Séquence 6 Le Cid, Corneille : entre amour et devoir Français 4ème / Cycle 4 Séance 10 : Le piège des mots Correction
Compétence LIRE : Élaborer une interprétation de textes littéraires Support : Le Cid, I, 5 (v.261-290 ; p.33-34)
Un coup de théâtre
1. Que demande Don Diègue à son fils ? Pourquoi ?
Don Diègue demande à Rodrigue de le venger de l’affront que lui a fait Don Gomes en le giflant :
« Je le remets au tien pour venger et punir » (v.272), « Viens réparer ma honte » (v.266),
« Viens me venger » (v.267), « Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel ouvrage » (v.274).
2. Que fait-il aux vers 272-273 ? Que symbolise ce geste ?
Don Diègue donne à Rodrigue son épée, qu’il nomme sous le nom de « ce fer » : il s’agit là de la figure de style de la métonymie.
Par ce geste, il montre qu’il n’est plus en mesure de se confronter physiquement à Gomes, et qu’il compte donc sur son fils, sa force et son courage, pour le remplacer.
La stratégie argumentative de Don Diègue
3. a. En quoi la première question de Don Diègue est-elle un « piège » ?
Don Diègue pose à son fils Rodrigue une interrogation totale, c’est-à-dire que Rodrigue n’a d’autre choix que d’y répondre par « oui » ou par « non ». Or, en lui demandant s’il a du « cœur », et donc du courage, le valeureux Rodrigue ne peut que répondre « oui » car il sait qu’il doit se montrer digne de son père et l’honorer.
b. Sa stratégie fonctionne-t-elle ?
Sa stratégie fonctionne puisque Rodrigue propose immédiatement à son père de lui prouver son courage.
La métonymie est une figure de style de substitution qui exprime une analogie (= un lien entre deux mots, deux idées). Elle consiste à désigner un objet ou une idée par un autre terme que celui attendu, mais il y entre les deux un lien par glissement de sens :
la partie et le tout (une bonne plume pour un bon écrivain)
l'objet et sa matière (un fer pour un fer à repasser)
le contenu et le contenant (manger une assiette pour manger le contenu d'une assiette)
le lieu et l'activité (un théâtre pour un lieu où l'on fait du théâtre)
l'écrivain et son œuvre (lire un Maupassant pour lire une œuvre de Maupassant)
l'effet et la cause (avaler la mort pour avaler un poison)
l'objet et le lieu d'origine (boire un Bordeaux pour boire un vin produit à Bordeaux)
l'instrument pour l'agent (le premier violon pour le premier violoniste)
Séquence 6 Le Cid, Corneille : entre amour et devoir Français 4ème / Cycle 4 4. Pourquoi Don Diègue retarde-t-il tellement le moment de révéler l’identité de son
agresseur ?
Si Don Diègue retarde tant le moment de révéler l’identité de son rival, c’est qu’il a peur d’annoncer qu’il s’agit du père de Chimène, qui doit / devait normalement devenir le beau-père de Rodrigue !
5. De quelle manière désigne-t-il le Comte au vers 282 ? Pourquoi ?
Don Diègue désigne alors le Comte en disant « le père de Chimène » pour mieux prendre Rodrigue par les sentiments. Il s’agit là d’une périphrase.
C’est aussi là une forme d’annonce d’une double mort à venir : celle de Don Gomès, que Rodrigue va devoir tuer, et celle de l’amour / la relation entre Rodrigue et Chimène.
6. Quels pronoms complètent le verbe « venger » aux vers 267, 287 et 290 ? Commentez.
On observe une gradation des pronoms : « me » (v.267) / « moi / toi » (v.287) / « nous » (v.290). En d’autres termes, Don Diègue englobe progressivement son fils (passage du singulier au pluriel) dans son projet de vengeance. Cela devient une affaire de famille.
7. Lorsque Don Diègue demande à son fils de se battre pour lui, à quelles valeurs fait-il appel ? Citez le texte.
Don Diègue demande à son fils de se battre :
au nom de l’honneur : « Qu’à l’honneur de tous deux il porte un coup mortel » (v.268)
au nom du courage : « cette ardeur si prompte » (v.265), « Va […] éprouver ton courage » (v.273)
au nom de la famille : « Montre-toi digne fils d’un père tel que moi » (v.288).
La périphrase est une figure de style de substitution. Elle consiste à utiliser plusieurs mots (en général un groupe nominal) pour désigner une seule chose.
« la ville lumière »/ « la ville des amoureux » = Paris ; « la langue de Molière » = le français ;
« la planète bleue » = la Terre ; « le roi des animaux » = le lion…
