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Pauvreté des enfants aux Comores

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Pauvreté des enfants aux Comores

Rapport Dr.Sebastian Silva-Leander

Avril 2019

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Table des matières

Liste des tableaux et graphiques ... iv

Liste des abréviations ... vi

1 Introduction ... 7

2 Méthodologie ... 8

Pauvreté monétaire ... 8

Pauvreté multidimensionnelle ... 8

Echantillonnage et cycle de vie ... 9

3 Analyse des privations simples ... 11

Dimensions du bienêtre ... 11

Nutrition ... 13

Santé ... 14

Education ... 15

Protection ... 16

Information ... 17

Eau ... 18

Assainissement... 19

Habitat ... 20

4 Analyse des privations multiples ... 22

Nombre de privations ... 22

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© Oxford Policy Management iii

Résultats désagrégés par groupe ... 32

Déterminants des privations ... 33

Enfants cumulant les vulnérabilités ... 35

Poches de pauvreté infantile ... 37

6 Pauvreté monétaire et multidimensionnelle ... 40

Chevauchement monétaire / MODA ... 40

Profil des enfants discordants ... 44

7 Conclusion ... 47

Bibliographie ... 48

Annex A Proxy de consommation ... 49

Annex B Definition des indicateurs ... 50

Annex C Facteurs de correction ... 52

Annex D Tableaux statistiques ... 53

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Liste des tableaux et graphiques

Tableau 1: Corrélation entre dimensions du bien-être ... 30

Tableau 2: Pourcentage d’enfants avec au moins une privation par dimension du bien-être parmi les enfants pauvres multidimensionnels mais non-pauvres monétaires, par groupe46

Graphique 1: Pourcentage d’enfants ayant au moins une privation dans chaque dimension de bien-être, par âge ... 12

Graphique 2: Enfants avec au moins une privation par dimension du bienêtre (%), par milieu et ile ... 13

Graphique 3: Privations en nutrition (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile ... 14

Graphique 4: Privations en santé (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile ... 15

Graphique 5: Privations en éducation (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile ... 16

Graphique 6: Privations en protection (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile ... 17

Graphique 7: Privations en accès à l’information (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile ... 18

Graphique 8: Privations en eau (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile .. 19

Graphique 9: Privations en assainissement (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile ... 20

Graphique 10: Privations en habitat (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile ... 21

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© Oxford Policy Management v

Graphique 15: Concentration des privations à travers les dimensions de bienêtre, par groupes ... 28

Graphique 16: Pourcentage d'enfant ayant des privations dans au moins une autre

dimension du bien-être, par dimension ... 29

Graphique 17: Enfants pauvres MODA (%), par caractéristiques du ménage et de l’enfant ... 33

Graphique 18: Déterminants du nombre de privations (coefficients) ... 35

Graphique 19: Taux de pauvreté MODA (%), par vulnérabilités cumulées ... 36

Graphique 20: Profil des enfants avec des privations individuelles / privations du ménage ... 38

Graphique 21: Enfants avec au moins une privation par dimension du bienêtre comparé à la moyenne nationale (moyenne nationale=1), par groupe ... 39

Graphique 22: Pauvreté monétaire et multidimensionnelle ... 41

Graphique 23: Tiers le plus pauvre en termes monétaires, de dimensions du bien-être, et de privations ... 42

Graphique 24: Tiers le plus pauvre en termes monétaires, de privations individuelles, et de privations du ménage ... 43

Figure 25: Profil des enfants discordants (seulement pauvres monétaires ou seulement pauvres multidimensionnels) ... 45

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Liste des abréviations

DHS Demographic and Health Survey

INSEED Institut National de Statistiques et d’Etudes Economiques et Démographiques MODA Multiple Overlapping Deprivations Analysis

ODD Objectifs de Développement Durable OPM Oxford Policy Management

UNICEF United Nations Children’s Fund

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© Oxford Policy Management 7

1 Introduction

Le nouvel agenda sur les Objectifs de Développement Durable (ODDs) défini un cadre d’action pour lutter contre la pauvreté des enfants dans toutes ses dimensions. Cependant, jusqu’à présent, les Comores n’ont pas disposé des outils nécessaires pour analyser la pauvreté des enfants et les privations multiples auxquelles sont confrontés les enfants. La problématique de la pauvreté des enfants a été abordée de manière tangentielle dans des rapports régionaux et internationaux, sans pour autant faire l’objet d’une analyse détaillée et adaptée aux besoins spécifiques du pays.

Dans ce contexte, l'objectif du présent rapport est de fournir un aperçu détaillé de la pauvreté chez les enfants Comoriens, dans le but de mieux comprendre la nature et les facteurs de vulnérabilité spécifiques aux Comores.

Cet efforts’inscrit dans l’optique de renforcement des capacités de l’INSEED dans le domaine de la pauvreté multidimensionnelle des enfants, conformément aux exigences en matière d’établissement de rapports sur le développement durable (ODD) 1.2. L'ODD 1.2., adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies en 2015, stipule que d'ici 2030, les pays devraient chercher à réduire de moitié «la proportion d'hommes, de femmes et d'enfants de tous âges vivant dans la pauvreté dans toutes ses dimensions, conformément aux définitions nationales. ”(ONU 2015).

La présenteétude utilise des données de l’enquête DHS 2012, et ne fournit donc pas une image actualisée de la pauvreté des enfants aux Comores. L’objectif principal de l’étude est donc de fournir une base de référence qui pourra servir pour mettre à jour l’analyse sur la pauvreté des enfants dès que des nouvelles données seront disponibles.

En particulier, nous espérons que l’enquête de consommation des ménages qui est en cours de réalisation pourra servir à mettre à jour cette analyse. De plus, cette enquêteprésente l’avantage sur le DHS de contenir à la fois des données sur la pauvretémonétaire et sur le bien-être multidimensionnel.

Ceci permettra de faire des croisements directs entre les deux conceptions de la pauvreté sans passer par des variables instrumentales et des techniques économétriques qui peuvent biaiser les résultats.

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2 Méthodologie

2.1. Pauvreté monétaire

L’enquête DHS ne contient pas de données sur la pauvretémonétaire. Cependant elle contient un indice de richesse qui a été construit pour approximer le bien-êtrematériel des ménagesà partir de l’observation des caractéristiques de l’habitat et des biens possédés par le ménage. Cependant dans la présenteétude, nous avons choisi de ne pas utiliser l’indice de richesse du DHS, principalement pour deux raisons différentes.

Premièrement, l’indice de richesse du DHS contient plusieurs variables qui rentrent dans l’indice multidimensionnel de pauvreté MODA. Ceci peut créer des problèmes de multi-colinéarité et d’endogénéité lorsque l’on analyse la relation entre la pauvretémonétaire (approximé dans ce cas par l’indice de richesse) et la pauvretémultidimensionnelle.

Deuxièmement, l’indice de richesse du DHS est construit en utilisant une technique d’analyse des composantes principales. Cette technique ne requière pas d’information sur la consommation des ménages. Il n’est donc pas conçu pour approximer la pauvretémonétaire en tant que telle, mais la richesse du ménage, c’est-à-dire le stock d’avoirmatériels accumulés au cours d’une longue durée.

Les deux concepts sont légèrement distincts.

Pour contourner ces deux inconvénients, nous avons dans un premier temps construit un proxy de consommationà partir des données de consommations contenues dans l’enquête 1-2-3. Ce proxy a été construit en utilisant une technique dite de régressions par quantiles (20ieme centile), où la variable dépendante était la consommation totale par adulte-équivalent, et les variables indépendantesdécrivant les caractéristiquesdémographiques, sociales et économiques du ménage. Le soin a été pris de n’inclure dans la régression que des variables existant à la fois dans l’enquête 1-2-3 et dans l’enquête DHS. Nous avons également pris soin d’éviter les variables contenues dans l’indice MODA, afin d’éviter les problèmes de multi-colinéaritémentionnés ci-dessus.

Dans un deuxième temps, cet indice a été importé dans la base de données DHS en appliquant les coefficientsestimés dans l’enquête 1-2-3 aux variables contenues dans l’enquête DHS. Les détails des coefficients utilisés sont contenus dans l’annexe A. Les enfants tombant dans les 42% des ménages avec l’indice proxy de consommation le plus bas sont considérés comme étant pauvres monétaires. Ce taux correspond au taux de pauvretémonétaire officiel.

2.2. Pauvreté multidimensionnelle

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© Oxford Policy Management 9

aux droits de l’enfant (ONU 1989). Ensuite, des indicateurs spécifiques sont choisis pour refléter les privations potentielles dans chaque dimension. Un enfant est considéré comme étant privé dans une dimension s’il a une privation dans un ou de plusieurs de ses indicateurs. Par exemple, un enfant est considéré privé d'eau s'il n'a pas accès à de l'eau potable et / ou s’il/elle a besoin de marcher trente minutes pour aller chercher de l'eau, ou les deux.

La majeure partie de l'analyse présentée dans ce rapport est axée sur la privation de multiples dimensions. Celles-ci sont mesurées par un simple dénombrement, dans lequel chaque dimension a un poids égal. Cela est conforme au principe selon lequel, étant donné que chaque dimension reflète un droit humain, toutes sont considérées comme d'égale importance (de Neubourg et al. 2014). La logique qui sous-tend cette approche est qu’il est impossible de sacrifier un droit humain au nom d’un autre, ce qui est un pilier fondamental d’une approche de la programmation et de l’analyse des politiques fondée sur les droits.

Cette étude a utilisé les trois indices de privation multidimensionnelle de MODA (de Milliano et Plavgo 2014a). La première de ces mesures est le ratio numérique de privation multidimensionnelle (H), qui détermine la proportion d'enfants défavorisés multidimensionnels en fonction d'un seuil donné, par exemple, le pourcentage de personnes privées dans au moins la moitié des dimensions du bien-être.

La deuxième mesure détermine l’intensité moyenne des privations chez les enfants défavorisés (A), en montrant, par exemple, quel pourcentage d’enfants défavorisés subit toutes les privations possibles.

Cette mesure est, à certains égards, comparable à l’écart de pauvreté lorsque l’on étudie la pauvreté monétaire. Alors que l'écart de pauvreté donne une idée de la distance qui sépare les pauvres du seuil de pauvreté, le nombre ajusté de personnes défavorisées donne une idée de la distance qui sépare les enfants défavorisés de la pauvreté multidimensionnelle.

La troisième mesure combine les aspects d’incidence et d’ampleur de la privation en un seul chiffre : le ratio ajusté du dénombrement des privations, M0.Il est calculé en multipliant l'effectif par l'intensité moyenne (M0 = H x A), ce qui donne un taux compris entre 0 et 1. M0 n'a pas de sens en soi, mais il est très utile pour comparer les populations en utilisant un chiffre unique synthétique reflétant a la fois l’incidence et l’intensité des privations. L’indice M0 est présenté en annexe D.

La liste exacte des dimensions et indicateurs utilisés dans l’indice MODA, ainsi que leur définitions et couverture en termes d’âge et de sexe est contenue dans l’annexe B.

2.3. Echantillonnage et cycle de vie

Il est important de noter que l’enquête DHS contient différents modules. Certains modules, tel que le module de violence, sont établis à partir d’un sous-échantillon de ménages. Pour les besoins de la présente analyse, nous avons considéré que les enfants non-compris dans un sous-échantillon donné étaient non-privés dans l’indicateur relatif au module de ce sous-échantillon. Ceci implique que les chiffres utilisés dans cette analyse vont sous-estimer le nombre total d’enfants souffrant, par exemple, de violences domestiques.

Ceci-dit, dans la mesure où l’échantillonnage a été fait de manière aléatoire, les proportions et les classements relatifs des différents groupes d’enfants devraient rester intactes. Nous avons opté pour cette solution afin de maximiser le nombre d’enfants compris dans l’analyse et étant donné que l’objectif de l’étude n’était pas d’estimer précisément combien d’enfants souffraient, par exemples de violences, mais quels groupes d’enfants souffraient les plus de privations différentes de bien-être.

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L’alternative aurait été d’exclure les indicateurs ne couvrant pas tous les enfants ou d’exclure les enfants ne présentant pas tous les indicateurs.

Pour les analyses de privations simples, nous n’utilisions que les sous-échantillons relatifs à chaque indicateur, puisque aucun croisement d’indicateurs n’est requis à cette étape. Danse cette section, il ne devrait donc pas y avoir de sous-estimation des privations.

L’une des caractéristiques principales de l’approche MODA, est qu’elle utilise l’approche du cycle de vie, qui considère les besoins spécifiques de l’enfant à chaque âge. Ceci est une force de l’approche MODA, mais cela présente également des défis sur le plan technique. En particulier, cela veut dire que l’indice MODA contient différents indicateurs pour diffèrent enfants, ce qui complique les comparaisons entre groupes d’enfants de différents âges.

Par exemples, les enfants en milieu rural ont tendance à être plus jeunes que les enfants urbains aux Comores. Lorsque nous comparons la pauvreté multidimensionnelle en milieu rural et urbain, nous ne pouvons donc pas être sûrs si les différences observées sont dues au fait que les enfants ont vraiment des niveaux de vie différents, ou si les résultats reflètent simplement le fait que l’enfant urbains et ruraux ont des âges différents et sont donc mesurés avec des indicateurs différents.

Pour éviter ce problème, nous avons estimé les biais possibles du a la composition démographique de chaque groupe, ainsi qu’au problème de sous-échantillonnage mentionné ci-dessus. A chaque fois que c’était possible et utile, nous avons rapporté les résultats pour des données corrigées d’éventuels biais dus à l’âge et l’échantillonnage des différents groupes. Les facteurs de correction utilisés pour les principaux sous-groupes de population sont présentés dans l’Annexe C.

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© Oxford Policy Management 11

3 Analyse des privations simples

Cette section présente les résultats de l’analyse du bien-être pour chaque dimension du bien-être séparément. Dans de nombreux cas, les indicateurs utilisés correspondent aux indicateurs classiques utilisés dans le DHS. Dans d’autres cas, nous avons dû construire des indicateurs légèrement différents des indicateurs officiels afin de pouvoir les intégrer dans l’indice multidimensionnel de pauvreté. Il est donc possible que les taux de privations cités ici ne correspondent pas exactement aux taux de privations officiels auxquels les spécialistes sont habitués. Les définitions exactes de chaque indicateur sont contenues dans l’annexe B.

Nous commençons par regarder les huit dimensions du bien-être dans leur ensemble. Ensuite, nous allons regarder les détails des privations dans chacune des dimensions de bien-être séparément, pour comprendre exactement quels facteurs causent le mal-être dans chaque dimension.

3.1. Dimensions du bienêtre

Le Graphique1ci-dessous montre le pourcentage d’enfants ayant au moins une privation dans chacune des huit dimensions du bien-être. Les taux de privation varient fortement en fonction de l’âge et des indicateurs spécifiques pris en compte dans chaque dimension. Naturellement, la probabilité d’avoir au moins une privation est plus élevée dans les dimensions, comme la santé, pour lesquelles nous disposons de plus d’indicateurs.

Les taux de privation les plus élevés sont observés dans le domaine de l’eau (81%) et l’assainissement (91.5%). A l’autre extrême, seuls 23.6% des enfants présentent des privations en nutrition, et 28.7%

présentent des privations dans l’accès à l’information. Dans le premier cas, le bas taux de privation reflète surtout le fait que l’indicateur ne couvre que les enfants de 0 à 4 ans (et les filles de 15 à 17). A l’intérieur de ces groupes, les taux de privations en nutrition atteignent plus de 60%, mais pour l’ensemble des enfants de 0 à 17 le taux de privation est bas puisque nous ne disposons pas d’indicateur pour les enfants de 5 ans et plus. Dans l’analyse détaillée des dimensions du bien-être nous présenterons les résultats spécifiques à chaque classe d’âge concernée.

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Graphique1: Pourcentage d’enfants ayant au moins une privation dans chaque dimension de bien-être, par âge

Source : DHS 2012

La désagrégation des résultats par milieu de résidence montre que les enfants vivant en milieu rural sont moins bien loti que les enfants urbains dans toutes les dimensions du bien-être, sauf dans le domaine de la santé. Les plus grandes différences entre milieu urbain et rural, sont observées dans l’accès à l’eau et à l’information (voir Graphique2).

Il est important de préciser que les données présentées dans le Graphique2 ont été ajustées en fonction de la composition démographique de l’échantillon selon la méthodologie présentée dans la section 2 ci-dessus. Ceci implique que nous pouvons être confiant que le désavantage des enfants en milieu rural reflète bien des différences de niveau de vie entre les deux groupes, et pas simplement les fait que les enfants ruraux sont plus jeunes.

La désagrégation également que le type de privations affectants les enfants varie fortement d’une ile à l’autre. Par exemple, l’accès à l’eau et à l’assainissement semblent être particulièrement problématiques à Ngazidja, alors que Mohéli et Ndzouani souffrent surtout de privations dans le domaine de l’habitat et l’accès à l’information.

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© Oxford Policy Management 13

Graphique2: Enfants avec au moins une privation par dimension du bienêtre (%), par milieu et ile1

Milieu de résidence Ile

Source: DHS 2012

3.2. Nutrition

Le Graphique3 montre que l’absence de déparasitage et de vitamine A sont les privations les plus répandues parmi les enfants de 0 à 4 ans, affectant près de la moitié des enfants dans cette classe d’âge. Près d’un tiers des enfants dans cette classe d’âge présentent également des retards de croissance, qui sont dus à une malnutrition chronique.

Parmi les filles de 15 à 17 ans, presque 14% sont en situation de surpoids. Parmi les filles de mèreséduquées ces atteignentprès de 80%, bien que les échantillons ne soient pas suffisamment larges pour pouvoir conclure avec certitude au niveau de prévalence (voir AnnexeD).

La désagrégation par ile montre que le problème des retards de croissance, ainsi que l’accès aux vitamines A, sont particulièrement sévères à Anjouan. Par contre, Anjouan preste mieux que les autres iles en termes de déparasitage et d’allaitement.

1Données ajustées, ayant été corrigées en tenant en compte la composition de l’échantillon.

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Graphique3: Privations en nutrition (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile2

Indicateurs Ile

Source: DHS 2012

3.3. Santé

Dans le domaine de la santé, c’est la prévention antipaludique qui pose le plus de problèmes. Moins de 10% des enfants vivent dans des maisons qui ont été fumigées au cours des 12 derniers mois3, alors que près de 60% des enfants n’utilisent pas de moustiquaires.

L’ile d’Anjouan a les plus mauvais résultats dans le domaine de la santé pour presque tous les indicateurs, sauf pour le tabagisme, qui est légèrement moins répandu à Anjouan que dans les autres iles.

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© Oxford Policy Management 15

Graphique4: Privations en santé (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile4

Indicateurs Ile

Source: DHS 2012

3.4. Education

L’ile d’Anjouan présente également les plus mauvaises performances dans le domaine de l’éducation, avec, par exemple, près de 30% d’illettrisme parmi les enfants de 15 à 17 ans, contre 17% à Ngazidja.

L’accès au préscolaire est l’indicateur qui présente les plus hauts taux de privation, puisque plus de 60% des enfants de 3 à 6 ans n’ont pas accès au préscolaire.

4Données ajustées, ayant été corrigées en tenant en compte la composition de l’échantillon.

(16)

Graphique5: Privations en éducation (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile5

Indicateurs Ile

Source: DHS 2012

3.5. Protection

Dans le domaine de la protection, le problème du travail des enfants est particulièrementpréoccupant, puisque presque 40% des enfants des enfants de moins de 12 ans ont participéà des activités économiques. Près d’un quart des enfants de 9 à 14 ans déclarent avoir travaillé plus de 14 heures dans la semaine précédant l’interview, ce qui affecte nécessairement leur scolarisation.

Ce problème est le plus rependu à Anjouan. D’un autre cote Anjouan a des taux de violences plus bas que les autres iles. Il faut tout de même rappeler que ceux-ci sont des taux de violence auto-déclarés.

Il n’est donc pas clair si ceci reflète réellement une moindre prévalence des actes de violence, ou simplement une moindre volonté de rapporter ces incidents de la part des victimes de violences.

Le problème des mariages précoces est particulièrement prévalent a Ngazidja (12.5% contre 9.4% de moyenne nationale), alors que les grossesses précoces sont plus courantes a Mohéli.

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© Oxford Policy Management 17

Graphique6: Privations en protection (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile6

Indicateurs Ile

Source: DHS 2012

3.6. Information

Plus de deux tiers des adolescents de 15 à 17 ans ne lisent jamais un journal ou un magazine. A Anjouan, cette proportion atteint plus de 9 adolescents sur 10. L’accès aux biens de communication, tels que la radio, la télévision et les téléphones portable est aussi moindre a Anjouan que dans les autres iles.

L’accès à l’information semble être considérablement meilleur à Ngazidja que dans les autres iles.

6Données ajustées, ayant été corrigées en tenant en compte la composition de l’échantillon.

(18)

Graphique7: Privations en accès à l’information (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile7

Indicateurs Ile

Source: DHS 2012

3.7. Eau

En termes d’accèsà l’eau, les différences entre les iles sont énormes : A Mohéli, seuls 8% des enfants n’ont pas accèsà une source d’eau améliorée, alors qu’a Ngazidja plus de la moitié des enfants manque d’accès à une source améliorée. De plus, les ménages sans accès à une source améliorée sont moins susceptibles de traiter l’eau avant de la consommer a Ngazidja (moins de 10%, contre près de 30% dans les autres iles), ce qui aggrave encore plus le problème.

Par contre, les enfants de Ngazidja tendent à vivre plus près de la source d’eau et passent donc moins de temps à aller chercher l’eau. Seuls 3% des enfants de Ngazidja passent plus de 30 minutes à aller chercher l’eau, contre plus de 15% dans les autres iles.

Puisque ce sont plus souvent les filles qui vont chercher l’eau (12.8% contre 10.9% pour les garçons, voir Annexe D) ce problème aggrave les inégalités de genres et peut contribuer à l’abandon scolaire chez les filles.

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© Oxford Policy Management 19

Graphique8: Privations en eau (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile8

Indicateurs Ile

Source: DHS 2012

3.8. Assainissement

L’accès à l’assainissement amélioré est un autre problème qui est particulièrement marqué à Ngazidja.

Plus de 80% de Ngazidja n’ont pas accès à une toilette améliorée, contre 50% dans les autres iles. Par contre, les enfants de Ngazidja sont moins susceptibles de devoir partager leurs toilettes avec d’autres ménages.

Ce qui aggrave encore plus cette situation est le fait que plus de 60% des enfants de Ngazidja ne disposent pas d’endroit ou laver les mains dans leur ménage, contre 20% à Mohéli et 30% a Ndzouani. Et parmi ceux qui disposent d’un endroit ou laver les mains, ils sont moins nombreux à disposer de savons et d’eau (15% contre 28% à Mohéli et 37% a Ndzouani)

8Données ajustées, ayant été corrigées en tenant en compte la composition de l’échantillon.

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Graphique9: Privations en assainissement (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile9

Indicateurs Ile

Source: DHS 2012

3.9. Habitat

Plus des deux tiers des enfants Comoriens vivent dans des habitats exigus, ou ils doivent partager leur chambre avec au moins 2 adultes ou 4 autres enfants.

Les privations liéesà l’habitat sont de loin les plus courantes àMohéli, ou 69% des enfants vivent dans des maisons avec des sols en terre, qui facilitent la propagation des maladies parasitaires et des infections respiratoires. A Ngazidja, ils ne sont que 12%. Des proportions similaires sont observées pour la qualité des murs et du toit.

Du cote positif, la précarité des constructions a Mohéli, implique que les enfants de sont moins susceptibles d’être exposés à des fumées de combustibles solides, qui contribuent au développement des infections respiratoires (3% contre 19% dans les autres iles).

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© Oxford Policy Management 21

Graphique 10: Privations en habitat (% des enfants dans la classe d’âge concernée), par ile10

Indicateurs Ile

Source: DHS 2012

10Données ajustées, ayant été corrigées en tenant en compte la composition de l’échantillon.

(22)

4 Analyse des privations multiples

Cette section examine le chevauchement entre différentes privations. La notion de chevauchement est au cœur de l'analyse multidimensionnelle de la pauvreté. L'intuition fondamentale est qu'un enfant souffrant de plusieurs privations en même temps sera moins bien loti qu'un enfant souffrant d'une seule privation. Pour cette raison, il est pertinent de savoir non seulement combien d'enfants sont privés dans une dimension donnée, mais également si ce sont les mêmes enfants qui ont tendance à être privés dans différentes dimensions, ou si différents groupes subissent des privations distinctes.

La réponse politique requise pour traiter, par exemple, un cas dans lequel 50% des enfants sont non scolarisés et 50% des enfants sont sous-alimentés serait très différente si le décrochage scolaire était un phénomène exclusivement urbain et la sous-alimentation exclusivement rurale, comparé à un cas dans lequel les deux problèmes seraient concentrés, par exemple, dans une seule ile.

Dans le premier cas, une intervention ciblée du secteur de l’éducation pourrait être nécessaire dans les zones urbaines, complétée par des interventions en matière de nutrition ou d’agriculture dans les zones rurales. Dans le second cas, il se peut que des enfants sous-alimentés abandonnent leurs études parce qu'ils sont incapables de se concentrer à l'école. Dans ce cas, une intervention nutritionnelle pourrait suffire à résoudre les deux problèmes. Il se peut également que les deux problèmes soient causés par un problème tiers spécifique au groupe concerné (par exemple, pratiques culturelles ou discrimination) et requiert donc une intervention d’une toute autre nature (ex. juridique, plaidoyer, etc.).

4.1. Nombre de privations

Le Graphique11ci-dessous montre la distribution des enfants en fonction du nombre de privations. Il montre que près de trois quart des enfants souffrent de privations dans entre 3 et 6 dimensions de bien-être. Moins de 1% des enfants ne souffrent d’aucune privation, alors que 3% des enfants souffrent de privations dans toutes les dimensions de bien-être (8 dimensions pour les filles de 15 à 17 ans, et 7 dimensions pour les autres enfants).

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© Oxford Policy Management 23

Graphique11: Distribution des enfants en fonction du nombre de privations11

Source : DHS 2012

Puisque l’indice MODA utilise l’approche du cycle de vie, les résultats ne sont pas directement comparables entre enfants d’âges différents. Par exemple, les dimensions d’éducation et communication ne sont pas prisent en compte pour les enfants de moins de 3 ans, alors qu’aucun indicateur de nutrition n’est disponible pour les enfants de 5 à 14 ans. Pour cette raison, la distribution des privations a été désagrégée par classe d’âge dans le Graphique12ci-dessous.

Cette désagrégation montre que les garçons de 15 à 17 ans sont surreprésenté parmi les enfants ne souffrant d’aucune privation, alors qu’une proportion importante d’enfants de moins de 5 ans souffrent de privations dans presque toutes les dimensions de bien-être (maximum 6 dimensions pour les enfants de 0 à 2 ans et maximum 7 pour les enfants de 3 à 4 ans). Puisque les indicateurs utilisés sont différents pour chaque classe d’âge, il est difficile de dire si ceci reflète un réel désavantage des enfants de moins de 5 ans, ou si cela reflète simplement des différences entre le type d’indicateurs utilisés.

11Données ajustées, ayant été corrigées en fonction de la composition de l’échantillon.

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Graphique12: Distribution des privations par classe d’âge12

Source : DHS 2012

Dans le Graphique13ci-dessous, les résultats ont été désagrégés par milieu de résidence. Ceci montre que les enfants en milieu rural tendent à avoir plus de privations que ceux vivant en milieu urbain : plus de 70% des enfants en milieu rural souffrent de privations dans au moins 5 dimensions de bien- être, alors que moins de 60% des enfants urbains sont dans cette situation.

Il est important de noter que ces données ont été ajustées en fonction de la composition démographique des deux groupes, c’est-à-dire qu’ils prennent déjà en compte le fait que les enfants tendent à être plus jeunes en milieu rural et tendent donc à souffrir de relativement plus de privations, du fait du nombre et types d’indicateurs utilisés. Nous pouvons donc supposer que l’écart constaté reflète une différence réelle de bien-être entre les zones urbaines et rurales.

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© Oxford Policy Management 25

Graphique13: Distribution des enfants en fonction du nombre de privations, par milieu de résidence13

Source : DHS 2012

4.2. Intensitédes privations

Le Graphique14ci-dessous montre l’intensité moyenne des privations pour différents sous-groupes de la population. Par intensité des privations, nous entendons le nombre de dimensions de bien-être dans lesquelles l’enfant a des privations. Puisque le nombre de dimensions de bien-être est diffèrent pour différents âges, nous exprimons l’intensité en proportion du nombre total de dimensions pour chaque classe d’âge. Une intensité de 0.5, par exemple, peut donc signifier que l’enfant a des privations dans 3 dimensions sur 6 (enfant de 2 ans) ou 4 dimensions sur 8 (filles de 15 à 17 ans).

L’analyse montre que le facteur le plus important déterminant le nombre de privations est l’éducation des parents. Les enfants dont la mère ou le père n’ont aucune éducation souffrent, en moyenne, de privations dans plus de 60% des dimensions de bien-être, c’est-à-dire 4 dimensions sur 7 ou 5 dimensions sur 8. Par contre, les enfants dont les parents ont une éducation secondaire ou tertiaire ont, en moyenne, des privations dans moins de la moitié des dimensions de bien-être.

13Données ajustées, ayant été corrigées en fonction de la composition de l’échantillon.

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L’intensité des privations varie également fortement en fonction du milieu de résidence, de la pauvreté monétaire et de la taille du ménage : Les enfants vivant dans des ménages pauvres (monétaires), ruraux ou dans des familles nombreuses, tendent à avoir beaucoup plus de privations que les autres enfants.

L’analyse révèle également que les enfants vivant dans des ménages dont le chef est une femme tendent à avoir moins de privations que ceux vivants dans des ménages masculins. Par contre, les enfants dont le chef de ménages est très vieux (>65 ans) ou très jeunes (<25 ans) tendent à avoir une intensité de privations beaucoup plus forte que la moyenne.

Finalement, l’analyse montre que les enfants vivant à Ndzouani souffrent de plus de privations que ceux vivant à Ngazidja et Mohéli.

Graphique14: Intensité des privations, par groupes14

Caractéristiques du ménage Caractéristiques de L’enfant

Source: DHS 2012

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4.3. Concentration des privations

Dans la section précédente, nous avons analysé l’intensité des privations, c’est-à-dire le nombre moyen de dimensions de bien-être dans lesquels les enfants ont des privations. Dans cette section, nous allons analyser une question légèrement distincte, à savoir, combien de privations l’enfant a-t-il dans chacune de ces dimensions du bien-être. En effet, un enfant souffrant de 5 privations différentes dans le domaine de la santé (paludisme, diarrhée, infection respiratoire, manque de vaccinations et handicap, par exemple), sera en pire état qu’un enfant souffrant d’un seul de ces problèmes, même si les deux sont privés dans le domaine de la santé. La concentration des privations est mesurée par le ratio du nombre total de privations (pondérées) sur le nombre total de dimensions du bien-être dans lequel l’enfant a des privations.

Dans l’ensemble, les résultats ne donnent pas de grandes surprises : les enfants ayant plus de privations tendent aussi à avoir des privations dans plus de dimensions du bien-être. Ceci est le cas, par exemple, pour les enfants pauvres, ruraux et avec des parents non-éduqués.

Par contre, dans d’autre cas, cette relation n’est pas directement proportionnelle. Par exemple, les orphelins ont une concentration bien plus importante de privations, bien que leur intensité totale de privations ne soit pas trèsdifférente des autres enfants. C’est-à-dire que les orphelins tendent à avoir plus de privations dans chaque dimensions du bien être que les autres enfants. Ceci vaut également pour les enfants dont le chef de ménage a 65 ans ou plus.

L’analyse révèle également que les enfants de Ngazidja ont une concentration de privations plus élevée que dans les autres iles. C’est-à-dire que bien que ces enfants souffrent en général de privations dans moins de dimensions du bien-être que la moyenne, ils tendent à avoir plus de privations dans chacune de ces dimensions de bien-être. Ceci indique que la nature de la pauvreté infantile est différente de celle existant dans les autres iles.

En l’occurrence, il semblerait que la pauvreté de Ngazidja est plus concentrée, c’est-à-dire qu’elle affecte les enfants dans un nombre moindre de dimensions du bien-être, mais que ceux qui sont affectés tendent àêtre nettement moins bien lotis que ceux des autres iles. Par contraste, la pauvreté de Ndzouani, semblerait être plus diffuse dans le sensoù elle touche un plus grand nombre de dimensions du bien-être, mais avec moins de privations dans chaque dimension.

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Graphique15: Concentration des privations à travers les dimensions de bienêtre, par groupes15 Caractéristiques du ménage Caractéristiques de L’enfant

Source: DHS 2012

4.4. Chevauchement entre dimensions

Dans cette section, nous regardons le chevauchement entre différentes dimensions du bien-être (voir Graphique16ci-dessous). Naturellement, les privations les plus répandues, comme les privations en assainissement ou habitat, auront plus d’enfant souffrant uniquement de privation dans cette dimension, c’est-à-dire sans chevauchement avec les autres dimensions du bien-être. Pour cette raison, nous avons ordonné les dimensions en ordre croissant de l’incidence des privations dans chaque dimension.

L’analyse montre que les enfants souffrant de privations dans les domaines de la protection et de l’information tendent à souffrir de nombreuses autres privations simultanément. Par contre, les privations en nutrition tendent àêtre plus isolées dans les sens ou les enfants souffrant de malnutrition ne souffrent pas nécessairement de nombreuses autres privations en même temps.

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Graphique16: Pourcentage d'enfant ayant des privations dans au moins une autre dimension du bien-être, par dimension

Source : DHS 2012

Le Tableau 1 montre les taux de corrélation entre les différentes dimensions de bien-être. En général les corrélations sont positives, ce qui indique les enfants qui ont des privations dans une dimension ont aussi tendance à avoir des privations dans d’autres dimensions. Par exemple, les enfants ayant des privations en éducation tendent également à avoir des privations en protection et en santé.

Les dimensions qui sont le plus fortement corrélées sont l’éducation et l’accèsà l’information, c’est-à- dire que les enfants qui ne sont pas scolarisés tendent aussi à ne pas avoir accès à l’information, et vice-versa. L’accèsà l’information est également fortement corrélé avec l’habitat. L’accèsà l’eau et a l’assainissementtendent également, pour des raisons évidentes, à aller de pair.

Par contre, les privations en nutritions sont négativement corrélées avec presque toutes les autres dimensions du bien-être, sauf la santé, la protection et l’accèsà l’eau. Ceci confirme ce que nous avions noté dans les Graphique16ci-dessus, à savoir que les enfants malnutris ne souffrent pas forcément d’autres privations en même temps. D’un côté, ceci signifie que les problèmes de nutrition peuvent possiblement être réglés avec des politiques sectorielles ciblées. Mais d’un autre côté, ceci signifie également que les enfants sous-nourris peuvent être plus difficiles à identifier, s’ils se cachent à l’intérieur de foyers apparemment aisés avec un habitat adéquat et des niveaux d’éducation satisfaisant.

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Tableau 1: Corrélation entre dimensions du bien-être16

Age : Dim.:

Habitat Assainmt. Info. Eau Educ. Prot. Santé

Habitat 1

Assainmt. 0.2298* 1

Information 0.3783* 0.2185* 1

Eau -0.0183* 0.3329* 0.0939* 1

Education 0.2062* 0.2120* 0.3758* 0.0054 1

Protection -0.1518* 0.1290* -0.0898* 0.0211* 0.1242* 1

Santé 0.0952* 0.0128* 0.0260* 0.1356* 0.0426* 0.0829* 1

Nutrition -0.0143* -0.1560* -0.1048* 0.1086* -0.0520* 0.0055* 0.0443*

Source : DHS 2012

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5 Pauvreté Multidimensionnelle

Cette section présente les résultats de l’analyse de la pauvreté multidimensionnelle aux Comores.

Pour cette analyse un enfant est considéré comme étant pauvre s’il/elle présente des privations dans plus de la moitié des dimensions de bien-être.

Le nombre exact de privations requises varie donc en fonction des indicateurs spécifiques et des dimensions de bien-être pris en compte pour chaque classe d’âge (voir Tableau 2 dans l’annexe B ci- dessous). Pour une fille de 15 ans, par exemple, le bien-être est mesuré dans huit dimensions (nutrition, santé, éducation, protection, eau, assainissement, communication, et habitat). Une fille de 15 ans sera donc considérée comme étant pauvre si elle présente des privations dans au moins 5 dimensions. Pour un enfant de 2 ans, en revanche, nous ne mesurons pas le bien-être dans le domaine de l’éducation ni de l’accès a l’information. Un enfant de 2 ans sera donc considéré pauvre s’il/elle a des privations dans au moins 4 dimensions.

Le fait que nous utilisons différents indicateurs et différentes dimensions pour des enfants de différents âges signifie que les résultats ne sont pas comparables entre enfants d’âges différents. Par exemple, nous ne pouvons pas conclure que les enfants de 3 ans sont plus pauvres que les enfants de 15 ans simplement parce qu’ils ont plus de privations, puisque le type et le nombre d’indicateurs pris en compte sont différents pour ces deux groupes. Pour faciliter les comparaisons, nous avons donc divisé les enfants en classes d’âges comparables. Lorsque ceci n’est pas possible ou pertinent, nous utilisons des données ajustées en fonction de la composition démographique de chaque groupe. Par exemple, si un groupe contient beaucoup d’enfants de 3 ans, nous savons que les résultats tendrons à surestimer la pauvreté multidimensionnelle de ce groupe, parce que les enfants de 3 ans tendent à avoir plus de privations en raison de la nature et du nombre d’indicateurs utilisés. Nous corrigeons donc les valeurs de ce groupe pour réduire cette surestimation.

5.1. Résultats désagrégés par ile

L’analyse de la pauvreté multidimensionnelle montre que 60.3% des enfants Comoriens souffrent de pauvreté multidimensionnelle, c’est-à-dire qu’ils ont des privations dans plus de la moitié des dimensions de bien-être. Le taux de pauvreté multidimensionnelle est plus élevé à Anjouan (Ndzouani), 62.2%, contre 58.6% à Mohéli et 58.0% à Ngazidja.

Ces taux ont été ajustées en fonction de la composition démographique de chaque ile, afin d’assurer la comparabilité des résultats, puisque les taux de pauvreté varie fortement pour différentes classes d’âge, en fonction des indicateurs spécifiques pris en compte pour chaque âge.

Le désavantage de Ndzouani est le plus marqué pour les enfants de 5 à 14 ans. Ceci s’explique par le fait que les indicateurs d’éducation et de protection ont relativement plus de poids pour ces groupes d’âge. C’est dans ces dimensions que Ndzouani a les pires performances (voir section 3 ci-dessus).

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Tableau 1: Enfants pauvres MODA (%), par ile17

Age : Ile :

Mohéli Ndzouani Ngazidja National

0-2 59 59.5 66.5 62.1

3-4 82.6 82.8 75.7 80

5-6 54.9 63.9 54 59.3

7-8 56.3 65.2 52.7 59.7

9-14 63.7 69.4 57.8 64.2

15-17 (filles) 30.5 33.1 39.5 35.6

15-17 (garçons) 34 31.2 34.7 32.9

0-17 (données brutes)

58.6 62.8 57.2 60.3

0-17 (données ajustées)

58.6 62.2 58.0 60.3

Source : DHS 2012

5.2. Résultats désagrégés par groupe

Le Graphique17ci-dessous montre les taux de pauvreté multidimensionnelle pour différents sous- groupes de la population (voir aussi Annexe D). Il montre que les taux de pauvreté multidimensionnelle varient très fortement en fonction des caractéristiques de l’enfant et du ménage.

Par exemple, il montre que moins de 30% des enfants de mère avec une éducation tertiaire sont multi- dimensionnellement pauvres, alors que parmi les enfants de mères sans éducation, ce taux atteint plus 70%.

Les autres facteurs qui semblent être fortement corrélés avec la pauvreté multidimensionnelle sont le milieu de résidence, l’éducation du chef de ménage et la pauvreté monétaire. Cependant, il est intéressant de noter que la pauvreté monétaire semble être un facteur moins déterminant que les autres trois facteurs, dans le sens ou les écarts de pauvreté multidimensionnelle sont moins importants.

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Graphique17: Enfants pauvres MODA (%), par caractéristiques du ménage et de l’enfant18 Caractéristiques du ménage Caractéristiques de l’enfant

Source : DHS 2012

5.3. Déterminants des privations

Le Graphique18ci-dessous tente de prendre en compte l’interaction de ces différents facteurs de causalité, en utilisant une technique de régression multi-variables. Ceci permet de contrôler la possibilité de corrélations fallacieuses. Il est, par exemple, possible que les enfants de parents éduqués aient moins de privations, non pas à cause des effets bénéfiques de l’éducation en tant que telle, mais à cause du fait que les parents éduqués tendent à être plus riches financièrement, et donc plus à même de satisfaire les besoins de leurs enfants.

Cette analyse confirme que les enfants de mères et pères éduqués ont des taux de pauvreté multidimensionnelle significativement plus bas que les enfants de parents sans éducation, même après avoir pris en compte le fait que ces foyers tendent à être plus riches financièrement. Ceci confirme donc que l’éducation des parents a des bénéfices pour les enfants qui vont au-delà de ses effets sur le revenu du ménage.

L’analyse confirme également, que les taux de pauvreté multidimensionnelle sont plus élevé chez les enfants vivant en milieu rural, et que ce désavantage n’est pas attribuable simplement au fait les ménages ruraux tendent à être plus pauvres monétairement. Il est donc possible que d’autres facteurs, comme l’accès aux services ou des facteurs comportementaux, rentrent en jeu.

18 Données ajustées, ayant été corrigées en tenant en compte la composition de l’échantillon.

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L’analyse multi-variables montre aussi que les enfants vivant dans des ménages féminins (chef de ménage femme) ont, autres choses égales par ailleurs, moins de privations que ceux vivant dans des ménages masculins.

Finalement, l’analyse montre que les enfants vivant à Ndzouani et Ngazidja ont, autres choses égales par ailleurs, plus de privations que ceux vivants à Mohéli. Dans le cas de Ndzouani, ce résultat n’est guère étonnant, puisqu’il est conforme à ce que nous avions noté dans le Tableau 1ci-dessus, à savoir que cette ile a le taux de pauvreté multidimensionnelle le plus élevé des trois iles.

Mais dans le cas de Ngazidja le résultat est plus étonnant, puisque cette ile a le taux de pauvreté multidimensionnelle le plus bas des trois iles. Dire que les enfants de Ngazidja sont désavantagés semble donc contre-intuitif. Mais en y regardant de plus près, nous pouvons constater, que Ngazidja a aussi un taux de pauvreté monétaire moitié moins élevé que Mohéli (voir section 6 ci-dessous), et devrait donc, en principe, être en mesure d’atteindre des niveaux de bien-être multidimensionnel considérablement meilleurs que Mohéli. Le fait que Ngazidja arrive à peine à faire mieux que Mohéli sur le plan du bien-être multidimensionnel en dépit de son avantage économique considérable, suggère l’existence d’autres contraintes structurelles qui empêchent les enfants de cette ile de pleinement bénéficier de leur avantage économique.

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Graphique18: Déterminants du nombre de privations (coefficients)19

Source : DHS 2012

5.4. Enfants cumulant les vulnérabilités

Dans le Graphique19ci-dessous, nous avons croisé plusieurs des facteurs de vulnérabilité identifiés dans les sections précédentes, afin de comprendre comment ces facteurs interagissent pour créer des cas de vulnérabilité extrême chez certains enfants. Le nombre d’interactions possible est potentiellement presque infini. Pour cette analyse, nous avons donc dû choisir quelques facteurs qui semblaient pertinent et qui produisaient des résultats intéressants. Ceux-ci doivent donc être compris comme des exemples de groupes ultra-vulnérables plutôt que comme une cartographie exhaustive des vulnérabilités extrêmes.

Dans le premier graphique (gauche), nous regardons le milieu de résidence, l’éducation des parents et l’ile. L’analyse montre que seuls 25.1% des enfants de parents éduqués vivants en milieu urbain à Ngazidja ou Mohéli (ligne rouge basse) sont multi-dimensionnellement pauvres. Ceci est presque trois fois moins que parmi les enfants de parent non-éduqués vivant en milieu rural à Ndzouani.

19 Coefficients estimés à partir d’une régression par quantile fixée au 75 centile. En plus des variables représentées ci-dessus, la régression comprend des variables décrivant la composition de l’échantillon et l’âge de l’enfant, afin d’assurer la comparabilité des résultats.

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Parmi les orphelins garçons, vivant dans des ménages dont le chef est un homme de plus de 45ans (ligne rouge supérieure dans le graphique de droite), le taux de pauvreté multidimensionnelle atteint 85.8%, contre 56.8% pour les enfants ne présentant aucune de ces caractéristiques.

Ceci montre l’importance de ne pas regarder chaque vulnérabilité individuellement, mais de considérer également comment les différentes vulnérabilités se chevauchent et interagissent pour créer des poches de pauvreté pouvant se cacher au sein de groupes de population qui, dans leur ensemble, ne vont pas trop mal.

Par exemple, l’âge du chef de ménage n’était pas ressorti ci-dessus comme un facteur de vulnérabilité important pour l’enfant. Cependant, le croisement des facteurs montre que pour les orphelins, l’âge du chef de ménage est un facteur crucial, puisque les orphelin dans des ménages dirigés par des hommes de plus de 45 ans ont des taux de pauvreté 20 pour cent plus élevé que ceux dont le chef de ménage a moins de 45 ans (81.7% contre 61.1%). En revanche, parmi les ménages dirigés par des femmes et parmi les enfants non-orphelins, l’âge du chef de ménage tend plutôt à jouer à la faveur du bien-être de l’enfant.

Notre analyse ne permet pas d’identifier les facteurs pouvant expliquer ces différences. Il serait donc important de compléter cette analyse par des recherches qualitatives pour comprendre les mécanismes distincts qui sont à l’œuvre chez ces différents sous-groupes d’enfants.

Graphique19: Taux de pauvreté MODA (%), par vulnérabilités cumulées20

Milieu, éducation des parents, ile Orphelin, sexe/âge du chef, sexe de l’enfant

Source: DHS 2012

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5.5. Poches de pauvreté infantile

Afin de creuser la question des poches cachées de pauvreté infantile, nous avons séparé les privations individuelles, comme par exemple la nutrition, de celles qui sont définies au niveau du ménage, comme par exemple l’habitat. Il est, par exemple, possible d’imaginer le cas d’un enfant vivant dans un habitat adéquat, mais qui, pour cause de discrimination, reçoit moins de nourriture que les autres enfants du ménage. Cet enfant souffrirait donc de privations au niveau individuel (nutrition) sans souffrir de privations dans les dimensions du bien-être qui sont collectives (ex. accès à l’eau, a l’électricité, etc.).

Pour comprendre les facteur qui peuvent causer ce genre de situations, nous comparons le profil démographique de deux groupes opposés : le premier est constitué d’enfants souffrant de privations dans plus de la moitié des indicateurs individuels de bien-être, bien qu’il vivent dans des ménages ayant un niveau de vie adéquat, c’est-à-dire ayant des privations dans moins de la moitié des indicateurs collectifs (barres bleues dans le Graphique20ci-dessous). Le deuxième groupe est non- pauvre au niveau individuel (i.e. privations dans moins de la moitié des indicateurs individuels) mais vivent dans des ménages pauvres (i.e. privations dans plus de la moitié des indicateurs du ménage).

Le graphique de droite montre les différences entre ces deux groupes, corrigées en fonction de la composition de l’échantillon.

L’analyse montre que les ménages urbains et les ménages riches monétaires sont fortement surreprésentés parmi les enfants ayants des privations individuelles dans plus de la moitié des indicateurs. Ceci indique qu’il existe, dans ces groupes, des poches importantes de pauvreté infantiles qui sont cachées a l’intérieurs de ménages ayant un niveau de vie satisfaisant, en termes, par exemple, de la qualité de l’habitat, d’accès à l’eau, etc. La désagrégation par dimension de bien-être indique que le problème se situe particulièrement au niveau de la nutrition et de la santé (voir Graphique21ci- dessous).

De la même manière, les mères célibataires et les ménages dont le chef à moins de 25 ans sont surreprésentés parmi les enfants ayants des privations dans plus de la moitié des indicateurs individuels de bien-être. La désagrégation par dimension de bien-être montre que les enfants de parents jeunes (<25ans) sont particulièrement désavantagés dans le domaine de la nutrition, alors que les enfants de mères célibataires tendent plutôt à avoir des privations dans le domaine de l’éducation et de la santé (voir Graphique21ci-dessous).

Cependant, le groupe qui ressort le plus dans cette analyse sont les enfants vivant à Ndzouani. Ils représentent plus des deux tiers des enfants pauvres au niveau individuel, malgré le fait qu’ils vivent dans des ménages avec un niveau de vie adéquat. L’analyse des privations simples (voir section 3 ci- dessus) indique que ceci est principalement dû au fait que Ndzouani tend à avoir un accès à l’eau et à l’assainissement adéquat, mais a des taux de malnutrition et de non-scolarisation plus élevés que les autres iles.

Par contre, l’analyse ne permet pas de dire que les enfants confiés ou les orphelins soient moins bien lotis que les autres enfants. Au contraire, ces enfants tendent à avoir moins de privations individuelles que de privations au niveau du ménage.

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Graphique20: Profil des enfants avec des privations individuelles / privations du ménage

Source : DHS 2012

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© Oxford Policy Management 39

Graphique21: Enfants avec au moins une privation par dimension du bienêtre comparé à la moyenne nationale (moyenne nationale=1), par groupe21

Source : DHS 2012

21Données ajustées, ayant été corrigées en tenant en compte la composition de l’échantillon.

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6 Pauvreté monétaire et multidimensionnelle

6.1. Chevauchement monétaire / MODA

Dans cette section, nous regardons le chevauchement entre la pauvreté monétaire et multidimensionnelle aux Comores. Le taux de pauvreté monétaire était de 42% en 2014, selon l’enquete 1-2-3. Pour la présente étude, nous avons utilisé l’enqute DHS qui ne contient pas d’information sur la consommation des ménages. Il n’est donc pas possible d’estimer directement la pauvreté monétaire a partir des données du DHS. Pour cette raison, nous avons utilisé un proxy qui a été construit suivant la méthologie décrite en section 2 ci-dessus.

Le taux de pauvreté multidimensionnelle parmis les enfants Comoriens est de 60.3%, comme nous l’avons expliqué dans la section précédente. Dans la grande majorité des cas, les enfants qui sont pauvres monétairement le sont aussi au niveau du bien-être multidimensionnel, et vice-versa (voir Graphique 22ci-dessous). Ceci n’a rien d’étonnant, étant donné que l’argent reste le moyen principal pour avoir acces aux biens et services qui produisent le bien-etre.

Ce qui est plus étonnant est que près d’un quart des enfants vivant dans des ménages pauvres monétaire (10% des enfants sur 42% de pauvres monétaires) ne sont pas pauvres au niveau multidimensionnel. De la même manière, près de la moitié des enfants qui sont pauvres au niveau multidimensionnel vivent dans des ménages qui ne sont pas considérés comme étant pauvres en termes monétaires.

Pour résoudre le probleme de la pauvreté infantile, il est imperatif de comprendre qui sont ces enfants et de comprendre pourquoi certains d’entre eux arrivent a atteindre des niveaux de bien-être adequats en dépis de leurs contraintes économiques, et pourquoi d’autres présentent des privations malgré leur comfort materiel.

Il est important de noter que plus de 70% des enfants Comoriens tombent dans l’une ou l’autre de ces catégories, c’est-à-dire qu’il sont ou bien pauvres au niveau monétaire, ou pauvres en terme des différentes dimensions du bien-être.

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Graphique 22: Pauvreté monétaire et multidimensionnelle

Source : DHS 2012

Dans Graphique23ci-dessous, nous regardons le tiers le plus pauvre des enfants en termes monétaires et en termes multidimensionnels. La pauvreté multidimensionnelle est mesurée en fonction du nombre de dimensions du bien-être dans lesquelles l’enfant présente des privations, ainsi qu’en fonction du nombre total (pondéré) de privations dont souffre l’enfant.

En comparant des groupes de taille identique (un tiers), nous pouvons voir plus clairement le chevauchement entre les différents groupes. En effet, dans le cas hypothétique d’une concordance parfaite entre les différents indicateurs, les trois cercles devraient se superposer exactement sans qu’aucun enfant ne tombe en dehors de l’intersection des cercles.

Le graphique confirme, sans surprise, que les deux mesures multidimensionnelles du bien-être sont trèssimilaires et identifient dans plus de deux tiers des cas les mêmes enfants comme étant pauvres.

Les 6% (2%+4%) d’enfants qui sont pauvres en termes de dimensions du bien-être sans être dans le tiers le plus pauvre en terme du nombre total de privations (en haut à droite), sont des enfants qui ont des privations diffuses, c’est-à-dire relativement peu de privations répandues sur un grand nombre de dimensions du bien-être. Au contraire, les enfants en bas à droite (3%+3%) qui sont pauvres en privations mais pas en dimensions, sont ceux qui ont des privations nombreuses mais concentrées sur quelques dimensions du bien-être seulement.

Lorsque l’on se concentre sur le tiers le plus pauvre des enfants, la concordance entre la pauvreté monétaire et multidimensionnelle diminue fortement, comparé au Graphique 22ci-dessus, qui regardait les 42% et 60% les plus pauvres des enfants, respectivement. En effet moins d’un tiers de

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tous les enfants pauvres sont à la fois considérés comme pauvres en termes monétaires et en termes multidimensionnels.

Ceci suggère que l’indicateur de pauvreté monétaire a plus de mal à identifier correctement les enfants qui sont les plus pauvre en termes multidimensionnels, et qui ont donc le plus besoin d’aide.

Ceci souligne, encore une fois, l’importance lorsque l’on regarde la pauvreté des enfants de ne pas se cantonner à utiliser uniquement des indicateurs qui n’ont pas été conçus au départ pour refléter la complexité de la problématique du bien-être de l’enfant.

Graphique23: Tiers le plus pauvre en termes monétaires, de dimensions du bien-être, et de privations

Dans le Graphique 24, nous avons distingué les privations individuelles, comme la malnutrition, des privations qui sont définies au niveau du ménage, comme l’habitat. Ceci doit nous permettre de comprendre dans quelle mesure la discordance entre la pauvreté monétaire est due au fait que la

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ménage. La différence est donc en grande partie due au fait que la pauvreté monétaire est assez faiblement corrélée avec les dimensions du bien-être qui sont pertinentes pour les enfants.

De plus, l’analyse confirme ce que nous avions constaté dans la section précédente, à savoir que le bien-être du ménage est un assez mauvais indicateur du bien-être de l’enfant. En effet, moins d’un cinquième des enfants sont à la fois considérés comme pauvres en termes de privations individuelles et en termes de privations du ménage. Une grande majorité des enfants avec le plus de privations individuelles vivent dans des ménages relativement bien lotis, et de la même manière, une grande partie des ménages les moins bien lotis contiennent des enfants qui atteignent des niveaux de bien-être acceptables. Ceci souligne, encore une fois, l’importance de regarder à l’intérieur du ménage pour comprendre les inégalités, discrimination et autres pratiques néfastes pouvant affecter les enfants négativement.

Graphique 24: Tiers le plus pauvre en termes monétaires, de privations individuelles, et de privations du ménage

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6.2. Profil des enfants discordants

Dans cette section, nous regardons les profils des enfants discordants, c’est à dire les enfants considérés comme pauvres en termes du bien-être multidimensionnel, mais qui habitent dans des ménages non-pauvres monétairement, et vice-versa.

Les groupes qui ressortent le plus clairement de cette analyse, sont les enfants de parents éduqués, qui sont très fortement surreprésentés parmi les enfants pauvres multidimensionnels habitants dans des ménages non-pauvres en termes monétaires. Ce résultat peut apparaitre contradictoire au vue du fait que nous avions auparavant identifié l’éducation des parents comme un des facteurs principaux réduisant la pauvreté infantile. Pourtant, les deux résultats ne sont pas incompatibles : les enfants de parents éduqués sont, dans leur ensemble, beaucoup mieux loti que les autres enfants, mais il existe parmi eux un petit groupe d’enfants qui n’atteignent pas les niveaux de bien-êtreescomptés au vu du revenu de leur ménage. Il s’agit donc de poches de pauvreté infantiles se cachant au sein de ménages aisés.

Durant l’atelier de validation, cette anomalie a été discutée et les participants ont suggéré qu’une explication possible pourrait être le fait que certains parents éduqués laissent leurs enfants avec des nounous qui n’ont pas toujours les connaissancesrequises pour donner une nutrition adéquate aux enfants. Les données présentées dans le Tableau 2ci-dessous semblent confirmer cette hypothèse, puisqu’ils indiquent que parmi les enfants pauvres multidimensionnels vivants dans des ménages non- pauvres monétaires, les privations en nutrition sont bien plus élevées que la moyenne nationale.

Un autre groupe qui ressort fortement sont les enfants de parents jeunes (<25 ans) qui sont fortement surreprésentés parmi les pauvres multidimensionnels vivant dans des ménages non-pauvres monétaires. Là aussi, l’analyse par dimension du bien-être montre que c’est la nutrition qui est en cause, ainsi que les privations de santé, qui sont plus courantes dans ce groupe que parmi les autres enfants (voir Tableau 2ci-dessous). Dans ce cas, il n’est pas clair quelles sont les mécanismesspécifiques expliquant ces résultats, puisqu’il est improbable que ce groupe ait recours aux nounous.

Les orphelins et les enfants confiés sont également surreprésentés parmi les enfants pauvres multidimensionnels vivants dans des ménages non-pauvres monétaire, mais dans cette différence s’efface lorsque nous prenons en compte l’âge et le profil démographique de ces groupes. Nous ne pouvons donc pas conclure que les orphelins et enfants confiés soient désavantagés en relation aux indicateurs de bien-être compris dans l’indice de pauvretémultidimensionnelle.

Finalement, l’analyse montre que les enfants de Mohéli sont fortement sous-représentés parmi les enfants non-pauvres multidimensionnels vivant dans des ménages pauvres monétaires. Ceci suggère que les enfants de Mohéli arrivent en partie àcompenser leur désavantageéconomique (Mohéli est l’ile

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Figure 25: Profil des enfants discordants (seulement pauvres monétaires ou seulement pauvres multidimensionnels)

Source: DHS 2012

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