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Le discours américain sur le terrorisme : Constitution, évolution et contextes d’énonciation (1972-1992)

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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HAL Id: tel-00764900

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00764900

Submitted on 13 Dec 2012

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Le discours américain sur le terrorisme : Constitution, évolution et contextes d’énonciation (1972-1992)

Rémi Brulin

To cite this version:

Rémi Brulin. Le discours américain sur le terrorisme : Constitution, évolution et contextes d’énonciation (1972-1992). Science politique. Université de la Sorbonne nouvelle - Paris III, 2011.

Français. �NNT : 2011PA030163�. �tel-00764900�

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Thèse

En vue de l’obtention du

DOCTORAT DE L’UNIVERSITE DE LA SORBONNE NOUVELLE – PARIS 3

Délivré par Université de La Sorbonne Nouvelle – Paris III Discipline ou Spécialité ANGLAIS (Civilisation américaine)

Présentée et soutenue par Rémi BRULIN Le 19 Novembre 2011

...

LE DISCOURS AMERICAIN SUR LE TERRORISME : Constitution, évolution et contextes d’énonciation (1972-1992)

Volume 1

...

Jury

M. le professeur James, COHEN, Université Sorbonne nouvelle-Paris 3 Mme le professeur Divina FRAU-MEIGS, Université Sorbonne nouvelle-Paris 3

M. le professeur Olivier FRAYSSE, Université Sorbonne-Paris 4 M. le professeur Vincent MICHELOT, Institut d'Etudes Politiques de Lyon

...

Ecole doctorale : Etudes Anglophones, Germanophones et Européennes Unité de recherche : CREW Directrice de thèse : Mme le professeur Divina FRAU-MEIGS

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As the most powerful defender of freedom on earth, we find ourselves unable to escape the responsibilities of freedom, and yet unable to exercise it without restraints imposed by the very freedoms we seek to protect. We cannot, as a free nation, compete with our adversaries in tactics of terror, assassination, false promises, counterfeit mobs and crises. We cannot, under

the scrutiny of a free press and public, tell different stories to different audiences, foreign and domestic, friendly and hostile

.

John F. Kennedy, « Diplomacy and Defense: A Test of National Maturity », discours prononcé à l'Université de Washington (Seattle) le 16 novembre 1961.

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Remerciements

Ces dernières années furent passées loin de la maison. Les premiers remerciements vont donc à la famille et notamment aux deux nouveaux venus, Léo et Robin, qu’il a été si difficile de ne pas voir grandir. A mes parents bien sur, Noëlle et René, qui m’ont toujours soutenu et fait confiance, à ma sœur Hélène et à Jean-Denis, et enfin à Aline, ma grand-mère, amoureuse d’histoire et à l’esprit toujours indépendant.

Les vieux amis de classes préparatoires et d’école, fidèles au poste à chacun de mes retours : Benoit, Marie-Pierre, David, Eva, Olivier et Cécile pour Ampère, et pour ces bien belles années à Nancy, Mathieu, Nathalie et Patrick, Manue et Biz, Morgane, Pascale, Marion, Magalie, Isabelle et Olivier, Xavier et Françoise, Milipe, Sébastien et Berryl, Bertrand, Sébastien, Romain, Philou, Julie et Olivier, Stéphanie et Nico… Et ceux que distance et circonstances ne m’ont pas permis de voir depuis bien trop longtemps mais que je n’ai pas oubliés : Jérémie et Béa, Olivier et Odile, Bertrand, Emilie et Olivier, Arnaud et Jean-Baptiste.

Pour avoir respecté et encouragé mon indépendance dans ma recherche, pour ses conseils m’ayant tant aidé, durant ces longues années, à recentrer mon propos, pour ses encouragements constants et pour son travail remarquable de précision, de clarté et d’exigence au cours de ces derniers mois, un immense merci au professeur Divina Frau Meigs, qui dirigea cette recherche.

Merci également aux professeurs James Cohen, Olivier Fraysse et Vincent Michelot d’avoir accepté de siéger à mon jury. J’espère que cette étude éveillera leur intérêt, et j’ai hâte d’entendre leurs commentaires et critiques et de pouvoir en discuter et débattre avec eux.

Dès mon arrivée à New York University j’ai eu la chance d’être soutenu et encouragé sans réserve par le professeur Mark Crispin Miller, et d’avoir la confiance de mon chef de département, Ted Magder. Plusieurs professeurs m’ont fait partager leur passion de la recherche et de l’enseignement, et notamment Marylin Young, Norman Finkelstein, Brett Gary, Susie Linfield et Greg Grandin. Un grand merci également à Glenn Greenwald pour l’intérêt qu’il montra à ma recherche, et pour son amitié. Stacy Williams fut pour sa part une guide remarquable lors de mes premiers pas aux archives gouvernementales de la bibliothèque Bobst, Kim Wetzel ayant toujours été, en tant que responsable des visas des chercheurs étrangers, d’une efficacité et d’une gentillesse absolues.

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A mes amis américains et notamment de mon quartier de Brooklyn, à Chris et Bill, à Siddhartha, à la petite Catrina, à Ashley, à Jocelyn, aux habitués de Breadtsuy où la majorité des pages qui suivent furent écrites: sachez que ce projet ne put être mené à bien que grâce à vos encouragements quotidiens, et pour cela je vous suis de tout cœur reconnaissant.

And of course, thank you, Robin.

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1 Introduction

Alors que les Etats-Unis commémoraient en 2011 le dixième anniversaire des attaques du 11 septembre 2001 il n'existe toujours pas, au niveau international, de définition du

« terrorisme » acceptée par tous. Cette absence de définition par rapport à un phénomène d’une indéniable ampleur est d’autant plus paradoxale que les premiers efforts dans ce domaine remontent en 1937, année où, en réponse à l’assassinat d’Alexandre Ier, roi de Yougoslavie, et de Paul Doumer, président du conseil de la république française, la première convention internationale sur le « terrorisme » avait été toute proche de voir le jour1. Rédigée puis signée par 23 états dans le cadre de la Société des nations, ce texte considérait comme relevant du

« terrorisme » : « all criminal acts directed against a State and intended or calculated to create a state of terror in the minds of particular persons or a group of persons or the general public2 ».

Très vite, des désaccords se firent jour quant à l’interprétation à donner à une telle définition et notamment à ses conséquences dans le domaine du système d’extradition devant être mis en place entre états signataires3, l’Inde étant le seul pays à finalement ratifier cette convention4.

1 Convention for the Prevention and Punishment of Terrorism, League of Nations Doc. C.546.M383.1937.V. Bobst Library, New York University.

2 Hans Koechler, « The United Nations, the International Rule of Law and Terrorism », Fourteenth Centennial Lecture, Supreme Court of the Philippines & Philippine Judicial Academy, 14.

3 John Dugard, « International Terrorism: Problems of Definition », International Affairs 50 (Jan. 1974): 68.

4 Geoffrey Levitt, « Is “Terrorism” Worth Defining? », Ohio N.U.L. Rev. 13 (1986): 97. Nicholas J. Perry, « The Numerous Federal Legal Definitions of Terrorism: The Problem of Too Many Grails », Journal of Legislation 30 (2003-2004): 297.

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Suite à cet échec, il fallut attendre 1972 et la prise en otages puis l’assassinat des membres de l’équipe olympique israélienne par le groupe palestinien Septembre Noir à Munich pour que la question du « terrorisme » fasse à nouveau l’objet de discussions internationales poussées, cette fois devant l’Assemblée générale des Nations unies. Si les décennies suivantes virent l’adoption de nombreuses résolutions condamnant le « terrorisme » et les premiers pas d’une coopération internationale dans la lutte à son encontre — à travers notamment l’élaboration et la ratification de nombreuses conventions portant sur des pratiques spécifiques comme les détournements aériens ou les attaques contre des diplomates — la question de la définition demeure elle, à ce jour, irrésolue tant au niveau de la communauté internationale qu’au sein de la communauté des experts sur le sujet, y inclus aux Etats-Unis.

En 1987, Alex Schmidt et John Jongman comptabilisèrent ainsi 109 définitions différentes du terme, la plupart de type universitaire5, la recherche d’une définition du « terrorisme » ayant été comparée à la quête du Saint Graal6 et décrite comme une entreprise très certainement vouée à l’échec7. Le Juge Richard Baxter, ancien membre la Cour internationale de justice, avait, quant à lui, écrit dès 1974 : « We have cause to regret that a legal concept of terrorism was ever inflicted upon us. The term is imprecise ; it is ambiguous ; and above all, it serves no operative legal purpose8 ». Les quelques définitions suivantes, proposées par certains des experts les plus réputés, indiquent néanmoins l’existence d’une véritable base commune quant à la nature de ce phénomène.

Paul Wilkinson propose :

[Terrorism] is premeditated and aims to create a climate of extreme fear or terror; it is directed at a wider audience or target than the immediate victims of the violence; it inherently involves attacks on random and symbolic targets, including civilians; the acts of violence committed are seen by the society in which they occur as extra-normal, in the literal sense that they breach the social norms, thus causing a sense of outrage; and terrorism is used to try to influence political behaviour in some way9.

5 Alex P. Schmid and Albert J. Jongman, et al., Political Terrorism: A New Guide to Actors, Authors, Concepts, Data Bases, Theories and Literature (Amsterdam: North-Holland, 1987) 28.

6 Levitt, « Is “Terrorism” Worth Defining? », 96.

7 Walter Laqueur écrivit par exemple : « It can be predicted with confidence that the disputes about a single comprehensive, detailed definition of terrorism will continue for a long time, that they will not result in a consensus, and that they will make no notable contribution toward the understanding of terrorism ». Walter Laqueur, The Age of Terrorism (NY: Little Brown and Company, 1987) 72.

8 Richard R. Baxter, « A Skeptical Look at the Concept of Terrorism », Akron Law Review (1974): 380.

9 Patrick Wilkinson, « International Terrorism: New Risks to World Order », dans J. Baylis and N. Rengger (eds.), Dilemmas of World Politics: International Issues in a Changing World (London: Clarendon Press, 1992).

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3 Michael Stohl suggère :

Terrorism is the purposeful act or threat of the act of violence to create fear and / or compliant behavior in a victim and / or audience of the act or threat. The key words are purposeful, violence, fear, victim, and audience10.

Walter Laqueur, pourtant peu optimiste quant à la possibilité d’arriver à une définition unique du

« terrorisme », reconnaît lui que :

Most experts agree that terrorism is the use or threat of violence, a method of combat or a strategy to achieve certain goals, that its aim is to induce a state of fear in the victim, that it is ruthless and does not conform to humanitarian norms, and that publicity is an essential factor in terrorist strategy11.

Comme le note Karen Holmes :

Most research into international terrorism begins by mentioning that there is no consensus definition for terrorism, and yet, these same researchers then proceed to give similar definitions for terrorism. The definitions are similar in describing how terrorism is linked with some sort of violence for some sort of political reason or reasons12.

Une étude de la production critique sur le « terrorisme » confirme l’acuité de cette remarque et l’existence d’un consensus relatif quant à la nature des actes méritant ou non d’être qualifiés de

« terroristes », les désaccords sur la définition du « terrorisme » étant dus en grande partie au caractère profondément péjoratif lui étant associé et donc à la difficulté de s’accorder sur l’identité des acteurs devant ou non être qualifiés de « terroristes ». Comme le remarque Bruce Hoffman : « On one point, at least, everyone agrees: terrorism is a pejorative term. It is a word with intrinsically negative connotations that is generally applied to one's enemies and opponents13 ». Richard Rubenstein explique pour sa part qu’il est bien difficile, dès lors que le terme de « terrorisme » est prononcé, de séparer description et jugement moral :

To call an act of political violence terrorist is not merely to describe it but to judge it.

Descriptively, « terrorism » suggests violent action by individuals or small groups. Judgmentally, it implies illegitimacy14.

Dans le contexte de tout conflit politique violent, parvenir à imposer sa définition du

« terrorisme » représentera, pour tout acteur, une victoire politique majeure, chaque usage de ce

10 Robert Slater and Michael Stohl dans Robert O. Slater, Michael Stohl, eds, Current Perspectives on International Terrorism (London: MacMillan Press, 1988) 3.

11 Walter Laqueur, « Reflections on Terrorism », Foreign Affairs 65 (1986-1987): 88.

12 Karen L. Holmes, US Presidential Response to International terrorism: Implications for Generic Expectations (Richard M. Nixon, Gerald R. Ford, Jimmy Carter, Ronald Reagan, George Bush), (PhD. Dissertation, Florida State University, 1998) 2.

13 Bruce Hoffman, Inside Terrorism (New York: Columbia University Press, 1998) 31.

14 Richard E. Rubenstein, Alchemists of Revolution: Terrorism in the Modern World (NY: Basic Books, 1987) 17.

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terme venant renforcer un cadrage moral favorisant ses intérêts. Comme le note Brian Jenkins :

« Use of the term implies a moral judgment; and if one party can successfully attach the label terrorist to its opponent, then it has indirectly persuaded others to adopt its moral viewpoint15 ».

Au niveau des experts comme des acteurs politiques, la partie de bras-de-fer définitionnel tourne principalement autour de deux points de contention récurrents : la décision de qualifier de

« terroristes » des luttes pour une cause légitime comme l’auto-détermination ou l’indépendance nationale, et celle de qualifier comme « terroristes » les méthodes employées par les états. Ce fut au cours des années 1970 que l’idée du « terrorisme » comme objet d’étude à part entière, et donc comme domaine d’expertise universitaire, commença à s’imposer dans le monde anglophone. Ces experts, souvent issus à l’époque du domaine des études sur la sécurité (security studies) alliaient production d’études académiques et conseil à divers gouvernements occidentaux dans leur lutte contre le « terrorisme ». David David Rapoport, Martha Crenshaw, Brian Jenkins et Paul Wilkinson tout d’abord, puis, à partir de la fin des années 1970, Yonah Alexander, Walter Laqueur et Ariel Merari sont parmi les figures principales ayant marqué la naissance de cette expertise. Ce sont des spécialistes dont les analyses, malgré l’absence de définition consensuelle du « terrorisme », ont très souvent en commun d’appréhender le phénomène comme une forme de violence politique utilisée essentiellement par des entités non- étatiques et prenant pour cible principale le monde occidental et notamment les Etats-Unis. Dans la préface de son livre intitulé Terrorism and the Liberal State, publié en 1977, Paul Wilkinson annonçait ainsi :

The heart of the book deals with the special problems of revolutionary and sub-revolutionary political terrorism in liberal democracies. It discusses the underlying and precipitative causes of terrorism in liberal states and assesses influential causal and developmental theories and models of terrorism under these conditions. The ideologies, aims, beliefs, strategies, tactics, organizational structures, recruitment and logistics of terrorist groups are identified and their influence and efficacy are analyzed. Considerable attention is given […] to evaluating both the implications of terrorism for liberal democratic states and the most practicable and potentially effective strategies of prevention, deterrence, internal and external defense and counter-offensive open to governments and security forces16.

15 Brian M. Jenkins, « Statements about Terrorism », Annals of the American Academy of Political and Social Science 463 (Sep. 1982): 12.

16 Paul Wilkinson, Terrorism and the Liberal State (NY: Halsted Press, 1977) xiii. Dans un ouvrage intitulé Democracies against Terror: The Western Response to State-Sponsored Terrorism, publié en 1988, Geoffrey Levitt écrivait lui que « The United States and its allies have been among the chief targets of state-supported terrorism », ou que « The United States is the most prominent terrorist target internationally », Geoffrey M. Levitt, Democracies against Terror: The Western Response to State-Sponsored Terrorism (NY: Praeger, 1988) 4, 96. (Dans la suite de la thèse, à moins que cela ne soit spécifié autrement, les italiques dans les citations sont les miennes, pour attirer

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Au cours des années 1980 un certain nombre de critiques commencèrent à s’élever contre une approche leur apparaissant comme idéologique beaucoup plus que descriptive car reflétant très souvent les positions et intérêts des états occidentaux. Au cœur de ce biais idéologique se trouvait notamment la tendance à exclure de toute analyse sur le « terrorisme » les actes commis par des états, et donc notamment par des états occidentaux. Ainsi, si les définitions mises en avant par Laqueur et Stohl semblent indiquer l’existence d’un consensus quant à la nature de ces actes devant être qualifiés de « terroristes » ces deux experts étaient en désaccord profond sur la nature des acteurs auxquels cette terminologie pouvait légitimement être appliquée. Pour le premier en effet :

[Terrorism is] the use of violence by a group for political ends, usually directed against a government, but at times also against another ethnic group, class, race, religion, or political movement. Any attempt to be more specific is bound to fail, for the simple reason that there is not one but many different terrorisms17.

Pour le second, une telle approche était inacceptable et d’ores et déjà beaucoup trop

« spécifique » puisqu’elle excluait le « terrorisme » des états, dont les états occidentaux :

The most important place to begin our survey of the myths of contemporary terrorism is with the myth that terrorism is the exclusive province of insurgents, dissidents, or anti-governmental forces. […] The singular exception to this myth proposed by most liberal Western authors is the recognition that nondemocratic, totalitarian, fascist, or communist states practice terrorism or are only able to remain in power because of their utilization of terrorist practices. The implicit conclusion of these writers is that terrorism is not something practiced by the governments of liberal Western democracies18.

Cette critique était partagée par Noam Chomsky qui, en introduction de son livre Pirates and Emperors: International Terrorism in the Real World, écrit :

St. Augustine tells the story of a pirate captured by Alexander the Great. « How dare you molest the sea? » asked Alexander. « How dare you molest the whole world? » the pirate replied. «

l’attention sur les points essentiels relevant de la définition du terrorisme).

17 Walter Laqueur, The New Terrorism: Fanaticism and the Arms of Mass destruction (Oxford: Oxford University Press, 1999) 46.

18Michael Stohl, « Demystifying Terrorism : The Myths and Realities of Contemporary Political Terrorism », dans Michael Stohl, The Politics of Terrorism (New York and Basel: Marcel Dekker, 1988) 7. Adekunle Oke note que :

« According to the Library of Congress, 1,677 books have been written on the subject of terrorism, from 1968-1993, in German, Spanish, Latin and English, excluding newspapers, journals and magazines. Out of these, only 22 books deal directly with state terrorism or state-sponsored terrorism, and only 3 books focused on the Third World per se.

Furthermore, two-thirds of the literature carry such conspicuously biased titles such as: « Counter Attack: The West's Battle against the Terrorist » [...], / «Terrorism: How the West Can Win ». In essence, there is overwhelming evidence that these books were written from a Western perspective, a perspective which contends in general that terrorism is Third World violence directed against the West ». Adekunle M., Oke, State Terrorism: An Analysis of Third World Perspectives (PhD. Dissertation, Howard University, Washington, D.C., December 1995) 14-15.

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Because I do it with a little ship only, I am called a thief; you, doing it with a great navy, are called an emperor. » The pirate’s answer was « elegant and excellent, » St. Augustine relates19. Le domaine des « études sur le terrorisme » apparaît comme dominé par un ensemble d’experts formant, pour reprendre un concept développé par Derek de Solla Price pour décrire l’expertise scientifique et appliqué plus récemment au domaine du « terrorisme » par Edna Reid et Hsinchun Chen, un « collège invisible20 » ou, pour adopter la notion proposée par Diane Stone, une véritable « communauté épistémique », à savoir un ensemble de spécialistes « with a common world view about cause and effect relationships which relate to their domain of expertise, and common political values about the type of policies to which they should be applied21 ».

Parmi les experts constituant ce « collège invisible », Bruce Hoffman, auteur notamment d’Inside Terrorism en 1998, offre une base d’étude intéressante à plus d’un titre. Directeur de recherche à la RAND Corporation de Washington où il travailla au développement de sa base de données22 très influente (en collaboration notamment avec Wilkinson), co-fondateur (toujours avec Wilkinson) du Center for the Study of Terrorism and Political Violence de l’Université de St. Andrews en Ecosse, professeur à Georgetown University, l’une des institutions de l’enseignement supérieur américain au centre de l’expertise d’obédience essentiellement conservatrice23 sur le « terrorisme » depuis les années 1980 avec son Center for Strategic and International Studies, rédacteur en chef de la revue Studies in Conflict and Terrorism, collaborateur régulier à la revue Terrorism and Political Violence et au conseil de rédaction de la revue Journal of Policing, Intelligence and Counter Terrorism, Hoffman représente en effet une figure importante, voire archétypale, de cette « communauté épistémique ».

19 Noam Chomsky, Pirates and Emperors: International Terrorism in the Real World (Montréal et New York: Black Rose Books, 1987) 9.

20Ce concept, développé par Derek de Solla Price afin de décrire l’expertise scientifique au cours des années 1960, a été appliqué au domaine du « terrorisme » par Edna Reid et Hsinchun Chen, et repris par exemple par David Miller and Tom Mills. Derek de Solla Price, Little science, big science (New York: Columbia University Press, 1963). Edna Reid and Hsinchun Chen, « Mapping the contemporary terrorism research domains », International Journal of Human–Computer Studies 65 (2007): 43. David Miller and Tom Mills, « The terror experts and the mainstream media: the expert nexus and its dominance in the news media », Critical Studies on Terrorism 2 (2009):

417.21 Diane Stone, Capturing the Political Imagination: Think Tanks and the Policy Process (London: Frank Cass, 1996) 86, citée dans Richard Jackson, « The core commitments of critical terrorism studies », European Political Science 6 (Sep 2007): 2.

22 La RAND Database of Worldwide Terrorism Incidents remonte jusqu’à 1972, est équipée d’un moteur de recherche et est accessible en ligne à : http://www.rand.org/nsrd/projects/terrorism-incidents.html (date de dernière consultation : 03/10/2011).

23 Voir notamment Herman and O’Sullivan, The Terrorism Industry, 81.

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Destiné au grand public, Inside Terrorism fut reçu très positivement par la critique. Gideon Rose écrivit pour Foreign Affairs qu’il s’agissait là d’un « concise yet authoritative survey of trends in terrorism past and present » et ajouta :

Hoffman's book traces the history of such organizations from the anarchist and leftist terrorism of the late nineteenth century, through the nationalist and separatist terrorism of the colonial and postcolonial era, to the international and state-sponsored terrorism of the 1960s, 1970s, and 1980s24.

Dans le New York Times, Raymond Bonner affirma, lui, que malgré quelques défauts d’ordre purement stylistique

« Inside Terrorism » falls into the category of « must read » […] Hoffman does not offer any solutions, except in passing, but he does provide an understanding of terrorism, and that is the first step to finding a solution. […] For its historical and political examination of terrorism,

« Inside Terrorism » is a valuable work25.

Surtout, cet ouvrage présente un intérêt particulier car Hoffman, avant de procéder à une revue en détail de ce qu’il considère être les aspects majeurs du problème posé par le « terrorisme international », propose à ses lecteurs une longue analyse consacrée à la question de la définition du « terrorisme » et notamment au sujet de l’inclusion ou non, dans cette définition, des actes commis par des états. Après avoir noté que le « terrorisme » faisait, de l’avis de la plupart des intéressés, référence à la « violence – or, equally important, the threat of violence – used and directed in pursuit of, or in service of, a political aim26 », Hoffman pose la question rhétorique suivante :

Given this relatively straightforward elucidation, why, then, is terrorism so difficult to define?

The most compelling reason perhaps is because the meaning of the term has changed so frequently over the past two hundred years27.

S’en suit un chapitre de 14 pages intitulé « The Changing Meaning of Terrorism » proposant un survol historique de ces évolutions du sens donné au terme. Hoffman y note tout d’abord que le

24 Gideon Rose, Foreign Affairs (mars-avril 1999).

25 The New York Times, Book Review Desk, 1 November, 1998. Cet ouvrage fit également l’unanimité dans la presse spécialisée, Louis René Béres écrivant dans Studies in Conflict and Terrorism : « From the start, readers of Inside Terrorism are treated to a lean and information-filled analysis of terrorism, one that combines purposeful theoretical investigation with good use of history and empirical evidence. The author's synthesis succeeds so well that the book is able to stand by itself as a single-volume incorporation of contemporary terrorism literature and scholarship. » Louis René Béres, Book Reviews, Studies in Conflict and Terrorism 21 4 (1998). La revue Counterterrorism & Security Reports l’inclut lui dans sa liste des 10 meilleurs livres sur le « contreterrorisme », Edward V. Badolato expliquant que dans ce livre « [Hoffamn] summarizes the major historical trends in international terrorism in a careful tour of how we got to today's situation ». Edward V. Badolato, Counterterrorism

& Security Reports (mars-avril 1999).

26 Hoffman, Inside Terrorism, 15.

27 Hoffman, Inside Terrorism, 15.

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mot lui-même fut popularisé pour la toute première fois suite à la révolution française et à l’accession de Maximilien Robespierre au pouvoir :

The system or régime de la terreur of 1793-4 – from which the English word came – was adopted as a means to establish order during the transient anarchical period of turmoil and upheaval that followed the uprisings of 1789. […] Hence, unlike terrorism as it is commonly understood today, to mean a revolutionary or anti-government activity undertaken by non-state or subnational entities, the regime de la terreur was an instrument of governance wielded by the recently established revolutionary state28.

A l’origine, le mot « terrorisme » fit donc référence à un système de gouvernement et, au moins dans un premier temps, sans qu’aucune connotation péjorative ne lui soit attachée29, ce qui ne fut plus le cas lorsqu’il fit son apparition quelques années plus tard dans le vocabulaire anglais sous la plume notamment d’Edmund Burke, un opposant farouche à la révolution française :

The Terror was at an end; thereafter terrorism became a term associated with the abuse of office and power – with overt « criminal » implications. Within a year of Robespierre's demise, the word had been popularized in English by Edmund Burke who, in his famous polemic against the French Revolution, described the « Thousands of those Hell hounds called Terrorists... let loose on the people30 ».

Au cours du XIXe siècle, dans le contexte de la révolution industrielle et de certaines de ses conséquences sociales les plus négatives, l’auteur explique que « a new era of terrorism emerged, in which the concept had gained many of the familiar revolutionary, anti-state connotations of today31 ». L’un des théoriciens de cette évolution en fut Carlo Pisacane, un italien républicain extrémiste à l’origine du concept de la « propagande par l’action », selon lequel le recours à la violence était nécessaire non seulement pour attirer l’attention sur certaines demandes ou revendications mais également parce qu’elle avait un pouvoir intrinsèque d’éducation des masses révolutionnaires32. L’une des premières organisations à suivre ces principes fut la Narodnaya Volya, un groupe de constitutionalistes russes opposés au pouvoir tsariste, Hoffman ajoutant néanmoins :

Unlike the many late twentieth-century terrorist organizations who have cited the principle of « propaganda by deed » to justify the wanton targeting of civilians in order to assure them publicity through the shock and horror produced by wholesale bloodshed, the Narodnaya Volya displayed an almost quixotic attitude to the violence they wrought. To them, « propaganda by deed » meant

28 Hoffman, Inside Terrorism, 15.

29 Robespierre fit la déclaration désormais célèbre : « Virtue, without which terror is evil; terror, without which virtue is helpless […] Terror is nothing but justice, prompt, severe and inflexible; it is therefore an emanation of virtue ». Robespierre, cité dans Hoffman, Inside Terrorism, 15.

30 Hoffman, Inside Terrorism, 15.

31 Hoffman, Inside Terrorism, 15.

32 Hoffman, Inside Terrorism, 15.

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the selective targeting of specific individuals whom the group considered the embodiment of the autocratic, oppressive state. […] An intrinsic element in the group's collective beliefs was that « not one drop of superfluous blood » should be shed in pursuit of aims, however noble or utilitarian they might be33.

Ces connotations révolutionnaires allaient demeurer attachées à la terminologie du « terrorisme » jusque dans les années 193034, période où ce terme subit un autre mouvement de balancier pour faire à nouveau référence à des états puisque c’était grâce au « terrorisme » que Mussolini, Hitler et Staline étaient parvenus à s’emparer du pouvoir, et à travers lui qu’ils avaient continué à gouverner :

By the 1930s, the meaning of « terrorism » had changed again. It was now used less to refer to revolutionary movements and violence directed against government and their leaders, and more to describe the practices of mass repression employed by totalitarian states and their dictatorial leaders against their own citizens. Thus the term regained its former connotations of abuse of power by governments, and was applied specifically to the authoritarian regimes that had come to power in Fascist Italy, Nazi Germany and Stalinist Russia35.

Introduisant ce chapitre historique, Hoffman explique que le terme de « terrorisme » était difficile à définir en grande partie parce que sa signification n’avait pas arrêté de changer au cours des deux siècles précédents. Son récit de la période s’étalant de la Révolution française à la Deuxième guerre mondiale mettait en effet en évidence une série de mouvements de balancier entre des époques où ce terme fut utilisé pour faire référence à des acteurs étatiques et d’autres au cours desquelles il décrivait au contraire des acteurs non-étatiques.

L’étude proposée là par Hoffman présente néanmoins un caractère problématique. A l’exception des quelques paragraphes consacrés au Régime de la Terreur, des propos de Mussolini niant que la répression de ses forces de sécurité relevaient de la « terreur36 » et d’un biographe de Staline selon lequel ce dernier avait pris le pouvoir par « l’action terroriste37 », il est impossible de déterminer qui avait, tout au long de cette période, utilisé la terminologie du « terrorisme » de la

33 Hoffman, Inside Terrorism, 15.

34 Hoffman écrit que « On the eve of the First World War, terrorism still retained its revolutionary connotations », Hoffman, Inside Terrorism, 20.

35 Hoffman expliqua notamment que « The most sinister dimension of this form of « terror » was that it became an intrinsic component of Fascist and Nazi governance, executed at the behest of, and in complete subservience to, the ruling political party of the land -- which had arrogated to itself complete, total control of the country and its people

». Hoffman, Inside Terrorism, 23.

36 « Terror? Never », Mussolini insisted, demurely dismissing such intimidation as « simply ... social hygiene, taking those individuals out of circulation like a doctor would take out a bacillus ». Mussolini, cité dans Hoffman, Inside Terrorism, 23.

37 Hoffman écrit que « The political purges ordered by Stalin became, in the words of one of his biographers, a

“conspiracy to seize total power by terrorist action', resulting in the death, exile, imprisonment or forcible impressments of millions” ». Hoffman, Inside Terrorism, 24.

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manière décrite par l’auteur. Hoffman suggère-t-il qu’avait existé, au cours de chacune de ces époques, un consensus international quant au sens à donner au terme, consensus qui aurait donc connu l’effet de balancier qu’il propose? Décrit-il plutôt l’évolution de positions prises, tout au long de cette période, par quelques gouvernements ou acteurs politiques spécifiques? Dans ce texte qui se veut prescriptif et définitif sur le sujet, Hoffman fait très souvent usage de la forme passive, de sorte qu’il est impossible de répondre à ces questions cruciales sur l’identité des acteurs et l’attribution du blâme et de la légitimité.

Ce n’est pas impossible pourtant, surtout dans la période qui suit immédiatement la Deuxième guerre mondiale, de pallier les imprécisions relatives aux questions d’identité des acteurs et de leur légitimité, notamment dans le cas des Etats-Unis. Il est en effet possible d’analyser comment les présidents américains ont utilisé la terminologie du « terrorisme », en utilisant la base de données produite par l’Université de Californie à Santa Barbara appelée The American Presidency Project, contenant sous forme numérisée l’ensemble des Public Papers of the President depuis 192938. Grâce à un moteur de recherche spécifique, tous les documents officiels produits par un président donné, et notamment tous ses discours et autres déclarations publiques contenant les termes « terroriste » ou « terrorisme » peuvent être répertoriés, charge à l’historien de les replacer dans leur contexte d’énonciation historique.

Une rapide analyse des discours des présidents Roosevelt et Truman et des audiences du procès de Nuremberg permet ainsi de dresser un tableau de la signification donnée au terme de

« terrorisme » par des acteurs historiques bien spécifiques, à un moment où la notion revient sur le devant de la scène, pour régler le contentieux d’une guerre longue et brutale. Elle permet de proposer une lecture profondément différente de celle avancée par Hoffman, à la voix active en quelque sorte.

Franklin D. Roosevelt, au cours de ses trois mandats comme président des Etats-Unis, prononça les termes « terrorisme » ou « terroriste » en tout et pour tout à six reprises39, à chaque fois pour dénoncer et condamner le régime nazi. A quatre reprises, le président démocrate utilisa cette terminologie de façon générale, applaudissant par exemple le courage des mouvements de résistance en Europe et décrivit leurs actions comme relevant d’une lutte contre le « terrorisme »

38 Cette base de données est accessible en ligne à l’adresse suivante : www.presidency.ucsb.edu. Elle est utilisée tout au long de la thèse, la mention The Public Papers of the President y faisant référence par raccourci ci-après.

39 Résultats obtenus en utilisant le moteur de recherche du site The American Presidency Project, accessible en ligne à www.presidency.ucsb.edu, en cherchant tous les discours et autres documents officiels publiés dans les Public Papers of the President contenant les mots clés « terrorism » OR « terrorist ».

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nazi : « In Norway and Holland, Belgium and France, Czechoslovakia and Poland, Serbia and Greece, there is a fighting spirit that defies the harsh oppression, the barbarous cruelty and terrorism of the nazis40 ».

Il fit également référence à des méthodes spécifiques utilisées par l’armée allemande, le 20 juin 1941 pour condamner une attaque d’un sous-marin ayant torpillé et envoyé par le fond le Robin Moor, un navire neutre et non armé41, et le 17 septembre 1943 lorsqu’il affirma que les bombardements aériens de la Luftwaffe faisaient du Maréchal Goering et de ses officiers des

« terroristes » :

When Britain was being subjected to mass bombing in 1940 and 1941 [...] the strategists of the Royal Air Force and of our own Army Air Forces were not idle. They were studying the mistakes that Goering and his staff of Nazi terrorists were making. […] Today, we and the British are not making those mistakes. We are not bombing tenements for the sheer sadistic pleasure of killing, as the Nazis did. We are striking devastating blows at carefully selected, clearly identified strategic objectives—factories, shipyards, ammunition dumps, transportation facilities, which make it possible for the Nazis to wage war. And we are hitting these military targets and blowing them to bits42.

Truman n'utilisa les termes de « terrorisme » ou « terroriste » qu'à quatre reprises au cours de ses deux mandats. En 1946, le président démocrate fit référence par deux fois à des actes du mouvement sioniste contre les forces mandataires en Palestine puis contre les populations arabes de la région. Le 23 juillet 1946 par exemple, suite à la destruction avec plusieurs bombes artisanales de l’Hôtel du Roi David, une attaque visant le siège de l’état-major britannique qui fit plus de 50 victimes civiles, Truman déclara :

Such acts of terrorism will not advance, but on the contrary might well retard, the efforts that are being made, and will continue to be made, to bring about a peaceful solution of this difficult problem43.

En 1947 puis en 1952, Truman recourut à la terminologie du « terrorisme » pour faire référence de manière très générale aux forces communistes et dénoncer ainsi l’immoralité se trouvant selon

40 Roosevelt, 3 septembre 1942, The Public Papers of the President.

41 Le 20 juin, le président déclara qu’un tel acte était le fait d’un état « hors la loi » et affirma que « Such methods are fully in keeping with the methods of terrorism hitherto employed by the present leaders of the German Reich in the policy which they have pursued toward many other nations subsequently victimized ». Roosevelt, 20 juin 1941, The Public Papers of the President.

42 Roosevelt, 17 septembre 1943, The Public Papers of the President.

43 Truman, 23 juillet 1946, The Public Papers of the President. Trois mois plus tard, dans une lettre au roi d’Arabie Saoudite, le président américain expliqua : « With regard to the possibility envisaged by your majesty that force and violence may be used by Jews in aggressive schemes against the neighboring Arab countries, I can assure you that this government stands opposed to aggression of any kind or to the employment of terrorism for political purposes ».

Truman, 28 octobre 1946, The Public Papers of the President.

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lui au cœur du calcul politique du nouvel ennemi des Etats-Unis en ce tout début de Guerre froide. Le 7 octobre 1952 par exemple, lors de sa campagne contre Dwight Eisenhower, il déclara :

The communists and the fascists say that the end justifies the means. They are out to destroy freedom. They use dictatorship and terrorism and concentration camps to attain their ends. The great men who founded this country believed the means were just as important as the ends. [...]

They believed, as I believe, that the right ends can be achieved by the right means44.

Dans les discours des présidents américains ayant été au pouvoir durant la Deuxième guerre mondiale et dans l’immédiat après guerre, la question du « terrorisme » était donc presque totalement inexistante. Dans les très rares cas où le terme fut effectivement prononcé par Roosevelt ou Truman, il fit référence aux méthodes de l’armée allemande, à celles des forces communistes et à des actes commis par des groupes sionistes en Palestine.

Le « terrorisme » n’avait à l’époque aucune existence légale et, lorsqu’ils furent jugés à Nuremberg, les officiers et hauts dignitaires nazis ne furent donc logiquement pas jugés pour

« terrorisme ». Une analyse de la base de données du Projet Avalon de l’Université de Yale révèle néanmoins que la terminologie du « terrorisme » fut bel et bien utilisée par les juges et procureurs Alliés, et ce pour faire référence à des acteurs multiples : les SS (Schutzstaffel, la garde prétorienne du parti nazi), les SA (Sturm Abteilung, l'organisation paramilitaire du parti nazi), la Gestapo, l’armée allemande et les états ou individus ayant collaboré avec l’occupant.

Les accusés nazis et leurs avocats eurent eux aussi recours à cette terminologie pour faire référence aux communistes, aux forces résistant à l’Occupation et aux pilotes d’avions bombardiers Alliés. Le recours au « terrorisme » était par exemple mentionné dans le premier chef d’accusation contre le régime nazi,

« The Common Plan or Conspiracy » : After the failure of the Munich Putsch of 1923 aimed at the overthrow of the Weimar Republic by direct action, the Nazi conspirators set out through the Nazi Party to undermine and overthrow the German Government by « legal » forms supported by terrorism45.

Non seulement le « terrorisme » avait donc permis aux nazis d’accéder au pouvoir mais, toujours

44 Truman, 7 octobre 1952, The Public Papers of the President. Le 12 mars 1947, dans un message spécial au Congrès sur la situation en Grèce et en Turquie qui annonçait la Doctrine Truman, il expliqua ainsi : « The very existence of the Greek state is today threatened by the terrorist activities of several thousand armed men, led by communists, who defy the government's authority at a number of points, particularly along the northern boundaries».

Truman, 12 mars 1947, The Public Papers of the President.

45 Nuremberg Trial Proceedings, Vol. 1, « Indictment, Count One: The Common Plan or Conspiracy ». Accessible en ligne à : http://avalon.law.yale.edu/subject_menus/imt.asp (date de dernière consultation : 28/09/2011).

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d’après le premier chef d’accusation, c’était grâce à une véritable « politique terroriste » que ces derniers s’y étaient maintenus, par des méthodes utilisées pour commettre de nombreux crimes contre l’humanité :

In order to make their rule secure from attack and to instill fear in the hearts of the German people, the Nazi conspirators established and extended a system of terror against opponents and supposed or suspected opponents of the regime. […] They imprisoned such persons without judicial process, holding them in « protective custody » and concentration camps [...] These concentration camps were established early in 1933 under the direction of the Defendant Goering and expanded as a fixed part of the terroristic policy and method of the conspirators and used by them for the commission of the Crimes against Humanity hereinafter alleged46.

Le troisième chef d’accusation, portant sur les crimes de guerre, faisait quant à lui appel au concept de « terrorisme » pour décrire de nombreuses exactions commises par les Nazis contre les populations civiles durant leur occupation des pays vaincus47. Des membres de la délégation américaine eurent recours à la terminologie du « terrorisme » pour décrire les actes des SA, de la Gestapo et des SS48. Auguste Champetier de Ribes, le chef de la délégation française, fit quant à lui mention d’une politique d’assassinats et d’autres actes inhumains systématiques, de violences contre les prisonniers de guerre et les populations civiles. Il affirma ensuite que ces pratiques avaient participé de l’objectif nazi de « dominat[e] Europe and the world through terrorism and the extermination of entire populations in order to enlarge the living space of the German people49 ». Dans le texte du jugement du tribunal de Nuremberg, la terminologie du

46 Nuremberg Trial Proceedings, Vol. 1, « Indictment, Count One: The Common Plan or Conspiracy ».

47 Dans la section intitulée « Murder and Ill-Treatment of Civilian Populations of or in Occupied Territory and on the High Seas », on lit par exemple : « Throughout the period of their occupation of territories overrun by their armed forces the defendants, for the purpose of systematically terrorizing the inhabitants, murdered and tortured civilians, and ill-treated them, and imprisoned them without legal process. […] In the course of a premeditated campaign of terrorism, initiated in Denmark by the Germans in the latter part of 1943, 600 Danish subjects were murdered. […] From their program of terror, slavery, spoliation, and organized outrage, the Nazi conspirators created an instrument for the personal profit and aggrandizement of themselves and their adherents ». Nuremberg Trial Proceedings, Vol. 1, « Indictment, Count Three: War Crimes, Statement of the Offence ». Sir Hartley Shawcross, le chef de la délégation britannique, affirma lui : « The evidence that these territories were the scene of murder, slavery, terrorism, and spoliation on a scale without precedent in history, in breach of the most elementary rules as to belligerent occupation, has not really been seriously challenged ». Nuremberg Trial Proceedings Vol. 19,

« One-Hundred and Eighty-Eighth Day ».

48 Par exemple, le Colonel Storey déclara le 19 décembre 1945 : « In the early days of the Nazi movement [...] the SA was employed as a terroristic group. [...] That is another way of saying that it was a function of the SA to beat up and terrorize all political opponents ». Nuremberg Trial Proceedings, Vol. 4, Twenty-third day. Le 2 janvier 1946, il expliqua que « in Prussia and in the other states of the Reich [the Gestapo] carried out a program of terror against all who were thought to be dangerous to the domination of the conspirators over the people of Germany. Its methods were utterly ruthless. It operated outside the law and sent its victims to the concentration camps. The term

« Gestapo » became the symbol of the Nazi regime of force and terror ». Nuremberg Trial Proceedings, Vol. 4,

«Twenty-Fifth Day ».

49 Les actes des forces d’occupation Nazies contre la résistance, comme l’exécution de 50 voire 100 hommes en

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« terrorisme » fut également utilisée à plusieurs reprises. Hans Frank, officier en charge de l’administration de la Pologne occupée, est décrit comme « a willing and knowing participant in the use of terrorism in Poland », alors qu'en Hollande occupée, Arthur Seyss-Inquart « was ruthless in applying terrorism to suppress all opposition to the German occupation50 ».

Le procès de Nuremberg montre donc que pour les Alliés, et notamment pour les Etats-Unis, le

« terrorisme » pouvait prendre des formes très variées et faire référence à des actes ayant été commis aussi bien par des entités non-étatiques (avant 1933) que par des entités étatiques (après 1933), aussi bien en temps de paix qu’en temps de guerre. Il pouvait être interne, commis par les SA, SS ou SD contre le peuple allemand et les opposants au régime dans le but de prendre le pouvoir puis de le conserver. Il pouvait également être international, commis par ces mêmes groupes ainsi que par la Gestapo, par les forces armées d’occupation, par les gouvernements des pays occupés ou par des groupes de collaborateurs, dans le but de renforcer le pouvoir des forces d’occupation ou de réprimer des groupes raciaux, sociaux, politiques ou religieux spécifiques.

Les crimes de guerre et crimes contre l’humanité des Nazis avaient donc parfois été également des actes de « terrorisme » ou, dit autrement, c’était parfois au travers de pratiques « terroristes » que les Nazis avaient commis de tels crimes.

La lecture des audiences du tribunal de Nuremberg indique également que la terminologie du

« terrorisme » avait été utilisée par les Nazis eux-mêmes pour faire référence à leurs opposants politiques et notamment, durant la période de l’avant-guerre, aux Communistes, plusieurs articles du journal publié par les SA ayant ainsi été consacrés à la « terreur rouge » ou au « terrorisme rouge51 ». Des décrets officiels avaient joué un rôle central dans le renforcement du pouvoir nazi,

réponse à des actions contre l’occupant, relevaient eux aussi selon de Ribes de la « terreur » : « The atrocious orders issued in Marshal Kesselring's operational sector for combating partisan activity by terror are in all our minds ».

Nuremberg Trial Proceedings, Vol. 19, « One-Hundred and Eighty-Ninth Day ». L’un des représentants de la France à Nuremberg, Charles Dubost, expliqua quant à lui : « Goering organized concentration camps where he interned, without trial, all those who disagreed with fascism. He created the Gestapo which, from the day of its birth, established a regime of bloody terror. [...] All these terroristic activities of Goering were calculated to clear the way for the realization of the fundamental idea of the fascist conspiracy. [...] During the war, the terrorist activities of the army and the German police and the activities of the state and the party merged together ». Nuremberg Trial Proceedings, Vol. 19, « One-Hundred and Eighty-Ninth Day ».

50 Les juges Alliés notèrent l’existence d’une directive du Haut Commandement des forces armées nazies du 16 septembre 1941 selon laquelle « It is important to realize that human life in the countries to which this refers, means nothing, and that intimidating action is possible only through the application of unusual brutality ». Ils conclurent que le Haut Commandement nazi avait « consistently followed this policy, increasing its terroristic actions with regard to prisoners of war and the peaceful populations of occupied countries ». Nuremberg Trial Federal Rules Decision, 6 F.R.D. 69.

51 Un titre par exemple du 24 février 1934, « We Subdue the Red Terror », ou du 19 juin 1937, « Red Terrorism

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dont notamment celui signé par le président Hindenburg le 20 juillet 1932 déclarant la loi martiale : ils avaient été présentés comme venant en réponse aux « actes de terreur » communistes52. Pendant la guerre, le régime hitlérien qualifia de « terroristes » l’ensemble des actes violents commis par des citoyens non-allemands dans les pays sous occupation53, ce recours présumé au « terrorisme » justifiant des mesures de répression à leur tour extrêmement violentes comme l’arrestation et l’interrogation de populations de villages entiers, la destruction des habitations de ceux soupçonnés d’avoir aidé les partisans ou l’exécution de dizaines de prisonniers pour chaque soldat allemand ayant été tué par ceux que les Alliés appelaient les

« résistants ». De nombreux documents ou discours officiels expliquaient que seule la « terreur » pouvait venir à bout de la « terreur54 ».

Le Dr. Horn, avocat de deux officiers de l’armée de terre allemande, suggéra qu’il existait des circonstances atténuantes au lynchage public et à l’exécution de dizaines de pilotes Alliés faits prisonniers : en effet, ces pratiques étaient venus en réponse à des bombardements aériens prenant pour cible des populations civiles, ce qui était contraire au droit international et avait valu à ces pilotes d’être qualifiés, en Allemagne, de « terror flyers » ou de « terrorist airmen » :

Especially with regard to terrorist airmen it must not be overlooked that terror attacks in the form of air bombardments undeniably constitute a war crime if they are undertaken indiscriminately on cities and not on military and armament objectives only. It must be taken into account in the reaction throughout Germany toward the conduct of the air warfare of the Western Powers that, according to established and traditional conceptions in armed conflict between nations, attacks on the civilian population are prohibited55.

Nailed Down », Nuremberg Trial Proceedings, Vol. 4, « Twenty-Third Day ».

52 Le 22 juillet 1946 le Dr Kubuschock, avocat de Von Papen, expliqua que « domestic political needs required that the open toleration of Communist acts of terror by the Prussian Cabinet in office be brought to an end ». Nuremberg Trial Proceedings, Vol. 19, « One Hundred and Eighty Third Day ».

53 Le 30 juillet 1944 Hitler signa ainsi un décret intitulé « Terror and Sabotage » selon lequel « all acts of violence by non-German civilians in occupied territories should be combated as acts of terrorism and sabotage ». Nuremberg Trial Proceedings, Vol. 19, « One Hundred and Eighty Eigth Day ».

54Un document de juillet 1941 expliquait que les forces d’occupation ne pourraient prévaloir que si « all resistance is punished not by legal prosecution of the guilty but by the spreading of such terror by the occupying power as is appropriate to eradicate every inclination to resist among the population ». Une directive produite par le Conseil de Guerre Navale sur les méthodes à mettre en oeuvre pour faire face à la grêve générale de Copenhague ordonna quant à elle que « terror should be met by terror ». Nuremberg Trial Proceedings, Vol. 19, « One Hundred and Eighty Eigth Day ».

55 Quelques jours plus tôt, le Général Koller avait déclaré : « It was approximately the beginning of June 1944 [...]

when General Korten advised me that the Fuehrer intended to order that terror-fliers be left to the fury of the people ». Nuremberg Trial Proceedings, Vol. 17, « One Hundred and Seventieth Day ». Le Colonel Van Brauchitsch expliqua lui que s’était suite à la multiplication de raids aériens contre des cibles n’ayant aucune valeur militaire qu’il avait été chargé par le Haut Commandement des Forces Armées de travailler à la définition du concept de « terror-flyers ». Nuremberg Trial Proceedings, Vol. 17, « One Hundred and Seventy-Ninth Day ».

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Cette défense ne fut pas acceptée par le tribunal de Nuremberg car elle allait à l’encontre d’un principe fondamental du droit international, comme l’expliqua le chef de la délégation américaine, Robert Jackson : « It is a well-established principle of international law that a violation on one side does not excuse or warrant violations on the other side56 ». Le sujet des bombardements aériens dans son ensemble se retrouva ainsi exclu du procès de Nuremberg puisque les Alliés avaient, lors de la phase préparatoire, décidé de ne pas inclure cette pratique dans leurs chefs d’accusation contre les Nazis.

A Nuremberg, les Allemands ne furent donc pas jugés pour les destructions produites par les missiles V1 et V257 ou pour leurs bombardements de villes comme Varsovie, Rotterdam ou Coventry au début de la guerre. Comme l’explique Telford Taylor, membre de la délégation américaine et auteur de deux ouvrages de référence sur Nuremberg, la décision d’exclure les pratiques de la Luftwaffe avait été motivée par le flou relatif du droit international sur la question au moment du déclanchement des hostilités58 mais aussi et surtout par le fait qu’il s’agissait là de méthodes auxquelles le Royaume-Uni et les Etats-Unis avaient eu recours de manière bien plus systématique et avec des résultats bien plus destructeurs que l’armée de l’air allemande :

Whatever may have been the laws of war before the Second World War, by the time the war ended there was not much law left. Since both sides had played the terrible game of urban destruction – the Allies far more successfully – there was no basis for criminal charges against Germans or Japanese, and in fact no such charges were brought59.

En effet, si les Alliés se proposèrent bien initialement de ne bombarder que des cibles très précises et ayant une valeur purement militaire60, cette décision avait été rapidement abandonnée.

Citant des documents officiels de l’époque, Michael Walzer écrit ainsi qu’en novembre 1941, suite aux bombardements nazis de Coventry,

« Bomber Command was instructed simply to aim at the center of a city. » What had once been

56 Nuremberg Trial Proceedings, Vol. 9, « Seventy-Ninth Day ».

57 Le juge soviétique avait initialement proposé que ces attaques fassent partie des crimes jugés à Nuremberg, une proposition finalement rejetée par les britanniques. Taylor, The Anatomy of the Nuremberg Trials, 168.

58Telford Taylor, Nuremberg and Vietnam: An American Tragedy (NY: Bantom Books, 1971) 140 et Tami Davis Biddle, in Michael Howard, George Andreopoulos and Mark R. Shulman, The Laws of War (New Haven and London: Yale University Press, 1994) 155.

59 Taylor, Nuremberg and Vietnam, 140. Taylor écrivit également, dans un autre ouvrage consacré lui aussi à Nuremberg : « The great city air raids of the war – Hamburg, Berlin, Dresden, Tokyon, Hiroshima, and Nagasaki – had been conducted by Britain and the United States, which made it most unlikely that the prosecution would make a big thing out of the Germans' earlier raids which, destructive as they were, paled by comparison ». Taylor, The Anatomy of the Nuremberg Trials, 325.

60 Comme le rapporte Michael Walzer, « A directive issued in June of [1940] had " specifically laid down that targets had to be identified and aimed at. Indiscriminate bombing was forbidden" ». Michael Walzer, Just and Unjust Wars: a Moral Argument with Historical Illustrations (NY: Basic Books, 1977) 255.

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called indiscriminate bombing (and commonly condemned) was now required, and by early 1942, aiming at military or industrial targets was / barred: « the aiming points are to be the built-up areas, not, for instance, the dockyards or aircraft factories »61.

Howard Zinn note, quant à lui, qu'en janvier 1943, 9 mois avant le discours de Roosevelt qualifiant Goering et ses officiers de « terroristes », les Alliés se réunirent à Casablanca et décidèrent d’adopter une stratégie de bombardements aériens visant la destruction du système militaire, industriel et économique allemand « and the undermining of the morale of the German people to the point where their capacity for armed resistance is fatally weakened62 ». A la suite de la destruction totale de Dresde dans la nuit du 13 au 14 février 194563, Winston Churchill, qui avait quelques années plus tôt expliqué que l'objectif des bombardements britanniques devait être de « make the enemy burn and bleed in every way64 », émit des doutes sur la justesse morale de méthodes dont l’objectif principal, il le reconnaissait, était de faire régner la « terreur » au sein des villes allemandes :

It seems to me that the moment has come when the question of bombing German cities simply for the sake of increasing the terror, though under other pretexts, should be reviewed... The destruction of Dresden remains a serious query against the conduct of Allied bombing65.

La campagne de bombardements américains sur le Japon obéit à une logique identique, l’objectif étant de briser le moral de la population japonaise et sa capacité et volonté à participer à l'effort de guerre. Thomas Schelling, l’un des spécialistes les plus reconnus de la Deuxième guerre mondiale, écrit ainsi à propos du recours à l’arme atomique à Hiroshima et Nagasaki :

These were weapons of terror and shock. They hurt, and promised more hurt, and that was their purpose. The few small weapons we had were undoubtedly of some direct military value, but their enormous advantage was in pure violence. In a military sense the United States could gain a little by destruction of two Japanese industrial cities; in a civilian sense, the Japanese could lose much. The political target of the bomb was not the dead of Hiroshima or the factories they worked in, but the survivors in Tokyo66.

61 Walzer, Just and Unjust Wars, 255-256.

62 Howard Zinn, A People’s History of the United States of America (NY: Harper Collins, 2005), 412. Le 28 juillet 1943, par exemple, la British Royal Air Force bombarda la ville de Hambourg. Comme le note le Lieutenant Colonel Dave Grossman, professeur d'histoire militaire et de psychologie, « Seventy thousand people died at Hamburg the night the air caught fire. They were mostly women, children, and the elderly, since those of soldiering age were generally at the front. They died horrible deaths, burning and suffocating ». Dave Grossman, On Killing:

The Psychological Cost of Learning to Kill in War and Society (Boston: Little, Brown and Company, 1995) 101.

63 Au cours de ce bombardement, environ 100 000 personnes, essentiellement des civils, trouvèrent la mort.

64 Winston Churchill, cité dans Caleb Carr, The Lessons of Terror. A History of Warfare against Civilians: Why it Has Always Failed and Why it Will Fail Again (New York: Random House, 2002) 176.

65 Winston Churchill, cité dans Walzer, Just and Unjust Wars, 261.

66 Thomas Schelling, Arms and Influence (New Haven: Yale University Press, 1966) 16.

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