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ARTICLE ORIGINAL
Surveillance et adaptation de la stratégie thérapeutique en cas de progression de la maladie dans le cancer de la prostate
avancé : résultats d’une enquête nationale
Management of a progressing prostate cancer: results of a national study
F. Rozet
a,∗, M. Roupret
b, C. Hennequin
c, C. Massard
d, P. Blanchard
d, S. Le Moulec
eaInstitutMontsouris,universitéParisDescartes,42,boulevardJourdan,75014Paris,France
bHôpitalPitiéSalpêtrière,Assistancepublique—HôpitauxdeParis,facultédemédecine Pierre-et-Marie-Curie,universitéParis6,47—83,boulevarddel’Hôpital,75013Paris,France
cHôpitalSt-Louis,universitéParisDiderot,1,avenueClaude-Vellefaux,75010Paris,France
dInstitutGustave-Roussy,114,rueÉdouard-Vaillant,94800Villejuif,France
eInstitutBergonié,229,coursdel’Argonne,33000Bordeaux,France
Rec¸ule30janvier2017 ;acceptéle15f´evrier2017 DisponiblesurInternetle6avril2017
MOTSCLÉS Cancerdela prostate;
Hormonothérapie; PSA;
Survie
Résumé
Introduction.—L’arrivéedenouveauxtraitementsducancerdelaprostatemétastatiquerésis- tantàlacastration(CPRCm)impliqueunesurveillancerapprochéedespatientspouradapter lastratégiethérapeutiqueencasdeprogression.Danscecontexte,uneenquêtenationalea étéproposéeparungrouped’expertsafind’identifier lesmodalitésdela surveillancedans différentessituationscliniques.
Méthodologie.—Unquestionnaireaétédiffuséeauprèsde1464urologues,oncologuesmédi- caux et radiothérapeutes en France à propos d’un cas clinique de cancer de la prostate (CaP)avecrécidivebiologiqueaprèsprostatectomietotalejusqu’austadedeCPRCm.Lesdix questionsconcernaientlesmotifsdechangementdetraitementliésàuneprogressionetles modalitésdesurveillancedelamaladie.
∗Auteurcorrespondant.
Adressee-mail:francois.rozet@imm.fr(F.Rozet).
http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2017.02.001
1166-7087/©2017ElsevierMassonSAS.Tousdroitsr´eserv´es.
Résultats.—Au total, 318 questionnaires ont étéanalysés (taux de réponse de 22 %). Les résultatsindiquaientdespratiquesrelativementhomogènesentrelesdifférentesspécialités, mêmesiunrythmedesurveillanceplusfréquentétaitrapportéparlesoncologuesmédicauxet radiothérapeutes.Lepatientenprogressionaprèsuneprostatectomietotalebénéficiaitd’une surveillancecliniqueetbiologiquetousles3ou6moisetlesexamensd’imagerieétaientfaits àlademande.Aufuretàmesuredel’évolutiondelamaladie,lasurveillancedevenaitplus rapprochéeet systématique,avec des examensd’imagerie réalisés tousles 3mois ouàla demande.Alorsqueladéfinitiond’uneprogressiondelamaladieavecchangementdutraite- mentreposaitessentiellementsurletauxdePSAaudébutdelarésistanceàlacastration,elle associaitensuitedifférentscritères,cliniques,biologiquesetradiologiques.
Conclusions.—Lesrecommandationsdisponiblessurlesmodalitésetlerythmedesurveillance du CPRCm sont peu nombreuses. Dans la communauté onco-urologique, le rythme de sur- veillances’intensifiaitaufuretàmesuredelaprogressiondelamaladie.
Niveaudepreuve.— 4.
©2017ElsevierMassonSAS.Tousdroitsr´eserv´es.
KEYWORDS Prostatecancer;
Hormonotherapy;
PSA;
Survival
Summary
Introduction.—Theintroductionofnewtreatmentsinmetastaticcastrationresistantprostate cancer(mCRPC)requiresaclosefollow-uptodetectaprogressionandthentoadaptthetreat- ment.Inthatcontext,anationalsurveywasproposedtoagroupofexpertsandtheaimwas toidentifythemodalitiesofsurveillanceindifferentclinicalsituations.
Methods.—A questionnairewassentto1464urologists,medicaloncologistsandradiothera- pists,aboutaclinicalcase;itwasaboutapatientpresentingaprostatecancer,evolvingfrom abiologicprogressionafterradicalprostatectomytoasituationofmetastasisresistanttothe castration.Thequestionnairecontained tenquestionsaboutreasonsofchanging treatment becauseofprogression,andaboutmodalitiesofthefollow-up.
Results.—A total of318 questionnaireswere analyzed (responserateof 22%). The results showedcomparablepracticesbetweenthedifferenttypesofspecialists,evenifamorefrequent rhythmofsurveillancewasreportedbymedicaloncologistsandradiotherapists.Atprogression afterradicalprostatectomy,aclinicalandbiologicalsurveillancewasgenerallyrealizedevery 3or6months,andimagingexamsweredoneondemand.Then,asthecancerprogresses,the surveillancebecamesystematicandmoreandmoreclose,withimagingdoneevery3months oron demand. Whilethe definition of progressionwas essentially based on PSAtesting at thebeginningofthecastrationresistance,itthencombinesdifferentclinical,biologicaland radiologicalcriteria.
Conclusions.—Therearefewrecommendationsavailable aboutfollow-upofpatientswitha mCRPC.In that survey,theoncologists andurologistsreported amore intensive rhythmof surveillanceastheprostatecancerprogresses.
Levelofevidence.—4.
©2017ElsevierMassonSAS.Allrightsreserved.
Introduction
Le développement de nouvelles thérapeutiques dans le traitement du cancer de la prostate (CaP) résistant à la castration(CPRC)amodifiélapriseenchargedespatients avecla possibilitéaujourd’huid’envisager plusieurs lignes detraitement.Plusieurstraitementsontétéassociésàdes améliorationssignificativesdelasurvieglobale:lachimio- thérapieetlesagentsciblantlavoiedesandrogènes(ACVA).
Pourlechoixdutraitementde1re lignedesCPRCmétasta- tiques,lesrecommandationsdel’EAU(EuropeanAssociation ofUrology)2016 préconisentlaprise encomptedel’état
général (évalué par le Performance Status), de la symp- tomatologie, des comorbidités et du profil évolutif de la maladie pour envisager le traitement le plus adapté. Ces recommandationsproposentunrythmedesurveillanceàce stadedelamaladie,baséesdavantagesurdesavisd’experts quesurdesdonnéesplusrobustes,avecunsuivicliniqueet biologiquetousles2à3moisetunsuiviradiologique(scin- tigraphie osseuse et scanner abdominopelvien) au moins tous les 6 mois en l’absence d’indication spécifique [1].
Cerythmedesurveillanceestdifférentdeceluidesessais randomisésdeCRPC,quiestparticulièrementencadréeet resserrée.
Afin d’évaluer les pratiques franc¸aises, le groupe d’experts (oncologuesmédicaux,radiothérapeutes eturo- logues) a initié une enquête dont les objectifs étaient d’identifier les éléments de surveillance et les critères évoquantune progressionà l’origine d’un changementde traitement.
Matériel et méthodes
Cette enquête nationale a étéréalisée entremai etsep- tembre2015àl’aided’unquestionnaireaccessiblepourles urologuessurlaplateformeURODiffusion del’Association franc¸aise d’urologie, et par mail pour les oncologues médicauxetradiothérapeutesvialesitedesondage«Sur- veymonkey».
Cetteenquêteétaitcomposéedequestionsdepratique couranterelativesàlasituationcliniqued’unpatientatteint d’unCaPetàsonévolutionaucoursdutemps(Tableau1).
Les données recueillies portaient sur deux aspects : les bilansréalisés,lerythmedesurveillancedelamaladieainsi quelescritèresdeprogressionàl’origined’unchangement detraitement.
Lechoixdelaséquencethérapeutique,lesexamensinno- vants etles toxicités des médicaments n’étaient pas pris encomptedanscetteenquête.Lesdonnéesanonymesdes questionnaires étaientanalysées de fac¸on descriptives et noncomparatives.
Résultats
Uncourrierd’informationaétéadresséà1464(512onco- loguesmédicauxetradiothérapeuteset952urologues).Au total,318(22%)questionnairesontpuêtreanalysés(20%
pourlesurologueset26%pourlesoncologuesmédicauxet radiothérapeutes).
Situation 1 : juin 2011, récidive biologique (PSA à 5ng/mL), temps de doublement du PSA (PSA- DT)>12mois;absencedelésionmétastatique.
Initiationd’untraitementparaLH-RH.
• Critèresdesurveillance(Fig.1):
◦ la surveillance était effectuée pour l’ensemble des médecinsau coursd’une consultationtousles3 mois (20,7%)ou6mois(74,5%),
◦ 35%desmédecinsnedemandaientpasdetestostéro- némie,
◦ uneimagerieétaitpratiquéeàlademandepar57%des médecins(scintigraphieosseuseet/ouscannerabdomi- nopelvien).
Situation 2 : septembre 2013, patient peu symptomatique,PSAà6ng/mLetPSA-DT<12mois.
Poursuitedel’aLH-RH.
• Bilandelamaladie:ledosagedelatestostéronémieétait effectué par 75 % des médecins, ce qui permettait de définirlarésistanceàlacastration.Lesoncologuesmédi- cauxetradiothérapeutesétaientplusnombreuxqueles urologuesà demander unbilanbiologique étendu(NFS- plaquettes,créatininémie,phosphatasesalcalines,LDH) (Fig. 2). Une scintigraphie osseuse et/ou un TEP à la fluoro-cholineétait réaliséepar41 %des médecins.Un
Tableau1 Casclinique.
Situationclinique Stratégiethérapeutique
Mars2008:CaP(Gleason7)chezunpatientde69ans Postopératoire:Gleason7(4+3),pT3aR1,PSA<0,01
Prostatectomietotale Étape1 Septembre2011:récidivebiochimique(PSAà5ng/mL),tempsde
doublementduPSA(PSA-DT)<12mois
Biland’extension:absencedelésionmétastatique
AgonistedelaLH-RH(aLH-RH) pendant18moisavecnadirà 1ng/mL
Étape2 Janvier2013:patientpeusymptomatique,PSAà6ng/mLet PSA-DT<12mois
Poursuitedel’aLH-RH Étape3 Juillet2013:PSAà4ng/mL,testostéronémieà0,2g/mL,douleurs
modérées
Biland’imagerie:lésionsosseusesdusqueletteaxialet appendiculaires
Poursuitedel’aLH-RHet initiationd’untraitementparun agentciblantlavoie
androgénique(ACVA) Étape4 Mars2014:majorationdesdouleurs,PSAà30ng/mL
Nouvelleslésionsosseusesàlascintigraphieosseuse,pas d’anomaliesurlescannerabdominopelvien
Arrêtdel’ACVA,poursuitede l’aLH-RHetchimiothérapiepar docétaxel
Étape5 Novembre2014:Après9moisdetraitement,normalisationduPSA Arrêtdudocétaxel,poursuitede l’aLH-RHseul
Étape6 Avril2015:réapparitiondesdouleurs,PSAà45ng/mLetnouvelles lésionsosseusesàlascintigraphieosseuse
Poursuitedel’aLH-RH, traitementparcabazitaxel CaP:cancerdelaprostate;ACVA:agentciblantlavoiedesandrogènes.
0.0%
10.0%
20.0%
30.0%
40.0%
50.0%
60.0%
70.0%
80.0%
90.0%
Consult/6 mois
Consult/3 mois
PSA/6 mois PSA/3 mois Testo./6 mois
Testo./3 mois
Pas de testo.
M0 : Bilan de surveillance
Figure1. BilandesurveillanceaustadeM0;traitementparagonistesdelaLH-RH.
scannerabdominopelvienétaitdemandépar24%desuro- logueset42%desoncologuesmédicaux.
Situation 3 : décembre 2013, PSA à 6ng/mL, PSA- DT<12 mois, douleurs modérées, lésions osseuses axialesetperpendiculaires.
Traitement par un agent ciblant la voie des androgènes(ACVA).
• Critèresdesurveillance(Fig.3):
◦ environuntiersdesmédecins35%(54%desoncologues médicauxetradiothérapeutes et24% desurologues) déclaraientvoirlespatientstouslesmois.Unrythme
de consultations, tous les3 mois, était rapporté par 61%desurologueset52%desoncologuesmédicauxet radiothérapeutes,
◦ undosageduPSAétaitréalisétousles3moispar63% desmédecins,
◦ lesexamensd’imagerieétaientgénéralementréalisés àlademande(scintigraphieosseuse,scannerabdomi- nopelvien). Seuls, 12 % des oncologues médicaux et radiothérapeuteset5%desurologuesdemandaientune imageriesystématiquementtousles3mois;
• Critèresdeprogressionetdechangementdetraitement:
◦ lescritèresdeprogressionàl’origined’uneadaptation dutraitementducancersontdécritsdansleTableau1.
Pourlamajoritédespraticiens,l’associationd’uneélé- vation du PSA, dedouleurs etde nouvelleslésions à l’imagerie conduisent à envisager unchangement de
10%0%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%90%
CPRC : bilan de la maladie
Figure2. Bilandelamaladielorsdustadeàlarésistanceàlacastration.
0.00%
10.00%
20.00%
30.00%
40.00%
50.00%
60.00%
70.00%
80.00%
Figure3. Cancerdelaprostaterésistantàlacastration(CPRC)traitéparunagentciblantlavoiedesandrogènes(ACVA):surveillance delamaladie.
Tableau2 Cancerdelaprostate résistant àlacastration(CPRC) traitéparunagentciblantla voiedes androgènes (ACVA).Critèresdeprogressionàl’origined’unchangementdetraitement.
Réponses Total(%) Urologues(%) Oncologues
médicauxet
radiothérapeutes(%)
Augmentationdesdouleurs 57 62 54
PSAstableetabsencededouleur 0,6 0,5 0,8
PSAstableetaugmentationdesdouleurs 35 32 41
ÉlévationduPSAetabsencededouleur 15 15 17
ÉlévationduPSAetaugmentationdes douleurs
82 83 89
PSAstablemaisapparitiondefoyersàla scintigraphieosseuse
40 35,5 50
ÉlévationduPSAetapparitiondefoyers àlascintigraphieosseuse
71 64 89
Progressionviscéraleet/ouganglionnaire 79 76 91
traitement. Seuls 15 % des praticiens envisagent de changerdetraitementsuruneélévationisoléeduPSA (Tableau2).
Situation 4 : août 2014, majoration des douleurs, PSA à 30ng/mL et nouvelles lésions osseuses à la scintigraphie osseuse, absence d’anomalie sur le scannerabdominopelvien.
Arrêtdel’ACVA,poursuitedel’aLH-RHettraitement pardocétaxel75mg/m2toutesles3semaines.
• Critèresdesurveillance:
◦ lasurveillancedutraitementreposaitsuruneconsulta- tionàchaqueséancedechimiothérapiepour53%des médecins(83%desoncologuesmédicauxetradiothé- rapeuteset37 %desurologues)outousles2—3mois (tousles3cycles)chez17%desoncologuesmédicaux etradiothérapeuteset41%desurologues(Fig.4),
◦ les examens d’imagerie étaient généralement effec- tués à la demande (50 % des oncologues médicaux, radiothérapeutes eturologues).Lesoncologuesmédi- caux et radiothérapeutes déclaraient réaliser une scintigraphie osseuseet/ou unscanner abdominopel- vien tous les 3 cycles, dans 30 % et 23 % des cas respectivement;
• Critèresdeprogressionetdechangementdetraitement:
◦ les principaux critères de changementde traitement pourprogressionsousdocétaxelétaient(Tableau3): - l’existence d’une progression viscérale et/ou gan-
glionnaire,
- l’augmentation des douleurs, et ce d’autant plus qu’elleétaitassociéeàuneélévationdutauxdePSA, - l’apparition de nouveaux foyers à la scintigraphie
osseuseavecuneélévationdutauxdePSA.
• Critères de surveillance : la surveillance de ce patient stableàdistancedelachimiothérapie,qu’ils’agissedes urologues oudes oncologues etradiothérapeutes, était régulière,àunrythmedetousles3mois(consultation,
0.0%
10.0%
20.0%
30.0%
40.0%
50.0%
60.0%
70.0%
80.0%
90.0%
Surveillance sous trai tement
Figure4. Cancerdelaprostaterésistantàlacastration(CPRC)traitépardocétaxel:surveillancedelamaladie.
Tableau3 Cancerdelaprostaterésistantàlacastration(CPRC)traitépardocétaxel:critèresdeprogressionàl’origine d’unchangementdetraitement.
Réponses Total(%) Urologues(%) Oncologues
médicauxet
radiothérapeutes(%)
Augmentationdesdouleurs 53 62 47
PSAstableetabsencededouleur 0 0 0
PSAstableetaugmentationdesdouleurs 37 39 38
ÉlévationduPSAetabsencededouleur 18 15 23
ÉlévationduPSAetaugmentationdesdouleurs 80,5 78 93
PSAstablemaisapparitiondefoyersàlascintigraphieosseuse 41 33 57 ÉlévationduPSAetapparitiondefoyersàlascintigraphieosseuse 74 65 96
Progressionviscéraleet/ouganglionnaire 78 71,5 96
Situation5:enavril2015,après9moisdetraitement, normalisation du PSA : arrêt de la chimiothérapie, poursuitedel’agonistedelaLH-RHetsurveillance.
dosagedePSA),etlesexamensd’imagerieétaientréali- sésàlademande;
• Critèresdeprogressionetdechangementdetraitement: troisgrandstypesdesituationconduisentàproposerun nouveautraitement:l’associationd’uneélévationduPSA etde douleurs, l’association d’une élévation duPSA et de nouvelles lésions à l’imagerie et/ou l’apparition de métastasesviscérales(Tableau4).
• Critères de surveillance : la surveillance dela maladie baséesurles3critères, consultation,dosagedu PSAet examensd’imagerie,étaitrythméeparlescyclesdechi- miothérapie(Tableau5).
Situation 6 : en juillet 2015, réapparition des douleurs, PSA à 60ng/mL, nouvelleslésions osseuses etviscérales.
Poursuite de l’aLH-RH et traitement par cabazitaxel.
Discussion
Cette enquêteapermis d’identifierpourlapremièrefois, dans différents contextes de CPRC, les modalités de sur- veillance de la maladie et les critères de progression déterminantunchangementdestratégiethérapeutiqueuti- lisésenpratiquemédicalecourante.Letauxélevéde22% departicipationdesoncologuesmédicaux,radiothérapeutes eturologuestémoignedel’intérêtdelacommunautéscien- tifiquepourcetteproblématiquerarementabordée.
Lesrésultats decetteenquête ontmontréquelespra- tiques étaient homogènes d’une spécialité à l’autre. La
Tableau4 Cancerdelaprostaterésistantàlacastration(CPRC)stableàdistancedelachimiothérapie:critèresde progressionàl’origined’unnouveautraitement.
Réponses Total(%) Urologues(%) Oncologues
médicauxet
radiothérapeutes(%)
Augmentationdesdouleurs 56 62 53
PSAstableetabsencededouleur 0 0 0
PSAstableetaugmentationdes douleurs
38 40 40
ÉlévationduPSAetabsencede douleur
22 20 28
ÉlévationduPSAetaugmentation desdouleurs
83 83 93
PSAstablemaisapparitionde foyersàlascintigraphieosseuse
38 32 52
ÉlévationduPSAetapparitionde foyersàlascintigraphieosseuse
72 64 93
Progressionviscéraleet/ou ganglionnaire
80 75 96
surveillance du CRPC traité parchimiothérapie était plus fréquente chez les oncologues, qui ont tendance à voir leurs patients à chaque cycle. La participation fréquente à des essaiscliniques évaluant des traitements médicaux (quiimposentunesurveillanceetdesbilanssystématiques etrapprochés),pourraitégalementinfluencerlespratiques quotidiennes.
Au stade non métastatique, ce patient qui présentait uneélévationduPSAsoushormonothérapie,étaitrevu en consultationtousles3ou6moisparl’ensembledesméde- cins;lebilanbiologiquecomprenaitundosagedePSAtous les 3 ou 6 mois. Plus de 1 médecin sur 3 ne demandait pasde testostéronémie,ce quicontraste aveclesrecom- mandations de l’EAU qui préconisent un dosage de PSA maisaussiunetestostéronémie tousles3ou6mois[1,2].
Dans cette situation, les oncologues médicaux et radio- thérapeutes étaient plus nombreux à demander un bilan biologiqueexhaustif.Plusieursraisonspourraientexpliquer cetteattitude:laconfrontationauquotidienàdespatients
avecunemaladieplusavancéequinécessitentuneévalua- tiondétailléedeleurétatdesanté,etleurimplicationdans lesessaiscliniques,danslesquelssontfréquemmentdosés les taux de LDH et/ou de phosphatases alcalines [1]. De même, ils demandaient plus souventun scanner abdomi- nopelvienà larecherche demétastasesviscéralesdans le cadredubiland’extension.
Conformément aux recommandations de l’association franc¸aised’urologie(AFU)etdel’EAU,larésistanceàlacas- trationchezunpatientavecunetestostéronémieinférieure à50ng/dL,estdéfinieparuneprogressionbiologiqueavec uneélévationdutaux dePSAsupérieurà 50%(confirmée à3reprisesetà1semained’intervalle)etuntauxdePSA supérieurà2ng/mLet/ouparuneprogressionradiologique avecaumoins2nouvelleslésionsosseusesàlascintigraphie osseuseet/ou une augmentation de lataille d’une lésion viscérale(Recist1.1)[1,3].Ilestintéressantdenoterqu’au momentdelarésistanceàlacastration,moinsde50%des praticiensdemandaientunbilanradiologiqueenl’absence
Tableau5 Cancerdelaprostaterésistantàlacastration(CPRC)traitéparcabazitaxel:surveillancedelamaladie.
Critères Total(%) Urologues(%) Oncologues
médicauxet
radiothérapeutes(%) Fréquencedes
consultations
Àchaqueséancedechimiothérapie 55 40 86
Consultationtousles3mois 25,5 33 18
Fréquencedu dosageduPSA
Àchaquecycle 28 18 47
Tousles3cycles 45 46 49
Tousles6cycles 4 7 2
Fréquence testostéronémie
Tousles3mois 17 16 21
Tousles6mois 6 7 7
Pasdetestostéronémie 28 28 31
Rythmeimagerie Scintigraphieosseusetousles3mois 25 22 35
Scintigraphieosseuseàlademande 43 41,5 52
Scannerabdominopelvientousles3cycles 30,5 22 48
Scannerabdominopelvienàlademande 39 42 41
de signes cliniques. La possibilité de réaliser une second traitementlocaloubienl’évaluationdela «massetumo- rale»vial’imagerie n’estpasencoredevenuelapratique courante.
Surveillance de la maladie
Chez cepatient traité par unACVA, 37 % des oncologues médicauxetradiothérapeutes,et14%desurologuesdeman- daientunPSAtouslesmois.Cetteapprocheétaitpeut-être motivée en partie par les données de l’analyse de Fue- reaet al.réalisée à partir desix études dephase 3, qui avaientmisenévidenceuneassociationsignificativeentre la réponse PSA précoce à 28jours et le pronostic à long terme[1,4].Lesrésultats denotreenquête montrentune surveillancedeplusenplusrapprochéeaufuretàmesure del’évolutiondelamaladie;commedécritdanslesrecom- mandationsdel’EAUetdel’AFU.L’objectifàcesstadesde lamaladieestdedétecterleplustôtpossibled’éventuels effets délétères du traitement ou une progression de la maladieafindepouvoirproposerleplusprécocementpos- sible unenouvelle stratégie thérapeutique, sans attendre uneéventuelledégradationdel’étatgénéral[1,3].L’intérêt d’unsuivirapprochéetd’undiagnosticprécocedesrechutes a égalementété démontré dans d’autres cadres patholo- giques. Dans une étude qui comparait, chez des patients atteintsdecancerdupoumonlocalementavancéouméta- statique, leseffets d’un suivi personnalisé à partir d’une applicationmobilespécifiqueàceuxd’unsuivimédicalstan- dard [5], il existait unbénéfice desurvie dans le groupe ayant bénéficié du suivi rapproché. Rien ne permet à ce staded’extrapolercesrésultatsaucancerdeprostate,dont l’histoirenaturelleestpluslente,maislaréplicationd’une telleétudepourraitêtreintéressante.
Au stade de la résistance à la castration, en dehors d’essaiclinique,l’EAUetl’AFUrecommandentpourchaque patientunsuivipersonnaliséavecaminima,uneconsulta- tionetundosagedePSAtousles2ou3mois[1,3].
Progression de la maladie et changement de traitement
Contrairementauxstadesplusprécoces,lescritèresrappor- tésdans cetteenquête pourévalueruneprogressiondela maladieetinduireunchangementdetraitement,n’étaient plus le PSA seul, mais l’association de critères cliniques, biologiquesetradiologiques.Seuls15à20%despraticiens modifientlalignedetraitementsurlaseuledonnéeduPSA.
Unnouveaubiland’imagerieestréaliséeencasdeprogres- sionbiologique,mêmeenl’absencedeprogressionclinique.
Cetteattitudeestcelledesrecommandationsdel’EAU,qui préconisentàcestadedelamaladie,l’utilisationdes cri- tèresduProstateCancerTrialsWorkingGroup (PCWG)qui associentuneimagerieaveclaréalisationd’une scintigra- phieosseuseetd’unscanner abdominopelvien,undosage dePSAetuneévaluationdubénéficeclinique[1,6,7].
Conclusions
Cette enquête a évalué les modalités de surveillance de lamaladieetlescritèresquiconduisaientunchangement de traitement dans le CRPC. Les résultats ont rapporté despratiquesrelativementhomogènesentrelesdifférentes spécialités.L’arrivéerécentedenouvellesoptionsthérapeu- tiquesdansleCPRCmétastatiqueamodifiélesalgorithmes de prise en charge et offre la possibilité d’envisager plusieurslignesdetraitement.Cesnouvellesapprochesthé- rapeutiques justifientunrythmedesurveillance rigoureux afin dene pasmanquer lemoment leplus opportun pour changerdelignedetraitement,maiségalementpournepas interrompreàtortuntraitementpotentiellementefficace.
Déclaration de liens d’intérêts
EnquêteeffectuéeaveclesoutiendeslaboratoiresSanofi.
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