CONSIDÉRATIONS
SUR L’INTERNEMENT
EN FRANCE
THÈSE
Présentée et publiquement soutenue devant la Faculté deMédecine de Montpellier
Le 1er février 1908 PAR
Néà Nimes(Gard),lo 30mars1879
Pour obtenir
legrade, de Docteur en
MONTPELLIER
IMPRIMERIE
Gust. FIRMIN,MONTANE ET SlCARDl
Rue Ferdinand-Fabre et Ouai du Verdanson
1908
PERSONNEL DE I.A EAGUÏ/I'É
MM. MAIIIET (* ) Doyen
SA
HD
A AssksskurI*rofft
sse
U i sCrmi(jue médicale
MM. GHASSET
Crmi(jiie chirurgicale TlilDl^NAT (i^).
riiérapeulique et inalièremédicale. . . .
HAMELIN
(i/)Clinique médicale CAHIUIÜU.
Clini(iue des maladies umntales et. uerv. MA1UET(Y(‘).
Pliysiiiue médicale IMBlillT.
Botanique et hisl. nal. méd GHANliL.
Clinique chirui'gicale
EOHGüE
(^)Clini(iue ophtalmologique
THUC
(^).Chimie médicale VILLE.
Physiologie HEDON.
Histologie
VIALLETON
Pathologie inl(Mt\e
DUCAM
P.Anatomie GILIS.
Opérations et appareils !
‘ l'iSTOll.
Microbiologie ItUDET.
Médecine légale et toxicologie SAHDA.
Clini'que des maladies des enfants
....
BAUMEL.Anatomie pathologique BOSC.
HvK'*^ne BEBTIN-SANh (H,)
Pathologie et tliérapeutiqne générales . . RAUZIEB.
Clini(jue obstétricale. VALLOIS.
Professeurs adjoints: M. de
HOUVILLE
, PUECil Poyen honoraire : M. VL\LLET()NPi of esseurs honoraires : MM. E. BEBTIN-SANS ( \
GHYNEEL
I TM. H. GOT, Secrétaire honoraire
(lliai*(|és <le (3ours
complémeiilaires
Clini(iue ann. des mal. syphil. etcutanées MM. VEDEL, agrégé.
Clinique annexe des mal. des vieillards. . VIRES, agrégé.
Pathologie externe LAPEYHE, agr. lib.
Clinique gynécologique
;
• • • dk
HOU
VILU-,prof. adj.Ac.couchements PUECH, ProL adj.
Clinique des maladies des voies urinaires JEANBRAU, agr.
Clinique d'oto-rhino-laryngologie
.... MOURET,
agr. libre.A
(1réfiésen
exerri<‘>*MM.
GALAVIELLE
MMSOUBEIRAN MM LEENHARDT
VIRES '
GUERIN
'GAUSSEE
VEDEL GAGNIERE
RICHEJEANBRAU GRYNEELTTEn CABANNES
POUJOL
LAGRIEFOUL.DERRIEN
M. IZARD, secrétaire.
P2xainina(eiirs fie la riièse MM.
GRASSET
(*), présfrfenL MM.LEENHARDT,
RAUZIER, professeur. GAUSSEE, agrégé.
I.a Faculté deMédecine de Montpellier déclarequeles opinionsémises dans
les Dissertations qui lui sontprésentées doivent être considérées comme
propresà leur auteur; (juVIlen’entend leur donnerniapprobation, ni impro- bation.
I
A
MON
PR^SIDRNT DE TIIIÏSEMONSIEUR LE PROFESSEUR GRASSET
CHE\ALIER DE LA LÉGION u'ilONNEUR
PROFESSEUR DE CLINIQUE MÉDICALE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE MONTPELLIER
A
NOTRE
MAITREMONSIEUR LE DOCTEUR ALOMBERT GÜGET
MÉDECIN EN CHEF A l’aSILE DE MARSEILLE
A TOUS CEUX OUI NOUS SONT CIIER^S
!’• RORREII,.
AVANT-I>ROPOS
L’assistance
aux malades
a bénéficié enFrance
depuis quelquesannées
de progrès considérables. Assistance à domicile, assistance à riiôpital, te pauvre, s’il n’apu
en- core vaincre la misère, obtientdu moins
les secoursmé-
dicauxqu’impose
la maladie.Hôpitaux
et sanaloria s’élè-vent de plus en jilus
nombreux,
demieux
enmieux amé-
nagés.
Ln un
mot, le français est assuré, s’il tomliema-
lade, d’être
secouru
par la collectivité.Ce
qui se faitdans
la mère-[)atrie se répètedtms nos
possessions d’outre-meroù
fiévreux, contagieux, blessés, reçoiventdans
des locaux spéciaux les soinsque
nécessite leur état.Il est toutefois
dans
nos coloniesune
catégoriede mala- des, et ce ne sont pas le.smoins
intéres.sants, qui parais- sent ne pas participera cette sollicitude et supportent lepoids de nécessités éconornicjues
mal
justifiées.Nous
voulons parler des aliénéj?, et en particulier nies oZ/énes sénégalais.
Que
de fois,pendant
nosdeux années
d’inter- nat à l’Asile de Marseille,nous
a-t-il étédonné
d’assister à l’arrivée lamentable de ces convois de nègres, ahuris de leurs 8 à 10 jours de traversée, transis en quelque saisonque
ce soit, à peine habillés, souventmême
camisolés, et liéscomme
des fous dangereux.Ces malheureux, dont
nous
ne connaissons pas le langage et qui necompren-
VI
lient j)Ms le notre, dont les
mœurs
œt lamimique môme
iiousécliap|)entcom|)lètement,
nous
arrixamt bien portantset en
peu
detemps meurent
épuisés.11 n’est
môme
pas possible en effet d’escompter en leur Taveur rellicacitédu
traitement qui leur sera appliijué.Les
clîilfres sont là trop éloquents hélas ! et à ces infor- tunés s’applique la paroh; désolanteinscrite au fronton de l’Lnlerdu
l)ai)te : «dasciate 0"ui speranza ».(dest
une
civilisationmal
comjjriseque
celle qui arra- che à leur pays desôtres inoffensifs et les envoiedans un
climat totalement dilférentdu
leiu’, où ils vivi’ont leurs dernières années, isolés de leurs compatriotes, soustraits à leur milieu, à leurs habitudes, à leur genre de vie, à leur soleil surtout.Une
telle situation est-elleimposée
par quelque raison supérieure?à a-t-il impossibilité
pour
le Sénéfial de conserver etde soigner
une
catégorie de ses habitants ?\ a-t-il
du moinn
avantageéconomique pour
radmini.s- tration de la colonie ?(
\
‘d-i-W inlérêl surloulpour
lesmalades
à être traitésen
France
?t
CONSIDÉRATIONS
Süli
L’INTERNEMENT
DES ALIÉNÉS SÉNÉGALAIS
EN FRANGE
PREMIÈRE PARTIE
L’ALIÉNATION CHEZ LES NOIRS DU SÉNÉGAL
CHAPITRE PREMIER,
'CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
Les
noirs confies a 1 Asile de Marseille sont enquan-
tité infime, si l’on considère le chiffre de la population sénégalaise (jLii
nous
les fournit: 1. IRC.000.De
1897 a 100/, /2malades
ont été évacués surMar-
seille, soit
comme moyenne
par an et [lar 100.000 habi- tants : 0, 02d.En France
la proportion est de 13.5pour
100.000, c’est-à-dire fpi’elle est540
fois plus considé- rable.11 y aurait la ccjiendaqt
une
illusiondue
à ceque dans
les pays d’Orient l’aliéné ii’est pas
comme
enFrance
un—
8objet de terreur
pour
sou entourage; souvent au contraireil est considéré
connue un ami
de la divinité et l’objetd’un culte tout spécial.
A
vrai dire, l’aliénationmentale
chez les noirs n’est point aussi rareque nos
cliiflVes sembleraient l’indicjuei'.Ne
viennent pas en effet à Marseille tous lesSénéga-
lais,
pour
lesquels il est pris desmesures
de séquestra- tion.La
véritable proportioti j)ar raj)port au cliilfre de lapoi)ulation est assez considérable. Si
dans
lesgrandes
villes
on
j)eut à la i-igueur connaîti’e la j)lupart des alié- nés, il n’en est pas demôme
en dehors de ces points oùle plus souvent n’habitent
même
pas d’Européens.On
n’évacue qu’un très })etitnombre
d’aliénés, les dan-gereux
àpeu
de chose près.Les
autresdemeurent
en li-berté
dans
les'villages etvaguent dans
la rue, la phq)artdu temps
sans lamoindre
entrave ;on
ne les soigne pas,on
ne les surveillemême
pas,mais
aussi on ne les mal-traite pas, et si grave
que
soit le délit qu’ilscommettent,
ils sont pardonnés, et
on
n’attacheaucune importance
à leurs actes quels qu’ils soient : ils sont fous.L’indigène,
au
reste,n’aime pasbeaucoup
qu’on séques-tre ses aliénés : en cas de
danger
seulement, il se décide, et'alors sans trop de difficulté, à prévenir les autorités.Arrêtés par la police
ou
sur lademande
des parents,les
malades
sont conduits tout d’aborddans
les hôpitaux de Dakar; Corée, Saint-Louis. Certains d’entre eux sont rendus à leur famille si celle-ci, présentant des garanties sérieuses de moralité, ledemande
et s’engage à surveillerle
malade
et à prendre la responsabilité de ses actes.D’autres ne présentanl
que
des crises de folie très passa- gères (folie toxique,formes
aiguës d’aliénation) sontmis
exeatajirès retour à l’étatnormal
; certains, enfin,meu-
rent à l’hôpital.
En
définitive, ne sont évacués sur Marseilleque ceux
souj)çonnés d’incurabilitéou pour
lesquelsun
traitement prolongé paraît nécessaire.Dans
ces conditions les chilTresque nous donnons
sontévidemment
loin de représenter l’échelle de l’aliénationmentale chez les Sénégalais.
Quelque
imparfaite (jue soit notre statistique, elle estnéanmoins
de nature à créer cheznous
cette convictionque
les j)sychoses chez ces indigènes sont àun
degré de fréquence infinimentmoins
élevé qu’elles ne le sont chez nous.
Nos
chiffres fussent-ils bien au-dessous de la réalité, l’écart avec ceux
que donnent
les statistiques de nos asiles est encore tropgrand pour
qu’ils ne |)ortent j>as aveceux une grande
part de vérité.
Sans
doute les noirs neprovoquent
desmesures
d’internement qu’à l’égard de ceux de leui's aliénésque
leur délire rendéminemnient dangereux
;mais
n’en est-il pas ainsi trop souventdans nos
régions,et n’attend-on pas
pour
le séquestrerque
lemalade
aitcommis un
acte répréhensibleou
dangei'eux ?Au
total,malgré
les bases fragiles sur lesquelles s’ap- puient nos calculs, on peut direque
la folie auSénégal
est
incomparablement moins répandue que dans nos
i)aysd’Europe.
Néanmoins
il est àremarquer
qu’àmesure que
la civilisation pénètre
dans
ces pays, la sélection des aliénésdu
reste de la population s’impose de plus en plus.On
cherche à lesen séparer et à les traiter. C’est à cela qu’estdù justement
le traité qui lie l’asile de Marseille avec le Sénégal et qui constitue la base de notre travail./
-
10\
CHAPITKE
IJKTIOLOGIE
Los coiisidérations précécJcnles
nous amènent
à reclier-clici' a quoi tient cette dilférence, et par suite à envisager
la question d’étiologie.
D’une
laeon générale on [)eul dire (pie la Iréijuence des psychopathies est |iro|)ortionnelle ,poui‘ les |>ays à leur degréd’avancement dans
la civilisalion,pour
les locali- tés à l’importance de leui*vie jisychique, j)our les classes sociales au dévelo|)pement et aufonctionnement
de leur C(M’ébralité. (Lest àune
conclusion analogue qu’est arrivé\\ illi^m
White dans un
travail récent. II dit aussique
lestroubles
mentaux
sont d’autant plus fréijuents rpi’onconsidère un point où la population est jilus dense, la
civilisation plus grande, la lutte [)lus Apre.
La
folie estdue pour
lui au peu de résistance d’esjn’itssoumis
à des préoccupations exagérées et son extension se fait suivantles
mêmes
voies etdans
lemême
sens cpie la civilisation.Les psychoses chez h'S noirs naissent sous des influen- ces divei'ses dontnou.^ ne retrouvons pas toujours l’équi- valent en
Europe. Le
teri’ain cérébral n’est plus celuique nous observons
chez nosmalades
; il estmoins
vulnérable et ne réagit pas de lamême
façon.Nous
délirons suivant nos habitudes j)sychi(pies, suivant nos dispositions natu- relles : la foli(‘ des habitants des villes est loin de ressem-#
-
Ilà colle des
campagnards.
C’esl qu’en eUet lesmœurs,
l’habitude, l’éducation, le
genre
de vie, la civilisation enun mol marquent
d’une couleur particulière les déviations de l’étalnormal
de nos l'acultés mentales.Dès
lorsnous
ne serons pas surj)i is de voir les Sénégalais délirer d’iinc'tout autre
manière que
rp]uroj)éen.S
il est vrai,d’autre [)art,(jue la vie sédentaire, le séjour desgrandes
villes, les excès, lesurmenage
cérébral sont des tacteui's puissants de troubles intellectuels, il faut bien reconnaître (pi’ils ne saïu’aient entrei" en ligne decompte
(jue très accessoirement lorsqu’il s’agit d’une race chez laquelle la civilisation est encore à l’état d’ébauche.
Aux
Sénégalais peuvent s’a|)jiliquer ces paroles deMoreau
de.Tours
: «En Europe l’homme
veut s’élever,» s’élever toujours ... Rien de semblable en Orient
où
» chacun, tout au présent,
peu
soucieux de l’avenir, se» tient
dans
les limitesque
le hasard de la naissance a» tracées autour de lui et
que
la religion lui a apjiris à» regarder'
comme
sacrées.La
civilisation est en effet» favorable au
développement
de l’aliénation mentale.A
»
mesure que
l’on s’éloigne' des milieuxcivilisés, la
» nature devient agreste, la plaine déserte et inculte.
Avec
» le sol
l’homme
qui l’habite se réduit à sonminimum
» d activité et s abrutit
j les aliimes deviennent de [)lus çn
» plus rares
parmi
ces populations. N’a-t-on pas ditdu
» leste qii il n y a pas d aliénés chez les
sauvages
? »En
etfet, la nature d’un climaloù
la température estunitormément chaude
doit engourdir les fonctions ner- veu.ses, et plonger l’indigènedans
un état d’apathiemorale
et jihysiipie peu propice
aux
désordres cérébraux.Les
principales infections qu’on pourrait incriminer sont lepaludisme
et la syiihilis.En
ce quiconcerne
lepaludisme, le noir est
moins
susceptibleipienous
à l’in-12
leclioii, c.onlre laquelle il se vaccine vile, en quelque
s01*le
,
La
syphilis^ d’autre part, frappemoins
son cerveau qui travaillepeu que
ses autres organes.Cependant
chez les noirsque
l’on veut insti'uire, peut-être /’ea^cès de travail cérébral, et il leur en faut peu, amène-t-il quelquefois des troubles cérébraux.Ces
courtes considérations sur l’inlluence restreintedelà
syphilis sur lagenèse
des affections mentales des Sénégalaisnous
permettent d’expliquer l’absence depara-
lysie générale
dans
nos statistiques.Les
deux grands
facteurs ([uicommandent
l’étiologie tout entière de la paralysie généi’ale, cjui se retrouvent toujours et partout, et sans lesfjuels on ne [)eut l’expli- (juer de façon rationnelle et com[)lète, sont :L
la céré- bralité, 2" l’infection (ordinairement la syphilis). C’est cette étiologieque Kraft-Ebing
arésumée
endeux mots
saisissants : « Civilisation.
—
Syphilisation ».On
peut eneffet poser en règle
que
la fréquence de la paralysie géné-rale est proportionnelle au degré de civilisation, de vie intensive, de cérébralisation.
Par
là on j)eut expliquer larareté de la méningo-encéphalite diffuse
dans une
raceoù
la syphilis estsomme
toutefréquemment
observée. Cela tient sans doute à ce que, par suite de sa rudimentaire céréhalité, le noir ne ])eut faire encore qu’une sy[)hilisosseuse, cutanée, grossière, celle
que nous
faisions sans doutenous-même
autrefois (la paralysie générale était rare enEurope
il yaun
siècle), tandisque l’homme
civi- lisé l’oriente tout naturellement vers les centres nerveux.L'alcoolisme paraît [)eu fré(juent.
Ce
fait estdû
àune
double cause : religion (la plupai-tsont disciples deMaho-
met, et
comme
tels les licjucui’s fermentées lcui‘ sontinterdites) ;
— éloignement
des centres urbains.13
-
Il est à
remarquer que
si l’on envisage le sexe denos
malades,pour
80hommes
internés à Saint-Louis,on
necompte que
21femmes,
etque
cliez les individus trans- férés à Marseille, le sexe masculin l’emporte encore [)i’es- (pie de moitié sur le sexe féminin, 10pour
22. C’estque
l’indigène séquestre surtout l’aliéné dangereux, et à ce
titre les
mesures
de rigueur deviennent plus rares à l’égard de lafemme,
qui, par sontempérament,
estmoins
portéeaux
violences et dont il est aussi plus facilede se rendre maître.
14 -
CIIAPUIIE
IIFORMES OBSERVÉES
(.es quelques nolions tHiologifjues
nous
pennetlronlil expli(juer le peu de diversité des
formes
observées chez ees malades.Sur
72 individus Iraités à Mai’seille en dix ans, voici quels sont les diagnostics portés, ((ùesdiagnostics sont
pour
la plupart exactement semblablesa ceux inscrits sur les ccrliticats d’entrée :
nous
cfi ver- rons plus loin les raisons.)^1
aiguë
\ intermittente
Manie
./ religieuse. . .I
du
vol\ chronique. . .
Mélancolie
Mélancolie l'e'ligieuse. .
Folie des grandeui-s. . .
Délire des j)crsécutions.
Epilepsie
Alcoolisme
Folie érotique
Mutisme Démence
(?)Imbécillité Idiotisme
2^
1
1
1
1
12
1
10 b b
4
1
1
1
0
1
—
15—
A
noterque
lamanie
aiguë franche est l’afTection laplus
Irequemment
observée chez les noirs. Ilsemble que nous
assistions chez eux à l’enlance de l’aliénationmen-
tale, et en jU’ésence d’aliénés noirs
nous pouvons
sansgland
ellorinous
reporterai!temps
onl’homme non
encore civilise ne produisaitdans
son délireque
des for-mes
élémentaires de lobe.Un
asile exclusivementcom-
posé d’indigènes de l’Afrique Occidentale
nous
dirait cequ
étaient les Ions autemps
de la barbarie, alors (jiie laci\ilisation n avait j)as encore
donné
son emjireinteau
déliie et idéalisé ces
lormes
dégénératives (|ui frajjpent aujourd’hui la plusgrande
partie de nosmalades;
il est' cerlain parexemple
qiie lamanie
jiure devientwne
rareté pathologique, alors (jue chez le noir elle représente1 element
dominant dans
la pathologie mentale.Nous pouvons
aussi observer quelques éas de folie religieuse.Les
Sénégalais sont en généralité sectateurs deMahomet, comme
tels, fanatiques; ce fanatisme reli-gieux peut
dans
certaines circonstances devenii’ chez lesprédisposés l’occasion de troubles intellectuels.
folie des grandeurs, délire des perséciilions, étaient faciles à prévoir chez
une
race primitive ahurie par lestransformations
imposées
par la civilisation européenne.Le
frottis de civilisation des noirs est tout en surface, nelait pas corps avec l’individu
; ils n’en sont pas
imprégnés,
et j 1 disparaît au premier choc avec la plus
grande
facilité!Les
cas iVélhglismeac sont pas trèsnombreux
encore,ce qui est
dû
à la non-pénétration desEuropéens dans une grande
étendue de la colonie, peut-êtreaussi à la reli-
gion
même
pratiquée par la majorité deshabitants.
V
IL
DEUXIÈME PAHTIE
EVOLUTION ET PRONOSTIC
Que
deviennent en Finance ces aliénés dont la colonienous
contie le tcaitement? Quel héiiélicc cetirent-ils de cet exil lorce ? L(\s cliillres vont d’abord -répondre à cette (|uestion; il
nous
restera à les iFilei'prélcr.Sur
72 Sénégalaisadmis
depuis 1897 à l’asile deMar-
seille, 3 sont sortis guéris, 38 sontdéc^dés, 31
demeurent
en traitement.A
(]uoi peut-on attribuei* la rareté de ces guérisons ?Quelle est la cause
dominante
de ces décès ?2
I
—
18cHAPirm:
lLSNE(iUKHlSSb:NTFAS
Déjit surpris et irrités pnr les longues
semnines
vécuesdans
lescabanons
de Saint-Louis, les aliénés sénégalais se voient tout à cou[) ai'racliés à leui- pays,embarqués
et
enfermés dans
lachambre
de sûretédu
navire qui doit lesamener
en France.A
lamoindre
ai)j)arence de ré-crimination, ils sont camisolés.
Hommes
et leinmes voya- gent de concert sous la conduite d’un inlirmieret dedeux gendarmes
indigènes.Après
8ou
10 jours d’une ti-aversée (pielquefois accidentée, ilsdébarquent
àMar-
seille.
Ce voyage
déjà pénible enlui-même
et celte trans- plantation s’effectuent en n’importe (pielle saison. Or, d’aprèsDemker (Fléments
d’anthropologie et d’ethnogra- phie), les nègresdu
Sénégal soulîreut déjà du froidquand
le
thermomètre
descend à 20 degrés.A
leur (mtrée à l’asile, surpriseimmédiate
jiour cesmalheureux
dont tout vient brnscpiement heurter les habitudes : tenujiéralure, couclu'r, nourriture, milieu social nouveau.Dès
leur arrivée, ils sont placésdans un
ipiartier d'ob-servation, où ils ne font
que
passer, puis répartisdans
les différents quartiers d’agités
De
cemoment, pour
lajilupart ils sont
condamnes.
La
haine existant le plus, souvent entre eux, la variétéI
des
formes
exlérieiires qu’ils présenlenl, ‘le dirierenei' de;race ayant poui' corollaire
une
dilïerence de langage, leur petitnombre
enfin, rien nepermet
de lesgrouper dans une même
division où ù premièrevue
il eût paru plus facile de les observer.La répulsion d’autre part (ju’ils inspirent au.\
malades
tranquilles de race blanche,
empêche
de les répartirdans
les premiers quartiers.
Du
reste, si,pour
la plupart, lesrenseignements
fournisnous
lesmontrent comme peu
dangereux, la difficulté qu’il y a de prévoir leur fa(;on de réagir et la vivacité apparente de cette réaction oblige- raientquand même
à les mettredans
des quartiers d’agités.Cette nécessité rend d’autant plus vation et par suite leur ti’aitemeut.
difficile leui* obser-
Le
médecin ne peut oLserrer avec friiil ces malades.Par
suite, il lui est impossible d’élablirun
diagnostic. 11n a ù sa disposition
comme
tous ren?jeignements (jue le certificatdu médecin
de la colonie, certificat dont lestermes ne concordent pas (juelquefois avec l’état
du malade
tel qu’il se. j)réseiite à ses yeux. 11nous
suffirapour
ledémontrer
denous
reportei-,à l’observation d etde
comparer
:Certificat établi à Saint Louis.
—
Démence.—
Constammentcouchée.
— A
des crises de mélancolie prolongée.Ltal de la malade à son arri- vée à .Marseille.
—
Ici ne demeu-re pas couchée
même
la nuit.—
Parle sans cesse à voix haute et se livre à des danses bizarres, etc...
En
outre, rien n’indique aumédecin
la dat<‘ à bujuelb'remontent
les troublesmentaux.
Or, il (\sl de notion coui-auteque
plus la maladie mentale dure, etmoins
elle20
osl curable. C’est
dans
le ()remier trimestreque
leschances
de guérison sont les plus grandes.Dès
le secondelles sont déjà
deux
l'ois -inoindres.Dans
ladeuxième
anné(‘ les
chances tombent
à (Mivii'on un sixièmedu
chilïre
du
pi'cmier scMiu'strc'.Lc-is
malades
évacués sur Mai’scilh' ont déjàun
longj)assé mental Bien des jours, sinon des mois, se Aont écoulés depuis le début de l’alTection, avant qu’ait été j)rise
^
à leur égard
une mesure
de sé(piestration. Inteiaiésdans
les hô|)itaux de la colonie, ils ont été
soumis
très juste- inent àune
observation plus oumoins
longue.De
plus,on a dù souveii^t attendi*e (jue le
nombre
demalades
IVil assez considérablepour
justiliei* la t'ormalion d’un convoi.Cn
définitive, chez les aliénés confiés à l’asile deMar-
seille, le
début
de l’alTectionremonte
le plus souvent sinon toujours à plus de trois mois, (pielquefoismême
àplus d’une année.
Ce
ne sont plus des ai(jùs cpiinous
arrivimt,mais
bien des chroniques,donc
des incurables.Ajirès les avoir |)Our son édilication pei'sonnelh'
main-
tenus quehpies joursdans
un (piartier d’observation, le méd(‘cin se ti'ouvi' très l'apidenumt obligé de les en l'eli-rer.
Ces
malades, en elTet, ti-ampiillesou
agités, ontune
attitude,
un
habitus extérieur diCféi-ant totalement des autresmalades
; ils sontune
cause de répulsion et d ef- froipour
lesnouveaux
entéanls ; ils se relusmit a toutexamen
et, par suite, constituentpour
le (piartierun
élé-ment
de troulde etd’encombrement.
I^es
renseignements
rournis jiai* le personnel sontd(^nc des i)lus importants et c’est bien plus |>ar ces renseigne-ments
(jue jiar ses propresmoyens que
lemédecin
peut suivre l’évolution de ces aliénés.Dans
ces conditions, on le com[)rend, il ne i»eul qu’être/
difficile de se rendre
compte
d'une améliorationou
d'une aggraualion. N’ayaiitaucun
j)oinL de conlacl possible avec les noirs, lemédecin
ne jieiitmême
connaître leur degré d’intelleclualilé.Où commence
jjonr eux et où finit la débilité, puis(juenous
ne connaissons pas leurmen-
talité
moyenne? Nous
n’avons,comme
signe objectif,que
les actes. Or, l’automatisme, la répélition sont pro- presaux
peuples j)riniilifs;moins
on estavancé dans
lacivilisation et
moins
on a de gestes à sa disposition.Le médecin ne peut
donc
obseroer et porterun
diag- nostic. Aussi, est-ce à dessein (pie le docteurAlombert, médecin
en chef de la section desfemmes,
se contente-
pour
certilicat de (juinzaine de faire transcrire les certi-*
ticats d'entrée en y ajoutant
seulement
les (juelques synij)-tômes
objectifs qui l’ont frappé.Tout
essai de diagnostic étant impossible, on ne peutnon
jdus discerner lemoment
où l’amélioi’ation serait suf- lisantepour
(pi’on put sansdanger demander une mise
en liberté.Comment
dire : cemalade
est guéri, n’est plusdangereux
nipour
lui-même, ni jiour la société et il peutêtre rendu à la liberté ?
Dans un
récent convoi se trou- vaitune nommee
tv... (observation II] fjui, d’après le certificat médical, étaitdangereuse pour
des enfants qui s’amusaient à la poursuivredans
la rue. Cettemalade
asans doute traversé des périodes d’agitation violente ayant nécessité l'internement.
Depuis
son entrée cepen- dant elle s’estmontrée calme
et docile.Ce calme
est-il réel, est il définitif,aucune
idée déli- rante ne subsiste belle sous ces allures tranquilles? N’a- vons-nous pas affaire à unepersécutée dont l’agitation dis- paraît avec le voisinage ? Voilaune malheureuse
con-damnée
de façon inévitable à finir ses jours à l’asile,ou
bien quelle responsabilité encourrait le
médecin
qui la—
2-2—
ferait relâcher ! Aussitôt revenue chez elle, elle retrouvera les
mêmes
enfants qu’elle accusaitdans
son délire de luicauser des|
désagréments ou
de l’insultei*, et lesmêmes
actes (jui l’ont fait interner se reproduiront infaillible-
ment
(1).Le
j)lus souvent donc, impossibililé de consluleretd
’af-lîrmer
une
guérison. 11 n’estdu
restemême
pas possible de jaire bénéficier les Sénégalais de ces sorlies d’essai,de ces
congés
qui sontpour
lemédecin
autant demoyens
d’éprouver la solidité de l’amélioration.
A
cette difliculté de l’observation, à cette impossibililédu
diagnostic vient tout naturellement se joindre Vineffi- cacilé de la Ihérapeulique.Le
traitementmoderne
de l’aliénation mentale se ré-sume
en quatre points ; isolement, thérajieiitique psychi-(jue, thérapeutique physique, thérapeutique niédicamen- leuse.
Le premier moyen
de lutte contre les psychopathies est Visolemenl. Cet isolement médical est loin de ressem- blera l’isolement absolu au(|uel sontcondamnés
lesma-
lades sénégalais. S’il est indispensable de soustraire le
malade
au milieudans
lequel il a créé son délire, il ne fau- drait pas oubliercependant
(jue la plupart des aliénés sont des désorientés et,comme
tels,un
exil forcédans un
pays où tout doit heurter leurs habitudes, ne peut (ju’aggraver leur désorientation. Or, du jourmême
de leur départpour
la France, la famille et la coloniesem-
blent se désintéresser entièrement
du
sort de ces infor- tunés .lamais ils ne reçoivent de nouvelles des leurs,(1) Ces craintes n’oni plus d'objet, la malade étant décédée en octobre 19U7, après onze mois deséjour à l’asile.
-
23—
jamais le
moindre
renseignimienl sur leur état n’est de-mandé
auxmédecins
de l’asile.(îet isolement est d’autant plus absolu
que
lesSénéga-
lais ne pourraient,
même
s'ils le voulaienl, coi*respondre entre eux. Ils appartiennent à ungrand nombre
de races distinctes, si bien (ju’on pouri'ait presque soutenir qu’il ya parmi eux autant de rac(‘s ([ne d’individus.
De
là (b*-coule
que
lemédecin
n’amême
pas la ressource d’userà leur égard' d’un intei’ju’èle.
Un
sujet entrant avec lediagnostic de; délire des [xu'séciitions, ne pourra,
somme
toute, jamais rec(Hivrei‘ sa liberté.
Tous
lesmalades
pré- sentant des troubles de l’idéation serontdans
lemême
cas, le
médecin
nepouvant
qu’eni*egistrer leurs actes ; enc,ore y a-t-il en resj)cce à craindre des erreurs formi- dables d’interprétation.Thérapeutique psi/chique.
— En
présence d’unmalade
dont la raison est égarée, le
médecin
doit mettre au ser- vice de son art toute sa bienveillance et toute son énergie morale.Au moins
faudrait-ilpour
celaque
celui-ci put prendre contact avec sonmalade
et reconnaître son état mental.Nous
l’avons vu, tout,dans
le cas particulier,nous échappe
de cet état mental.On
ne j)eutmême
faire participer les noirsaux
fêtesdonnées
à l’Asile, à causedu
désordre de leur tenue, de leur tendance au vol, de leur insociabilité, de l’impossi- bilité enfin où ils sont de prendre plaisii- à ce (]ui dis- trait les autres malades.Thérapeutique physique.
— Tout
essai d’hydrothérapie doit êtreabandonne;
bainsou douches
sontpour
les noirsune
cause de terreur telleque
lesphénomènes men-
taux ne pourraient rpie s’aggraver d’une thérapeutique de ce Ogenre.
—
24—
Tfiérapeiilique médicamenleiise.
—
Il est aise decom- prendre cbmbien
elle est plus impraticable encore, s^possible,
que
les autres, les noirs s’opposant de façon syslématitpie, violentemême,
à l’administration de toute pre[)ai‘ation pbarmac(,'uti(pie.A
peine j)eut-on recourirà leur égard à la médication externe (injections, révul sion...) où le rôle ,[)ersonnel
du malade
estabsolument
passii. 1 ont ce qui nécessiterait la
moindre bonne
volonté est banni lorcément de cette thérapeutique l'[)otions, lave- ments).Le passage même
de lasonde naso-œsopha- gienue donne
lieu à des luttesdans
lesquelles les trou- blesasphyxiques
sont un teldanger
(pi’on hésite et qu’onrecoui't le
moins
souvent {)ossible à cemode
d’adminis- tration desmédicaments.
Ce
qui est vrai [)our l’obseivation mentale et l’inefli-cacité de tout essai thérapeuti(jue ne l’est pas
moins pour
les affections physiques intercurrentes.
Il est
admis
de touttemps que
l’aliéné apportedans
ses réactions,dans
sa façon d’être un reflet de son éducation,un
reflet de ce qu’il était à l’étal normal.Cet état de choses estporté au
maximum
chezles noirs,mais nous
ne savons rien de ce qui constitue cet étatnormal, et bien des actes qui paraissent chez les blancs signes indiscutables de
dérangement
cérébral, ne peuventêtre interprétés
comme
tels chez les sauvages.Un Euro-
péen refusera decoucher dans
undit;
nous
chercherons lacause de ce refus, et le plus souvent
nous
la trouveronsdans une
illusion oudans une
hallucination. 11 n’en est point ainsi chez le Sénégalais, le(|uel en cela ne feraque
seconformer
à lacoutume
de son j)ays.(iette difliculté
dans
l’interprétation des actes ou des gestes de ces aliénés lU' peu! (ju’amener des erreurs lamentables.Un malade
arrive avecune
fiche portant le—
25—
\
diagnostic de manie.
Le médecin
ne peut l’interroger, ilne serait pas compris, le
malade
ne peut de son côtémontrer
s’il se rendcompte
de la situation nouvelle qui lui est faite, s’il sait qu’il est en Finance (connaît-ilmême
l’existence de cette
France
qui entend de cette façon le rôle dej^rotectrice qu’elle s’est octroyé?)|Peut-il aumoins
se faire
comprendre
par gestes? h/das ! la %mimique'
deces peuplades est souvent tellement dilîérenle de la nôtre
que
l’interprétation peut en être totalement erronée.Un
noir
danse
au milieu de la courune bamboula
désoi'don- née avec contorsions bizarres, cris inarticulés. Est-il agité ? soufTre-t-il ? 0(1seulement
adresse-t-il à son- Dieu quelque invocation parfaitement b'^gitime? P]st-il justicia- bledu
bain et des hypnotiques, ou doit-on resjiecterenlui la liberté de conscience, la liberté
du
culte ? L’obser- vation 111montre une malade
dont l’agitation fait place assezbrusquement
àun calme
complet.Son
allure devient celle d’unedéprimée
qui s’isole enun
coin et ne sort desa torpeur
que pour
prendre des attitudes de supplicationà 1 endroit
du
médecin.Mais
celui-ci veut-il l’approcher,la
malade
redevient agressive, violente. L’autopsie litdécouvrir
un énorme
calculdu
rein. Cettemaniaque
n était point
devenue une
mélancolique ; elle était seule-ment
en proie à des crises de coliques néphrétiques etson décès seul a
pu montrer
les raisons de cette appa- rence de transformationdans
son état mental.La
difficultémême
de toutexamen somatique
interditl’espoir de discerner le
moment
précisoù
l’affection intercurrente aiguë s’est installée.On
observedu
resterarement
ces débuts àgrand
fracas qui seulsimpose-
raientun
examen
rapide.Les
noirsmangeant
très irrégu-lièrement et
montrant une
jiréférencemarquée pour
lanourriture volée à leurs voisins, on ne peut savoir s’il
~
“26—
survient des troubles de l’appélil, des modifications
du
tube digestif.Le
personnel ne peutou
n’ose s'en assurer,il est ti’ès
gêné
vis à vis d’eux, n’ayantaucun
point de contact, ne |)ouvant avoii’ ainuine notion sur les senti-ments
de cesmalades
dont tout les éloigne.L’est
une
notion générale (|ue les aliénésmême
agitésdevienmmt
assez dociles (piand ils sont alTectés d’uneiualadi(‘ aiguë accidentelb' et se
prébmt
assez bien au traitement. Liiez les noii's rien de semblable ; ilsdemeu-
rent inaccessibles, car ils lui
comprennent
|ias.Le main-
tien au lit, les soins tliérap(Miti(|U(‘s et hygiénirpies, t(Uit est
pour
euxune
cause de révolte. Liiez les agités,aucun
traitement jiliysiipie n’est [lossible ; les autres, déprimés, gâteuxpour
la jilupart, se i-erusent à toutexamen
et ne sortent (,1e cette toi’peurque
|jourdes réactions violentes (pi’on ne peut prévoir ni interpréter.De
tout ce qui précède, il ressort nettementque
.les aliénés sénégalais sontdans
de déjilorables conditions d’observation, de traitement et de soins, et (jue presque tous sontcondamnés
à tinir leurs jours à 1 Asile.Lependant
sinous nous
re|)ortons aux chifîres cités plus haut,nous
constatons d //«c/7'6‘o/?.s.Sans
discuter le|)oint de savoir si ces guérisons sont ap|)arentes ou réelles S(jlidement établies ou temporaires,
nous
ferons remar-([U(‘r (pi’il s agit
dans
les trois cas d individus males, depuis longteni|)s européanisés (deux d'entre eux étaienttirailleurs, le troisième
garçon
de café). 11 ne restait guère' chez eux de sénégalais (jue leui‘ acte de naissanceet leur couleur ; ils parlaient
couramment
la langue fran- çaise, avaient pris toutes nos habitudes,même
les pires (run des trois était alcooliipie). rSouspouvons
ajouter (pie l’un d’eux avait d(\jà été l’objet d’un internenu'nt antérieur et c’est à sedemander
si le désir de voir la France' n’avaitpas joué