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Un groupe de papyrus funéraires tardifs

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-02135224

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02135224

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Un groupe de papyrus funéraires tardifs

Florence Albert

To cite this version:

Florence Albert. Un groupe de papyrus funéraires tardifs. Studies in Ancient Egyptian Funerary Literature, 2017. �hal-02135224�

(2)

S. Bickel & L. Díaz-Iglesias (eds), Studies in Ancient

Egyptian Funerary Literature, ISBN 978-90-429-3462-7

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(3)

Orientalia lOVaniensia analecta

————— 257 —————

studies in ancient egyptian

funerary literature

edited by

susanne bickel and lucía díaz-iglesias

peeters

leuVen – paris – bristOl, ct 2017

(4)

Abbreviations VII Susanne Bickel, Lucía Díaz-Iglesias

Introduction XIII Florence Albert

Un groupe de papyrus funéraires tardifs 1 James P. Allen

The Pyramid Texts as Literature 29 Bernard Arquier

Le double sarcophage de Mésehti: l’espace, le verbe et le temps 43 Burkhard Backes

Re-reading Pyramids? Gedanken zu Korrelationen zwischen

Inhalt, Anbringungsort und hypothetischer Lesefolge funerärer Texte anhand PT 313‒321 73 Susanne Bickel

Everybody’s Afterlife? “Pharaonisation” in the Pyramid Texts 119 Martin Bommas

Middle Kingdom Box Coffin Fragments from Assiut. The Unpublished Coffin Boards Birmingham S1Bir and S1NY 149 Jan-Michael Dahms

Die Zusammenstellung von Pyramiden- und Sargtexten im Sarg des Karenen (Sq6C) und im Grab von Chesu dem Älteren (KH1KH) – Die Rolle des Verstorbenen als Empfänger oder Handelnder in sacerdotal und personal texts 181 Lucía Díaz-Iglesias

Local Reworkings of Core Mythological Notions: the Case of Herakleopolis Magna 205 Silvia Einaudi

Some Remarks on Three Book of the Dead Vignettes in the Tomb of Padiamenope (TT 33) 247

(5)

Louise Gestermann

Möglichkeiten und Grenzen textkritischen Arbeitens am Beispiel altägyptischer funerärer Texte 263 Ramadan B. Hussein

Text Transmission or Text Reproduction? The Shifting Materi-ality of Pyramid Texts Spell 267 295 Günther Lapp

Die Vignette zu Tb 15 aus Papyrus London BM EA 10466–7 331 Alexandra von Lieven

Originally Non-funerary Spells from the Coffin Texts: the Example of CT spell 38 345 Barbara Lüscher

Papyrus Paris, Bibliothèque Nationale 46: ein Beitrag zur frühen Rezeptionsgeschichte des Totenbuches 355 Bernard Mathieu

Re-reading the Pyramids. Repères pour une lecture spatialisée

des Textes des Pyramides 375 Antonio J. Morales

Unraveling the Thread. Transmission and Reception of Pyramid Texts in Late Period Egypt 463 Isabelle Régen

Note de cryptographie. Le nom du bâton-serpent dans la 1re

heure de l’Amdouat (n° 62) 497 Zsuzsanna Végh

The Transition from the Coffin Texts to the Book of the Dead: The Origin of the Glosses in Book of the Dead Spell 18 513 Mareike Wagner

Die Sprüche 648 bis 654 der altägyptischen Sargtexte 553 Harco Willems

The Method of “Sequencing” in Analyzing Egyptian Funerary Texts. The Example of Coffin Texts Spells 283 and 296 599 Indices 621 English and Arabic Summaries 659

(6)

florence albert*

le 6 octobre 2011, Christie’s de londres proposait à la vente un ma-nuscrit décrit comme un fragment de papyrus magico-funéraire datant de la troisième période intermédiaire1. d’après les informations

li-vrées par la maison de ventes, le document, très fragmentaire, mesure 40.8 cm de long. il se présente sous la forme de deux morceaux de papyrus brun clair dont la partie supérieure est entièrement perdue. il compte 37 colonnes de textes hiéroglyphiques hâtivement tracés qui laissent supposer une datation tardive, celle-ci devant sans trop de doute pouvoir être située durant la période ptolémaïque. la dernière colonne indiquait le nom du propriétaire, perdu dans la lacune, suivi de ceux de son père – ¡r-xby2 – et de sa mère – la maîtresse de maison

*Aj-BAstt-jmw3. les circonstances d’acquisition du papyrus par le vendeur sont

inconnues et aucun élément au sein du manuscrit ne permet de préciser sa provenance.

après reconstitution du papyrus (fig. 1a-C), on constate que les 19 premières colonnes de texte contiennent la formule 89 du livre des morts. À partir de la colonne 20, le papyrus livre une ou plusieurs compositions textuelles inédites. À la suite de la titulature du bénéficiaire, une bande de papyrus vierge laisse penser que les textes s’arrêtaient là.

le format, la graphie hiéroglyphique et l’organisation des textes du papyrus en colonnes permettent de le rapprocher de façon assez claire de quatre autres documents possédant des caractéristiques structurelles comparables.

* Ce travail s’inscrit dans l’axe « représentations symboliques: la mort, les morts, les rites » du programme scientifique du labex ARCHIMEDE de l’Université Paul Valéry, Montpellier (programme IA-ANR-11-LABX-0032-001), et dans le Marucchi Project, dirigé par Alessia Amenta (Egyptian Dept. Vatican Museums).

1

http://www.christies.com/lotfinder/ancient-art-antiquities/three-egyptian-papyrus- fragments-late-period-dynasty-5478199-details.aspx?pos=6&intobjectid=5478199&-sid=&page=4&lid=1 : le manuscrit en question se trouve au centre de l’image (dernier accès 01/04/2016).

2 H. Ranke, PN i, p. 247, 15. 3 H. Ranke, PN i, p. 387, 18.

(7)

I. Description des documents comparables

Papyrus Londres BM EA 736704 (fig. 2a-e)

le document est intégralement conservé. il mesure 155 cm de long sur 15 cm de haut. il appartient à *A-pr.t, fille de NHm-s(w)-¢nsw et de

Ns-¡r.w-pA-rA. Comme dans le p. Christie’s, les textes hiéroglyphiques sont organisés en colonnes. ils livrent les formules 89, 191 et 72 du livre des morts, ainsi qu’un texte non identifié introduit par le titre de la formule 191 du corpus. le manuscrit se conclut par une illustration mêlant des éléments des vignettes des chapitres 110 et 125 du livre des morts.

Papyrus Vatican 385965 (fig. 3a-d)

dans son état actuel de conservation, le papyrus mesure 97.5 cm de long sur 14.5 cm de large. il appartient à Jrtj-¡r.w-r-w, fils de PA-dj-Jmn-m-jp.t et de *A-dj(.t)-¡r.w-wr. le début du document manque. les textes hié-roglyphiques organisés en colonnes montrent les formules 89 et 191 du livre des morts, suivies de deux textes non identifiés, le premier prenant la forme d’un appel au passeur-MHnty et le second s’intitulant « formule pour ouvrir les deux vantaux pour l’osiris N ». Une grande illustration vient clore le document. elle peut être interprétée comme une sorte de liste d’amulettes réparties sur deux registres. la plupart de ces amulettes se retrouvent dans les vignettes de plusieurs formules du livre des morts : 163, 156, 157, 155, 164 et 165.

papyrus berlin p. 31226 (fig. 4)

Ce papyrus complet mesure 163 cm de long et 10 cm de haut. son pro-priétaire se nomme Ns-pAw.tj-tA.wj, fils de WAH-jb-Ra et _j-s(j)-Jmn.t. il contient la formule 191 du livre des morts illustrée à l’aide de la vignette 92 du corpus ; la formule 89 accompagnée de sa vignette ; une version abrégée de la formule 163 et les formules 164 et 165 du livre des

4 St. Quirke, Owners of Funerary Papyri in the British Museum (BMOP 92),

lon-don, 1993, p. 67, n° 268 ; A. Wüthrich, S. Stöhr, Ba-Bringer und Schattenabschneider.

Untersuchungen zum so genannten Totenbuchkapitel 191 auf Totenbuchpapyri (SAT 18),

Wiesbaden, 2013, p. 12.

5 A. Gasse, Les papyrus hiératiques et hiéroglyphiques du Museo Gregoriano Egizio

(AegGreg 1), Città del Vaticano, 1993, p. 66-67, n° 55 ; A. Wüthrich, S. Stöhr, Ba-Bringer

und Schattenabschneider, p. 15-16.

(8)

morts. les vignettes respectives de ces dernières formules sont regrou-pées à la suite des textes en guise d’illustration finale, sous la forme d’une liste d’amulettes, comme dans le P. Vatican 38596.

papyrus paris louvre n. 31087 (fig. 5)

le document est entièrement conservé sous la forme de deux bandes de papyrus. il mesure au total 129.5 cm de long sur 15.8 cm de haut. il ap-partient à Jmn-Htp, fils de MAa.t-tA.f-nx.t et *A-whr.t. le chapitre 89 du livre des morts, suivi de sa vignette, ainsi que les formules 191, 72, 161 et 163 du corpus sont attestés dans le papyrus. dans ce cas encore, une liste d’amulettes associée aux vignettes des formules 163, 155, 164 et 165 vient clore le manuscrit.

II. Caractéristiques des documents8

outre la graphie hiéroglyphique et l’organisation des textes en colonnes, qui se retrouvent d’un document à l’autre, le format de ces quatre ma-nuscrits est caractéristique. ils se présentent sous la forme d’une longue bande de papyrus ne dépassant guère les 15 cm de haut. les textes resti-tuables dans les lacunes du p. Christie’s laissent penser que ce document dut également avoir une hauteur à peu près similaire. de même, un lot commun de compositions textuelles a été utilisé dans les cinq documents. la formule 89 du livre des morts y est systématiquement attestée. la formule 191 est également présente dans les quatre documents les mieux conservés. il est donc fort probable qu’elle ait aussi été copiée à l’origine dans le p. Christie’s. Cinq autres compositions, encore attestées dans le livre des morts, sont incluses dans les manuscrits : la formule 72 du corpus, dans les papyrus de londres et du louvre, et les formules 161, 163, 164 et 165, dans les papyrus de berlin et du louvre. Ces derniers textes, s’ils ne sont pas présents dans tous les documents, sont néanmoins suggérés dans le papyrus du Vatican par l’intermédiaire de l’illustration finale qui reprend les vignettes associées à ces formules lorsqu’elles sont copiées dans le livre des morts. Ce groupe de documents se distingue de surcroît par le recours à une illustration qui vient clore chaque manuscrit. Une telle figuration aurait pu prendre place dans le papyrus de Christie’s, comme le suggère la marge qui fait suite à la dernière colonne de texte à la fin du document.

7 Ibidem, p. 14-15.

(9)

enfin, le groupe se caractérise particulièrement par la présence de com-positions textuelles originales et inédites dont il est difficile de dire, à l’heure actuelle, si elles sont tirées d’un corpus déjà connu. la présence de telles formules, ici copiées dans les p. Christie’s, P. Londres BM EA 73670 et P. Vatican 38596, ne constitue pas une exception dans la documentation tardive. elle reflète au contraire une tendance qui s’observe notamment durant la période ptolémaïque et qui se traduit par l’inclusion dans les ma-nuscrits funéraires de textes se détachant des « standards » habituellement utilisés sur ce type de support9. régulièrement assimilés à des livre des

morts, du fait de l’utilisation conjointe de formules associées à ce corpus, ces documents, au travers des textes qu’ils transmettent, contribuent à mettre en lumière la variété des formes et des usages de la littérature fu-néraire en égypte durant la période tardive.

III. Les textes de ces documents

les formules extraites du corpus du livre des morts

les papyrus du groupe contiennent un nombre limité de formules, les exemplaires intégralement conservés en présentant cinq au maximum. les textes utilisés, pour la plupart extraits du corpus du livre des morts, se retrouvent d’un manuscrit à l’autre. C’est sans doute leurs thématiques et leurs emplois qui ont conduit à leur sélection au sein des documents.

– la formule 72, « formule pour sortir au jour et ouvrir la grotte par N »10,

est régulièrement attestée dans les livres des morts mais également sur de nombreux sarcophages. de fait, sa prescription finale indique claire-ment que le texte devient efficace lorsqu’il est copié sur ce support11.

– la formule 89, « formule pour permettre au ba de se réunir à son cadavre dans l’empire des morts »12, est, comme la formule 72,

fré-quemment copiée dans les livres des morts et sur d’autres types de supports : stèles, sarcophages et papyrus funéraires. Une prescription

9 À titre d’exemple, voir J.-Fr. Quack, Ein neuer funerärer Text der Spätzeit

(pHohen-zollern-Sigmaringen II), dans ZÄS 127 (2000), p. 74-87 ; B. Backes, Drei Totenpapyri aus einer thebanischen Werkstatt der Spätzeit: pBerlin P. 3158, pBerlin P. 3159, pAberdeen ABDUA 84023 (HAT 11), Wiesbaden, 2009 ; Fl. Albert, Le Livre des morts d’Aset-Ouret

(AegGreg 6), Città del Vaticano, 2013.

10 P. Barguet, Le Livre des morts des anciens Égyptiens (LAPO 1), paris, 1967, p.

110-111.

11 Cf. infra, n. 60.

(10)

de récitation peut accompagner le texte qui précise qu’il doit être récité sur une « âme/ba en or » pour être opérant13.

– la formule 191, « formule pour amener le ba au corps », n’a été intro-duite dans le livre des morts que tardivement. il s’agit d’un texte extrait des glorifications d’osiris couramment copié sur papyrus, stèles et sar-cophages ; souvent en relation avec les formules 89 et 72 du corpus14.

– la formule 161, « formule pour percer une ouverture dans le ciel, qu’a récitée thot sur oun-nefer tandis qu’il pénétrait (?) dans le disque »15,

est attestée sur papyrus et sarcophages. sa vignette se trouve en outre parfois dessinée sur des amulettes de lin16, ce qui dénote, dans ce cas

également, une utilisation spécifique se distinguant du simple emploi de ce texte dans le livre des morts.

– les formules 163, 164, 165 sont introduites pour la première fois dans le Livres des morts à partir de la XXVIe dynastie. elles y seront par

la suite régulièrement copiées17. leur fonction se rapproche de celle

des autres formules retrouvées dans le groupe de documents. il s’agit d’assister le défunt lors du franchissement des portes de l’au-delà et de protéger son cadavre18. Ces trois formules sont dotées de prescriptions

de récitations : elles doivent être lues sur des « images » spécifiques – représentées dans leur vignette respective, elles-mêmes retrouvées dans les listes d’amulettes figurées à la fin de nos documents –, et copiées sur des supports particuliers – des bandes de lin de couleurs distinctes – pour être efficaces.

l’ensemble de ces formules sont traditionnellement associées au livre des morts du fait de leur présence régulière dans le corpus. Cependant, les prescriptions de récitation qui les accompagnent montrent qu’elles avaient un usage propre et autonome qui a sans nul doute conditionné leur copie sur des supports caractéristiques (sarcophages, stèles, tombes, amulettes de

13 Cf. infra, n. 62.

14 J.-Cl. Goyon, La véritable attribution des soi-disant chapitres 191 et 192 du Livre

des morts, dans Recueil d’études dédiées à Vilmos Wessetzky à l’occasion de son 65e

anni-versaire (StudAeg 1), budapest, 1974, p. 117-127 ; et récemment A. Wüthrich, S. Stöhr, Ba-Bringer und Schattenabschneider.

15 P. Barguet, Le Livre des morts, p. 227-228.

16 H. Kockelmann, Vier späte Leinenamulette für Mumien im Kunsthistorischen

Mu-seum Wien und im MuMu-seum of Archaeology and Anthropology, University of Pennsylvania, Philadelphia, dans SAK 31 (2003), p. 243-245.

17 sur ces formules, voir A. Wüthrich, Éléments de théologie thébaine. Les chapitres

supplémentaires du Livre des Morts (SAT 16), Wiesbaden, 2010.

(11)

lin) à des fins particulières. Ces textes magico-funéraires étaient destinés à assurer la protection du cadavre et les déplacements du défunt dans l’au-de-là. leur regroupement au sein de notre documentation tendrait à montrer qu’ils sont le fruit d’une sélection opérée dans le cadre d’une utilisation spécifique. Celle-ci peut probablement être mise en relation avec les amu-lettes figurées à la fin de plusieurs des manuscrits19 et dont le rôle, compte

tenu de la récurrence de ces représentations, dut dans ce cas être essentiel. les textes non identifiés20

parmi les cinq documents du groupe, trois possèdent des compositions textuelles originales. elles ne trouvent à première vue pas de parallèle dans les grands corpora de textes funéraires connus. les formules inédites des papyrus du Vatican et de Londres sont très bien conservées. Elles aident parfois à la compréhension des textes du papyrus de Christie’s qui sont, quant à eux, dans un état très fragmentaire.

Les textes du papyrus Vatican 38596 ( fig. 3) La formule d’appel au passeur

Cette formule occupe 7 colonnes de texte dans le papyrus. elle fait suite au chapitre 191 du livre des morts et est suivie par une autre composi-tion originale. son titre incite à la replacer parmi les formules d’appel au passeur régulièrement attestées dans la littérature funéraire21. Cependant,

ce texte ne contient aucun développement et évoque essentiellement la réception des offrandes par le bénéficiaire de la formule.

21 Ô passeur, celui qui s’étend … (?)22, 22puisses-tu naviguer vers l’endroit

où navigue ce dieu vivant victorieusement (?)23 ! 23 puissé-je vivre avec

19 sur les relations entre certaines formules du livre des morts et les amulettes, voir

I. Munro, Ein Ritualbuch für Goldamulette und Totenbuch des Month-em-hat (SAT 7), Wiesbaden, 2003, p. 49.

20 l’édition de ces textes est actuellement en cours de préparation et sera prochainement

publiée. seule une traduction provisoire est ici donnée, accompagnée de quelques notes, sans commentaire exhaustif.

21 sur ces textes, voir S. Bickel, D’un monde à l’autre : le thème du passeur et de

sa barque dans la pensée funéraire, dans S. Bickel, B. Mathieu (éd.), D’une monde à l’autre. Textes des pyramides & textes des sarcophages : actes de la table ronde interna-tionale « Textes des pyramides versus Textes des sarcophages », Ifao, 24-26 septembre 2001 (BiEtud 139), le Caire, 2004, p. 91-117.

22 passage qui résiste à une traduction où le verbe dwn (Wb V, p. 431,1-432,18) est

em-ployé. Cette séquence est sans doute à mettre en relation avec les déplacements du passeur. peut-être à comparer avec la séquence dwn/pHr, dans Fr.-R. Herbin, Le Livre de parcourir

l’éternité (OLA 58), leuven, 1994, p. 102.

(12)

lui ! on m’a donné du pain. Je ne pourrai pas avoir faim. 24 on m’a donné de la bière. Je ne pourrai pas avoir soif. on a placé 25 pour moi le pain du ciel auprès de rê ; on ne diminuera pas le pain du ciel 26 auprès de rê. on a placé pour moi la bière de la terre auprès de geb ; 27 on ne diminuera pas la bière de la terre auprès de geb.

La formule pour ouvrir les deux vantaux à l’Osiris N dans la nécropole

la formule occupe les 9 dernières colonnes du manuscrit. elle est très bien conservée, tout comme le texte qui précède, mais sa traduction pose un certain nombre de difficultés, le texte employant des termes ou des séquences pour lesquels il n’est pas aisé de trouver des correspondances directes dans les corpora funéraires connus. la composition aborde les thèmes classiques de l’ouverture des chemins, du jugement et de l’intro-duction du défunt auprès des dieux au travers d’une série de références qui restent souvent assez obscures. on note néanmoins la mention des buttes de djémê qui, dans le contexte de cette documentation tardive, renvoie sans doute à Medinet Habou et laisse ainsi peut-être envisager une provenance thébaine pour le manuscrit.

28 formule pour ouvrir les deux vantaux pour l’osiris Jrtj-¡r.w-r-w, justifié,

29 fils de PA-dj-Jmn-m-jp.t, justifié, né de la maîtresse de maison

*A-dj(.t)-¡r.w-wr, 30 justifiée, dans la nécropole par celui qui frappe/consacre l’or (?)24.

31 oupouaout ouvre les chemins pour toi, ceux qui sont à l’intérieur viennent vers toi (?) 32 puisse shou ouvrir pour toi la caverne/chapelle dans laquelle il se trouve (?)25. geb ouvre 33 l’œil pour toi26. …27. sechat 34 te délie28. on ne

24 Hw nbw ? avec Hwj « frapper, consacrer » (Wb iii, p. 46,1-48,15). passage à comparer

avec le titre du chapitre 89 du Livre des morts copié dans le P. Londres BM EA 73670, va-riante du titre canonique de la formule et dont la thématique se rapproche de celle retrouvée dans la composition du P. Vatican 38596.

25 litt. wDa=tw n=k n ^w orr.t/kAr jm=f (?), avec krr pour orr.t « caverne » (Wb V,

p. 62, 4-7 ; pour la valeur o du signe k, cf. Fr. Daumas et al., Valeurs phonétiques des

signes hiéroglyphiques d’époque gréco-romaine, Montpellier, IV, p. 758) ; ou avec krr

pour kAr « chapelle » (Wb V, p. 107, 12-108, 12).

26 Wn jr.t Gb <n> n=k. À comparer avec la séquence « geb t’a ouvert les yeux alors

qu’ils étaient aveugles » trouvée dans la formule 169 du livre des morts par exemple (P. Barguet, Le Livre des morts, p. 249).

27 passage qui résiste à une traduction.

28 passage à mettre sans doute en relation avec la liberté de mouvement du défunt et

le rôle de Séchat dans la protection et la reconstitution du cadavre. Voir H. Altenmüller,

Seschat, Die den Leichnam versorgt, als Herrin über Vergangenheit und Geschichte, dans

Z. Hawass, P. Der Manuelian, R.B. Hussein (éd.), Perspectives on Ancient Egypt: Studies

in Honor of Edward Brovarski (CASAE 40), le Caire, 2010, p. 37-38. pour un exemple

d’emploi de sfx dans le sens « d’enlever les bandelettes », voir le chapitre 158 du livre des morts dans P. Barguet, Le Livre des morts, p. 226 et n. 2. il serait tentant de mettre cette séquence en relation avec l’épithète sfx-ab de séchat (sur cette épithète, voir D. Budde,

Die Göttin Seshat (Kanobos 2), leipzig, 2000, p. 13-27), sans qu’une interprétation plus

(13)

te trouvera pas de faute devant le Juge (?)29. 35 puisses-tu te diriger (vers)(?)30

les deux trônes de ce grand dieu dans 36 djémê31. ta place est auprès d’eux.

tu ne seras pas anéanti.

La formule du papyrus Londres BM EA 73670 ( fig. 2)

Ce long texte de 19 colonnes est introduit par une variante du titre du chapitre 191 du livre des morts. Comme la formule précédente, la com-position présente de nombreux termes, notions et signes difficilement ap-préhendables, et ce malgré le bon état de conservation du manuscrit. on comprend cependant bien le sens du texte, qui évoque plusieurs étapes de la renaissance du défunt : enterrement, jugement et arrivée dans l’au-delà, en partie illustrés par la vignette qui fait suite et qui vient clore le papyrus.

51 formule pour apporter le ba auprès de son cadavre, que viennent son …32, son ba et son ombre devant 52 Celui qui apporte33, deux fois, au lieu

de la sépulture/enterrement34 grâce auquel tu demeures (?). tes sœurs (?),

53 les déesses (?), puissent isis et nephthys t’élever, puisse ton fils 54 Horus te porter, puisse-t-il te protéger, puisse-t-il faire tomber les ennemis sous toi.

55 puisses-tu vivre comme Celui qui supervise l’année (?)35 et comme

so-this, puissent-ils contribuer à ta purification 56 dans la barque de rê, Celui qui préside pour toi le pays auprès de ceux qui sont sur terre36. 57 nout s’est

étalée sur toi, puisse-t-elle faire en sorte que tu existes en tant que dieu sans

29 passage à rapprocher de « ton massacre ne se produira pas devant le babouin » dans

le P. Londres BM EA 73670, col. 13 ; avec Wp, « le Juge » (Wb i, p. 302, 7-11 et LGG ii, p. 340-341) sans doute ici déterminé par un babouin (par comparaison avec le signe utilisé dans le P. Londres BM EA 73670). Cette divinité pourrait être mise en relation avec le babouin/thot représenté au-dessus de la balance dans les scènes de psychostasie du livre des morts (voir Chr. Seeber, Untersuchungen zur Darstellung des Totengerichtes im Alten

Ägypten (MÄS 35), München, 1976, p. 68, n. 239, 240 et p. 150).

30 peut-être sod r, « se diriger vers » ; voir AnLex ii, 78.3875.

31 JA.t-TAmt, « djémê » : gDG VI, p. 65-66 ; E. Otto, Djeme, LÄ i, 1975, col.

1108-1109. sur cette graphie, voir R. Stadelmann, Medinet Habu, LÄ VII, 1980, col. 1255; Chr. Zivie-Coche, L’Ogdoade à Thèbes à l’époque ptolémaïque (ii). Le périptère du petit

temple de Médinet Habou, dans Chr. Thiers (éd.), Documents de théologie thébaine

tar-dive (D3T 2) (CENiM 8), Montpellier, 2013, p. 241-242, n. (i).

32 rw.t dans le texte.

33 Jn(w), « Celui qui apporte ». divinité également mentionnée dans la formule 89

du livre des morts et qui peut vraisemblablement être mise en relation avec anubis (cf. P. Barguet, Le Livre des morts, p. 126).

34 Ors(.t), « enterrement, sépulture » (Wb V, p. 64, 8-65, 12). Sur les nuances qui peuvent

être prêtées à la traduction de ce terme, voir I. Régen, À propos du sens ors “enterrer”, dans I. Régen, Fr. Servajean (éd.), Verba Manent. Recueil d’études dédiées à Dimitri Meeks par

ses collègues et amis (CENiM 3), Montpellier, 2009, p. 387-399.

35 Hrj-rnp.t ? on aurait attendu Wp(w)-rnp.t (LGG ii, p. 351), compte tenu de la

men-tion de sothis qui fait suite dans le passage.

(14)

qu’on ne t’éloigne (?). 58 puisses-tu être noble sur le trône d’airain37, ton

bâton est en ta possession, puisses-tu donner des directives 59 aux/dans les places secrètes. les lions sont ceux qui réunissent ta protection, routi 60 est celui qui t’invoque sur le lit funéraire (?). tu as atteint l’horizon, tu as vu

61 les rayons du disque. puissent sekhmet et bastet te protéger 62 de …38 de

ceux qui n’ont rien. puisse-t-on entendre ta voix dans 63 le château d’osiris39.

ton massacre (?)40 ne se produira pas devant le babouin/le Juge41. 64 ton

cœur est juste sur la balance devant ce grand dieu seigneur 65 de l’occident. Ceux qui sont dans la douat t’accueilleront en paix. on (t’)a donné 66 les rations dans le temple. les deux serpents (?)42 sont sur leur ventre, 67 les

deux serpents (?)43 sont sur leur …44 les bovidés traînent (?)45, 68 puisse-t-on

conduire celui qui amoindrit le nain (?)46 69 vers l’obscurité …47 au ciel, dans

la douat (?)48, pour l’éternité-Neheh et l’éternité-Djet.

Les textes du papyrus Christie’s ( fig. 1)

À la suite du chapitre 89 du livre des morts, à partir de la colonne 20, le papyrus livre une composition textuelle originale non encore identifiée. son éventuel titre est aujourd’hui illisible et une traduction littérale ne peut être établie compte tenu de l’état fragmentaire du manuscrit. les quelques extraits encore conservés permettent néanmoins de cerner les thèmes abordés dans le texte. ainsi, des offrandes sont placées au ciel auprès de rê puis sur terre auprès de geb pour le défunt49 – qui parle à la

première personne – car celui-ci est identifié (Hr-nty jnk) à « Celui qui guide les baou (sSm bAw) ? » (colonnes 20-24). suit une section obscure (colonnes 25-26) dans laquelle semblent apparaître les termes XA.t et Dsr wr50, où le

37 xndw n bjA, « le trône d’airain » (AnLex ii, 78.3090). 38 lecture du signe non établie.

39 sur le Château d’osiris, voir Fr.-R. Herbin, Parcourir l’éternité, p. 276.

40 lecture peu sure, avec les signes de l’hippopotame et du serpent qui viennent

com-pléter le mot.

41 pour la valeur wp du hiéroglyphe du babouin, voir Fr. Daumas et al., Valeurs

phoné-tiques i, p. 244. Cf. également supra, n. 29.

42 lecture non établie.

43 À mettre en relation avec le substantif précédent. présence d’un jeu graphique

évident entre les deux termes.

44 terme qui résiste à une traduction dans ce contexte. 45 JH.w Hr sTA ?

46 mAa=tw xb(w) nmw r knHw ? éventuellement passage à mettre en relation avec le

ri-tuel de la danse des nains (xbb nmw), effectué à l’entrée de la tombe et attesté dans certains textes de stèles funéraires et sarcophages tardifs. À ce propos, voir J. Berlandini, Varia

memphitica VI. La stèle de Paraherounemyef, dans BIFAO 85 (1985), p. 46-48, n. (i).

47 lecture non établie : Dd xr m Hrj ? 48 pr.t, pour dwA.t ?

49 Cette séquence pourrait être rapprochée de celle rencontrée dans la formule d’appel

au passeur du P. Vatican 38596 (col. 23-27).

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défunt pourrait agir car il est oupouaout (Hr-nty jnk Wp-wAwt). C’est ainsi qu’il ne sera pas repoussé auprès du grand dieu dans la nécropole (nn

stnm(=tw) [wA.t n] nTr aA pw (m) Xr.t-nTr, colonne 27-28). enfin, le Chacal

de Haute-Égypte (sAb-Sma) est nommé dans la colonne 29, entre deux passages forts lacunaires où, sans qu’il ne soit possible d’en saisir le sens, l’œil-oudjat paraît mentionné51.

le texte des 9 colonnes suivantes peut quant à lui être restitué grâce à la formule du P. Londres BM EA 73670 évoquée plus haut. la première partie de cette composition constitue en effet un parallèle pour l’extrait du p. Christie’s, bien que quelques passages s’en détachent. en outre, si le texte du P. Londres BM EA 73670 se développe sur 19 colonnes, celui du p. Christie’s est beaucoup plus court, se terminant sur la titulature du propriétaire.

Celui qui apporte, 30 [2 fois, au lieu de l’enterrement grâce auquel (?)] tu demeures. tes sœurs 31 [les déesses (?)], puissent isis et nephthys [t’élever], puisse ton fils Horus te soulever, 32 [puisse-t-il te protéger], puisse-(t-il) faire tomber (les ennemis) sous toi. Osiris Khenty-Imentyou, puisses-tu vivre

33 [comme Celui qui supervise (?) l’année] et comme sothis. puissent-ils contribuer à ta purification dans la barque 34 [de rê], puissent-(ils) repous-ser ton …. (?)52 de l’entrée des chemins. Ô, osiris 35 [Khenty-Imentyou (?)],

Celui qui préside le pays auprès de ceux qui sont sur terre, puisse ta mère se répandre/s’étendre (?) 36 [sur toi] ! puisse-t-elle faire en sorte que tu existes en tant que dieu sans qu’on ne t’éloigne (?) 37 […] fils de ¡r-xby, justifié, né de la maîtresse de maison *Aj-BAstt-jmw.

les quatre formules ont en commun des thématiques funéraires classiques, exprimées à l’aide de notions qui sont parfois difficiles à appréhender en raison de l’absence de parallèles clairs dans les corpora funéraires. il est possible que ces parallèles existent, mais sans doute plus sous la forme de séquences isolées que sur l’ensemble de l’un de ces textes. Compte tenu des relations existantes entre plusieurs des formules utilisées dans ces manuscrits et les sarcophages sur lesquels elles se trouvent régulièrement copiées, il n’est pas exclu que des textes comparables à ces compositions originales y aient également été placés. néanmoins, il faut envisager que ces formules soient des créations tardives, sortes de patchworks religieux,

Totenliturgien 4. Die Klagelieder von Isis und Nephthys in Texten der Griechisch-Römischen Zeit (Supplemente zu den Schriften der Heidelberger Akademie der Wissenschaften, Philoso-phisch-historische Klasse 22), Heidelberg, 2010, p. 92-93.

51 il s’agit peut-être du nom du défunt.

52 Une lecture jsd (Wb i, p. 134, 7-8) serait envisageable, sans que la présence de ce

terme dans cette séquence ne puisse être clairement expliquée. le passage n’a pas été copié dans le P. Londres BM EA 73670.

(16)

fruits des réflexions de prêtres inspirés par les textes qui leur étaient fami-liers et par les notions auxquelles ils étaient sensibles au moment de leur rédaction53. Ces textes peuvent ainsi être considérés comme des témoins

des processus de création en cours durant l’époque tardive dans le do-maine de la littérature funéraire. de même, ils contribuent à compléter un état des croyances funéraires qui vient préciser celui traditionnellement transmis par des textes mieux connus et représentés.

outre le format, l’organisation et la cursive hiéroglyphique qui se re-trouvent d’un document à l’autre, plusieurs séquences textuelles se font écho : les offrandes placées sur terre auprès de geb et au ciel auprès de Rê, dans les P. Vatican 38596 et p. Christie’s ; le jugement devant le Babouin dans les P. Vatican 38596 et P. Londres BM EA 73670 ; ou encore l’expression Hw nbw (?) dans les P. Vatican 38596 et P. Londres BM EA 73670. Leur emploi suppose que les scribes responsables de la composition de ces textes ont puisé dans un même répertoire de textes, ce qui confère sans doute à ces formules une origine commune. l’ensemble de ces éléments laissent ainsi présager que les papyrus ont été composés dans un unique « atelier ».

IV. La fonction des documents

Ces documents peuvent être rapprochés d’un groupe plus large de papy-rus54 qui, s’ils n’ont pas un style strictement identique, possèdent le même

format – bandes de papyrus d’une quinzaine de centimètres de hauteur. ils sont tous rédigés en hiéroglyphe et contiennent certains des textes copiés dans nos cinq manuscrits : chapitres 191, 89 et 72 du livre des morts. ils peuvent également être dotés de formules funéraires originales55.

plusieurs d’entre elles se trouvent habituellement placées sur d’autres supports que le papyrus, tout comme les formules du livre des morts ici sélectionnées56. il est donc probable que ces documents funéraires

particuliers aient été mis en place selon des critères qui se rejoignent. si l’on ne constate pas de changements et/ou d’évolution dans les cou-tumes funéraires durant l’époque tardive, les égyptiens ont malgré tout été conduits à adapter leurs pratiques à certaines contraintes : durant cette période en effet, les sépultures collectives se généralisent et les particuliers

53 À ce propos, voir M. Smith, Traversing Eternity Texts for the Afterlife from

Ptole-maic and Roman Egypt, oxford, 2009, p. 16-17.

54 A. Wüthrich, S. Stöhr, Ba-Bringer und Schattenabschneider. 55 B. Backes, Drei Totenpapyri.

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doivent faire face à un relatif manque d’espace les empêchant sans doute de disposer facilement d’un équipement funéraire complet57. il n’est donc

pas exclu que, dans certaines circonstances, plusieurs des textes théori-quement destinés à être copiés sur un matériel exclu de l’équipement fu-neraire aient été transférés sur papyrus, ceux-ci permettant de centraliser et de bénéficier des éléments indispensables à la résurrection en évitant un déploiement peu concevable dans un tel contexte58. en outre, les

pil-lages de tombes deviennent de plus en plus fréquents à cette époque et ils exposent les momies à d’éventuels dommages pouvant compromettre le devenir post-mortem des défunts. le recours à des objets associés à des formules particulières et pouvant être placés au plus près des corps aurait probablement permis de se prémunir magiquement contre cette possible menace59. en conséquence, les manuscrits funéraires présentant des

sélec-tions textuelles spécifiques répondraient peut-être de ces problématiques. dans le cas de nos documents, il est notable que plusieurs des formules employées présentent des liens avec certains objets de l’équipement fu-néraire : les sarcophages, dans ou sur lesquels elles doivent être placées pour être efficaces60 ; les bandelettes (d’étoffes), sur lesquelles doivent

être dessinées des représentations spécifiques61 ; ou des amulettes, sur

lesquelles les formules doivent être récitées62. la copie de tels textes et

la figuration d’amulettes sur un unique papyrus auraient peut-être permis

57 sur le phénomène de réutilisation des tombes à thèbes par exemple, qui pourrait

en grande partie expliquer ces pratiques, voir L. Kákosy, G. Sieber, Use and Re-use. An

Overview of the Post-Ramesside Burials in TT 32, dans K. Martin, E. Pardey (éd.), Es werde niedergelegt als Schriftstück: Festschrift für Hartwig Altenmüller zum 65. Geburts-tag (SAK Beihefte 9), Hamburg, 2003, p. 203-209.

58 M. Smith, Traversing Eternity, p. 48-49 ; B. Backes, Drei Totenpapyri, p. 103-104. 59 Voir à ce propos E. Varga, L’apparition du CT 531 sur des masques de cartonnage,

dans L’égyptologie en 1979. Axes prioritaires de recherches (Colloques internationaux du

Centre national de la recherche scientifique 595), paris, 1982, ii, p. 63-71, particulièrement

p. 69.

60 la formule 72 du livre des morts indique « Celui qui connait ce livre sur terre, ou

celui dans le sarcophage duquel il est mis en écrit, il peut sortir au jour … » (P. Barguet,

Le Livre des morts, p. 111) ; la formule 161 précise « toute momie pour laquelle (ces)

images divines sont tracées sur son sarcophage, on lui ouvre les quatre ouvertures du ciel » (ibidem, p. 227-228).

61 les formules 163, 164 et 165 du livre des morts indiquent que les textes doivent

être lus sur des figures spécifiques (celles représentées dans les vignettes associées) des-sinées sur des bandelettes d’étoffes placées autour des jambes et de la poitrine du défunt (ibidem, p. 235, 237 et 238).

62 la formule 89 du livre des morts doit être récitée sur une âme/ba en or incrustée de

pierres précieuses et placée au cou de l’homme (ibidem, p. 126). la relation des formules 163, 164 et 165 du corpus avec les amulettes peut également être prise en compte en ce sens, les figures représentées sur les bandages faisant office de véritables amulettes (A. Carol,

(18)

à son propriétaire de bénéficier de leurs effets sans avoir été pour autant entouré de l’ensemble du matériel idéalement requis. Cependant, les cinq papyrus étudiés ici se définissent par l’emploi d’une sélection réduite de formules et par un choix d’illustrations bien particulières, tandis que les autres documents du genre semblent plutôt compiler un nombre plus va-rié de textes, selon une organisation qui les rapprocherait plus de livres des morts traditionnels. de plus, les objets de l’équipement funéraire as-sociés aux textes copiés dans ces cinq documents se caractérisent par la fonction protectrice qu’ils ont justement sur le corps des défunts, les formules insistant de ce fait sur la préservation du cadavre. en ce sens, on pourrait prêter à ces documents un usage plus spécifique qu’il serait tentant de connecter aux représentations d’amulettes figurées à la fin de la plupart des manuscrits.

l’époque tardive semble être marquée par le développement d’une documentation funéraire pouvant être mise en relation avec les amulettes et leur fonction rituelle63. des phylactères contenant une ou plusieurs

for-mules significatives sont ainsi parfois venus compléter les équipements funéraires. Ces papyrus étaient dotés d’une valeur magico-rituelle qui permettait de renforcer la protection des défunts64. d’une façon

compa-rable, les cinq documents présentés, au travers des textes et des illustrations sélectionnés, auraient permis d’apporter une assistance supplémentaire aux bénéficiaires dans des moments cruciaux de son parcours dans l’au-delà : en l’occurrence, l’ouverture et le franchissement des chemins, le juge-ment, la réception des offrandes et le retour du ba auprès de la dépouille. Ces papyrus s’inséreraient ainsi dans une catégorie de manuscrits qui venaient, à la manière de phylactères, peut-être se placer au cou de la momie – comme le suggérerait la représentation de l’étui inscrit au nom du défunt figuré dans le P. Vatican 38596 – et dont la fonction protectrice aurait spécifiquement été recherchée.

Cette documentation ne doit probablement donc pas être considé-rée comme une simple compilation de formules funéraires telle qu’elle s’observe dans le livre des morts par exemple, et ce en dépit du fait que plusieurs textes également utilisés dans le corpus y aient été intégrés. il s’agirait au contraire de manuscrits dans lesquels une sélection textuelle et iconographique spécifique a été opérée dans un but à l’évidence

63 À propos de cette documentation, voir Fl. Albert, Amulette und funeräre

Handschriften, dans M. Müller-Roth, M. Höveler-Müller (éd.), Grenzen des Toten-buchs: ägyptische Papyri zwischen Grab und Ritual, rahden, 2012, p. 71-85.

64 Fl. Albert, M. Gabolde, Le papyrus-amulette de Lyon Musée des Beaux-Arts H 2425,

(19)

protecteur. ils venaient se greffer à l’équipement funéraire pour en com-pléter les effets. dans le contexte funéraire particulier de l’égypte tardive, où les sépultures collectives se développent et les pillages devaient être courants, il n’est pas étonnant que de telles pratiques se soient mises en place car elles contribuaient à renforcer la protection d’un cadavre dont la pérennité ne pouvait pas être assurée. l’utilisation de formules origi-nales au sein de ces manuscrits reflète en outre un mouvement culturel de création textuelle qui semble particulièrement fécond à la période tardive. l’étude et la mise en perspective de l’ensemble de ces textes permettront sans doute de mieux comprendre ce phénomène, ainsi que les processus de transmission qui ont conduit à l’élaboration d’une lit-térature funéraire tardive illustrant au mieux les croyances religieuses d’une époque intellectuellement foisonnante.

(20)

fig. 1a. p. Christie’s (reconstitution de l’auteur). Vue générale, écriture réhaussée (http://www.christies.com/lotfinder/ancient-art-antiquities/three-egyptian-papy- rus-fragments-late-period-dynasty-5478199-details.aspx?pos=6&intobjec-tid=5478199&sid=&page=4&lid=1)

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fig. 2a. P. Londres BM EA 73670 (reconstitution d’après photographies © Cour-tesy of the British Museum). Vue générale, écriture réhaussée

r

r

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Fig. 2B. P. Londres BM EA 73670 (reconstitution d’après photographies © Cour-tesy of the British Museum). Col. 1-27, écriture réhaussée

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Fig. 2C. P. Londres BM EA 73670 (reconstitution d’après photographies © Cour-tesy of the British Museum). Col. 27-51, écriture réhaussée

(26)

Fig. 2D. P. Londres BM EA 73670 (reconstitution d’après photographies © Cour-tesy of the British Museum). Col. 51-69, écriture réhaussée

(27)

Fig. 2E. P. Londres BM EA 73670 (reconstitution d’après photographies © Cour-tesy of the British Museum). Col. 69-Vignette 110+125, écriture réhaussée

(28)

fig. 3a. P. Vatican 38596 (photo Fl. Albert © Musei Vaticani). Vue générale, écriture réhaussée

(29)

Fig. 3B. P. Vatican 38596 (photo Fl. Albert © Musei Vaticani). Col. 1-20, écriture réhaussée

(30)

Fig. 3C. P. Vatican 38596 (photo Fl. Albert © Musei Vaticani). Col. 20-36, écriture réhaussée

(31)

Fig. 3D. P. Vatican 38596 (photo Fl. Albert © Musei Vaticani). Col. 36-Liste d’amulettes, écriture réhaussée

(32)

fig. 4. p. berlin p. 3122 (d’après A. Wüthrich, S. Stöhr, Ba-Bringer und

(33)

fig. 5. p. paris louvre n. 3108 (d’après A. Wüthrich, S. Stöhr, Ba-Bringer

Figure

fig. 1a.  p. Christie’s (reconstitution de l’auteur). Vue générale, écriture réhaussée   (http://www.christies.com/lotfinder/ancient-art-antiquities/three-egyptian-papy- rus-fragments-late-period-dynasty-5478199-details.aspx?pos=6&amp;intobjec-tid=5478199&
fig. 1b. p. Christie’s (reconstitution de l’auteur). Col. 1-19, écriture réhaussée
fig. 1C. p. Christie’s (reconstitution de l’auteur). Col. 19-37, écriture réhaussée
fig. 2a. P. Londres BM EA 73670 (reconstitution d’après photographies © Cour- Cour-tesy of the British Museum)
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