M ATHÉMATIQUES ET SCIENCES HUMAINES
G. K REWERAS
Intermédiarité, dendroïdes et quasi-dualité
Mathématiques et sciences humaines, tome 29 (1970), p. 5-15
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1970__29__5_0>
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INTERMÉDIARITÉ, DENDROÏDES
ET QUASI-DUALITÉ
par
G. KREWERAS
1. -
INTERMÉDIARITÉ
INTERNE ET EXTERNE.CHAÎNES
ETQUASI-DUALITÉ.
Étampes
est entre Paris etOrléans;
entre le Directoire etl’Empire,
il y a eu le Consulat. Les usages lesplus
familiers de lapréposition
« entre » la montrent commesymbole
d’une relationternaire,
concer-nant en
général
des êtres conçus dans le temps ou dansl’espace;
c’est du reste la seulepréposition qui
ne
puisse jamais
enfrançais,
sauf audace destyle,
introduire uncomplément unique
ausingulier.
Dans les deux
exemples ci-dessus, «
entre » dénote une relation ternaire interne:Paris, Orléans,
Étampes
sont tous trois éléments d’un mêmeensemble,
celui des villes deFrance; Directoire, Consulat,
Empire appartiennent
tous trois à un mêmerépertoire,
celui despériodes historiques.
Mais il suffit de penser à des
emplois
presque aussisimples
de la mêmepréposition
pour voir que larelation,
tout en restantternaire,
estquelquefois
externe. Entre le coucher et lelever,
il y a lanuit;
entre le lever et le coucher
suivant,
il y ala journée
detravail;
lever et coucher sont desopérations
presqueinstantanées,
desinstants,
alors que la nuit et lajournée
sont despériodes.
Maisinversement,
entre lanuit et la
journée,
il y a le lever: lelangage
de tous lesjours (c’est
le cas de ledire) place
indifféremment despériodes
entre les instants et des instants entre lespériodes.
L’intermédiaritéapparaît
ainsi commeune relation mettant en
jeu
non pas les éléments d’unensemble,
mais les éléments de deuxensembles,
avec amorce d’une qualité sur
laquelle
nous reviendronsplus
loin.Dans
l’espace
il en est bien entendu de même. Un kilomètre de route s’étend entre deuxbornes;
mais de chacun des deux côtés d’une
borne,
il y a un kilomètre de route, et la borne est entre ces deux kilomètres. Lalangue populaire
compte les bornes au lieu de compter leskilomètres,
et peuimporte lorsque
la route estlongue;
mais les enfants des écoles(et parfois
les étudiants desfacultés !)
se trompent facilementlorsqu’il s’agit
de tenir un compteprécis
de cequi
se passe aux extrémités :quoi qu’il
en soitl’image
de lafigure 1,
avec n sommets dont deux extrêmes et n -1 arêtes(comme
on dit dans la« théorie des
graphies»»,
définit l’une des structures lesplus
intuitivesqui soient,
celle de chaîne.Fig. 1
Notons dès maintenant que l’intuition se débarrasse aisément du
caractère fini
des chaînes enpermettant
soit à l’un des sommets extrêmes, soit aux deux d’être «rejetés
infinimentloin »,
c’est-à-direde ne
plus
exister. Notons aussi que la chaînein finie
dans les deux sens nous donne unparfait exemple
de dualité entre l’ensemble A des sommets et l’ensemble B des arêtes : entendons par là que la somme
cartésienne A + B peut être
appliquée bijectivement
danselle-même,
defaçon
quel’image
de toutsommet soit une arête et
l’image
de toute arête un sommet, et avec conservation de la relation d’inter- médiarité(fig. 2).
Fig. 2
L’idée de cette dualité s’étend
cependant
aisément au cas d’une chaîne infinie dans un seul sens ou même d’une chaînefinie,
pourvu que l’on soitdisposé
à sacrifier le caractèrebijectif
del’application
définie
plus
haut. Plusprécisément
on pourra dire d’une chaîne C’ = A’ + B’qu’elle
estquasi-duale (ou dérivée)
d’une chaîne C = A+ B,
si l’on peut trouver uneapplication injective
f de C’ dansC,
telleque f
(A’)
c B et f(B’)
c A et que « u entre x et y » entraîne « f(u)
entre f(x)
et f(y)
». On voit sur lafigure
3 comment les dérivations successives font passer d’une chaîne finie à la chaîne triviale formée d’un sommetunique (et
même si l’on veut à la « chaîne vide») :
Fig. 3
Le
phénomène
estanalogue
à celuiqui
seproduit,
dans la théorie desfonctions,
lors des dériva- tions successives des monômes(du
typexn~n !).
II. -
ARBRES, GRAPHOÏDES
ETDENDROÏDES.
Après
les chaînesfinies,
lesobjets
lesplus simples
de la théorie desgraphes
sont les arbres finis.Comme les
chaînes,
ils ont n sommets et n -1 arêtes; ils sont en outre(c’est
ainsiqu’on
les définithabituellement)
connexes etacycliques.
Il enrésulte,
comme on le saitbien,
que tout arbreT,
àl’égard
d’une
paire quelconque
de ses sommets,comprend
une chaîneunique
dont ces sommets sont les deux extrémités. Mais l’arbre fini T lui-même peut avoirplus
de deux extrémités(ou «
sommetspendants ») :
il
s’agit
de sommetsqui,
pour aucune des chaînes incluses dansT,
ne se trouvent entre deux arêtes.Cependant
la dualité(ou
même laquasi-dualité)
rencontrée à propos des chaînes n’aplus
de sensdans l’univers des arbres. Car pour toute arête il existe deux sommets, et deux
seulement,
entrelesquels
elle est
située;
mais pour un sommet a(autre qu’une extrémité)
il peut y avoirplusieurs paires d’arêtes,
telles que assoit entre les deux arêtes d’une
paire.
Dans le cas de lafigure 4,
il est tout naturel de dire quele sommet a est entre les
cinq
arêtesqui
yaboutissent;
mais lapréposition
« entre » ne dénoteplus
alorsune relation ternaire.
Fig. 4
Un tel
emploi
du mot« entre » n’est nullement contraire àl’usage
courant. C’est celuiqui apparaît
dans des
phrases
comme « il y a entre eux un air de famille ~:( eux » ne sont pas nécessairementdeux,
mais peuvent être
trois,
quatre oudavantage.
Le mot « arête » devient alorsimpropre
pourdésigner justement
cet « air de famille »qui
peut exister entreplus
de deux éléments d’un ensemble. Nous par-lerons, abstraitement,
non pas d’air de famille mais de liaison.Plus
précisément,
nousappellerons graphoide
lesystème (A, B)
formé par un ensemble A d’élé-ments
appelés
sommets et un ensemble B departies
de Aappelées
liaisons et tel que les conditions suivantes soient réalisées:(i)
toute liaison se compose d’au moins deux sommets;(ü)
deux liaisons distinctes ont auplus
un sommet commun.Il est clair que certaines liaisons pourront avoir exactement deux sommets; c’est elles et elles seules que l’on
appellera
des arêtes. Ungraphoide
dont toutes les liaisons sont des arêtes est évidemmentun
graphe.
De même que les
plus simples
desgraphes
sont desarbres,
nous définirons desgraphoides plus simples
que les autres sous le nom de dendroides. Un dendroide sera ungraphoide
connexe etacyclique;
définition
qui,
pour avoir un sens, devra êtreprécédée
de la définition d’une chaîne.En
fait,
ce que nousappellerons
chaîne seraprécisément
une suite finiede 2n-1 éléments distincts appartenant alternativement à A et à B
(le premier
et ledernier,
dits extrémités de lachaîne,
appartenant àA)
et tels que chacune des liaisonsbi
contienne les deux sommets ai etaj+ 1
entrelesquels
elle est écrite. Une suiteanalogue
définira nonplus
une chaîne mais uncycle si,
toutesles autres conditions étant
maintenues,
on a ai = an(avec n > 3).
Dès lors un dendroide sera un
graphoide
pourlequel
deux sommetsquelconques
sont extrémitésd’une chaîne et d’une seule. On pourra ainsi
employer
lapréposition
« entre » non seulement pour direqu’une
certaine liaison est une « liaison entre » tels sommets, mais aussi pour direqu’un
certain sommet(appartenant
àplusieurs liaisons)
est situé« entre » cesliaisons;
nouvel accord avec lelangage quotidien,
pour
lequel
entreexprime
souvent lacommunauté,
oul’appartenance simultanée,
comme dans lepréfixe
du mot même d’intersection que les
mathématiques
ontspécialisé
pour cela.III. -
DÉRIVATION
ETDUALITÉ
DANS LESDENDROÏDES.
Pour
l’imagination visuelle,
un dendroide D pourra sereprésenter
sous une apparence telle que celle de lafigure 5, qui
comporte 12 sommets et 7liaisons,
ces dernières étant nommées a,b,
c,d,
e,f,
g.Fig. 5 Fig. 6
Fig.
7Le dendroide D’ dérivé
(ou quasi-dual)
deD,
quereprésente
lafigure 6,
aura pour ensemble desommets :
a’, b’, c’, d’, e’, f’, g’.
Entre les sommetsa’, b’,
d’(par exemple)
deD’,
il y aura uneliaison, appelée
v sur lafigure 6,
parce que les liaisonscorrespondantes
a,b,
d de D avaient un sommet encommun. A son tour le dendroïde D " dérivé de D’est
représenté
sur lafigure
7 : la liaison d " == {u’, v’, x’}
de D "correspond
au sommet d’ deD’, qui
est entre les(commun aux)
liaisons u, v, x de D’.La
comparaison
desfigures
5 et 7 montrepourquoi
la dérivation mérite le nom dequasi-dualité :
la
figure
7 nereproduit
certes pas lafigure
5(comme
il le faudrait s’ils’agissait
d’une véritabledualité),
mais il s’en faut en
quelque
sorte de peu. Le dendroïde D de lafigure
5 a en effet certains de ses sommetsqui
sont «pendants »
en ce sensqu’ils n’appartiennent
chacunqu’à
une seuleliaison,
et il a en outrecertaines de ses liaisons
(comme
c parexemple) qui
sont cc terminales o en ce sens que tous leurs sommetssauf un, sont
pendants;
or le dendroide D" de lafigure
7 est, comme on s’en assureaisément,
cequi
restede D
lorsqu’on
ysupprime
tous les sommetspendants
et toutes les liaisons terminales.La dualité devient
parfaite
s’iln’y
a pas de sommetpendant,
cequi,
bienentendu,
nepeut
seproduire
que pour les dendroïdesinfinis.
Car si un dendroïde n’aqu’un
nombre fini de sommets, il existeune chaîne a, ... an dont le nombre n de sommets est
maximal,
et alors ses extrémités ai et an sontnécessairement des sommets
pendants.
Les
figures
8 et 9 donnent unexemple
de construction de deux dendroïdes D et D’endualité;
ces
deux
dendroides sont infinis mais « localement finis o en ce sens que lesdegrés
des sommets et desliaisons sont finis
(le degré
d’un sommet est le nombre de liaisons distinctesauxquelles
ilappartient,
etle
degré
d’une liaison est le nombre de sommetsqui
luiappartiennent).
Pour D tous les sommets sontde
degré
2 et toutes les liaisons sont dedegré 3 ;
pour D’ ce sont les liaisonsqui
sont dedegré 2,
cesliaisons sont donc des arêtes et D’ est un arbre.
Fig. 8
Fig. 9
Quant
à lafigure 10,
elle donnel’exemple
leplus simple (après
la chaîne infinie dans les deuxsens)
de dendroïde
isomorphe
à son propre dual.Une
représentation parfois
commode desdendroïdes,
du moins dans le casfini,
est fournie par les matrices d’incidence. La matrice d’incidence d’un dendroïde D =(A, B)
a pour ensemble delignes A,
pour ensemble de colonnes
B;
le faitqu’un
sommet a de Aappartienne
ou non à une liaison b(de B)
se traduit par
l’inscription
d’un 1 ou d’un 0 dans la case(a, b)
de la matrice.(A
noterqu’une
tellerepré-
sentation
pourrait
convenir à desgraphoïdes qui
ne seraient pas nécessairement desdendroides.)
Fig.
10Une chaîne est, dans une telle
représentation,
une suite de casesmarquées 1,
telle que deuxcases consécutives
appartiennent
alternativement à une colonne et à uneligne,
en commençant et en finissant par une colonne et de telle manière que leslignes
et colonnes ainsi rencontrées soient toutesdistinctes
(fig. 11);
la chaîne deviendrait uncycle
si lapremière
et la dernière caseappartenaient
à unemême
ligne.
Fig.
11 -Pour un
dendroide, chaque
colonne de la matrice d’incidencecomprend
au moins deux casesmarquées 1;
quant auxlignes,
certaines(qui correspondent
aux sommetspendants)
peuvent n’avoirqu’une
casemarquée
1.Quoi qu’il
en soit la dérivation ouquasi-dualité
revient àsupprimer,
s’il enexiste,
toutes les
lignes qui
necomportent qu’un
seul 1puis
àtransposer
la matrice restante.IV. - ARBRE
ASSOCIÉ
A UNDENDROÏDE.
Pour ramener à des schémas
classiques
certainsproblèmes (notamment énumératifs) qui
se posent à propos desdendroides,
il est commode de fairecorrespondre
à tout dendroide D =(A, B)
un arbreassocié. Nous
appellerons
ainsi ungraphe
T =(X, Y)
défini comme suit :1. son ensemble de sommets X est la somme cartésienne A +
B;
2. son ensemble d’arêtes Y est défini par l’ensemble des relations
d’appartenance
entre lessommets et les liaisons de D
(ou,
cequi
revient au même, par l’ensemble des casesmarquées
1 dans lamatrice d’incidence de
D).
Il résulte de cette
définition,
et despropriétés
desdendroides,
que non seulement T =(X, Y)
est bien un
arbre,
maisqu’en
outre aucun des sommets de cet arbrequi proviennent
de B(X
= A +B)
ne peut être un sommet
pendant.
Cette dernière remarque peut
également s’exprimer
de la manière suivante: entre deux sommetspendants
deT,
la distancecomptée
en nombre d’arêtes del’unique
chaîne ayant ces deux sommets pourextrémités)
est nécessairement un nombrepair.
Ou encore: si l’on veut faire uncoloriage
des som-mets de T en deux couleurs
(en
respectant la condition habituelle que deux sommets reliés par unearête ne soient
jamais
de la mêmecouleur),
alors tous les sommetspendants
de T auront nécessairement à méme couleur.N’importe quel
arbre ne satisfait pas à cette condition. On peut bientoujours,
pour unarbre, partitionner
en deux classes l’ensemble des sommets par uncoloriage (la partition
obtenue est d’ailleursunique,
on peutl’appeler «
lapartition
decoloriage »
del’arbre) ;
mais les sommetspendants
ne seronten
général
pas tous dans la même classe.Mais si l’on se donne a
priori
un arbre T dont tous les sommetspendants
soient dans la mêmeclasse A de la
partition
decoloriage { A,
B }, alors il existe un dendroide D =(A, B)
dont T est l’arbreassocié: il
suffira,
pour ledéfinir,
de considérer tout sommet b de la classe B comme une liaison de mêmenom b entre tous les sommets
(de
la classeA) auxquels
le relient des arêtes de T.V. - ARBRES AYANT UNE PARTITION DE COLORIAGE ET DES
DEGRÉS IMPOSÉS.
La famille F de tous les arbres
qui
ont un ensemble de sommets X donné et dont lapartition
de
coloriage
soit unepartition
de X en deux classes données A et B satisfait à un lemmeintéressant, qui
permet de compter ceux d’entre eux pour
lesquels
les sommets ont desdegrés imposés.
Plutôt que lesdegrés,
il sera d’ailleurs commode de considérer lessous-degrés (ou degrés
diminués d’uneunité) qui
sontdes entiers
non-négatifs;
lessous-degrés
sont nuls pour les sommetspendants
et pour eux seuls.Si l’on
appelle a
et 6 les cardinauxrespectifs
de A etB,
tout arbre de la famille F a a-i-
6 sommets, donc a -~- b - 1 arêtes. Il en résulte que la somme desdegrés
des sommets deA,
tout comme celle desdegrés
des sommets deB,
estégale
à a -~- b- 1 ;
ou encore, que la somme dessous-degrés
des sommetsde A est
égale
à b -1 et que la somme dessous-degrés
des sommets de B estégale
à a -1. Par consé-quent si l’on
impose
lesous-degré di
-1 pour tout sommet i E A et lesous-degré dj
- 1 pour toutsommet j
EB,
on doit tout d’abord satisfaire aux deux conditionset
Cela
dit,
une foisimposés
a -E- b entiersnon-négatifs di
- 1 etdu
- 1 satisfaisant à ces deuxconditions,
existe-t-il dans la famille F des arbres ayantprécisément
ces entiers poursous-degrés ?
Le lemme
répond
parl’affirmative,
etindique
que le nombre total de tels arbres estégal
auproduit
desdeux nombres multinomiaux
La
démonstration,
dont nous ne donnons pas le détailici,
est essentiellement une récurrence surla somme a + b.
Ce lemme
s’applique
à tous les arbresqui
satisfont aux conditionsexigées,
et non pas seulement à ceuxqui
sont associés à des dendroïdes. Toutefois pour ces derniers lesdegrés dj
des liaisons doivent être >2,
cequi
entraîne que lessous-degrés dj
-1 ne sontplus
seulement des entiersnon-négatifs,
mais des entiers
positifs.
Cela suppose notamment, par suite de la deuxième des conditions(1),
que b a - 1 : un dendroide de a sommetspossède
au maximum a -1liaisons,
et s’il enpossède
exacte-ment
a - l,
ce ne peut êtrequ’un
arbre.VI. -
DENDROÏDES
AYANT UN NOMBRE DE LIAISONSIMPOSÉ.
Si l’on s’intéresse aux dendroides pour
lesquels
onspécifie
l’ensemble A des a sommets, l’ensemble B des bliaisons,
lessous-degrés (positifs) d j
-1 de ces liaisons mais pas lessous-degrés
des sommets,le nombre de tous ces dendroides aura le deuxième facteur de
l’expression (2)
en facteur commun, etla somme des
premiers
facteurs ne sera autre que ledéveloppement,
par la formule dumultinôme,
del’expression :
le nombre total de ces dendroides sera donc
Si
parmi
lessous-degrés d i -1 imposés
aux liaisons il y en a tkqui
sontégaux
à k(1~
=1, 2,
...),
le dénominateur de
(3)
peut s’écrired’où un nombre de dendroides
égal
àSupposons
maintenantqu’au
lieu despécifier
lessous-degrés d j
-1 des bliaisons,
on se contentede
spécifier
que tk de cessous-degrés
doivent êtreégaux
àk,
et cela pour 1~ =1, 2,
...(On
doit naturel- lement avoirDans ces conditions le nombre
(3’)
devra êtrerépété
autant de foisqu’il
estpossible
despécifier
les
sous-degrés
conformément au « type » défini par la suite d’entiers ti, t,, ..., tk, ... ; cequi
revient à lemultiplier
par le nombre multinomialOn obtient ainsi un nombre de dendroides
égal
àLe facteur « fraction » écrit ci-dessus est
égal,
on lesait,
au nombre de manières distinctes donton peut
partitionner
un ensemble donné de a - 1 éléments en b classesdont tk
sont de cardinalk (k = 1, 2, ...),
c’est-à-dire au nombre departitions
de « type » donné. Si l’onn’impose
pas le type de lapartition,
mais seulement le faitqu’elle
comprenne b classesnon-vides,
la somme des fractions corres-pondantes
n’est autre que le nombre deStirling (de
deuxièmeespèce) Pb-1.
Revenant aux
dendroïdes,
si non seulement onn’impose
pas lessous-degrés
des bliaisons,
maissi l’on
n’impose
même pas le « type »auquel
cessous-degrés
doiventcorrespondre,
le nombre total de dendroides devientégal
àCe
décompte
suppose néanmoins que l’on se donne non seulement le nombre total b desliaisons,
mais que ces liaisons constituent un ensemble de b
objets
auxétiquettes spécifiées,
parexemple: j¡, j2’ ... j
bS’il n’en est
plus ainsi,
mais si l’on considère commeidentiques
deux dendroïdesqui
ne diffèrententre eux que par une
permutation
del’étiquetage ji, j2, ..., j b,
le nombre(5)
est à diviser par b !. Le nombre total de dendroides distincts à b liaisons que l’on peut construire sur un ensemble donné dea sommets est donc finalement donné par
On retrouve notamment, comme cas
particulier
de cetteexpression (6),
le nombre totald’arbres, qui correspond
à b = a - 1 :P’-’
estégal
à1,
et le nombre d’arbres estaa-2,
cequi
estl’expression classique
du nombre d’arbres distinctsqui
peuvent être construits sur un ensemble donné de a sommets.VII. - ARBRES CONSTRUCTIBLES PAR ASSEMBLAGES
D’ARÊTES.
A titre
d’exemple
d’utilisation de laquasi-dualité
comme méthode de résolution d’unproblème énumératif,
nous nous demanderons maintenant combien d’arbres distincts peuvent être construitsnon
plus
avec un ensemble donné de sommets, mais avec un ensemble donné d’arêtes. Nous supposeronsqu’il s’agit
de a - 1 arêtesindividualisées,
par uneétiquette
ou une couleur parexemple,
etqu’un
arbreest
complètement
défini par l’ensemble des « groupements d’arêtes » en sommets.Or,
définir un arbre T par ces groupementsd’arêtes,
c’est définir le dendroide(A, B)
dérivé decet arbre
T,
dendroide dont l’ensemble des sommets A sera de cardinal a -1 et dont les liaisons corres-pondront
à tous les sommets nonpendants
de T. Dans ce dendroide tous les sommets seront dedegré 2,
puisqu’aucune
arête de T ne peutappartenir
àplus
de deux groupements d’arêtes. Le comptage de ces dendroides se fait àpartir
du lemme énoncéprécédemment;
il est commode de commencer parspécifier
comment l’ensemble A des a - 1 sommets se
partitionne
enA,
etA2,
ensemblesrespectifs
des sommetsde
degré
1 et 2.Si
A2
est formé de r sommets,Ai
est formé de a -1- r sommets, et la somme desdegrés
dessommets est 2r + a -1- r = a + r -1. Les
liaisons, elles,
sont aussi nombreuses que les sommets nonpendants
deT, qui possède
a sommets en tout; mais comme il y a autant de sommetspendants
que d’arêtesterminales,
etqu’il
y a a - 1 - r de ces dernières(à
cause deA,),
cela entraîne que le nombre 1 de liaisons soit exactement b = r + 1.Le nombre de tels dendroides se détermine par une démarche
analogue
à celle suivieprécédem-
ment, à cela
près
que l’ongarde jusqu’au
bout lepremier
facteur del’expression (2)
au lieu de commencerpar le sommet; ce nombre est
égal
en fin de compte àSi maintenant l’on ne
spécifie
pas le sous-ensembleA2
de A mais seulement son cardinal r, lenombre trouvé est à
multiplier
par le binomial(~~),
cequi
donne un nombre depossibilités égal
àSi enfin on ne
spécifie
pas même r,qui
peut varier de 0 à a -3,
il y a lieu de sommer cette dernièreexpression
par rapport à r. Mais l’on sait que les nombres deStirling Pe possèdent
lapropriété
d’êtreles coefficients à l’aide
desquels
on peutexprimer xk
comme combinaison linéaire despolynômes
factoriels :Il en résulte que la sommation par rapport à r donne finalement
Il y a ainsi
aa-3
arbres distinctsqui
se construisent àpartir
de a - 1 arêtes individualisées. Lafigure
12indique
les 4 arbresqui correspondent
au cas où a = 4(a
- 1 =3).
Fig. 12
VIII. - BIBLIOGRAPHIE.
1. Les
propriétés générales
des arbres sontprésentées
dans tous les ouvrages consacrés à la théorie desgraphes;
voir notamment:C.
BERGE,
Théorie desgraphes
et sesapplications,
2eéd., Dunod, Paris, 1967.
C.
FLAMENT,
Théorie desgraphes
et structuressociales, Mouton, Paris, 1964.
F.
HARARY, Graph Theory, Addison-Wesley, Philippines,
1969.O.
ORE, Theory of Graphs,
Amer. Math. Soc.Colloquium, 38,
1962.B.
ROY, Algèbre
moderne et théorie desgraphes,
t.I, Dunod, Paris, 1969.
2. Le résultat fondamental relatif au comptage de tous les arbres constructibles sur un ensemble donné de sommets
(nw2
arbres pour nsommets)
remonte àCayley :
A.
CAYLEY,
Collected mathematical papers,Cambridge,
13(1889-1898),
pp. 28-28.De nombreuses autres démonstrations en ont été données par la
suite ;
pour leur énumérationcritique,
voir :J. MOON,
Variousproofs of Cayley’s formula for counting
trees, A Seminar onGraph Theory (F. Harrary, ed.), Holt,
Rinehart andWinston,
New York(1967),
pp. 70-78.3. Les notions de
graphoïde
et de dendroide sont introduites de manièreplus
ou moinsexplicite
ou
systématique
dans les travaux suivants :K.
HUSIMI,
"Note onMayer’s theory
of clusterintegrals",
J.of
Chem.Physics, 18 (1950),
pp. 682-684.F. HARARY and G. E.
UHLENBECK,
"On the number of Husimitrees"’,
Proc.of the
N.A.S. 39(1953),
pp. 315-322.
F.
HARARY,
"A characterization of blockgraphs",
Can. Math.Bull.,
6(1963),
pp. 1-6.F. HARARY and G.
PRINS,
"The blockcut-point
tree of agraph",
Publ. Math.Debrecen, 13 (1966), pp.103-
107.