HAL Id: jpa-00208374
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Submitted on 1 Jan 1975
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Transformations solide/solide sous hautes pressions.
Modèles cinétiques de croissance
J. Leliwa Kopystynski, J. Peyronneau, A. Lacam
To cite this version:
J. Leliwa Kopystynski, J. Peyronneau, A. Lacam. Transformations solide/solide sous hautes pres- sions. Modèles cinétiques de croissance. Journal de Physique, 1975, 36 (12), pp.1273-1278.
�10.1051/jphys:0197500360120127300�. �jpa-00208374�
TRANSFORMATIONS SOLIDE/SOLIDE SOUS HAUTES PRESSIONS.
MODÈLES CINÉTIQUES DE CROISSANCE
J. LELIWA KOPYSTYNSKI
Institut de
Géophysique
de l’Académie Polonaise desSciences, Varsovie, Pologne
J. PEYRONNEAU et A. LACAM Centre National de la Recherche
Scientifique, 1, place Aristide-Briand,
92190Bellevue,
France(Reçu
le 20 mai1975, accepté
le10 juillet 1975)
Résumé. 2014 Il est montré expérimentalement comment il est
possible
d’étudier uniquement lacroissance de la phase nouvelle. On propose des modèles mathématiques qui rendent compte de l’évolution de la transformation. Celui qui donne l’accord le
plus
satisfaisant correspond, dans lesconditions
d’expériences
utilisées, à une dépendance quadratique de la croissance vis-à-vis de lasurpression
et à un mode de croissance monodimensionnel. Ce dernier peut toutefois varier en fonc- tion du degré d’avancement de la transition. Lacomparaison
théorie/expérience est faite avec RbCl.Abstract. 2014
Experimental
methods for studying the growth of a solid phase during apolymorphic
transition are discussed. Mathematical models are
proposed
to describe the kinetics of the transition.The
experimental
data on RbCl indicate a quadraticrelationship
between the growth and the over-pressure, and an unidimensional mode of growth. However this mode may vary with the degree of
transformation of the
sample.
Classification Physics Abstracts
7.488
1. Introduction. - La
cinétique
des transitionspolymorphiques
des solides estgouvernée
par les processus de nucléation et de croissance de laphase
nouvelle. Sauf conditions
particulières,
les deux sedéveloppent conjointement
en obéissant à des loisqui
leur sont propres. L’isolement et l’étude de l’un d’eux constituent uneétape
intéressante dans lacompréhension
duphénomène global.
Le but de la
présente
étude estd’établir,
àpartir
des
équations générales
formulées dans lesprécédents
travaux
[1, 2, 3]
sur l’effetd’hystérésis,
des modèlesmathématiques permettant
de rendrecompte
de l’évo- lution de la croissance de laphase
nouvellelorsque
la nucléation est
stoppée.
La confrontation
théorie/expérience
nous a montréque les modèles
mathématiques
faisant intervenir lasurpression,
au-dessus de lapression d’équilibre
ther-modynamique
desphases,
étaient ceuxqui
se rappro- chaient leplus
de la réalitéexpérimentale [4, 5].
Nous n’utiliserons que ces modèles.Le
diagramme volume/pression,
limité à la compres-sion,
queprésentent
des solidespulvérulents,
soumisà des
pressions isostatiques
transmises par unfluide,
est illustré par la
figure
1. Le taux decompression
a été maintenu constant
pendant l’expérience.
On y remarque un effet derétropression correspondant
àune variation de volume du solide
opposée
etplus
FIG. 1. - Représentation schématique de la discontinuité observée à la compression.
rapide
que celle queproduit
l’avance constante dupiston.
Si nousadmettons,
commeantérieurement,
que la
germination
eststoppée lorsque
lapression
de confinement est inférieure à la
pression
maximaleatteinte,
laportion
BC dudiagramme correspond
àune croissance pure. Hors de celle-ci nucléation et croissance peuvent coexister.
Dans un
dispositif expérimental piston/cylindre,
fonctionnant en milieu transmetteur
fluide,
l’étude de lacinétique
duphénomène
se trouvesimplifiée
sil’on
peut
s’affranchir de l’avance dupiston.
Pour ceArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:0197500360120127300
1274
faire, après
passage par lapression maximum,
lepiston
eststoppé
et maintenu enposition
fixe. On estalors ramené à l’étude d’un
phénomène
sedévelop- pant
à volume constant. Dans cesconditions,
le solideest
déjà
activé et deplus
se trouve à unepression éloignée
de cellequi correspond
à l’étatd’équilibre thermodynamique.
Le solide continuera donc à évo- luer. Il enrésultera,
selon la zone depressions choisie,
une diminution ou une
augmentation
de lapression
de
confinement, réciproquement provoquées
par les transitions 1-11 et 11-1. La courbeschématique
de lafigure
2s’applique
à la transition I-II.L’analyse
enest la suivante : le
piston
eststoppé
enPo
autemps
to ; l’évolutionvolumétrique
dusystème
setraduit,
dansun
système
de coordonnées P. V par uneparallèle
àl’axe des
pressions
et dans unsystème
P. t par une courbe AP =AP(t) qui
tend à ramener lapression
deconfinement vers celle de
l’équilibre thermodynami-
que. Le résultat est naturellement le même dans les deux cas. Il ne traduit que l’évolution de la croissance du solide
placé
à unepression
inférieure à cellequi
a étéatteinte
précédemment
maisqui
restesupérieure
àcelle de l’état
d’équilibre.
FIG. 2. - Représentation schématique de la méthode d’étude de la croissance.
La
figure
3 montre undiagramme expérimental pression/volume
intéressant l’ensemble ducycle d’hys-
térésis. Des
paliers
à volumes constants ont été efi’ec- tuéspendant
que les deux transformations inversesse
développaient.
FIG. 3. - Cycle expérimental pour RbCl.
2. Traitement
mathématique.
- Si nous considéronsun
palier
à volume constant, débutant en unpoint Po
de la
portion
BC de lafigure 1,
nous pouvons écrire la relationvolumétrique
suivante :vL.P
+Vl.P
+v2.P = VL.Po
+Vl.P.
+V2.Po . (1)
Les indices
L, 1 et
2 rattachentrespectivement
lesvolumes
envisagés
auliquide
et auxphases
1 et 2 dusolide. P est la valeur de la
pression
à l’instant t.Si nous admettons comme
précédemment qu’une
relation linéaire lie le volume à la
pression,
les termesde
l’éq. (1) peuvent
êtreexprimés,
enappelant
v ledegré
d’avancement de laréaction,
de la manière suivante :avec :
v, a et p
expriment respectivement
lesvolumes,
les coefficients decompressibilité
et les densités à la pres- sionPT
del’équilibre thermodynamique
desphases, prise
commeorigine
de la transition.Par substitution de
(2)
dans(1)
nous obtenons :pour t = to et avec :
Nous avons pu montrer
[1] qu’il
étaitpossible d’adopter
pourv(t)
uneexpression
de la forme :où
v(t - r) correspond
au volume autemps t
d’un germe de la nouvellephase
créé à l’instant 7:.dy(i) représente l’augmentation
du nombre de germes pen-dant l’intervalle di.
Par
ailleurs,
nous avons admis[1]
que la croissance obéissait à une loi de la forme :v(t - r)
=rxk. (t - z)k
avec ak = Cte(6)
k étant
égal
à1,
2 ou 3 selon que l’on suppose la crois-sance mono-, bi- ou tridimensionnelle. De même
l’augmentation
du nombre de germes(densité
ini-tiale
T )
se mettait sous la forme : :avec :
Le fait de considérer ak et
fik
comme des constantesconstitue une
première approximation.
Enréalité,
ces coefficients ont une
dépendance
vis-à-vis de lasurpression.
Cette dernière est, dans nos conditionsd’expérience,
une fonction dutemps.
Pour tenircompte
ducomportement physique
des échantillonsnous pouvons admettre une
dépendance
des coeffi- cients de croissance ak et degermination {3k
vis-à-visdu
temps pendant
latransformation;
on a alors :dans ces conditions
les relations (6)
et(7)
deviennent :et en associant
(9)
et(11)
on obtient pour la rela- tion(5)
Si la
germination
se trouvestoppée
pour t = to leterme
fik(r)
=0,
et lapartie d’intégration
par rap-port
à i, entre tet to
s’annule. Enpartageant
alorsl’intégrale
parrapport
à 0 en deuxintégrales
dontles bornes
respectives
sont(i, to)
et(to, t) l’éq. (12)
devient :
Compte
tenu des bornesd’intégration,
ons’aperçoit
que lepremier
facteur duproduit
estégal
à 1devient :
Comme lors des travaux
précédents
nous supposerons que les fonctions aet fl
sont liées à lapression
par lesexpressions :
avec :
La fonction
v(t)
pour t = to est obtenue en substituant dans(14)
les relations(3) (15)
et(16) :
1276
avec :
La fonction v de
l’éq. (14)
est déterminée selon une méthodenumérique d’approximation précédem-
ment décrite
[3].
De même en introduisant dans(3)
les relations(15)
et(16)
on obtient une relation I1P ==AP(A V) qui
permet de déterminer une valeur de vo.Si dans
(18)
on introduit la vitesse decompression
en effectuant leschangements
de variables suivants :elle devient :
:
La fonction inconnue étant définie par :
Dans le cas
particulier
d’unegermination
instantanée la formulation sesimplifie.
Ainsi la fonction d’avance-ment
s’exprime
par :En utilisant
toujours
les mêmes processus dedéveloppement
et de substitutionl’équation générale
devient :3.
Application
à la transitionpolymorphique
deRbCI. - Comme dans les
précédents
travaux lacomparaison théorie/expérience porte
sur la transi- tiontype
NACI ---+ CsCI queprésente
le chlorure de rubidium. Les calculsnumériques
ont été effectuésen
prenant
comme base dedépart
les valeursexpé-
rimentales suivantes :
- Pression de transition :
5,2
kbar. Cette valeur aété établie antérieurement en
prenant
comme critère de mesure le centre de la zone d’indifférence[5].
- Le
liquide
compresseur,mélange équivolumé- trique
des isomères dupentane,
a un volume initial de 40cm’.
- Les constantes
physiques qui permettent
de déterminer les À del’éq. (17)
sont les suivantes :Les domaines
explorés,
pour lesparamètres
de(17),
sont les suivants :
Notons que r et
fik, paramètres
liés à lagermination,
n’interviennent pas dans cette
application.
Eneffet,
conformément à
l’hypothèse précédemment énoncée,
la
germination
eststoppée
lors de l’évolution de la transition à volume constant.k est un
paramètre qui dépend
du mode de crois-sance de la
phase
nouvelle : mono-,bi-,
ou tridimen- sionnelle.L’expression (15)
montre que q traduit l’influence de lasurpression
sur la vitesse de crois-sance. Enfin le facteur Ck = Otk
FklA
a étélargement
étudié. Il
dépend
à la fois de la vitessespécifique
decroissance,
du nombre de germes initialementpré-
sents dans le solide et de la vitesse de
compression.
Compte
tenu du nombre desparamètres
interve-nant dans les
calculs,
nous avons été conduits à pro- céder parapproches
successives pour déterminer les valeursqui
donnent l’accordthéorie/expérience
leplus
satisfaisant. ’La
précédente étude,
sur l’influence de la surpres-sion,
avait fait ressortir que la valeur k =1,
crois-sance
monodimensionnelle,
était cellequi
conduisaità la meilleure concordance. Ce résultat sera mis à
profit
dans laprésente
étude et laplus grande partie
des calculs que nous
analyserons
serapportent
à cette valeur. Naturellement une vérification du bien-fondé de cetteadoption
sera faite.Toujours
dans cette mêmeétude,
nous avionsadmis une
dépendance
linéaire de la croissance vis-à-vis de lasurpression.
Dans le casprésent
où lacroissance est le seul facteur en cause, la
germina-
tion étant
stoppée,
il est apparu que le modèlequi
se
rapprochait
leplus
de la réalitéexpérimentale correspond à : q
= 2. Cette valeur seraégalement adoptée
pour étudier successivement ouconjointe-
ment les influences de la
surpression
et de ck.Expérimentalement,
la croissance de laphase
hautepression
a été suivie àpartir
des valeurs dePo
sui-vantes :
5,294, 5,308
et5,371
kbar. Toutes lesexpé-
riences ont
porté
sur le secondcycle
de mise souspression.
Les courbesexpérimentales
sont enpointillés
sur les
figures 4,
5 et 6. Les courbes en traitspleins
FIG. 4. - Influence du facteur ck pour Po = 5,294 kbar.
à-
FIG. 5. - Influence du facteur ck pour Po = 5,308 kbar.
FIG. 6. - Influence du facteur ck pour Po = 5,371 kbar.
se
rapportent
aux valeursthéoriques
obtenues avecck = 8, 16,
24 et 40.L’analyse
de ces ensemblesmontre que :
1. L’accord
théorie/expérience
estplus
satisfai-sant en fin
qu’en
début de réaction.2. La valeur c. = 16 est celle
qui
donne la meilleure concordance pourPo
=5,294
et5,308 kbar,
alorsque pour
Po
=5,571
kbar c’est ck = 8qui
conduità un résultat
comparable.
-
Cette évolution de Ck
appelle
les commentaires sui- vants : en revenant à la valeur littéralede ck
= OtkT k/A,
on remarque que, dans nos conditions
d’expériences,
A et
Fk
doivent être considérées comme des cons- tantes. Eneffet, pendant
toutes lesexpériences,
lavitesse
opératoire
a été maintenue constante et comme tous les échantillonsproviennent
d’un même lot deproduit,
traitéglobalement,
on peut admettre que le nombre de sitespotentiels
y est constant. Une véri- ficationexpérimentale
du bien-fondé de cettehypo-
thèse est fournie par le fait que les
pressions
de débutde transformation étaient
identiques,
àquelques
barsprès,
pour les trois échantillons testés. Par consé- quent, l’évolution de c. est directement liée à celle de ak,qui, théoriquement,
doitaugmenter
avec la sur-pression.
Paradoxalement nous observons lephéno-
mène
inverse.
Ce fait n’estexplicable
que si l’on admet que le mode de croissance varie en fonction dudegré
d’avancement de latransition,
cequi paraît
très vraisemblable.
.,r ...
FIG. 7. - Fonctions d’avancement calculées pour t > to.
1278
La
figure
7 donne l’état d’avancement pour les troispressions précitées. Enfin,
lafigure
8illustre,
pour ck = 16 etPo
=5,308
kbar, l’influence que revêt le mode de croissance. Il yapparaît
clairement que le modèle faisant intervenir une croissance monodimen- sionnelle est celuiqui
serapproche
leplus
de la réalitéexpérimentale.
Cette conclusion estégalement
valablepour les autres valeurs de
Po.
-
FIG. 8. - Influence du mode de croissance pour ck = 16 et
Po = 5,308 kbar.
4. Conclusions. - La
possibilité expérimentale qui
nous est offerte d’isoler la croissance de laphase
haute
pression
des facteurs de sagermination
nousa
permis
d’en faire une étudespécifique.
Parmi lesmodèles
cinétiques proposés,
il estpossible,
dès àprésent,
dedégager
ceuxqui
sont lesplus
compa- tibles avecl’expérience. Toutefois,
ce choix ne peut être encore que limitatif. Ilapparaît
ainsi que la croissance serait une fonctionquadratique
de lasurpression
et que, parailleurs,
dans une certainemesure, elle
correspondrait
à un mode monodimen- sionnel.Cependant,
il fauttempérer
cette conclusionen remarquant que le mode de croissance
peut
évolueren fonction du
degré
d’avancement de la transitionpolymorphique.
Il semble
possible
d’améliorer le modèleproposé
en faisant intervenir simultanément la
pression d’équi-
libre
thermodynamique
desphases
et lespressions
desdébuts de transformations. Ces dernières ont, en
effets,
unesignification physique importante :
ellestraduisent l’état
énergétique
initial du solide avant les transitions. Une extension de laprésente
étudeà des échantillons
comportant
desquantités
variablesde sites
potentiels paraît
souhaitable pour mieuxpréciser
le mécanisme de lacinétique.
Enfin,
comme nous l’avonsdéjà signalé [6],
lescomportements
dusolide,
en cours de transforma-tion,
à lacompression
et lors de ladécompression apparaissent,
dans bien des cas, assez différents. Une extension de laprésente
étudepermettant
de comparer les mécanismes des deux transitions inversesapparaît
comme une voie de
développement
naturelle.Bibliographie [1] LACAM, A., PEYRONNEAU, J. et LELIWA KOPYSTYNSKI, J., J.
Physique 34 (1973) 1055.
[2] LACAM, A., PEYRONNEAU, J. et LELIWA KOPYSTYNSKI, J., J.
Physique 35 (1974) 287.
[3] LELIWA KOPYSTYNSKI, J., PEYRONNEAU, J. et LACAM, A., J.
Physique 35 (1974) 609.
[4] LACAM, A. et PEYRONNEAU, J., J. Physique 34 (1973) 1047.
[5] PEYRONNEAU, J. et LACAM, A., Bulletin du Bureau National de
Métrologie 15 (1974) 21.
[6] PEYRONNEAU, J. et LACAM, A., C. R. Hebd. Séan. Acad. Sci.
(1975).