A NNALES MATHÉMATIQUES B LAISE P ASCAL
A LAIN F AISANT
Interprétation factorielle du nombre de classes dans les ordres des corps quadratiques
Annales mathématiques Blaise Pascal, tome 7, n
o2 (2000), p. 13-18
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Interprétation factorielle du nombre de classes dans les ordres des corps quadratiques
Alain FAISANT
Résumé : Soit 0 un ordre d’un corps
quadratique,
de conducteurf
et de nombre declasses h ;
; l’anneau 0 n’est pas engénéral factoriel;
on définit une notion d’élémenth- premier qui
donne une c sorte de factorialité » à une certainepartie A f
de d . .1. Notations et
rappels
1.1. K =
( d
E Z sans facteurcarré)
étantdonné,
on définitOK
comme étantl’anneau des entiers de K : :
OK
= Z + Zw où t.AJ si d = 1 mod 4 et w== B/3
sid ~
2,
3 mod 4. .1.2. Soit 0 un ordre de K
(i.e.
un sous-anneau unitaire de rang 2 deK ) ;
; 0 est dela forme 0 =
~ f
= Z +Z f w , où f e N
,f
> 1 : ~ est caractérisé par son conducteurf
; pouralléger
les notations on neprécise
pastoujours f
; i~ est un anneau n0153thérienet
Of ~ O1 = OK
.1.3.
M f désigne
le groupe des modules de K associés àû f
, c’est-à-dire : : M EM j
si et seulement si M est un sous-groupe additif de K dont l’anneau de stabilisateurs
{x
EK ;
xM CM}
estexactement Of
.Si
P f
={M
EMr ; M
=03B1Of,
a eK},
, alors le groupeClf
=Mf/Pf
des classes de l’ordred~
est un groupefini ;
son ordre est notéh f .
.1.4. Pour M E
M~
on note la norme de M( 0 ~ E Q,
et E N siet seulement si M C
Of); si
a E K et M =03B1Of , alors N(M)
= .1.5. Si M E
M f
et M C~ f
on dit que M est un0 f
~- idéal : : M est enparticulier
unidéal de l’anneau
d f
; un idéal 1 de n’est pas forcément unOf
-idéal ;
néanmoinssi 1 est
premier
avecfOf,
on montre que 1 est un9/ 2014
idéal : cf[3] (lemme IV.5, p.163)
ou
[2] (Exercice 8, p.169).
14
1.6. Un 0 - idéal I de l’ordre O est dit 0 - irréductible si : :
I ~ O
et 1 =I1.I2,
oùII
et
12
sont des C~ - idéauxentraîne Il
= (9 ou12
= ~ . .2022 Tout
Of
- idéal(non
nul sif =1 )
estproduit
deOf
- idéauxd f
- irréductibles(ceci
est dû au fait que0/
estnoethérien).
1.7. Un n - idéal I est dit d -
premier
si : I diviseI1.I2 implique
I diviseIl
ouI2 (où
1 diviseIl signifie qu’il
existe un d - idéal L tel queIi
=I.L ).
Il est clair quel~ -
premier implique
0 - irréductible(la réciproque
est fausse : cf[3],
exerciceIV.15) ;
;pour remédier à cela on introduit :
1.8.
J f
=~I ;
I i7 j - idéal et I +f d
f =n f}
: c’est donc l’ensemble des C~ f - idéauxpremiers
avec l’idéalf d
f ded f
.Lemme 1. . Soit 1 un idéal de
Of.
.Pour que 1 E
J f il faut
etsuffit
quePGCD(N(I), f )
= 1. .Preuve. cf
~3~, p.163.
Théorème 1. .
1)
Si 1 E J f on a : I estOf
- irréductible si et seulement si I estOf
-premier 2)
ToutOf
- idéal, , non nuIlorsque f
=1,
, deJ f
est, defaçon unique, produit
de0 f -
idéaux~f
- irréductiblesPreuve.
1) provient
essentiellement du lemme1; 2)
est alors évident.2.
Éléments k-premiers ;
k-factorialitéOf
étantn0153thérien,
on sait que tout x~ Of B {0}
admet unedécomposition
enproduit
de facteursirréductibles ;
comme engénéral ~
irréductible~b premier ~
on n’a pas unicité de ladécomposition.
L’idée consiste à introduire le nombre de classesh f
ou mieuxkl
pour retrouver cetteunicité ;
à cet effet on définitAf
=~~
Ed f; Ï) =1}
~analogue
deJ f
pour les éléments.Lemme 2.
i) Û f
CA f ( d f
est le groupe des unités deii) Si f = 1
on aA/
=0K
iii)
Sif
>1,
, alorsA f
est unsous-demi-groupe multiplicatif
ded f ;
deplus A f
est consistant : si x et y E
Of
et xy EA f
, alors x et y EA f .
.iv) Si x ~ Of et x ~ 0 on a : x ~ Af ~ xOf J/ .
.Preuve.
i)
etil)
sont clairs.iii)
SiPGCD(N(xy), f )
= 1 alorsPGCD(N(x), f )
=PGCD(N(y), f)
= 1. .iv)
1 =xOf
est un idéal de l’anneauOf ; d’après
le lemme 1 on a I EJ f
si et seulementsi
Jlï{I)
estpremier
àf mais N(I)
=, d’où
le résultat.On
désigne
park f l’exposant
du groupeCI f
est le maximum des ordres des éléments deClf
; on sait quek f
divise l’ordreh f
deCl f )
; on dira que x EA~
estk f -
premier
s’il vérifie :(~r
divise xy dansAI)
===~(~r
divisexkl
ou ~r diviseyk~
dansA/) .
.Lemme 3.
Soient P un élément
d f -
irréductible deJ f
, a > 1 l’ordre de dansCl f
et 1r E
n f
tel que P° = nOf
. Alors :i)
~r EAI
il)
03C0 est irréductible dansA f
: si 03C0 = xy , où x et y EAf
, on a x E0 f
ou y EO f
iii) 03C0
est k f -premier .
.Preuve. -
i)
car ~r E~t
et = estpremier
àf .
.il)
Si n = zyalors
P° =xOf.yOf
etxOf
,yOf
EJ f
; le théorème 1 donnexOf
= Puet
y~7
f =P"
où u + v = aalors
pu estprincipal
donc a divise u ; de même a divisev : si u = au’ et v = av’ on a a = u + v =
a(u’
+v’) qui impose
u’+ v’ == 1,
d’où parexemple u’
=0,
,v’ _ ) ,
,auquel
cas u =0,
, v = a , alorsyOf
= P°‘ =03C0Of
: il existeg E
0;
tel que y = ~03C0 , et enfin x =E"1
EO f
.iii)
Si 03C0 divise xy alors03C0Of
= Pa divisexOf.yOf
, donc parexemple
P divisexOf
:si
xOf
=P.J ,
alorsx03B1Of
= P°‘.J°’ =03C0J03B1 ,
donc x°‘ E 03C0J03B1 et 03C0 divise x03B1 ; comme a divise a fortiori 03C0 divise .Il
n’y
a pas d’autres irréductiblesk f - premiers
que ceux du lemme 3 : :16
Lemme 4.
Soit 7T E
A f
irréductible etkt
-premier ;
alors il existe un élément - irréductible P deJ f
tel que03C0Of
= Pa(où
a est l’ordre de dansClf ).
Preuve.
On note 0 pour
0/
et k pour Le théorème 1 donne ~r~ ~Pi... Pn ,
où lesPi
sont d -irréductibles ;
; alors si Qi est l’ordre dec~(P=)
dansCIl
il existe p; E 0 tel quePa‘
=piO ; Soit
Si = de sorte que =(Pl O)s1
... =pil
...psnn
O, donc
=
~ps11
...pn
où E E comme 03C0 est k -premier
il existe i tel que 03C0 divise :si = 03C0x on a
psiki O
= 03C0O.xO =Psi03B1ik
et l’unicité(théorème 1)
donne 03C0O = ,donc a; divise r, : si ri = ait on a 03C0 =
upf ,
où u EO
; comme 03C0 est irréductible on a O et on en déduit que t == 1 donc 03C0O =Pi..
.Théorème 2.
Soit a? E
A f
tel que x~ 0 f
etx ~ 0 alors
i)
il existe 03C01, ..., 03C0rirréductibles,
k f -premiers
et non associés deux à deux tels quexk~
=7r~ ... ?r~ ,
, où les nombres entiers s; sont >1 ;
.ii)
cettedécomposition
estunique
à l’ordreprès
desfacteurs
et à unitéprès.
On dit que
AI
estk f -
factoriel. .Preuve. On note encore 0 pour
~ f
et k pourk f
.i)
On a x0 =P~
...Pn
et l’ordre a; dec~(P~)
divise k : si k = a=ar= et Pa~ _ ,où 7r,
E C? ,
on a03C003C311O
...03C003C3nn O donc xk = ~03C003C311
1... où ~~ O ; , _1 es
03C0i sont irréductibles et k -premiers (lemme 3) ; après regroupement
on obtientxk
=~03C0s11 ... 03C0srr
.ii)
Sixk
===pi’
...pn»
est unedécomposition
du mêmetype,
alors pi divise03C0s11
...03C0srr
,donc, quitte
àrenuméroter,
pi divise(car
pl est k -premier )
si03C0s1k1
= api ,comme
03C01O
=Pi
1{lemme 4),
on aP03B11s1k1
=03C11O.aO ;
l’unicité de ladécomposition
desC~ --
idéaux et le fait que pi et a EA f
montrent que pl ~7 = Ainsi al divise w : siw = 03B11v1 , on a
03C11O = 03C0v11O,
donc pi = où u EOX
comme pi est irréductibleon a v1 = 1 donc pi et 03C01 sont associés.
On montre maintenant que si = ti :
a)
Siti
> si on écrittl
= si+ ~ ,
où o~ >0 d’où, après simplification :
03C0s22
... U03C003C31 p2
...03C1tnn
donc 03C01 divise
03C0s22 ... 03C0srr ;
comme xi est k -premier,
, 03C01divise,
parexemple, 03C0k2
:si
03C0k2
= 03C01 y on aP03B12k2
=P03B111.yO ;
l’unicité de ladécomposition
des d - idéauximpose Pi
=P2
et 7r2 serait associé à 03C01 , cequi
n’est pas.b)
On a donc si donc si = t1 + 03C3 , où u >0,
d’où03C003C31 03C0s22
... = upZ
... .Si on avait 03C3 > 0 on en déduirait que 03C01
divise,
parexemple, donc
que pi diviserait03C1k2 ;
en raisonnant comme ena),
on conclurait que pi et p2 sontassociés,
cequi
n’estpas. Ainsi 03C3 = 0 et s1 = tl ..
On conclut par itération.
Corollaire.
Si
h~
~=1 ledemi-groupe A f
estfactoriel
en ce sens que tout x EA f 1 d f
et nonnul s’écrit x =
03C0s11
...03C0srr ,
ou les 7r, sont irréductibles etpremiers
dansA f
non associésdeux à
deux,
et cette écriture estunique
à l’ordreprès
desfacteurs
et à unitéprès.
Exemples
1Les ordres , , Z ~- Z 2i des corps
C~ t ~) ,
,Q ( ~) ,
,Q ( i )
ontpour conducteur
f
= 2 et nombre de classesh2 =
1 : ledemi-groupe correspondant A 2
est
factoriel ;
il en est de même pour l’ordre03
deQ(B/~3) :
:f
=3,
,h3 = 1 ;
cesquatre
ordres sont les seuls ordres de corpsquadratiques imaginaires
de conducteurf
> 2 pourlesquels
le nombre de classesh f
vaut 1. Par contre ledemi-groupe A2
de Z +Z -11
est«3-factoriel. : on a x3 =
03C0s11
...03C0srr
pour tout x EA2 B O 2,
où les 03C0i sont des éléments irréductibles et3-premiers
deA2
C’est la factorialité duA2
de Z + Z2iqui
est utiliséedans
[1].
.’
Exemple
2L’anneau des entiers de K =
(,~(~)
estOK
= oùw2
=-5
le nombre de classes est h =2 ; l’exemple classique (cf [4])
estar=6=2x3=(l+ o;)(l -1~).
.Pour avoir la
décomposition
dex2
selon le théorème 2(ici f = 1 )
on calcule(1 f w)z = 2 (-2 f w) ,
d’oùx~
=22 ("2
+w)("2
-w)
.C’est la
décomposition
recherchée : :~ 2 est irréductible et
2-premier puisque
2OK
=PZ ( 2
est ramifié car Disc K =-20 )
et
d’après
le lemme 318
~ 3 est
décomposé (car
Disc K est un résiduquadratique
modulo3)
donc 3OK
=Q.Q’ .
.On a
Q~
=(2
+ etG~’~
=(2 -
donc -2 ~ w sont2-premiers,
et irréductiblescar de norme 9
et,
dansOK
iln’y
a pas d’élément de norme 3(a2
+5 b2
= 3 n’a pas de solution dansZ2 ).
La
décomposition %2
=2Z
x3~
est àrejeter
car le nombre n~ = 3 estirréductible,
maisn’est pas
2-premier :
: 3 divise(1
+~)(1 2014 ~)
= 6 mais ne divise pas(1 ±~)~
= -4 ± 2~(car
3 ne divise pas 4 dansZ ) ;
demême x2
=(1
+w)2 (1 2014 03C9)2
est àrejeter puisque
l’irréductible ~r = 1 divise 2 x 3 mais ne divise ni
22
ni32 ( JV(n~)
=6, .II ~(2z )
= 16 , ,N(32)
= 81).
Remarque :
Il est facile de voir que, si le nombrepremier
p est ramifié ou inerte dansK ,
,alors p est irréductible et k -
premier
dans~7K ( f =1 ) ;
alors que si p estdécomposé,
il n’est pas k -
premier.
Bibliographie
[1]
L.BAPOUNGUÉ. -
Sur la résolubilité del’équation diophantienne ax2
+2bxy 2014 kay2
= ±1 ;
C. R. Acad. Sci.Paris,
sérieI,
t.309(1989),
235-238.[2]
Z. BOREVITCH et I. CHAFAREVITCH. - Théorie desnombres ; Gauthier-Villars, Paris,
1967.
[3]
A. FAISANT. -L’équation diophantienne
du seconddegré; Hermann, Paris,
1991.[4]
P. SAMUEL. - Théoriealgébrique
desnombres ; Hermann, Paris,
1967.Alain FAISANT
Équipe
de Théorie des NombresFaculté des Sciences
23, rue du Docteur Paul Micheton 42023 ST ETIENNE CEDEX 2