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L'ionosphère et les évanouissements brusques des ondes radioélecriques courtes

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(1)

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L’ionosphère et les évanouissements brusques des ondes

radioélecriques courtes

R. Jouaust

To cite this version:

(2)

LE

JOURNAL

DE

PHYSIQUE

ET

LE RADIUM

L’IONOSPHÈRE

ET LES

ÉVANOUISSEMENTS BRUSQUES

DES ONDES

RADIOÉLECRIQUES

COURTES

Par R. JOUAUST.

Conférence faite devant la Société

Française

de

Physique,

le 13

janvier

1939.

SÉRIE VII. - TOME X. N° 6. JUIN 1939.

Le

présent

article a essentiellement pour but de

décrire une

perturbation particulière qui

se

produit

parfois

dans la

propagation

des ondes

radioélectriques

courtes

(de

longueur

d’onde

comprise

entre 100 et

15

m)

qui

sont utilisées pour les transmissions

radio-télégraphiques.

Ce

phénomène

a pu être

rapproché

d’autres

mani-festations constatées en

géophysique

et en

astro-physique (perturbations magnétiques, éruptions

chro-mosphériques).

D’autres articles

rédigés

par des

spé-cialistes

indiquent

les relations

qui

existent entre le

genre de

perturbation

que nous allons décrire et les manifestations

auxquelles

nous venons de faire

allu-sion. Des conclusions en sont

tirées,

tant au

point

de

vue de l’action de la radiation solaire sur la haute

atmosphère, qu’au point

de vue du rôle que

jouent

les

régions

élevées de

l’atmosphère

sur certains

phéno-mènes

magnétiques.

Mais pour tirer ces

conclusions,

il est nécessaire de

connaître le mécanisme

qui produit

ces

perturbations

radioélectriques,

par

conséquent

de

préciser

le rôle

que

joue

la haute

atmosphère

dans la

propagation

des ondes. Ceci nous

oblige

donc à

parler,

tout

d’abord,

de cette

région

de la haute

atmosphère appelée

l’iono-sphère, qui

permet

la

propagation

aux

grandes

dis-tances des ondes

radioélectriques.

Nous devrons

éga-lement décrire la constitution que

précisément

les

phénomènes

de

propagation

nous conduisent à

attri-buer à

l’ionosphère.

Ce

rappel

des

propriétés

de

l’iono-sphère fera,

jusqu’à

un certain

point,

double

emploi

avec un article paru dans cette revue

(1).

Nous avons

pourtant

cru ce

rappel

utile d’autant

plus qu’il

nous

permettra

de

signaler

certains résultats nouveaux.

Lorsqu’en

1907,

Henri Poincaré démontra

l’impos-sibilité

d’expliquer

par la diffraction les

grandes

por-tées réalisées dans les transmissions

radiotélégra-phiques,

un certain nombre de

physiciens :

Havi-side, Kennelly, Nagaoka

invoquèrent,

pour

expliquer

(1) Journal de Physique. 1937, 7, p. 287.

les résultats

obtenus,

la

présence

dans la haute

atmo-sphère

d’une couche

ionisée,

sans du reste

spécifier

par

quel

mécanisme cette couche

pouvait

intervenir dans la

propagation

des ondes.

Watson,

le

premier,

traita le

problème

de la

propagation

des ondes entre le sol

et une couche

sphérique

conductrice

concentrique.

En

admettant que la couche ionisée se

comportât

comme

un conducteur et en lui attribuant une certaine

con-ductibilité,

il était

possible,

en

partant

des formules

de Watson de retrouver une formule

empirique

qu’Austin

avait établie en se basant sur les mesures du

champ

des

postes

radioélectriques,

mesures exécutées

sur des navires effectuant le

trajet

Etats-Unis-Europe.

Disons tout de suite que le mécanisme

invoqué

par Watson est encore celui

auquel

on a recours pour

expliquer

la

propagation

des ondes

longues

(supé-rieures à 10 000

m).

Pour ces

ondes,

l’ionosphère

se

comporterait

comme un conducteur. Cette remarque

était nécessaire pour

comprendre

ce

qui

sera dit dans la suite sur les

particularités

constatées dans

l’enre-gistrement

des

atmosphériques.

Plus

tard,

Eccles

imagina

une autre théorie pour

expliquer

le rôle de

l’ionosphère.

D’après Eccles, lorsqu’un

rayon hertzien

pénètre

dans

l’ionosphère,

les

porteurs

électriques

(on

a pu

constater que c’étaient des

électrons)

entrent en

mou-vement sous l’influence du

champ

électrique

de

l’onde. Il en résulte un courant de convection

qui

se

superpose au courant de

déplacement.

Le

pouvoir

inducteur

spécifique

et l’indice de réfrac-tion sont modifiés.

L’indice de réfraction n devient :

lV

nombreld’électrons

par centimètre

cube,

e

charge

de l’électron dans le

système

électrostatique, m

sa

masse, la

fréquence

de l’onde en

périodes

par seconde.

(3)

252

Fig.1.

On voit que l’indice de réfraction

diminuant,

le rayon hertzien s’écarte de la normale à la surface

réfringente.

Si la densité

électronique

continue à croître avec

l’altitude,

cet écart

augmente,

le rayon hertzien finit par devenir

horizontal,

puis

est

renvoyé

vers le sol. Nous nous trouvons en

présence

d’un

pro-blème bien connu

d’optique.

Les ondes

qui parviennent

dans

l’ionosphère

sont

renvoyées

vers le sol par un

mécanisme du même genre que celui du

mirage.

Aujourd’hui,

on admet que c’est ainsi que se

pro-pagent

aux

grandes

distances les ondes

radioélec-triques

courtes.

Par

exemple,

pour les transmissions

France-États-Unis,

on admet que les ondes subissent deux réflexions dans

l’ionosphère

et une sur le sol. La marche des rayons est celle de la

figure

1.

Nous venons

d’employer

le mot

réflexion,

relative-ment à ce

qui

se passe dans

l’ionosphère.

En faisant

ainsi,

nous nous conformons à un usage

général,

quoiqu’en réalité,

il

s’agisse

d’une réfraction. Mais pour certains

problèmes,

il est commode d’assimiler le

phénomène

à une réflexion

régulière.

Considérons un certain

trajet

de rayon hertzien TACBR

(fig.

2).

En dehors de

l’ionosphère,

les

portions

TA et BR

sont

rectilignes

et parcourues avec la vitesse de la lumière.

Il n’en est pas de même de la

portion

courbée

ACB,

parcourue avec une vitesse

plus

faible,

la vitesse de groupe

(1).

Mais Breit et Tuve ont démontré que le

temps

nécessaire à l’onde

radioélectrique

pour

parcourir

le

trajet

TACBR était le même que celui

qui

serait

néces-saire pour

parcourir

avec la vitesse de la

lumière,

le (1) En réalité, d’après VAN MIEGHEM, par suite de l’absorption cette vitesse serait un peu différente de la vitesse de groupe. Assem blée générale de l’U. R. S. I., Vol. 5, p. 304.

Fig.2.

trajet

TDR obtenu en

prolongeant jusqu’à

leur

point

de rencontre les deux droites TA et RB.

C’est le

physicien anglais,

E. V.

Appleton, qui

a

montré le

premier

l’existence d’une couche

réfléchis-sante dans la haute

atmosphère

par une

expérience

dérivée de celles de Fresnel pour la

production

des

franges

d’interférence.

Soit

(fig.

3),

à une certaine distance d’un

poste

transmetteur

T,

un

poste

récepteur

constitué par une

antenne verticale R.

Le

champ qui

agit

sur cette antenne est la somme du

champ

de l’onde directe

RA,

champ

normal au sol

et de la

composante

suivant la verticale du

champ

RB du rayon réfléchi TOR.

Suivant la

fréquence

de

l’onde,

et.la distance des deux

postes,

la

phase

entre les deux

champs

varie. En faisant varier la

fréquence

du

poste

transmetteur on

peut

amener les deux

champs

à être en

phase

ou en

opposition

de

phase

et,

par

suite,

obtenir pour

l’inten-sité à la

réception

une série de maxima et de minima. C’est ce que vérifia

Appleton.

Connaissant la distance des deux

postes,

on

peut,

des

fréquences correspondant

aux maxima et aux

minima,

déduire la hauteur de la

couche réfléchissante.

Aujourd’hui,

pour étudier

l’ionosphère,

on

emploie

un autre

procédé

dû à Breit et Tuve.

Un

poste

émetteur émet des

signaux

très

brefs,

de l’ordre de 1 à 2 dix-millièmes de sec.

Ces

signaux

sont reçus à une distance de l’émetteur

qui

peut

varier d’une

cinquantaine

de mètres à un

kilomètre. Un

oscillographe

est

placé

derrière

l’appa-reil

récepteur.

On constate sur

l’enregistrement oscillographique

qu’à chaque signal

émis

correspondent

à la

réception,

au moins deux

signaux :

le

premier correspond

à

l’onde de

sol,

l’autre à une onde réfléchie verticalement

par

l’ionosphère,

c’est ce

qu’on appelle

l’écho. Très

souvent,

du

reste,

derrière ce

premier

écho,

on en

observe

d’autres,

le

plus

souvent

plus

faibles,

mais

qui parfois,

au

contraire,

peuvent

surpasser le

premier

en intensité. Tous ces échos sont

régulièrement

espa-cés. On admet

qu’il s’agit

de réflexions

multiples

entre

l’ionosphère

et le sol

(1).

(1) Tel n’est pas l’avis du P. LEJAY, (C. R., 1939, t. 208,

p. 400) qui trouve que les distance des échos successifs ne sont pas exactement des multiples d’un même nombre. Pour notre

part, nous avons eu l’occasion d’effectuer de nombreuses mesures en ayant soin, pour tenir compte du fait que la vitesse de balayage

n’est pas uniforme, d’enregistrer en même temps que les échos un

courant de fréquence bien connue. Nous avons toujours trouvé à la précision des mesures que les échos étaient équidistants. MITRA

(Philosophical Magazine, 1933, 1, 20) arrive au même résultat par un procédé indirect. Mitra explique pourquoi il est possible qu’un écho ayant subi deux réflexions soit plus fort qu’un écho n’en ayant subi qu’une seule. Il est évident que les deux réflexions

ne se produisent pas au même point que la réflexion unique.

L’in-fluence de l’accord de l’appareil sur la forme de l’écho a été

signa-lée par divers observateurs. Mais il serait peut-être prématuré

d’en conclure que les échos peuvent avoir une fréquence différente de celle du signal. Le fonctionnement du récepteur peut expliquer

(4)

253

Fig. 3.

Les

planches

1 et 2 donnent des

exemples

d’enre-gistrement

d’échos.

Connaissant la vitesse de déroulement ou de

balayage

de

l’oscillographe,

on

peut

mesurer le

temps t

qui

s’est écoulé entre l’arrivée de l’onde de sol et celle

du

premier

écho. On

peut

calculer la hauteur h de la

couche

ionosphérique

sur

laquelle

s’est

produite

la

réflexion par la formule : _

,

c étant la vitesse de la lumière.

Il

s’agit,

bien

entendu,

d’une hauteur fictive

puisque

nous admettons que les ondes se

propagent

avec la

vitesse de la

lumière,

alors que, comme nous l’avons dit

plus

haut,

dans

l’ionosphère

leur vitesse est un

peu

plus

faible.

Le mécanisme

identique

à celui du

mirage qui

nous

a servi à

expliquer

la

grande

portée

des

ondes,

ne sau-rait être

invoqué

ici pour

expliquer

la réflexion de

rayons hertziens arrivant normalement sur

l’iono-phère.

Une autre

explication

doit être cherchée.

Remarquons

que la formule donnant l’indice de

réfraction :

conduit pour n à des valeurs

imaginaires lorsque

A ce

moment,

on ne saurait donc

plus parler

de

pro-pagation.

On est donc conduit à admettre que les

Fig. 4.

ondes se réfléchissent

lorsqu’elles

arrivent dans une

région

de

l’ionosphère

ayant

une densité

électronique

telle que :

Telle est la théorie

généralement

admise et

qui

a servi de

point

de

départ

aux

hypothèses

que nous

allons exposer sur la constitution de

l’ionosphère.

Supposons

que des

sondages

verticaux soient effec-tués vers midi local au moment de

l’équinoxe

avec des

ondes dont la

fréquence

varie de 2 à 7 Mc

/sec

(lon-quence varie de 2 à 7

Mc /sec (longueurs

d’ondes

comprises

entre 150 et 43

m).

On constate que de 2 à

3 Mc environ la réflexion se fait à une hauteur d’envi-ron 100 km. A

partir

de 3

Mc,

la hauteur de réflexion

saute

brusquement

à 250 km. Elle croît avec la

fré-quence

jusqu’à

des hauteurs de 5 à 600

km, puis

la réflexion cesse aux environs de 7 Mc

(fig.

4).

Précisions

bien,

du

reste,

que les valeurs

numériques

que nous

donnons,

ne le sont

qu’à

titre

d’exemple.

Nous allons voir

qu’elles

sont variables avec les heures et les

sai-sons.

La

première

couche de réflexion est

désignée

sous le nom de couche

E,

la seconde sous le nom de couche F.

Souvent,

dans la

journée

et surtout en

été,

on

observe entre ces deux couches une couche

intermé-diaire

qui

réfléchit les ondes de

fréquence comprise

entre 3 et 4 Mc environ et dont l’altitude est de 180 à

200 km. On lui donne le nom de couche

F,

en

appelant

couche

F2

la couche que nous avons

désigné

par F. Mais comme nous n’avons pas l’intention d’insister

dans cette étude sur toutes les

particularités

de la structure de

l’ionosphère,

nous nous

bornerons,

dans

ce

qui

va

suivre,

à la considération des couches E et F. Comment

expliquer

le résultat constaté?

Il faut admettre

qu’à

une altitude de 100 km se

trouve une couche ionisée dans

laquelle

le

gradient

de densité

ionique

est très élevé. °

Les ondes

qui

se réfléchissent sur cette couche

trouvent la densité

électronique

nécessaire à leur

réflexion,

à des altitudes assez peu différentes pour

que ces différences soient insensibles à nos

procédés

de mesure. La couche nous

paraît

donc de hauteur

constante.

Pour la couche

F,

le

gradient

de densité

ionique

étant

moindre,

au fur et à mesure que la

fréquence

augmente

les ondes sont

obligées

d’aller chercher

notablement

plus

haut la

région

convenable à leur réflexion.

Remarquons

que la

fréquence,

par

laquelle

les ondes

cessent de réfléchir sur une

couche,

ce

qu’on appelle

la

fréquence critique

t c

de la

couche,

permet

de

déter-miner la densité

électronique

maximum dans la couche

envisagée.

(5)

254

Au

voisinage

de la

fréquence critique

sur la couche

F,

on observe souvent deux échos assez

rapprochés,

l’un

d’eux cessant de se réfléchir

plus

vite que l’autre. Ceci

est dû à l’action du

champ magnétique

terrestre

qui

agit

sur les électrons mis en mouvement sous l’action

du

champ

électrique

de l’onde. C’est l’action bien

connue d’un

champ

magnétique

sur un électron en

mouvement.

Les

phénomènes

sont différents suivant que le

champ

terrestre est

parallèle,

normal ou incliné par

rapport

à la direction du rayon hertzien. Dans le cas

particulier qui

nous occupe de la

propagation

verti.

cale,

tout se passe

(1)

comme si nous

avions,

au

point

de vue de la hauteur de

réflexion,

deux ondes de fré-quence

légèrement différentes,

l’une de

fréquence

f

correspondant

à ce

qu’on appelle

par

analogie

avec

l’optique

le rayon

ordinaire,

l’autre

correspondant

au

rayon extraordinaire

qui

se

comporte,

au

point

de vue

de la

réflexion,

comme si elle avait une

fréquence

f’

un peu

plus

faible que

f

et telle que :

avec :

H intensité du

champ magnétique

terrestre en gauss,

e en unités

électrostatiques,

c vitesse de la lumière.

Sur la

figure 4,

la courbe en trait

plein

se

rapporte

au rayon ordinaire.

La

planche

1

représente

les résultats de

quelques

sondages

ionosphériques

verticaux. Ces

planches

sont la

reproduction

des

photographies

de l’écran d’un

oscillographe

cathodique placé

derrière

l’appa-reil

récepteur.

Une oscillation de relaxation donne à la tache

lumi-neuse un

déplacement

horizontal relativement lent avec retour

rapide

à la

position

initiale. Le

signal

reçu

donne à la tache un

déplacement

vertical.

Les

signaux

d’une durée d’environ 2 dix-mil-lièmes de sec étaient émis à la cadence d’un

signal

par

cinquantième

de seconde. Le

signal

lui-même assure la

synchronisation

du

balayage

hori-zontal. La

synchronisation

des oscillations de relaxa-tion se fait

plus

facilement

lorsque

leur

fréquence

est

un

sous-multiple

de celle du

phénomène

synchronisa-teur.

C’est pour cela que la

fréquence

de l’oscillation de

relaxation

qui

produit

le

balayage

a été

réglée

à 25

périodes

par sec.

Dans ces

conditions,

un

signal

sur deux se

produit

au milieu du

balayage.

L’onde de sol et ses échos se

voient au milieu de l’écran de

l’oscillographe.

L’onde

de sol du

signal

suivant se

produit

à la fin de la

période

lente de

balayage,

et son écho se

produisant pendant

~1~ ApPLETO:B. Journal of the Institution of Electrical Engineers,

1930, 71, p. 642 ; BOOkER. Proceedings of the Royal Society, 1934,

147, p. 352.

le

déplacement rapide

de retour à la

position

initiale,

est très

élargi

et

permet

de se rendre

compte

de la forme

de cet écho.

Les

photographies

1 et 2

reproduisent

des

expérien-ces faites avec l’onde de 65 m, une demi-heure environ

après

le coucher du soleil.

Les diverses

photographies

ont été

prises

à

quelques

minutes d’intervalle.

On

peut

se rendre

compte

combien sont variables les

phénomènes

de réflexion

(1).

Les diverses bosses que l’on observe dans l’écho

agrandi

sont

probablement

dues à la

superposition

du rayon ordinaire et du rayon extraordinaire.

Les

photographies

3 à 8 montrent les résultats

ob-tenus au cours d’une nuit d’observation en

juillet 1937,

sur 80 m de

longueur

d’onde.

1

La

photographie

3

prise

à

0,55

h

permet

de voir

que l’écho commence à se dédoubler.

Ce dédoublement est très net dans la

photographie

4,

prise

à

3,50

h.

La

photographie

5,

prise

à

4,45

h montre un

phé-nomène curieux : la réflexion

qui

se faisait sur la couche F est

passée

brusquement

sur la couche E. Le

phénomène

a duré 15 min environ. Sur la

photogra-phie

6,

prise

10 min

plus

tard,

on observe de nouveau la réflexion

F,

mais on

peut

constater encore une faible réflexion sur E.

La

photographie

7,

prise

vers

5,30

h,

montre

qu’il

n’y

a

plus qu’un

seul

écho,

correspondant

au rayon

extraordinaire,

le rayon ordinaire n’est

plus

réfléchi.

La

photographie

8,

prise

1 h

après

le lever du soleil au

sol,

montre un écho

élargi

et de forme

complexe.

La surface de la couche F étant devenue

probable-ment très

irrégulière,

ce n’est

plus

une

réflexion,

mais

une sorte de diffusion

qui

se

produit.

Quelle

est

l’origine

de ces couches ionisées?

Disons,

tout

d’abord,

que l’étude de la

polarisation

des ondes par le

champ magnétique

terrestre a

permis

de conclure que les

porteurs

électrisés

qui

inter-viennent dans la

propagation

des ondes

radioélec-triques

étaient des électrons.

Il ne saurait

s’agir

d’électrons émis par le soleil.

Ceux-ci,

comme on le

sait,

s’enroulent autour des

lignes

de force du

champ

magnétique

terrestre et

abordent la terre dans les

régions polaires.

Il ne

pourrait s’agir

que d’une ionisation

provoquée

par des

corpuscules

neutres émanés du soleil et

repous-(1) Les affaiblissements d’échos qu’on constate au cours de ces

expériences ne sont pas tous réels et peuvent être dus à des modi-fications dans la polarisation de l’onde.

L’aérien du récepteur étant un dipôle horizontal, le signal a son intensité maximum quand le champ électrique de l’onde est parallèle au dipôle, cette intensité est nulle lorsque le champ est

normal au dipôle.

Or les deux rayons ordinaires et extraordinaires étant polarisés circulairement de sens inverse, ont pour résultante lorsqu’ils sont

presque confondus une onde polarisée rectilignement, dont la direction varie avec la différence de marche des deux rayons.

Une variation de l’ordre de 20 y dans l’intensité du champ ter-restre dans l’ionosphère est susceptible de faire tourner de 90° la

(6)
(7)
(8)

255

sés par la

pression

lB1axweH-Bartoli ou d’un effet

photo-électrique

des radiations lumineuses sur les gaz de la

haute

atmosphère. Or,

des études de

l’ionosphère

faites

pendant

des

éclipses

ont montré que

pour la

couche E la densité

électronique

diminue

rapidement

au moment de la totalité pour

reprendre

sa valeur

initiale,

l’éclipse

terminée.

L’agent

ionisant doit donc se propager avec la

vitesse de la

lumière,

ce

qui

n’est pas le cas pour les

corpuscules envisagés.

L’ionisation de la

couche

E ne

peut

donc être

attri-buée

qu’à

des radiations lumineuses.

Pour la couche

F,

les études faites au cours des

éclipses

de soleil n’ont fourni que des résultats peu

précis

et contradictoires.

Par

quel

mécanisme les radiations solaires ionisent-elles

l’atmosphère ?

D’après

Chapnian

(1),

à l’altitude de 100

km,

l’oxy-gène

doit surtout se trouver à l’état

atomique

et il

pense que l’ionisation de la haute

atmosphère

dans la

région

E est due à l’ionisation de ces atomes.

Il fait remarquer que l’atome

d’oxygène

peut

être ionisé par des radiations de l’ordre de 900~

À,

mais il

émet

également

l’hypothèse

que l’ionisation

peut

être

produite

à

partir

d’atomes excités par des radia-tions de

longueur

d’onde

plus

élevée.

D’autre

part,

d’après

Saha,

le soleil

considéré, quant

au

rayonnement

de la

photosphère,

comme un

radia-teur

intégral

à 6 0000

K,

ne saurait émettre assez de radiations ultra-violettes pour

expliquer

l’ionisation

constatée

qui

ne

peut

être due

qu’au

rayonnement

de

la

chromosphère.

Nous pouvons, du

reste,

dire tout de

suite,

que les variations du

rayonnement

de

la.

photosphère

telles

qu’on

peut

les déduire des mesures de la constante

solaire ne sauraient

expliquer

les variations que nous

signalerons

plus

loin dans la constitution de la couche E Partant de

l’hypothèse

d’un

rayonnement

lumineux

agissant

sur un constituant

déterminé ;

il est

possible

de se rendre

compte

de la formation de la couche E.

Chapman

a

repris,

à ce

sujet,

un calcul effectué par

Lénard

(2).

Ce calcul est basé sur ce fait que

l’agent

ionisant s’affaiblirait

exponentiellement

dans une

atmosphère homogène

du constituant

envisagé ;

mais

que la densité de ce constituant varie

exponentielle-ment avec l’altitude.

En

appelant q

le nombre d’électrons formés par seconde à une altitude

h,

on a :

avec

(1) Ve Assemblée générale de l’Union Radioscientifique

inter-nationale, Londres, 1934.

(’) LéONARD. Sitzungbericht der Heidelberg. Acaderrzie der

Wis-senschaft, 1913 ; PEDERSEN. Propagation of Radiowawes, p. 61 ;

APPLETON. Proceedings of the Royal Society, 193~, 162, p. 451.

ho

est la hauteur à

laquelle

la

production

d’élec-trons serait maximum à

l’équateur

à

l’équinoxe, qo la

quantité

d’électrons

qui

serait formée par seconde

dans ces

conditions, X

l’angle

zénithal du soleil

T

température

absolue de

l’atmosphère

dans la

région

envisagée, k

constante de

Boltzmann,

m masse

ato-mique

du

constituant, g

l’accélération de la

pesanteur.

A un instant

donné,

la variation du nombre

d’élec-trons est la différence entre le nombre d’électrons formés et le nombre de ceux

qui

disparaissent

pour

diverses causes.

En admettant que les électrons

disparaissent

par

recombinaison avec les ions

positifs

et en admettant

que le nombre de ceux-ci est

égal

à celui des

électrons,

on a :

OE facteur de recombinaison. Comme

l’expérience

d7V .

, .

montre que

dN

est

petit,

on

peut

écrire :

dt

et par suite :

La

figure

5 montre

comment,

en

partant

de cette

formule,

on

peut

concevoir la couche E.

Pour

un jour

donné,

la densité

électronique

doit

croître à

partir

du lever du

soleil,

passer par un maxi-mum au midi

local,

puis

décroître. Pendant la

nuit,

l’action ionisante

cessant,

la densité

électronique

doit

décroître

jusqu’au

lever du soleil. *

La valeur du maximum de densité

électronique

à

midi,

étant

proportionnelle

à

V cos À,

doit varier avec les

saisons,

être

plus

élevée en été

qu’en

hiver,

le maximum

correspondant

au solstice d’été et le minimum au solstice d’hiver.

Les densités

électroniques

doivent être

plus

éle-vées sous les latitudes les

plus

basses.

Tous ces faits se vérifient non seulement

qualita-tivement mais

quantitativement.

En

particulier,

on

(9)

256

journée

est

approximativement

proportionnelle

à

V cos

À.

Puisque

nous avons fait allusion à l’action de la

latitude,

signalons

que Leïv

Harang,

opérant

à

Tromsô,

au

voisinage

du cercle

polaire,

a constaté que les

jours

magnétiquement

calmes

(assez

rares du

reste),

on

retrouvait bien les couches E et F.

Les variations diurnes et saisonnières de la couche F

sont

beaucoup

moins nettes.

D’après

certains

auteurs,

suivant la

saison,

elle aurait son minimum à 4 h ou à

20 h.

Personnellement,

nous avons

toujours

trouvé ce

minimum,

quelques

heures avant le lever du soleil au

sol.

Le fait le

plus

certain,

c’est que toutes choses

égales

d’ailleurs,

la densité

électronique

de F est

plus

élevée

en hiver

qu’en

été dans notre

hémisphère.

Appleton (1) expliquait

ce fait en admettant

qu’en

été la

température

est

plus

élevée dans la haute

atmo-sphère qu’en

hiver. La densité du gaz est donc moindre

et,

par

suite,

l’ionisation. S’il en était

ainsi,

les

phé-nomènes devraient être inversés dans

l’hémisphère

sud.

Or,

si on compare les courbes des densités

électro-niques

moyennes pour

chaque

mois à

Tromsô,

Washington, Huancayo

(Pérou),

à 120 de latitude

sud,

à Waterhoo

(Australie),

à 300 de latitude

sud,

elles

sont

parallèles.

On

peut

dire

qu’à

l’heure

actuelle,

les

questions

de

l’origine

de la couche F et de ses variations

saison-nières restent entières. Du

reste,

comme le fait

remar-quer

Appleton,

si on cherche à

appliquer

aux résultats

expérimentaux

obtenus sur la couche F la formule de

Chapman,

on est admis à attribuer à la valeur m de la masse

atomique

du constituant ionisé une valeur tellement faible

qu’elle

ne

pourrait

convenir

qu’à

un

gaz très

léger (hélium,

par

exemple)

dont l’existence dans

l’atmosphère

est douteuse.

Les études sur

l’ionosphère

sont

déjà

poursuivies

depuis

assez

longtemps

pour

qu’on

ait pu mettre en

évidence l’influence de la

période

undécennale

d’acti-vité solaire.

On sait que cette activité a dû passer à son

maxi-mum vers 1937-1938.

Il semble bien que l’ionisation de

l’ionosphère

ait

augmenté

avec l’activité solaire.

D’après

Appleton

et Naismith

(1),

le

rapport

de

l’ionisation dans la couche

E,

en

1937,

à sa valeur en 1934 serait de

2,3.

Pour la couche

F,

il serait de 4 pour les valeurs

d’été dans

l’hémisphère

nord,

de 14 pour les valeurs

d’hiver.

Ces nombres montrent que

l’agent

responsable

de

l’ionisation de la couche F varierait

plus

rapidement

en fonction de l’activité solaire que les

agents

respon-sables de l’ionisation de E.

(1) Proceedings of the Royal Society, 1937, 162, p. 473.

(2) Assemblée générale de l’Union radioscientifique interna-tionale à Venise, 1938, vol. V, fasc. 1, p. 151.

Ce ne sont

point

les

radiotélégraphistes qui,

les

pre-miers,

ont eu l’idée d’une couche ionisée dans la haute

atmosphère.

Cette

hypothèse

avait été émise d’abord

par

Balfour-Stewart, puis

reprise

par

Schuster,

pour

expliquer

les

variations diurnes du

magnétisme

terrestre.

Cette couche se

comporterait

d’après

ces

physiciens

comme une couche conductrice animée de mouvements

de

période

diurne.

Il en résulterait sous l’action du

champ

terrestre,

des courants

induits,

susceptibles

de modifier en

grandeur

et en direction la valeur du

champ

au sol.

Le mécanisme serait le même que celui de la

réac-tion d’induit dans les machines à courant

continu,

d’où le nom de «

dynamothéorie

» donné à cette

hypo-thèse.

Il semblait que la preuve

apportée

par les radioélec-triciens de l’existence de cette couche tranchait la

question.

Un certain

parallélisme

entre les variations diurnes

et saisonnières de la couche E et celles de la variation

diurne conduisait à penser que c’était cette couche E

qu’il

convenait de faire intervenir pour

expliquer

la variation diurne.

Mais tout au

contraire,

la connaissance

plus

appro-fondie des

propriétés

de cette couche a conduit tout

d’abord à des constatations

qui

semblaient devoir

faire

rejeter

la

dynamo-théorie.

Les radioélectriciens ont pu, non seulement

éva-luer la densité

ionique

de la couche

E,

mais,

par l’amor-tissement des échos

successifs,

apprécier

le nombre des chocs

qui

se

produisaient

par seconde entre atomes et

électrons.

Avec ces

données,

il est

possible

d’évaluer la conduc-tibilité totale de la couche E. Par conductibilité

totale,

nous entendons la conductibilité d’une couche de

1 cm de

long,

de 1 cm de

large

et

ayant

une hauteur

égale

à celle de la couche.

Par suite de l’action du

champ magnétique

ter-restre sur les

électrons,

la couche E se

comporte

au

point

de vue conductibilité

électrique

comme un corps

anisotrope.

La conductibilité

qui

intervient dans la

théorie de Schuster est la conductibilité dans une

direction transversale par

rapport

au

champ

magné-tique

terrestre.

Or,

pour cette

grandeur,

les radioélectriciens étaient conduits à 2 x 1011 U.E.S. C.G.S. alors que pour

expliquer

les

phénomènes

de variation

diurne,

il fallait lui attribuer 9 X 1015

d’après Chapman,

4,5

X 1013

d’après

Perkéris.

Il

appartenait

à

Appleton

(1)

d’élucider cette

dlffl-culté.

Appleton

fait remarquer que

l’emploi

des ondes

radioélectriques

ne donne de

renseignements

que sur

le nombre d’électrons libres contenus dans

l’iono-phère.

Or,

à côté de ces électrons

libres,

doivent se

trouver des ions

négatifs

provenant

de l’attachement des électrons à certains atomes.

(10)

257

On sait

qu’en particulier,

les électrons s’attachent facilement aux atomes

.d’oxygène

(1).

Des considérations

théoriques

dues à

Massey

(2)

conduisent à admettre que le nombre d’ions

négatifs

serait 100 fois

plus

élevé que le nombre d’électrons

libres. En faisant intervenir ces ions

négatifs

dans la

conductibilité de la couche

E,

on obtient pour cette

conductibilité une valeur de l’ordre de

grandeur

de

celle

requise

par Perkéris.

Certains résultats déduits de l’étude de

l’iono-sphère

viennent confirmer les conclusions

théoriques

de

M assey.

Au cours de la

nuit,

la décroissance de la densité

électronique

est

régie

par la formule :

Cette

formule,

comme nous l’avons dit

plus

haut,

suppose que le nombre des ions

positifs

est

égal

à celui des électrons libres.

Or,

l’étude de la décroissance de

l’ionisation

pendant

la

période

nocturne

conduit,

pour le facteur de

recombinaison,

à une valeur

plus

élevée que celle que la théorie

permet

de

prévoir.

Si on admet la

présence

d’ions

négatifs,

le nombre

d’ions

positifs

lV+ doit être

plus

élevé que celui des

électrons

N~.

La formule

qui

régit

la diminution nocturne de l’ionisation devient :

et en admettant

que :

1V_ nombre d’ions

négatifs :

On voit que la valeur

apparente

du coefficient de recombinaison oc’ est

plus

élevée que la valeur réelle oc. La

comparaison

de la valeur trouvée

expérimentale-ment pour oc’ et de la valeur trouvée

théoriquement

pour x conduit aux mêmes résultats que la théorie de

Massey.

Il

peut

sembler que les nouvelles considérations que

nous venons

d’exposer

sont en contradiction avec

l’hypothèse

faite

plus

haut de la

proportionnalité

de q

et de

N,2.

En

réalité,

il n’en est rien comme l’a montré

Apple-ton

(3) ;

du fait que le

rapport

du nombre d’ions

néga-tifs au nombre d’électrons resté

constant,

la

propor-tionnalité

de q

à

Ne2

est conservée.

Pour terminerez cet

exposé

des

propriétés

de

l’iono-sphère,

nous

signalerons

que tout récemment

Apple-ton et Weekes

(4)

ont mis en évidence des marées

(1) GOLDSTEIN. Annales de physique, 1938.

(2) Proceedings of the Royal Society, ~.937, 164, p. 542.

(3) Assemblée générale de l’Union radioscientifique

interna-tionale, Venise, 1938, vol. 5, fasc. 1, p. 272.

(4) Assemblée générale de l’Union radioscientifique

internatio-nale, vol. V, fasc. 1, p. 24.

ionosphériques

dont certaines

particularités

auraient

encore besoin

d’explications.

Nous mentionnerons

également

qu’il

est

aujourd’hui

absolument certain que les violents orages

magné-tiques

sont

accompagnés

d’une diminution de la den-sité de la couche F.

Ces orages amènent du reste de

grandes

perturbas

tions dans les liaisons

radiotélégraphiques

par ondes

courtes. C’est ainsi

qu’au

cours des orages

qui

se sont

produits

en

1938,

les

exploitants

français

ont dû recourir à

l’emploi

des ondes

longues,

pendant

que les

postes

américains pour écouler leur trafic avec

l’Angleterre

devaient transmettre leurs

dépêches

à

Buenos-Ayres

d’où elles étaient

réexpédiées

à desti-nation.

Les évanouissements

brusques.

- Pendant la

période

d’activité solaire de

1927-1928,

l’attention

de

Môgel

avait été attirée sur des

interruptions

des

radiocommunications par ondes courtes.

Il constata que ces

interruptions

ne se

produisaient

que sur des

trajets

éclairés,

et

put

même mettre en

évidence que de

petites perturbations magnétiques

se

produisaient

au moment de

l’interruption.

Ces faits furent

signalés

dans un mémoire daté de 1930

(1) qui,

malheureusement,

passa

inaperçu.

En mai

1935,

l’attention du Comité

français

de

radiotélégraphie scientifique

fut attirée sur un

phé-nomène du même genre par une Société

exploitant

des liaisons

radiotélégraphiques.

Nous ne pouvons mieux faire pour rendre

compte

de

la nature du

phénomène

que de

reproduire

les termes

de la lettre dans

laquelle

il fut

signalé :

«

Brusque-ment,

à

12,12

h et en

l’espace

de 2 sec, tous les

récep-teurs sont devenus absolument silencieux.

L’opéra-teur de service recherche un accident

possible

dans

l’alimentation. La vérification des sources prouve

qu’il

n’en est rien.

Enfin,

vers

12,45

h,

les

signaux

commencent à

réapparaître ;

ceux de

plus grande

fré-quence, les

premiers,

et à

12,50

h,

tous les

signaux

reprennent

leur intensité normale. »

Des

descriptions identiques

de la nature du

phéno-mène ont été données à maintes

reprises.

On voit ce

qui

le

caractérise,

c’est la

rapidité

avec

laquelle

il se

produit, rapidité qui

lui a fait donner en France le nom

d’évanouissement

brusque

(2).

C’est ce caractère

qui

permet

de la différencier nettement des autres

affai-blissements ou

pertes

de contact

qui

se

produisent

en

radiotélégraphie.

Cette

rapidité

permet également

de déterminer

exactement l’heure à

laquelle

le

phénomène

se

pro-duit ; généralement,

les heures

indiquées

par les divers observateurs concordent à une minute

près.

La

durée de ces évanouissements est très courte, 15 à 20 min

environ,

quelquefois

cette durée

peut

atteindre

l’heure,

mais on

peut

dans ce cas,

envisager

l’existence

de

plusieurs

évanouissements successifs.

Lorsque

le

phénomène

fut

signalé

en mai

1935,

il

fut

présenté

comme un incident très rare : en

France,

il n’avait été observé

qu’une

fois en

1932,

deux fois

(1) ~f6GEL. Telefunken Zeitung, décembre 1930.

(11)

258

en 1934 et n’avait pas été constaté en 1933. Comme

on le verra dans la

suite,

il s’est manifesté

fréquem-ment en

1936,

1937 et 1938. On

pourrait

penser que

cette

augmentation

du nombre des évanouissements

brusques

constatés,

était due à ce que l’attention avait

été attirée sur eux. On trouvera dans l’article de R. Bu-reau, des résultats

qui

semblent bien prouver que cette

augmentation

est réelle et

qu’il

faut l’attribuer à ce

fait

qu’on

est entré en

1935,

dans une

période

de

grande

activité solaire.

z

Un

phénomène

de début aussi

brusque

et de durée aussi courte semblait bien se

prêter

à des recherches de coïncidence avec d’autres

phénomènes.

C’est ce

qui

conduisit le Comité

français

de

radiotélégraphie

scientifique

à attirer l’attention des autres comités

nationaux

dépendant

de l’Union

radioscientifique

internationale et divers observatoires sur

l’évanouis-sement

qui

venait de lui être

signalé

en mai 1935.

Depuis,

de nombreux évanouissements lui

ayant

été

signalés

de nouveau, le Comité

français

avec la

colla-boration de la Direction de la

Télégraphie

sans

fil,

du Ministère des Postes et

Télégraphes

et de la

Compagnie

Radio-France

entreprit

la

publication

mensuelle de

circulaires donnant les heures de début et de la fin des évanouissements

brusques,

ainsi que les

trajets

affectés.

Ce sont ces circulaires ainsi

qu’un

travail

identique

de

Dellinger (1) qui

ont servi de base de travail aux

diif érents astronomes

qui

ont cherché les relations

entre les évanouissements et les

éruptions

chromo-sphériques.

Comme nous l’avons

dit,

le

phénomène

d’évanouis-sement si rare dans les années

1932,

1933

et.1934,

est

devenu très

fréquent

pendant

les années de 1935 à 1938.

En ne se basant que les observations faites par les

postes

récepteurs français

de

radiotélégraphie,

on

constate que le

phénomène

s’est

produit

16 fois de

mai à décembre

1935,

50 fois en

1936,

76 fois en

1937,

81 fois en 1938.

La

majorité

des évanouissements semblent se

pro-duire aux mois de

juin

et de

juillet,

mais on ne saurait

tirer aucune conclusion de cette constatation.

On

admet,

ce

qui

est très

vraisemblable,

que

l’aug-mentation anormale de l’ionisation

qui,

comme nous allons le voir cause

l’évanouissement,

se

produit

là où

le soleil est au zénith.

Or,

les liaisons des

exploitants

français

de la

radiotélégraphie

dont nous utilisons les résultats sont surtout situées dans

l’hémisphère

nord

(Amérique

du

Nord, Chine,

Japon).

Il est donc

cer-tain que c’est au

voisinage

des mois de

juin

et

juillet

que ces liaisons

peuvent

être affectées par les

évanouis-sements

brusques.

Par

contre,

Berkner se basant sur des résultats

obtenus dans

l’hémisphère

sud trouve que les évanouis-sements sont surtout

fréquents

d’octobre à avril.

Enfin,

on a cherché si une certaine

périodicité

ne

pouvait

être trouvée dans

l’apparition

des

évanouis-sements

brusques,

en

particulier

si on ne retrouvait

pas la

période

de

27 j

de la rotation

synodique

du

soleil. Aucune

périodicité

n’a été trouvée

jusqu’ici.

(1) Journal of Research of the Bureau of Standards, 1937, 119,

p. 114.

Quelle

peut

être la cause de ces évanouissements

brusques?

On aurait pu l’attribuer a

priori

à une

dimi-nution

rapide

de l’ionisation des couches E et F. On

se serait mal

expliqué

du reste dans ces conditions

pourquoi

les évanouissements ne se

produisaient

que sur des circuits éclairés.

Or,

un certain nombre d’observatoires

procèdent

à des déterminations

con-tinues des

propriétés

de

l’ionosphère.

Il a donc été

possible

de voir ce

qui

se

produisait

au moment d’un évanouissement.

Les échos

disparaissent brusquement, puis

on

cons-tate

qu’ils

commencent à

réapparaître

d’abord sur la couche

F,

puis

sur la couche E. L’évanouissement

terminé,

on retrouve les couches dans un état

iden-tique

à celui

qu’elles

avaient avant

l’apparition

du

phénomène. Quelquefois

la densité

électronique

a un

peu

augmenté

dans la couche E. Ces résultats montrent

que l’évanouissement est dû à un amortissement

considérable des

ondes,

par

augmentation

de

l’ioni-sation dans les

régions

où se fait

généralement

cet

amortissement.

Ceci nous amène à

préciser

les causes

qui

provoquent

l’amortissement des ondes dans leur

trajet.

Cet amortissement est dû au choc contre des

molé-cules ou des atomes de gaz des électrons mis en

mou-vement sous l’action du

champ électrique

de

l’onde,

choc

qui produit

une

dégradation d’énergie.

On

peut

démontrer

qu’à

une altitude

donnée,

l’amortissement est

proportionnel

à :

N densité

électronique

au

point envisagé, v

nombre

de chocs par seconde en ce

point

entre les atomes et

les électrons

(1)

w = 2 z

f.

Le deuxième terme de ce

produit

est maximum

quand v

= ca.

Mais dans la

région

de

l’atmosphère

où cette

condi-tion est

remplie,

la densité

électronique

est faible. L’amortissement maximum se

produit

un peu

plus

haut.

En admettant que les chocs varient avec l’altitude suivant une loi

exponentielle

et en tenant

compte

de

ce que nous avons dit

plus

haut sur la constitution de

la couche

E,

on

peut

admettre que le maximum

d’amortissement se

produit

à une altitude de 70 à 80 km dans une

région qu’on appelle

la

région

D

(2).

Les évanouissements semblent donc bien dus à une

augmentation

de l’ionisation dans cette

région.

Une curieuse remarque de Berkner

justifie

cette

manière de voir

(3).

Berkner

procédait

à des

sondages

verticaux de

l’ionosphère

au moment d’un évanouissement

qui

ne

fut du reste caractérisé que par un affaiblissement des ’

(1) En réalité, la formule complète devrait tenir compte de

, l’action du champ magnétique terrestre. En introduisant cette

action,

on constate que l’amortissement n’est pas tout à fait le

même pour le rayon ordinaire et le rayon extraordinaire.

(2) APPLET01T. Proceedings of the Royal Society, 1937, 162,

p. 450.

, (3) BERKNER. Assemblée générale de l’U. R. S. 1., 1938, vol. V

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