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Etude réflexive du projet sur l'alimentation ovine du Parc Naturel Régional de la Martinique

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Academic year: 2021

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Etude réflexive du projet sur l’alimentation ovine du

Parc Naturel Régional de la Martinique

Joséphine Louise Agristola

To cite this version:

Joséphine Louise Agristola. Etude réflexive du projet sur l’alimentation ovine du Parc Naturel Régional de la Martinique : Mémoire de fin d’études. [Stage] Unité de Recherches Zootechniques (URZ); ISTOM Ecole Supérieure d’Agro-Développement International. 2016. �hal-02958199�

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Agristola Joséphine, Louise

Promotion n°102

Stage effectué à Schoelcher, Martinique du 04/04/16 au 30/09/16 au sein de : Unité de Recherches Zootechniques INRA Antilles Guyane Maître de stage : Alexandre Gisèle Tuteur pédagogique : Costera Pastor Adrian

ISTOM

Ecole Supérieure d’Agro-Développement International

32, boulevard du Port F. - 95094 - Cergy-Pontoise Cedex Tél. : 01 30 75 62 60 Télécopie : 01 30 75 62 61istom@istom.net

Etude réflexive du projet sur l’alimentation

ovine du Parc Naturel Régional de la

Martinique

(3)

Agristola Joséphine, Louise

Promotion n°102

Stage effectué à Schoelcher, Martinique du 04/04/16 au 30/09/16 au sein de : Unité de Recherches Zootechniques INRA Antilles Guyane Maître de stage : Alexandre, Gisèle Tuteur pédagogique : Costera Pastor Adrian

ISTOM

Ecole Supérieure d’Agro-Développement International

32, boulevard du Port F. - 95094 - Cergy-Pontoise Cedex Tél. : 01 30 75 62 60 Télécopie : 01 30 75 62 61istom@istom.net

Etude réflexive du projet sur l’alimentation

ovine du Parc Naturel Régional de la

Martinique

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Résumé et mots clés

Le programme expérimental sur l’alimentation ovine lancé par le Parc Naturel Régional de la Martinique (PNRM) s’inscrit dans une démarche de soutien de la production d’agneaux sous la marque « Parc ». Cette marque a été créée par le PNRM pour la valorisation de la race Ovin Martinik et le développement de la filière ovine martiniquaise actuellement en déclin. L’Institut National de la Recherche Agronomique aux Antilles (INRA) est en charge de la recherche d’accompagnement sur ce projet. Celui-ci met en œuvre toutes ses compétences et connaissances scientifiques au service des éleveurs ovins afin de valoriser les ressources fourragères locales. Ces dernières peuvent entrer dans la ration alimentaire des animaux et ainsi diminuer le coût de l’alimentation. Malgré les objectifs favorables de cette démarche, le projet est actuellement en cours de stagnation. Il connaît des difficultés au niveau expérimental et la motivation des acteurs n’est plus si évidente. La présente étude a pour finalité l’évaluation et l’analyse par une démarche réflexive des obstacles auxquels fait face le projet et l’émission de recommandations. Cette analyse passe par une étude approfondie des actions de toutes les parties prenantes du projet ainsi que par la réalisation d’enquêtes semi-directives. Les résultats mettent en évidence une nette divergence des intérêts des acteurs qui ralentit les actions de terrain de l’expérimentation. Cette étude met à disposition du PNRM des voies d’amélioration à étudier sur le déroulement du projet spécifique sur l’alimentation ovine et également sur la marque Parc tout en restant dans une dimension de développement de toute la filière ovine.

Mots clés : Programme expérimental, marque « Parc », alimentation ovine, race ovin Martinik, ressources fourragères locales, démarche réflexive, filière ovin martiniquaise, recherche scientifique

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Abstract

The experimental program on sheep food launched by the “Parc Naturel Régional de la Martinique” (PNRM) takes part in a support approach of the lamb under Parc mark production. This mark has been created by the PNRM for the valorization of the Ovin Martinik race and the development of the Martinique sheep sector that is currently in decline. The National Institute of Agronomic Research (INRA) is in charge of accompanying research on this project. This applies all his competencies and his scientific knowledge at the ovine farmers’ service to valorize the local fodder resources that can enter in the animals’ dietary ration and to reduce the food cost. Despite the positive objectives of this approach, the project is currently in process of stagnancy. It knows difficulties at the experimental level and the actors’ motivation is not so evident now. The present study has for goal the evaluation and the analysis by a reflexive approach of the obstacles about which the project has to face and the emission of recommendations. This analysis passes by a more extensive study of the actions of all the stakeholders of the project and by the realization of a half-directive survey. The results highlight a clear divergence between the actors’ interests that slows down the ground actions of experimentation. This study provides to the PNRM ways of improvement to study on the continuity of the specific project on ovine alimentation and on the Parc mark staying in a dimension of development of the entire ovine sector.

Key words: Experimental program, Parc mark, ovine alimentation, Ovin Martinik race, local fodder resources, reflexive approach, Martinic ovine sector, scientific research

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Resumen

El programa sobre la alimentación de las ovejas creada por el Parc Naturel Régional de la Martinique (PNRM) está inscrito en un trámite de apoyo de la producción de cordero de marca “Parc”, marca creado por el PNRM para la valorización de la raza Ovin Martinik y el desarrollo del sector ovino martiniqués actualmente en decadencia. El Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) está en cargo de la búsqueda de acompañamiento en este proyecto. Este pone en marcha todas sus competencias y su conocimiento científico al servicio de los criadores ovinos para valorizar los recursos forrajeros locales que pueden entrar en la ración alimentaria de los animales y disminuir el coste de la alimentación. A pesar de los objetivos favorables de este trámite, el proyecto está actualmente estancado. Conoce dificultades al nivel experimental y la motivación de los actores no es tan evidente ya. Este estudio tiene por finalidad la evaluación y el análisis por un método reflexivo de los obstáculos a los cuales el proyecto hace frente y la emisión de recomendaciones. Este análisis pasa por un estudio más profundo de las acciones de todos los actores del proyecto y por la realización de sondeos medio directivos. Los resultados muestran una clara divergencia de los intereses de los actores que ralentizan las acciones de terreno para la experimentación. Este estudio pone a disposición del PNRM vías de mejoramiento que estudiar sobre el desarrollo del proyecto sobre la alimentación ovina y también sobre la marca Parc quedándose en una dimensión de desarrollo de todo el sector ovino.

Palabras claves: Programa experimental, marca “Parc”, alimentación ovina, raza Ovin Martinik, recursos forrajeros locales, método reflexivo, sector ovino martiniqués, búsqueda científica

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Table des matières

Résumé et mots clés ... 3

La table des illustrations ... 8

Figures ... 8

Tableaux ... 8

La liste des abréviations et des sigles ... 10

Remerciements ... 11

Introduction ... 12

I. Le contexte martiniquais ... 13

I.1. La Martinique : des paysages contrastés favorables à l’élevage ovin ... 13

I.1.1. Du Nord au Sud, le contraste des terroirs ... 13

I.1.2. Représentativité de l’élevage ovin sur le territoire martiniquais ... 16

I.2. La filière ovine, une filière en développement ... 17

I.2.1. Production et développement de la filière au niveau local ... 17

I.2.2. Evolution de la consommation de la viande ovine ... 19

I.3. Caractéristique de l’élevage ovin martiniquais ... 20

I.3.1. Caractéristiques des exploitations et pratiques au niveau de la conduite d’élevage 20 I.3.2. La culture fourragère en Martinique : pratiques et espèces cultivées ... 21

I.3.3. Utilisation de concentrés dans l’alimentation ... 22

I.3.4. Atouts et contraintes du système d’élevage ovin martiniquais ... 24

I.4. Valorisation de la production locale par la création d’une race martiniquaise ... 25

I.4.1. Historique de la création de la race ovin Martinik et évolution des travaux en génétique ... 25

I.4.2. Caractéristiques et performances de la race... 27

I.4.3. Qualité de la viande ... 27

I.4.4. Expansion de la race ... 29

II. Initiative de valorisation de la production locale par le Parc Naturel de la Martinique : Un projet controversé qui connaît des difficultés ... 30

II.1. Création de la Marque Parc sur l’agneau martiniquais : historique et étapes ... 30

II.1.1. Charte du produit et processus de production ... 30

(8)

II.2.2. Objectifs spécifiques du projet ... 37

II.2.3. Exploitation des parcelles expérimentales et expérimentation en fermes au cours du stage ... 37

II.2.4. Résultats des expérimentations ... 46

II.3. Difficultés de l’évolution du projet ... 48

II.3.1. Problèmes d’application et stagnation des expérimentations ... 48

II.3.2. Désaccords et intérêts divergents des acteurs du projet ... 50

III. Analyse réflexive sur le projet du PNRM sur l’alimentation ovine ... 51

III.1.Démarche de l’analyse réflexive sur le projet ... 51

III.1.1. Objectifs spécifiques de l’étude ... 51

III.1.2. Méthodologie d’analyse réflexive : observation de terrain et réalisation d’enquêtes semi-directives ... 52

III.1.3. Evaluation des relations entre les acteurs : Méthodologie de Context Chart de Miles et Huberman ... 56

III.2. Résultats de l’analyse réflexive du projet ... 56

III.2.1. Caractéristiques des exploitations d’éleveurs ovins... 56

III.2.2. Intérêt des acteurs pour le projet ... 59

III.2.3. Intérêt de la marque Parc ... 63

III.2.4. Relations entre les acteurs ... 68

IV. Discussion générale du projet du PNRM sur l’agneau marqué et voies d’amélioration ... 70

IV.1. Les exploitations, grandes ressources inexploitées pour l’expérimentation ... 70

IV.2. Divergence d’intérêts sur la phase expérimentale du projet ... 71

IV.3. Un projet autour duquel les acteurs ne sont pas soudés ... 72

IV.4. L’intérêt mitigé de la marque Parc ... 73

IV.5. Recommandations ... 74

Conclusion ... 80

Bibliographie ... 82

Annexes ... 86

(9)

La table des illustrations

Figures

Figure 1: Carte topographique de la Martinique (National Aeronotics ans Space

Administration, 2016) ... 14

Figure 2: Diagramme onbrothermique du Lamentin en Martinique (Météo France, 2014) .... 14

Figure 3:Carte de la répartition de la pluviométrie en Martinique entre 1981 et 2010 (Météo France, 2014) ... 15

Figure 4:Carte de la répartition des exploitations ovines en Martinique en 2010 (Agreste, 2010) ... 16

Figure 5: Sphère d’influence des parties prenantes du projet ... 34

Figure 6: Vue aérienne des parcelles expérimentales de Saint Anne ... 39

Figure 7: Schéma de l’assolement de la parcelle expérimentale 1 de Sainte Anne ... 39

Figure 8: Graphique de l’évolution du poids moyen par lot durant l’expérimentation ... 47

Figure 9: Cycle de l’analyse réflexive (Boutin et al., 2016) ... 52

Figure 10: Typologie de l’intérêt des acteurs pour le projet sur l’alimentation ovine du PNRM en fonction du type de bénéfice des acteurs (personnel ou collectif) et de l’apport du PNRM (physique ou théorique) ... 63

Figure 11: Niveau d’information sur la marque Parc ... 65

Figure 12: Typologie de l’intérêt pour la marque Parc.………..………..………67

Figure 13 : Context Chart du projet Marque Parc au sein de la filière ovine………...68

Figure 14 : Context Chart du projet sur l’alimentation ovine du PNRM……...…….……….69

Tableaux

Tableau 1: Atouts et contraintes des élevages ovins en Martinique classés par ordre d’importance (Madassamy et al., 2012) ... 25

Tableau 2: Critères de qualité physico-chimique de la viande d’Ovin Martinik en fonction du mode d’alimentation des animaux (Regina et al., 2007) ... 28

Tableau 3: Travaux réalisés sur la parcelle du LEGTA de Croix Rivail ... 38

Tableau 4: Présentation des travaux réalisés sur les parcelles expérimentales au cours du stage ... 40

Tableau 5: Surfaces prévues des espèces végétales à planter sur la parcelle 1 ... 40

Tableau 6: Comparaison du rendement moyen en Vigna unguiculata et en Brachiaria humidicola obtenu avec les données bibliographiques ... 41

Tableau 7: Pourcentages de Matière sèche et de Matière Azotée Totale (Feedipedia, 2016) .. 43

(10)

Tableau 11: Pratiques d’élevage des éleveurs ovins interrogés ... 58

Tableau 12:Répartition du temps de travail sur l’exploitation ... 58

Tableau 13: Résultats des réponses sur l’avis des acteurs sur le projet ... 60

Tableau 14: Avis sur la marque Parc ... 64

Tableau 15: Type de connaissance de la marque Parc ... 64

Tableau 16: Avantages et inconvénients conférés par la marque Parc ... 66

Tableau 17: Recommandations pour la gestion des parcelles expérimentales ... 76

Tableau 18: Recommandations pour la gestion des expérimentations chez les éleveurs ... 77

Tableau 19: Recommandations pour l’amélioration du produit viande d’agneau marqué ... 78

(11)

La liste des abréviations et des sigles

AMIV CEMAGREF DOM EA EARL EDE GMQ IKARE INRA MS MAT OGM OMK PARM PNRM PV RFID RMS SAU SCACOM SEA SECI SIA UGB UPRA URZ USOM cm g ha kg km t %

Association Martiniquaise Interprofessionnelle de la viande et du bétail Centre d’Etude du Machinisme Agricole et du Génie Rural des Eaux et des Forêts

Département d’Outre Mer Exploitations agricoles

Exploitation Agricole à Responsabilité Limitée Etablissement Départemental de l’Elevage Gain Moyen Quotidien

Institut Karibéen et Amazonien de l’élevage Institut National de la Recherche Agronomique Matière Sèche

Matière Azotée Totale

Organisme Génétiquement Modifié Ovin Martinik

Pôle Agroalimentaire Régional de la Martinique Parc Naturel Régional de la Martinique

Poids Vif

Radio Fréquence Identification Ruralité MultiService

Surface Agricole Utile

Société Coopérative Agricole des Caprins et Ovins de la Martinique Station Expérimentale Agro-écologique

Station d’Essais en Cultures Irriguées Salon International de l’Agriculture Unité Gros Bovin

Unité Nationale de Sélection et de Promotion de Race Unité de Recherches Zootechniques

Unité de Sélection des Ovins Martinik Centimètre Euro Gramme Hectare Kilogramme Kilomètre Mètre carré Tonne Pourcent

(12)

Remerciements

Je tiens à remercier tout d’abord Madame Alexandre, chercheuse de l’INRA travaillant sur le projet sur l’alimentation ovine du Parc Naturel Régional de la Martinique et également ma maître de stage, pour m’avoir permis de réaliser ce stage dans le domaine de la production animale que j’affectionne particulièrement et pour son encadrement au cours du stage.

Je remercie également Monsieur Costera Pastor, mon tuteur pour m’avoir guidé et conseillé pendant toute la durée du stage pour la réalisation de ce mémoire.

Merci à Mr Lof , chargé du projet « fourrages-moutons » et à toute l’équipe du PNRM pour m’avoir accueillie chaleureusement dans ce nouvel environnement de travail. Merci à Madame Servier de Ruralités Multiservices pour m’avoir accompagnée et encadrée sur le terrain en Martinique.

Je remercie tous les éleveurs marqués, les éleveurs non marqués, les institutions ainsi que les restaurateurs et consommateurs pour leur accueil sur leur lieu de travail, pour leurs cadeaux ainsi que pour le temps et la patience qu’ils m’ont accordé lors des enquêtes.

Je remercie Madame Close, Monsieur Moquet Torcy et Monsieur Marie Louise de m’avoir permis de réaliser des expérimentations et de constater la réalité de terrain et les difficultés quotidiennes de la vie d’agriculteur.

Et surtout je remercie ma mère pour son soutien à sa manière tout au long de mes études et sans qui tout cela n’aurait été possible.

Ce projet de stage n’a pu voir le jour que grâce au soutien financier du PNRM dans le cadre de la convention PNRM-INRA suivante : Contrat de partenariat n°PA 13 DDLF 16.

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Introduction

La Martinique ou Matinik en créole martiniquais est une île des petites Antilles faisant partie des départements français d’Outre-Mer (DOM).Elle possède de nombreux atouts de par sa position stratégique au sein de la Caraïbe et ses infrastructures portuaires favorables aux échanges ainsi que la richesse de ses paysages et la clémence de son climat qui font d’elle une source immense de richesses. Cependant elle peine à valoriser ces atouts et notamment dans le domaine agricole qui connaît aujourd’hui certaines difficultés. En effet, le secteur de l’agriculture reste peu valorisé sur l’île car il ne représente que 4% du PIB régional contre 82% pour le secteur majoritaire qui est le secteur tertiaire (Galan et al., 2008).

L’agriculture martiniquaise d’aujourd’hui conserve les traces de son histoire coloniale. Elle reste peu diversifiée et basée sur la production bananière traditionnellement destinée à l’export (56,3% en 2005), de canne à sucre (5% en 2005) pour l’industrie sucrière et la fabrication de rhum et le maraîchage (16,7% en 2005) (Galan et al., 2008). L’élevage quant à lui est peu représentatif avec moins de 15% de la production agricole totale (Galan et al., 2008) avec majoritairement de l’élevage de ruminants. Cette difficile implantation de l’élevage s’explique par différentes raisons. Tout d’abord par la diversité des territoires agricoles qui favorisent plus ou moins le développement de structures d’élevages. Nous verrons que les terres sont prioritairement destinées à la culture de bananes et que les zones d’élevage sont le plus souvent celles qui sont difficilement exploitables au niveau climatique ou topographique pour cette production. L’élevage doit également faire face à la diminution de la Surface Agricole Utile (SAU) due à l’expansion urbaine (Saffache et al., 2005). La SAU a diminué de 30% en 20 ans (ce manque de foncier est le principal facteur limitant à l’installation ou au développement des exploitations agricoles d’autant plus que l’élevage de ruminants nécessite une grande surface herbeuse pouvant combler les besoins alimentaires des troupeaux. Cela est dû principalement à un phénomène de mitage des espaces ruraux qui progresse considérablement ainsi qu’à la flambée des prix du foncier (Saffache et al., 2005). L’élevage ovin est en plein cœur de cette problématique. La filière ovine destinée uniquement à la production de viande connaît également un déclin d’autant plus que c’est une viande qui se consomme de moins en moins de par son goût particulier et son prix élevé et dont la consommation a un aspect culturel et saisonnier. L’élevage ovin doit donc s’adapter afin de faire face à cette tendance en progression.

Au niveau régional, la Martinique a décidé d’agir en adoptant des stratégies de développement de cette filière. Certains organismes se sont unis pour valoriser la production locale de viande ovine. Cela a débuté notamment avec la création d’une race martiniquaise,

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d’agneau appelée la Marque Parc. De nombreuses études et recherches ont été menées sur différents aspects de l’élevage ovin comme par exemple sur l’alimentation.

Le PNRM a lancé son projet expérimental sur l’alimentation ovine en 2012 en partenariat avec l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), institut en charge des expérimentations, dans le but de valoriser la production fourragère locale et de diminuer l’utilisation des aliments concentrés du commerce dans l’alimentation des troupeaux ovins produisant des agneaux de marque Parc (PNRM, 2016). Cette initiative ancrée dans les tendances et préoccupations actuelles des consommateurs de « manger sain et local » et ayant pour finalité l’amélioration du revenu des éleveurs connaît pourtant depuis son commencement un retard démesuré dus aux nombreux obstacles auxquels il a dû faire face et à la démotivation de ses parties prenantes (Alexandre, 2014).

Actuellement l’objectif de l’INRA est d’analyser et de comprendre les éléments à la base de la stagnation du projet et d’émettre des solutions pour qu’il puisse continuer à avancer jusqu’à aboutir. Il s’agit de l’objectif de stage qui m’a été confié.

Ce mémoire témoigne du travail effectué et se structure de la manière suivante : dans un premier temps, le contexte martiniquais dans lequel s’inscrit la filière ovine est décrit. Dans un second temps sera présenté l’initiative du Parc de valorisation de la production ovine locale par le biais de son projet de marquage ainsi que son étude sur l’alimentation. C’est dans cette partie que seront évoquées les difficultés auxquelles fait face le projet. Ensuite nous étudierons l’approche méthodologique employée au cours du stage dans le but d’obtenir des solutions envisageables ainsi que les résultats de cette étude. Et enfin, sera élaborée une discussion autour des résultats obtenus et des recommandations à mettre en place sur ce projet du PNRM.

I.

Le contexte martiniquais

I.1. La Martinique : des paysages contrastés favorables à l’élevage ovin

I.1.1. Du Nord au Sud, le contraste des terroirs

Au niveau de sa topographie, la Martinique est une île volcanique d’une superficie de 1128 km² au relief très variant du Nord au Sud. Au Nord, on observe généralement un relief montagneux et pentu (figure 1) du fait de la présence de la montagne Pelée, volcan qui culmine à 1397m d’altitude et qui a laissé place par ses multiples éruptions dont la dernière remonte aux années 30, à un paysage très accidenté (PNRM, 2016).

En allant plus au Sud de l’île, la topographie varie totalement avec un relief de petits mornes et de plaines alluviales à l’embouchure des rivières (Galan et al., 2008).

Dans la zone Centre-Ouest de l’île, au niveau des villes de Ducos et du Lamentin, on observe une zone de plaine à très faible altitude proche du niveau de la mer.

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Figure 1: Carte topographique de la Martinique (National Aeronotics ans Space Administration, 2016)

Le climat martiniquais est caractéristique d’un climat tropical humide. Au cours de l’année, on peut distinguer deux saisons principales qui diffèrent selon les précipitations.

Figure 2: Diagramme onbrothermique du Lamentin en Martinique (Météo France, 2014)

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L’hivernage est la saison humide ou saison cyclonique qui s’étend de Juin à Octobre. Pendant cette saison, les pluies sont très abondantes (jusqu’à 279mm par mois, figure 2) et le climat est chaud (Galan et al., 2008). Entre ces deux saisons, des périodes de transition sont observées.

Le climat varie également du Nord au Sud de l’île en fonction du relief (figure 3). Au Nord on observe une pluviométrie beaucoup plus importante qu’au Sud, ce qui explique la sècheresse de cette zone pendant la Carême.

Figure 3:Carte de la répartition de la pluviométrie en Martinique entre 1981 et 2010 (Météo France, 2014)

Au niveau de la température, il y a peu de variations au cours de l’année. Les températures augmentent très légèrement pendant l’hivernage (d’un ou deux degrés) mais restent comprises entre 21,8°C (température moyenne minimale) et 31,2°C (température moyenne maximale) (Météo France, 2014).

Au niveau pédologique, on observe différents types de sols mais ils sont majoritairement répartis de cette manière : des vertisols (sols argileux) au Sud et des sols plutôt siliceux et légers au Nord (Galan et al., 2008).

Cette différence d’altitude et l’abondance des précipitations au niveau de la montagne Pelée laisse place à un paysage et une végétation étagée et florissante. L’herbe y pousse sans contraintes toute l’année. Au contraire, les paysages du Sud de l’île sont plutôt caractérisés par de grandes plaines parfois vallonnées et dont les prairies connaissent la sécheresse notamment pendant le Carême.

(17)

I.1.2. Représentativité de l’élevage ovin sur le territoire martiniquais

Par la rudesse de certains paysages, les agriculteurs martiniquais ont dû s’adapter et faire des choix de production afin de valoriser leurs terres. On observe sur la carte de la figure 4, la répartition des élevages ovins. Ceux-ci se trouvent en majorité au Nord-Ouest de l’île aux alentours des villes de Saint-Pierre et du Prêcheur ainsi qu’au Sud de l’île. En effet, les zones pentues difficilement accessibles par les machines au Nord sont des zones facilement valorisables par le pâturage de petits ruminants, d’autant plus que cette région ne connaît aucun déficit hydrique et que l’herbe y est abondante toute l’année. Le Sud de l’île est la zone où l’on trouve la majorité du cheptel de petits ruminants mais également les deux tiers du cheptel bovin (Galan et al., 2008). Contrairement au Nord, il connaît régulièrement la sécheresse durant le Carême et les grandes cultures de bananes, cannes à sucre ou autres sont rendues impossibles sans l’irrigation à laquelle tous les agriculteurs ne peuvent financièrement avoir accès. Ces grandes plaines vallonnées sont donc également facilement valorisables par l’élevage. Le passage des machines est possible et permet de réaliser des stocks d’herbes pour les bêtes quand le climat est encore clément.

Figure 4:Carte de la répartition des exploitations ovines en Martinique en 2010 (Agreste, 2010)

(18)

En 2011, le cheptel ovin était constitué de 11597 têtes. Celui-ci a considérablement diminué car en 2013 il n’était plus qu’à 10 093 têtes, soit une diminution de 13% (Agreste, 2014). Cette baisse de l’effectif ovin martiniquais met en évidence les difficultés rencontrées par la filière qui sont traitées dans les paragraphes suivants.

I.2. La filière ovine, une filière en développement

I.2.1. Production et développement de la filière au niveau local

Au niveau mondial, l’élevage ovin est utile à la production de divers produits comme la viande, le lait, la laine ou le cuir. En Martinique, l’élevage ovin est exclusivement destiné à la production de viande. La production de viande ovine est infime par rapport aux autres viandes et ne représente que 4% contre 39% pour la production de volaille, 30% pour la production bovine et 26% pour la production porcine (Galan et al., 2008).

Le cheptel martiniquais est loin d’être capable d’assurer l’approvisionnement en viande de la population martiniquaise qui dépend des importations majoritairement sous forme congelée et en provenance d’Europe. L’offre ne répond pas à la demande. En 2013, la production locale était de 58 tonnes de viande ovine et les importations de 1163 tonnes. Le taux de couverture du marché local n’était que de 5% (Chambre d’agriculture de Martinique, 2016). Ces chiffres ne prennent en compte que la production contrôlée qui ne s’estime seulement qu’à 40% de la production totale (Galan et al., 2008). Il existe toujours une part de la production qui reste non contrôlée et qui est difficilement quantifiable. On qualifie de production non contrôlée, les productions qui ne passent pas les circuits d’abattages, et de commercialisation conventionnels.

Depuis quelques années, on assiste à une décroissance de l’effectif ovin du cheptel martiniquais ce qui se ressent au niveau de la production de viande. Le cheptel a diminué de 13% et la production de viande de 3,3% entre 2011 et 2013 (60 tonnes de viande produite en 2011 contre 58 tonnes en 2013). Cette baisse est due à la baisse de la consommation en viande ovine (Chambre d’agriculture de la Martinique, 2016) mais également à la difficulté des éleveurs ovins à produire du fait de la sécheresse de plus en plus ressentie (à cause du changement climatique) et au déclin de la coopérative ovine.

Afin de mieux connaître la production ovine locale en Martinique, il est opportun de s’intéresser à la manière dont est structurée la filière :

En amont se trouve Martinique Nutrition Animale. C’est la seule entreprise productrice d’aliment concentré de l’île. Elle fournit 90% de l’approvisionnement en aliment. Le reste est importé directement de France (MNA, 2016).

En aval de la filière, l’abattoir départemental se charge de l’abattage et la découpe des carcasses ovines et caprines, porcines, bovines et équines avec ses trois chaînes d’abattages. En 2015, il a réalisé l’abattage de 4051 ovins pour une production de 60883,5 kg.

(19)

Il est l’unique abattoir de Martinique pour les ruminants et porcs car la production est faible et deux jours par semaine suffisent à abattre les carcasses.

Afin d’améliorer la gestion de leur production et maximiser le profit, les éleveurs peuvent adhérer à des groupements d’éleveurs tels que les coopératives. La Société Coopérative Agricole des Caprins et Ovins de Martinique (SCACOM) est la seule coopérative de petits ruminants de Martinique. Elle compte cette année 110 adhérents. Elle agit dans plusieurs domaines, notamment :

- le conseil et l’accompagnement technique et sanitaire des éleveurs - l’organisation de formations permettant aux éleveurs de s’orienter - la collecte et la vente des bêtes

- l’aide au niveau législatif et administratif des éleveurs et pour la perception des aides financières et subventions

- la vente de matériel, d’aliments et de produits sanitaires.

La coopérative permet donc en organisant la mise sur le marché des produits de ses adhérents de leur assurer un revenu.

Les agriculteurs peuvent également obtenir l’appui d’autres acteurs de la filière comme la Chambre d’agriculture. Elle assure également l’encadrement technique des éleveurs en leur fournissant conseils et formations. Elle s’occupe également de la gestion l’immatriculation des entreprises agricoles et de l’identification des cheptels et de bien d’autres actions pour survenir aux besoins des agriculteurs (SCACOM, 2016).

L’Association Martiniquaise Interprofessionnelle de la viande et du bétail (AMIV) a pour objectif le développement de la filière de la viande et de l’élevage en organisant des expertises, des formations et toutes sortes d’événements afin de valoriser la production locale de viande. Elle s’occupe de la mise en relation des acteurs de la filière (AMIV, 2016).

L’USOM est l’Unité de Sélection de la race Ovin Martinik qui s’occupe du développement et de la promotion de la race. Ses adhérents sont des éleveurs qui s’engagent en tant que multiplicateurs (fournisseurs d’agnelles de sélection) ou multiplicateurs et sélectionneurs (fournisseur de béliers reproducteurs de sélection) de l’Ovin Martinik (OMK). L’USOM réalise des contrôles de performances et le marquage des bêtes de sélection selon une grille de critères caractéristiques de la race (USOM, 2016).

La commercialisation de la viande ovine locale se fait par vente directe à des particuliers, à des artisans bouchers ou encore dans les grandes et moyennes surfaces. La totalité de la viande produite par abattage non contrôlé est autoconsommée ou vendue à des particuliers. Cela représente les 60% de la production. 26,5% de la viande est commercialisée par la SCACOM à 70% aux boucheries artisanales et 30% aux grandes surfaces.

La viande importée quant à elle est distribuée majoritairement en grandes surfaces puis pour la restauration et enfin la boucherie (Galan et al., 2008).

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La viande suit maintenant le système Radio Fréquence Identification (RFID) qui oblige à une traçabilité irréprochable de la viande via des codes barres en suivant les bêtes de leur naissance jusqu’à leur commercialisation.

I.2.2. Evolution de la consommation de la viande ovine

La population martiniquaise consomme en moyenne 67 kg de viande/habitant/an. C’est beaucoup moins qu’en France métropolitaine où la consommation est de 90kg/habitant/an. La consommation de viande ovine ne représente que 6% de la consommation totale des viandes en Martinique (Galan et al., 2008). Cela s’explique par le fait que c’est une viande chère et qui a un caractère culturel car elle est généralement consommée de façon saisonnière lors de festivités comme les mariages, les fêtes de Pâques, de Noël ou de l’Aïd. De plus la consommation de viande en général et la consommation de viande ovine ont diminué d’où la baisse de la production et des importations. Ce phénomène est la conséquence de la baisse du pouvoir d’achat des ménages.

En effet, la croissante tendance est à privilégier d’autres dépenses au détriment de l’alimentation et de favoriser l’achat de viandes moins chères comme la viande de volaille dont la consommation et la production connaissent une hausse considérable (950 tonnes de viandes de volaille produite en 2010 contre 1090 tonnes produites en 2011) (INSEE, 2012). Les Martiniquais commencent également à être sensibles à la tendance actuelle qui se développe en Europe de consommer des aliments plus sains et locaux. Une certaine part des consommateurs préfèrent diminuer la quantité de viande qu’ils achètent pour pouvoir acheter de la viande de qualité ou locale dont le prix est plus conséquent.

Selon la grille tarifaire de la SCACOM, le prix de la viande d’agneau était en 2007 à 9,6€/kg de carcasse contre 9,3€/kg en 2013. On remarque donc une baisse du prix de la viande en six ans à la coopérative. Ces chiffres sont des moyennes des quatre catégories d’agneaux existantes. Ils ne sont pas représentatifs du prix de vente réel de l’agneau car ils sont les tarifs auxquels ont été rémunérés les éleveurs pour leur viande. Le prix de la viande est fixé en fonction du poids de carcasse de l’agneau. La catégorie « sevré supérieur » représente les agneaux dont le poids est supérieur à 17,100kg, la catégorie 1 les agneaux dont le poids est compris entre 14,100kg et 17kg, la catégorie 2 les agneaux dont le poids est compris entre 12,100 kg et 14kg et la catégorie hors catégorie les agneaux de moins de 12kg.

Le prix de la viande locale vendue fraiche en ferme est de 22€/kg pour les côtelettes, l’épaule et le gigot et 21,50€/kg le ragout (Ferme Perrine, 2016). En grande surface, l’agneau local frais est vendu entre 18 et 20€/kg (Géant Casino, 2016). Le prix de l’agneau importé congelé quant à lui est à 10€/kg (Géant Casino, 2016).

Cette différence marquée du prix est désavantageuse pour la viande locale qui est de ce fait beaucoup moins consommée ou de façon occasionnelle.

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I.3. Caractéristique de l’élevage ovin martiniquais

I.3.1. Caractéristiques des exploitations et pratiques au niveau de la conduite d’élevage

La Martinique compte 3502 exploitations agricoles (EA) dont la majorité sont des microstructures et pratiquent la polyculture-élevage. En Martinique, 86% des EA ont une SAU de moins de 5ha et seulement 1,9% des EA ont plus de 35ha ce qui représente 39% de la SAU (Mahieu et al., 2011).

De par le phénomène actuel croissant de mitage et d’expansion urbaine, ainsi que l’agrandissement des EA les plus actives, les petites EA ont tendance à disparaître progressivement.

Au niveau du profil des exploitants, les statistiques montrent que la majorité est d’un âge plutôt avancé : 30% ont plus de 60 ans et 27% ont entre 50 et 59 ans. Cela laisse envisager un arrêt ou simplement une diminution de l’activité de ces personnes (Galan et al., 2008).

Les deux tiers des exploitations pratiquent l’élevage et en majorité l’élevage de ruminants (Galan et al., 2008). 543 pratiquent l’élevage ovin avec un cheptel ovin total de 14 400 têtes (Mahieu et al., 2011). Cependant l’élevage ovin est le plus souvent une activité secondaire. Il existe deux catégories d’éleveurs de petits-ruminants :

- les cultivateurs avec petits-ruminants :

Ce sont généralement de petites exploitations de moins de 5 ha situées dans le Sud et qui produisent des cultures à haute valeur ajoutée (vivrier et maraîchage) et dont les petits-ruminants servent à valoriser les surfaces en herbe de l’exploitation. Ces exploitations sont aux mains d’agriculteurs relativement âgés (en moyenne plus de 55 ans). L’élevage n’est qu’un complément de revenu. Le troupeau est généralement réduit (de moins de 30 bêtes). La conduite d’élevage est le pâturage continu. Les bêtes sont de différentes origines génétiques. La reproduction n’est pas organisée. Ce genre de système dont le revenu est basé sur la production végétale concerne 30% des exploitations martiniquaises et la production qui en découle représente 35% de la production locale de viande d’agneau. La production est habituellement autoconsommée ou vendu à des particuliers (Galan et al., 2008).

- les exploitations à dominante petits ruminants :

Ce sont des exploitations dont la surface (entre 5 et 30ha) et l’effectif du troupeau (effectif moyen entre 30 et 100 brebis) sont plus conséquents et dont l’élevage ovin est la principale activité. La moyenne d’âge de ce type d’exploitants est autour de 40 ans.

Ces exploitations ont une dynamique d’évolution et des possibilités d’amélioration (agrandissement ou modernisation) des bâtiments.

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Le troupeau est de race OMK ou croisé avec des races européennes. La conduite d’élevage est généralement en pâturage tournant pour les brebis et stabulation pour les agneaux et la conduite sanitaire est bien suivie. Ces éleveurs appartiennent à la coopérative SCACOM et peuvent bénéficier de subventions. Les agneau produits sont destinés à la boucherie et suivent les critères de poids de carcasses entre 12 et 14kg. Ces exploitations représentent moins de 5% des EA et produisent 50% de la production locale (Galan et al., 2008).

Les éleveurs ovins peuvent être de trois types : naisseurs, engraisseurs ou naisseurs-engraisseurs. Parmi les119 éleveurs adhérents à la SCACOM en 2014, la majorité sont naisseurs-engraisseurs (Office de Développement de l’Economie Agricole d’Outre-Mer, 2016).

I.3.2. La culture fourragère en Martinique : pratiques et espèces cultivées

On ne peut pas parler réellement de « culture fourragère » en Martinique. La pratique traditionnelle des éleveurs est simplement la gestion de « savanes naturelles », mot employé pour qualifier les prairies naturelles. La culture de prairies artificielles se développe tout de même car on recensait en 2003 plus de 1000 ha de « savane artificielle » dont la majeure partie était semée en Brachiaria decumbens.

Les bêtes sont généralement envoyées au pâturage la journée et rentrent en bâtiment la nuit pour éviter les éventuels vols ou attaques de chiens errants. Les élevages de petite taille (la majorité des élevages en Martinique), pratiquent le pâturage au piquet cependant les éleveurs commencent de plus en plus à mettre en place des clôtures pour la pratique du pâturage tournant conseillé par les instituts de recherche pour diminuer le parasitisme (Mahieu et al. 2014). Pour les bêtes en stabulation, les éleveurs coupent l’herbe selon le matériel qu’ils ont à disposition (coutelas, débrousailleuse ou girobroyeur) et la distribuent en vert à l’auge. La fenaison n’est pas très répandue en Martinique. Les éleveurs du Nord n’en nécessitent pas car leurs savanes sont continuellement vertes et ils ne manquent pas d’herbe. Au contraire dans le Sud de la Martinique, il est assez courant pour les éleveurs d’acheter des bottes de foins pour faire face à la pénurie d’herbe pendant le Carême. Beaucoup ne disposent pas du matériel de fenaison nécessaire à la réalisation du foin par manque de trésorerie. Ils sont donc contraints d’acheter.

La pratique de la fertilisation et de l’irrigation est peu répandue. Les éleveurs épandent généralement le fumier issu de leurs élevages sur leurs savanes. L’irrigation n’est nécessaire que dans le Sud de l’île cependant elle coûte cher et n’est donc pas facilement accessible.

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Les principales espèces fourragères identifiées en Martinique (Gayalin et al., 2003) sont les suivantes :

- Brachiaria decumbens, Brachiaria humidicola, Cynodon plectostachius, Dichantium

spp, Digitaria decumbens, Panicum maximum (graminées)

- Gliricidia sepium, Desmodium heterocarpum, Macroptilium atropurpureum (Siratro),

Vigna unguiculata, Stylosanthes guianensis, Arachispintoi, Centrosema

(légumineuses)

Le Gliricidia sepium est une espèce arborescente que l’on retrouve partout en Martinique que ce soit sur les bords des routes, sur les exploitations et dans les jardins. Cet arbre est utilisé pour la formation de haies vives et clôtures. Ses propriétés nutritionnelles sont très intéressantes (Gayalin et al., 2003) étant donné sa richesse en azote et le fait que ce soit une plante à tannins (connus pour avoir des propriétés anthelminthiques).

Les éleveurs martiniquais sont de plus en plus tentés par la culture d’espèces fourragères à partir par exemples de plantes de plantes fourragères originaires d’Afrique (car bien adaptées au climat) comme Sorghum bicolor (sorgo fourrager) Pennisetum purpureum, Tripsacum

laxum (plantes d’affouragement), ou Cajanus cajan (Pois d’angole). Ces plantes sont souvent

semées comme seule espèces ou en association avec des graminées.

Les éleveurs distribuent même dans la ration journalière de leurs animaux de plus en plus de restes de cultures (Archimède et al., 2009) comme les écarts de triage de bananes (feuilles, faux tronc et fruits non commercialisés) ou de la canne à sucre qu’ils broient s’ils disposent d’un broyeur.

Cette pratique est de plus en plus répandue et a été encouragée pour complémenter les rations par de nombreux projets de recherche des instituts comme IKARE. Celui-ci, dans son projet SYSFOU (Systèmes fourragers) (IKARE, 2013) a étudié l’ensilage de canne à sucre et de sorgo fourrager. De nouvelles techniques apparaissent et se répandent chez les éleveurs martiniquais dans le but d’obtenir de bons rendements et de mettre les éleveurs à l’abri de la pénurie d’herbe au Carême.

Ces innovations dans la pratique fourragère en Martinique sont très bénéfiques pour les éleveurs cependant elles se font au détriment des espèces fourragères locales présentes sur les exploitations et possédant une bonne qualité nutritionnelle mais qui sont de moins en moins exploitées.

I.3.3. Utilisation de concentrés dans l’alimentation

L’alimentation de base des ovins est constituée de fourrages car les fibres qu’ils contiennent sont indispensables pour le bon fonctionnement de leur appareil digestif et la bonne assimilation des nutriments. Les ovins sont donc nourris à l’herbe des savanes principalement en Martinique.

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L’herbe est constituée en majorité des graminées (riches en énergie) citées dans le paragraphe précédent et de légumineuses (riches en protéines) éparses mais qui ne sont pas majoritaires. Les éleveurs complémentent donc généralement la ration journalière en herbe de leurs bêtes par des aliments concentrés riches en protéines achetés dans le commerce. Une seule entreprise en Martinique produit ce type d’aliments : MNA. Elle produit en sac ou en vrac 36 000 tonnes d’aliments pour tous types d’animaux d’élevage. La majorité des concentrés sont à base de soja génétiquement modifié. Parmi eux, les plus souvent utilisés en alimentation ovine sont l’Ovi’express, l’Ovi’let et l’Ovi’cell. Un mélange a été créé spécialement sans Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) (le soja a été remplacé par de la luzerne en tant qu’aliment protéique) : le Mélange ovin. Celui-ci est moins riche en MAT et moins cher que les autres mélanges concentrés. Les matières premières utilisées pour la fabrication des aliments chez MNA sont toutes importées de France.

En Martinique, les plantes fourragères légumineuses présentes localement sont riches en azote et pourraient permettre aux éleveurs de compléter la ration en graminées et de couvrir les besoins nutritifs des bêtes. Il a même été prouvé que l’herbe seule suivant une bonne gestion de l’éleveur pouvait couvrir les besoins des bêtes et permettre l’obtention d’un Gain Moyen Quotidien (GMQ) correct de 134g/jr (Archimède et al., 2007). Cependant la récolte des plantes légumineuses demande souvent beaucoup de travail et les éleveurs souhaitent également obtenir un engraissement rapide. La tendance actuelle est donc plutôt à l’utilisation de ces aliments concentrés du commerce bien qu’ils soient onéreux car ils permettent un engraissement rapide des bêtes et facilitent le travail des éleveurs car ils sont faciles à distribuer : ils permettent un gain de temps et de main d’œuvre (gain en Unité de Travail Annuel (UTA)). Les éleveurs distribuent généralement de grosses quantités de concentré par jour au cours de l’engraissement, près de 1kg par tête par jour (Alexandre, 2014) or il a été prouvé que ce n’est pas indispensable.

La croissance n’est pas améliorée au-delà de 300g/jr car les différences de GMQ ne sont pas significatives (avec 300g de concentré par jour par bête on est 188g/jr de GMQ et avec 600g de concentré par jour par bête on est à 203g/jr) (Pelonde et al., 2007) et la durée d’engraissement n’est plus courte que de moins de dix jours. L’étude a également prouvé que le coût de l’alimentation augmente significativement lorsque l‘on distribue du concentré aux agneaux à l’engraissement (13€ sans concentré, 20€ avec 300g de concentré par jour et 29€ avec 600g de concentré par jour par bête) (Pelonde et al., 2007). Lorsque l’éleveur fait le choix d’utiliser du concentré, la rentabilité optimale est autour de 300g de concentré par jour par bête. Mais le type d’engraissement dépend de la surface disponible sur l’exploitation et des objectifs de l’éleveur. L’ingestion de concentré diminue l’ingestion de fourrage, ce qui est bénéfique pour les petites exploitations qui sont limitées en fourrage. Cependant les concentrés, étant donné leur prix ne sont accessibles que pour une catégorie aisée d’éleveurs (Pelonde et al., 2007).

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I.3.4. Atouts et contraintes du système d’élevage ovin martiniquais

Le contexte martiniquais présente un certain nombre d’atouts et de contraintes pour l’élevage ovin que l’on peut visualiser dans le tableau 1. Tout d’abord la Martinique possède un potentiel prairial intéressant avec des terres fertiles, des espèces fourragères de bonne qualité nutritive et des surfaces non cultivables qui peuvent être valorisées par l’élevage. Cet atout est cependant à contraster par les risques météorologiques que présente le climat. Selon la localisation des EA et la saison, il peut représenter une difficulté pour l’éleveur. Pendant le Carême, les éleveurs du Sud rencontrent des difficultés au niveau de la pousse de l’herbe qui est stoppé pendant trois mois en conséquence du stress hydrique causé par la sécheresse. Les éleveurs doivent bien souvent et s’ils ont les moyens nécessaires (matériel ou financiers), réaliser des stocks ou acheter de l’herbe sous forme de ballots de foin.

Beaucoup d’éleveurs surtout ceux dont l’élevage n’est pas l’activité principale n’ont pas le matériel de fauche ou de fenaison. Cette contrainte de la sécheresse est très importante étant donné que la plupart des élevages ovins sont situés dans le Sud et que cette période de sécheresse est ressentie systématiquement chaque année au moment du carême. Les éleveurs subissent un grand manque d’herbe à cette période. Pendant l’hivernage, l’abondance des pluies peut également être pénalisante pour les éleveurs car la fauche d’herbe ou le travail du sol avec le tracteur est rendu impossible. Le passage de machines tasse le sol.

Au niveau du marché des ovins, les prix des bêtes sont très intéressants. Cependant cet atout est également contrasté par le fait que les intrants nécessaires aux soins et à l’alimentation des animaux (aliments concentrés) sont très coûteux (Madassamy et al., 2012).

La disponibilité en reproducteurs est également un atout non négligeable grâce au travail réalisé par l’USOM en sélection génétique et sur l’organisation de la production de reproducteurs et reproductrices de la race OMK. Les reproducteurs sont non seulement disponibles mais également soumis à un contrôle de performance d’une race particulièrement bien adaptée à la Martinique (USOM, 2016).

Les ressources et références techniques sont largement accessibles aux éleveurs martiniquais à la fois sur internet par les différents instituts de recherche mais également grâce au réseau d’acteurs dans le domaine de l’élevage comme les coopératives, la Chambre d’agriculture, l’USOM, l’Institut Karibéen et Amazonien de l’Elevage (IKARE),… Tous ces organismes sont au service des éleveurs afin de leur apporter conseils techniques et administratifs et formations. Des instituts de recherches comme l’INRA ou technique tel que IKARE réalisent des projets de recherche en adaptation au contexte martiniquais et dans l’intérêt des éleveurs. Toutes ces sources sont mises à disposition et la plupart des éleveurs y ont recours. Cependant certains, par manque de temps ou par divergence d’intérêt, choisissent de ne pas les utiliser. En guise d’exemple, des résultats de recherche de l’INRA sur la qualité de l’herbe ont démontré que plus l’herbe est jeune et plus ses qualités nutritionnelles et son appétence sont intéressantes. L’étude réalisée a permis de déterminer à quel stade il était intéressant de

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Le résultat de cette étude a montré qu’il est plus intéressant de faucher l’herbe à 28 jours de repousse (Mahieu et al., 2008). Ce délai ne permet pas d’obtenir des rendements importants mais l’herbe est d’une hauteur fauchable par les machines, d’une qualité très bonne et la charge parasitaire a considérablement diminué. Cependant les éleveurs martiniquais préfèrent généralement faucher l’herbe à trois mois de repousse afin d’obtenir de grosses quantités de biomasse. La quantité est pour eux plus intéressante que la qualité surtout pour les producteurs et revendeurs de foin.

Au niveau des élevages, le vol et la prédation d’animaux sont une des contraintes très sérieuse rencontrées par tous les élevages. Les chiens errants attaquent régulièrement les troupeaux lorsqu’ils sont au pâturage et tuent les bêtes. Les troupeaux peuvent également être victimes de vols lorsque les exploitations ne bénéficient pas de bergeries sécurisées pour protéger les bêtes la nuit.

Atouts

Contraintes

Potentiel prairial Disponibilité foncière

Marché Prédation et vol

Disponibilité en reproducteurs Disponibilité et coût des intrants et du matériel

Climat Risques météorologiques

Ressources/références techniques

Tableau 1: Atouts et contraintes des élevages ovins en Martinique classés par ordre d’importance (Madassamy et al., 2012)

I.4. Valorisation de la production locale par la création d’une race

martiniquaise

I.4.1. Historique de la création de la race ovin Martinik et évolution des travaux en génétique

Selon Monsieur Gayalin, ancien chercheur du Centre d’Etude du Machinisme Agricole et du Génie Rural des Eaux et des Forêts (CEMAGREF), dans les années 80, les éleveurs martiniquais ont commencé à s’interroger sur les performances de leurs bêtes et chercher des moyens de les améliorer. Leur volonté était d’obtenir des animaux de bonne conformation, robustes et ayant une bonne productivité numérique. Ces préoccupations ont été formulées à la SCACOM qui a porté les doléances auprès des décideurs locaux. Un projet de recherche à été lancé à la Station d’Essais en Cultures Irriguées (SECI) (nouvellement appelée le Service Expérimental Agroécologique (SEA)) en partenariat avec l’INRA-URZ sur l’amélioration des performances des ovins de la Martinique. Des travaux sur la gestion des troupeaux et des parcelles ont été menés durant près de 20 ans.

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Des races jugées très performantes au niveau de la production de viande en Europe ont été importées et des expérimentations ont été menées à la SECI et chez les éleveurs sur les croisements de la race créole avec ces races importées. Les résultats de cette étude ont montré que les croisements n’étaient pas avantageux, bien au contraire. Les brebis croisées se reproduisaient très mal et étaient plus sensibles aux parasites que les brebis locales. Ce projet de recherche a donc persuadé les éleveurs de mettre en place une race locale en améliorant les performances du mouton local. Ce nouveau projet a donc été lancé avec l’aide de l’Etablissement Départemental de l’Elevage (EDE) et de l’INRA.

L’USOM a donc été créée en 1991 en réponse à cette initiative de structuration et d’amélioration d’une race locale appelée la race Martinik (Chambre d’agriculture de la Martinique, 2007).

Depuis 2004, l’USOM a obtenu le statut d’Unité Nationale de Sélection et de Promotion de Race (UPRA) sous le nom d’UPRA Ovin Martinik (Chambre d’Agriculture de la Martinik, 2007).

L’USOM a mis en place un programme de sélection de la race avec un schéma de sélection (annexe 1) et un mode d’identification et de contrôle des performances.

La première étape de ce programme est de déterminer les meilleurs jeunes reproducteurs des élevages USOM. Pour cela, l’USOM s’appuie sur une grille de qualification où ont été fixé avec l’INRA tous les critères de sélection des jeunes ovins destinés au renouvellement des troupeaux.

La seconde étape est d’inscrire les bêtes au livre généalogique de l’USOM. Pour cela, il faut noter la conformité au standard des bêtes. Cette notation est basée sur sept postes : les aplombs, la ligne de dos, la longueur, l’éclatement, le développement, la tête et la couleur des onglons.

Trois critères sont éliminatoires : la présence de laine, de cornes ou d’onglons blancs. Les animaux obtenant une note supérieure ou égale à 20 obtiennent un tatouage à l’oreille droite « MK » et sont inscrit dans le livre généalogique (Chambre d’Agriculture de la Martinique, 2007).

Douze éleveurs adhèrent à l’USOM aujourd’hui. Six sont des multiplicateurs qui font de la sélection d’agnelles de race Martinik et six sont sélectionneurs, c’est-à-dire qu’ils font de la sélection d’agnelles mais également de béliers de race Martinik.

L’USOM s’occupe également de l’organisation du renouvellement des élevages USOM : elle détermine chez quel autre éleveur un éleveur doit s’approvisionner en bêtes.

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I.4.2. Caractéristiques et performances de la race

La race Ovin Martinik a été créée à partir de quatre types de moutons présents dans la Caraïbe : le Barbados Black Belly originaire de la Barbade, le Saint-Martin originaire de Saint Martin, le Blanc et le mouton créole originaire de la Martinique comme l’explique Monsieur Scaron, président de la SCACOM, dans son interview au Salon International de l’Agriculture (SIA). Le phénotype de la race regroupe ces quatre types de moutons (Chambre d’Agriculture de la Martinique, 2007).

Les Ovins Martinik sont des moutons de robes variées mais dont les aptitudes sont communes. Ces moutons ont la caractéristique très intéressante d’être à poils ras comme pour la plupart des races tropicales (INRA, 2014).

La race OMK présente des caractéristiques de performances d’une race rustique très intéressantes:

- un rythme de reproduction soutenu de trois mises-bas en deux ans - une bonne prolificité de 151%

- un poids à 70 jours élevé de 12,5kg - de bonnes aptitudes maternelles

- une bonne adaptation au milieu climatique tropical humide et également à la sécheresse

- une activité sexuelle qui ne tient pas compte de la saison et qui permet un agnelage tous les huit mois

- une bonne résistance aux parasites internes (INRA, 2014).

L’obtention de cette race aux caractéristiques zootechniques très intéressantes et qui fournit une viande de très bonne qualité comme nous allons le voir dans le prochain chapitre, s’est réalisée progressivement grâce à un travail très complexe et acharné de l’USOM, la Chambre d’agriculture et les travaux expérimentaux de l’INRA. On la retrouve maintenant dans 95% du cheptel martiniquais (Vertueux et al., 2006).

Le programme de sélection mis en place et la définition de critères de sélection très pointus a permis via une sélection très sévère de stabiliser cette nouvelle race depuis une dizaine d’année et différents projets sont mis en place notamment avec le PNRM pour la maintenir et continuer à la faire évoluer.

I.4.3. Qualité de la viande

La viande d’agneau Martinik est une viande très appréciée par les consommateurs. Une étude menée par l’INRA et le Pôle Agroalimentaire Régional de la Martinique (PARM) a démontré la qualité de cette viande en prenant en compte l’effet de l’alimentation et l’effet du facteur génétique sur les critères physico-chimiques et les critères sensoriels de la viande.

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Les résultats de l’étude ont montré que les carcasses contiennent une faible teneur en gras (notes de gras de couverture entre 3.0 et 3.5 sur une échelle de 1 à 5) ainsi qu’une teneur élevée en oméga-3 (Regina et al., 2007). Cette viande a un effet bénéfique sur la santé, ce qui est de plus en plus recherché par les consommateurs. L’analyse physico-chimique a révélé que l’alimentation intensive des agneaux diminuait la dureté myofibrillaire et la dureté liée au collagène de la viande et provoquait également une diminution de la teneur en oméga-3 et une faible augmentation de celle en oméga-6(tableau 2).Ces acides gras essentiels ont une action protectrice des artères et du cœur. Il est intéressant d’obtenir un bon équilibre entre les deux (Regina et al., 2007).

Tableau 2: Critères de qualité physico-chimique de la viande d’Ovin Martinik en fonction du mode d’alimentation des animaux (Regina et al., 2007)

Au niveau génétique, il a été démontré que les agneaux USOM possédaient un ratio oméga-6/oméga-3 beaucoup plus avantageux car plus proche des valeurs recommandées (Regina et

al., 2007).

Au niveau sensoriel, les consommateurs apprécient le goût de l’agneau OMK pour sa finesse. L’étude a montré que chez les agneaux OMK, la couverture de gras est plus homogène et régulière et l’odeur est moins persistante sur les gigots crus. Après cuisson, on peut également observer une meilleure cohésion (meilleure tenue de la tranche) et une odeur plus intense de façon favorable (Regina et al., 2007).

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La qualité de cette viande a donc été démontrée. La marque Parc conférée à ce génotype par le PNRM en lien avec l’association AMPMM, ajoute une plus-value à cette viande et un gage de cette qualité. Elle permet de projeter l’agneau OMK à un niveau de produit haut de gamme.

I.4.4. Expansion de la race

La race OMK commence à être connue dans la Caraïbe. Des bêtes USOM ont déjà été exportées en Guadeloupe ainsi qu’à Sainte-Lucie.

De nombreuses actions de communication sont menées par l’USOM autour de cette race notamment lors des évènements agricoles comme les foires où il est possible d’obtenir de la documentation, de voir les bêtes et parfois même de déguster la viande.

Le projet et les actions du PNRM sur la marque Parc permettent également de valoriser et de faire la promotion la race OMK. En partenariat avec l’Association Martiniquaise des Producteurs de Moutons Marqués, association regroupant tous les éleveurs produisant des agneaux de marque Parc (AMPMM), chaque mois, des journées de dégustation et de présentation de l’agneau sont organisées et regroupent généralement plus d’une centaine de personnes.

La race OMK commence même à se faire connaître en Europe. L’INRA de Bourges en possède un troupeau qui a été étudié car certaines caractéristiques de l’OMK intéressent les élevages européens comme le fait que le mouton soit sans laine et sa résistance aux parasites internes.

Grâce à cet élevage présent en France, il a pu financièrement être possible de présenter le mouton Martinik au SIA de 2014. Cet événement a également été bénéfique la promotion de la race.

(31)

II.

Initiative de valorisation de la production locale par le Parc

Naturel de la Martinique : Un projet controversé qui connaît des

difficultés

La marque Parc a été mise en place par le PNRM dans un objectif de préservation et de valorisation de la race Ovin Martinik (OMK) ainsi que dans un but de soutien aux éleveurs et de développement de la filière qui connaît quelques difficultés. Le PNRM dans la continuation de la création de la marque a lancé un projet de recherche sur l’alimentation ovine. Cependant ces deux projets peinent à évoluer et particulièrement le projet sur les essais d’alimentation qui connaît de nombreux écueils d’application.

L’objectif de ce stage a été d’identifier toutes les difficultés rencontrées sur ce projet et déterminer des solutions. Dans cette optique, j’ai été amenée à me rendre sur le terrain afin d’évaluer en prenant la tâche des acteurs engagés dans le projet et les raisons de ces problèmes. J’ai également entrepris l’analyse systémique de tout le projet par le biais d’enquêtes.

II.1. Création de la Marque Parc sur l’agneau martiniquais : historique et

étapes

II.1.1. Charte du produit et processus de production

La marque Parc a été mise en place par le PNRM en 2014 dans un objectif de préservation et de valorisation de la race OMK. Aujourd’hui, six éleveurs ovins bénéficient de cette marque. Dans cette démarche, le PNRM montre sa volonté de soutenir les éleveurs ovins. Différentes actions ont été mises en place dans cette optique comme par exemple avec:

- la mise en place de citernes chez les éleveurs marqués pour les aider à passer la saison sèche

- l’appui à la commercialisation du produit : mise à disposition des éleveurs d’une camionnette réfrigérée pour la livraison de viande, la communication active sur le produit avec l’organisation de nombreux événements en partenariat avec les restaurateurs avec dégustation de viande et visite des exploitations

- L’appui à la mise en place de haies vives sur les exploitations à base d’espèces fourragères ou fruitières.

Le PNRM met en œuvre de nombreux fonds dans l’objectif de lancer la production et de stabiliser les revenus de ces éleveurs. En échange, il leur demande de respecter de nombreux critères respectifs à la marque Parc.

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L’attribution de la marque Parc convient à des moutons dont les caractéristiques et les conditions d’élevage sont définies dans la Charte de la marque viande d’agneau du Parc Naturel Régional de la Martinique. Cette marque est destinée aux éleveurs adhérents de la SCACOM et à l’AMPMM. La Charte garantit le bien-être des animaux de leur élevage à leur abattage.

La charte impose certaines conditions indispensables aux éleveurs pour l’attribution de la marque. En voici certaines très importantes :

- L’exploitation de l’éleveur doit se trouver sur le territoire du PNRM (ancrage territorial)

- L’éleveur doit travailler selon les pratiques traditionnelles martiniquaises (pratique patrimoniale)

- Les agneaux doivent être issus de reproducteurs mâles de race ovine Martinik identifiés par un tatouage OMK à l’oreille droite

- L’élevage doit être semi intensif (1,2UGB/ha)

- Les agneaux trop faibles ou maigres ne peuvent être marqués

- Le logement des agneaux doit respecter certaines règles de construction (surface,…) - Le transport des agneaux vers l’abattoir doit se faire avec un matériel adapté qui ne

risque pas de blesser les bêtes et sans tranquillisants - Les carcasses doivent peser au moins 13kg

- L’âge des agneaux doit être inférieur à 12 mois (PNRM, 2014)

Les agneaux sont tous identifiés selon la réglementation en vigueur. Ils sont sélectionnés à trois mois (au moment du sevrage) par l’éleveur pour être marqués, identifiés de façon spéciale par une boucle verte à l’oreille gauche (en plus de leur identification normale par une boucle jaune) et séparés des agneaux non destinés au marquage. Le numéro d’identification des agneaux marqués est relevé par la SCACOM avant l’abattage afin de procéder au suivi des animaux. Ceux-ci sont abattus dans les 24h suivant leur arrivée à l’abattoir départemental de Martinique. Afin de procéder au suivi de la viande, une fiche accompagne chaque agneau depuis son élevage jusqu’à sa commercialisation (PNRM, 2014).

La charte de la marque Parc impose aux éleveurs de suivre une conduite de l’alimentation spéciale. L’alimentation doit être essentiellement à base d’herbe et de ressources produites sur l’exploitation. Les agneaux sont tenus de pâturer en semi-liberté. Il est autorisé de complémenter l’alimentation avec des aliments du commerce cependant ils doivent être strictement sans OGM. Or tous les aliments concentrés produits en Martinique sont à base de soja OGM. Un aliment spécial pour les éleveurs de l’AMPMM a été créé sans OGM. Il s’agit du Mélange Ovin (étiquette et composition en annexe 2).

Le PNRM demande également aux éleveurs de cultiver également sur leur exploitation des légumineuses et haies vives dans le but d’être autonomes en protéines à fournir à leurs bêtes (PNRM, 2014).

Le troupeau doit bénéficier d’un suivi vétérinaire régulier et l’exploitation doit être conforme au programme sanitaire d’élevage.

Figure

Figure 1: Carte topographique de la Martinique (National Aeronotics ans Space  Administration, 2016)
Figure 3:Carte de la répartition de la pluviométrie en Martinique entre 1981 et 2010  (Météo France, 2014)
Figure 4:Carte de la répartition des exploitations ovines en Martinique en 2010  (Agreste, 2010)
Tableau 1: Atouts et contraintes des élevages ovins en Martinique classés par ordre  d’importance (Madassamy et al., 2012)
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