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LEMAY ET AL Dépasser l’opposition

la justification sociale

LEMAY ET AL Dépasser l’opposition

il faut procéder différemment :

– L’on doit, en premier lieu, inverser le point de vue et considérer « that the central focus is on archives and archival ideas and the shifts in archival discourse, rather than on technology and the digital ». (848)63 À titre d’exemple, prenons le cas du Web 2.0 au sujet duquel

l’on s’entend généralement pour dire :

Les technologies du Web 2.0 qui favorisent la participation des utilisateurs à la mise en valeur des archives sont maintenant une chose commune et attendue de la part de ces derniers. […] Ainsi, l’archiviste n’est plus le seul à pouvoir interpréter les documents et, soudainement, cette nouvelle réalité vient bouleverser la chaîne du traitement traditionnel archivistique en donnant une importance plus forte que jamais à l’usager, qui relance le “pendule” et transmet une nouvelle énergie au mouvement, forçant ainsi toute la chaîne à réagir. (628)

– Il ne faut pas prendre l’effet pour la cause64. Les technologies ne font

que faciliter ce qui est le propre des archives, ce pourquoi ces traces d’activités sont conservées, c’est-à-dire leurs utlisations. Aussi changer de point de vue implique d’en faire autant par rapport à la discipline archivistique.

– En effet, comme nous l’avons fait valoir dans les Notes de recherche 2 (Lemay et al., 2019), c’est en fonction de l’exploitation, c’est-à-dire d’une approche qui vise à combler les lacunes des visions classique et postmoderne de l’archivistique qu’il faut considérer la question du numérique.

– Par conséquent, l’attention accordée au contexte de création des archives ne doit pas se faire au détriment d’une meilleure compréhension de leurs conditions d’utilisation65.

– Il est nécessaire également d’envisager la situation actuelle dans une optique de continuité plutôt que de rupture, à savoir que 65

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63 Oui, dans le numérique, l’outil est souvent une fin en soi (diffusion massive de documents décontextu- alisés, mise en place de sites web de diffusion inadéquats, catalogues en ligne obtus, etc.), alors qu’il devrait être soutenu par une réflexion, servir une intention.

64 Il faut cependant rester attentif au fait que : « Ce que nous prenons pour la neutralité de la technique n’est que notre neutralité vis-à-vis d’elle. Contrairement à ce que dit la propagande, elle ne dépend pas des usages qu’on en fait mais elle modifie profondément le milieu dans lequel elle se déploie et modèle les hommes qui l’utilisent. » (Charbonneau, cité dans Krief, 2020, p. 12)

Ou encore : « Les bons outils […] sont ceux qui augmentent l’autonomie de la personne en lui permettant de faire par elle-même davantage qu’elle ne pourrait accomplir sans eux. Les mauvais sont ceux qui détruisent l’autonomie parce qu’ils ne sont plus à la mesure de la personne – ni dans leur conception, ni dans leur fonction- nement, qui dépassent ce que l’utili- sateur est à même de se représenter, ni dans leurs produits, qui n’ont plus rien de commun avec les productions artisanales. » (Krief, 2020, p. 12) 65 C’est ici qu’on arrive au « dépas- sement de l’opposition ». C’est là que l’utilisation des archives apparaît comme un moment important dans la trajectoire des archives ; et l’utilisateur comme acteur des archives.

LEMAY ET AL.

Dépasser l’opposition

Dépasser l’opposition A rc hi vist iq ue e t n umér iq ue

Dépasser l’opposition 66

les changements engendrés pas le numérique s’inscrivent dans un long processus d’évolution sur le plan historique66.

L’ancêtre direct du document numérique est la carte perforée, dont la première version a vu le jour dans les années 1800. Les cartes ont été entre autres employées pour gérer les données tirées des recensements aux États-Unis. Elles ont été utilisées de manière sporadique jusque dans les années 1960–1970, moment où elles revinrent en force avec l’utilisation des ordinateurs. (555)

– Enfin,

Si les archives sont une représentation, alors on devrait

les penser comme telle, donc à partir des théories esthétiques plutôt qu’à partir de théories liées à l’écriture de l’histoire comme je le fais généralement (l’histoire comme récit est une piste à ne pas lâcher, mais peut-être pas la plus féconde en ce moment). Le numérique génère des images (théories de la communication fondées justement sur les questions esthétiques de représentation), l’écran donne une représentation de quelque chose qui n’existe qu’à l’état virtuel et ce qui apparaît à l’écran devient une nouvelle forme, « un compact réel / virtuel » comme je le lisais hier. En liant « archives comme représentation » et « numérique comme représentation », je pense qu’on devrait aboutir à une nouvelle compréhension des archives dans la société numérique : quelque chose qui tient davantage de la mémoire, en effet, que d’une histoire factuelle.

La mémoire ayant une efficacité, ça ne contrevient pas absolument à l’idée des archives comme preuve ou témoignage, mais la plasticité de la mémoire pourrait être réellement mise à profit pour penser la fluidité des archives numériques ou dans le numérique (plasticité tant des objets à archiver : base de données, documents structurés, etc., que de la notion même d’archive(s) qui recouvre des acceptations de plus en plus variées)67.

Il me semble que le schéma sur les temporalités pourrait tout à fait décrire le fonctionnement du numérique : production de contenus, restitution sous forme de représentations qui sont ensuite actualisées en permanence.

~

66 Ce que l’on appelle le « progrès » compris comme foi en l’avenir, comme amélioration constante et infinie. Le progrès technique depuis la fin du 18e siècle n’est finalement que

l’extension du capitalisme industriel, de ses exigences de performance et de productivité, à l’ensemble des sphères de la vie : « Ainsi, l’outil est devenu le centre de nos vies sans que jamais le moindre questionnement sur la pertinence de son utilité à l’amélioration du bien-être commun ne soit débattu. » (Krief, 2020, p. 15) 67 Un autre dépassement serait aussi de considérer la pluralité des archives : ce ne sont pas des objets fixes, mais complexes, par leur nature, leur condition d’existence, leur contexte de création, de conservation et d’utilisation, etc. À creuser ?

67 67

« [L]es archives se présentent désormais comme l’exemple

même de l’objet culturel qui n’est que secondairement le produit

d’une mise en forme professionnelle, mais principalement

le résultat de mécanismes de co-constructions sociétales mettant

en jeu des interactions complexes entre des acteurs multiples

dans une dynamique sociale obéissant à des temporalités

asynchrones. » (948)

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68 Et le numérique accentue cela en rendant la lecture et l’utilisation comme constitutifs du document lui-même, cela met en perspective que celui-ci est avant tout un objet technique qui s’inscrit dans des contextes d’usages humains ; et par extension, infirme que la chaîne des opérations est secondaire dans la mise en archives.

perçu ( des travaux

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