HAL Id: jpa-00208504
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Submitted on 1 Jan 1976
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Excitation des paires d’ions dans le rubis. Niveaux 4T 2 4A2 des paires d’ions
M. Ben Ghorbal, E. Duval
To cite this version:
M. Ben Ghorbal, E. Duval. Excitation des paires d’ions dans le rubis. Niveaux 4T 2 4A2 des paires
d’ions. Journal de Physique, 1976, 37 (9), pp.1073-1082. �10.1051/jphys:019760037090107300�. �jpa-
00208504�
1073
EXCITATION DES PAIRES D’IONS DANS LE RUBIS.
NIVEAUX 4T2 4A2 DES PAIRES D’IONS
M. BEN GHORBAL et E. DUVAL
Laboratoire de
Spectroscopie
et deLuminescence,
UniversitéClaude-Bernard, Lyon
I43,
boulevard du11-Novembre-1918,
69621Villeurbanne,
France(Reçu
le 2février
1976, révisé le 5 avril 1976,accepté
le 14 avril1976)
Résumé. 2014 Les transitions à 0-phonon
4A2 4A2 ~ 4T2 4A2
des paires d’ions troisièmes voisins et des paires d’ions quatrièmes voisins sont mises en évidence dans les spectres d’excitation de cespaires à basse température dans des cristaux de rubis fortement
dopés.
Ce résultat rend manifeste le pompageintrinsèque
des paires. Par modulation de l’excitation, il a étépossible
de séparer les spectres d’excitation par transfert des spectres d’excitation directe des paires d’ions. Un circuit analogique électrique permet de schématiser correctement l’excitation et l’émission. Les constantes de temps de l’émission sont déterminées par la mesure des déphasages de l’émission par rapport à l’excitation.Les résultats expérimentaux sont comparés à ceux déjà publiés par d’autres auteurs afin d’éclaircir le mécanisme de transfert.
Abstract. 2014 The
4A2 4A2 ~ 4T2 4A2
0-phonon transitions of third neighbour pairs and fourth neighbourpairs
have been observed in the excitation spectra of these pairs at low-temperature for stronglydoped
ruby crystals. This experimental result makes evident the intrinsicpumping
ofpairs.
Modulation of the excitation was used in order to be able to separate the transfer excitation spectra from the direct excitation spectra of the ion pairs. An equivalent electric circuit gives a correct scheme
for the excitation and emission. The time constants of the emission are determined by measurement of phase shifts. The experimental results are compared to other results
already published,
in orderto obtain an improved understanding of the energy-transfer process.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE TOME 37, SEPTEMBRE 1976,
Classification
Physics Abstracts
2.630 - 8.840
1. Introduction. - Durant ces dernieres annees une
grande importance
a 6t6 accord6e a l’etude des pro-pri6t6s optiques
du rubis fortementdope.
Plusieurstravaux et essais
d’interpretation
des spectresoptiques
ont ete
publi6s.
Un recent resume de ces differentespublications
a 6t6 fait par R. C. Powell et B. di Bar- tolo[1].
On entend par
rubis fortement dopé
un cristal d’alu- mine a contenant un pourcentage deCr3 +
en ions grosso modosup6rieur
a0,1 %.
Le spectre d’6mission d’un tel cristalpr6sente
quatre raiesprincipales
nom-m6es
R1, R2, N1, N2.
Les raiesR,
etR2
sont desraies de resonance
correspondant
aux transitions2E --> 4A2 qui
donnent l’effet laser. Les raiesN1
etN2;
a 7 041A
et 7 009A respectivement, proviennent
de
paires
d’ionsCr3 +
etcorrespondent
a des transi- tions du type(2E 4A2) - (4 A2 4 A2).
Par 1’etude de l’effet d’une contrainteuniaxiale, Kaplyanskii
etPrzhevuskii
[2]
d’unepart,
Mollenauer et Schawlow[3]
d’autre part, ont montr6 que la raie
N1 provient
depaires
de voisins au troisiemedegre (ou paires-troi-
si6mes
voisins),
la raieN2
depaires
de voisins auquatrieme degre (ou paires-quatriemes voisins).
Imbusch
[4]
observait un double declin aussi bienpour 1’emission
N1
que pour l’emissionN2.
11 asso-ciait le declin de
plus longue
constante de temps au transfert de 1’excitation auxpaires
apartir
d’ionsisoles
eloignes,
le declin deplus
courte constante de temps au transfert de 1’excitation auxpaires
apartir
d’ions isoles
plus proches. Powell,
diBartolo, Birang
et Naiman
[5]
emettaient1’hypothese
d’un pompageintrinseque
despaires
apartir
de la mesure des temps de montee initiale de la fluorescence.Recemment,
Kushida et Tanaka[6],
utilisant un laser afrequence variable,
ont observe a 77K,
la variation d’intensite des raiesN1
etN2
en fonction de lalongueur
d’onde d’excitation. Ils ont mis en evidence des raies d’excitation
correspondant
aux transitions(4A2 4A2) - (4A2 4T2)
despaires
d’ions. Utilisant latechnique
dechronospectroscopie, Engstrom
etMollenauer
[7]
ont faitapparaitre
a 77 K des bandesd’excitation de la raie
N2
a4 650, 4 770,
4 850 et6 050
A qu’ils
ont attribu6es aux transitions(4 A2 4A2) - (4T14 A2) (4A2 4 A2) - (4 T24A2) de cette
paire. Enfin,
Ben Ghorbal,
Duval et Champagnon [8]
observaient a
5,2
K des spectres d’excitation diffe- rents pour les raiesN,
etN2
et differents du spectre d’excitation des raiesR,
etR2.
Les spectres d’exci-Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019760037090107300
tation des
paires
d’ionspresentent
des raiesdeplacees
vers les basses
energies
par rapport a la transition à0-phonon 4 A2 4T 2. L’hypothese
etait emise queces raies d’excitation
correspondent
aux transitionsvibroniques (4A2 4A2) -+ (4A2 4T2)
despaires
d’ionset donc que les
paires
sontpartiellement
excitees par pompage direct. Ce travail a etepoursuivi
en modu-lant l’intensité de 1’excitation. On d6tecte alors une emission modul6e a la
frequence
de 1’excitation etdont la
phase
est fonction de la constante detemps
du declin.A l’aide d’une detection sensible a la
phase,
on peut alorsseparer
les différentes contributions de 1’emissioncorrespondant
a des constantes de temps differentes etpreciser
ces constantes de temps. Ainsi il devientpossible
depreciser
le processus d’excitationcorrespondant
achaque
contribution.2.
Spectres
d’excitation. - 2.1 DISPOSITIF EXPERI-MENTAL. - Le montage
optique
est schematise sur lafigure
1. La source de rayonnement utilisee est unelampe
a iode de 250 W dont le filament est focalisesur la fente d’entr6e d’un monochromateur Jobin- Yvon dont la
dispersion
est de 12A/mm, equipe
d’unreseau Bauch et Lomb de 1 220 traits par
millimetre,
blaze a 5 500A.
A la sortie du monochromateur la lumiere est focalisee sur le cristalapres
avoir eteeventuellement modulee par un
chopper m6canique.
Un autre monochromateur de memes caractéris-
tiques
que lepremier,
si ce n’est le reseau blaze à 7 500A, place perpendiculairement
a 1’axeoptique
du
premier,
permetd’analyser
la lumiere emise par leFIG. 1. - Schema du montage optique. S : Lampe a iode. M.S. :
Moteur synchrone. L : Lentille collimatrice. P.D. : Photodiode.
M : Monochromateur. L : Lampe de reference. C : Cristal. F : Filtre.
P.M. : Phtomultiplicateur. qJ: D6phaseur. H.T. : Generateur
Haute Tension. P.A. : Preamplificateur. A : Amplificateur. E : Enre- gistreur. D.S.P. : Pont a detecteur sensible a la phase.
cristal. La lumiere est detectee par un
photomulti- plicateur
type E.M.I. 9558Q.B.
A la sortie du
photomultiplicateur,
lesignal
estdirige
soit sur unpicoamperemetre
pour etreenregistre directement,
soit sur un detecteursynchrone
type A.I.M.precede
d’unpr6amplificateur, amplificateur,
et filtre. Le
signal
de reference obtenu d’unelampe
dont la lumiere est modulee par le
chopper
et detecteepar une
photodiode,
traverse un filtre et undephaseur
avant d’entrer dans le detecteur
synchrone.
Les mesures sont faites a
5,2
K ou 77 K. Latempera-
ture de
5,2
K est obtenue par un flux de gaz d’helium froidpr6lev6
a la surface du bain d’heliumliquide
d’uncontainer et traversant un cryostat. Les echantillons utilises sont des cristaux de rubis foumis par
Ugine- Kuhlman,
de dimensions 3 x 3 x 10mm’
ou4 x 5 x 10
mm3, dopes
a0,17 %, 0,57 %
ou2,2 %
enions Cr3+.
2. 2 RTSULTATS EXPTRIMENTAUX. - 2 , 2 .1
Spectre
d’excitation non modulée. - Les spectres d’excitation ont d’abord 6t6 observes en lumiere non modulee à
une
temperature
voisine de celle de I’h6liumliquide (5,2 K).
On observe les spectres d’excitationURl
de laraie
R1
des ions isoles.UNl
de la raieNi
despaires
troisiemes
voisins, UN2
de la raieN2
despaires
qua-tri6mes voisins en
reglant
le deuxieme monochro- mateurrespectivement
sur les raies d’emissionR1 (6
935A), N1 (7
041A)
ouN2 (7
009A).
Dans lestrois cas, l’excitation se fait dans la bande U de 6 150
A
a 5 500
A.
On observe surtout lespremieres
raiesvibroniques,
la transmission des cristaux concentres devenantpratiquement
nullelorsqu’on s’approche
dusommet de la bande
d’absorption.
Lafigure
2 donneles spectres
UR1, UNl
etUN2
obtenus a5,2
K d’uncristal de rubis
dope
a0,57 %
en ionsCr3 +,
lafigure
3d’un cristal
dope
a2,2 %.
On remarque sur les trois spectres de lafigure 2,
une raie commune situee à5 960
A correspondant
a la raie azero-phonon
desions isoles. Sur le spectre
UNl
deux raiesapparaissent a 6 O10 A et 6
084A,
tandis que le spectreUN2 presente
une raie situee a 6 055
A.
Ces raies n’existent pas dans le spectreUR1.
11 s’avere donc que lespaires
d’ionssont excitees a
partir
d’etats differents de 1’6tat4T 2
des ions
Cr3 +
isol6s. On remarque, deplus,
que la distance enenergie
entre les raies a 6 084A
et 6 O10A
dans le spectre
UNl
est de 202cm -1.
Cette6nergie
est,aux erreurs
d’experience pres, 1’energie
d’unphonon qui apparait
dans la transition’A2 -+ 4T2
des ionsCr3 +
isol6s. Cespremiers
r6sultatsexperimentaux permettent
de formulerI’hypoth6se suivante, hypo-
these
qui
adeja
ete emise dans unepremiere
note[8] :
Les raies a 6 084
A
et 6 010A
sontrespectivement
les raies a
0-phonon
et aI-phonon
de la transition(4A2 4 A2) -4 (4T2 4A2)
despaires
troisiemesvoisins,
la raie a 6 055A
est la raie a0-phonon
de la transition(4 A2 4 A2) -4 (4T2 4A2)
despaires quatriemes
voisins.Par voie de
consequence,
lesspectres UNl
etUN2
obtenus par excitation non modul6e sont la super-
1075
FIG. 2. - Spectres d’excitation non modul6e d’un cristal dope a 0,57 % en ions Cr3+
position
de deux spectres, l’uncorrespondant
a latransition
4 A2 -+ ’T2
des ions isoles et 1’autre a la transition(4 A2 4A2) (4T2 4A2)
despaires.
Cettehypothese
trouve sajustification
dans les spectres obtenus par la m6thode dechronospectroscopie.
2.2.2
Spectres
d’excitation modulée. - Dans le cadre de cettehypothese,
on peut direqu’il
existedeux processus d’excitation des
paires, l’un
constituepar le transfert des ions isol6s aux
paires, l’autre
par le pompage direct despaires.
Ces deux processus donnent naissance a deux emissions de constantes de temps differentes. Donc le retard de 1’6mission ou la difference dephase qJ
dusignal (d
lafrequence
cvlorsque
1’excitation est modul6e a lafrequence w)
par rapport a la lumiere excitatrice varientlorsqu’on
passe d’un processus a 1’autre. Donc, enreglant
laphase
dusignal
de reference pour 61iminer 1’6mission corres-pondant
a l’un des processus, il devientpossible d’enregistrer
le spectre d’excitationcorrespondant
à1’autre processus, isolement.
Ainsi,
parexemple,
dans le spectreUNi
la raie à6 010
A
peut etresuppos6e correspondre
au processus directpuisqu’elle
n’existe pas dans le spectreUR, -
En
reglant
laphase
dusignal
de reference de maniere à fairedisparaitre
cetteraie,
on elimine le spectre d’excitationcorrespondant
au processus direct. Onenregistre
le spectreUNl
donn6 dans lafigure 4,
parcomparaison
on se rend compte que ce spectre .estequivalent
au spectreURI,
aux erreursd’exp6rience
FIG. 3. - Spectres d’excitation non modul6e UR,, UNl et UN2
d’un cristal dope a 2,2 % en ions Cr3+ a 5,2 K.
pres.
De la memefaron,
si on 61imine la raie a 6 055A
dans le spectreUN2,
onenregistre
unspectre UN2 equivalent
auspectre UR, (Fig. 4).
Les spectres
UNl
etUN2
de lafigure
5 ont 6t6 obtenusa
5,2 K,
pour le cristaldope
a0,57 %
en ionsCr3 +,
en
reglant
laphase
dusignal
de reference de maniere à annulerapproximativement
le spectreUR1.
On cons-tate, dans ces deux spectres, que la raie a
0-phonon
à5 960
A
de la transition4 A2 -+ 4T2
des ionsCr3 +
isol6s a
disparu
etqu’il apparait
une structure vibro-nique r6guli6re
danslaquelle
les raies sontseparees
par
approximativement
200 cm-1. 11 n’a pas 6t6possible
d’obtenir proprement cesspectres
pour le cristalplus
concentre a2,2 %
en ionsCr3 + .
On peut tirer les conclusions suivantes de ces spectres obtenus par modulation de 1’excitation.
(1)
Lepremier
processus
(Fig. 4) correspond
au transfert des ions isoles auxpaires; (2)
Le deuxieme processus(Fig. 5) correspond
au pompageintrinseque
despaires
etles spectres
UNl
etUN2
de lafigure
5correspondent
aux transitions
(4A2 ’A2) -+ (’T2 4 A2)
despaires
troisiemes voisins et des
paires quatriemes
voi-sins, respectivement.
Lespositions
des raies deFIG. 4. - Spectres d’excitation UR, compares aux spectres d’exci- tation partransfert UN1 et UN2d’un cristal dopé à 2,2 % en ions Cr3+
a 5,2 K.
FIG. 5. - Spectres d’excitation intrins6que UNl et UN2 d’un cristal
dope a 0,57 % en ions Cr3 + a 5,2 K.
plus
basseenergie
ou raies a0-phonon
correspon- dant aux transitions’A2 -+ 4T2
des ionsisol6s, (4A2 4 A2) (4T2 4A2)
despaires
troisiemes voisinset des
paires quatriemes voisins,
sont donnees dans le tableau I.TABLEAU I
Position des raies à
0-phonon
en cm-13. Influence de la
temperature
et dudopage. -
3.1 INFLUENCE DE LA THERMALISATION. - En
comparant
lesfigures
2 et3,
on constate d’abord que les raiesvibroniques s’elargissent lorsque
la concentration augmente, mais aussi que l’intensit6 relative des raies a0-phonon
despaires
d’ions par rapport a l’intensit6 de la raie a0-phonon
des ions isol6s varie tres peuavec la concentration en ions
Cr3 +,
meme a tres bassetemperature. Cette
constatation est valable pour lespaires
d’ions troisiemes etquatriemes
voisins a5,2 K,
mais aussi pour lespaires quatriemes
voisins a 77 K(Fig. 6, 7, 8).
Cette intensité relative mesure le rapport du pompage direct et du pompage par transfert despaires
d’ions apartir
des ions isol6s. On s’attendrait a ce que 1’effet du pompage direct par rapport a 1’effet du pompage partransfert,
augmente avec la concen- tration en ionsCr3 +,
c’est-a-dire avec1’augmentation
du nombre de
paires.
Dans cecas, l’intensit6
relativedes raies a
0-phonon
despaires
d’ions par rapport à l’intensit6 des raies a0-phonon
des ions isoles devraitFIG. 6. - Spectres d’excitation non modulee d’un cristal dope a 2,2 % en ions Cr3+
1077
FIG. 7. - Spectres d’excitation non modulee UR1, UNl et UN2
d’un cristal dope a 0,57 % en ions Cr3+ a 77 K.
FIG. 8. - Spectres d’excitation non modul6e UR1, UNl et UN2
d’un cristal dope a 0,17 % en ions Cr3 + a 77 K.
augmenter avec la concentration. Cette evolution n’est pas observ6e parce que le transfert ions iso- 16s --+
paires
d’ions est d’autantplus rapide
que la concentration en ionsCr3+
estimportante.
Cetteinterpretation
sera corroboree par la mesure des constantes de temps de 1’emissionqui
fontapparaitre
une diminution du temps de transfert ions iso- 16s -+
paires
d’ions avec uneaugmentation
de concen-tration.
Sur la
figure
6qui
donne les spectres d’excitation a 77 K du cristaldope
a2,2 %,
on peut observer unepetite
bosse dansle
spectreURl correspondant
a laraie a
0-phonon 4A2 4 A2 --+ 4T2 4A2
despaires
qua- tri6mes voisins. Cette raie n’est pas observee pour le cristaldope
a0,57 % (Fig. 7).
Ceci montrequ’a
latemperature
de 77 K et une concentration de2,2 %
enions
Cr3 +,
le transfertpaires
d’ions - ions isol6s esteffectif,
et donc que latemperature
de thermalisation des niveaux2E 4A2
despaires quatriemes
voisinset
2E
des ions isoles est atteinte. Ce r6sultat est enaccord avec ceux de
Powell,
diBartolo, Birang
etNaiman
[5] qui
montrent que latemperature
de ther-malisation des niveaux excites des differents centres actifs dans le cristal decroit
lorsqu’on
augmente la concentration en ionsCr3+.
3.2 INFLUENCE SUR LA POSITION DES RAIES A O-PHO-
NON. - Le tableau I nous
indique
que laposition
desraies a
0-phonon
varie en fonction de la concentration.Le
deplacement
de la raie a0-phonon correspondant
a la transition
4A2 --+ 4T 2
des ions isol6s est enparfait
accord avec les resultats de
Kaplyanskii,
Przhevuskii et Rozenbaum[9].
Eneffet,
cette variation est lin6aireavec la concentration c, en pour cent d’ions
Cr3 + ,
et obeit a la
relation, ci-dessous,
siv(c)
est lafrequence
de la raie a la concentration c :
L’application
de cette relation a la variation de laposition
des raies a0-phonon
despaires
d’ions troi- sièmes voisins et despaires
d’ionsquatriemes
voisinscorrespondant
aux transitions(4A2 4A2) -+ (4T2 4 A2),
nous donne les valeurs suivantes pour le
parametre
6 = -
(5
±2) cm - llc
pour lespaires
troisiemesvoisins et -
(7
±2) cm-1/c
pour lespaires quatriemes
voisins.
Le
deplacement
des raies a0-phonon
en fonctionde la concentration est du essentiellement a
1’expansion
de la matrice cristalline
provoquee
par la substitution d’un atome d’aluminium par un atome dechrome,
car l’ionCr3 +
estplus
volumineux que l’ionAl3 +.
Il s’ensuit une modification du
champ
cristallin et par suite undeplacement
des niveauxd’6nergie.
Le faitque le
deplacement
de la raie des ions isoles estplus rapide
que celui de la raie despaires parait
normalpour une raison
d’homog6n6it6
de la concentrationen ions
Cr3+
dans le cristal. L’existence d’unepaire
conduit a une concentration locale
importante donc,
si 1’onajoute
encore des ionsCr3 +,
ces demiers seplaceront
en moyenneplus pres
d’un ion isole que d’unepaire.
A la
temperature
de 77 K, on observe un61argisse-
ment considerable de la raie a
0-phonon
despaires
troisiemes voisins
(Fig. 6).
Cetelargissement
est dusans doute en
partie,
a la structure de 1’6tat fonda- mental de lapaire
troisieme voisin[1].
Eneffet,
les deux niveauxmagnetiques correspondant
auspin
total S = 0 et S = 1 sont distants d’environ 9 cm-1.
Donc a 77 K, le niveau S = 1 se
peuple
cequi
serepercute
par unelargissement
de la raie a0-phonon.
4.
Analogie electrique
et mesure des constantes de temps. - 4.1 ANALOGIETLECTRIQUE.
- Une analo-gie
sous forme de circuit6lectrique
permet dejustifier
la methode
d’analyse
du spectre d’excitation par modulation et de faciliterl’interpr6tation
des cons-tantes de. temps d’emission.
Engstrom
et Molle-nauer
[7]
ont etabli une telleanalogie
en se conformanta
I’hypoth6se
d’Imbusch[4] qui implique
1’absencedu pompage
intrinseque
despaires.
Elle est donneeici en prenant en compte a la fois le pompage par transfert et le pompage
intrinseque.
Un etat excite peut etre
represente
a 1’aide d’un condensateur decapacite
arbitraire C. Ladecharge
du
condensateur
a travers une resistance est1’analogue
d’une transition d’un 6tat a un autre. L’inverse de la resistance ou la conductance est
proportionnelle
a laprobabilite
de transition. Si N est le nombre d’ions isolesexcites,
le circuitequivalent
rendant compte de 1’excitation et de 1’emissioncorrespondant
a la tran-sition
2E --+ 4A2
est un circuitR/N,
NCparallele,
alimente par un
generateur
de courant Niexp(jwt).
Les ions isoles se desexcitent par diverses transitions
non
radiatives,
enparticulier
vers lespaires
troisiemesvoisins ou
quatrièmes
voisins. Toutes ces transitionsqui
sont non r6versibles a bassetemperature
sontrepresentees
par ladecharge
du condensateur decapacite
NCdans
une resistanceequivalente RIN.
Le
systeme
despaires
d’ions troisiemes voisins estrepresente
par un cricuitparallele, rllnl,
niC,
ali- ment6 d’une part par ungenerateur
de courantnl il exp jwt analogue
du pompageintrinseque
et, d’autrepart,
par transfert apartir
des ions isoles à travers une resistanceRtl/N
suivie d’une diodequi specifie
que le transfert est irreversible. Le circuitanalogique
despaires
d’ionsquatriemes
voisins estschematise de la meme
fagon,
l’indice 1 6tantremplace
par l’indice 2 dans le schema
precedent.
Le circuitanalogique
totalpermettant
d’etudier 1’emission des ionsisoles,
despaires
d’ions troisiemes voisins et despaires
d’ionsquatriemes voisins,
est donne dans lafigure
9. Dans ce circuitanalogique,
la conductanceNIR,,,
estajoutee
pour le transfert vers d’autrespaires
ou
pieges
ou encore d’autres transitions non radiatives.Le transfert entre
paires quatriemes
voisins etpaires
troisiemes voisins a ete
neglige
ainsi que le transfert de cespaires
vers d’autrespieges
non consideres ici.FIG. 9. - Circuit analogique pour 1’emission des ions isol6s et des
paires d’ions a basse temperature. La derivation en tirets symbolise
le transfert non radiatif vers d’autres paires ou pieges autres que les
paires troisiemes voisins ou quatriemes voisins.
On peut calculer maintenant les courants
iR, iN1, iN2
dans les resistances
R/N, rllnl, r2ln2 qui repr6sentent
1’emission
respectivement
des ionsisoles,
despaires
troisiemes voisins et des
paires quatriemes
voisins.On trouve facilement :
Le
dephasage
gR est donne par :Le
signal
dedeclin, apres
arret de1’excitation,
estde la forme :
N(o)
est le nombre d’ions isoles excites au temps t = 0 de I’arr8t de 1’excitation. Le courant dans la resistancerl /nl correspondant
a 1’emissionN1
ou des troisiemes voisins est la somme de deux courants, 1’un corres-pondant
autransfert,
I’autre au pompage direct :1079
avec :
Si :
le
signal
dedeclin, apres
arret de1’excitation,
est de la forme suivante si T, > iNlou
n1 (o)
est le nombre depaires
troisiemes voisins excit6es par transfert ou par pompageintrinseque
au temps t = 0 de 1’arret de 1’excitation.Si TN, est voisin de TR le
signal
sNlprend
la forme :ou
Ces memes
expressions
sont valables pour lespaires quatriemes
voisins enremplacant
l’indice 1 par l’indice 2.L’expression (5)
met bien en evidence les deux processus d’excitation : lepremier
termerepresente
un
signal
d’emissiondephase
de TR + TN, par rapport a1’excitation,
du au pompage partransfert,
tandis que le deuxieme termerepr6sente
unsignal
d’6missiondephase
de ({JNl du essentiellement au pompage direct.Le
signal
de declin est bien la somme de deux expo-nentielles,
lepremier
terme estintegralement
du autransfert,
mais le deuxieme termedepend
des deuxprocessus, transfert et pompage
intrinseque.
Cettedependance
intervient par le terme enN(o)
mais aussipar
nl (0).
Eneffet,
lapopulation nl(O)
de 1’etat excite despaires
a l’instant t = 0 de I’arr8t de1’excitation,
peutprovenir
dutransfert,
enparticulier
si la duree de1’excitation n’est pas tres courte.
Les relations
(1)
et(5) justifient
les mesuresprécé-
dentes des spectres d’excitation. En
effet,
si on envoie dans le detecteur dephase
unsignal
de reference de la formes exp j(wt -
(PR - ({JNl +n/2)
onenregistre
le spectre d’excitation
correspondant
au pompageintrinseque.
Si TN,CfJR.
ou si’rN
iR, le spectred’excitation direct sera obtenu en annulant par
r6glage
de la
phase
dusignal
de reference lesignal
d’emissiondes ions isoles.
Reciproquement,
on obtient le spectre d’excitation par transfert si lesignal
de reference estde la forme s
exp j(wt -
({JNl +n/2), c’est-a-dire,
enannulant une raie pure du spectre d’excitation
direct,
ainsi les raies aplus
bassesenergies.
4.2 MESURES DES CONSTANTES DE TEMPS D’TMISSION.
- De ce
qui precede,
on voit que l’on peutdeduire,
de la mesure desdephasages
de 1’6mission par rapporta
1’excitation,
les valeurs des constantes de temps de 1’emission. Comme on nedisposait
pas d’un detecteur dephase
donnant directement laphase,
on utilisaitdeux
dephaseurs,
l’un desdephaseurs dephasant
dercJ2
lesignal
de sortie de 1’autredephaseur.
Dans unpremier temps,
lesignal
d’emission est annule parreglage
de laphase
dusignal
de referencepassant
parun seul
dephaseur.
A 1’entr6e de la detectionsynchrone,
le
signal
d’emission est alorsremplace
par lesignal
d’excitation et on mesure le
signal
de sortie du detec- teursynchrone
d’unepart lorsque
lesignal
de reference traverseuniquement
ledephaseur r6gl6
pour obtenir lesignal
nul de l’emission et, d’autre part,lorsque
lesignal
de reference traverse les deuxd6phaseurs.
Le
rapport
de ces deuxsignaux
donne directement tg T.Le temps TR a 6t6 obtenu en annulant le
signal
d’emission des ions isol6s. Les
tempsrn,
et TN2 corres-pondant
au pompage direct despaires
troisiemesvoisins et des
paires quatriemes
voisinsrespectivement,
ont ete obtenus en annulant la raie a
0-phonon (4 A24A2) - (4T2 4A2)
soit despaires
troisiemesvoisins dans le spectre
UN1,
soit despaires quatriemes
voisins dans le spectre
UN2.
Les valeurs de ces cons-tantes sont donn6es dans le tableau II. Il faut noter
qu’elles dependent
de lareabsorption
car les cristaux 6taient relativementepais.
TABLEAU II
Constantes de temps de l’émission en millisecondes à fa
température
de5,2
K. Dans le cas deN1
etN2
ce sont les constantes de temps provenant du pompage
intrinsdque qui
sont donnies.Elles sont en accord avec
celles,
d’une part de Tolstoi et ’Liu-Shun-Fu[10],
et d’autre part, dePowell, Birang
et Naiman[5] uniquement
en cequi
conceme le temps de declin de la raie
Ri,
rR. La diff6-rence entre les valeurs obtenues par ces mesures, et les valeurs
anterieures, provient
sans doute du fait que l’on obtient ici TN, et iN2 en annulant soit la raie a 6 084A
dans le spectre d’excitationUN1,
soit la raie a 6 055A
dans le spectre d’excitationUN2.
Or a ceslongueurs d’onde,
les ions isoles ne sont pas excitesdirectement,
si bien que l’on s’affranchitcomplete-
ment du processus de transfert et 1’6mission a ces
longueurs
d’onde d’excitation est donc dueunique-
ment au pompage direct.
Les
temps
TN, et LN2 sontplus petits
que Ie temps iR,ce
qui signifie
que les durees de vie des etats2E 4A2
des
paires
troisiemes voisins ouquatriemes
voisinssont
plus
courtes que celle de l’etat2E
des ions isoles.Si on se reporte a
1’analogie electrique,
ce resultat setraduit par
l’in6galit6
rl ou r2plus petit
que R. La constante de temps ’tR diminue avec laconcentration,
ce
qui
est en accord avec les resultats anterieurs[5, 10].
Ce dernier resultat est tres bien
interprete
par1’equa-
tion
(4)
de TR. Eneffet,
la constante ’tRdepend
direct-ment de la resistance de transfert
Rt,
or cette resistancede transfert est d’autant
plus
faible que la concentra- tion en ionsCr3 +
estimportante.
On constate que les constantes de temps zNl et TN2 diminuent aussi avec la concentration cequi
n’est pasprevu
par1’expres-
sion
(7)
de ’rN, ou1’expression correspondante
pour iN2. Dans cemodele,
comme on 1’adeja
fait remarquer, le transfert entrepaires
ouagglom6rats
d’ionsCr3 +
n’a pas ete introduit. On peut alors penser que cette diminution avec la concentration de iN2 et ’rN, a la
temperature
de5,2
K est due au transfertd’energie
des
paires quatriemes
voisins auxpaires
troisiemesvoisins,
et du transfert despaires quatriemes
voisinsau troisiemes voisins vers les
paires
seconds voisins oupremiers
voisins dont 1’emission est situ6e a 7 452A
et 7 540
A respectivement.
Les constantes de temps de ces dernieres emissions sont relativement courtes et de l’ordre de0,4
msd’apres
Kushida et Tanaka[6].
5. Discussion. - 5.1 PROCESSUS D’EXCITATION. - Les
experiences
mettent clairement en evidence le pompageintrinseque
despaires
d’ions troisiemes voisins etquatriemes
voisins apartir
des bandes(4T2 4A2)
despaires,
enparticulier
par F existence desspectres
d’excitation propres auxpaires
d’ions. Lesexperiences
en excitation modul6epermettent
deseparer parfaitement
1’6mission due autransfert,
de1’6mission provenant du pompage direct. En
effet, 1’equation (5)
montre que chacune de ces deux contri- butions est affect6e d’und6phasage
propre. Cette distinction n’est pas realisable en excitation continue apartir
des courbes de declin de1’emission, puisque,
comme le montre
1’6quation (8),
les constantes de temps ’rN, ou TN, ne sont pas propres au processus direct.Apres
avoir excite le cristal de rubis a latemp6ra-
ture de 77 K par un
pulse
de lumiereemise par
un lasera rubis d’une duree de
0,2
ms, Imbusch[4]
observe undouble d6clin pour 1’6mission
N2.
De cettefagon,
il induit la transition
4A2 -+ 2E
et n’excite que les ions isolés. Il conclue alors d’une part, que le declinrapide
est du au transfert a
partir
d’ions isolesproches
despaires quatriemes
voisins et que le declinplus long
est du au transfert a
partir
d’ions isol6splus 6loign6s,
d’autre part que le pompage
intrinseque
est tres faible.Premierement la distinction entre ions
proches
et ionseloignes
n’est pas evidente car la duree dupulse,
c’est-A-dire
0,2
ms, n’est sans doute pas tres faible devant letemps
de transfert a latemperature
de 77K,
bien que la constante de temps de 1’6mission mesur6e des ions isol6s soit de 1’ordre dequelques
millisecondes.En
effet,
cette constante de temps mesur6e dans les conditionsd’exp6rience
d’Imbusch estaugment6e
par lareabsorption,
deplus
a latemperature
de 77 K etpour la concentration en ions
Cr3 +
du cristalutilis6e,
le transfert despaires
aux ions isoles n’estpeut-etre
pas
completement bloque. Deuxiemement,
les result- tats desexperiences exposes
ici montrent que lepompage
intrinseque,
meme pour un cristal contenant0,4 %
enpoids
deCr203,
comme celui utilise parImbusch,
n’est pasnegligeable.
Powell,
diBartolo, Birang
et Naiman ont montreexp6rimentalement
que si la dur6e dupulse
d’excita-tion etait suffisamment courte, on obtenait un maxi-
mum d’emission des
paires
au bout d’un temps tmax[5].
Apartir
de1’expression (8),
il estpossible
dedeterminer ce temps tmax
pour les
paires
troisiemes voisins. Pour lespaires quatriemes voisins,
on obtient la meme relation enchangeant
l’indice(1)
par l’indice(2).
Cette
expression
de tmax seraitequivalente
a celledonnee par les auteurs cites ci-dessus si on
remplacait
leur
probabilite
de relaxation Wer ionsisoles-paires
parCes memes auteurs
interpretent
le transfert des ions isoles auxpaires
et inversement despaires
aux ionsisoles par un processus de relaxation assistee de
pho-
nons
agissant
directement des ions isoles auxpaires
ou inversement. Ce m6canisme
explique
tres bien lefait
qu’a partir
d’une certainetemperature
le transfert despaires
aux ions isoles soitbloque
et que la therma- lisation ne s’etablisseplus. Cependant, 1’explication
de la diminution du temps de transfert ou
de fl
ainsique de la diminution de la
temperature
de thermalisa- tion avec1’augmentation
de laconcentration, n’appa-
rait pas clairement. Par contre,
Murphy,
Aamodt etJen
[11] suggerent,
avec desarguments exp6rimentaux
a
1’appui,
que le transfert a lieu par l’interm6diaire d’un etat excite d6localis6 form6 apartir
des ions Crcouples
par interactiond’6change. Toutefois, 1’argu-
ment
principal qui
est que letemps
de declin TR estplus petit
que letemps
de declin despaires N2,
neparait
pas convaincant.D’apres
ces auteurs, cetemps
de declinlong correspondrait
a la duree de vie dans 1’etat d6localis6.Or,
cette diff6rencepeut s’expliquer
par
1’equation (8). Murphy et
al. trouvent TR =0,4
mset iN2 =
0,8
ms pour une concentration de2,15 %
en
poids
deCr3 +
en 1’absence dereabsorption,
c’est-a-dire un temps TR