven- tors are very concentrated within France around Paris and the Rhône-Alpes region. Then we study

*Adresse email : christian.lebas@univ-lyon2.fr

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Christian Le Bas et William Latham / Géographie, Économie, Société 12 (2010) 393-414 394

inventor mobility between regions for Rhône-Alpes and Paris inventors and find a new set of rela- tionships. Econometric analysis of the mobility and productivity of the overall population of 1163 French prolific inventors indicates that there is a significant relationship between inventors’ inter- firm mobility and their productivity.

© 2010 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Mots clés : inventeur prolifique, localisation, concentration géographique, mobilité.

Keywords : prolific inventor, localization, geographical concentration, mobility.

1. Inventeurs prolifiques et géographie de l’innovation dans les économies fondées sur les connaissances

Dans les économies fondées sur les connaissances, l’accumulation de connaissances technologiques est le levier de la croissance des firmes, des industries et des nations. La production de nouvelles connaissances n’est pas simplement une affaire de firmes ou d’organisations, elle requiert fondamentalement de la créativité humaine. Toutefois, les individus sont inégalement créatifs, leur productivité en termes d’inventivité possède une distribution très étalée à droite (Latham et Le Bas, 2011). Beaucoup d’individus pro- duisent peu d’inventions, peu d’individus en produisent beaucoup. La mise en évidence de cette régularité remonte aux travaux de Lokta (1926) qui avait également observé la persistance des inégalités relativement à la productivité (mesurée par les publications) des scientifiques et inféré l’existence d’une loi. Nous nous intéressons ici aux inventeurs les plus créatifs, hautement productifs, en bref, prolifiques (Narin et Breitzman, 1995)1, qui ont constitué le cœur de notre programme de recherche mené dans le cadre d’un projet ANR (voir en particulier : Le Bas et al., 2010). Les travaux empiriques ont montré que ces inventeurs tendent aussi à produire des brevets de plus grande valeur économique (Gambardella et al., 2006 ; Gay et al., 2008). À ce jour, il n’existe pas de travaux analy- sant la répartition géographique de ce type d’inventeurs. Sont-ils répartis dans l’espace de façon équilibrée ou, au contraire, polarisée ? Nos inventeurs prolifiques constituent certainement la « partie haute » de cette classe productrice de nouvelles richesses, géo- graphiquement concentrée dont parle Florida (2002). Ainsi il y aurait des raisons de penser que leur répartition spatiale pourrait être polarisée. Même si ces inventeurs sont géographiquement concentrés, ils ne sont pas immobiles. Quelle est l’échelle et quelle la direction de leur mobilité géographique et interentreprises ? Et quels rapports celles- ci entretiennent avec leur productivité ? Telles sont également les deux autres questions auxquelles nous voulons répondre dans ce papier.

La géographie de l’innovation est une discipline récente (voir Feldman, 1994).

Partant du constat que les activités de connaissances (d’innovation) sont fortement pola- risées dans l’espace national (en général plus polarisées que les activités productives), elle se propose principalement de construire des mesures de la dimension spatiale des externalités de connaissances et d’expliquer comment ce phénomène a pu se constituer

1 Dans Le Bas et al. (2010) nous passons en revue les concepts voisins d’inventeurs prolifiques (dont celui de « stars scientists »). Nous y renvoyons le lecteur.

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur ges.revuesonline.com

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(Acs, 2002 ; Feldman, 1994). Elle vise également à rendre compte des effets de cette concentration (Autant-Bernard et Massard, 2001). Dans cette perspective, la notion de spillovers est bien évidemment centrale à la structuration des programmes de recherche dans ce champ. Par exemple, Acs (2002) montre que les spillovers (qu’ils viennent des universités ou de l’industrie) sont plus intra- qu’interindustriels. Ceci est un argument de poids en faveur de la spécialisation économique des régions. En effet, des industries spécialisées au niveau régional, croissent plus vite grâce aux firmes qui, géographi- quement proches, peuvent apprendre les unes des autres, et, en tout cas, davantage que les firmes géographiquement isolées (Acs 2002 : 154). Cela renvoie à l’idée soutenue et argumentée par Krugman (1998 : 172) : les grandes villes possèdent des avantages (externalités positives) sur les petites en termes de marché du travail et de spillovers, et non plus comme par le passé, en termes de coûts de transport et d’économies d’échelle.

Le dominant design sur la mobilité de l’inventeur a un rapport avec cette probléma- tique des «  knowledge spillovers  ». La mobilité est perçue comme une méthode ou un moyen pour diffuser le savoir : la mobilité individuelle est une source importante d’externalités de savoir (Griliches, 1992 ; Moen, 2005). En général, il est présupposé et parfois montré qu’elle est plutôt localisée ou à prédominance localisée (en particulier Moodysson et al., 2008) comme d’ailleurs les flux de savoir qu’elle autorise (Breschi et Lissoni, 2003). La mobilité est un mécanisme clé pour le transfert du savoir tacite.

Toutefois des aspects sociaux entourent et co-déterminent les trajectoires individuelles qu’ils s’agissent des réseaux sociaux des inventeurs (Breschi et Lissoni, 2003), ou des marchés régionaux du travail intensif en connaissance (Almeida et Kogut, 1999). Cette mobilité des hommes, vecteur de transferts de connaisances, est considérée comme cruciale pour expliquer le succès des clusters du type Silicon Valley. Les travaux struc- turalistes ou évolutionnistes remettent sérieusement en cause cette notion de spillovers (voir en particulier, Breschi et Lissoni, 2003 et 2006). Ils tendent à mettre en avant la notion de transfert de connaissances qui peut être réalisé par plusieurs mécanismes (mobilité des hommes, licensing, etc.), et observent que l’extension géographique des spillovers est de façon considérable contrôlée par les inventeurs eux-mêmes (jusqu’au point où la notion même de spillovers peut être questionnée). D’une certaine façon, les travaux récents sur la « proximité », analysant l’organisation des interactions entre agents, relèvent de cette approche. Ils prennent en compte de façon explicite les flux de connaissances codifiées aussi bien que tacites (voir notamment Torre et Rallet, 2005).

Toutefois, dans la mesure où les compétences des inventeurs sont intégrées à leur capi- tal humain, la mobilité peut être également considérée comme un apprentissage per- mettant d’accroître leur productivité. Il s’agit là d’un second aspect, moins étudié si ce n’est parfois oublié. Il existe, toutefois, un début de littérature empirique sur cette approche de la productivité des inventeurs (voir en particulier Hoisl, 2007 et 2009). En définitive, cette thématique des « knowledge spillovers » ou des transferts de connais- sances, constitue la question critique de la mesure et de l’analyse de la mobilité des inventeurs que nous entreprenons ici.

Le thème de la mobilité est devenu important, voire même crucial dans la récente littérature traitant du processus d’invention et de la productivité des chercheurs. La mobi- lité dont il est question est très souvent inter-organisation (et interfirme), parfois géogra- phique (y compris la mobilité internationale) et rarement intellectuelle ou thématique.

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Christian Le Bas et William Latham / Géographie, Économie, Société 12 (2010) 393-414 396

Un aspect de la mobilité inter-organisation des inventeurs qui a été beaucoup étudié, est la mobilité de type « Academe to Commerce » (Audretsch et Stephan, 1999; Zucker et Darby, 1996, 2001, 2007). La théorie économique postule que la mobilité en général et celle des inventeurs plus encore, devrait être déclenchée lorsque les agents n’ont plus les incitations (pas seulement financières) suffisantes pour rester dans la même organisa- tion. Par exemple, Audretsch et Stephan (1999) notent que les chercheurs qui n’ont pas suffisamment d’incitations préfèrent s’approprier les retombées de leurs découvertes à l’extérieur de la sphère académique par la création de firmes (start-ups). Schankerman et al. (2006) suggèrent une autre approche fondée sur l’asymétrie d’information. Un inven- teur a souvent une meilleure vision des perspectives de rendement économique qu’il peut tirer de son invention ; cela peut encourager sa mobilité. Récemment, des économistes ont analysé le nouveau contexte de la mobilité des inventeurs : la mobilité stratégique (Agarwal et al., 2007 ; Kim et al., 2004). Par exemple, il a été observé que les firmes high tech encouragent la défection de chercheurs qui travaillent chez leurs concurrents.

Il existe quelques études empiriques traitant des causes de la mobilité et de son impact sur la productivité des inventeurs. Trajtenberg (2005), à partir de l’analyse d’une base de données de brevets américains, trouve que les déplacements sont en relation avec des inventeurs plus jeunes, ayant plus de brevets en pharmacie (et médecine), ayant plus de co-auteurs, et plus spécialisés (du point de vue technologique). Il ne traite toutefois pas de la question de la causalité entre mobilité et productivité. Hoisl (2007) utilise une base de données de brevets européens correspondant à des inventeurs allemands. Elle trouve qu’un accroissement de la productivité de l’inventeur (nombre de brevets par inventeur) tend à diminuer sa mobilité, mais une mobilité entre firmes tend à accroître la produc- tivité. Schankerman et al. (2006) ont observé la mobilité des inventeurs dans l’industrie du logiciel. Ils trouvent des résultats en accord avec ceux de Hoisl (2007). Il paraît donc intéressant d’examiner si ces résultats se vérifient encore lorsque nous avons affaire à une population d’inventeurs prolifiques dont nous pouvons penser qu’ayant une productivité élevée ils ont également un rapport fort à la mobilité.

L’objet de ce papier est ainsi de présenter quelques résultats sur les dimensions géo- graphiques de la production technologique des inventeurs prolifiques français. Nous devons ici souligner que cette problématique de la production inventive des individus les plus productifs (ce qu’on appelle « prolificness  ») est tout à fait originale, et les données fournies sur le cas français totalement inédites. Dans la section suivante, nous donnerons des informations sur les données que nous mobilisons et quelques premiers résultats relatifs à notre programme de recherche portant sur les inventeurs prolifiques.

Ensuite, nous étudierons leur localisation au niveau régional, puis leur mobilité dans l’espace des régions françaises (autrement dit comment leur localisation se trouve modifiée au cours du temps). Les enjeux renvoient à l’idée, que Veltz (2008) a bien soulignée : à moyen terme la capacité à attirer et fixer des talents est probablement plus structurante pour les territoires (ici les régions) que la capacité à attirer et fixer les entre- prises (idée qu’on retrouve également dans les travaux de Florida, 2002). Autrement dit, pour une région, disposer d’une forte population d’inventeurs prolifiques est un facteur déterminant de capacité élevée d’inventions et donc de compétitivité. Dans la dernière section, nous examinerons à travers des estimations économétriques les liens entre mobilité et productivité pour les inventeurs prolifiques français.

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2. Les données mobilisées et les premiers résultats d’une recherche portant sur les inventeurs prolifiques

Cette étude prolonge et approfondit sur le cas français une recherche antérieure por- tant sur des inventeurs considérés comme prolifiques répertoriés par des brevets dépo- sés dans le système américain de brevet de 1975 à 2002 pour cinq pays : USA, Japon, Allemagne, R-U, France (Le Bas et al., 2010). Les brevets fournissent, en effet, des informations cruciales sur le processus d’invention, ils donnent notamment les noms et les adresses des inventeurs. Combinées avec des informations sur les dates de dépôt et de délivrance des brevets, les classes technologiques dont le brevet relève, les noms des déposants (souvent des firmes industrielles), ces informations nous permettent de suivre la carrière de l’inventeur, le nombre de brevets auxquels il participe, sa trajec- toire géographique et industrielle, l’évolution de ses compétences (« marquées » par les champs technologiques dans lesquels les brevets sont déposés). Nous travaillons ici sur les brevets américains. La question du type de brevet à utiliser est récurrente dans les études sur les inventeurs. Notre choix en faveur du brevet américain s’explique pour deux raisons. D’une part, notre étude nécessite des données de longue période, que nous n’avons pas avec le brevet européen (seul sytème de brevet international) eu égard à sa jeunesse. D’autre part, nous disposons, avec la base de données du National Bureau of Economic Research (NBER), de données harmonisées et fiables donnant de très utiles informations sur chaque brevet (voir Hall et al., 2001)2. Malheureusement, les données fournies par l’office américain des brevets (comme par tous les autres offices de brevets) ne contiennent pas un code pour chaque inventeur qui permettrait d’identi- fier directement tous ses brevets. Nous avons donc constitué cette base de données de manière pragmatique en combinant des méthodes manuelles et des procédures auto- matiques (ce que font aussi Kim et al., 2005 et Sing, 2004)3. Dans le prolongement de nos recherches menées récemment, nous considérons qu’un inventeur est prolifique lorsqu’il contribue à au moins 15 brevets dans la période sous observation.

Un des premiers résultats de nos recherches antérieures est que la population d’inven- teurs prolifiques et le poids relatif de leurs brevets (relatif par rapport à l’ensemble des inventeurs) diffèrent selon les pays (Le Bas et al., 2010). Pour la France, nous obtenons 1 157 inventeurs prolifiques, leur nombre moyen de brevets est 26,34. Ils représentent 1,75 % de la population totale d’inventeurs, mais leurs brevets s’élèvent à 34,62 % de la somme totale des brevets français (déposés dans le système américain). Cette dissymétrie dans la répartition des inventeurs et des brevets (1,75  % d’inventeurs mais associés à 34,62 % de brevets) donne une image du caractère prolifique de leur activité. Nous obser- vons aussi que les inventeurs prolifiques sont distribués inégalement selon les champs technologiques. Il y a une relation entre les points forts de spécialisation technologique des pays et l’importance numérique des inventeurs prolifiques  : la France est, avec le Royaume-Uni, spécialisée dans les technologies chimiques et pharmaceutiques. Dans cet article, nous approfondissons nos recherches en centrant notre propos sur la répartition géographique et la mobilité des inventeurs prolifiques français.

2 L’analyse qui pourrait être faite avec les brevets français serait biaisée en faveur d’inventions de peu de valeur.

3 Une annexe donne plus d’informations sur notre méthodologie.

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Christian Le Bas et William Latham / Géographie, Économie, Société 12 (2010) 393-414398 Tableau 1 : Répartition des inventeurs prolifiques et des activités d’innovation par régions françaises

Régions

Nombre d’inventeurs prolifiques(1)

Proportion d’inventeurs

prolifiques (premier dépôt

de brevet) (%) (2)

Proportion d’inventeurs

prolifiques (dernier dépôt

de brevet) (%) (3)

Répartition des inventions

d’origine française en 2003 (%) (4)

Dépenses de R&D en 1992

(%) (5)

Dépenses de R&D en 2003

(%) (6)

Alsace 26 2,2 2,6 2,8 1,40 2,00

Aquitaine 11 1,0 1,8 2,3 3,50 3,30

Auvergne 6 0,5 0,95 1,4 1,60 2,00

Basse Normandie 16 1,4 0,6 1,9 0,60 0,90

Bourgogne 16 1,4 1,0 1,7 1,30 1,00

Bretagne 13 1,1 0,9 4,8 2,70 3,20

Centre 32 2,8 2,25 3,5 2,70 2,50

Champagne 9 0,8 0,7 1,4 0,50 0,70

Franche-Comté 9 0,8 1,1 1,8 2,30 1,50

Haute -Normandie 30 2,6 2,9 2,2 2,20 1,70

Île-de-France 571 49,4 50,7 36,4 53,20 41,60

Languedoc 28 2,4 2,9 2,0 0,80 2,90

Limousin 3 0,3 0 0,8 0,30 0,40

Lorraine 12 1,0 0,8 1,8 1,10 1,60

Midi 23 2,0 1,6 3,7 5,40 6,60

Nord Pas de Calais 23 2,0 1,1 2,1 1,30 1,70

Pays de la Loire 10 0,9 0,95 3,4 5,80 2,20

Picardie 25 2,2 1,8 1,7 1,70 1,30

Poitou 4 0,3 0,3 1,5 1,60 0,90

PACA 51 4,4 5,45 6,5 0,60 6,10

Rhône-Alpes 220 19,0 18,8 15,1 9,20 11,30

Autres cas 1 19 1,6 0,7 1,1 0,00 4,80

Indice d’Herfindahl 2,871 3,002 1,706 3,039 2,026

(1) ,FLVHXOVLQYHQWHXUVSUROLÀTXHVRQWSXrWUHUpSDUWLVGDQVODUpJLRQGHOHXUSUHPLHUGpS{WGHEUHYHWVRXUFHGHVGRQQpHVSRXUOHVLQYHQWHXUVSUROLÀTXHV/H%DV et al., 2010) (2) ,OV·DJLWLFLGHODSURSRUWLRQG·LQYHQWHXUVSUROLÀTXHV

(3) /HVLQYHQWHXUVSUROLÀTXHVVRQWUpSDUWLVGDQVODUpJLRQGHOHXUGHUQLHUGpS{WGHEUHYHW

(4) 6RXUFH -RO\ / /HV LQYHQWLRQV G·RULJLQH IUDQoDLVH GH /HV GRVVLHUV GH O·2EVHUYDWRLUH GH OD 3URSULpWp ,QWHOOHFWXHOOH 2FWREUH SDJHV &HV LQYHQWLRQVVRQWEUHYHWpHVGDQVOHV\VWqPHGHEUHYHWIUDQoDLV

(5) HWVRXUFH&HQWUHGHO·LQIRUPDWLTXHVWDWLVWLTXHHWGHO·DLGHjODGpFLVLRQ&,6$',OV·DJLWGHVGpSHQVHVLQWpULHXUHVGH5 'GHVentreprises

1 Cette catégorie regroupe par exemple les inventeurs français pour lesquels une adresse à l’étranger est indiquée dans le brevet.

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3. La répartition des inventeurs prolifiques selon les régions françaises

Cette répartition n’est pas immédiate puisque nous avons des données couvrant une activité d’invention (que l’on peut assimiler à une activité de recherche-développement) s’étendant sur plus de 25 ans (nous rappelons en effet que nous avons affaire à des brevets accordés de 1975 à 2002). Le tableau 1 donne la distribution par régions des inventeurs prolifiques. Nous avons choisi de répartir chaque inventeur prolifique selon la région du domicile de l’inventeur indiqué sur la premier brevet (censé proche de son lieu de travail), puis selon l’adresse de l’inventeur figurant dans le dernier brevet déposé 4. Ainsi que l’indique le tableau 1 (colonnes 2 et 35) les deux distributions sont très proches (le calcul d’un coefficient de corrélation donne un R2 de 99 %). La région Île-de-France concentre 50 % des inventeurs prolifiques, vient ensuite la région Rhône- Alpes avec 19  %, PACA, la troisième région, est loin derrière avec environ 5  % en faisant la moyenne des deux observations. La localisation massive autour de Paris puis en Rhône-Alpes était attendue puisque que ces deux régions concentrent une grande partie de l’effort de recherche français. Afin de voir si cette répartition des inventeurs prolifiques français est différente de la répartition régionale des moyens de recherche, nous avons cette fois établi une comparaison avec l’effort de R & D (deux dernières colonnes du tableau 1). La distribution régionale des inventeurs prolifiques est compa- rée avec la distribution de l’effort intérieur de R & D des entreprises qui est sans doute l’indicateur de R & D qui correspond le mieux à ce que représente le processus d’inven- tion (dont le brevet est un des outputs). Notre population d’inventeurs prolifiques étant établie sur une longue période, nous considérons pour cela deux années (1992 et 2003) de GpSHQVHVLQWpULHXUHVGH5 'GHs entreprises (FRORQQHVHW. Si nous regardons cet indicateur pour la région parisienne (Île-de-France), son poids en termes de R & D varie fortement à la baisse entre les deux années 1992 et 2003 (le poids de Rhône-Alpes remonte). /DUpJUHVVLRQIDLWHHQWUHODGLVWULEXWLRQUpJLRQDOHGHVLQYHQWHXUVSUROLÀTXHVHW ODUpSDUWLWLRQUpJLRQDOHGHO·HIIRUWGH5 ' donne un R2 de 98,4 % pour l’année 1992 et 97,8 % pour 2003. Nous avons également construit une comparaison avec les brevets associés à ce que l’INPI appelle les inventions d’origine française (voir tableau 1), répartis par région. Évidemment, nous constatons encore une forte corrélation entre les deux indicateurs (R2 de 99 %). Toutefois la région parisienne concentre moins d’inven- tions (36,4 %), de même pour Rhône-Alpes (15,1 %), que d’inventeurs prolifiques dont la répartition générale dans l’espace est toutefois plus concentrée.

Nous avons calculé les indices d’Herfindahl associés aux différentes distributions (dernière ligne du tableau 1). Cet indice est très utilisé dans la littérature pour mesurer les phénomènes de concentration. La distribution régionale des inventeurs prolifiques est plus concentrée que la distribution des inventions d’origine française et celle des dépenses de R & D pour 2003.

Seule la répartition des dépenses de R & D des entreprises en 1992 est un tout petit peu plus concentrée compte tenu du poids considérable de la région parisienne (cette année là). La dis- tribution régionale des inventeurs prolifiques entre les régions varie peu dans le temps.

4 Une autre option aurait été de répartir les brevets de toute la période par régions selon les différentes adresses de l’inventeur (ce qui équivaut à un comptage fractionnaire). La méthode retenue ici donne toutefois une image aussi fiable de la géographie du processus d’invention.

5 La colonne 1 donne le nombre d’inventeurs prolifiques pour le premier brevet déposé.

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La conclusion qui s’impose est que non seulement la population d’inventeurs pro- lifiques français est très concentrée dans l’espace des régions, mais que cette polari- sation est en général plus forte que celle des inventions ou des dépenses de R & D des entreprises (à l’exception des dépenses de R & D des entreprises de l’année 1992).

Autrement dit, les individus les plus créatifs du point de vue technologique sont plus concentrés dans l’espace français que les moyens dédiés à l’innovation.

Nous avons ensuite essayé d’examiner s’il y avait une relation entre la richesse économique des régions et la présence d’inventeurs prolifiques. Un traitement sta- tistique simple fournit d’intéressants résultats. Nous avons pris pour indicateur de

Tableau 2 : Géographie des déplacements des inventeurs prolifiques Rhône alpins (1975-2002) Régions de destination Premier

déplacement

Second déplacement

Troisième déplacement

Quatrième déplacement

Cinquième déplacement

Alsace 3,8 0,0 8,00 0,0 7,7

Aquitaine 1,9 0,0 4,00 0,0 7,7

Auvergne 0,0 0,0 0,00 0,0 0,0

Basse-Normandie 0,0 0,0 0,00 0,0 0,0

Bourgogne 5,8 0,0 8,00 4,3 15,4

Bretagne 5,8 0,0 60,00 0,0 0,0

Centre 0,0 0,0 0,00 4,3 0,0

Champagne-Ardenne 0,0 0,0 0,00 0,0 0,0

Franche-Comté 0,0 0,0 0,00 0,0 0,0

Haute-Normandie 0,0 0,0 0,00 0,0 7,7

Île-de-France 67,3 0,0 0,00 0,0 61,5

Languedoc-Roussillon 1,9 0,0 0,00 0,0 0,0

Limousin 0,0 0,0 0,00 0,0 0,0

Lorraine 1,9 0,0 0,00 0,0 0,0

Midi-Pyrénées 1,9 0,0 0,00 0,0 0,0

Nord-Pas-de-Calais 0,0 2,6 0,00 4,3 0,0

Picardie 5,8 2,6 4,00 0,0 0,0

Pays de la Loire 0,0 0,0 0,00 0,0 0,0

Poitou-Charentes 0,0 2,6 0,00 0,0 0,0

Provence-Alpes-

Côte d’Azur 0,0 2,6 8,00 4,3 0,0

Rhône-Alpes 0,0 89,5 0,00 82,6 0,0

Autres cas 3,8 0,0 8,00 0,0 0,0

Nombre d’inventeurs

concernés 52 38 25 23 13

Source : Nos propres données.

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richesse le PNB par tête (année 2005) et pour indi- cateur de présence d’inventeurs prolifiques la fré- quence relative calculée sur la période 1975-2002 (autrement dit le pourcentage d’inventeurs proli- fiques de la région par rapport au total français).

Notons que le premier indicateur est indépendant d’un effet taille puisqu’on divise la richesse produite par la taille de la région (ici sa population), alors que le second ne l’est pas. Le carré du coefficient de corrélation associé à la relation linéaire donne 89,4 % (d’autres formes de relation n’améliorent pas le R2). Il y a donc présomption de lien entre richesse économique et taille relative de la popu- lation d’inventeurs prolifiques. Il serait à ce stade incongru d’en déduire un sens de causalité entre les deux phénomènes. En effet, la relation entre la croissance de la productivité des régions (ou des territoires) et la mobilité des inventeurs prolifiques (et donc l’intensité en inventeurs prolifiques d’une région) est très complexe, et fonctionne probable- ment dans les deux sens conformément aux sché- mas de « cumulative causation » et de rendements dynamiques croissants (à la Myrdal-Krugman).

La croissance supérieure (et de façon persistante) d’une région attire des inventeurs prolifiques, et une concentration d’inventeurs prolifiques plus forte dans une région contribue à entretenir le déca- lage initial de productivité, etc. Ces quelques obser- vations doivent inciter à travailler plus finement et plus intensivement sur les relations « croissance et population d’inventeurs prolifiques ».

4. Analyse de la mobilité géographique (interrégionale) des inventeurs prolifiques

Le thème de la mobilité des inventeurs est impor- tant. La mobilité est souvent un véhicule de diffusion des connaissances (ce que soulignent les travaux évolutionnistes référencés dans l’introduction). Lors de pré- cédentes recherches, nous avions quantifié la mobilité interentreprises et internatio- nale des inventeurs prolifiques français (Le Bas et al., 2010) : elle est globalement assez faible. Par exemple, 20 % d’entre eux restent dans la même entreprise toute la durée de leur vie d’inventeur. 98 % ne font pas de mobilité internationale. La situa- tion française n’est pas significativement différente de ce qui se fait en Allemagne, au Japon, ou aux États-Unis. En revanche, les inventeurs prolifiques du Royaume- Uni sont beaucoup plus mobiles au niveau international.

Sixième déplacement

Septième déplacement

0,0 14,3

0,0 14,3

0,0 0,0

0,0 0,0

11,1 0,0

0,0 0,0

11,1 0,0

0,0 0,0

0,0 0,0

0,0 0,0

11,1 71,4

0,0 0,0

0,0 0,0

0,0 0,0

0,0 0,0

0,0 0,0

0,0 0,0

0,0 0,0

0,0 0,0

11,1 0,0

55,6 0,0

0,0 0,0

9 7

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C’est la mobilité géographique des inventeurs français que nous voulons analyser dans cette section, et spécifiquement la mobilité entre régions françaises6. La repré- sentation des déplacements de plus de mille individus sur 20 entités géographiques, au cours de 25 ans, nécessite des outils statistiques et des logiciels appropriés. Nous nous sommes livrés ici à un exercice plus simple, en étudiant la mobilité des inventeurs de Rhône-Alpes et d’Île-de-France, qui reste la première région française. Elle concentre,

6 Comme l’a noté un rapporteur, il existe aussi une mobilité intrarégionale non négligeable. Il nous a semblé que la mobilité interrégionale avait plus d’importance dans l’optique de la géographie de l’innovation portant sur une petite po- pulation (certes hautement productive) d’inventeurs. De plus, la mobilité intra régionale de l’inventeur peut n’avoir pour sens que des raisons personnelles de localisation du domicile (à distinguer de la localisation de son activité d’inventeur).

Tableau 3 : Géographie des déplacements des inventeurs prolifiques franciliens (1975-2002) Régions de

destination

Premier déplacement

Second déplacement

Troisième déplacement

Quatrième déplacement

Cinquième déplacement

Alsace 3,01 0,0 4,00 1,85 7,89

Aquitaine 3,01 0,0 4,00 3,70 0,0

Auvergne 2,41 0,8 1,33 0,0 0,0

Basse-Normandie 1,81 0,0 0,00 1,85 0,0

Bourgogne 4,22 0,0 6,67 0,0 5,26

Bretagne 2,41 0,8 2,67 0,0 0,0

Centre 6,02 1,60 10,67 1,85 5,26

Champagne-Ardenne 1,81 0,0 0,00 0,0 0,0

Franche-Comté 4,22 0,80 5,33 1,85 5,26

Haute-Normandie 4,22 0,0 5,33 3,70 5,26

Île-de-France 0,0 92,80 0,00 70,37 13,16

Languedoc-Roussillon 4,22 0,0 2,67 1,85 5,26

Limousin 0,0 0,0 1,33 0,0 0,0

Lorraine 1,81 0,0 2,67 3,70 0,0

Midi-Pyrénées 4,22 1,60 1,33 3,70 0,0

Nord-Pas-de-Calais 0,60 0,0 0,00 0,0 0,0

Picardie 5,42 0,0 6,67 0,0 2,63

Pays de la Loire 1,20 0,0 1,33 0,0 2,63

Poitou-Charentes 1,81 0,0 2,67 1,85 0,0

Provence-Alpes-Côte

d’Azur 11,45 0,0 6,67 0,0 5,26

Rhône-Alpes 31,33 0,80 30,67 3,70 39,47

Autres cas 4,82 0,80 4,00 0,0 2,63

Nombre d’inventeurs

concernés 166 125 75 54 38

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nous l’avons vu, un nombre significatif d’inventeurs prolifiques (près de 20  %). La mobilité des inventeurs prolifiques rhône- alpins au cours de leur carrière d’inventeur (c’est-à-dire de leur premier dépôt de brevet au dernier) est représentée dans le tableau 2. La variable étudiée est la destination de leurs dif- férentes mobilités en fonction des régions françaises. Quelques tendances émergent : tout d’abord, il semble que les inventeurs prolifiques rhône-alpins soient peu mobiles géographiquement, en effet, plus des deux tiers (73,04 %) de ces inventeurs n’ont pas changé de région. Concernant les inventeurs mobiles, la pre- mière mobilité se fait vers l’Île-de-France : les deux tiers vont dans cette région. De façon plus surprenante, ces inventeurs, lors de leur seconde mobilité, retournent dans neuf cas sur dix vers la région Rhône-Alpes. On ne peut pas ne pas penser qu’il s’agit là d’un retour à la case départ. La troisième mobilité (pour ceux qui en font une7) ne concerne que la moitié des inventeurs mobiles. Elle se fait essentiellement vers les autres régions fran- çaises (avec une forte proportion pour la Bretagne). La quatrième mobilité est aussi un retour des inventeurs dans leur région d’origine : c’est le cas de 82 % des inventeurs connaissant une quatrième mobilité. On voit ainsi apparaître un modèle de mobi- lité interrégionale très particulier. Cette mobilité ne ressemble pas à un « tour de France » des régions,mais plutôt à des « va-et- vient » entre la région Rhône-Alpes, l’Île-de-France et les autres régions françaises. Nous avons répété le même exercice pour les inventeurs prolifiques franciliens (voir tableau 3). Leur mobilité vers d’autres régions est faible : 70 % ne sont pas mobiles (pour- centage voisin de celui des inventeurs de Rhône-Alpes). La pre- mière mobilité se fait vers la région Rhône-Alpes, vient ensuite la région PACA. La seconde mobilité est très majoritairement un retour en Île-de-France. La troisième mobilité (le cas échéant) fait apparaître des destinations presque identiques à la première (par fréquence) : Rhône-Alpes, région Centre, ensuite PACA (les trois régions les plus importantes, après l’Île-de-France). Nous remarquons que certains inventeurs franciliens font un « circuit de mobilité », par exemple: Île-de-France,¤Rhône-Alpes,¤PACA ¤Île-de-France, ce qui fait que leur 4e ou 5e mobilité s’effectue vers la capitale.

La conclusion qui s’impose est que les échanges d’inventeurs prolifiques se font prin- cipalement (mais pas, bien entendu, exclusivement) entre les régions « riches » en termes d’inventeurs prolifiques (celles qui ont des activités de R & D à grande échelle). C’est pour cette raison qu’il n’y a pas de « tour de France » mais des échanges, soit bilatéraux, soit plus complexes de type « circuit » mais plus rarement. Au bout du compte, cette mobilité pourrait

7 Le nombre d’inventeurs mobiles à chaque étape est donné dans la dernière ligne du tableau 2. Le lecteur doit avoir en tête que ces déplacements se font à des moments différents.

Sixième déplacement

Septième déplacement

3,57 5,26

0,0 10,53

0,0 0,0

0,0 5,26

0,0 5,26

3,57 0,0

0,0 5,26

0,0 0,0

0,0 0,0

3,57 10,53

60,71 10,53

3,57 5,26

0,0 0,0

3,57 0,0

0,0 5,26

0,0 0,0

3,57 0,0

0,0 5,26

7,14 0,0

3,57 5,26

7,14 21,05

0,0 5,26

28 19

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Tableau 4 : Nombre de déplacements pour l’ensemble des inventeurs prolifiques français

Période 1975-1984 1985-1994 1995-2002

Déplacements géographiques

entre régions 180 477 436

Déplacements entre firmes 2 28 38

Source : Nos propres données (Le Bas et al., 2010). Les déplacements entre régions peuvent comprendre des déplacements entre firmes (de deux régions différentes).

Tableau 5 : Principales variables (pour un inventeur individuel)

Variable Définition

Productivité (Productivité

de l’inventeur) Nombre de brevets par année d’activité

Valeur/Brevet Nombre de citations reçues pour l’ensemble des brevets divisé par le nombre total de brevets

Valeur/Année Nombre de citations reçues pour l’ensemble des brevets divisé par le nombre d’années d’activité

Interfirme_Mobilité Nombre de déplacements inter firmes au cours d’une carrière.

Variable mesurée par le nombre maximum de déplacements.

Tech_HHI Mesure de la mobilité technologique (indice d’Herfindahl calculé sur les 6 champs technologiques agrégés de dépôts des brevets) Career_HHI Mesure de la concentration de l’activité d’invention au cours du

temps (indice d’Herfindahl calculé sur les brevets déposés sur les différentes années d’une carrière)2

Category_1 Chimie

Category_2 Informatique et Communication

Category_3 Pharmacie

Category_4 Construction électrique et électronique

Category_5 Mécanique

Category_6 Autres

Géo Mobilité Nombre de déplacements entre régions

2  Nous sommes redevables à un rapporteur d’avoir signaler que cet indicateur ne prend en compte qu’imparfaitement la dimension temporelle du dépôt de brevet. Il ne tient pas compte de la durée entre deux dépôts de brevets, et bien entendu de la durée totale d’activité. Notons que cette dernière est prise en compte dans la définition des variables productivité et valeur des brevets. Il nous semble néanmoins supérieur à l’indicateur retenu par Hoisl (2007).

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« épuiser » les « régions pauvres », puisque les 3 grandes régions prises globalement (Île-de- France, Rhône-Alpes, PACA) voient leur poids en termes d’inventeurs prolifiques s’accroître faiblement mais significativement de 1975 à 2002, de 72,8 à 75 %.

Cependant, nous pouvons remarquer que cet exercice n’est pas exempt de limites.

D’abord, nous ne intéressons qu’à la mobilité interrégionale ; autrement dit, la mobi- lité géographique « courte » au sein des régions n’est pas prise en compte ici. Elle peut être importante, et sans doute liée à des considérations personnelles. Ensuite, la mobilité internationale n’est pas étudiée. Enfin, la récente économie géographique de l’innovation a souligné l’importance de la mobilité au sein des clusters d’innovation (type Silicon Valley). Ce type de mobilité n’apparaît pas dans notre analyse puisqu’en général, un cluster d’innovation est d’une «  surface  » géographique faible et peut appartenir à une seule région8.

Nous avons finalement essayé de voir l’évolution de la mobilité dans le temps sur trois périodes (tableau 4). Il y a bien une tendance à l’augmentation au moins pour la mobilité inter firmes (la dernière période étant toutefois plus courte). Il faut néan- moins garder à l’esprit qu’il y a plus d’inventeurs prolifiques au cours du temps, et que ceci peut rendre compte de cela. Il faudrait également « relativiser » la mobilité interrégionale qui est décrite ici, en premier lieu, par sa durée. En effet, quelquefois, la mobilité est courte ; il peut s’agir d’un cas où le chercheur est mis à disposition d’une autre entreprise dans une autre région pour une durée de quelques mois, voire moins. En second lieu, cette mobilité géographique peut se faire sans mobilité insti- tutionnelle, le chercheur reste au sein d’un même groupe industriel. Cette forme de mobilité est typique de la gestion des chercheurs dans les grandes firmes internatio- nales (voir le travail de Criscuolo, 2005).

5. La relation mobilité/productivité des inventeurs prolifiques français

Dans cette section, nous élaborons une méthodologie visant à déterminer l’effet de la mobilité géographique des inventeurs prolifiques sur leur productivité et la valeur de leurs brevets pour la période sous observation. La mobilité considérée ici est la mobilité entre régions. Toutefois nous avons aussi pris en compte deux autres formes de mobilité : la mobilité interfirmes et la mobilité thématique. Si la mobilité géogra- phique ne pose pas de problème puisque la localisation des inventeurs est donnée directement par le document de brevet, la mobilité interfirmes est plus délicate à évaluer. Nous nous appuyons ici également sur nos données de brevets. Nous consi- dérons que le déposant/propriétaire du brevet (« assignee » dans le système améri- cain) est l’employeur, et qu’un changement de nom du déposant est équivalent à une mobilité professionnelle interfirmes (on se reportera à l’annexe 1 pour un exposé des questions de méthodes liées à la contruction des données). Avec cette conven- tion, nous pouvons aisément suivre la mobilité interfirmes de l’inventeur. La variable mobilité thématique ou intellectuelle est construite à partir des champs technolo- giques dans lesquels les brevets sont déposés. Nous avons construit un indicateur de mobilité thématique défini comme l’indice de concentration d’Herfindahl calculé à

8 Notre travail ne peut prétendre observer et encore moins expliquer la mobilité des inventeurs entre les pôles.

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partir des dépôts de brevets dans les différents champs technologiques9. C’est la pre- mière fois, à notre connaissance, que ce type de mobilité est évalué. Nous ajoutons dans le modèle à estimer une mesure de la concentration temporelle de l’activité de l’inventeur (idée introduite par Hoisl, 2007) qui aurait un effet significatif négatif sur la productivité (les inventeurs qui concentrent leur activité sur une période plus courte sont moins productifs)10, une mesure de la valeur des brevets (construite à partir des citations reçues) et des variables muettes pour les champs technologiques de dépôt de brevets (six modalités). Le tableau 5 résume les définitions retenues pour les différentes variables.

Nous estimons cinq équations linéaires dont les formes générales sont :

Productivité = f (Valeur/Brevet, Interfirme_Mobilité, Tech_HHI, Career_HHI, Category_j, Géo Mobilité, constante)

Valeur/Brevet = g (Productivité, Interfirme_Mobilité, Tech_HHI, Career_HHI, Category_j, Géo Mobilité, constante)

Valeur/Année = h (Productivité, Interfirme_Mobilité, Tech_HHI, Career_HHI, Category_j, Géo Mobilité, constante)

Valeur/Brevet/Année = k (Productivité, Interfirme_Mobilité, Tech_HHI, Career_HHI, Category_j, Géo Mobilité, constante)

Interfirme_Mobilité = l (Productivité, Tech_HHI, Career_HHI, Category_j, Géo Mobilité, constante)

Où j = 1, …., 6

Le modèle utilisé est le modèle linéaire standard expliquant la productivité de l’in- venteur, définie comme le nombre d’inventions par année d’activité. Nous avons retenu d’autres spécifications de la productivité, davantage définies en termes de valeur des inventions approximée par les citations reçues (par brevet, par année, par brevet et par année). Compte tenu du biais de simultanéité entre productivité et mobilité11, nous avons estimé également une équation de mobilité interfirmes contenant les mêmes variables explicatives. Le tableau 6 présente les résultats des estimations. Les MCO constituent la méthode d’estimation après contrôle de l’hétéroscédasticité (nous donnons en annexe les principales statistiques descriptives pour les variables).

Le tableau 6 donne les résultats des estimations. Nous constatons que la mobilité interfirme fait augmenter la productivité. Cette observation est en accord avec nos résultats antérieurs qui utilisaient une autre spécification de la variable mobilité (Le

9 L’indicateur choisi nous dit si l’inventeur a déposé des brevets dans beaucoup de champs technologiques (l’indicateur H est faible) – on suppose alors que l’inventeur disposant au départ d’une spécialisation techno- logique a investigué au cours de sa carrière d’autres domaines technologiques – ou s’est concentré sur un seul (l’indicateur H est maximum=1). En utilisant les 6 macro champs technologiques, nous avons une plus grande certitude sur l’existence d’une mobilité intellectuelle. En revanche, si nous avions recours à une nomenclature plus fine, chaque champ serait proche d’autres champs, et les dépôts de brevets peuvent se faire indifféremment dans un champ. Nous risquerions alors de surestimer ce type de mobilité.

10 Notre variable de concentration temporelle prend toute l’information disponible concernant le moment du dépôt de brevets d’un inventeur, ce qui n’est pas le cas de l’indicateur de Hoisl (2007) qui ne retient que le nombre de brevets relatifs à l’année pour laquelle l’inventeur de référence dépose le plus et son nombre total d’inventions.

11 Un inventeur prolifique très productif a plus de chance d’être embauché par une autre entreprise et sera donc plus mobile. Inversement, la mobilité accroît l’expérience et le capital de connaissances des inventeurs et, en conséquence, sa productivité.

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Tableau 6 : Équations de productivité et de mobilité pour les inventeurs prolifiques français

Productivité Valeur/Brevet Valeur/Année Valeur/Brevet/

Année ,QWHUÀUPHB0RELOLWp

Coef. p-Value Coef. p-Value Coef. p-Value Coef. p-Value Coef. p-Value

Productivité -1,041 0 -0,342 0 -0,046 0 0,060 0

Valeur/Brevet -0,115 0 -0,004 0,069

Interfirm_

Mobilité 0,819 0 -0,461 0,06 -0,475 0,16 -0,029 0,04

Tech_HHI 0,472 0,01 -1,382 0,04 -1,763 0,00 -0,044 0,22 -0,245 0

Career_HHI 2,804 0 -2,495 0,00 -5,315 0,00 0,130 0,01 0,172 0,23

Category_1 -0,119 0,47 -1,438 0,00 -1,990 0,00 -0,107 0,00 0,081 0,04

Category_2 0,747 0,00 1,658 0,05 1,816 0,02 0,104 0,02 0,345 0,00

Category_3 0,220 0,03 -1,572 0,00 -2,238 0,00 -0,110 0,00 -0,048 0,09

Category_4 0,077 0,48 1,481 0,09 0,955 0,05 0,061 0,17 0,000 1,00

Category_6 0,105 0,23 -0,647 0,03 -0,990 0,00 -0,053 0,00 -0,028 0,26

Géo Mobilité -0,314 0 -0,334 0,11 -0,642 0,01 -0,039 0,00 0,106 0,00

Constant 1,137 0 8,071 0,00 9,301 0 0,385 0 0,289 0,00

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Bas et al., 2010) et ceux de Hoisl (2007) sur des données allemandes (mais concer- nant tous les inventeurs, prolifiques et non prolifiques). La mobilité intellectuelle a un impact positif sur la productivité ce qui était attendu : un inventeur mobile du point de vue intellectuel possède un capital de connaissances lui permettant, par exemple, d’être intégré dans différentes équipes de recherche menant des projets diversifiés. La mobilité géographique pure (une fois pris en compte les effets liés à la mobilité inter- firme et à la mobilité thématique) a un impact négatif sur la productivité du chercheur.

Ce point est difficile à expliquer. Si on interprète la mobilité comme un moment d’un

« job search process », la productivité devrait s’accroître après un déplacement : les inventeurs les plus mobiles devraient avoir une productivité plus élevée, or ce n’est pas le cas. Schankerman et al. (2006), à partir de leur étude sur les inventeurs du sec- teur des logiciels, ne valident pas non plus cette hypothèse inhérente à l’approche du

« job search process ». On peut également retenir l’idée que ce sont les inventeurs les moins productifs qui changent de région mais puisque le mécanisme d’appariement que postule la théorie du « job search process » ne serait pas opératoire, leur produc- tivité ne parvient pas à s’accroître.

La variable qui prend en compte la concentration temporelle a un effet positif. Ce point doit être correctement explicité. La définition de notre variable, différente de celle de Hoisl (2007), fait que de très faibles valeurs de la variable décrivent une faible concentration des brevets dans le temps, au contraire, une valeur élevée témoigne d’une concentration forte.

Une productivité forte serait plus associée à une concentration sur une petite période.

S’agissant de la valeur des inventions (brevets), les estimations pour les trois défi- nitions de cette valeur, indiquent un effet négatif des trois formes de mobilité (parfois avec un seuil de significativité très limite). Schankerman et al. (2006) trouve égale- ment que la mobilité géographique est négativement associée à la valeur des brevets.

En revanche, Hoisl (2009) a remarqué que les inventeurs ayant des déplacements multiples produisent des brevets en moyenne plus cités (donc ayant plus de valeur).

Notre analyse du cas français ne valide pas les résultats établis par Hoisl à partir du comportement des inventeurs allemands.

Nous avons également estimé une équation de mobilité interfirme. Elle confirme une liaison productivité/mobilité (le coefficient estimé de la variable productivité est positif et significatif). La mobilité géographique est également liée positivement à la mobilité interfirmes, confirmant sans doute le fait qu’une grande partie des mobilités interfirmes impliquent un changement de région. La mobilité thématique a, en revanche, un impact négatif sur la mobilité interfirmes12. Les inventeurs « spécialisés » sont moins mobiles, sans doute plus « retenus » par leur employeur.

Conclusion

L’analyse que nous avons menée sur la répartition régionale des inventeurs prolifiques français est bien entendu encore exploratoire. De plus, s’agissant d’un exercice encore inédit, nous ne disposons pas de références sur d’autres pays, qui nous permettraient par

12 Compte tenu de la définition de notre variable : une augmentation signifie en fait une plus grande spécia- lisation (associée à une productivité plus forte).

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exemple d’établir des comparaisons et de connaître la pertinence de nos résultats. Autant de raisons qui font que les résultats présentés ici sont encore provisoires. Néanmoins, nous soulignerons les points suivants :

1. Les inventeurs en série (prolifiques) sont très concentrés sur le territoire français : cette concentration est plus importante que celle des dépenses de R & D des entreprises et des inventions d’origine française. On ne peut pas ne pas penser à la thèse de Florida (bien qu’observant des unités géographiques plus petites) sur la localisation de la classe créative. Cette population parmi les plus créatives est localisée dans les grandes métropoles françaises de la région parisienne, de Rhône-Alpes, et, mais à un degré moindre, de PACA. Une question intéressante serait de savoir si cette répartition plutôt polarisée tient à la définition de l’inven- teur prolifique, c’est-à-dire au seuil de 15 brevets. Autrement dit, aurions-nous observé une distribution plus proche de celle de la R & D des entreprises avec un seuil de 10 ou de 30 brevets ? Les résultats en notre possession montrent que les inventeurs hyper-prolifiques (30 brevets et plus) sont encore beaucoup plus concentrés géographiquement13. Remarquons ici que l’indicateur choisi, le brevet américain, produit un biais puisqu’en général, seules les entreprises internatio- nales ou qui travaillent pour le marché mondial, déposent des brevets à l’étranger.

2. Nous avons «  représenté  » la mobilité interfirmes et géographique de tous les inventeurs prolifiques. Néanmoins il est clair que la mobilité observée ici l’est à travers des données de brevets. Nous savons qu’elle peut différer de la mobilité professionnelle traditionnelle (voir par exemple Lenzi, 2008  ; Redor, 2004), il conviendrait donc d’être prudent lors de l’analyse de nos résultats. La conclusion qui s’impose est que les échanges d’inventeurs prolifiques se font principalement entre les régions « riches » en inventeurs prolifiques (celles qui ont des activités de R & D à grande échelle). C’est pour cette raison qu’il n’y a pas de « tour de France » mais des échanges, soit bilatéraux, soit plus complexes de type « cir- cuit » mais plus rarement. Nous avons noté que cette mobilité pourrait « épui- ser » les « régions pauvres », puisque les trois grandes régions prises globalement voient leur poids s’accroître en termes d’inventeurs prolifiques dans la période étudiée.

3. Le travail sur le lien entre mobilité et productivité au niveau individuel tend à confirmer les résultats connus, à savoir l’existence d’une relation positive et signi- ficative entre les deux. Il reste à la fois à utiliser des méthodes économétriques plus fines afin de réduire le biais de simultanéité entre les deux, et à trouver pour- quoi la mobilité géographique interrégionale a cet effet négatif sur la productivité de l’inventeur (au moins dans le modèle qui a été estimé). Dans les travaux sur la mobilité qui font autorité jusqu’ici (Schankerman et al., 2006 ; Trajtenberg, 2005, Hoisl, 2007), les estimations réalisées, (comme les nôtres) sont appelées « des- criptives  », selon l’heureuse expression de Trajtenberg. Elles permettent néan- moins de dire beaucoup de choses. Notre méthode est correcte, même si nous

13 De façon intéressante, lorsqu’on élève le seuil à 30 brevets, c’est la région parisienne qui détient 65 % des inventeurs prolifiques contre seulement 12 % pour Rhône-Alpes (PACA restant à 5 %). Il y a donc un fort resser- rement des inventeurs hyper-prolifiques dans la région parisienne au détriment de Rhône-Alpes principalement.

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ne pouvons conclure de façon définitive sur les questions de causalité. Tous ces auteurs obtiennent des résultats permettant d’isoler les facteurs qui expliquent la productivité des inventeurs (et la valeur de leurs brevets). Ils ne permettent pas de trancher sur la question de savoir si c’est la mobilité (interfirmes) de l’inventeur qui détermine sa productivité, ou, si, au contraire, ce serait sa productivité qui cause sa mobilité (interfirmes). Il n’y a aucune méthode économétrique qui s’im- pose comme cohérente. Par ailleurs, le problème est beaucoup plus complexe car les contextes conjoncturels, industriels, institutionnels (la période étudiée s’étale sur plus de 25 ans) jouent un rôle. Même l’âge de l’inventeur « pourrait » avoir un impact : un jeune inventeur fait sa productivité par sa mobilité, puis, ensuite, sa mobilité est « tirée » par sa notoriété, c’est-à-dire sa productivité cumulée. Il se peut même que le niveau de productivité ait un impact sur le sens de causalité productivité/mobilité : par exemple, cette relation peut ne pas rester stable quand on passe des inventeurs prolifiques aus hyper-prolifiques14.

4. La question du biais de simultanéité entre productivité et mobilité devrait faire l’ob- jet de recherches futures. Notons les aspects complexes du problème. La variable mobilité n’est pas une variable quantitative continue ce qui exclut l’usage de la méthode des doubles moindres carrés. Elle est soit qualitative (si nous la traitons comme réponse à la question : l’inventeur a-t-il été mobile ?), soit de comptage (si on dénombre le nombre de déplacements). Hoisl (2007) a recours à une méthode suggérée par Wooldridge (two-step IV method) qui a montré que les variances et les tests restent asymptotiquement valides. L’intérêt, pour nous, d’utiliser cette méthode est que nous ne disposons pas des résultats trouvés par Hoisl (2007) sur les inventeurs allemands (mais pas seulement prolifiques). Nous devrions également pouvoir tester la robustesse des résultats en utilisant la méthode de régression des quantiles. Hoisl (2009), qui l’utilise, montre que pour les inventeurs les plus pro- ductifs (le dernier quartile), l’effet de la mobilité est plus fort (les inventeurs de ce dernier quartile sont en fait « prolifiques »). Nous pourrions également construire un modèle avec des décalages temporels pour tester l’effet de la mobilité de la période (t-1) sur la productivité (et la valeur des brevets) de la période (t).

5. Notre travail sur la quantification de la « prolificness » pourrait déboucher sur de nouvelles pistes pour réétudier au niveau régional la relation croissance/recherche.

Une modélisation de la croissance régionale devrait utiliser les données produites sur les inventeurs prolifiques. Notre méthodologie pourrait s’appuyer sur l’indica- teur dit des « avantages technologiques révélés (ATR) » dont El Ouardighi (2006) a montré le rôle qu’ils pouvaient jouer pour comprendre la croissance régionale.

Par ailleurs, nous avons montré que les ATR et le taux d’inventeurs prolifiques étaient corrélés (Le Bas et al., 2010). Enfin, nous pourrions prendre en compte les externalités de connaissances entre régions en les mesurant par les déplacements des inventeurs entre les régions. Cette méthodologie serait alternative à celle de la fonction de production de connaissances issue des travaux de Griliches.

14 Par ailleurs, nous n’avons qu’un « petit échantillon » avec des problèmes de troncature à gauche (nous n’avons pas tout l’historique des inventeurs qui terminent leur carrière au début de la période observée) et à droite. Nous travaillons sur cette question avec des échantillons plus grands (incluant d’autres pays).

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6. D’autres exploitations des données sur les inventeurs prolifiques sur d’autres bases géographiques sont possibles et souhaitables. Un travail sur les territoires serait judicieux compte tenu du regain d’intérêt pour les dimensions locales de l’innovation porté par les travaux sur les systèmes locaux d’innovation, sur les clusters (ou districts) voire sur les pôles de compétitivité15.

Remerciements

Les auteurs remercient l’ANR qui a financé cette recherche sur les inventeurs proli- fiques (projet n° 06-APPR-002-001). Notre reconnaissance va à André Torre qui nous a amicalement encouragé à écrire ce papier et à Mathe Epanya qui effectué le traitement des données. Nous avons tenu compte des remarques pertinentes des rapporteurs. Les insuffisances qui pourraient subsister sont de notre responsabilité.

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15 Toutefois, nous savons qu’une analyse en termes de brevets sur de petits territoires (en dessous de l’éche- lon régional) n’est pas toujours pertinente. Par exemple, dans nos travaux, nous retenons l’adresse personnelle de l’inventeur figurant dans le document de brevet, or un inventeur peut vivre dans un département et travailler (rechercher/inventer) dans un autre.

Références

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