Doit-on continuer à enseigner les sciences physiques à tous les élèves de seconde ?
par Jean BOUSQUET Lycée Ile de France - 35000 Rennes
L’année scolaire touche à sa fin : dans la plupart des classes de seconde, on s’aper- çoit que l’enseignement des sciences physiques est encore plus difficile que les années précédentes. Si, lors des séances de TP, les choses se déroulent à peu près normalement, il n’en va pas de même pendant les heures de cours où il devient difficile de supporter trente-cinq ou trente-six élèves dont les deux tiers ou les trois quarts ne cessent de répé- ter à chacune de vos remarques : «La physique, j’en ai rien à faire ; j’en ferai plus l’an- née prochaine».
Il est évident qu’une telle situation n’est pas amusante pour le professeur. On peut nous répondre qu’après tout, il est payé pour cela. Mais elle est bien plus préjudiciable pour les élèves qui veulent faire une première S l’année suivante et qui perdent leur temps, puisqu’il n’est pas possible de travailler au rythme qu’ils devraient pouvoir ac- quérir pour suivre normalement dans une classe scientifique. On sait très bien que la plupart des élèves ont beaucoup de mal à s’adapter aux exigences de la première S, en sciences physiques, car ils trouvent que le fossé à franchir entre la seconde et la pre- mière est, pour eux, beaucoup trop important.
Toutes ces considérations m’ont amené à poser la question : «Doit-on continuer à enseigner les sciences physiques à tous les élèves de seconde ?». J’ai pensé à une solu- tion qui va paraître utopique et même farfelue à certains, et pourtant elle est déjà utili- sée, dans des cas moins nombreux j’en conviens, pour les deuxièmes langues (qu’un certain nombre d’élèves de classes scientifiques abandonnent en cours d’année). Au dé- but de l’année, on ne change rien au dispositif actuel (ou on peut envisager de suppri- mer une demi-heure de cours), mais au milieu de l’année scolaire, par exemple aux va- cances de Noël, les sciences physiques deviendraient une matière optionnelle que les élèves peu motivés ou complètement dépassés pourraient alors abandonner. L’adminis- tration pourrait alors réorganiser les secondes pour que les effectifs restants en sciences physiques soient équivalents dans toutes les classes.
Vol. 92 - Juin 1998
ACTUALITÉS PÉDAGOGIQUES 1117
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J’aimerais connaître la position des membres de l’UdP sur ce problème. D’un côté, je conçois bien qu’il est important de promouvoir l’enseignement des sciences physi- ques, pour tous les élèves, d’où mon idée de continuer, en début d’année scolaire, ce qui se fait actuellement. Mais d’un autre côté, je m’aperçois que notre tâche devient de plus en plus irréalisable et qu’en fait, on obtient l’effet contraire : on rend allergique aux sciences physiques, la moitié, au moins, de nos élèves.
NDLR : La publication de cet article dans la rubrique «Libre opinion» indique bien qu’il n’engage que son auteur. Mais nous sommes bien conscients des difficultés évoquées par ce collègue et ouverts à toute discussion qui permettrait de faire émerger des idées ou des suggestions propres à améliorer l’enseignement des sciences physi- ques en seconde.
Nous espérons que cet appel à discussion atteindra son but : n’hésitez pas à vous exprimer soit par courrier soit sur le serveur UdP où cet article est également publié.
(Adresse serveur :http://www.cnam.fr/hebergement/udp)
BUP n° 805
1118 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS
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