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Archivistique et numérique. Notes de recherche 3

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

« nouvelles formes d’

accès

intégration entretenir l’intelligibilité

archives au bout des doigts discrétisation ça a été manipulé spatializing

time le nouvel archiviste le passé n’est pas un donné briser une image

révolue intervention plus

proactive

a tool not a goal what might be most

distinctive and durable malléabilité temporal continuity of the self bien

commun archives without walls relationships among the archivist the

user and the

evidence

are all altered ensuring the

authenticity

la

spirale

du changement

intégrité

des données révolution intellectuelle obsolescence

technologique activisme archives exist to be used nouveautés majeures

fractures entre nantis et exclus le numérique dévore le monde illusion

of immateriality an archival world spinning out of

control

l’organisation

est sans mémoire a philosophical ideal of truth into the binary oppositions

a re-conceptualisation archival science is not neutral a door that swings

back and forth fluidity of the virtual les archivistes doivent rapidement

trouver the homogenous nature of the digital the experiences are not

the same, and never can be ».

Notes de recherche 3

Archivistique et numérique

Yvon Lemay, Anne Klein, Annaëlle Winand,

Simon Côté-Lapointe et William Yoakim

(2)
(3)

3

Conception graphique : Mélissa Pilon

Révision linguistique : Michel Belisle

Référence bibliographique : Lemay, Y., Klein, A., Winand, A., Côté-Lapointe, S. et Yoakim, W. (2021). Archivistique et numérique. Notes de recherche 3. Université de Montréal, École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (EBSI). Cette publication1 s’inscrit dans le projet de recherche « De la diffusion à l’exploitation :

nouveau regard sur l’archivistique », sous la direction d’Anne Klein, professeure agrégée au Département des sciences historiques de l’Université Laval. Le projet est financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) dans le cadre des Subventions Savoir pour la période de 2017 à 2020.

Licence Creative Commons : Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification (CC BY-NC-ND)

A rc hi vist iq ue e t n umér iq ue

1 Les termes en page couverture suivent l’ordre des mots clés (par regroupements) et proviennent des citations suivantes : 241, 3, 5, 166, 6, 12, 52, 28, 159, 417, 168, 614, 658, 370, 665, 390, 21, 17, 130, 158, 13, 234, 254, 462, 1044, 354, 110, 1114, 513, 29, 714, 44, 48, 861, 153, 667, 225, 15, 318, 193.

(4)
(5)

55

« As computing technologies evolved in the 1990s, it became

much clearer that the principal challenge they present is not

technical or administrative, but intellectual. » (126)

(6)

Introduction Contours

L’environnement, l’intrigue L’authenticité

L’implicite

Les défis ou la justification sociale Deux approches Activisme Jugement négatif Opposition Dualité Révolution ou cliché ? Apports Pertes ou inquiétudes Poésie documentaire Aléatoire (1er essai) Road Trip De la 4e à la 5e dimension Dépasser l’opposition Le double numérique L’esthétique du numérique De l’opposition à la rencontre Aléatoire (2e essai) Banque de citations

Mots clés (par regroupements) Apports

Caractéristiques (ou par définition) Changements (impacts)

Défis

État de la réalité ou de la situation documentaire Fondements Pertes Bibliographie Crédits photographiques Conception … « As computing » L’environnement … L’authenticité 9 11 13 16 21 23 28 35 38 40 42 45 49 53 58 59 63 64 65 69 72 74 76 79 238 238 238 238 239 240 241 241 245 300 300 300

Table des matières 6

2 Sauf exception, les pages ne comprenant qu’une citation (ou un seul groupe de citations) ne sont pas répertoriées dans la table des matières.

A rc hi vist iq ue e t n umér iq ue

(7)

« The definition » … L’implicite Les défis … Deux approches Deux approches … Activisme Dualité … Révolution

Apports … Pertes

« L’inquiétude » … Poésie Aléatoire … « It has become » « [L]es archives » … Le double Le double … L’esthétique L’esthétique … De l’opposition Banque … Mots clés

Mots clés … « In the archives » « In the archives » … Bibliographie Bibliographie … « Pour la photographie » « Pour la photographie » … Crédits Crédits … « Nous sommes » « Nous sommes » … « We may » 300 301 301 301 301 302 302 302 302 303 303 303 303 304 304 304 304

Table des matières 7

(8)

8

« Traditionally, archivists were seen as quiet curators of

an inherited past, their scholarship focused on the records

themselves. That traditional archival paradigm has been

fundamentally challenged in the past two decades by at least

three factors: postmodernism and the impact of critical theory

in many disciplines (including Archival Studies); digital

technology and all it empowers and signifies; and historical

analysis of archives in four senses: as records, as institutions,

as profession, and as societal activity and idea. » (449)

(9)

Introduction

9 Introduction

3 Les quatre revues ont été dépouillées à partir de l’an 2000 jusqu’en 2015, 2016 ou 2017 selon les numéros disponibles en libre accès. Pour plus d’information, consulter la première note en bas de page de la banque de citations.

4 « Monsieur Simon Côté-Lapointe a soutenu, le 18 décembre 2019, sa thèse de doctorat intitulée Exploitation des

documents audiovisuels numériques d’archives : Modèle conceptuel théorique des usages, modalités et moyens d’orga-nisation et de diffusion sur le web. »

(EBSI, 2019)

En lien avec le dernier objectif du projet « De la diffusion à l’exploitation », c’est-à-dire « mieux comprendre l’archivistique en contexte numérique », le troisième volet des Notes de recherche vise à analyser le discours sur la question du numérique dans la littérature en archivistique depuis le début des années 2000.

Pour constituer le corpus, notre choix s’est arrêté sur quatre périodiques qui, dans la communauté des archivistes, s’avèrent d’importants canaux de diffusion, à savoir la revue Archives publiée par l’Association des archivistes du Québec (AAQ), la revue Archivaria publiée par l’Association des archivistes canadiens (ACA), La Gazette des archives publiée par l’Association des archivistes français (AAF) et Archival Science (International Journal on Recorded Information), une revue publiée par Springer Netherlands depuis 2001 dont le but est de « promouvoir le développement de l’archivistique en tant que discipline scientifique autonome » (Springer, s. d., notre traduction). Les articles parus dans les numéros de chacune des revues ont été dépouillés lorsque, dans le titre, le résumé, les mots clés ou dans le texte la présence du numérique (digital) ou de termes associés (ex. : authenticité, électronique, en ligne, informatique, Internet, médias sociaux, métadonnées, numérisation, portail, technologies de l’information, réseau, virtuel, Web ; authenticity, digitization,

electronic, information technologies, metadata, network, online, social media, virtual, etc.) y était manifeste. Les citations ainsi extraites ont été réunies

dans une banque de citations selon une numérotation continue3.

Tout en élaborant la banque de citations, nous en avons exploité progressi-vement le contenu de différentes façons : tantôt en citant un ou plusieurs passages sur une même page ou en effectuant des montages d’extraits selon diverses formules, tantôt en regroupant des citations dans un texte afin de mettre en évidence des aspects ou dimensions qui se dégagent de leur ensemble, tantôt encore en procédant de manière aléatoire ou en produisant une forme de poésie documentaire à l’aide de passages ayant retenu notre attention lors du dépouillement. Bref, autant d’exemples qui illustrent les multiples possibilités d’exploitation de la banque de citations.

Privilégiant, tout comme dans le volet précédent des Notes de recherche, une approche collaborative, la professeure Anne Klein et les étudiants au doctorat Annaëlle Winand, Simon Côté-Lapointe4 et William Yoakim

pouvaient à leur tour non seulement exploiter les différentes possibilités, mais aussi ajouter des commentaires, des notes ou surligner des passages (en vert primaire) dans les parties existantes.

LEMAY ET AL.

Introduction

9 A rc hi vist iq ue e t n umér iq ue

(10)

Introduction 10

Très tôt, dans le développement de la banque de citations, il est devenu évident que leur accumulation favorisait les recoupements et, par conséquent, l’émergence de notions ou de termes récurrents dans les articles. Nous avons donc joint à la banque de citations une compilation des mots clés qui en découlent. Toutefois, plutôt que de simplement les rassembler dans une liste par ordre alphabétique, il nous a semblé plus enrichissant de les réunir (en incluant les numéros des citations) au sein de regroupements apparaissant particulièrement significatifs au plan archivistique, tels que les apports, les pertes ou les caractéristiques du numérique ; l’état de la réalité ou de la situation documentaire ; les défis à relever ; les impacts ou changements engendrés ; les fondements (philosophique et archivistique), etc. Il est à noter que, là aussi, les collaborateurs étaient en mesure d’intervenir et de développer de nouveaux ensembles.

Pour faire également suite aux travaux menés lors du deuxième volet (Lemay et al., 2019), où des photographies ont été intégrées aux propos dans le but de réfléchir à l’exploitation des archives mais sous un autre mode, nous avons souhaité poursuivre cette expérience selon laquelle « Les images permettent d’arrimer les pensées de manières surprenantes » en incorporant des photographies provenant de la collection « Patrimoine québécois / Images » de BAnQ numérique5https://numerique.banq.qc.ca/ dont plusieurs ressources

ont été libérées de toute restriction par l’institution afin d’« encourager l’utilisation de ses contenus numériques et favoriser une meilleure diffusion de ses fonds et collections auprès des citoyens ». (BAnQ, 2019)6

Comme pour les volets précédents, les Notes de recherche 3 seront diffusées sur le site ArchAPo, la plateforme de diffusion archivistique, artistique et politique

http://www.archapo.com/ ainsi que dans Papyrus, le dépôt institutionnel de l’Université de Montréal.

Il est à noter que les extraits provenant de la banque de citations qui sont utilisés dans les Notes sont uniquement identifiés par un numéro correspondant à l’ordre d’entrée des citations dans la banque lors du dépouillement. Pour en connaître la source, il faut consulter la banque où chacune des citations est accompagnée d’une mention selon la méthode auteur-date : les références complètes étant disponibles en bibliographie.

Nous avons procédé de la sorte pour des raisons pratiques puisque la numéro-tation est la principale clé d’accès à la banque de cinuméro-tations ; mais aussi parce qu’il nous est apparu que l’anonymat facilitait la mise en valeur du contenu des citations ainsi que l’établissement de liens entre elles, soit une façon de faire qui correspondait à l’objectif poursuivi : mettre en lumière ce qui se dégage du discours archivistique sur le numérique.

~

5 Sauf une exception, soit la photogra-phie numérique située entre les pages de « L’esthétique … De l’opposition » qui représente la première page d’un livre d’artiste.

6 Pour une prochaine publication, il serait intéressant de jouer avec le ca-ractère bicéphale des archives (un objet matériel et intellectuel). On pourrait prendre des documents de différents types et de différents supports pour séparer la partie matérielle de la partie intellectuelle du document. Pour être plus précis, il serait intéressant de faire, grâce au numérique, la séparation de la feuille d’un procès-verbal (PV) de son contenu textuel. De mettre à gauche une photographie de la feuille originale contenant le PV, mais sans le texte du PV et mettre le texte du PV juste à côté. On pourrait aussi le faire avec un film 8mm. On présenterait le support devenu vierge et l’image enlevée juste à côté.

(11)

11

7 Autrement dit, la patrimonialisation des objets documentaires, la « mise en archives » à travers les fonctions / opérations des archivistes.

11

« Et pourquoi ne pas se risquer à imaginer un effort de

collaboration, sous l’égide des institutions nationales, qui

permettrait de créer un espace public où serait versé l’ensemble

des collections numériques des institutions québécoises

et canadiennes plutôt que se restreindre à des initiatives

indépendantes, souvent trop limitées par rapport au potentiel

d’utilisation qu’offrent ces technologies. » (595)

« Malheureusement, fascinés, comme tout le monde, par

le pouvoir de l’image et la puissance des moyens de diffusion,

[…] les archivistes sont entrés dans la course à la diffusion,

négligeant du coup leur spécificité :

la transformation

d’une matière première généralement administrative en objet

culturel

7

, la mutation d’un objet sans noblesse en matériau

historique, comme le passage de la phrase au roman, du coup

de pinceau au tableau, de la prise de vue au film. » (104)

« Scholars and professionals alike have begun to examine

the concept of authenticity as a way to come to terms with

mounting anxieties about the digital preservation of archival

sources. » (564)

Contours

(12)

« Few clich[é]s are repeated more often or with greater

enthu-siasm these days than the one that insists that we are living

through an unprecedented information revolution. » (68)

Les contours du discours archivistique sur le numérique semblent circonscrits entre le rêve et le regret, l’anxiété et le poncif : bref, un périmètre en apparence pour le moins polarisé.

~

(13)

L’environnement, l’intrigue 13

8 Le texte est le produit d’un montage à partir des extraits suivants de la banque de citations : 43, 345, 1, 402, 61, 17, 21, 20, 36, 501, 7, 15, 40, 405, 158, 31, 58, 84, 350, 575, 1057.

« Electronic records are pervasive. Information technology has penetrated into every element of society and economy, and transformed it. Le numérique devient désormais une réalité technique incontournable. The rapid adoption of information and communication technologies has resulted in a digital revolution that has changed the ways in which information and records are created, transmitted, organized, located, preserved, and disposed of. L’architecture de notre société occidentale [...] semble évoluer dorénavant vers une logique de simultanéité et de mouvement de l’ensemble des activités humaines grâce au développement des réseaux de communication. [T]he location, timing, and relationships among the archivist, the user, and the evidence are all altered. Archives themselves as institutions will gradually change [...] to becoming virtual “archives without walls,” existing on the Internet to facilitate access by the public. The record is no longer a passive object, a “record” of evidence, but an active agent playing an on-going role in lives of individuals, organizations, and society. [T]he record is a “mediated and everchanging construction.” Un évènement révélé un jour, dans un quo-tidien ou ailleurs, devient immédiatement sur le réseau une archive numérique, propice à tous les recoupements, à tous les traitements automatisés, et, donc, à tous les détournements. Le numérique ramène toutes les entités à des unités manipulées, indépendamment de la signification associée à ces unités. À un moment où les organisations créent et accumulent une quantité inquiétante et toujours croissante de documents sous forme électronique, les archivistes doivent rapidement trouver des solutions efficaces leur permettant d’assurer l’intégrité des données contenues dans les archives électroniques. C’est un grand défi que d’avoir à s’adapter aux nouvelles façons de communiquer avec les documents et de préserver et gérer ceux qu’une organisation produit et reçoit. The digital age has posed many new challenges for modern society. La spirale du changement incessant des nouvelles technologies fragilise fondamentalement la conservation des documents. Preserving the identity and integrity of a record in the digital world is complicated by the fact that, in such a world, there are no stable and enduring physical objects. To be archival, a document must be recognized as authentic testimony. An authen-tic record is one that can be proven to be (a) what it claims to be and (b) free of falsification or inappropriate modification. To assess the authenticity of an electronic record and to maintain it over time, the preserver must be able to establish its identity and demonstrate its integrity. The identity of a record refers to the attributes of a record that uniquely characterize it and distinguish it from other records. The integrity of a record means that its function and finality has not been changed. Naturally, the more rigorous these procedures are and the more routinely they are used in practice, the more the reliability

LEMAY ET AL.

L’environnement, l’intrigue

8

13 A rc hi vist iq ue e t n umér iq ue

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L’environnement, l’intrigue 14

of the records created in the system is enhanced. To ensure authenticity, recordkeeping and archival description metadata need to document events that happen during the life cycle of the records. The life cycle model views archives and records management as a series of interconnected events, such as creation, classification, scheduling, disposition, acquisition, processing, and preservation. »

(15)

15 15

(16)

16

9 Ceci est aussi vrai dans le cas des documents audiovisuels qui ont un « accent de véracité, d’exactitude, d’authenticité, dû au mode de pro-duction lui-même » (Chabin, 2014), car l’enregistrement sonore ou d’images en mouvement est souvent une trace directe d’un événement capté par un procédé technologique neutre. Mais aujourd’hui, cette authenticité est cependant de plus en plus remise en doute avec les nouveaux moyens technologiques de manipulation des images et du son, dont les deepfakes en sont un exemple.

« Deepfake, ou hypertrucage ou permutation intelligente de visages, est une technique de synthèse d’images basée sur l’intelligence artificielle. Elle sert principalement à superposer des images et des vidéos existantes sur d’autres images et / ou vidéos (par exemple : le changement de visage d’une personne sur une vidéo). » (Deepfake, 2019)

Pourquoi la question de l’authenticité est-elle une préoccupation aussi centrale dans la littérature archivistique sur le numérique ? En fait, dans la mesure où « To be archival, a document must be recognized as authentic testimony. » (58), alors il en découle selon la conception dominante de la discipline que « Ensuring the authenticity of records is the focus of archival science. » (130) Or, « Le numérique, par le principe de manipulation et donc de falsification qu’il contient, bouleverse nos croyances en l’authenticité ». (10) « “[A]vec le numérique […] l’information est constamment doutée et remise en question par la population” ». (847)9 Aussi, face à cette situation,

les archivistes doivent redoubler d’ardeur et de précaution. « An unbroken line of custody may still help support a presumption of authenticity but, clearly, it is no longer sufficient. » (852) « “[T]he traditional concept of an unbroken chain of custody needs to be expanded to encompass the processes that are necessary to ensure that an electronic record is transmitted over time without inappropriate alteration.” » (86) Dans le cadre du projet InterPARES,

The Preservation Task Force calls this expanded principle the unbroken “chain of preservation.” The principle asserts that: “the entire process of committing an electronic record to storage, maintaining it in storage, retrieving, and presenting it must adequately preserve all its essential attributes in order to support a credible claim that the retrieved electronic record is authentic.” (86)

Toutefois, face à cette préoccupation centrale de la part des archivistes pour la dimension de l’authenticité, certaine voix n’était pas sans rappeler que :

the methods for assessing reliability and authenticity, and the generali-zations on which they are built, are not essential or transcendent verities but human constructs that have been shaped within a particular historical and cultural context; and that the meaning and value of records extends far beyond their status as reliable and authentic evidence of action as we currently define those terms.

Aussi, ajoutait-on,

The narrative archivists have constructed around the concepts of reliability and authenticity is only one among many narratives. And it should be viewed as an open-ended rather than a closed narrative: one that needs continually to be revisited and rewritten as new ways of looking at the world present themselves. (50)

LEMAY ET AL.

L’authenticité

16 L’authenticité A rc hi vist iq ue e t n umér iq ue

(17)

17

En fait, le débat sur l’authenticité des ressources numériques doit être compris « as important struggles to locate these newer materials with respect to their traditional counterparts, position them within established disciplines of knowledge, and determine the status of those who use and care for them. » (566)

L’authenticité est une notion avant tout juridique. Au 18e siècle au moins,

elle s’appliquait aux actes, c’est-à-dire « tout ce qui sert à prouver et justifier quelque chose » (Ferrière, 1700, p. 20) ou encore « tout ce qui est sentence et procédure, toutes les conventions et stipulations rédigées par écrit, soit par le ministère d’officiers publics, soit sous signature privée. » (Denisart, 1771, t. 1, p. 45) Les actes « sont authentiques lorsqu’ils émanent de l’autorité publique ou que les conventions dont ils contiennent la preuve ont été rédigées par-devant des notaires ou autres officiers publics. » (Denisart, 1771, t. 1, p. 45)

Dès lors, « authentique » « signifie revêtu de toutes les formes, et qui a été arrêté par des personnes publiques, ainsi un acte authentique est celui auquel on ajoute foi en Justice ; à cause qu’il est revêtu de toutes les formes, et qu’il a été passé par personnes publiques. » (Ferrière, 1700, p. 76) L’authenticité est alors « le caractère qui rend un acte digne de foi par lui-même, et qu’on lui donne en le revêtant de certaines formes. » (Denisart et al., 1783, p. 782) Dès lors, l’authenticité est en effet une construction relevant du droit, c’est une forme documentaire associée au statut de celui qui émet l’acte et qui doit être une personne publique. Le fait d’assigner à l’archiviste la tâche de maintenir l’authenticité des documents dénote une conception extrêmement restrictive des archives, telle qu’on la retrouve à la fin du 18e siècle et telle

qu’elle fonde l’archivistique traditionnelle puisque les archives « sont les lieux où sont serrés les anciens Registres publics, & tous les Titres du Royaume. » (Ferrière, 1700, p. 66), ou encore :

Les archives, proprement dites, sont différentes des autres dépôts où l’on conserve aussi des monuments écrits, en ce que dans les archives, proprement dites, on ne reçoit que des titres, des actes authentiques, diplômes, chartes, contrats ; au lieu que dans les autres dépôts, on reçoit des écrits de tout genre : souvent mêmes les actes n’y sont que par occasion et accidentellement. (Denisart et al., 1783, p. 271) Si l’authenticité est une construction, les archives, elles, sont un objet de foi :

Par rapport à la foi que méritent les actes que l’on tire des archives, il est essentiel d’abord, de prendre exactement le sens de ce qu’on entend exactement, en parlant de cet objet. Il y a […] des actes qui sont dans une forme telle, que leur exhibition seule fait pleine foi. Il est sensible que ce n’est pas à l’égard de pareils actes qu’il y a lieu d’examiner

(18)

L’authenticité 18

l’autorité que donne à un acte la circonstance qu’il est tiré des archives. Le lieu d’où on le sort, pour le produire, est indifférent dès que par lui-même il fait une pleine foi ; il n’y a rien à ajouter à une preuve complète. Ce que l’on demande donc, et ce qu’il s’agit d’examiner, c’est ce que peut donner ou ajouter d’autorité à un acte qui ne ferait pas preuve, ou qui ne serait qu’une preuve incomplète, la circonstance particulière qu’il a été tiré des archives. (Denisart et al., 1783, p. 271–275)

Cette foi que l’on a dans les archives en fait une preuve, c’est-à-dire « un acte judiciaire par lequel on fait foi devant le juge d’une chose douteuse. » (Ferrière, 1700, p. 386) Elle peut être « pleine », « semi-pleine » ou « testimoniale ».

La preuve pleine est celle qui prouve tellement le fait ou la chose dont il s’agit, qu’il ne reste aucun lieu d’en douter ; comme celle qui est se fait par deux témoins irréprochables, ou par des actes publics qui sont appelés preuve indubitable.

La preuve semi-pleine est celle qui ne prouve pas, mais qui induit une croyance douteuse et incertaine ; comme celle qui se fait par actes sous signature privée, ou par un témoin : ce qui oblige ordinairement à déférer le serment à l’une parties.

La preuve testimoniale est celle qui se fait par témoins, c’est-à-dire, quand on justifie par témoins un fait qu’on a allégué et mis en avant, la preuve duquel sert pour la décision du différend des parties. (Ferrière, 1700, p. 386)

La preuve n’est donc pas une notion homogène, elle n’est pas non plus un donné. Elle se distingue aussi du témoin qui est celui « dont la déposition fait foi sur quelque chose, soit en matière civile, soit en matière criminelle. » (Ferrière, 1700, p. 504)

L’archivistique qui met l’authenticité au centre de ses préoccupations est l’héritière du droit moderne, elle s’inscrit dans la lignée des chancelleries et des greffes (auxquels les services d’archives peuvent être encore rattachés aujourd’hui). Elle a pour rôle d’assurer la fonction juridique des documents. ~

(19)

19

« The definition of authenticity is thus malleable depending

on the purpose for which the concept is being deployed. » (565)

« Authenticity may mean different things to an artist,

a lawyer, a musician, or a scientist. » (295)

10

10 Des champs d’exploitation différents supposent des rapports, des niveaux de lecture différents qui font appel à différentes authenticités (trace, preuve, émotion, véracité) qui correspondent à autant de dimensions de conscience : sentiments (émotion, affect, etc.), intuitions, pensées (information, mémoire, etc.), sensations (vue, ouïe, toucher, etc.).

(20)

perçu ( des travaux

dsnkdnklsandlsnakl-nkanannann3

(Lemay

Ces notes de recherche sont produites dans le cdre du projet De la diffusion

à l’exploitation: 2017 tement -S’inscrivany per nouveau en quoi de mieux et plus Ainsi YVON LEMAY

Introduction

20 20

(21)

21

11 Ce qui n’exclut pas, par ailleurs, une approche postmoderne d’y être également présente. Nous y reviendrons.

12 Exploitation contre conservation, objets esthétiques-culturels contre objet signifiants, etc. On retrouve constamment ces oppositions dans la pensée archivistique. Autre exemple de la polarisation.

Il est étonnant de constater à quel point une part appréciable des propos sur le numérique repose implicitement sur une vision du document d’archives découlant d’une conception classique ou traditionnelle de l’archivistique11.

En effet,

Jenkinson wrote that a “document which may be said to belong to the class of Archives is one which was drawn up or used in the course

of an administrative or executive transaction … of which itself formed a part; and subsequently preserved in their own custody for their own information by the person or persons responsible for that transaction and their legitimate successor.” (116)

C’est donc dire que les documents d’archives étant créés

As a means for, and a by-product of, action, not “in the interest or for the information of Posterity,” and because they are “free from suspicion of prejudice in regard to the interests in which we now use them,” archival documents are impartial and “cannot tell … anything but the truth.” (116)

Ainsi, il en est déduit cinq traits caractéristiques : « archival records can constitute evidence, are authentic, have naturalness, exist in a reciprocal relationship with each other, and are unique. » (117)

Par conséquent, lorsque l’on soutient qu’une archive numérique est « une notion impossible dans la mesure où une archive doit être authentique, donc non manipulée, et où le numérique est par définition manipulation » (9), l’argumentation met en œuvre un mécanisme d’opposition – l’analogique est intègre, le numérique est manipulable – qui implicitement tire sa justification d’une conception classique de l’archivistique. Un mécanisme qui s’inscrit « into the binary oppositions that govern rationalist thought: subject vs. object, appearance vs. reality, nature vs. reason, oral vs. written, authentic vs. inauthentic, and so on. » (48)12 Et, ce faisant,

These oppositions work to construct a hierarchy of values, which, while attempting to secure truth, “serve also to exclude and devalue allegedly inferior terms or positions.” Thus, reality is positively positioned over appearance, reason over nature, written records over oral records, authentic records over inauthentic records, and so on. (48)

LEMAY ET AL.

L’implicite

21 L’implicite A rc hi vist iq ue e t n umér iq ue

(22)

22 22

Dans le même ordre d’idées, à la fin des années 1990, Jeremy Rifkin comparait les transformations induites par l’apparition de l’imprimerie aux conséquences de la généralisation du numérique. Ainsi, l’idée selon laquelle les archives numériques sont impossibles rejoint l’opposition entre livre imprimé et hypertexte : « Le livre imprimé est un produit, l’hypertexte est un processus. Le premier se prête bien à la possession à long terme ; le second, à l’accès provisoire à court terme. » (Rifkin, 2000, p. 267)

En suivant l’idée de Rifkin selon laquelle le numérique répond à une nouvelle forme de rapport marchand fondé sur l’accès et non plus sur l’accumulation matérielle, les archives numériques sont en effet impossibles puisque la logique à laquelle sont soumis les objets que l’on appelle aujourd’hui encore « archives » est radicalement différente du régime qui en a vu l’apparition.

Les archives ont été pensées dans le contexte de la société industrielle reposant sur les stocks, la conservation d’un patrimoine dont l’accumulation assurait la prospérité de son propriétaire.

Avec le numérique, « ce nouvel outil de communication [qui] distille l’essence symbolique de notre expérience culturelle et la transforme en une série de trompe-l’œil numériques qui apparaissent encore plus authentiques et vivants que les phénomènes originaux et se substituent ainsi à l’expérience réelle » (Rifkin, 2000, p. 218), les archives telles qu’on les connaît n’ont plus de réelle pertinence sociale : elles sont souvent d’accès difficile, elles imposent d’accumuler et de conserver des objets sur le long terme, elles ne répondent pas aux besoins créés par la société numérique (immédiateté, distinction dans le présent, divertissement, etc.), leur caractère authentique lui-même ne correspond plus à ce qui est attendu en la matière.

Au-delà du jugement de valeur, on ne peut que constater que les archives sont matérielles, elles appartiennent à l’univers du tangible, du concret, du réel.

Cela expliquerait les difficultés et les torsions nécessaires à la transposition de l’archivistique dans l’environnement numérique (toutes les questions entourant la pertinence des notions fondamentales de fonds et de cycle de vie par exemple).

~

(23)

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13 « [T]he explosion-like growing of the quantity of the records compelled archivists to be actively present at the birth of the records by controlling the records management of the agencies in order to decrease the quantity and improve the quality of the records to be transferred. In the IT age it is not enough: the structure, the attributes, the metadata, etc. of the records are decided when the electronic systems [are] designed, i.e., far before the birth of the first [record]. This means that archivists, if they want to have an influence on the record creation, have to be involved in before program-ming. » (347)

Pour bon nombre d’archivistes, l’état de la situation est inquiétant. « We are now being inundated with computer-generated records to the extent that it is becoming difficult to establish and maintain control over their identification, retrieval, accessibility, authenticity, and integrity. The scale of the problem borders on boggling the mind. » (16) Aussi, dans la mesure où « lorsque l’on aborde la question de l’archivage numérique, on entre dans un monde de l’éphémère et de l’incertitude […,] l’archiviste n’aura plus sa place s’il ne se positionne pas dès la création du document ou des données. » (932) Idéalement, « at the design stage of the recordkeeping system13, that is, before

the records are even created. » (249) Son intervention « en amont permet de contrer la fugacité des informations et l’instabilité des supports qui caracté-risent l’environnement numérique dans lequel nous évoluons. » (108) C’est donc dire, comme le préconisait une approche intégrée de l’archivistique au Québec depuis le début des années 1980, que « The traditional division of responsibilities between archivists and records managers in the Anglo-Saxon world is disappearing. » (121) Le nouvel environnement des technologies de l’information « “makes it imperative that archivists and records managers develop a vision of the future of their professions” ». (338) « À l’ère du numé-rique, les actions de la gestion des archives doivent se faire selon une stratégie globale et proactive qui soit à la fois souple et systématique. » (412)

Il est important de souligner les avantages que les archivistes vont par conséquent en tirer : « at the disciplinary level, an aura of legitimacy in the form of scientific authority and objective control, and, at the professional level, economic gain and social empowerment. » (92) Ainsi, « In increasing numbers they have been moving from the “backwater” of archives and history to the “front end” of knowledge management and corporate memory ». (93) Bref, les archivistes ont tout intérêt à « intervenir le plus tôt possible en amont du cycle de vie des archives et y être davantage présent ». (285) Grâce à ce « facteur de plus-value » (456), ils sont à même « d’accroître la reconnaissance sociale de la profession » (284) et de mieux justifier leur rôle au sein de la société « as a pragmatic player with immediate social and institutional relevance. » (663) « “Dorénavant, l’archi-viste n’agit plus que sur la mémoire passée dont il reçoit les bribes à conserver ; il est partie prenante de la définition de la mémoire présente, au bénéfice du présent et du futur.” » (351) Aussi, « In organizations of all kinds the world over, there is an urgent need for records officers who have skills at the highest level to design, implement, and manage recordkeeping systems, particularly in the electronic environment. » (273)

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Il est à noter que « Ce nouveau positionnement » (587), « This new role » (320), c’est-à-dire cette capacité de la part des archivistes de « maintenir à travers le temps et à travers l’espace la qualité de l’information [qui] exige précisément une égale maîtrise des diverses technologies de production du document ou de l’archive » (214), était déjà à l’ordre du jour au cours des années 1960 et 1970.

À la fin des années 1960, l’informatique ou plutôt la mécanographie électronique fait son apparition dans le traitement de l’information. En 1967, l’association ressent le besoin de créer un groupe chargé de traiter ces questions. Elle a déjà conscience de l’importance de ces nouvelles technologies et souhaite se positionner afin que les archives et les archivistes ne soient pas exclus des discussions ayant trait à ces nouvelles techniques. (1080)

Au début des années 1970,

Bautier feared that if archives did not incorporate computerized tools and records, they would be displaced as records repositories by EDP [Electronic Data Processing] centres and university data archives, “leaving the now fossilized archives to care for the routine documents devoid of interest.” Bautier was not alone in his concern. In an April 1971 article in the UK’s Journal of the Society of Archivists, Kenneth Darwin similarly warned that because of archivists’ reluctance in the area of new media, “we are in great danger of failing to do the job that we ought to be doing” and that, “as a result of this we shall be overtaken and made redundant by other professional groups taking over what should be our job.” (231)

Leurs craintes s’avéraient fondées si l’on en juge par les propos tenus près de quarante ans plus tard. « Si notre métier ne connaît pas d’évolution, il deviendra marginal, » (586) « voire même sans importance, dans l’ère numérique si [l’on] refuse de collaborer avec les professions de la technologie de l’information pour bâtir des systèmes d’archivage en se servant de ces outils. » (361)

To the archivist lacking expertise in software engineering, computer science, or information technology (IT), the most telling elements of records may as well be invisible. Traditional means of authenticating records, whether done ad hoc by a single archivist or in studied deliberation by a whole staff of archivists, are inadequate to the challenge. Where once the characteristic elements and patterns of records were explicit and the reasoning process to authenticate them was latent, now the characteristic elements and patterns of records are latent and the logical reasoning process to authenticate them must be made explicit. Unless the archival profession both radically shifts how it sees these changes and addresses this work, it will be rendered irrelevant or incidental in the digital age. (362)

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14 L’archivistique est aujourd’hui phagocytée par les technologies de l’information et l’informatique. La citation « As computing technolo-gies evolved in the 1990s, it became much clearer that the principal challenge they present is not technical or administrative, but intellectual. » (126) prend tout son sens.

Bref, « confidence comes from the competencies » (876) et, par conséquent, « without developing the competencies to preserve authentic electronic records, the archival profession will languish. » (363) « Il nous faut prendre place dans ce train qui passe et qui risque de rouler de plus en plus vite. Si nous décidons de laisser la caravane passer, nous risquons de nous en mordre les doigts, mais nous en serons les seuls responsables. » (437)14

Dorénavant, il faut « savoir se positionner dans les projets informatiques de façon pertinente pour tirer profit de l’expertise archivistique. » (969)

Si nous laissons à nos collègues des technologies de l’information le soin de concevoir les outils permettant d’assurer la disponibilité des réseaux informatiques et de télécommunication, notre expertise en ce qui concerne le contenu et la valeur de l’information produite par les unités nous donne une longueur d’avance en ce qui concerne les mesures à mettre en place pour assurer l’intégrité et la confidentialité de l’information tout au long de son cycle de vie. (886)

Effectivement,

Avec la multiplication des échanges et l’évolution des archives, l’archiviste s’est vu confier un nouveau rôle. Il est devenu “agitateur” de mémoire, un prestataire aux multiples talents, un gestionnaire de l’information et des connaissances et un promoteur actif garant des bonnes pratiques de sauvegarde de conservation et de diffusion des informations de l’entreprise. (1081)

Aussi, aux yeux de certains, le numérique n’a donc rien de menaçant. Il a plutôt l’effet contraire.

Tout se passe en fait comme dans la Caverne de Platon (et l’on sait que ce type de lieux sombres est bien familier à l’archiviste). Enfermés dans ce sous-sol, nous manipulions cartons, chemises, liasses. Autant d’objets qui n’étaient finalement que des ombres, certes bien lourdes et encombrantes. Et c’est en sortant de la cave, véritable Caverne métaphorique, que nous découvrons, petit à petit, avec fascination, que les ombres étaient celles des objets qui nous intéressaient profondément depuis Pérotin : l’information, le temps, la responsabilité. Le numérique est l’occasion de toucher du doigt ce qui fait l’essence de notre profession. (1096)

Il s’agit là, pour de nombreux archivistes, d’une transformation radicale du métier qui ne va pas de soi. La fonction de gestion prenant le pas sur le caractère culturel des finalités de l’archivistique, la répétition des arguments justifiant le passage d’une archivistique centrée sur l’objet – qui, dans la mesure où on admet que les archives numériques sont impossibles, tend à disparaître – à une archivistique centrée sur l’archiviste, sa place, ses pratiques et ses fonctions

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professionnelles, semble tenir d’une forme de pédagogie ou de discours auto-légitimant. Quoi qu’il en soit, la transformation de l’archivistique sous l’effet du numérique peut trouver un éclairage quand on la compare à ce qui se produit dans d’autres secteurs. De manière générale :

L’ordinateur, à travers l’utilisation de logiciels conçus par des experts, oblige à se plier à une nouvelle conception des métiers […]. Il permet précisément la dépossession du savoir-faire et du savoir humain et lui substitue une définition du travail numérisée, froide, implacable, qui s’inscrit dans l’idéal libéral actuel où rentabilité, efficacité et flexibilité sont les maîtres-mots. Ils sont aussi synonymes de « robot ». (Krief, 2020, p. 26)

« Ce train qui passe » et dans lequel il faut que les archivistes prennent place (437) est donc celui de cette nouvelle forme de capitalisme qu’est le numé-rique. Dans ce contexte, l’archivistique relève de l’offre de services fondés sur l’application de normes de gestion plutôt que sur la prise en charge réelle des documents. Si « Tout se passe en fait comme dans la Caverne de Platon » (1096), la caverne semble bien plutôt être le numérique qui constitue un monde d’illusions.

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15 Ou plutôt « contemporaine » dirait certain. « C’est justement le développement de cette bureau-cratie, mais également l’émergence des documents électroniques, qui vont pousser certains archivistes à s’opposer à la position défendue par Jenkinson et à affirmer qu’ils ont le devoir d’intervenir dès la création des documents. Cette vision sur la nécessité d’agir en amont est alors la frontière qui sépare l’archivistique classique de la contemporaine. » (Yoakim, 2019) Par contre, il est à noter que « the impact of Jenkinson’s ideas on authenticity and evidence » est loin de disparaître : « the research of the InterPARES project team has reconceptualized his principles in defence of the future integrity of digital records as evidence. » (360) L’archiviste « “must ‘translate’ the records and be able to testify that they have not been tampered with or falsified. This expert testimony is essential; without it, the electronic record cannot be used as evidence. It is clearly a modern example of Jenkinson’s moral defense of archives.” » (377)

16 « For Brien Brothman, this is the attempt “to specify for all time the time when and place where the creation of meaning began and ended” by placing the record inside an envelope of determined context that “seals the fate of the documents.” » (611)

17 Rapport clientéliste et marchand, malgré tout.

Deux approches, soutenues par deux conceptions de la discipline, se dégagent de la littérature archivistique en lien avec le numérique.

D’une part, une approche plus « opportuniste » qui, face aux nombreux défis que représente le numérique, est axée sur le contexte de création des archives. Pour les tenants de cette approche, cela « exige une intervention plus proactive » (168) de la part de l’archiviste en intervenant en amont du cycle de vie des documents d’archives, et ce, dans le but de préserver leur authenticité et d’assurer leur préservation à long terme. Un rôle ayant le mérite de redorer les blasons tant de la profession que de la discipline. Par défaut, les partisans de cette approche partagent une vision des archives qui découle d’une conception classique de l’archivistique15. Selon cette dernière,

les archives définitives, aussi appelées archives historiques, possèdent cinq principales caractéristiques :

1. en vertu de leur caractère organique, elles sont considérées comme le reflet fidèle de leur créateur ;

2. elles forment un tout, un ensemble clos sur lui-même sur le plan de la signification16 ;

3. elles ont pour fonction la preuve, le témoignage et l’information ; 4. leur utilité ou finalité est davantage déterminée en regard du contexte

de l’administration et de la recherche et ;

5. elles sont envisagées comme l’étape finale, l’aboutissement du cycle de vie des archives. (Lemay, 2015, p. 292–293)

Pour les tenants d’une approche classique, il en découle « that professional neutrality is an essential requirement to ensure that archives and archivists resist politicization and be trusted by society to retain its records and make them available without alteration into the future. » (856)

D’autre part, une approche plus « critique » dont les propos sont davantage axés sur le contexte d’utilisation des archives. « In the age of digital documents it is essential to be informed about user behaviour and uses of digital material to be able to provide tailored digital services17. » (113) Pour les tenants de

cette approche, il en va de la mission sociale des archives.

It is an obligation for archivists to make the cultural heritage accessible to all citizens. The consequences should be that archi[vists] have to approach the users on their conditions. Therefore it should be

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an important challenge for archival science to develop the most efficient methods to open up the archives. (122)

Un défi d’autant plus important à relever qu’il y a un « changement de paradigme [… dans] le rapport que la société [tout] entière entretient avec ses documents, ses archives et en dernier ressort avec sa mémoire. » (124) Par conséquent, « Le changement est là plus radical, qui interroge non seulement la pratique professionnelle de l’archiviste dans son aspect de recherche de solutions technologiques, mais également sa fonction et son rôle dans la gestion de l’information de la société contemporaine. » (124)

Toutefois, si l’environnement numérique favorise une meilleure accessibilité, cela ne diminue en rien la dimension du pouvoir qui est rattachée aux archives. Au contraire, sans apporter les correctifs nécessaires, « then only certain types of information, and thus only certain people and organizations in society, are going to be privileged in our social memory by this new medium. » (74) En effet,

There has been and there continues to be a sort of Social Darwinism at work here, especially since the technology of records and information is so forcefully driven by the market. […] Left to itself, the marketplace will do little to correct these inequities: the information-rich will get richer, and the information-poor will get poorer—and the power of those who control the record-making and record-using processes will thus only increase. (81)

Bref, « the archivist “reads” society and takes a stand. Archival science is not neutral; it is a social practice, subject to the same economic and ideological constraints as every other cultural practice ». (153) Bon nombre des archivistes ayant une approche plus « critique » souscrivent ainsi d’une manière ou d’une autre au « postmodern turn in archival theory and the work of scholars such as Brien Brothman, Terry Cook, Verne Harris, Randall Jimerson, Eric Ketalaar, Tom Nesmith, and others. » (613) qui ont questionné « the Jenkinsonian neutrality of archivists, eroding the traditional Western conception of records as neutral by-products of activity and paving the way for a more thorough investigation of the social and cultural factors shaping records, archival functions, and archival institutions ». (993)

Comme nous le précisions dans les Notes de recherche 118, dans une optique

postmoderne, « Nothing is neutral. Nothing is impartial. Nothing is objective. Everything is shaped, presented, represented, re-presented, symbolized, signified, signed, constructed by the speaker, photographer, writer, for a set purpose. » (Cook, 2001, p. 7, Archival Science)19 « [N]eutrality is fundamentally a professional

illusion ». (857) « [C]onstructing and reconstructing archival heritage—is a political act, an act of memory politics. The archivist cannot pretend to be outside the politics of memory ». (899) « His supposed neutrality is, in other 29

18 Voir « Les deux solitudes » (Lemay, 2017, p. 65–67).

19 Le contexte est une composante essentielle du document. Il n’a pas de sens en dehors de son contexte de création, de transmission, de lecture et d’exploitation. Le document est en ce sens plus que de l’information, c’est pourquoi le rôle de l’archiviste est nécessairement intellectuel et au-delà du rôle de conservateur de l’information, car il s’intéresse notamment à la transmission- préservation-exploitation de ces contextes.

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words, a fake. » (1068) Aussi, les archivistes postmodernes visent à dénaturaliser « what it has for generations, perhaps centuries, accepted as normal, natural, rational, proven » (Cook, 2001, p. 8, Archival Science) ainsi qu’à mettre en évidence la dimension du pouvoir qui est inévitablement liée à la mémoire. « [A]rchives are always political sites of contested memory and knowledge ». (858) En effet, historiquement, les exemples démontrent « that there is nothing neutral, objective, or “natural” about this process of remembering and forgetting. » (Cook, 2001, p. 9, Archival Science) Dans ce contexte, le « record », le document d’archives est loin d’apparaître « as an impartial, innocent by-product of action », c’est-à-dire un « empty vessel into which acts and facts are poured. » Il est plutôt vu comme « a mediated and ever-changing construction ». (Cook, 2001, p. 10, Archival Science) « Archivists, archival records, and users represent a plethora of viewpoints, which all contribute to the formation of common and individual understanding of archives and archival materials. » (428)

C’est donc dire que pour les archivistes postmodernes :

1) sous des dehors de neutralité et d’objectivité, les archives sont en fait le fruit d’un processus de construction de la réalité auquel l’archiviste participe ;

2) les archives ne sont jamais véritablement complètes puisque, en plus d’être mises en rapport avec d’autres documents dans les collections, elles sont susceptibles d’être réactivées selon les besoins des utilisateurs et ;

3) de par ce caractère en devenir, elles sont ouvertes à l’interprétation, sensibles aux contextes selon lesquelles elles sont interrogées et utilisées. (Lemay, 2015, p. 293)

En d’autres termes,

The existence of a document, its inscription into the archives and its location in relation to other documents all result from human choices influenced by specific political, economic, social or ideological contexts. In that sense, archives tell us more about the present than about the past. (1012)

Dans le premier cas, on souhaite rester centré sur l’objet, les archives, dont on prétend maintenir les caractéristiques traditionnelles en appelant à l’objectivité qui « ensure that archives and archivists resist politicization » (856) dans un contexte où la prise en charge des objets ne peut aller de pair qu’avec une assignation de sens, c’est-à-dire une prise de position : « les objets ne sont pas suffisants en eux-mêmes et doivent être validés, ne serait-ce que sur le plan imaginaire, par leur association avec des significations sociales et personnelles […]. » (Williams, 2009, La publicité, p. 84) Ce qui est décrit ici est la publicité dont la fonction est de transformer le produit de consommation en besoin humain, le consommateur en usager, par l’association de significations sociales

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à des objets qui, seuls n’ont pas de valeur en eux-mêmes. La publicité vend alors « la considération, la distinction, la santé, la beauté, le pouvoir de contrôler votre environnement. » (Williams, 2009, La publicité, p. 90)

Cette logique semble avoir quelque chose de commun avec celle dans laquelle s’inscrivent les archivistes. Ils fondent leur action sur les valeurs qu’ils assignent aux archives et qui correspondent aux valeurs dominantes : témoignage tant que les archives étaient essentiellement utilisées comme sources pour l’historien ; information au moment où apparaissaient les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) d’une part, les prétentions gouvernementales à répondre aux attentes citoyennes de transparence et de démocratie, d’autre part ; émotion aujourd’hui, alors que le capitalisme numérique a littéralement imposé de nouvelles valeurs (accès, expérience, créativité, fluidité, etc.) parmi lesquelles l’émotion n’est pas la moins importante.

Au Québec, l’évaluation des archives est devenue la fonction centrale de l’archivistique à la fin du 20e siècle, au moment même où les historiens

diversifiaient leurs sources, ne considéraient plus les archives comme l’alpha et l’oméga de leur discipline et en faisaient une critique remettant profondément en question leur légitimité. C’est aussi le moment où la masse des documents gouvernementaux issus de la bureaucratisation des décennies suivant la Deuxième Guerre mondiale entrait aux Archives alors que la rationalisation et l’austérité étaient à l’ordre du jour. C’est enfin le moment où les technologies numériques commençaient à prendre leur essor, mettant au cœur de tous les discours l’information et sa gestion. Cependant, là où la publicité assigne des valeurs à des produits de consommation pour les transformer en besoins, les archivistes semblent procéder à l’inverse : ils assignent des valeurs à des objets répondant à un besoin humain (s’inscrire dans le temps) pour les transformer en biens de consommation et ainsi transformer les usagers en consommateurs. Depuis une dizaine d’années, la diffusion, qui n’était cependant pas en reste depuis les années 1980 et le tournant néolibéral qui a imposé la programmation publique comme mode de gestion de la mise à disposition des archives (Lemay, 2017 ; Klein et Lemay, 2020), a pris le devant de la scène archivistique sous l’effet de plusieurs facteurs dont certainement la proximité d’une partie de l’archivistique avec la bibliothéconomie et les sciences de l’information, qui ont pour fonction essentielle la circulation de l’information plutôt que la conservation de documents. Cependant, ce que l’on constate (et qui reste à vérifier), c’est que le capitalisme numérique s’est imposé au monde des archives comme il s’est imposé ailleurs : ne semble pouvoir exister que ce qui est accessible en ligne, ce qui a pour conséquence que les projets de grande ampleur concernent essentiellement la « dématérialisation » et la numérisation qui tendent à absorber la majeure partie des budgets. L’accès et l’ouverture des archives sont devenus les maîtres-mots de l’archivistique comme ils sont ceux du numérique. C’est ici que l’on rejoint la seconde approche qui, bien que certains en voient bien les limites socio-économiques, considère le

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Deux approches 32

rique comme une opportunité de donner accès plus largement aux archives. La préoccupation pour les usagers est le centre névralgique du modèle capitaliste contemporain :

En permettant d’adapter intégralement les produits aux besoins spécifiques de chaque usager, [les innovations technologiques des années 1980 et 1990] ont obligé les entreprises à se placer du point de vue du client et à remonter en sens inverse toute la chaîne de la commercialisation et de la production, du consommateur final à l’atelier. Au lieu de fabriquer des objets en série et de chercher par la suite les marchés susceptibles de les recevoir, les fournisseurs collectent l’information sur les besoins spécifiques de leurs clients directement auprès d’eux et fournissent à la demande des produits personnalisés. (Rifkin, 2000, p. 141)

C’est dans cette perspective que l’on peut lire : « In the age of digital documents it is essential to be informed about user behaviour and uses of digital material to be able to provide tailored digital services. » (113) et que « […] libraries and archives are unable to accomplish their preservation missions if they do not satisfy user requirements by preserving materials in formats that enable the types of analyses that users wish to perform. » (114) Cependant, il s’agit moins de possibilités offertes par le numérique que de la nécessité de changer les pratiques pour tenter de s’adapter à une nouvelle forme de rapports sociaux où les personnes sont avant tout considérées comme des clients.

Les conditions de ce changement d’orientation sont un changement de la fonction même des archives : il ne s’agit plus de conserver des ensembles documentaires qui permettent de connaître le passé (quelle que soit la manière dont on envisage les modalités de constitution de ces ensembles et d’accès à cette connaissance), mais de faire circuler l’information pour répondre à des clientèles (la constitution d’ensembles documentaires et leur conservation semblent être réduites à l’état de corolaire de la diffusion).

Les archivistes cherchent donc, en théorie du moins, à connaître leurs clientèles, plutôt que les utilisateurs, pour leur offrir les services qui en permettront l’élargissement. En pratique, on sait que bien souvent le rapport aux usagers, tout comme l’ensemble des activités de diffusion, se traduit essentiellement par les statistiques que l’on retrouve dans les rapports annuels et qui n’apportent rien d’autre que des chiffres sans substance.

Au fond, les deux approches se trouvent, chacune à leur manière, en position contradictoire. La première, en revendiquant une approche fondée sur les objets ne peut trouver de place dans la société numérique puisque les valeurs qu’elle assigne aux archives (authenticité, fiabilité, intégrité, etc.) n’ont pas cours dans la société numérique plutôt avide d’émotion, d’expérience, de plasticité, de créativité, etc. La seconde approche revendique quant à elle une posture critique qui atteint rapidement ses limites. Elle est en effet

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essentiellement critique de la première approche, c’est-à-dire qu’elle pense souvent dans le vase clos de l’archivistique et positionne l’archiviste au centre de sa réflexion et des pratiques sans, la plupart du temps, interroger le contexte social lui-même. Finalement, critiques à l’égard de leurs pairs, les archivistes postmodernes s’inscrivent pleinement dans la nouvelle société capitaliste qui met l’individu considéré comme un client au cœur du système de mise en marché de la subjectivité elle-même, de l’expérience, de la culture, etc.

De ces deux approches, une proposition récente se démarque tout en se situant dans leur prolongement. Partant du constat que « [l]a sous-exploitation des archives n’est pas due à leur faible valeur, mais à leur manque de mise en mar-ché » (Cardin et Desîlets, 2018), cette nouvelle proposition vise à développer une approche marketing en archivistique. Il s’agit d’accorder la place centrale de la démarche au consommateur pour garantir qu’un produit sera acheté. On se situe là dans la lignée directe de ce que décrit Rifkin comme L’âge de l’accès ou capitalisme culturel : « [c]’est grâce à lui [le marketing] que le minerai brut des significations culturelles potentielles peut-être transformé […] en expériences standardisées disponibles sur le marché. » (Rifkin, 2000, p. 221) et c’est grâce à lui aussi que l’on passe de l’organisation scientifique de la production à « l’organi-sation scientifique de la consommation » (Rifkin, 2000, p. 136), ce qui semble être une voie envisagée par une certaine forme de pensée de l’exploitation des archives. « Le contrôle du consommateur a une signification bien précise : il s’agit de fixer son attention pour pouvoir gérer les détails les plus infimes de son expérience quotidienne. » (Rifkin, 2000, p. 136) Bien entendu, l’archivistique n’est pas en mesure de parvenir à ce degré de contrôle, cependant c’est bien la participation à cette économie de l’attention qui semble visée par l’idée d’appliquer le marketing à l’archivistique : idée tout à fait en harmonie avec l’époque donc.

Finalement, l’archivistique gagnerait à étudier davantage la société dans laquelle elle s’inscrit et dont elle est censée fournir une représentation pour l’avenir, si l’on veut bien considérer que telle est encore sa mission.

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« Archival activism is an outgrowth of postmodern archival theory, which discovers new meaning and significance in the power possessed by archives and archivists. » (1133) Un activisme archivistique qui prendra différentes formes.

First, an active archivist or active archiving describes an approach to archival practice which, rejecting professional advocacy of neutrality and passivity, acknowledges the role of the recordkeeper in “actively” participating in the creation, management and pluralization of archives and seeks to understand and guide the impact of that active role. Second

archiving activism describes an archivist or archival institution, whether

formal or independent, acting to collect and document political, social movement and other activist groups and campaigns. Archival activism describes activities in which archivists, frequently professionally trained and employed but not exclusively so, seek to campaign on issues such as access rights or participatory rights within records’ control systems or act to deploy their archival collections to support activist groups and social justice aims. Finally, activist archiving describes the processes in which those who self-identify primarily as activists engage in archival activity, not as a supplement to their activism but as an integral part of their social movement activism. (1070)

Le terme « alternatif » est aussi utilisé « to refer collectively to archival initiatives and approaches that have self-identified as “feminist,” “activist,” “community-based/grassroots,” “anti-colonial,” and “queer.” » (839) Des initiatives et approches qui ont plusieurs points en commun.

[T]hey are about resisting both dominant historical narratives (and particularly the erasure of certain struggles within these narratives) and the authoritative powers that construct, consolidate, and disseminate such narratives. Often there is also, on the part of those who are the subject of archives, an element of taking control over how the archives is constructed, where it is housed, who retains ownership, and who is granted access. (839)

En effet, ces initiatives découlent du fait que

Even in a “total archives” environment, such as exists in Canada, where state-sponsored institutions are responsible for the records created by governments as well as by individuals and organizations, and which

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are charged with the role of being the keepers of memory and identity for the entire nation, it is impossible for archives to reflect all aspects and elements of society. (203)

Et, par conséquent, « The records in the archives tell a very small part of a much larger and infinitely complex story. » (204) Sans compter que « The privileged objects of the archival profession have traditionally been paper records […]. Even images were subjected to this hierarchy: the metaphysical sublimation of text over image has been a lingering tendency within the archives. » (221) Les nouvelles formes d’archivage électronique vont permettre « “to the non- official actor the capability to choose the way in which traces and documents shall be formed into archives, whether at the level of the family, the neighborhood, the community or other sorts of groupings outside the demography of the state.” » (263) Ainsi, « Cette contribution constitue une forme d’archivistique engagée qui transforme le sens traditionnel des archives en rendant visibles des réalités qui sont trop longtemps demeurées étouffées ». (462)

De plus, dans l’environnement numérique il est possible de réunir « many different archives, organizations, and individuals via suites of web pages collaboratively built by organizations, communities, individuals, families, government and community archives, libraries, museums, art galleries, and historic sites. » (644)

Et pourquoi ne pas se risquer à imaginer un effort de collaboration, sous l’égide des institutions nationales, qui permettrait de créer un espace public où serait versé l’ensemble des collections numériques des institutions québécoises et canadiennes plutôt que se restreindre à des initiatives indépendantes, souvent trop limitées par rapport au potentiel d’utilisation qu’offrent ces technologies. […] Cette plateforme unique et interactive permettrait à l’internaute de vivre une véritable expérience de recherche et de découverte du patrimoine culturel que conservent ces institutions. (595)

L’exemple des peuples autochtones s’avère particulièrement significatif à ce titre. « Indigenous people were the subjects of the record and not the owners. They were seen as captives of the institutions that stored much information, knowledge and intellectual property of Indigenous people that have been recorded by anthropologists, archaeologists, researchers, ethno-botanists, government workers and many other third party users. » (952) La révolution numérique « has enabled Indigenous people to be the owners of cultural records held in their organisation’s office. » (953) En adoptant les nouvelles technologies de manière innovante, « Access to digital archives enables Aboriginal people to “own” their histories, to see their images and to know their stories. Digitization also helps communities use archives to produce products and provides opportunities for young people to build new cultural

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20 On peut cependant s’interroger sur le nombre d’archivistes autochtones et sur les rôles et places respectifs des personnes et des cultures autochtones et non-autochtones dans les projets documentaires. Autrement dit, c’est la question de la reconduite des rapports de domination sous d’autres formes qui se pose.

products. » (955) De la sorte, ils ont acquis une « autonomie archivistique20 »,

c’est-à-dire « the ability for individuals and communities to participate in societal memory, with their own voice, becoming participatory agents in recordkeeping and archiving for identity, memory and accountability purposes. » (1072)

Bien sûr, ces « community archives may not always conform to traditional archival expectations; they may contain material not traditionally considered archival, and they may be organized in ways that do not reflect archival ideas about arrangement and representation. » (829) Toutefois, elles constituent des « living archives, which operate as spaces of experimentation and collaboration in which emerge alternative archival practices. » (836) Elles peuvent « “alors être perçu[e]s comme des institutions archivistiques à part entière” ». (805) Malheureusement, même si

Postmodern and continuum ideas, coupled with new digital and social technologies, and Indigenous ways of knowing, open up exciting possibilities for pluralizing archival functionality, acknowledging parallel recordkeeping universes, or even realizing an archival multiverse, and building shared recordkeeping and archiving spaces that enable the co-existence of different and contested narratives. As yet, however, there is little evidence that these understandings are being translated into professional recordkeeping practice. (530)

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Tableau 1 : Opposition binaire (et variantes) 27

Références

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