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Modélisation hydro-sédimentaire du Rhône à l’aide des
modèles numériques Mage et Adis-TS
E. Andries, B. Camenen, J.B. Faure, Jérôme Le Coz, M. Launay
To cite this version:
E. Andries, B. Camenen, J.B. Faure, Jérôme Le Coz, M. Launay. Modélisation hydro-sédimentaire du Rhône à l’aide des modèles numériques Mage et Adis-TS. [Rapport de recherche] irstea. 2012, pp.73. �hal-02597381�
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ODÉLISATIONHYDRO
SÉDIMENTAIREDU
R
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L
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AIDEDES
MODÈLES
NUMÉRIQUES
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Auteurs :
E. Andries, B. Camenen, J.B. Faure, J. Le Coz, M. Launay Irstea Lyon, Unité de Recherche Hydraulique Hydrologie
T
ABLEDES
MATIÈRES 1 Introduction...6 1.1 Contexte de l'Étude...6 1.1.1 Projet Axelera PCB...6 1.1.2 Travail réalisé par Irstea...6 1.2 Les PCB (PolyChloroBiphényles)...8 2 Le Rhône...10 2.1 Hydrologie...11 2.2 Transport solide et sédimentaire...13 2.2.1 Transit par suspension...14 2.2.2 Transit par charriage...15 3 Chasses du Rhône à l’aval de Genève...17 3.1 Introduction...17 3.2 Historique des chasses...18 3.3 Cadre administratif de la chasse de mai 2012...19 4 Mode de gestion des ouvrages du Rhône...21 4.1 Objectifs...21 4.2 Principe de gestion des plans d’eau...21 5 La modélisation hydrosédimentaire du Rhône...24 5.1 Modèle hydraulique 1D : Mage...24 5.2 Modèle 1D d’advectiondiffusion : AdisTS...25 5.2.1 Description générale du modèle...25 5.2.2 Calcul des termes sources pour un lit composé...25 5.2.3 Calcul du coefficient de dispersion...26 5.3 Site pilote de Miribeljonage...27 5.4 Site pilote de la lône du beurre...28 5.5 Modèle du Rhône de la frontière Suisse à l'Isère...29 6 Recueil des données...30 6.1 Données topographiques et bathymétriques...30 6.1.1 Origine des données...30 6.1.2 Problèmes et limites...30 6.2 Données hydrologiques...32 6.2.1 Conditions aux limites entrantes...32 6.2.2 Apports ponctuels...35 6.2.3 Condition à la limite aval...36 6.3 Données sédimentaires...36 6.3.1 Caractéristiques des sédiments...37 6.3.2 Concentration sédimentaire...37 7 Mise en place du modèle hydraulique : paramétrisation...39 7.1 Présentation...39 7.2 Coefficients de Strickler...40 7.3 Répartition des débits aux diffluences...41 7.3.1 Répartition des débits pilotée par un barrage...42 7.3.2 Répartition des débits à une diffluence « naturelle »...43 7.4 Les casiers de stockage...43 7.5 Les ouvrages hydrauliques...43
7.5.1 Modélisation des ouvrages...43 7.5.2 Consignes d’exploitations...45 7.5.3 Débits d’aménagement...45 8 Exemple de résultats obtenus avec PamHyr Mage...46 8.1 Ligne d'eau...46 8.2 Comparaison de lignes d'eau...47 8.3 Hydrogramme : propagation d'une crue...47 9 Modélisation du transport de sédiments fins : paramétrisation...49 9.1 Principales caractéristiques...49 9.1.1 Type de sédiments...49 9.1.2 Diamètre moyen...49 9.1.3 Masse volumique...49 9.1.4 Porosité...50 9.2 Coefficient cinétique de disparition du soluté...50 9.3 Coefficients de diffusion...50 9.4 Conditions aux limites et Conditions initiales...51 9.4.1 Conditions aux limites et apports ponctuels...51 9.4.2 Conditions initiales...51 10 Simulations et résultats hydrosédimentaires...52 10.1 Simulation 1 : État de référence, apports constants en débit et en MES...52 10.1.1 Apports en eau et en MES...52 10.1.2 Résultats...52 10.2 Simulation 2 : Pollution sur un affluent et diffusion...55 10.2.1 Apports du Rhône en eau et en MES...55 10.2.2 Résultats...55 10.3 Simulation 3 : Chasse de 2003...56 10.3.1 Apports du Rhône en eau et en MES...57 10.3.2 Premiers résultats et calage...59 10.3.3 Résultats, dépôts et concentrations...63 11 Conclusions...67 11.1 Conclusion sur le nouveau logiciel de transport de sédiments, AdisTS...67 11.2 Conclusion sur le modèle du Rhône amont ...67 11.3 Perspectives...67 11.3.1 Amélioration du modèle...67 11.3.2 Améliorations hydrauliques...68 11.3.3 Améliorations sédimentaires...68 12 Références...70 13 Annexes...72 13.1 Coefficients de Strickler utilisés sur l'ensemble du modèle...72
I
NDEXDES
TABLES Tableau 1: Coefficients a, b et c pour les formules du coefficients de dispersion. ...26
Tableau 2: Liste des données disponibles pour le Rhône , l’Ain et la Saône et ses affluents, de l’amont à l’aval, présents sur la zone d’étude...32
Tableau 3 : Débits caractéristiques du Rhône à Pougny (loi de Galton janvier à décembre) données calculées sur 86 ans...33 Tableau 4 : Débits caractéristiques de l’Ain au Pont de Port Galland (loi de Galton janvier à décembre) données calculées sur 53 ans...34 Tableau 5 : Débits caractéristiques de la Saône à CouzonAuMontd'Or...35 Tableau 6: Liste des données disponibles pour les affluents du Rhône de l’amont à l’aval, présents sur la zone d’étude à l’exception de l’Ain et la Saône présentés au tableau 5, ainsi que leurs apports ponctuels définis pour le modèle (Données issues de la Banque Hydro)...36 Tableau 7: Frottements définis pour le tronçon du canal de Miribel aval...40 Tableau 8 : Les différents types d’ouvrages modélisés...44 Tableau 9: Liste et caractéristiques des ouvrages présent sur la partie du Rhône modélisé (les lois de modélisation sont présentées dans le Tab. 8)...44 Tableau 10: Débits d’aménagements de la CNR...45
Tableau 11: Caractéristiques des sédiments du Rhône à Jons utilisés pour la modélisation. ...50
Tableau 12: Strickler utilisés en fonction des pk et des biefs...72
I
NDEXDES
ILLUSTRATIONS Figure 1: Localisation des sites pilotes et principaux ouvrages du Rhône aux alentours, (Étude globale pour une stratégie de réduction des risques dus aux crues du Rhône, Institution Interdépartementale des bassins RhôneSaône)...8 Figure 2: Structure chimique des polychlorobiphényles, source Wikipédia...9 Figure 3: Carte des aménagements du Rhône, CNR...10 Figure 4: Le Rhône à Beaucaire, Banque Hydro...11 Figure 5: Le Rhône à Pougny, Banque Hydro...12 Figure 6: Débits de pointes des affluents du Rhône pour les crues de période de retour 10, 100 et 1000 ans. Étude Globale du Rhône Territoire Rhône...12 Figure 7 : Aménagements hydroélectriques sur le Rhône français, Hydratec...13
Figure 8 : Apports solides transportés par charriage jusqu’au Rhône (Étude globale pour une stratégie de réduction des risques dus aux crues du Rhône, Institution Interdépartementale des bassins Rhône Saône)...14
Figure 9 : Évolution du transit naturel par suspension, IRS Sogreah 2000, mise en forme Hydratec/MINEA...15 Figure 10: Evolution du charriage, IRS Sogreah 2000, mise en forme Hydratec/MINEA Étude globale des crues du Rhône volet "Dynamique fluviale"...16 Figure 11 : Confluence du Rhône (à gauche) et de l’Arve (à droite) chargée en sédiments à Genève. Photo : SIG, crue de l'Arve, août 2005...17 Figure 12: Abaissement des plans d’eau de Verbois, ChancyPougny et Génissiat ...20
Figure 13 : Aménagement de PierreBénite, exemple de consigne d’exploitation à un point de réglage. courbe hauteur/débit, CNR...22
Figure 14: Basculement du plan d’eau lors d’une crue, ZABR...23
Figure 15: Représentation schématique d’une rivière à lits composés. Les indices m et M correspondent respectivement au lit mineur et lit majeur...25
Figure 16 : Localisation (a) et description du site pilote de MiribelJonage (Geoportail)...27
Figure 18: Représentation géométrique du modèle 1D du Rhone entre la frontière et Motz (a) en coordonnées relatives (abscisses/cotes) et avant ajout des nouvelles données, (b) en coordonnées géoréférencées xyz après ajout des nouvelles données. ...31 Figure 19 : Écoulements moyens mensuels du Rhône à Pougny. Données calculées sur 86 ans, Banque HYDRO...33 Figure 20 : Écoulements moyens mensuels de l’Ain au Pont de Port Galland. Données calculées sur 53 ans. Banque HYDRO...34 Figure 21: Écoulements moyens mensuels en m³/s de la Saône à CouzonAuMontd'Or...35 Figure 22: Distribution granulométrique des MES à Jons lors de la chasse de 2003 (données CNR) ...37 Figure 23: Relation entre les mesures de concentrations et débit sur le Rhône en amont de Lyon et sur la Saône à Lyon...38 Figure 24: Schéma global du Rhome modélisé sous PamHyr...39 Figure 25: profil en long du tronçon et frottements associés, canal de Miribel aval...41 Figure 26: Aménagement classique du Rhône, (Institution interdépartementale des bassins Rhône Saône)...42 Figure 27: Ligne d'eau de 5 biefs du Rhône obtenue sous PamHyr après calcul par Mage...46 Figure 28: Comparaison de lignes d'eau mesurées et calculées par Mage pour différents débits, sur le Rhône au niveau de la lône du Beurre...47 Figure 29: Hydrogrammes issus de PamhyrMage de la propagation d'une crue...48 Figure 30: Masses de sédiments déposées en kg/m² pour la simulation 1 sur tout le linéaire du Rhône modélisé (a) et sur les biefs où l'on observe des masses de sédiments déposées (b)...53 Figure 31: cartes représentant les zones où l'on retrouve les forts dépôts...54 Figure 32: Masses de sédiments déposées en kg/m² pour la simulation 3 sur tout le linéaire du Rhône modélisé (a) et sur les biefs où l'on observe des masses de sédiments déposées (b)...56 Figure 33: Débits mesurés à Chancy Pougny pendant la chasse de mai 2003 (la cote correspond à une mesure dans la retenue au barrage de Génissiat)...57 Figure 34: Concentrations mesurées à Pougny (a) et à Seyssel (b) lors de la chasse de 2003...58 Figure 35: Concentration en MES et débit utilisés pour la simulation de la chasse à la limite amont du modèle...59 Figure 36: Comparaison entre la concentration en MES mesurée et calculée à Miribel Jonage pour deux valeurs du coefficient ac différents sur la chasse de 2003...60 Figure 37: Comparaison entre la concentration en MES mesurée et calculée à Miribel Jonage pour deux valeurs du coefficient apd différents sur la chasse de 2003...61 Figure 38: Comparaison entre la concentration en MES mesurée et calculée à Seyssel pour la chasse de 2003 (apd = 0,2 et ac = 0,0005)...62 Figure 39: Masses de sédiments déposées en kg/m² sur tout le linéaire du Rhône modélisé, simulation 2...63 Figure 40: Propagation du pic de MES de l'amont (Suisse) à l'aval (confluence avec Isère) du Rhône...64 Figure 41: Propagation au sein d'un aménagement classique du Rhône...65 Figure 42: Influence sur la concentration en MES des barrages et aménagements hydrauliques, lors d'une chasse...66
1 I
NTRODUCTION1.1
C
ONTEXTEDE
L
'É
TUDE1.1.1 PROJET AXELERA PCB
Le travail qui suit prend place au sein du programme Axelera, pôle de compétitivité à vocation mondiale « Chimie et Environnement Lyon & RhôneAlpes », créé en 2005 par Arkema, le CNRS, GDF SUEZ, l’IFP Energies nouvelles et Rhodia. Pour devenir le pôle industriel et scientifique leader européen en 2012, vitrine de l’innovation en chimieenvironnement, Axelera rassemble et coordonne les acteurs de l’industrie, de la recherche et de la formation en chimie et en environnement. Sa stratégie de développement est axée sur 5 thématiques : • la chimieenvironnement au service des marchés d’application, • la préservation des espaces naturels, • le recyclage et la recyclabilité des matériaux, • la chimie issue du végétal, • l’usine du futur. L'un des nombreux projets portés par Axelera, le projet PCB, a pour but le développement de moyens pour lutter contre la pollution du Rhône par les PCB. Le programme PCBAxelera a été engagé en décembre 2008 par le ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire, qui a confié au pôle de compétitivité Axelera le volet de recherche appliquée sur les techniques de dépollution de son plan national d’actions sur les PCB. Le programme de recherche PCBAxelera, d'une durée de 40 mois et piloté par Suez Environnement, mobilise au total 30 partenaires autour de 16 actions. Le mois d'avril 2009 a marqué le coup d'envoi des 16 actions qui permettront à terme de fournir des solutions de dépollution efficaces des PCB dans les rivières. L'action dans laquelle prend place notre étude, est intitulée : « Flux de PCB associés à la dynamique à différentes échelles des phénomènes de transport, de dépôts et de remise en suspension des sédiments fins. Application aux spécificités du Rhône. »
1.1.2 TRAVAIL RÉALISÉ PAR IRSTEA
Cette action vise à mettre à profit les avancées récentes de la modélisation numérique hydro sédimentaire pour analyser la dynamique des transferts de PCB dans les eaux et les sédiments fins d’un cours d’eau, à différentes échelles spatiales (de quelques centaines de mètres à plusieurs centaines de kilomètres). Les modalités de stockage et de reprise des sédiments fins sont examinées (casiers, zones situées entre les épis, lônes, etc.) sur la base d’analyses des volumes stockés dans les marges alluviales, et des effets de dépôt/reprise dans les retenues et les casiers. La modélisation est réalisée par des approches adaptées aux différentes échelles :
– une échelle globale à l’aide d’un modèle 1D permettant une modélisation du flux
– une échelle locale à l’aide d’un modèle 2D (voire 3D pour certains cas tests), permettant une analyse des processus hydrosédimentaires locaux et la modélisation détaillée d’un ou deux site(s) pilote(s).
Une partie importante du travail consiste à obtenir les données nécessaires, en particulier la caractérisation des zones sources, puis des mesures hydrosédimentaires détaillées sur le site (topographie, qualité des sédiments, hydrométrie, concentrations), d’une part pour fournir les données d’entrées et d’autre part pour caler et valider les modèles. Le modèle 1D fournit les conditions aux limites du modèle 2D. Inversement, les résultats du modèle 2D permettent d’appréhender les termes « globaux » de dépôts/érosion à intégrer dans le modèle 1D.
L’estimation des quantités de PCB stockées dans les sédiments et des flux associés nécessite la connaissance des mécanismes de stockage et de transfert des sédiments fins dans le lit du Rhône, dans les casiers, les retenues ou dans les bras secondaires. Des mesures quantitatives, tant concernant le sédiment (évolution des dépôts, concentrations et flux de MES) que la présence de PCB, sont indispensables mais, par leur aspect ponctuel, ne suffisent pas pour appréhender le système dans toute sa complexité spatiale et temporelle. À une échelle globale, la modélisation 1D permet d'évaluer la migration progressive vers l’aval des stocks sédimentaires et les temps de transit des sédiments fins contaminés. À une échelle fine (représentation très détaillée de la topobathymétrie) la modélisation 2D et 3D permet de bien appréhender les processus physiques de stockage/déstockage, les zones préférentielles de dépôt des sédiments dans la section d’écoulement, qu’il s’agisse du lit mineur ou du lit majeur et les effets des structures naturelles et artificielles sur la dynamique des MES et des PCB. La modélisation 1D et le nouveau logiciel de transport de sédiments développé par Irstea pour réaliser cette étude présentent l’avantage d’une résolution rapide ce qui permet de simuler des événements de longue durée (plusieurs années et dizaines d’années) sur un long bief (plusieurs centaines de kilomètres). Le travail effectué par Irstea consiste à mettre au point un modèle 1D représentant le transport de sédiment sur le Rhône sur le long terme, ainsi que réaliser l'étude de deux sites pilotes : • La lône du beurre, situé à quelques kilomètres à l'aval de Vienne; • Miribel Jonage, situé dans la partie Nord de l'agglomération Lyonnaise. Les études sur les deux sites pilotes sont détaillées dans deux autres rapports, bien qu’abordées ici. Le travail présenté ici porte sur la modélisation du transport de sédiments dans le Rhône de la frontière Suisse à la confluence entre le Rhône et l'Isère (amont proche de Valence).
Figure 1: Localisation des sites pilotes et principaux ouvrages du Rhône aux alentours, (Étude globale pour une stratégie de réduction des risques dus aux crues du Rhône, Institution Interdépartementale des bassins RhôneSaône).
1.2
L
ESPCB (P
OLYC
HLOROB
IPHÉNYLES)
Les PCB sont des dérivés composés chimiques de la famille des dérivés chlorés. Ce sont (selon leur teneur en chlore) des liquides plus ou moins visqueux voire résineux, non solubles dans l’eau, incolores ou jaunâtres, à forte odeur aromatique. Thermodynamiquement très stables, ils ne se décomposent qu’à des températures dépassant 1 000 °C. Très liposolubles, ils font partie des contaminants bioaccumulables fréquemment trouvés dans les tissus gras chez l’humain (par exemple dans le lait maternel). Ils sont classés comme « cancérogènes probables » et le PCB 126 a été classé cancérogène certain. L’alimentation est la première source d’exposition aux PCB : 90 % de l’exposition totale, surtout via des produits d’origine animale (poisson, viande, œufs, produits laitiers). Les PCB n’existent pas à l’état naturel. Très utilisés à partir des années 1930 dans l’industrie pour leurs qualités d’isolation électrique, de lubrification et d’ininflammabilité, ils ont été utilisés dans de nombreuses applications domestiques et industrielles. Site pilote de Miribel- Jonage Site pilote de la lône du Beurre
On les retrouvait notamment comme isolants dans les transformateurs électriques et les condensateurs, comme lubrifiants dans les turbines et les pompes ou comme composants d’huiles, de soudure, d’adhésifs, de peintures et de papiers autocopiants. Ils ont cessé d’être produits depuis 1987 pour progressivement être retirés de la vente. La quantité totale de PCB non détruits est inconnue, mais il en existe des stocks importants et un volume très significatif déjà diffusé dans l’environnement. À titre d’exemple, l’Union Européenne a estimé en 1994 qu’il en restait 200 000 tonnes (liquide) dans l’Europe des 15 (rien que venant des transformateurs et condensateurs à détruire). La France, puis l’Italie et l’Allemagne en détenaient la plus grande quantité (avec respectivement 45 000 t, 45 000 t et 30 000 t) alors que la Grèce, le Portugal et l’Irlande semblaient disposer des plus petites quantités. Les PCB peuvent aussi être aéroportés (on en trouve dans l’air et sur les feuilles). À partir de l’air ou des sols, ils semblent surtout véhiculés par l’eau à cause de leur faible solubilité et biodégradabilité. Les PCB n’altèrent pas la qualité de l’eau en ellemême, mais se fixent sur les matières en suspension et les sédiments fins présents dans les milieux aquatiques. Les 6 millions de mètres cubes de sédiments transportés par les cours d’eau en France sont contaminés par les rejets industriels et urbains1. C’est pourquoi il est important de comprendre les processus de transferts des sédiments, pour connaître le devenir des PCB et leurs éventuels lieux de stockage naturels. Il s’agit donc, d’une part, de déterminer la dynamique des phénomènes de transport, de dépôt et de remise en suspension des sédiments fins grâce à la modélisation, et d’autre part d’acquérir la connaissance des flux de PCB observés dans le Rhône. Figure 2: Structure chimique des polychlorobiphényles, source Wikipédia
2 L
ER
HÔNELe Rhône prend sa source dans le glacier du Rhône en Suisse. Il parcourt ainsi 290 km jusqu’à la frontière francosuisse. Après 545 km sur le territoire français, il se jette dans la Mer Méditerranée au niveau du delta de Camargue (Figure 3).
Figure 3: Carte des aménagements du Rhône, CNR
Le Rhône est caractérisé par de nombreux aménagements hydroélectriques (Figure 3), et par plusieurs installations nucléaires situées sur les rives, prélevant de l’eau pour assurer leur refroidissement.
2.1
H
YDROLOGIELe régime hydrologique du Rhône est caractérisé par des maxima automnaux liés aux pluies méditerranéennes, et printaniers en raison de la fonte des glaces. L’hiver présente souvent des débits soutenus mais moins marqués et le régime hydraulique minimum est estival. Le Rhône se caractérise par la diversité de son bassin versant : • apports alpins soutenus entre mai et juillet (fonte des neiges et des glaciers) ; • apports océaniques d’hiver, à crues lentes (Saône) ; • apports méditerranéens et cévenols à crues violentes d’automne et étiages sévères d’été. Il en résulte un régime hydrologique très complexe et une grande diversité dans la formation des crues et leur déroulement. Hors crues, on considère un débit moyen inférieur à 335 m3/s au barrage de ChancyPougny (barrage francosuisse situé à la frontière) et à 460 m3/s au niveau du barrage de SaultBrénaz. La valeur caractéristique d’une crue annuelle du HautRhône au niveau de Chancy
Pougny est de 700 m3/s. Le débit moyen interannuel du fleuve à Beaucaire est de 1700 m3/s, et il est
considéré en crue dès que son débit dépasse les 5000 m3/s. On distingue les types de crue suivants :
• les crues océaniques, dans lesquelles la Saône joue un rôle prépondérant ;
• les crues méditerranéennes extensives (janvier 1994), avec une forte contribution des
affluents méditerranéens de rive gauche (Durance, notamment) ;
• les crues cévenoles (septembre 2002) avec un rôle prépondérant des affluents
méditerranéens de rive droite (Ardèche, Cèze, Gardon) ;
• les crues généralisées (type 1856) ou cumulant plusieurs types (1840) qui sont les plus
dommageables.
Le débit moyen interannuel du fleuve relevé à Beaucaire est de 1700 m3/s (données 19202005),
avec un débit moyen mensuel variant entre 1100 m3/s et 1900 m3/s (Figure 4).
A l’amont de notre modèle à la frontière Suisse, le débit du Rhône est beaucoup plus faible avec un
débit moyen mensuel variant entre 230 m3/s et 510 m3/s au barrage de ChancyPougny (Figure 5).
Les différents affluents du Rhône tout au long de son linéaire français jouent donc un rôle hydrologique important en augmentant considérablement son débit.
Sur la partie française du Rhône, les affluents majeurs (avec un débit moyen de plus de 100 m3/s) sont l’Ain, la Saône, l’Isère et la Durance. Parmi les autres affluents (avec un débit moyen de moins de 100 m3/s) notons, d’amont en aval : l’Annaz, les Usses, la Valserine, le Fier, le canal de Savières, le Séran, le Guiers, le Furans, la Bourbre, l’Yzeron, le Garon, le Gier, la Gère, la Varèze, le Dolon, les Collières, la Cance, l’Ay, la Galaure, le Doux, la Véore, l’Eyrieux, la Drôme, l’Ouvèze, la Payre, le Roubion, l’Escoutay, la Berre, l’Ardèche, le Lez, la Cèze, l’Eygues (ou Aygues) et le Gardon (ou Gard). On peut voir sur la figure 6 l’importance hydrologique de ces affluents notamment lors des crues. Ajoutons que deux affluents prenant leur source en France et dont la majeure partie du linéaire est français se jettent dans la Rhône en Suisse peu avant la frontière : la Dranse et l'Arve. Figure 6: Débits de pointes des affluents du Rhône pour les crues de période de retour 10, 100 et 1000 ans. Étude Globale du Rhône Territoire Rhône. Figure 5: Le Rhône à Pougny, Banque Hydro
Il faut noter que l’Arve qui naît en France mais rejoint le Rhône en Suisse, est un affluent très important pour notre problématique de suivi des matériaux en suspension malgré des débits modestes. Cet affluent fait en effet partie des principaux contributeurs au Rhône en sédiments fins avec la Saône, l’Isère et la Durance. Cependant l'Arve, dont la confluence avec le Rhône se fait en Suisse, ne fait donc pas partie de notre étude qui s'étend de la frontière Suisse à la confluence entre le Rhône et l'Isère.
2.2
T
RANSPORTSOLIDE
ET
SÉDIMENTAIRE
La dynamique fluviale naturelle du Rhône et de ses affluents, et la structure des pentes, sont fortement marquées par l’héritage des dernières glaciations (Figure 7). On retrouve la présence de lacs au niveau de zones surcreusées (Lac d’Annecy, Lac Léman, Lac du Bourget). Le transit sédimentaire couvre une large gamme de matériaux à travers deux modes : le transport par charriage sur le fond des alluvions grossières (blocs, galets, graviers, sables grossiers) et le transport en suspension des sédiments fins (sables fins, limons, argiles). Avant les grands aménagements hydroélectriques sur le cours du Rhône, les graviers et galets façonnaient le lit du fleuve et constituaient le transit sédimentaire actif. Les MES jouaient un rôle secondaire dans les marges alluviales. Aujourd’hui, seuls les sables jouent un rôle actif dans la dynamique sédimentaire du littoral. Les aménagements CNR contribuent à perturber le régime des pentes dans les retenues et des débits dans les tronçons courtcircuités. Figure 7 : Aménagements hydroélectriques sur le Rhône français, Hydratec L’aménagement général du Rhône par la CNR a débuté en 1948 avec la mise en eau du barrage de Génissiat. La charge transportée par charriage qui arrivait jusqu’au fleuve était estimée à environ
1 Mm3/an. C’était surtout l’œuvre de l’Arve, de l’Ain, de l’Isère et de la Durance. Aujourd’hui, les
apports en matériaux grossiers au Rhône ne sont plus que d’environ 0,2 Mm3/an, dont la moitié
pour l’Ain et la Drôme (Figure 8). Le transport solide actuel sur le HautRhône (à l'amont de Lyon)
se traduit par le déplacement de près de 100 000 à 110 000 m3 de matériaux grossiers par charriage
et de 1,9 à 4,5 Mt de MES. On peut retenir en général pour le HautRhône un transport solide de
l’ordre de 1,3 Mm3/an, sachant que pour les chasses de 2012, un apport de 1,7 Mm3 est prévu.
Figure 8 : Apports solides transportés par charriage jusqu’au Rhône (Étude globale pour une stratégie de réduction des risques dus aux crues du Rhône, Institution Interdépartementale des bassins Rhône Saône)
Les paragraphes suivants décrivent les transits sur le Rhône liés aux deux types de transport : la suspension et le charriage.
2.2.1 TRANSIT PAR SUSPENSION
Les observations et les études (Sogreah, 2001) montrent que sur le Rhône à l’état naturel, le transit en suspension est rapide. Il faut compter moins de 24h de transit en moyenne pour 100 km. En fonctionnement naturel, les dépôts dans les marges boisées (qui peuvent atteindre plusieurs décimètres au cours d’une crue) sont régulièrement repris par le fleuve par érosion. La faible mobilité actuelle du Rhône favorise un exhaussement irréversible de ces marges, ainsi qu’une réduction de la largeur du lit principal dans les retenues. Mais l’endiguement du fleuve limite la largeur sur laquelle s’appliquent ces évolutions, et donc les volumes concernés. Le transit naturel a pu être estimé à 20 millions de tonnes par an dans les années 1950. Il est possible que le transit ait atteint 30 millions de tonnes par an au début du XXe siècle, au moment du déboisement intensif des versants. Actuellement, les apports du bassin versant n’ont pas changé de façon significative depuis le milieu du XXe siècle : l’état des versants, le développement des zones de ravinement et le fonctionnement des torrents ont peu évolué. En revanche, les grands barrages piègent des volumes significatifs de sédiments fins : Vouglans sur l’Ain, Génissiat sur le Rhône, SerrePonçon sur la Durance, Tignes sur l’Isère, le Sautet et Monteynard sur le Drac, SainteCroix sur le Verdon, etc. La fixation du lit du
Rhône et de certains de ses affluents a favorisé également la sédimentation dans les marges alluviales. On peut estimer les apports actuels à 10 millions de tonnes par an.
2.2.2 TRANSIT PAR CHARRIAGE
Au contraire du transit par suspension, le transit par charriage est naturellement beaucoup plus lent. Le temps de transit est de plusieurs décennies pour 100 km. Avant aménagements, les profils en long n’ayant pas atteint l’équilibre depuis la dernière glaciation ne permettaient pas d’assurer la continuité du transit. Le transit était ainsi interrompu sur le Rhône en amont de SaultBrenaz, et réduit de manière très importante à l’amont de Lyon, ainsi qu’à Chautagne. Il en était de même dans la partie aval de plusieurs affluents (Isère, Eygues, Ouvèze, etc.). D’amont en aval, on avait, avant aménagement, les ordres de grandeur suivants : • à l’aval du lac Léman, les apports étaient assurés principalement par l’Arve (100 000 à 150 000 m³/an) • à l’amont de Lyon, la reprise des dépôts morainiques (glaciaires) et les apports de l’Ain favorisait une pente forte avec un transit soutenu (100 000 m³/an). La majeure partie de ce transit se déposait à l’entrée de Lyon, dans le secteur de divagation de MiribelJonage. Le transit ne dépassait pas les 30 000 m³/an environ à l’aval de Lyon. Figure 9 : Évolution du transit naturel par suspension, IRS Sogreah 2000, mise en forme Hydratec/MINEA
• sur le BasRhône, le transit reprenait progressivement avec les apports des affluents, pour atteindre un maximum de l’ordre de 400 000 m³/an à l’aval de la Durance. Depuis, le transit des graviers a été totalement bouleversé au cours du XXe siècle : • les apports de la plupart des affluents se sont taris, en raison des aménagements dont ils ont fait l’objet : barrages, dérivations, extractions, • sur le Rhône, des extractions importantes ont eu également lieu. Au final, on arrive paradoxalement à un nouvel « équilibre » dû au fait qu’aujourd’hui le Rhône serait incapable de transporter les apports naturels : pentes trop faibles dans les retenues, débits trop réduits dans les tronçons courtcircuités. Donc « presque pas d’apports, presque pas de transport ». Le transit de graviers ne dépasse guère quelques milliers de m³/an sur la plupart des tronçons, avec un maximum de quelques dizaines de milliers de m³/an entre la Drôme et l’Ardèche. Figure 10: Evolution du charriage, IRS Sogreah 2000, mise en forme Hydratec/MINEA Étude globale des crues du Rhône volet "Dynamique fluviale". En conclusion, aujourd’hui le transport par suspension tient une place beaucoup plus importante que le transport par charriage et provoque l’envasement des retenues ainsi que de certaines marges. Se pose donc le problème des vidanges des barrages à l’aide de « chasses » qui permettent de vider les retenues des sédiments accumulés.
3 C
HASSESDU
R
HÔNEÀ
L
’
AVALDE
G
ENÈVE3.1
I
NTRODUCTION En Suisse, à Genève, où le barrage de Chèvres est situé aux abords de la ville, le dépôt de sédiments augmente le risque d’inondation d’une partie de la ville. On observe en effet des apports très importants en sédiments fins provenant de l’Arve dont la confluence est située sur la commune de Genève. De ce fait, des chasses régulières sont nécessaires pour éviter le comblement des retenues et conserver la capacité des réservoirs, ainsi que pour limiter le risque d'inondation des bas quartiers de Genève. Jusqu’en 2003, les chasses étaient réalisées tous les trois ans. Pour différentes raisons (stratégiques, écologiques, économiques et politiques), il n’y a pas eu de chasse depuis 2003 et une nouvelle chasse a eu lieu en juin 2012. Après 9 ans sans chasse, les enjeux et les conséquences de cette chasse se sont donc amplifiés, notamment en ce qui concerne les flux de sédiments fins et leurs impacts. L’aménagement du Rhône Genevois, qui a débuté en 1896 avec la création du barrage de Chèvres à l’aval de Genève, a modifié le transit des matériaux entre Genève et les embouchures du fleuve sur la Mer Méditerranée. L’Arve apporte de 1 à 2 Mt (millions de tonnes) par an de matériaux minéraux fins au Rhône. Ce transport solide est considéré comme le plus gros apport de matériaux au Haut Rhône (Figure 11). Figure 11 : Confluence du Rhône (à gauche) et de l’Arve (à droite) chargée en sédiments à Genève. Photo : SIG, crue de l'Arve, août 2005. Cette rivière au caractère torrentiel a un fort pouvoir érosif. Ces matériaux, principalement des fines en provenance des glaciers du massif du MontBlanc, s’accumulent en grande partie dans la retenue de Verbois. Il est indispensable d’en assurer régulièrement le transit. En effet, il faut éviter le relèvement préjudiciable des lignes d’eau en crue (inondations de la ville de Genève) et le comblement de la retenue suisse de Verbois. Les chasses sont réalisées entre la fin du printemps et le début de l’été afin qu'elles se déroulent dans des conditions optimales (CNR, 2003) :• les débits doivent être suffisamment élevés pour assurer l’efficacité des chasses,
• les impacts sur le milieu naturel, et notamment la faune piscicole, doivent être minimisés,
Les conditions hydrauliques idéales pour assurer l’évacuation des MES des retenues de Verbois et ChancyPougny et le transit de ces matériaux au travers des retenues françaises situées en aval sont : • Un débit minimal de 500 à 600 m3/s à l’aval de l’Arve pendant une période de plusieurs jours pour assurer les chasses des retenues suisses ; • Un niveau du Lac Léman suffisant pour moduler convenablement le débit, notamment pour le remplissage des retenues en fin d’opération. Il est également nécessaire d’assurer l’alimentation en eau de la centrale nucléaire EDF du Bugey par un débit minimal de 140 m3/s pour son refroidissement.
3.2
H
ISTORIQUEDES
CHASSES
Les premières opérations de chasses des sédiments furent mises en place dès 1913 sur le barrage de Chèvres, en aval immédiat de la ville de Genève (CNR, 2010). En 1944, la retenue de Verbois est mise en eau. Durant cette période, la direction des opérations se tient en Suisse. Le barrage de Génissiat est mis en eau après la seconde guerre mondiale, en 1948. L’objectif pour les exploitants français est alors d’éviter le stockage massif de sédiments dans les retenues. Les meilleures conditions de transit sont mises en œuvre pour éviter des dommages à l’environnement, en tenant compte des besoins des différents usagers du Rhône et des prescriptions contenues dans les cahiers des charges spéciaux des chutes. Cependant, au cours des 9 chasses suivant la mise en service de Génissiat, de fortes pollutions du fleuve sont observées (CNR, 2010). Cellesci seraient dues aux rejets des égouts de la ville de Genève directement dans le fleuve. En 1968, plusieurs stations d’épuration des eaux usées (STEP) sont installées près du Rhône. Des accords francosuisses concernant les modalités de chasses et notamment le respect d’une périodicité de trois années, sont établies en 1967. Lors des chasses de 1972 et 1975, une nette amélioration des taux d’oxygène dissous et des taux de NH4 a été constatée. La pollution des eaux en aval de Lyon fut quasiment éliminée. La chasse de 1978 a été marquée par la vidange quasicomplète de la retenue de Génissiat à l’occasion de la première visite décennale du barrage de Génissiat. Malheureusement, une brutale rétention de débit à ChancyPougny a provoqué un abaissement exagéré du niveau de Génissiat. Consécutivement à l'abaissement brutal du niveau de la retenue et aux fortes vitesses d’écoulement qui en ont résulté, des effondrements massifs de murs de vase dans la retenue ont provoqué des pollutions minérales et organiques importantes avec des pointes de 110 g/l de MES et une valeur nulle de l’oxygène dissous à Seyssel pendant plusieurs heures. Les répercussions de cette opération ont été désastreuses pour l’ensemble du fleuve, avec des mortalités piscicoles particulièrement intenses et perceptibles jusqu’à Lyon. Avec le bilan déplorable de la précédente chasse, des dispositions strictes ont commencé à voir le jour lors de la chasse de 1981. Bien que les contraintes concernant les concentrations de MES aient été respectées, une majorité des sédiments évacués de Verbois continuent de combler la retenue de Génissiat. Des études poussées ont été réalisées afin de fixer des critères stricts pour la chasse de 1984, de manière à éviter des dépôts trop importants dans les retenues en aval de Verbois, tout en limitant les concentrations en MES pour préserver la faune et la flore aquatique. Cette chasse fut plus longue afin d’assurer une meilleure dilution et un meilleur contrôle des MES. La chasse de 1987 a été marquée par de forts débits naturels. Commencée dans des conditions difficiles, cette chasse a dû, conformément aux consignes, être interrompue par suite des conditions hydrologiques qui ont rendu impossible le transit des sédiments par la vanne de fond de Génissiat. Aucun impact majeur sur l’environnement n’a été signalé. Lors de la chasse de 1990, l’envasement
de l’amont du barrage de Génissiat était tel que les eaux évacuées par la vanne de demifond étaient très chargées et ne permettaient plus d’opérer la dilution dans le flux aval. Un dragage préalable a permis que la chasse de 1993 soit globalement satisfaisante, malgré un taux de rendement faible : sur 1 350 00 tonnes de matériaux entrés dans la retenue de Génissiat, seuls 700 000 tonnes en sont ressorties, soit environ 52 %. En 1997, le niveau du Lac Léman est inférieur à l’objectif visé et le débit prévu de 600 m3/s n’a pu être atteint (CNR, 1997). De plus, des pêches de sauvetage préventives ont été réalisées sur le Vieux Rhône de Chautagne mais aucune mortalité massive de poissons n’a été constatée. Lors de cette chasse, l’abaissement de la retenue de Génissiat a été effectué précédemment à ceux des retenues suisses amont. La chasse de 2000 a nécessité un dragage préalable de l’entonnement de la vanne de demifond du barrage de Génissiat (CNR, 2000). Cette opération a permis une bonne dilution des MES par le jeu des vannes de demifond et de fond. Enfin les dernières opérations se sont tenues en mai 2003. Cette chasse s’est bien déroulée malgré une situation hydrologique déficitaire et un petit épisode de crue sur l’Arve et le Fier. Vingt chasses on ainsi été effectuées depuis 1942 et jusqu’en mai 2003. Pour des raisons administratives, la chasse de 2006 a été annulée. La chasse de 2009 a été repoussée en 2010 puis 2012. La Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL), service instructeur pour l’accompagnement des chasses suisses sur les ouvrages français, a posé le cadre réglementaire. La consigne générale des mesures d’accompagnement des chasses suisses est mise en œuvre par la CNR sous le contrôle de la DREAL RhôneAlpes.
3.3
C
ADREADMINISTRATIF
DE
LA
CHASSE
DE
MAI
2012
La Directive Cadre Européenne sur l’Eau (DCE), adoptée le 23 octobre 2000, permet à l’Union Européenne d’organiser la gestion des eaux intérieures de surface, souterraines, de transition et côtières (CNR, 2010). Ceci en vue essentiellement de prévenir et de réduire leur pollution. Le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux du bassin RhôneMéditerranée (SDAGE), mis à jour en 2009, répond aux ambitions de la DCE en constituant un outil de mise en œuvre. Le SDAGE fixe les objectifs pour chaque masse d’eau du bassin (plans d’eau, tronçons de cours d’eau, estuaires, eaux côtières, eaux souterraines). Plusieurs masses d’eau, superficielles et souterraines, sont définies dans la DCE pour le HautRhône, de la frontière francosuisse à la confluence avec la Saône. L’atteinte de « bon état » en 2015 est un des objectifs généraux. L’état écologique et chimique de ces masses d’eau est estimé, notamment à travers : les concentrations en métaux, HAP et PCB, les taux d’oxygène dissous et d’ammonium, l’eutrophisation, la bactériologie et les MES. Les MES constituent le principal paramètre déclassant sur l’ensemble des stations de la zone d’étude. Une attention particulière leurs est portée, car il s’agit du plus potentiellement impactant lors des prochaines opérations de chasse. La mesure de la concentration en MES est réalisée tout au long des chasses du Rhône afin de respecter les contraintes d’environnement et de sécurité imposées au niveau du barrage de Seyssel : • 5 g/l en moyenne, • 10 g/l pendant 6 heures maximum, • 15 g/l maximum absolu, pendant 30 minutes. Le calendrier des opérations d’accompagnement de la chasse suisse de juin 2012 a été établi. Les manœuvres se sont déroulées les semaines 23 et 24 (du 4 au 18 juin). Un repli possible avait été
prévu, en cas de conditions hydrologiques défavorables, avec un décalage d'une semaine (semaines 24 et 25, du 11 au 25 juin). Se décalage n'a pas eu lieu. Les manœuvres ont débutées sur les retenues françaises avec Génissiat, suivies de l'ensemble des autres aménagements CNR en aval. Ces opérations nécessitent une collaboration étroite entre les SIG et la CNR pour l’élaboration du programme des opérations et des documents de communication. Les opérations d’accompagnement des chasses suisses se déroulent en deux phases : (Figure 12) 1. D’abord, les plans d’eau des différentes retenues sont abaissés, ce qui contribue au transit des sédiments. Au cours de cette première phase, la retenue de Génissiat est abaissée en premier afin d’être vidangée avant l’arrivée des matériaux issus des retenues suisses amont, puis les retenues suisses de Verbois et ChancyPougny sont abaissées à leur tour. 2. Puis, les retenues sont remontées à leur cote d’exploitation normale, ce qui contribue à une décantation des MES dans les retenues où elles sont piégées (Figure 4) (CNR, 2010). Lors de cette deuxième phase, on remarque la remontée préalable et par palier de la retenue de Génissiat. Ce processus permet le transit des matériaux suisses vers l’aval. L’ensemble des manœuvres d’abaissement des plans d’eau gérés par la CNR vise à faire transiter, vers l’aval, un volume équivalent au volume de MES ayant franchi la frontière francosuisse (CNR, 2010). Lors de ces opérations, les écluses de navigation de plaisance de Chautagne, Savières et Belley sont fermées et interdites à la navigation pendant toute la durée de l’opération. À la cote 320 m NGF, les groupes hydroélectriques de Génissiat sont arrêtés. L’essentiel de l’évacuation du débit se fait par la vanne de fond. L’ouverture de cette vanne engagera le démarrage du transit de MES. Un réglage des débits transitant par les vannes de fond et demifond permet de doser le flux de MES envoyé à l’aval. Il est ainsi possible de contrôler les taux prévisibles au pont de Seyssel où se trouve la station de référence. Figure 12: Abaissement des plans d’eau de Verbois, ChancyPougny et Génissiat.
4 M
ODEDE
GESTION
DES
OUVRAGES
DU
R
HÔNE4.1
O
BJECTIFS La gestion de la ressource et des écoulements du Rhône et de ses affluents, aussi bien en crue qu’en basses eaux, suppose de nombreuses contraintes. Le mode de gestion des ouvrages du Rhône doit concilier trois objectifs : • production hydroélectrique, • navigation, • et irrigation.Le choix technique retenu pour réaliser ces trois objectifs a été de mettre en place des aménagements au fil de l’eau avec une capacité d’accumulation limitée.
Chaque chute doit réagir aux perturbations des chutes amont, tout en se préoccupant de ses propres effets sur les chutes aval et en respectant les règles fixées par sa consigne d’exploitation. Ces règles sont définies de façon à satisfaire les objectifs et contraintes aussi bien en période normale qu’en crue.
4.2
P
RINCIPEDE
GESTION
DES
PLANS
D
’
EAULe mode de gestion est basé sur la régulation des niveaux des plans d’eau en fonction des débits entrants dans chacun des aménagements. Pour chaque aménagement, une consigne d’exploitation normale et en crue permet de respecter : • les niveaux d’eau dans les retenues, • la répartition de débits entre usines et barrages. Cette consigne d’exploitation (exemple Figure 13) est établie par le concessionnaire et est soumise à l’approbation des services de contrôle (DRIRE et SNRS). La consigne d’exploitation définit pour chaque aménagement des lois hauteur/débit Q(H) à respecter en des points de la retenue précis, appelés « points de réglage ». La détermination de ces points et des lois Q(H) associées font l’objet d’études hydrauliques tenant compte des caractéristiques de la retenue ainsi que des conditions d’écoulement. Chaque retenue possède un ou deux points de réglage. La régulation du plan d’eau est assurée par l’usine tant que le débit du Rhône est inférieur à son débit d’équipement. Audelà, c’est le barrage qui s’ouvre progressivement et qui assure la continuité de la régulation.
Figure 13 : Aménagement de PierreBénite, exemple de consigne d’exploitation à un point de réglage. Courbe hauteur/débit, CNR.
Pour les forts débits, il en résulte un effet de basculement normal du plan d’eau. À l’amont du barrage le niveau s’abaisse et l’on pourrait croire à une vidange de la retenue alors que s’amorce la crue. En réalité il n’en est rien, le niveau à l’amont du point de réglage monte progressivement dans le respect de deux principes fondamentaux, à savoir : • la croissance progressive du volume de la retenue en fonction du débit • et la nonaggravation des niveaux observés avant aménagement dans les zones non protégées contre les inondations (Figure 14). De même, le basculement du plan d’eau conduit à l’abaissement du niveau à l’amont de l’usine et à l’exhaussement de son niveau aval. La chute disparaît progressivement et la production électrique devient marginale. Cependant, sauf exception, l’usine reste en fonctionnement, non plus dans un objectif de production hydroélectrique, mais seulement pour soulager le VieuxRhône d’une partie du débit. Pour certaines usines (principalement sur le Haut Rhône), le débit est réduit voire annulé, pour permettre aux principales zones d’expansion des crues de conserver leur rôle d’écrêtement (marais de Lavours et de la Chautagne, plaine de Pierrelatte, …). Figure 14: Basculement du plan d’eau lors d’une crue, ZABR.
5 L
AMODÉLISATION
HYDRO
SÉDIMENTAIREDU
R
HÔNE Le but de notre étude dans le cadre de ce projet étant de mettre au point un outil numérique pour analyser le transport de sédiments sur le Rhône de la frontière francosuisse à la confluence avec l’Isère, nous avons réalisé une modélisation hydraulique et sédimentaire multibiefs du Rhône. Notre projet se décompose en trois études comprenant le modèle global du Rhône ainsi que deux sousmodèles sur nos sites d’études pilotes : • le modèle global du Rhône français jusqu'à l'Isère, • le site pilote de MiribelJonage, • le site pilote de la lône du Beurre. Les « sousmodèles » effectués sur les zones de MiribelJonage et de la lône du Beurre ont par la suite été réintégrés au modèle global pour le compléter. De ces trois études découlent trois modélisations hydrauliques et sédimentaires. Chacune de ces études fait également l’objet d’un rapport détaillé dont on trouvera cidessous les grandes lignes (cf. paragraphes 5.3, 5.4, 5.5). Par la suite, le modèle globale du Rhône français pourra être aisément mis à jour et complété par des données complémentaires en détaillant des zones particulières (affluents, confluences, lônes, casiers, etc.).La modélisation se fait en utilisant un logiciel de simulation hydraulique monodimensionnelle d’écoulement en rivière (Code de calcul Mage, Cemagref 2009) couplé à un modèle d’advection dispersion pour simuler le transport de sédiments (Code de calcul AdisTS, Irstea 2012). Ces modèles présentent l’avantage d’une résolution rapide ce qui permet de simuler des événements de longues durées (plusieurs années et dizaines d’années) sur un long bief (plusieurs centaines de kilomètres, dans notre cas 300 km).
5.1
M
ODÈLEHYDRAULIQUE
1D : M
AGEMAGE est un logiciel de simulation monodimensionnelle d’écoulement en rivière en régime
transitoire. Son domaine d’application privilégié est la simulation des crues et des zones inondées. Les équations utilisées sont les équations de Barré de SaintVenant unidimensionnelles avec la formule de perte de charge de ManningStrickler qui s’expriment comme suit : conservation de la masse ∂ S∂ t + ∂ Q ∂ x =qlat (1) équation dynamique ∂ Q∂ t + ∂ ∂ x(β Q²S )+gS ∂ z∂ x=−gS (J + Js)+kqlatV (2) Avec : t le temps, x l’abscisse en long, S la section mouillée, Q le débit, Z la cote de la surface libre,
V la vitesse moyenne (V = Q/S), β le coefficient de quantité de mouvement (Boussinesq), g la
gravité, J les pertes de charge linéaires par frottement, Js pertes de charge singulières (élargissement
ou rétrécissement brusques), q les pertes ou apports latéraux par unité de longueur (en m2/s :
ruissellement, pluie, déversements, échanges avec le lit majeur) et k un coefficient dépendant du signe de qlat (k = 1 si qlat < 0, k = 0 si qlat ≥ 0).
MAGE prend en compte la géométrie réelle du lit de la rivière définie par des profils en travers et
utilise une modélisation géométrique de la rivière en lit composé – mineur, moyen (majeur actif) et majeur de stockage – avec calcul de la répartition des débits en utilisant les équations Debord
chenal (lit mineur) et le lit moyen, respectivement (Figure 15). Il est également possible de définir des casiers de stockage pour modéliser des plaines d’inondations où la vitesse de l’écoulement est supposée négligeable, ce qui permet la modélisation des échanges entre zones d’écoulement et zones de stockage. La topologie du réseau peut être maillée ce qui permet de représenter des confluences, des diffluences (îles) et des conditions aval multiples (deltas). La discrétisation des équations de Barré de SaintVenant est faite selon un schéma aux différences finies semiimplicite à quatre points (schéma de Preissmann).
5.2
M
ODÈLE1D
D’
ADVECTION
DIFFUSION: A
DISTS
5.2.1 DESCRIPTION GÉNÉRALE DU MODÈLE
ADISTS résout l’équation classique d’advectiondispersion : ∂(S C ) ∂t + ∂(C Q) ∂x = ∂∂x
(
S Df ∂C ∂x)
+(P−D)W +qlatClat (3) avec Df le coefficient de dispersion longitudinal, P le taux de reprise, D le taux de déposition, W lalargeur de la rivière en eau, et Clat la concentration de sédiments fins si qlat > 0. L’équation de
conservation de la masse permet de calculer la masse M fs=ρs(1 − p)SfsL de sédiments fins
disponible dans la section et sa distribution à travers la section (ρs ≈ 2650 g/l est la masse volumique
des sédiments, Sfs est la section en travers du dépôt de sédiment, p la porosité du dépôt et L la
longueur de la section). Ce dépôt est hypothétique étant donné que le modèle ne prend pas en compte l’évolution du fond du lit.
La description cidessus est faite pour une classe de dépôt avec des caractéristiques fixes (la taille de grain, la vitesse, …). Le modèle peut prendre en compte un mélange de plusieurs classes.
5.2.2 CALCUL DES TERMES SOURCES POUR UN LIT COMPOSÉ
En première approximation, on suppose le dépôt uniforme sur le lit majeur et le lit mineur. Les taux de dépôt et d’érosion de l’équation 3 peuvent être estimés ensemble comme suit (voir aussi Figure 15) : (P−D)W =aPDedisp , m(Ceq ,m−C)Ws Hm Wm+aPDedisp, M(Ceq , M−C) Ws HM WM (4)
Figure 15: Représentation schématique d’une rivière à lits composés. Les indices m et M correspondent respectivement au lit mineur et lit majeur.
où aPD est un coefficient de calage, edisp,m/M un coefficient indiquant la disponibilité de dépôt dans le
canal (edisp,m/M = 0 si il y a érosion et si Mfs,m/M = 0 ; edisp,m/M = 1 sinon), Ceq,m/M la concentration
d’équilibre, Ws la vitesse de chute du sédiment, Hm/M la profondeur moyenne dans le lit mineur / lit
majeur et Wm/M est la largeur mouillée du lit mineur / lit majeur. On considère ici la concentration C
homogène dans toute la section. Finalement, il y a érosion si la concentration d’équilibre Ceq est
supérieur à la moyenne de la concentration C calculée grâce au modèle ; il y a dépôt si Ceq< C.
La concentration d’équilibre dans les lits mineurs et majeurs Ceq,m/M peut être estimée en fonction de
la contrainte de cisaillement τm/M calculée par le modèle, comme suit :
Ceq ,m/ M=aC
(
ττm/ Mcr −1
)
bC(5)
où aC et bC sont des paramètres de calage (bC = 1 comme première approximation, cf. Camenen,
2011).
Voici les caractéristiques des trois coefficients à fixer dans le cadre de la modélisation :
• apd = 0,1 : coefficient de la loi de dépôtérosion,
• ac = 0,001 : coefficient de la loi pour la concentration à l’équilibre ; homogène à une
concentration, • bc = 1 : exposant de la loi pour la concentration à l’équilibre. Les valeurs données ici sont issues d’un premier calage réalisé sur une chasse des barrages de l’Arc en Maurienne. Une validation plus rigoureuse serait nécessaire mais nécessite un jeu de données (topographie et sédimentaire) très détaillé en temps et espace. Des améliorations sont donc toujours possibles même si les premiers résultats obtenus restent tout à fait cohérents.
5.2.3 CALCUL DU COEFFICIENT DE DISPERSION
Il est possible d'utiliser quatre méthodes différentes d'évaluation des coefficients de dispersion dans AdisTS. On peut utiliser différentes méthodes pour chacune des parties du modèle au cours d'une même simulation. Chaque méthode utilise un coefficient de proportionnalité qui sert de coefficient de calage. Les trois premières méthodes proposées consistent en une application de formules semi empiriques : Elder (1959), Ficher (1967) et Iwasa & Aya (1991). Chacune de ces formules peut s’écrire de la forme suivante (Camenen, 2011) : Df Hm/ MU* m/ M=a
(
Um/ M U* m/ M)
b(
Wm / M Hm / M)
c (6) où a, b et c sont des paramètres de calage variant selon les auteurs, Um/M la vitesse moyenne dans lelit mineur / lit majeur, U*m/M la vitesse de frottement dans le lit mineur / lit majeur (
U* m/ M=
√
τm/ M/ρ).Tableau 1: Coefficients a, b et c pour les formules du coefficients de dispersion.
Formules Coefficient a Coefficient b Coefficient c
Elder (1959) 100 0 0
Fisher (1967) 0,011 2,0 2,0
La quatrième méthode utilise un coefficient de dispersion constant. Dans ce cas, le coefficient de dispersion est la valeur fournie par l’utilisateur, il ne dépend d’aucune variable provenant des conditions d’écoulement. Le coefficient de dispersion final est toujours la somme du coefficient de
diffusion moléculaire (fixé à 106 m2/s) et du coefficient fourni par la formule de calcul choisie.
5.3
S
ITEPILOTE
DE
M
IRIBEL
JONAGELa problématique principale liée au site de MiribelJonage est l’impact des chasses sur la zone et le potentiel colmatage du fond du lit. La conséquence d’un colmatage et la diminution de l’infiltration d’eau et donc la diminution de la recharge de la nappe phréatique. Cette étude a été réalisée en partenariat avec le Grand Lyon et Véolia qui exploite la zone de captage d'eau potable. (a) (b) Figure 16 : Localisation (a) et description du site pilote de MiribelJonage (Geoportail) Le système de MiribelJonage est une ancienne zone de divagation du Rhône. Elle se situe dans une zone de faible pente qui a été chenalisée en un système complexe de plusieurs bras (Figure 16). Dans cette zone sont localisés plusieurs ouvrages hydrauliques sur différents bras, ainsi que des captages d’eau potable assurant 80 % de l’alimentation en eau potable de la ville de Lyon. Nous nous sommes préoccupés du risque de dépôt de sédiment dans le VieuxRhône (situé au cœur des captages d’eau potable), lors d’une chasse du Rhône. En utilisant le modèle numérique 1D Mage de Irstea, l’objectif a été de définir la meilleure gestion possible des ouvrages hydrauliques
pour minimiser le dépôt de sédiments sur la zone de captage. Deux principales options sont proposées :
• minimiser l’entrée de matières en suspension (MES) en diminuant le débit entrant dans le
VieuxRhône le temps de la chasse,
• minimiser le dépôt de sédiments dans le VieuxRhône en augmentant la vitesse.
Chacun de ces scénarios requiert une gestion spécifique des ouvrages hydrauliques et la modification ou construction de nouveaux ouvrages peut être envisagée (voir Andries et al., 2012, pour plus de détails).
5.4
S
ITEPILOTE
DE
LA
LÔNE
DU
BEURRE
L’île du Beurre, se trouve à proximité de la ville de Condrieu, à 10 km au sud de Vienne. (a) (b) Figure 17 : Localisation (a) et description (b) du site pilote de la lône du Beurre (Geoportail) À ce niveau, le Rhône, d’une largeur moyenne de 200 m, présente deux bras secondaires en rive droite appelés lônes. Ces voies d’eau secondaires délimitent deux îlots, l’île du Beurre et l’île de la Chèvre (Figure 17). On distingue la grande lône (ou lône de la Chèvre) qui s’étend sur près de 2700 m le long du chenal principal et la petite lône (ou lône du Beurre), qui évolue transversalement au Rhône sur 350 m. C'est un site suivi de près par le Centre d’Observation de la nature de l’île du Beurre, où de nombreux relevés sont effectués pour connaître la quantité de dépôt ainsi que sa composition : plusieurs carottages on été effectués sur la zone. L'intérêt de cette zone d'étude est
donc de recouper les informations entre plusieurs axes du projet Axelera, entre les analyses des carottes et l'étude sédimentaires.
Nous avons donc travaillé en collaboration avec le Centre d’Observation de la Nature de l’île du Beurre, qui nous a fourni de nombreuses données pour ce travail, ainsi qu'avec Artelia et le Cerege (voir Camenen et al., 2012, pour plus de détails).
5.5
M
ODÈLEDU
R
HÔNEDE
LA
FRONTIÈRE
S
UISSEÀ
L
'I
SÈRELa construction de ce modèle est l’objet du présent rapport, et s’articule en trois grandes étapes : • Recueil des données : il a fallu dans un premier temps recueillir le maximum d’informations topographiques sur le cours d’eau, et les traiter en conséquence pour réaliser la modélisation hydraulique du Rhône ; puis recueillir les données hydrologiques pour chacun des affluents ; et enfin rassembler des données sédimentaires pour caractériser la composition en MES du Rhône et de ses affluents. • Mise en place du modèle hydraulique : la deuxième étape a ensuite consisté à paramétrer et caler le modèle hydraulique pour s’approcher au plus près du fonctionnement effectif du Rhône et de ses aménagements. • Mise en place du modèle sédimentaire : enfin, nous avons couplé le modèle hydraulique au modèle de transport de sédiment, pour lequel il a fallu renseigner les informations sur les caractéristiques des sédiments rencontrés dans le Rhône et ses affluents (diamètre, masse volumique…) ainsi que leurs flux (concentrations de sédiments mesurées lors de crue mais également en temps normal ou d’étiage). La description technique et complète du travail sur la modélisation hydrosédimentaire du Rhône est développée dans les paragraphes suivants.