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La discipline positive en structure d'accueil : quels sont les impacts de la discipline positive sur les relations entre les éducateurs/-trices de l'enfance (EDE) et les enfants ? qu'en pensent les EDE ?

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Texte intégral

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Mémoire d’étude pour l’obtention du diplôme d’école supérieure

Educateur/-trice de l’enfance diplômé-e ES

___________________________________________________________________

La discipline positive en structure

d’accueil

Quels sont les impacts de la discipline positive sur les relations entre les éducateurs/-trices de l’enfance (EDE) et les enfants ? Qu’en pensent les

EDE ?

Célie Fournier

Référent thématique : Philippe Theytaz

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Résumé

Mon travail de mémoire porte sur les impacts de la discipline positive sur la relation entre les éducatrices de l’enfance et les enfants. Pour répondre à ma question de recherche, je me suis basée sur des sources théoriques pour expliciter différents concepts mais aussi sur l’avis de trois éducatrices de l’enfance (EDE). J’ai abordé différents thèmes dans mon travail : l’éducation, la coéducation, le rôle de l’EDE, le pouvoir de l’adulte, la discipline, l’autodiscipline et la discipline positive. Les données récoltées lors de mes entretiens avec les EDE m’ont permis de faire des liens avec la théorie, de confirmer certains éléments mais aussi d’en remettre d’autres en question. En alliant la théorie et la pratique, j’ai découvert les différents impacts de la discipline positive sur les relations et j’ai également pu réfléchir quant à ma pratique professionnelle.

Mots-clés

Education – Rôle de l’EDE – Pouvoir de l’adulte – Influence – Discipline positive – Discipline

Remerciements

Je souhaite remercier les différentes personnes qui ont rendu possible la réalisation de ce travail :

o Mon référent thématique, Monsieur Philippe Theytaz, pour ses idées, ses propositions et son soutien

o Ma référente méthodologique, Madame Hirschi, pour ses conseils et son écoute

o Les éducatrices que j’ai interviewées pour le temps qu’elles m’ont accordé et leur soutien

o Mes parents, ma grand-mère et Laurent de Preux pour leur soutien et leur relecture

Avertissement

« Les opinions émises dans ce mémoire n’engagent que leur auteur»

Langage

Bien que j’aie choisi d’utiliser le féminin pour parler des EDE, les éducateurs de l’enfance sont également compris dans cette abréviation.

Illustration

L’illustration de la page de titre est tirée de :

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Table des matières

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Introduction... 1

1.1 Thématique traitée ... 1 1.2 Problématique ... 1 1.3 Objectifs de la recherche ... 3 1.4 Question de recherche ... 3

2

Développement ... 4

2.1 Introduction au développement ... 4 2.2 Méthodologie ... 4 2.3 Recherche ... 5 2.3.1 Education ... 5 2.3.2 Coéducation ... 6 2.3.3 Rôle de l’EDE ... 7 2.3.4 Pouvoir de l’adulte ... 8 2.3.5 Discipline ... 10 2.3.6 Autodiscipline ... 10 2.3.7 Discipline positive ... 12

3

Conclusion ... 31

3.1 Résultats ... 31 3.2 Limites du travail ... 32 3.3 Réflexions... 33 3.4 Perspectives ... 33

4

Table des références ... 36

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1

1 Introduction

1.1 Thématique traitée

Imaginez un monde dans lequel adultes et enfants cohabitent dans le calme et le respect, se font confiance, s’écoutent et cherchent des solutions aux problèmes ensemble ; un monde dans lequel les enfants suivent les règles qu’ils ont élaborées avec les adultes, participent activement à la vie du groupe, ont des responsabilités, font preuve d’autonomie et d’autodiscipline. Cela sonne comme un rêve ! Pourtant, c’est ce que la discipline positive propose. Les enfants sont encouragés par les adultes et les erreurs sont vues comme des opportunités d’apprentissage. Les punitions sont abolies et remplacées par la bienveillance et la fermeté des adultes qui encadrent les enfants. L’essentiel est de prendre soin de la relation entre les adultes et les enfants et de chercher la coopération de ces derniers afin de passer un maximum de bons moments ensemble et de les éduquer sereinement.

Tout cela m’a directement intriguée et j’ai eu envie d’en savoir plus. Est-ce que tout pouvait vraiment être si simple et beau ? J’ai donc choisi de faire mon travail de mémoire sur le thème de la discipline positive. C’est un sujet d’actualité comme le montre un article paru sur le site Le journal de l’éco. La discipline positive y est décrite comme étant « une méthode ni permissive ni punitive qui permet de développer chez l’enfant l’autodiscipline, le sens des responsabilités, l’autonomie, l’envie d’apprendre, le respect mutuel et bien d’autres qualités essentielles ». Il y est également précisé que cette méthode « s’exerce sans soumission, en conciliant fermeté et bienveillance ». (Le journal de l’éco, 2016, la discipline positive : une nouvelle approche pour les enfants et les adolescents)

Après vérification sur la liste des travaux déjà effectués, j’ai vu que je serai la première à traiter du sujet. D’autres avant moi avaient abordé le thème des punitions, des règles ou encore des limites mais jamais cette méthode qu’est la discipline positive.

De plus, c’est un sujet qui intéresse les équipes éducatives. En effet, lors de mes stages, nous avons régulièrement eu des réflexions d’équipe sur le sens des punitions et sur la façon de rendre les enfants un peu plus autonomes dans la discipline.

1.2 Problématique

Je me pose beaucoup de questions au sujet de l’éducation, de la discipline et du rôle de l’éducatrice de l’enfance (EDE). Je souhaitais orienter mon mémoire dans ce sens. Au tout début de ma réflexion sur la recherche d’un thème, je m’intéressais aux punitions. J’ai lu plusieurs ouvrages en lien avec la discipline et l’autodiscipline puis j’ai commencé à porter de l’intérêt pour la discipline positive. J’ai remarqué qu’en discipline positive on utilise aussi l’autodiscipline, pour laquelle j’avais aussi de l’intérêt. En plus, un livre paru en février 2018, La discipline positive dans la classe, nous montre que les enseignants sont, eux aussi, confrontés à des problématiques similaires à celles que peuvent rencontrer les EDE.

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2 J’ai compris que ce qui me questionnait dans tout cela était le rapport de force, de pouvoir que les adultes ont avec les enfants quand ils font usage des punitions. A travers mon travail, je veux donc en savoir plus à propos de l’influence de la discipline positive sur la relation que les EDE entretiennent avec les enfants.

De plus, ce sujet pose problème sur le terrain et réapparaît souvent dans les questionnements d’équipe. Des conférences et des cours destinés aux parents et aux professionnels sont également mis en place par des associations. Je me demande aussi si les EDE se voient transmettre certains outils aux parents, vu que nous coéduquons leurs enfants à leurs côtés et si cela peut améliorer les relations entre les EDE et les parents.

J’aimerais aussi acquérir de nouvelles connaissances à partager avec des professionnels mais aussi avoir des sources sur lesquelles m’appuyer lors de réflexions d’équipe ou quand des parents me posent des questions.

J’ai envie que ce travail me permette d’en apprendre plus sur le pouvoir et l’influence que les adultes peuvent avoir sur les enfants. En effet, il arrive que l’on confonde les verbes influencer et dominer. Comme le dit Gordon (2013a), beaucoup de personnes veulent influencer les enfants mais, en pratique, utilisent des méthodes coercitives qui contraignent les enfants à se soumettre aux exigences des adultes. Il faut savoir que « lorsqu’un enfant est forcé de faire quelque chose, il n’est pas vraiment influencé ; même s’il se soumet, il le fait habituellement par crainte d’être puni. » (p.23)

Je cherche aussi à remettre en question les stratégies que j’emploie dans ma pratique professionnelle, comme les punitions. Je prends cet exemple car bien que l’on entende régulièrement parler des inconvénients de ces dernières, elles sont encore beaucoup utilisées dans les structures d’accueil. Cependant, bien qu’elles soulagent les adultes, elles n’ont pas l’effet escompté sur les enfants. En effet, comme le dit Filliozat (2014), « les punitions n’enseignent que la peur du gendarme et non responsabilité et autodiscipline ». L’enfant ressentira donc de l’injustice, de la peur et de la colère (p.205). On voit bien dans cet exemple les impacts du pouvoir de l’adulte sur l’enfant.

Je trouve que la relation entre les EDE et les enfants est essentielle au bon fonctionnement du groupe. C’est une des raisons qui fait que je me suis intéressée à la discipline positive. Dans cette méthode, la relation est vraiment mise en avant et préservée un maximum. Ce qui m’a également attirée, c’est cette confiance entre les EDE et les enfants, ce respect mutuel ainsi que le fait d’agir de manière ferme mais bienveillante. Je trouve que cette méthode véhicule de belles valeurs qui peuvent être transmises à l’enfant comme l’empathie, la bienveillance, la patience, le respect de l’autre, l’authenticité etc. J’aime aussi cette vision des erreurs comme étant des opportunités d’apprentissage et le fait de voir les comportements inappropriés comme étant le seul moyen que l’enfant a trouvé pour atteindre un de ses objectifs, cela sans mauvaise intention.

Après avoir lu plusieurs ouvrages sur le sujet, je me suis rendu compte qu’un de mes lieux de stage utilisait beaucoup d’outils de la discipline positive et mettait en avant également ces différentes valeurs. Avec le recul, je trouve qu’en effet, c’est un des endroits où j’ai vu le moins de conflits, le plus de calme, de communication, de confiance entre les EDE et les enfants. C’était un environnement dans lequel j’étais

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3 parfaitement à l’aise donc cela m’encourage davantage à creuser plus dans le sens de la discipline positive.

Grâce à ce travail, j’aimerais trouver d’autres pistes d’action, d’autres stratégies à utiliser qui seraient plus éthiques que les punitions. Je souhaite aussi découvrir de nouveaux outils que je pourrais utiliser avec des enfants de tout âge.

Enfin, mon but est aussi d’amener les professionnels à remettre en question leur pratique et qui sait, à trouver en la discipline positive une méthode qui peut les aider au quotidien.

1.3 Objectifs de la recherche

- Remettre en question ma pratique professionnelle - Connaître de nouveaux outils

- Trouver de nouvelles pistes d’action - Acquérir de nouvelles compétences

- Me questionner sur les impacts des punitions et du pouvoir sur les relations entre les EDE et les enfants

- Découvrir si les EDE peuvent se passer des punitions - Porter un regard critique sur la discipline positive

- Connaître l’avis des EDE sur la discipline positive et son impact sur leurs relations avec les enfants

- Réfléchir à la mise en place de la discipline positive dans une structure d’accueil

- Réfléchir à l’efficacité de cette méthode en structure d’accueil - Remettre en question ma vision de l’éducation et de l’enfant - Discerner mes valeurs

- Découvrir ce qui semble être le mieux pour l’enfant, en terme de méthode éducative, selon la théorie et selon les EDE

- Disposer de sources sur lesquelles m’appuyer lors de réflexions d’équipe.

1.4 Question de recherche

Le thème central de mon travail est donc la discipline positive. Étant donné que je porte beaucoup d’intérêt sur la relation que les EDE développent avec les enfants, la question que je me pose est la suivante :

« Quels impacts a la discipline positive sur les relations entre les éducatrices de l’enfance et les enfants ? »

En rapport avec cette question, je me demande également ce que pensent les EDE des effets de la discipline positive, du contrôle ou encore des punitions sur les relations entre EDE et enfants.

Pour répondre à ces questions, j’ai effectué des recherches théoriques et des interviews d’éducatrices de l’enfance. De cette manière, j’ai pu voir quels regards les EDE portent sur ce sujet et si cela rejoignait ce que dit la théorie.

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4

2 Développement

2.1 Introduction au développement

Pour répondre à ma question de recherche, j’ai tout d’abord expliqué ma méthodologie. Ensuite, j’ai défini les concepts (éducation, coéducation, rôle de l’EDE, pouvoir de l’adulte, discipline, autodiscipline, discipline positive) sous différents angles (pédagogique, psychologique, historique, étymologique, légal). J’ai intégré les parties de mes interviews en lien avec les éléments théoriques directement dans la partie correspondant aux concepts en question. Puis, au même endroit, j’ai analysé et interprété les résultats que j’ai obtenus. Il n’y a donc pas une partie théorique et une autre pour l’analyse. J’ai préféré présenter mes résultats, leur analyse et leur interprétation immédiatement à la suite du concept. Je trouvais que cela avait plus de sens dans mon travail.

2.2 Méthodologie

Pour m’aider à répondre à la question de recherche, je me suis basée sur des sources théoriques en lien avec les concepts cités plus haut.

Une fois cette étape terminée, j’ai commencé à réfléchir aux questions que je souhaitais poser aux EDE que je comptais interviewer.

Concernant la partie sur le terrain, j’ai décidé d’interviewer trois EDE dont deux qui sont également responsables de structures. Ces personnes travaillent actuellement avec des enfants de 3 à 12 ans. Je les ai rencontrées lors de précédents stages. Nous avions un peu discuté ensemble des punitions et des nouvelles pédagogies. Je savais donc que mon sujet pouvait les intéresser. En plus, le fait de les connaître et d’avoir déjà créé un lien de confiance permettra à tout le monde d’oser s’exprimer librement et plus facilement que si j’avais interviewé des inconnus.

J’ai également choisi ces EDE car elles travaillent avec un large panel d’enfants d’âges différents. Ce que propose la théorie est plutôt adapté aux enfants scolarisés. J’ai donc trouvé intéressant de pouvoir poser des questions sur la façon de transposer les différents outils de la discipline positive aux plus jeunes mais aussi de voir si ce que conseille la théorie est vraiment applicable en UAPE.

Mon but à travers ces entretiens n’était pas d’avoir des faits scientifiques mais d’avoir l’avis des EDE sur la question. J’ai cherché à savoir ce qu’elles pensaient de la discipline positive, des punitions, du contrôle de l’adulte sur l’enfant et des effets que cela a sur les relations entre les EDE et les enfants. Je voulais également savoir si des professionnelles de l’enfance pouvaient s’imaginer travailler sans jamais punir d’enfant. Enfin, je leur ai demandé si elles pensaient que cette méthode serait applicable dans leurs structures.

Pour me préparer aux entretiens, j’ai donc élaboré un canevas avec les questions principales que je voulais leur poser en fonction de la théorie que j’avais déjà lue. J’y ai intégré des définitions pour m’assurer que nous parlerions toutes des mêmes concepts. J’ai transmis ce document aux EDE pour qu’elles se fassent une idée de ce que je comptais leur demander.

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5 Avant l’entretien, je leur ai demandé leur permission pour enregistrer nos échanges et pour savoir si elles étaient d’accord de rester anonymes dans mon travail. Elles ont toutes accepté. Le fait de pouvoir enregistrer l’entretien m’a permis d’être plus présente et active avec l’EDE mais aussi d’avoir des réponses plus précises et plus complètes. Je n’avais pas besoin de prendre des notes donc j’étais plus à l’écoute des personnes et je pouvais me concentrer sur les questions que je souhaitais poser. Je leur ai également précisé que je ne cherchais pas à avoir des faits prouvés et scientifiques dans leurs réponses mais simplement leur avis en tant qu’EDE. De cette façon les réponses aux questions ne seraient pas tirées de livres mais de leurs pensées et elles seraient les moins biaisées possibles. Encore une fois, le fait d’avoir ce lien de confiance avec elles m’a permis de pouvoir poser des questions plus délicates si j’en avais besoin mais aussi de savoir qu’elles pensaient sincèrement ce qu’elles me disaient car elles savaient que je ferais preuve de non jugement. Une fois le travail terminé, je supprimerai tous les documents ou fichiers qui pourraient briser la confidentialité.

Lors des entretiens, qui ont eu lieu entre la mi-août et le début septembre, j’ai commencé par remercier les EDE et par réitérer leur accord en ce qui concerne l’enregistrement. S’en sont suivies les questions du canevas et/ou d’autres qui me sont venues sur le moment.

Ces interviews ont été très intéressantes et vraiment bénéfiques pour mon travail mais aussi pour ma pratique professionnelle. Cela m’a permis de me remettre en question en même temps que les EDE elles-mêmes.

Une fois les interviews terminées et enregistrées, j’ai retranscrit ce qui avait été dit sur les documents mis en annexes. J’ai ensuite trié les informations récoltées et les ai intégrées à mon travail. J’ai mis certaines parties sous forme de tableau pour que cela soit plus lisible et compréhensible.

Pour l’analyse, j’ai cherché à faire ressortir ce qui me semblait le plus important. Je l’ai mis en lien avec la théorie et j’ai également noté mes questionnements, mes interprétations, mes réflexions.

2.3 Recherche

2.3.1 Education

Pour pouvoir comprendre les autres concepts, il est essentiel d’aborder en premier lieu le sujet de l’éducation. J’ai choisi de le développer sous un angle pédagogique. Merieu (1997) définit l’éducation comme étant « une relation dissymétrique nécessaire et provisoire, visant à l’émergence d’un sujet. » En effet, l’éducation est une relation entre la personne qui éduque et celle qui est éduquée, même si dans certains cas l’éducateur n’est pas présent concrètement (livre, exercices…). Cette relation est dissymétrique car l’éducateur a des connaissances à transmettre à l’éduqué qui lui va en tirer un enseignement. Toute personne a eu lors de ses apprentissages un éducateur, un modèle ; d’où l’emploi du terme « nécessaire » dans la définition. Il n’y a donc pas de vrai autodidacte. Enfin, le but de l’éducation est de pouvoir réutiliser nos savoirs ailleurs, de pouvoir se détacher aussi de l’éducateur. (p.25-26)

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6 La discipline positive est une forme d’éducation comme le dit Nelson (2014) :

La discipline positive a la force d’un rêve, celui d’éduquer dans la fermeté et la bienveillance sans avoir à choisir entre l’une et l’autre, de trouver la juste autorité dont les enfants ont aujourd’hui besoin pour déployer leurs ailes dans la coopération et l’autonomie. Le rêve aussi, pour les parents et les enseignants, d’aider les enfants à développer des compétences indispensables pour la vie, tout en profitant pleinement d’une relation fondée sur la confiance et le respect mutuel. (p.7)

On retrouve là l’aspect de relation entre une personne qui transmet des savoirs et l’autre qui apprend mais aussi la notion d’autonomie qui fait que l’enfant va pouvoir se détacher de son éducateur pour utiliser ce qu’il a appris dans un autre contexte. Dans cette perspective, il m’a semblé important de traiter également de la coéducation.

2.3.2 Coéducation

Maintenant que nous avons défini ce qu’est l’éducation, nous allons voir ensemble ce qu’est la coéducation, incontournable en structures d’accueil de l’enfance et d’où vient ce concept.

Dans les années 1920, Adolphe Ferrière et Fransisco Ferrer sont dans les premiers à parler de la coéducation. A cette époque, cette notion signifiait que garçons et filles pouvaient apprendre ensemble ; elle concernait donc la mixité des genres en classe. (Rayna, Rubio & Scheu, 2014, p.15)

Au jour d’aujourd’hui, quand on parle de coéducation, on parle d’« une relation entre éducateurs dits « premiers », que sont les parents et éducateurs professionnels qui œuvrent en parallèle… ou/et successivement lorsque l‘enfant grandit ». Il est donc important que parents et professionnels s’entendent et collaborent pour pouvoir éduquer ensemble. (Rayna et al., 2014, p.16) Cette notion concerne les différents apprentissages des enfants, leur socialisation ou encore leur développement. (Feyfant, 2015, p.12)

Ce concept se rapproche de celui de la collaboration (échange d’informations, entretiens, soirées parents) ou de partenariat qui peut avoir lieu seulement s’il y a respect commun et égalité entre les parents et les professionnels. La collaboration est essentielle pour qu’enfants, parents et professionnels vivent au mieux leur expérience en structure d’accueil. (Doeleman, 2012, p.15-17)

Du fait que les EDE participent à l’éducation des enfants, elles les coéduquent donc avec, entre autres, les parents. Cela fait partie de leur rôle d’EDE. Certains outils que nous verrons en discipline positive peuvent être utilisés auprès des parents mais plutôt dans une idée systémique mais « c’est plus compliqué avec des adultes car ils ont un vécu plus lourd, ils ont un certain bagage, certaines valeurs qui peuvent être très rigides… » (communication personnelle [Entretien 1], 16 août 2018). Par contre, il est possible de transmettre certains outils de la discipline positive aux parents en difficultés, en commençant par les plus simples à mettre en place puis en allant crescendo (communication personnelle [Entretien 1], 16 août 2018). La troisième personne que j’ai interviewée trouve qu’il faudrait insister auprès des parents sur l’importance du temps dédié (cf. point 2.3.7, outils) car beaucoup d’enfants ont simplement besoin de passer de bons moments avec leurs parents. Elle précise aussi que ce qui compte ce n’est pas la durée de ces temps dédiés mais la qualité

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7 de ces derniers. Cette même personne trouve que la discipline positive peut améliorer la relation que les EDE entretiennent avec les parents car il est important de prendre le temps de parler avec les parents. (Communication personnelle [Entretien 3], 4 septembre 2018) Nous voyons donc ici que cette méthode peut être transmise aux parents. Il faut toutefois respecter leurs choix, leurs croyances, leurs valeurs et bien sûr, faire preuve de non jugement. Il est aussi intéressant d’y aller petit à petit en leur proposant les outils au fur et à mesure.

2.3.3 Rôle de l’EDE

Pour cette partie, je me suis basée sur le PEC (Plan d’Etudes Cadre) des EDE (Savoirsocial & SPAS, 2015). C’est un document officiel qui stipule, entre autres, quelles sont les compétences que doivent avoir les EDE.

Le rôle de l’EDE est de « développer une relation éducative individualisée » et d’« accompagner la socialisation de l’enfant dans le groupe ». Pour s’organiser, l’équipe met en place un projet pédagogique qu’elle applique au quotidien. Ce dernier comporte, entre autres, les valeurs et les pédagogies mises en avant dans la structure. Pour que tout fonctionne au mieux, l’EDE doit collaborer avec ses collègues mais aussi avec les parents des enfants. Elle a aussi pour rôle d’accompagner les enfants dans leurs découvertes et apprentissages ainsi que dans leur autonomie. (p.5-6)

Je vais parler ici des compétences des EDE qui peuvent être mises en lien avec mon thème.

« Capacité à poser un cadre, à le construire pour et avec les enfants, à le faire respecter » (p.8)

L’EDE doit poser un cadre sécurisant pour l’enfant et mettre en place des règles et des routines structurantes pour les enfants tout comme pour les adultes. En discipline positive, il est important de réfléchir aux règles avec les enfants et de faire en sorte que tout le monde les suive. L’adulte doit faire preuve de bienveillance mais aussi de fermeté. Tout n’est pas permis !

« Capacité à avoir des attitudes adéquates et appropriées aux situations » (p.8)

L’EDE se doit de suivre le projet pédagogique de sa structure et d’agir avec empathie. Comme nous le verrons plus loin, l’empathie est une valeur essentielle en discipline positive.

« Capacité à tenir compte de chacun, et de la globalité » (p.8)

L’EDE s’adapte à la dynamique de groupe et est capable de l’influencer. En discipline positive, si nous voyons que le groupe est trop excité, nous déciderons d’organiser une activité qui permettra aux enfants de se dépenser puis nous leur proposerons un moment de calme, de détente afin que la dynamique s’apaise. Il est également important que les EDE pensent aux individualités et en tiennent compte afin que chacun puisse se sentir à l’aise dans le groupe. Le rythme de chacun doit être respecté au maximum.

« Capacité à favoriser les interactions » (p.9)

La discipline positive favorise la collaboration entre enfants et EDE mais aussi entre enfants. L’EDE prend soin de sa relation avec les enfants car elle est primordiale pour l’efficacité de cette méthode. Il faut donc que l’EDE et les enfants

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8 communiquent respectueusement. L’EDE peut aussi utiliser des outils comme l’écoute active, les questions de curiosités ou encore le message « je ».

Les enfants sont impliqués dans la vie de la structure. Ils collaborent entre eux et avec les adultes par exemple quand ils s’occupent de servir leurs camarades, de débarrasser la table ou encore quand ils sont chefs du brossage des dents. (Communication personnelle [Entretien 2], 21 août 2018)

« Capacité à développer une pratique réflexive » (p.12)

Le fait de se remettre en question, de s’adapter aux différentes situations, de mener des réflexions en groupe sur certaines thématiques etc. fait également partie du rôle et des compétences des EDE. En discipline positive, on réfléchira par exemple à des solutions à mettre en place lorsqu’on se retrouve face à une nouvelle problématique. J’ai pu voir cette pratique réflexive pendant les interviews que j’ai faites. Les EDE se sont remises en questions, ont réfléchi à de nouvelles manières d’agir, à la mise en place de cette méthode etc. Toutes ces réflexions étaient très intéressantes.

« Capacité d’orienter les familles selon leurs besoins et demandes » (p.14)

L’EDE accompagne les familles et est présente pour eux s’ils sont en demande de conseils. Comme nous l’avons vu plus haut, il est possible de conseiller certains outils de la discipline positive aux parents qui en auraient besoin.

2.3.4 Pouvoir de l’adulte

Maintenant que nous en savons plus au sujet du rôle des EDE, nous pouvons aborder la question du pouvoir. En effet, l’EDE doit poser un cadre et le faire respecter mais est-ce que cela signifie qu’elle doit avoir de l’emprise sur l’enfant ? Sa mission n’est-elle pas plutôt de guider, d’accompagner l’enfant dans son apprentissage des règles ?

Définition

Par pouvoir, j’entends le fait de contrôler, de diriger ou encore de contraindre l’enfant à faire ce que l’on attend de lui. Je trouve l’idée d’influencer l’enfant beaucoup plus valorisante. En effet, quand on influence l’enfant, c’est lui-même qui décide de changer, d’agir de telle ou telle façon. Il n’est pas forcé (Gordon, 2013a, p.22-23). Je ne dis pas qu’il ne faut pas mettre en place de cadre, au contraire, c’est important pour l’enfant d’avoir des règles structurantes. En effet, l’anomie ou absence de règles peut créer de l’angoisse (manque de repères), de la panique (l’enfant ne sait pas ce qu’il devrait faire pour bien faire) mais aussi de l’agressivité et de la violence. (Vaudfamile, S.d., Autonomie et limites : Aider l’enfant à grandir)

Cependant, il n’est pas bon non plus d’être trop autoritaire et de chercher à diriger l’enfant car au final il y aura peu de communication et de tendresse. En effet « les enfants ne font que de respecter les disciplines et les décisions imposées ». (Coaching parental, S.d., Les styles éducatifs : Quelles sont les clés efficaces ?) C’est pourquoi la discipline positive allie la bienveillance et la fermeté ; comme nous le verrons plus loin.

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9  Pouvoir et relation

L’adulte prend le pouvoir en grande partie à travers les récompenses et les punitions qui sont des moyens de satisfaire ou non les besoins des enfants. Les promesses ainsi que le chantage sont également des moyens d’avoir le contrôle sur les enfants. (Gordon, 2013a, p.38-39)

En discipline positive, les encouragements, les conséquences naturelles et logiques ainsi que la recherche de solutions remplacent les récompenses et les punitions. Cela invite les enfants à vouloir changer leur comportement d’eux-mêmes sans y être forcés ou manipulés. D’autant plus que face au pouvoir, les enfants développent différents comportements : de la rébellion, de la rancune, des mensonges, de la soumission, des régressions etc. Et ce n’est pas tout ; ils osent également moins tenter de nouvelles expériences. (Gordon, 2013b, p.193)

Le pouvoir met donc à mal la relation. Comme le dit Gordon (2013a), « l’usage du pouvoir crée une relation spéciale entre deux personnes, l’une exerçant le pouvoir et l’autre y réagissant » (p.97). Or, en discipline positive, la relation est vraiment mise en avant. Il est donc incohérent que l’adulte cherche à user de son pouvoir sur l’enfant. Il est beaucoup plus intéressant d’être présent aux côtés de l’enfant et de l’influencer positivement.

Par contre, il est important de préciser que c’est l’adulte qui a le pouvoir de la relation. En effet, c’est toujours l’adulte qui détermine le type de relation qu’il instaure avec l’enfant. (C. Clivaz, communication personnelle [cours de didactique], 2018)

- Ce que pensent les EDE des impacts du pouvoir sur leur relation avec les

enfants :

Entretien 1 « L’enfant garde plus son libre arbitre si l’adulte propose ou influence positivement même si c’est clair qu’il y a des choses négociables et non négociables. Si l’enfant ne comprend pas vraiment ce qui est imposé, il va en souffrir mais s’il a confiance en toi c’est tout gagné car il faut qu’il puisse te voir comme un interlocuteur en qui il peut avoir confiance et à qui il peut parler. Cela va lui permettre de se construire, faire ses choix et aussi de t’écouter et se remettre en question. Parce que je pense que quelqu’un qui t’impose des choses même si elles sont justes on a moins envie de l’écouter. » (communication personnelle [Entretien 1], 16 août 2018)

Entretien 2 « Je pense que l’adulte est content car il est puissant, l’enfant lui obéit et il sait qu’il a le pouvoir. Ça marche assez bien. Mais je trouve vraiment dur pour l’enfant qui est soumis aux ordres de l’adulte. Cela doit être très frustrant. C’est vrai que si je me mets à sa place j’aimerais pas. » (communication personnelle [Entretien 2], 21 août 2018)

Entretien 3 « Plus il y a du contrôle moins la relation est bonne. Après on a quand même certaines responsabilités envers les enfants. Je trouve que la relation ne devrait pas être égalitaire car on ne peut pas dire que l’enfant est égal à l’adulte. Chacun a son niveau de conscience et ses réalités mais c’est important que chacun ait sa place et que ce soit démocratique » (communication personnelle [Entretien 3], 4

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10 septembre 2018)

On voit à travers ces interviews que le pouvoir met à mal la relation car l’adulte est au-dessus de l’enfant qui est soumis à lui ; ce qui peut provoquer de la frustration pour l’enfant. Une EDE précise même qu’elle n’aimerait pas être à la place des enfants. Une autre EDE précise que l’adulte ne peut pas être égal à l’enfant car il est responsable de lui. Il faut selon elle trouver le bon équilibre. La relation se porte beaucoup mieux quand l’enfant a confiance en l’adulte et le voit comme quelqu’un à qui il peut parler et non pas comme quelqu’un qui dirige, selon une EDE. Elles sont toutes d’accord sur le fait que plus il y a de pouvoir, moins la relation est bonne. Je suis entièrement d’accord avec le fait que chacun doit trouver sa place dans la relation et que l’enfant ne peut pas être l’égal de l’EDE. En effet, cette dernière est responsable de la qualité de leur relation mais aussi de la sécurité de l’enfant. Ils ne peuvent donc pas être totalement égaux. Par contre, selon moi, il n’est vraiment pas bon pour l’enfant que l’EDE profite de sa position pour le diriger. Je rejoins ce qu’a dit une EDE sur le fait que le pouvoir doit frustrer l’enfant. J’ajouterai qu’il risque aussi de créer un sentiment d’injustice et d’incompréhension chez l’enfant. Je trouve qu’il y a beaucoup d’autres manières d’éduquer l’enfant ; en l’impliquant dans la vie du groupe, en lui laissant faire des choix ou encore lui donner des responsabilités. En utilisant la discipline positive, je pense que les EDE peuvent améliorer l’autodiscipline des enfants et leur amener plus d’autonomie. Toutefois, l’adulte se doit d’allier la bienveillance et la fermeté quand il doit intervenir lors de situations problématiques car ce n’est pas pour autant que tout est permis.

2.3.5 Discipline

Afin de pouvoir définir ce qu’est la discipline positive, il faut déjà comprendre ce qu’est la discipline et quelle est l’étymologie de ce terme.

« Le mot « discipline » vient du latin discipulus/disciplini qui veut dire « celui qui suit la vérité, un modèle ou un principe » » (Nelson, 2014, p.34). On parle des disciples de Jésus ou encore de Platon qui était le disciple de Socrate. Ces personnes suivaient un modèle, une vérité.

La discipline est aussi vue comme l’ordre, le respect des règles et des autres personnes. Bien souvent, quand on entend le mot discipline, on l’associe au fait de discipliner les enfants. On pense que c’est la meilleure façon de mettre en avant son autorité. Or, le verbe discipliner veut dire maîtriser, soumettre à l’autorité. Nous voyons donc que cette discipline-là est imposée par l’extérieur et bien souvent quand cette source d’autorité extérieure est absente, les enfants ne suivent plus les règles (Gordon, 2013a, p.21-24). C’est pour cela qu’il est maintenant intéressant de s’intéresser à d’autres formes de discipline : l’autodiscipline (cf. point 2.3.6) et la discipline positive (cf. 2.3.7).

2.3.6 Autodiscipline

Pour parler de l’autodiscipline, je me suis essentiellement basée sur le livre Eduquer

sans punir : Apprendre l’autodiscipline aux enfants (Gordon, 2013a).

Thomas Gordon est un psychologue américain et élève de Carl Rogers. Cet homme a créé la méthode Gordon qui « propose une nouvelle approche de la communication, simple, efficace, et respectueuse des besoins de chacun ». Il s’est également basé sur ce qu’a fait Abraham Maslow. Gordon a aussi proposé des

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11 ateliers parents afin d’améliorer la communication entre les enfants et les parents. (L’atelier Gordon, S.d., Biographie de Thomas Gordon)

Définition

L’autodiscipline est une discipline qui vient de la personne elle-même ; elle n’est pas imposée de l’extérieur. Avec une discipline imposée, dès que la figure d’autorité a le dos tourné, les enfants se dissipent. Il n’en est pas de même avec l’autodiscipline car la motivation à suivre les règles vient de l’enfant. (p. 24-25)

Outils

Voici quelques outils qui aident à développer l’autodiscipline chez les enfants. D’autres techniques de l’autodiscipline (écoute active, donner des choix) seront développées plus loin car elles sont utilisées également en discipline positive (cf. point 2.3.7, outils).

Message « je »

Les messages « je » sont utilisés par les adultes pour dire à l’enfant que quelque chose ne leur convient pas. Ils permettent de donner son ressenti en expliquant à l’enfant les effets que cela a sur eux. Ils doivent être objectifs, précis, clairs et ne doivent pas véhiculer de jugement. Par exemple, quand l’EDE veut dire aux enfants qu’il y avait trop de bruit pendant le spectacle de marionnettes, elle peut utiliser cet outil en disant : J’aurais beaucoup apprécié de pouvoir regarder le spectacle avec vous dans le calme. Ainsi, elle communique ses sentiments aux enfants de manière compréhensible et non jugeante. (p.171)

Résolution de problème : la méthode sans perdant

Gordon (2013a) nous propose une méthode de résolution de conflit sans perdant. Cela change des méthodes habituelles où soit l’adulte est gagnant et l’enfant perdant (dans un style autoritaire) soit l’enfant est gagnant et l’adulte perdant (dans un style permissif). Avec cette méthode, l’adulte et l’enfant sont gagnants. (p.173-175)

Lors de conflit, il faut commencer par prendre conscience du problème et le verbaliser. Ensuite, « l’adulte demande à l’enfant de participer à la recherche commune de solutions acceptables pour l’un et pour l’autre. Chacun peut suggérer des solutions, qu’on évalue alors ensemble. Les deux parties choisissent la meilleure solution, puis décident comment l’appliquer » (p.176). Une fois mise en place, il est également intéressant d’évaluer les résultats de cette solution afin de savoir si elle a été utile (p.176-179). Apprendre ces étapes aux enfants et/ou les aider à les utiliser développerait leur autonomie. Pour aider les plus petits enfants, ceux qui ne parlent pas encore, l’adulte peut utiliser ces mêmes étapes. (p.189)

Acceptation

Pour Gordon (2013a), « accepter une personne telle qu’elle est constitue la seule façon d’amener cette personne à changer, de l’aider à résoudre ses problèmes, à se développer psychologiquement et à augmenter sa capacité d’apprendre » (p.199). Afin de montrer notre acceptation aux enfants, nous pouvons leur laisser prendre leurs propres décisions. Cela sous-entend que nous croyons en eux. Les enfants se sentent également acceptés quand nous sommes à leur écoute, quand nous nous intéressons à ce qu’ils nous disent, même si nous restons silencieux (p.199-202)

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12 Cette notion d’acceptation a également sa place en discipline positive. En effet, un point d’honneur est mis au développement du sentiment d’importance et d’appartenance de l’enfant.

2.3.7 Discipline positive

En ce qui concerne cette partie, beaucoup de mes sources ont été écrites par Jane Nelson. Cette mère de famille étudiante en développement de l’enfant s’est intéressée à la psychologie adlérienne. Elle l’a appliquée chez elle et les résultats étaient épatants. Elle a mis en place des projets adlériens avec d’autres parents et avec une école. En 1990, elle commence à travailler avec Lynn Lott, qui avait créé des programmes de formation pour les parents basés sur les principes d’Adler. Ensemble, elles ont fondé la « Positive Discipline Association » de façon à ce que leurs travaux puissent être suivis du monde entier. (Association Discipline Positive France, S.d., Comment tout a commencé)

Définition

Il est difficile de définir précisément ce que représente la discipline positive car elle englobe beaucoup de principes et d’outils. Dale Jones (2018), directeur d’écoles privées qui suivent cette discipline, parle de la discipline positive ainsi :

La Discipline Positive est une philosophie selon laquelle ce que ressent et pense l’enfant non seulement est important, mais doit être accueilli, pris en charge et intégré à la construction classique d’une journée scolaire afin que l’apprentissage ait un sens... C’est une démarche qui permet de transformer chaque facette de l’éducation en s’intéressant aux principes relationnels qui sont au cœur de notre façon de faire lorsque nous enseignons. (p.14-15) Sa définition est adaptée au milieu scolaire mais on peut très facilement l’adapter aux structures d’accueil.

Cette discipline est dite positive dans le sens où il faut « avoir un esprit d’ouverture permettant de voir les difficultés ou les erreurs comme des opportunités d’apprentissage ». (Discipline Positive, S.d., Ce qui est unique)

Les objectifs de la discipline positive sont de favoriser l’autonomie et la coopération et d’être efficace sur le long terme mais aussi « de partager au quotidien davantage de joie, d’harmonie, de coopération, de responsabilités, de respect mutuel et d’amour dans le rapport à l’autre » (Nelson, 2014, p.395). Dans cette méthode, il est primordial de commencer par créer un lien avec l’enfant pour pouvoir aller plus loin et l’impliquer dans la vie de l’institution. (Nelson, 2014, p.34-35)

Selon Nelson (2014), il existe des critères à reconnaître pour affirmer qu’une discipline est positive. Il faut faire preuve de bienveillance et de fermeté, développer le sentiment d’appartenance des enfants, renforcer leur confiance en eux et en leurs compétences, créer un lien avec eux. De plus, cette méthode est efficace sur le long terme, contrairement aux punitions (cf. point 2.3.7, Façons de réagir face aux comportements inappropriés des enfants). Enfin, elle « enseigne des compétences sociales et favorise le développement de personnalités agissant avec respect, intérêt pour les autres, responsabilité et coopération ». (Nelson, 2014, p.36-46)

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13  Fondements

Les fondements de la discipline positive proviennent des principes d’Adler, psychiatre autrichien qui « voulait créer une psychologie proche de la vie réelle qui permettrait à chacun de mieux comprendre l’autre ». (Nelson, 2014, p.53)

En voici quelques-uns selon Nelson (2014, p.83-84) :

- L’importance du sentiment d’appartenance, du respect et de l’égalité - Chacun doit trouver sa place dans la société et s’impliquer

- Tout le monde agit comme il le fait pour une bonne raison, même si les moyens utilisés ne sont pas toujours bien choisis

- Tout le monde peut changer car chacun est libre d’agir comme il le souhaite - L’encouragement aide au changement car il met l’accent sur les points forts

de l’individu et l’aide à prendre conscience de ses capacités  Principes

Plusieurs principes de la discipline positive rejoignent, entre autres, la pensée de deux pédagogues, Carl Rogers et Maria Montessori.

En discipline positive, un élément revient souvent : l’empathie. Cette dernière fait partie des trois attitudes fondamentales de Carl Rogers, docteur en psychologie et professeur à l’université. Grâce à l’empathie, nous pouvons essayer de comprendre ce que vit l’enfant. La congruence et le non-jugement sont les deux autres attitudes fondamentales que ce professeur cite. L’authenticité de l’adulte est également importante en discipline positive tout comme le respect mutuel. Rogers parle également d’accorder une considération positive inconditionnelle aux enfants, c’est-à-dire de les accepter tel qu’ils sont sans avoir de préjugés. En discipline positive et en autodiscipline on retrouve cela dans l’idée que l’enfant a besoin d’avoir un sentiment d’appartenance au groupe, d’être accepté et important pour le groupe, les parents, les EDE… (M. Luisier, communication personnelle [cours de pédagogie], 2016)

Certaines idées fortes de Maria Montessori peuvent également être mises en lien avec la discipline positive. Tout d’abord, un des rôles de l’adulte pour Montessori était d’aider l’enfant à développer son autonomie grâce à un environnement préparé et adapté, en laissant du libre choix aux enfants et en laissant l’enfant être acteur de son développement. On retrouve le fait d’encourager l’autonomie des enfants en discipline positive ainsi qu’en autodiscipline. Montessori parle également de l’importance de tenir compte des besoins des enfants. En discipline positive, le fait d’avoir créé un lien fort avec l’enfant et l’utilisation de l’écoute active permettent, entre autres, de mieux connaître les besoins profonds de l’enfant et donc de pouvoir y répondre. (M. Luisier, communication personnelle [cours de pédagogie], 2016)

Etablir un lien

Pour pouvoir influencer positivement un enfant, il faut tout d’abord avoir créé un lien avec ce dernier. Or, ce n’est pas en punissant et humiliant un enfant que l’on établit une relation saine avec lui. Le lien est créé si un sentiment d’appartenance, de valeur ainsi que de la confiance lient l’adulte et l’enfant. (Nelson, 2014, p.46) De plus, cela montre à l’enfant qu’il a de l’importance aux yeux de l’adulte (Nelson et al., 2018, p.119). Pour ce faire, adultes et enfants doivent changer leur vision des erreurs afin

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14 de les percevoir comme des opportunités de progression. De plus, l’adulte doit faire confiance aux enfants, les écouter, les prendre en compte et les impliquer dans la vie du groupe. Enfin, les adultes doivent permettre aux enfants de comprendre les conséquences qui peuvent découler de leurs choix. (Nelson et al., 2018, p.118-119) Selon la troisième personne que j’ai interviewée, si on ne crée pas ce lien d’abord, « tout ce qu’on essaie de mettre en place par-dessus ne servira à rien » (communication personnelle [Entretien], 4 septembre 2018). Cela rejoint, en effet, ce que dit la théorie sur la discipline positive : le lien est essentiel et tant qu’il n’est pas créé, on ne pourra pas éduquer l’enfant (Nelson, 2014, p.46).

Je suis entièrement d’accord avec cette affirmation. J’ai pu le voir en stage ; avant de pouvoir intervenir auprès des enfants, j’ai toujours eu une période d’adaptation pendant laquelle nous apprenions à nous connaître en créant un lien. Sans cela, les enfants n’auraient pas eu confiance en moi et auraient certainement été déstabilisés. Attention, je ne dis pas que dès que le lien est créé, tout fonctionne parfaitement ! je trouve juste que sans ce lien il est impossible d’aller plus loin dans l’éducation des enfants.

Communiquer de façon respectueuse

Dans la discipline positive, il est essentiel d’utiliser une communication respectueuse afin de prendre soin de la relation entre l’enfant et l’adulte. La valorisation de leurs capacités et leurs idées leur montre que l’on croie en eux et consolide la relation. (Nelson, 2014, p.134-144)

Pour que le respect règne, il est essentiel de se rappeler que l’enfant n’est pas un adulte, ce qui signifie qu’il n’a pas toujours la maturité nécessaire pour adopter un comportement adéquat face à une situation. L’adulte devrait comprendre et accepter le fait que l’enfant puisse avoir un point de vue différent du sien. L’enfant se sent donc accepté et respecté. (Nelson et al., 2018, p.135-144)

L’enfant doit, lui aussi, respecter l’adulte. En effet, pour avoir une communication respectueuse, il faut que ce soit mutuel. Chacun doit donc avoir confiance en lui et en autrui ainsi que reconnaître non seulement les points forts et faibles des autres mais également les siens. De plus, faire preuve d’empathie permet de se mettre à la place de l’autre et de comprendre ses ressentis. (Nelson, 2014, p.227-228)

Faire respecter les règles

L’enfant a besoin d’un cadre de vie stable et réfléchi ; d’avoir des repères. Cela participe à sa sécurité affective. Les règles sont essentielles pour permettre à l’enfant d’apprendre à se comporter de manière acceptable en société. En discipline positive, les adultes impliquent les enfants dans leur élaboration et leur mise en place. Il est intéressant de commencer par parler et réfléchir avec eux de celles dont nous avons besoin, dans quel but, ainsi que comment faire pour les suivre. Les enfants sont donc considérés comme étant importants et sont responsabilisés s’ils peuvent participer à leur conception. Ils les respecteront plus facilement. Pour les plus jeunes, les parents vont décider seuls des règles. Quand un enfant transgresse, le parent peut utiliser les questions de curiosités (cf. point 2.3.7, outils) et rappeler la règle à l’enfant. Ainsi l’adulte agit de manière ferme et bienveillante, point nécessaire pour qu’une discipline soit positive. (Nelson, 2014, p.42-44)

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15 Les enfants testent parfois les limites des adultes. Ils le font car ils ont besoin de savoir jusqu’où ils peuvent aller, jusqu’où leur comportement reste acceptable. D’une fois qu’ils le savent, ils peuvent s’adapter les prochaines fois. Dans le fond, les enfants veulent apprendre à se limiter seuls, en toute autonomie. (Gordon, 2013b, p.203-205)

Je pense que le fait d’allier bienveillance et fermeté dans notre réponse face à un comportement inapproprié d’un enfant l’encourage à faire mieux la fois suivante.

Encourager

« Encourager, c’est savoir se centrer sur les forces et les ressources de l’enfant afin que le versant positif transforme notre regard jusqu’à occuper tout l’espace. » L’important est donc de se focaliser sur l’évolution de l’enfant plutôt que de viser un idéal. Les enfants ont besoin de temps pour assimiler et intégrer les différents apprentissages. Les adultes doivent le comprendre et laisser ce temps aux enfants. On ne peut pas tout apprendre d’un seul coup, c’est un processus qui dure toute la vie. (Nelson, 2014, p.235)

Développer l’autonomie

Permettre aux enfants de faire des choix, de s’impliquer dans la vie du groupe et de participer aux décisions développe leur sens des responsabilités et leur autonomie. Bien sûr, il faut que les options des choix soient respectueuses et encadrées afin qu’elles conviennent à l’adulte. Toutefois, il est également intéressant de laisser l’enfant apporter ses suggestions, il sera d’autant plus motivé ! (Nelson, 2014, p.391-393)

L’adulte doit faire preuve d’empathie sans pour autant faire à la place de l’enfant. Par contre il peut lui donner des renseignements qui l’aideront à réaliser ce défi. Pour ce faire, nous pouvons utiliser la formule « c’est parfois utile de ». Par exemple, quand un enfant a de la peine à faire son puzzle, on peut lui dire : c’est parfois utile de commencer par les bords. (Faber & Mazlish, 2012, p.198-200)

Il est également intéressant de montrer aux enfants que des ressources extérieures (infirmière scolaire, bibliothécaire, internet…) sont disponibles pour l’aider. L’enfant pourra se tourner vers eux et donc se prendre en main dans certaines situations. (Faber & Mazlish, 2012, p.203)

Enfin, plutôt que de toujours dire non aux enfants et donc de leur paraître comme rentrant dans un rapport de force, nous avons plusieurs alternatives qui leur permettent de faire preuve d’autonomie : leur donner des renseignements, faire preuve d’empathie ou décrire le problème. (Faber & Mazlish, 2012, p.206-207)

Il faut également savoir s’adapter aux besoins et intérêts des enfants, parfois aussi suivre leurs initiatives (communication personnelle [Entretien], 16 août 2018). On voit ici que l’autonomie peut être également liée au fait d’impliquer les enfants. Je trouve qu’il est important de suivre les besoins et intérêts des enfants, dans la mesure du possible bien entendu. Cela demande encore une fois d’avoir créé un lien avec l’enfant afin de reconnaître ses besoins et de savoir ce qui l’intéresse. Quant au fait de ne pas dire non à ses initiatives, je trouve cela génial. De ce que j’ai pu voir lors de mes stages, le fait de partir des idées des enfants et de leurs initiatives les implique, les motive et les rend fiers. De plus, je trouve qu’il faut du courage, mais aussi de la confiance en soi et envers les autres pour oser proposer ses idées. Il est clair que l’on ne peut pas toujours suivre les initiatives des enfants mais dans ces

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16 cas-là, je trouve qu’il faudrait valoriser la démarche et expliquer à l’enfant pourquoi son idée n’est pas réalisable à ce moment-là. Les astuces citées dans la théorie, comme donner des renseignements ou faire preuve d’empathie peuvent tout à fait être utilisés dans ce genre de situation.

Se centrer sur le positif

Chaque situation, même problématique, est une opportunité d’apprentissage pour l’enfant si l’adulte arrive à la voir comme telle. Avec cette vision positive, l’adulte s’énervera moins. Il préférera trouver un moyen de transformer un comportement inapproprié en permettant à l’enfant d’en tirer des connaissances. (Nelson, 2014, p.403)

Faire confiance aux enfants

Dans la même idée, on devrait partir du principe que chacun agit comme il le fait car il croit bien faire. Tous les enfants veulent se sentir importants, appartenir au groupe et réussir. Si on se retrouve face à un comportement inapproprié, c’est sûrement que l’enfant n’a pas pris le bon chemin pour atteindre son objectif mais cela ne veut pas dire qu’il voulait mal faire. Cela signifie simplement qu’il n’a pas encore les outils, les connaissances et la maturité nécessaire pour résoudre son problème autrement. A nous de l’aider à y parvenir. (Nelson, 2014, p.405)

Exprimer de l’attention bienveillante (amour inconditionnel)

En discipline positive, tout comme en autodiscipline, la notion d’acceptation est très importante et aide à créer un lien solide. Nelson (2014), confirme :

Faire passer le message d’amour inconditionnel (parents) ou d’attention bienveillante (enseignants) est l’essence même de ce qui construit le lien, dans la fermeté et la bienveillance. Le message ou l’acte qui permet la connexion est souvent ce qui inspire le changement et tourne résolument l’enfant vers les solutions et vers demain. (p.409)

L’enfant a besoin de savoir qu’il a de la valeur pour l’adulte et qu’il sera toujours accepté par ce dernier peu importe ce qu’il fait. (Nelson, 2014, p.406)

Objectifs mirages

En discipline positive, on pense qu’il est vraiment essentiel de changer notre vision afin de voir les comportements inappropriés comme seul moyen que l’enfant a trouvé pour exprimer son besoin d’appartenance. (Nelson, 2014, p.152-153)

Il faut être prêt à accepter que l’adulte a une part de responsabilité quant au comportement de l’enfant, ce qui permet à l’adulte de se remettre en question, de modifier ses réactions par rapport à l’enfant et donc d’aider l’enfant. De plus, les comportements inappropriés sont des opportunités d’apprentissage si nous les transformons comme telles. (Nelson, 2014, p.11-113)

Pour Nelson et al. (2018), quand un enfant a un comportement inapproprié, cela signifie qu’il est découragé. Son but ou « objectif mirage » peut être « accaparer l’attention, avoir le pouvoir, prendre une revanche, confirmer sa croyance d’incapacité ». Ce sont donc ces objectifs qui poussent l’enfant à agir de façon inappropriée. (p.91)

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17 Quand l’objectif mirage de l’enfant est d’accaparer l’attention, il perturbe le groupe, interrompt les autres ou fait l’intéressant. L’adulte est agacé par ces comportements mais, pour y répondre au mieux, il doit chercher à comprendre ce qui se cache derrière cet objectif : l’enfant a besoin qu’on le remarque et qu’on l’implique. L’adulte peut, pour y remédier, prendre un moment avec l’enfant pour trouver une façon acceptable de demander cette attention. Pour prévenir ces comportements, l’adulte peut utiliser le temps dédié ou proposer à l’enfant de s’impliquer dans certaines situations. (Nelson et al., 2018, p.96)

Quand un enfant provoque, cherche à prendre le contrôle des autres ou conteste tout ce que dit l’adulte, il est fort possible qu’à travers ses comportements il cherche à dire qu’il veut aider, qu’il veut pouvoir faire des choix. On est ici dans l’objectif mirage « prendre le pouvoir ». Quand cela arrive, il est important de ne pas se battre ou céder mais plutôt de prendre un temps de pause. L’adulte peut aussi donner un pouvoir positif à l’enfant par exemple en lui demandant de l’aide. Par exemple, si un enfant provoque l’adulte car il ne veut pas participer au rangement, l’adulte peut lui proposer d’être le chef du rangement de l’espace dînette. L’enfant sera encouragé a ranger et son besoin de pouvoir sera comblé. Pour éviter ce genre de comportements, il faut proposer aux enfants de s’impliquer, les laisser faire des choix et développer le respect mutuel. (Nelson et al., 2018, p.96) Ce qui est important ici est de préserver la relation (Nelson, 2014, p.120).

Vient ensuite l’objectif mirage « prendre une revanche », au travers duquel l’enfant cherche à dire qu’il souffre. Il se comporte donc de manière blessante, abusive ou encore grossière. Bien que l’adulte puisse se sentir blessé, il devrait avant tout consolider la relation en validant les émotions de l’enfant et chercher à savoir de quoi il se venge. Si l’adulte est en cause et que des excuses ont lieu d’être, il doit les faire. Il peut également apprendre à l’enfant à s’excuser. Il est important que l’adulte soit honnête dans ses paroles. Il est aussi important de trouver une solution avec l’enfant pour résoudre le problème. (Nelson, 2014, p.121). Cela peut, par exemple, se faire grâce à la méthode sans perdant (cf. point 2.3.6, outils). Le fait de développer une relation de confiance avec l’enfant, de parler en utilisant le pronom « je » plutôt que le « tu » et de montrer à l’enfant qu’il a de l’importance pour nous prévient ce type de comportements.

Le dernier objectif mirage est « confirmer sa croyance d’incapacité ». Il se manifeste chez l’enfant par du retrait, de l’indifférence, du pessimisme. Face à lui, l’adulte peut se sentir démuni et inefficace. Mais par ce comportement l’enfant cherche à dire à l’adulte de ne pas le lâcher. Rappeler à l’enfant ses succès, lui montrer dans quoi il est fort, lui faire part de la confiance que l’on a en lui sont de bonnes solutions dans ce genre de cas. Comme moyens de prévention, on trouve le fait de donner des responsabilités à l’enfant, lui faire savoir que l’on croit en lui ou encore apprendre aux enfants que la perfection n’est pas le but recherché. Toutes ces astuces vont aider l’enfant à développer une meilleure estime de lui. (Nelson et al., 2018, p.96)

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- Les comportements inappropriés vus par les EDE

Causes des comportements inappropriés

Entretien 1 « Il y a tellement de raisons, il y a autant de raisons que d’enfants. Parfois ça peut être pour dire quelque chose à l’adulte, une injustice ou un besoin d’attention… » (communication personnelle [Entretien 1], 16 août 2018)

Entretien 2 « Il peut y avoir beaucoup de raisons (jalousie, besoin d’attention, faim, sommeil…). On nous a tellement dit qu’un enfant ne peut pas faire de caprice mais au fond de moi je me dis qu’il fait ça juste pour m’embêter même si je sais que non » (communication personnelle [Entretien 2], 21 août 2018)

Entretien 3 « J’avais suivi un cours sur le child coaching. Donc c’est souvent pour attirer l’attention ou car ils n’ont pas d’autres moyens d’entrer en interaction de manière positive. » (communication personnelle [Entretien 3], 4 septembre 2018)

Ce qui ressort ici, c’est qu’il y a une multitude de raisons qui font qu’un enfant a un comportement inapproprié (injustice, besoin d’attention, besoin physiologique, recherche d’interaction...). Toutes ces raisons peuvent être classées dans les 4 catégories d’objectifs mirages (accaparer l’attention, prendre le pouvoir, prendre une revanche, confirmer sa croyance d’incapacité). Une EDE relève aussi le fait que parfois elle se dit intérieurement que l’enfant agit de cette manière pour l’embêter, bien qu’elle sache que ce n’est pas le cas.

Personnellement, il m’est déjà arrivé de me dire qu’un enfant avait un comportement inapproprié juste pour m’embêter. Ma vision a changé en faisant ce travail et en découvrant les objectifs mirages. Je me rends compte que les enfants ne veulent pas mal faire. J’ai envie de réussir à reconnaître les différents objectifs mirages qui se cachent derrière le comportement des enfants car je trouve que cela permet de mieux les comprendre et de les aider à trouver comment atteindre leur objectif de manière acceptable. Cela me permettrait aussi de prévenir certains comportements inappropriés en utilisant des astuces de la théorie comme consolider la relation, donner des responsabilités aux enfants, les impliquer davantage, valider leurs émotions… Je pense qu’il serait aussi intéressant d’analyser en colloque différentes situations problématiques à l’aide de ces objectifs. Cela pourrait changer la vision que l’on a d’une situation ou d’un enfant ; Sous un autre angle, on peut trouver de nouvelles solutions.

Outils

Ecoute active

L’écoute active a une place primordiale dans la connexion avec l’enfant. C’est une preuve de respect et de reconnaissance. Mais il ne faut pas juste écouter. Le but ici est de se centrer sur ce que l’enfant nous communique. Pour créer un lien entre l’adulte et l’enfant, il est conseillé de valider les émotions et sentiments de l’enfant mais aussi de partager avec lui nos sentiments. Cela permet à l’enfant de sentir qu’il a de la valeur pour l’adulte. A travers l’écoute, nous pouvons collaborer avec les enfants afin de trouver des solutions ensemble s’ils ne les trouvent pas seuls. Nous

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19 pouvons aussi utiliser des questions de curiosité ou encore passer un « temps dédié » avec eux (cf. paragraphes suivants). (Nelson, 2014, p.47-48)

L’écoute active est également possible avec de très jeunes enfants en utilisant le non verbal. Pour ce faire, il faut tout d’abord apprendre à interpréter le comportement de l’enfant, ce qu’il dit de lui et de ses besoins. L’adulte, en répondant aux besoins ainsi qu’en faisant preuve d’empathie crée un lien avec l’enfant. (Gordon, 2013b, p.115-118)

Questions de curiosité

Ces questions, formulées par l’adulte, ont pour but de permettre à l’enfant de se questionner sur les conséquences de ses choix (Que penses-tu mettre en place pour résoudre ce problème ? Comment ferais-tu différemment une prochaine fois ?). Pour que cet outil fonctionne il est important de ne pas prévoir de plan de questions dans sa tête mais d’être vraiment à l’écoute de l’enfant. Il est impératif d’attendre un moment calme pour poser ces questions sinon l’enfant ne peut pas se concentrer sur le questionnement. (Nelson, 2014, p.203-205)

Temps dédié

Le temps dédié est un moment que l’adulte passe seul avec l’enfant, un moment privilégié. L’enfant se sent ainsi important aux yeux de l’adulte qui prend quelques minutes de son temps rien que pour lui et qui s’intéresse à lui. Ce ne doit pas être un temps imposé mais un temps de plaisir. Il permet aussi de répondre au besoin d’attention des enfants. En structure d’accueil, nous ne pouvons pas passer des heures seules avec un enfant. Par contre, nous pouvons nous concentrer quelques minutes sur un enfant. La qualité de ce moment privilégié est bien plus important que la durée de celui-ci. (Nelson, 2014, p.220-224)

Coopération

Dans la discipline positive, il est important que l’enfant coopère avec l’adulte. Cela développe leur relation, permet à l’enfant de s’investir, d’avoir des responsabilités mais aussi de devenir plus autonome. Il existe « 4 étapes pour gagner la coopération des enfants » : exprimer de la compréhension vis-à-vis des émotions et ressentis de l’enfant, faire preuve d’empathie, de sincérité et de bienveillance envers ce que l’enfant traverse, partager ses ressentis d’adulte avec l’enfant (facultatif) et enfin, aider l’enfant à trouver une solution en lui demandant ce qu’il pense faire. Si l’enfant n’a pas d’idées l’EDE peut lui en proposer quelques-unes et ils peuvent y réfléchir ensemble. (Nelson, 2014, p.66)

Pour encourager l’enfant à s’investir, il y a encore plusieurs autres astuces explicitées à travers un exemple. Les enfants sont sortis jouer dans la terre. Un enfant rentre dans la crèche pour aller aux toilettes. Il avait les chaussures pleines de boue et a sali le sol du vestiaire avant de les retirer. En premier lieu l’EDE devrait décrire le problème ; « je vois qu’il y a des chaussures pleines de boue au vestiaire ». Cette phrase n’est pas accusatrice, elle ne vise pas un coupable. Elle est objective et est centrée sur ce qui compte ; le problème et comment le résoudre. Ensuite l’EDE peut poursuivre en donnant des renseignements ; « ces chaussures salissent le vestiaire ». A travers ces mots, l’EDE montre qu’elle fait suffisamment confiance aux enfants et qu’elle les pense capables de réparer le problème. Ils sont donc responsabilisés. L’EDE pourrait également n’utiliser qu’un seul mot pour susciter la coopération des enfants ; « Les chaussures ! » ou encore « La boue ! ».

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