• Aucun résultat trouvé

Mégalithes actuels aux Indes

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Mégalithes actuels aux Indes"

Copied!
5
0
0

Texte intégral

(1)

Article

Reference

Mégalithes actuels aux Indes

SAUTER, Marc-Rodolphe

SAUTER, Marc-Rodolphe. Mégalithes actuels aux Indes. Archives suisses d'anthropologie générale , 1948, vol. 13, p. 81-84

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:95797

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

1 / 1

(2)

NOUVELLES

Sr

Mégalithes actuels aux Indes

Le mégalithisme n'a pas cessé de susciter la curiosité des préhistoriens et des ethnographes, sans compter les demi-savants en mal de théories plus ou moins sérieuses. Il faut donc être reconnaissant à ceux qui cherchent, par l'étude des coutumes en rapport avec l'érection de mégalithes, à projeter quelque lueur dans le passé. M. W. Koppers est de ceux-ci. D'un séjour de trois mois (en 1939) au nord-ouest des Indes centrales, séjour consacré surtout à l'étude de la tribu des Bhils qui habitent les flancs des Monts Vindhya et Satpura (fig. 1), il a rapporté une foule d'observations, utilement complétées par les renseignements du mission­

naire hollandais L. Jungblut S.V.D. Il en fait la matière de plusieurs articles, dont nous voulons considérer celui qui concerne les mégalithes; comme il a paru dans une revue certainement peu connue de nos lecteurs, ceux-ci nous sauront gré d'en faire état assez 'longuement 1.

Monuments aux morts chez les Bhils et chez d'autres tribus primitives aux Indes centrales, contribution à l'étude du problème des mégalithes: étudiant les documents de peuplades non aryennes, primitives, de l'Inde, l'auteur cherche à établir leurs

1 W. KOPPERS, l'vfontt,nt!nts of the dead of the Bhils and othcr primitive tribes ùt Central lndia. A contribution.

to the stu.dy of the niega.lith. problem. Annali Lateranensi, VI, Cité du Vatican, I942, pp. x17-:rn6, 61 fig, et t carte:

(3)

raisons, leurs origines, leurs dérivations et leurs significations, ce qui l'amène à consi- dérer leurs relations avec les mégalithes pré-et protohistoriques de l'Europe.

Sur le territoire des Bhils, on trouve le long des chemins et aux environs des villages, des stèles, nommées gala (signes mémoriaux) presque toujours en pierre, de dimensions plutôt faibles (hauteur max. r.20 m.), et dans la presque totalité des cas, décorées d'une représentation humaine à.

Fic. r. - Carte de l'Inde septentrionale et centrale, montrant la position des Bhils et des peuples voisins

(d'après Koppers).

cheval ou à pied, parfois double (fig. 2). Ces gata, qui sont alignés, face à l'Est, sont érigés en mémoire des Bhils d'un certain rang social.

L'érection n'en est pas obligatoire.

Au cours de la fête qui accompagne l'érection de ces stèles, on chante des chants de mariage, on sacrifie une chèvre, dont le sang inonde Je gala, on boit et on festoie. Chaque année, Je jour de fête d'adoration des gata, appelé Je « sombre qua- torzième» (car il suit de deux semaines le « Divali "• fête des lumières, en octobre) se passe en scènes de transe, sous l'influence de l'esprit du mort, en sacrifice et en prières.

Il faut souligner le fait que les gata ne sont pas dressés sur les tombes des morts qu'ils commémorent, ni dans ou près d'un lieu de culte. Les Rajpoutes qui entourent les Bhils possèdent aussi des stèles (Sira, images), plus soi-

gnées, et avec cette différence curieuse qu'elle ne figurent jamais des cavaliers. Ce qui est d'autant plus étonnant qu'à l'encontre des Bhils qui n'ont pas de chevaux, ils sont éleveurs.

Même chez les Bhils, il y a des variantes dans Je nom, la technique et les cérémonies des stèles mémoriales qui sont parfois accompagnées d'un monument en bois; du reste on trouve parfois de simples · poutres dressées et sculptées.

Ajoutons que dans un territoire missionnaire, les gala ont été christianisés par l'adjonction de symboles ou d'inscrip- tions, qui remplacent les symboles solaires et lunaires habi- tuellement placés au-dessus des figures humaines.

Il est probable que les Bhils ont emprunté la coutume des stèles mémoriales, des symboles et des inscriptions qu'ils y sculptent, aux Gujars, leurs voisins septentrionaux, et, en partie aussi aux Rajpoutes. La pauvreté des rites qui accom- pagnent cette coutume, chez ces Bhils, s'expliquerait ainsi, car « il est certainement impossible d'attribuer aµx Bhils une tradition indigène d'érection de monuments aux morts"·

Fic. 2. - Un gato typique des Bhils (d'après une photographie de Koppers).

La comparaison que l'auteur élargit, grâce à la littérature publiée sur ce sujet, confirme qu'il s'agit là d'un emprunt.

Chez les H:orku, les stèles en pierre sont remplacées par des piliers en bois, les munda, qu'on érige au. cours d'une longue cérémonie appelée sidoli. Plusieurs faits

(4)

montrent que la coutume est plus profondément ancrée chez cette population munda.

Nous ne voulons pas suivre plus loin l'auteur dans son enquête chez les autres tribus primitives de l'Inde centrale (Mundas, Gonds), où les monuments funéraires du type décrit se retrouvent avec intensité. Nous arrivons aux conclusions que tire M. Koppers, de ces comparaisons détaillées, et dont voici, résumées, les principales.

Les Bhils ont emprunté aux peuples voisins plus civilisés (Rajpoutes, Gujars) la coutume des stèles mémoriales funéraires à décor. Il ne semble pas qu'ils aient eu jadis de pierres funéraires aniconiques, du type munda et gond. « Si cette supposition est correcte, nous devons classer les Bhils, au moins provisoirement, comme peuple non mégalithique. » Ils appartiendraient à un groupe primitif qu'on peut qualifier de prédravidien ou de prémunda.

La question se pose alors de savoir à quel groupe humain se rapporte originellement la civilisation mégalithique. Certainement pas aux populations anciennes de la civili- sation de !'In.dus (3• millénaire) ni aux Aryens immigrés aux Indes. « Il est clair que les Indiens Aryens n'ont emprunté à cette civilisation mégalithique que les éléments qui leur convenaient, tels que les monuments aux personnes de haut rang social, dont ils ont pu faire dériver leurs pierres de héros. »

Chez les Gonds dravidiens et les Mundas austro-asiatiques, on-ne peut affirmer que le mégalithisme soit autochtone; le seul fait de la présence simultanée chez deux groupes aussi distincts doit inciter à la prudence. On voit que Je problème s'élargit !

« Nous devons nous contenter de suggérer que les vagues d'immigration des popula- tions austronésiennes qui passèrent par l'Inde postérieure pourraient représenter le troisième élément par lequel les indigènes de l'Inde centrale ont été touchés et influen- cés. » L'auteur émet quelques considérations finales dont il vaut la peine d'extraire quelques-unes.

Le motif qui ferait ériger les stèles mémoriales serait celui-ci: les esprits du mort y trouvent un lieu de repos, cessant ainsi d'importuner toute la famille; ces esprits n'aiment pas séjourner sur le sol.

« Nous avons maintes fois noté qu'un changement dans la matière dont sont faits les monuments (bois au lieu de pierre ou vice-versa) était accepté comme allant de soi.

Ce point n'est pas sans signification pour les préhistoriens dans les cas où l'on pourrait peut-être trouver des trous dans une distribution par l'emploi (et la décomposition) d'un matériau moins durable. »

« Dans l'Inde centrale les monuments mégalithiques sont partout en rapport avec le culte du mort. » Ce qui n'exclut pas un emploi simultané profane (limite de village, etc.).

Les relations du mégalithisme (menhirs) avec le culte phallique semblent prouvées, pour le territoire considéré.

Envisageant les rapports qui pourraient exister entre les mégalithes de l'Orient et ceux d'Europe, M. W. Koppers croit pouvoir confirmer que les menhirs européens avaient aussi une signification funéraire, même s'il est prouvé - comme c'est le cas - qu'ils ne se dressaient pas au-dessus d'une tombe. Nous avons plus de peine à com- prendre le raisonnement qui termine: « On regarde actuellement la fin du Néolithique et le début de l'âge du Fer comme la période pendant laquelle l'emploi de mégalithes s'est répandu et a atteint son développement maximum; si nous considérons l'état de développement des peuples de l'Inde centrale qui érigent des mégalithes nous avons

(5)

la nette impression que là aussi on peut établir une analogie. Puisque ni les tribus les plus primitives (« Altstamme ») ni la civilisation de !'Indus, ni les Indo-Aryens ne peuvent être considérés comme les véritables représentants de la civilisation mégali- thique de l'Inde centrale, il ne reste, historiquement parlant, qu'un « niveau moyen auquel on puisse attribuer ces monuments. ;, De cette analogie à une parenté, l'auteur de faire le pas, sans affirmer par là une relation génétique directe.

C'est par cette intéressante hypothèse que M. W. Koppers termine son mémoire, si utile et si plein d'enseignements.

M.-R. S.

Références

Documents relatifs

Décomposer chaque nombre compris entre 3 et 31 en somme de puis- sances de 2 en utilisant le document : la somme des nombres présents dans les disques colorés doit être égale au

[r]

À partir de cette description, Lévi-Strauss identifie un modèle de politique étrangère fondé sur « la continuité entre la notion de guerre et la notion de commerce, celle

Travailler la résolution de problèmes en classe à partir d’Ateliers de Compréhension.

Un dolmen est un monument constitué d’un ou plusieurs blocs de pierre, qui a la forme d’une table.. Les pierres sont simplement

Ailleurs, non loin de notre DGER, vous pourrez à l’occasion d’une visite admirer la frise de la face de l’école militaire ou figure en premier le nom de Cauchy, en 9 e position

Combien de chaussettes prendre pour être sûr d'avoir au moins une paire assortie?. Si je prends 18 chaussettes ou moins, je cours le risque qu’elles soient

En effet, on ne peut envisager un bou- leversement dans des domaines aussi différents que la science des matériaux, l’électronique et les technologies de l’information, la biologie,