Article
Reference
Un problème d'Eugénique: les premiers-nés représentent-ils un état intellectuel privilégié ?
PITTARD, Eugène
PITTARD, Eugène. Un problème d'Eugénique: les premiers-nés représentent-ils un état intellectuel privilégié ? METRON , 1932, vol. 10, no. 1-2, p. 102-105
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:109543
Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.
1 / 1
Nièhi
zuierhaufèn
RTVISTA INTEBNAZIONALE Dt .STATISIICA
_
REVUE INTERNATIONALE DE STATISTIQUE INTERNÀTIONAL REV|EW OF STATISTICS_
INTERNATTONALE STATISTISCHE ZEITSCHRIFTDIRSIIIORE PROPRIETARIO _ DIRECîEUR DT PN,OTNTÉîETNE
. .EDrloR aND pRopRrEloR - EERAUSGEBER UND ETGENTEÛMER
Prof. Dott. Corrado frini, Di,rettoye d,âll'Istituto
di
Slalislica della R, Uniaersàlàili
Roma.COMIîAîO DIRETTTVO _ COMIîÉ DD DIRECÏION EDTîORIAIT COMMIÏIDE - DIREKIION.KOMITEE
Ptof. A. Andréadès (Athèncsl - Prof . S. Bernstein (Gôttdngen). Prof. A. E. Bunge (Buenos Airesl - Prof. F. P. Cantelli (Roma) - Prof, C.V. L. Charlier (Lund) - Prof. A. Flores de Lemus (Mad.riil\ - Prof. M. ûreenwood (Londonl - Ing. L. March (Paris) - Dott. û. Jahn (oslo) Prof. H. W. Melhorst (La Haye) - Prof. A. Julin (Bruzellesl - Prof. R. Pearl (Baltimorcl
Prof.
lI.
Westergaard (Copenhogen). AMMINISîRAîORE - ÀDMTNISîRÀîEI,R _ MANAGER - VERWAITîER Dott. Silvio Orlandi, Istdtuto ilà Statistica tlella
R.
Uniuercità dè RomasEGRSIARIDTREDAZToNE
-
sEcRÉîarREs DE RÉDAcûoN EDITORIAI] SECREîARIF.S _ R E DA CTI O N S S E C RE 1A E R EProf. Luigi 0alvani
-
Dott. Mario SaibanteVol.X-N.
1-2.t5-rx-1932.
E. PITTARD
MTTRON
Un problème d'Eugénique
:les premiers-nés représentent-ils
un étx intellectuel privilégié
ROMA
AMMINISTRAZIONE DEL TMETRONI
EUGÈNE PITTARD
Un problème d'Eugénique: les prerniers=nés
représentent'ils ull êtat intellectuel privilégié ?
On a déjà étudié, en divers
lieux,
la valeur biologique compara-tive
des aînéset
des cadets.On a dit, par
exemple, queles
aînés héritaient, bien plus facilement que les autres enfants, 1es afiections héréditaires ou pseudo-héréditaires:la
tuberculose,la
folie,la
myo- pie, l'épilepsie, etc.Certains auteurs affirment que lorsqu'il existe dans une famille,
une
affectiolr ouune
malformation congénitale,l'aîné
des enfantsest toujours atteint.
Ona
mêmeété jusqu'à
proclamer, d.ans ce sens, une <loi
d'alnesse >. D'autres, au contraire, pensent qu'au point de vue du patrimoine héréditaire, l'aîné n'est pasun
être ayant un caractère particulier.On
voit
combien, sur ce point, les avis sont partagés. C'est que les enquêtes, pour apprécier de tels faits, sont encore bien insuffisan- tes.La
question, cependant, est d'importance,à une
époque où l'Eugénique essaie defaire triompher sa doctrine, à
une époqueoù le
nombre des naissances d.iminue daus tous lespays,
où beau- coup de familles se contentent d'avoirun
seul enfant.Si l'on
venaità
démontrer que 1e premierenfant
possède en puissanceplus
de qualités-
ou plus de défauts-
que les autres,le fait serait
d'une valeur sociale particulière.Je
crois bien que nous n'en sommes pas encore 1à. Ir'hérédité humaineest
encore trèsmal
connueet
l'être humain estun tel
complexequ'il
est singulièrementrlifrcile
d'iso-ler
chaque facteur composant pour l'étudierà part,
en fonction detous les autres.
I
taz
***
11
y a
quelques années, Conneoo GrNr a eu l'idée d,instaurer une enquêtesur ce qu'on pourrait
appeler, grosso-mod.o,la
valeur intellectuelle des aînés(r).
11a
cherché quelavait été l'ordre
des naissances chezles
professeursdes
universités italiennes. 11 est arrivé à cette conclusionque
(le
nomhreeffectif
d.es professeurs d'Université est, pour ies premiers nés, supérieurau
chiffre théo-rique; il
est, au contraire, inférieur pour les cadetset
d.,autant plus bas que l'ordre de naissance est plus élevé > (z).La réponse à une telle enquête ne peut pas être envisagée seule- ment du point de vue d-'une statistique brute.
il
entre, dans le choixd'une
carrière, des éléments divers, économiques, sociaux, moraux,familiaux, où les
parentset les
enfantspeuvent être
également intéressés. Giniluimême le signalait. rlestpossible que des cadets mieux favorisés intellectuellement que l'aîné, n'aientpu
être appelés à une chaire universitaire justement parce que l'aîné se préparait rui-mêmeà
l'occuper.Au
surplus, les nominations universitaires ne marquent pas toujoursla
valeur réelle de f individu consacré.Et tant
d.'autresraisons encore pourraient être invoquées! Nous reviendrons d'ailleurs sur tous ces détails dans une publication prochaine où nous aurons
le loisir
d'exposer tous les faits statistiques et sociaux et moraux qui, au cours d'une enquête que nous avons menée, sont parvenus à notre connaissance.Pour aujourd'hui,
je
veux simplement mettre en parallèle avec l'enquête de.GrNr celle que nous avonsfaite
en Suisse, sur le même type que celle de l'auteur italien, eny
ajoutant cependant quelques questions subsidiaires.Notre questionnaire
a
été envoyéà
tous les professeurset
pri- vat-docents (ces derniers sont souvent les professeurs de demain) desuniversités suisses.
La plupart
de nos forrnulaires sont rentrés avec presquetoujours
des réponses suffisantes. euelquefois, cepend"ant, nous avonsdri
reposerles
questions sousune autre forme
pourêtre
mieux compris..
(r) C. Gnrr, Nuoae osseruazàoni sui ôroblemi d,ell'Eusenica. La disttibu- sTone d'ai prolcssori della un'iucrsitù itiliuytc seeonùo Li otdinttli
nusci,l,u,qRiv.
it., di
sociologiaù, rgr4._,,, \.) 9 \. "n nl
eÉnfr,'dans Eugënique, otgaîe d.e la Soc. franç. d'Eu- geruque, Eaflq r92o, p. r89.r03
Des
réponses utilisablessont
arrivéesde
357 professeurs et privat-docents.Nous
avouséliminé 7
femmesqui
seront considéréesà
part, leurs conditionsn'étant
pas évid.emment comparablesà
celles deshommes.
Nous avons encore éUminé 17
ûls
uniques, .qui,n'ayant
pas de frères, ne seprêtent
pasà faire
ressortirl'influence de l'ordre
de génération.Il
reste 333 professeurset
privat-docents,dont la
tableau ci- dessous ind.iquela
réPartition.ENQUÊTE PITTARD ENQUÊTE GINI
ORDRE
DE GÊNÊRATION
DES PROFESSEURS NoMBRE DEs
Rapprt Rapport
observé calculé rma obsewé calculé roo â
I
2 3 4
5
6
7 8
tz6
64 34
t4 6
92,8 92,8 68,8 39,8 2ot3
8,r
5ro 215 2r8
I4I
8z 58 45 32
87,4 87'4
69,9 54'2 38,7
44,9 3r
27
46
8Z
8o
77
r50
(ù)
z6t 9o 8e 83 83
69
8t
4 3 5
g et au dessus 33,2
Toteux. .. .
A
côtéde la répartition
observee (col.r),
nous mettonsla
ré-partition théorique (col. z), qui se serait
vérifiée,si l'ordre
degénération
î'avait
exetcé aucune influence surla
probabilité d'ap-partenir à
l'Université.415'7 332,9 416
I
ao+
Il faut
ajouter que, soit dansla numération du
nombre des enfants,soit
dans celle de l'ord.re de génération, nous n'avons.pas compté les enfants mort-nés, ou morts enbas
âge.f,a
colonne3
montre, pour chaque ordre de génération, le rap-port
entrele
chiffre observéet le
chifire théorique des professeurs.I1 en résulte que les alnés présentent un noiabre de professeurs tle 36 o/o plus élevé que celui qu'on
aurait dû attendre, si
l'ordre de générationn'avait
exercé aucune influence.Po'rr
les
rangs suivants,le
nombre observé est toujours pluspetit
quele
nombre théoriqueet la
difiérence augrnentepour
les ordres de,générationplus
élevés, saufpour le huitième rang
et audessus, pour lesquelsle
nombre observéest du
Soo/,
supérieur au nombre calculé. I-res cas observés sontpourtant trop
pe1l nom- breuxpout
regarder cette exception comme significative.Nous avons mis en regard de
nos
chifiresles
chiffres obtenus par Grwr. Les resultats des cleux enquêtes cadrent aussi bien pour cequi
concernela
plus forte proportion des alnés, quepour
ce qui concernela
proportion des cadets, décroissant, d'une façon générale, avecl'ordre
de naissance.Les chiffres de
GIur
aussi montrent une interruption dans cet-te
décrt-rissarrce pour ce qui concerne les rangstrès
élevés (huitièmeet
au-dessus), sans toutefois quele
nombre observé dépasse, dans son enquête,le
nombre théorique.Nous ne voulons, pas,
au
sujet de cette communication, entrer dans plus de détails. Nous l'avons déjadit,
ceux-ci seront exposés dansun
mémoire que nous publierons prochainement.J'ai
simplement vouluici,
pour ce qui concerne les premiers-nés, faire une comparaison avec l'enquête de GrNr.Ét,
de même que celui- ci,j'ajoute
qu'il ne faut pas inférer des résultats ci-dessus àla
valeur intellectuelle certaine d.es premiers-nés. D'autres facteurs que le hasardde la naissance doivent être envisagés, en particulier celui qu'indiquait déjà Conneoo GrNr : à savoir le désir qu'ont certaines familles de
voir
l'a1né occuper une
position
socialequi honore la famille
entière.Toutefois, dans notre propre enquête,