MÉTABOLISME DE LA THYMIDINE DANS LA GLANDE
SÉRICIGÈNE DU VER A SOIE
II. — UTILISATION DES
NUCLÉOTIDES
RADIOACTIFSPOUR LA
SYNTHÈSE
DEL’ADN
DANS LA GLANDE INCUBÉE « IN VITRO»AU
4 e
JOUR DU5 e
STADEJ.
DAILLIESection de
Biologie générale et appliquée,
Laboratoire associé au C. N. R.
S.,
Faculté des Sciences de
Lyon,
69 - VilleurbanneSOMMAIRE
i. Une
partie
des nucléotidesthymidyliques marqués
accumulés dans lesglandes séricigènes
incubées in vityos’échange
facilement avec le milieu d’incubation. L’utilisation relative des nucléo- tides subit une diminutionmarquée
dans lespremières
minutes de l’incubation enprésence
dethymidine
radioactive.Cependant
le marquage de l’ADN s’effectue à vitesse constante. Ces faitssuggèrent qu’une partie
seulement desprécurseurs, après phosphorylation,
est directementdispo-
nible pour la
synthèse
d’ADN. La radioactivité de cecompartiment
actif atteindrait enquelques
minutes un niveau élevé, maintenu ensuite à peu
près
stable.2
. La
quantité
dethymidine présente
dans le milieu au début del’expérience
retentit sur lataille du
pool
radioactif et sur saparticipation
à lasynthèse
d’ADN, cequi
conduit à admettre que lecompartiment
actif entre encompétition
avec lesprécurseurs endogènes.
3
. La
synthèse
horaire d’ADNqui
seproduit
dansl’organe explanté
estcomprise
entre 0,20 et 0,40p. ioo de son contenu en acidenucléique,
c’est-à-dire entre1/5
et a/3de laquantité
d’ADNproduit
in situ. Lepool endogène
permanentreprésente
environ laquantité
de nucléotides nécessaire pour assurer lasynthèse
d’ADNpendant
une demi-heure.Différents modèles
capables
de rendre compte deséchanges
entre lescompartiments
sont discutés.INTRODUCTION
Dans la
première partie
de cetravail (DA1LLIE, 19 6 7 a), j’ai
montréqu’in
vitrola
thymidine
radioactivepénètre
avecfacilité
dans lesglandes séricigènes (tube sécréteur) prélevées au 4 e jour
du dernier stade larvaire. Le nucléoside se transformeen
TMP,
TDP et TTP et, à un bien moindredegré,
enthymine
et dérivés de celle-ci.C’est seulement 30
minutes après
l’addition duprécurseur
dans le milieu d’incubationqu’un équilibre paraît s’établir
au sein de la fraction acido-soluble. Au cours de lapériode précédente,
on observed’importantes
fluctuations dans larépartition
dela
radioactivité
entre les différents nucléotidesthymidyliques.
Ces variations touchent notamment leTTP, précurseur
direct de l’ADN.Pourtant,
dès le début del’expé- rience, l’acide nucléique incorpore
lathymidine exogène
à un tauxrégulier.
Le marquage de l’ADN se révèle
donc,
dans unelarge
mesure,indépendant
aussi bien de
l’accroissement du pool
radioactif dans sonensemble,
que des fluc- tuationsqui
touchent ses constituants.Cette
dynamique
del’incorporation,
assezinattendue, s’explique
différemment selonl’importance
attribuée aupool
desprécurseurs
naturels.J’ai
retenu deuxhypothèses possibles :
i.
Si
lesprécurseurs endogènes
se trouvent à un niveaunégligeable
parrapport
à la
quantité
de nucléotidesradioactifs produits,
ceux-ci sontrapidement
en excèspour la
synthèse
d’ADN. Le marquage de ce dernierrefléterait alors
unesynthèse régulière
d’ADN.Étant
donnéles quantités incorporées,
il faudrait en conclure que laproduction
d’ADN dans lesglandes
incubées estinsignifiante.
2
. Si au contraire la
quantité
desprécurseurs endogènes
n’est pas trèsfaible,
c’est
qu’une partie
seulement dupool
radioactif semêle,
trèsrapidement
et à unniveau
qui
se maintient ensuitestable,
aupool endogène.
Dans ce cas, bienentendu,
lasynthèse
d’ADN dans lesglandes
in vitro n’est pas nécessairement très faible.Les résultats
exposés précédemment
nepermettaient
pas de choisir l’une deces
explications. J’ai
doncentrepris
uneanalyse expérimentale complémentaire
dontl’exposé
etl’interprétation
des résultats fontl’objet
duprésent article.
Pour la clarté de
l’exposé,
il est utile d’annoncer dès àprésent
certainsrésultats :
i. Les
modalités
de l’utilisation sontcompatibles
avec la secondehypothèse.
L’ADN puiserait
dans uncompartiment
actif tandis que le reste des nucléotidesconstituerait
uncompartiment
de réserveéchangeable
avec le milieu d’incubation.2
. Il s’avère que
l’incorporation
dans l’ADN duprécurseur exogène dépend
de sa concentration dans le milieu
d’incubation.
Il faudrait en conclure que les nucléotides radioactifs concurrencent lesprécurseurs endogènes.
RÉSUI,TATS
Les techniques
mises enjeu
ont été décritesprécédemment (D AILLI E, 19 6 7 a).
Un
exposé
succinct des conditionsexpérimentales pratiquées
accompagne les ta-bleaux
oufigures.
Lathymidine-méthyle- 3 H (6
700mCi/mM)
de NewEngland Nuclear Corp.
a été constammentemployée.
A -
Cinétique
de l’utilisation desnucléotides marqués Pour la synthèse
d’ADN1
. Résultats obtenus en
phase
dedécharge.
Expérience
I(fig. i).
Les
glandes
restent en contactpendant cinq
minutes avec lathymidine
tritiée.Après quoi elles
sont lavées et incubéespendant
une heure en l’absence dethymidine.
La radioactivité soluble dans l’alcool
(= nucléoside)
se situe d’emblée à un ni-veau très faible
(fig. i).
Ainsi les nucléotidessynthétisés
enl’espace
decinq
minutesconstituent la seule source de
précurseurs
radioactifs dontdiposse
l’ADN.Cette réserve tend à
s’épuiser. Entre
o et 30minutes,
la radioactivité acido- solubleperdue
ne se retrouve pas en totalité dans l’acidenucléique.
Une fractionde l’acido-soluble est donc
échangeable
avec lemilieu ;
ellereprésente près
de 35p. 100des nucléotides
présents
au début del’expérience.
Entre 30 et 60minutes,
au con-traire,
la radioactivitéperdue
parl’acido-soluble
passeintégralement
dansl’ADN.
Expérience
II(fig. 2 ).
Le contact des
glandes
avec le milieu radioactif estprolongé pendant
unedemi-heure. Dans ces
conditions,
la réserve desnucléotides
radioactifs n’est pascomplètement épuisée après
trois heuresd’incubation supplémentaires
enl’absence
de
thymidine.
On constateà
nouveaula perte
d’environ 30 p. 100de laradioactivité
acido-solubleinitiale, pendant
lapremière heure.
2
. Résultats obtenus en
Phase
decharge.
La relation :
définit la
quantité
moyenne denucléotides
radioactifsdisponibles (D m )
durantl’intervalle
detemps t 2
-t,,
en fonction des radioactivités contenues dans la fractionacido-soluble (AS)
etADN
auxtemps t 1
ett 2 .
Les calculs effectués à
partir
des résultatsexprimés
dans lafigure
3 montrent que, pour des intervalles detemps successifs,
la valeur de Dmaugmente tandis
que la vitessed’incorporation
du traceur dans l’ADN reste constante. C’estdonc
que l’utilisation relative :décroît dans le
temps.
L’examen
de lafigure 4 qui représente
cetteévolution,
révèle que les nucléotidesmarqués
sontincorporés
de manière très active durant lescinq premières
minutesde l’incubation. Un fléchissement accentué se manifeste dans les dix minutes suivantes.
B -
Influence
de la concentration du milieu enthymidine
I,’incubation
desglandes
dure une demi-heure(tabl. I ).
Le domaine des concen-trations
explorées
estcompris
entreI ,8 · I o- 4
et5 . I o-$ !M
dethymidine
par ml de milieu. Pour obtenir cerésultat,
la même dose dethymidine
radioactive a étéTABI,!AU I
Influence
de la concentration du milieu enthymidine
au 4ejour (Résultats
moyensaccompagnés
de l’erreurstandard)
Quatre
lotspréparés
àpartir
de 6paires
de tubes sécréteurs(en
moyenne, 347 (Jg d’ADN parlot)
sont incubés avec 2,5) i Ci
dethymidine
tritiéependant
30 minutes. Pour trois deslots,
on apporte, en même temps que le traceur, io-8, io-2ou 10-lILM dethymidine
froide defaçon
à obtenirdans le milieu les concentrations désirées.
L’expérience
estrépétée
quatre fois.diluée par des
quantités
croissantes dethymidine
froide. Les résultats sont doncexprimés
enquantité
dethymidine
et non en radioactivité.L’augmentation
dans le milieu de laquantité
deprécurseur
détermine uneincorporation
par demi-heureplus
élevée dans les trois fractions isolées.I,a
synthèse
d’ADNqui
s’effectue àpartir
desprécurseurs marqués
n’est pasnégligeable puisque
la valeur obtenue pour la concentration laplus
élevée corres-pond
au1/5
de laquantité
d’acidenucléique produite
in situ dans laglande
aumême
âge (tabl. 2 ).
On remarque par ailleurs que la
quantité
deprécurseur
accumulée dans les fractions solubles s’accroîtplus rapidement (tabl. i)
quel’incorporation
dans l’ADN.La croissance de la fraction cc alcool
» (= [A,.])
en fonction de la concentration( _
[C])
du milieu enthymidine peut
être considérée comme linéairepuisque
la droiteobtenue en coordonnées
logarithmiques (fig. 5 )
a unepente
trèsproche
dei (0, 95 )·
On
peut
donc admettre l’existence d’une relation de la formeAu
contraire,
aucuneproportionnalité
ne se manifeste entre, d’unepart,
laquantité
duprécurseur incorporée
dans la fraction acido-soluble ou dans l’ADN et, d’autrepart,
la dose dethymidine
fournie.INTERPRÉTATION
ET DISCUSSIONA -
Signification
du marquageL’incorporation
de lathymidine
tritiée dans l’ADN desglandes
incubéesrepré-
sente
jusqu’au cinquième
de lasynthèse qui
seproduit
insitu,
au mêmeâge (tabl. 2 ).
Un marquage d’une telle
ampleur peut
difficilement êtreimputé
à deséchanges
de tritium labile entre
composés
solubles et molécules d’ADN ou àl’incorporation
de restes
thymine
enposition
terminale.D’autres résultats viennent à
l’appui
de cette thèse :l’actinomycine
D( 20 ( ! g/m1
et
moins) bloque immédiatement l’incorporation
de lathymidine
dans lesglandes
en
survie,
sans que laphosphorylation
duprécurseur
se trouve touchée(P RUDHOMM E
et
coll., 19 6 7 ).
Parailleurs, l’analyse
desoligonucléotides pyrimidiques après hydro- lyse (NEV!nT, 19 66)
d’un ADNmarqué
in vitro par lathymidine
tritiée confirmeque la
thymine présente
la même activitéspécifique
dans les différentesséquences ( 1 ).
Ajoutons
enfin que les observations recueillies par NiGON et coll.(ig6i)
et parG!r.oT (i 9 6 7 ), grâce
àl’emploi
del’autoradiographie,
ne laissentplaner
aucun doutesur la
signification
del’incorporation
de lathymidine
dans lesglandes séricigènes :
il
s’agit
bien d’unesynthèse
d’ADN.B - Mouvements du
précurseur
i. Pénétration de la
thymidine.
L’entrée
du nucléoside dans laglande
est un processusrapide. L’accroissement
de laquantité
deprécurseur
dans la fraction « alcool » en fonction de la dose dethymidine
introduite dans le milieu s’effectue selon la relation :Aucune preuve directe ne
permet
d’affirmer que la fraction a alcool » ne contient que de lathymidine.
Onpourrait
même supposer que contrairement aux observa- tions quej’ai
faites pour de faibles concentrations(DAILLIE, 19 6 7 a),
la destructioncatabolique
de lathymidine
s’accroisse pour les doses élevées.Cependant,
dans une( 1
) NEULAT (M.-M.). - Communication personnelle.
expérience
similaire conduite avec desglandes prélevées
au 6ejour,
la relation trouvée entrequantité
deprécurseur
recueillie dans la fraction « alcool » et dose administrée est la mêmequ’au 4 e jour (fig. 5 ).
Aucontraire,
nousobservons qu’à
ce stade laphosphorylation
etl’incorporation
dans l’ADN sontfortement
réduites(D AILLIE ,
19 6 7 c).
Il
paraît
donclogique
de supposer que la relation observée traduit unéquilibre
de diffusion relativement
simple,
et constantquel
que soitl’âge,
entre les concen-trations de
thymidine
radioactive dans le milieu d’incubation d’unepart,
dans les cellules d’autrepart.
Notons que la
pente
de la droite obtenuefigure
5 estlégèrement
inférieure à i : ce faitpeut indiquer qu’on
n’atteintjamais complètement l’équilibre puisque
lathymidine
entrée est transformée à mesure en nucléotides.2
. Existence de
compartiments
danst’acido-soluble radioactif.
a)
Lespreuves.
I,es données fournies par
l’analyse
descinétiques
encharge
et endécharge
sontcompatibles
avecl’existence,
au sein dupool acido-soluble radioactif,
de deux com-partiments,
dont l’un seulement serait directement accessible pour lasynthèse
de l’ADN.Les
expériences
dedécharge
révèlent laprésence
d’une fractionnucléotidique échangeable
avec le milieu. Elle tend àdisparaître lorsqu’on remplace
le milieumarqué
par du milieuneuf,
en diffusant dans celui-ci.I,e marquage de l’ADN en
charge
estrégulier.
Si lasynthèse
de l’acidenucléique
est
constante,
la diminution du rendementd’utilisation
desprécurseurs marqués peut s’expliquer
de deuxfaçons :
- ou bien la
charge
dupool radioactif dépasse
lespossibilités
de son utilisation pour lasynthèse d’ADN ;
- ou bien il existe au sein des nucléotides
marqués
une division et lacinétique
totale de l’acido-soluble
représente
en fait la somme de cescompartiments.
La
première supposition
doit être excluepuisque l’augmentation
de laquantité
de
thymidine exogène
provoque une élévation del’incorporation
dans l’ADN.C’est
donc la deuxièmehypothèse
que nous retiendrons. Dans ce cas, ilfaut
supposer que le
compartiment
actif(= P a )
danslequel puise
l’ADNs’établit
enquelques
minutes(fig. 6, phase I),
à un niveauqui
par la suite reste stable(fig. 6, phase II). L’excès
de nucléotidess’accumule
alors dans uncompartiment de
réserve(= P R )
et dans le milieu d’incubationjusqu’à
l’établissement d’un étatd’équilibre (fig. 6, phase III).
Dans ce
cadre,
l’évolution curieusedes différentes catégories
denucléotides (D
AILLI
E, 19 6 7 a) pourrait correspondre
à des modifications de lavitesse
et del’équi-
libre des réactions de
phosphorylation
lors du passage d’unephase
à une autre.Un
premier
état caractériserait lapériode
decharge
ducompartiment actif ;
unsecond état
correspondrait
à l’accumulation des nucléotides dans lecompartiment
de réserve. Une dernière situation définirait la
période d’équilibre.
b)
Grandeur descompartiments radioactifs.
L’évaluation
exacte de lataille
de chacun de cescompartiments
estimpossible
à l’aide des résultats dont nous
disposons
pour l’instant.Cependant,
àpartir
desexpériences
dedécharge réalisées, j’ai procédé
à unepremière approximation.
Onconstate en effet que :
- le
marquage
del’ADN
ne se ralentit nettement quelorsque
la sortie des nucléotides vers le milieu d’incubations’annule (fig.
i et2 ) ;
- au début
de la post-incubation, l’incorporation
dansl’ADN
ne faiblit pas de manière sensible parrapport
à cellequi s’accomplit
au cours dela phase
decharge qui précède (fig.
i et2 ).
Il en résulte que,
pendant
cetemps,
lecompartiment
actif serenouvelle,
àpartir
du
compartiment
deréserve,
à un taux à peuprès équivalent
à celui du marquage de l’ADN. Dans cesconditions,
lapart
du marquageacido-soluble qui
gagne lecompartiment
actifpendant
lapremière phase
de ladécharge
doitcorrespondre
à peu
près
àl’augmentation
de la radioactivité del’ADN,
soit 25 à 30 p. 100dupool
acido-soluble initial. Cette
valeur, ajoutée
à celle de la sortie dans le milieu( 30
à35 p.
100 )
donne un ordre degrandeur
ducompartiment
de réserve. A la fin de laphase
decharge,
ilreprésente
60 p. 100 dupool
radioactif total(= P r ).
On auraitdonc
P s #
0,4 Pr.c)
Nature descompartiments.
Il serait
logique d’identifier
l’un des constituants dupool
acido-soluble - enpremier
lieu le TTP - aucompartiment
actif.J’ai cependant observé (D A1LLIE , 19
67 a) qu’aucun
de cescomposés
ne se maintient à unniveau
stable avant unedemi-heure
d’incubation.
Laquantité
deTTP,
notamment, accuse desfluctuations marquées.
Devant
l’impossibilité d’établir
unecorrespondance
entre l’un descomposés marqués solubles
et lecompartiment actif,
on est conduità accorder
à ce dernierune
signification topographique
au seinde
lacellule
et onsonge
toutnaturellement
au noyau.
A
l’appui
d’une tellehypothèse,
citonsquelques
travaux quiindiquent
que :-
après
administration dethymidine tritiée,
la radioactivité soluble s’accumu- lerait depréférence
dans le noyau(MinER, 19 6 3 ; FE IN E ND EGEN
etBOND, 19 62) ;
- la réserve des
composés désoxyribosidiques
se situeraitégalement
dans lenoyau
(BE HK1
etSC HN EI D ER, I9G2).
On retiendra donc comme
plausible l’hypothèse
d’une localisation intranucléaire pour lecompartiment
actif. Les constituants ducompartiment
de réserve se trou- veraient alors dans lecytoplasme.
3
.
Mouvement
desprécurseurs exogènes
dans d’autrestypes cellulaires,
in vitro.Parmi les nombreux travaux
qui
traitent del’incorporation
de lathymidine
dans
l’ADN,
aucune situationanalogue
à cellequ’on
a trouvée dans laglande
séri-cigène
n’a étésignalée.
Il est vrai que les travauxentrepris pour
définir lacinétique
du marquage et sa
signification
parrapport
à lasynthèse
de l’ADN dans les cellulesou
tissus,
invitro,
sontextrêmement
rares.C LEAVER
et HOr,xORD( 19 65) apportent, cependant,
en cedomaine,
desrésultats importants.
Après addition
dethymidine
tritiée à des cellules de Souris enculture,
lepool
acido-soluble
marqué s’équilibre
avec leprécurseur
externe enl’espace
decinq
mi-nutes.
L’absence
d’une sortie des nucléotides vers le milieu d’incubationpermettrait
l’établissement
rapide
de cetéquilibre.
Il sepourrait
aussi que les deuxcomparti-
ments ne soient pas
décelables ;
ilsuffit,
eneffet,
que l’un d’entre eux soitdispropor-
tionné par
rapport
à l’autre. Dans une tellesituation,
oncomprend
fort bien quel’incorporation dans
l’acidenucléique
s’effectue de manière linéairependant plus
d’une heure étant donné que le
milieu
conserve un excès dethymidine.
C -
Synthèse
d°ADNmarqué
etsynthèse
totaleUn
point important qu’il
convient d’examiner maintenant concerne les relations ducompartiment
actif avec un éventuelpool endogène.
C’est en fait toute laquestion
de la mesure de la
synthèse
d’ADNgrâce
àl’incorporation
d’unprécurseur spécifique qui
se trouveposée.
I
.
Arguments pour
une réserve deprécurseurs endogènes.
Lorsque
lathymidine
estadministrée
en faiblequantité, l’incorporation
dansl’ADN ne
représente qu’une synthèse minime.
Si l’onsupposait
que lesprécurseurs
radioactifs
n’étaient
pasdilués
par descomposés endogènes,
ilfaudrait
conclurequ’in vitro,
lasynthèse
d’ADN dans lesglandes
estinsignifiante. L’augmentation
de
l’incorporation enregistrée lorsqu’on
élève la fourniture dethymidine, témoigne-
rait d’une
incapacité
desglandes
incubées à assurerla synthèse
desprécurseurs thymi- dyliques,
tandis que les autresprécurseurs
de l’ADN resteraientdisponibles.
Dans cette
perspective,
oncomprendrait
difficilement :-
pourquoi,
enprésence
depetites quantités
dethymidine,
l’utilisationdes
nucléotides radioactifs fournis en abondance estaussi lente ;
- comment,
après
6 ou 10heuresde
survie enl’absence
dethymidine, la glande
séricigène pourrait
conserver encoreintacte
sonaptitude
àincorporer
lathymidine
alors que toute
synthèse
d’ADN auraitété
absentependant
cetemps (D A1LLIE . n
9 6 7
a ;
DAILLIE et PRUDHOMME,i 9 6 5 ;
PRUDHOMM!,1966).
Aussi, l’hypothèse
d’unesynthèse réduite in vitro
commeconséquence d’une incapacité
desglandes
àproduire
leurs propresprécurseurs paraissait-elle
peuréa-
liste. Iln’y
avait pas lieu denégliger
les processusendogènes
enregard
des nucléotides radioactifs.La
proportion
relative desparticipations exogène
et interne dans lasynthèse d’ADN peut prendre n’importe quelle
valeur.Cependant,
à l’aide des résultats ob- tenus il estpossible
deprocéder
àdes
calculsapprochés.
2
. Calculs
approchés.
La
cinétique
enphase
decharge (fig. 3 )
nousindique
quele pool
des nucléotides radioactifs(= P r )
est stable entre 30 et 60 minutes : iléquivaut alors
à 50 fois laquantité
deprécurseur exogène qui, chaque minute,
atteint l’ADN(= S r ).
On
peut
écrirequ’à l’équilibre
En admettant que, dans cette
expérience, P d
estnégligeable
devantP o , 1 t # 20.
Selon cette
estimation,
lepool endogène permanent
assurerait environ 20 minutesde
synthèse
d’ADN. >Ce calcul ne conduit pas à une
évaluation
de Pepuisque je
n’ai pumesurer directement Si
dans lesglandes maintenues
en survie. Il estdangereux
de serapporter
au taux de la
synthèse qui
se déroule dans lesglandes
enplace
car, si laproduction
d’ADN dans
l’organe
incubé n’est pasnégligeable,
ellerisque cependant d’y
êtreaffaiblie.
On peut cependant
considérer que lavaleur
deS r
obtenue avec laplus
forte concentration
essayée (tabl. i)
nousapporte
une estimation minimale deS&dquo;
soit une
synthèse
d’ADNéquivalant
àl’incorporation
de 26o·no-eP .M
dethymidine
en 30 minutes pour
l’essai
total. Enreportant
cette estimation deSi,
ainsi que les valeurs de Pret deS r
trouvées pour les faibles concentrations(tabl. 1 )
dansl’expres-
sion définie
ci-dessus,
ilvient :
Pé =23 o·zo- e vM
dethymidine
pour l’essaitotal,
soit un peu moins de i p. i ooo de lathymine
contenue dans l’ADN desglandes.
Cette
approximation permet
de fixer unelimite inférieure
à Pe.Remarquons qu’une
tellequantité
deprécurseurs endogènes équivaut
àenviron
25minutes de synthèse,
valeur trèsproche
de l’estimationprécédente.
Pour aller
plus loin,
il devientindispensable
de faire deshypothèses quant
aux relationsqui
s’établissent entre les diverscompartiments
considérés.3.
Hypothèses
surles relations
entre lescompartiments.
Diverses catégories
demodèles pourraient
êtreenvisagées.
Comme ils’agit
avanttout
d’hypothèses
detravail, j’en
examinerai seulement deux :a)
Premier modèleproposé (fi g . 7 ).
Dans ce
système,
lecompartiment
de réserve(= P.) occupe
uneposition inter-
médiaire entre lathymidine
nonphosphorylée
et lecompartiment
actif(= Pa) qui
se
mélange
aupool endogène (= P e ). I,’ADN puise
pour sasynthèse
dans l’ensembleP
e
-f- Pa. Laparticipation
des nucléotidesexogènes (= S r )
à lasynthèse
totaled’ADN (= St) résultera
donc d’une dilution de P, par les nucléotidesmarqués
selonla relation
déjà employée
Si l’on pose
P a
=kP,.
et Pe = constante, dans leslimites
de concentrationsessayées,
ilvient :
S
r
est une fonctionhomographique
de P,qui
sous la formedéfinit une droite.
La
figure
8 montreque
les résultatsobtenus (tabl. i)
sontcompatibles
aveccette
hypothèse.
Le calcul de la
droite
derégression,
effectué par une méthodeapplicable lorsque
les deux variables considérées sont aléatoires
(J O LI C Œ UR , 19 6 5 ),
fournitl’équation
Cette relation conduit au calcul de
SI
et de― * :
w
- St =
―_―-
=5 2 6 ( X
io-6yM
dethymidine)
en 30 minutes pour l’essai total.o,ooig
Cette
valeur, comparée
à laquantité
d’ADN contenue dans laglande, représente
une
production
de0 , 3 8
p. 100 àl’heure,
soit un peuplus
du tiers de lasynthèse
mesurée dans
l’organe
enplace (DAILLIE, 19 65).
Ce nombre serait la valeur maximale de
P e (si
k =i). Si = o,!, P<, = 523 - io’&dquo; [j.M
de
thymidine
pour l’essaitotal,
c’est-à-dire 2 p. i ooo de lathymine
contenue dans l’acidenucléique
desglandes.
Dans cettehypothèse,
lepool endogène
assureraitdonc
unedemi-heure
desynthèse d’ADN,
estimationcompatible
avec les valeurstrouvées
précédemment grâce
à des calculsapprochés.
b)
Deuxième modèleproposé.
Dans ce
modèle, représenté
par lafigure
9, lathymidine
atteint directement lecompartiment
d’utilisation P(= P e + P a )
à la vitesseVa,
tandis queP e
se renou- velle à la vitesseV,.
On a vu que la
quantité
denucléoside
contenuedans
la cellule estproportionnelle
à la concentration
[C]
du milieu enthymidine (fig. 5 ).
On écrira donc :
Va -
V m[C]
On écrira donc :
!&dquo; !
[C7 + Km
L’excédent de
nucléotides formés
s’évacue dans lecompartiment
de réserve et lemilieu
d’incubation.Si la vitesse de renouvellement de P est assez
rapide,
on doit avoirD’après
la relationil vient :
et
La
figure
10 montre que nos résultats(tabl. i) permettent également
d’établirune relation linéaire entre Sr et
(C)
dontl’équation,
calculée par la méthode des moindrescarrés,
est :On
peut
alors considérer :Sa valeur est
comprise entre 1 et 2 puisqu’on
doit admettre queVm !
Ve. t si tPar le
calcul,
il vient :17
8
<Se
<35 6 ( 10 - 6 !,M
dethymidine
en 30minutes).
I,a
plus
forteincorporation
dethymidine exogène
obtenue parl’expé-
rience
(tabl. i),
soit 26o - io-6!,M
pardemi-heure,
estcomprise
dans ces limites :elle
représente
la valeur minimum deSi.
D’après
cemodèle,
laparticipation
de lathymidine
administrée à lasynthèse
d’ADN serait limitée par des processus
enzymatiques.
Ceux-ci sont nécessairement trèscomplexes, puisque
la sortie des nucléotides ducompartiment
d’utilisation versle
compartiment
deréserve, porte
à la fois sur les nucléotidesexogènes
et internes.Pour cette
raison, l’hypothèse
nepeut
conduire à une évaluation de Pe.En
définitive,
on trouve dans les données del’expérience
desarguments
favo- rables à chacun des modèlesenvisagés.
Ilspermettent
de concevoir desprolongements
à nos
recherches, qui pourraient
aboutir à la vérification de l’un d’eux et du même coup à une évaluation de lasynthèse
vraie d’ADN parl’emploi
d’unprécurseur marqué.
Dès à
présent,
ilapparaît
que les estimations de cettesynthèse, quoique
diffé-rentes selon le modèle
envisagé,
ne sont pasincompatibles
avec nos résultats. Le taux desynthèse
horaire se trouvecompris
entre 0,19 et0 , 3 8
p. 100 du contenuen
ADN,
ce taux étant de i p. 100 dansl’organe
enplace (D AILLIE , 19 6 5 ).
Onn’atteint donc pas dans la
glande explantée
le niveau d’activitéqui
caractérisel’organe
in situ.Cependant,
cette activité n’est pasnégligeable
etimplique,
pour les doses faibles dethymidine,
quel’incorporation
duprécurseur exogène
nerepré-
sente pas, à elle
seule,
lasynthèse
d’ADNqui
seproduit.
Le
précurseur
radioactif entre donc encompétition
avec unpool endogène qui
assure,
environ,
lasynthèse
d’ADNpendant
une demi-heure etreprésente
i à 2p. 1 ooo de lathymine
contenue dans l’ADN. Cette évaluation estcompatible
avec les mesuresdirectes effectuées dans les
glandes séricigènes :
BRUNEL( 19 6 5 )
a isolé et identifiéles
principaux
ribonucléotides sans trouver trace dedéoxyribotides,
mêmeaprès incorporation
d’acideorotique marqué. Compte
tenu de la sensibilité de la méthodeemployée,
onpeut
estimer que lesdésoxynucléotides thymidyliques
auraient été détectés s’ils constituaient une réservepermanente supérieure
à i p. ioo de lathy-
mine contenue dans l’ADN
(c’est-à-dire supérieure
àl’équivalent
d’une heure desynthèse
au4e j jour).
Cette évaluation est
également
conforme à cellesqui
ont étépubliées
par d’autres auteurs(I, ARK , ig6 3 ).
On estime en effet que lepool
desdésoxypyrimidines
est com-pris,
selon lestypes cellulaires,
entre o,2 et 5 p. 100despyrimidines
contenues dansl’ADN.
I,’opinion qui prévaut
est que les réserves intracellulaires ne contiennentqu’une quantité
minime deprécurseurs
immédiats de l’ADN. Enréalité,
cette réserven’est
petite qu’en regard
desquantités
de ribonucléotides rencontrées. Il serait dan- gereux de lanégliger lorsqu’on emploie
des traceurs.CONCLUSION
Ce travail
prolonge
l’étude du métabolisme de lathymidine dans
laglande séricigène
ensurvie, au 4 e jour
du5 e âge (DAILLŒ, 19 6 7 a).
Ilm’a permis d’appro-
fondir la connaissance des
mécanismes
de laparticipation
duprécurseur exogène
à la
synthèse d’ADN.
Il s’avère que les nucléotides
produits
ne sont pas accessibles en totalité dans lecompartiment
d’utilisation. Il se crée uncompartiment
de réserve intracellulairequi communique
lui-même avec le milieu d’incubation. Ce mécanisme est àl’origine
d’une
cinétique complexe
de l’ensemble dupool
acido-soluble radioactif. Mais lacharge rapide puis
la stabilité ducompartiment
actifexpliquent
que le marquage de l’ADN soitrégulier pendant
au moins une heure.Certes,
lacompréhension
de certaines processusprésente
encore un caractèrespéculatif.
Divers modèlesd’échanges
entreles compartiments cellulaires
sont com-patibles
avecles données
del’expérience.
Ils constituent deshypothèses
de travailqui permettront de prolonger l’analyse.
I,es limites que
j’ai
pu définirindiquent
que lesglandes
isolées de l’animalconservent,
bienqu’affaiblies,
leurcapacité
àproduire
l’ADN et lesprécurseurs
nécessaires. Cette conclusion
permet d’envisager l’analyse,
dans laglande
main-tenue en
survie,
des mécanismesresponsables
de ladifférenciation protéique.
Reçu
pourpublication
en mars19 67.
SUMM ARY
THYMIDINE METABOLISM IN THE SILK GLAND OF rc BOMBYX MORI » II. UTILIZATION OF THE RADIOACTIVE NUCLEOTIDES IN THE DNA SYNTHESIS OF THE tt IN VITRO »-INCUBATED GLAND AT THE 4TH DAY OF THE 5TH STAGE
I
. Part of the
thymidine
nucleotides stored in the in vitro-incubated silkgland easily exchanges
with the incubation medium. The utilization of nucleotides
markedly
decreases for the first minutes of incubation in presence of radioactivethymidine.
However, the rate of DNAlabelling
is constant.These facts incline to think that
only
a part of thephosphorylated
precursors isdirectly
availablefor DNA
synthesis. Radioactivity
in this active compartment would reach ahigh
rate within a fewminutes,
and be thenkept
almost constant.2
. The amount of
thymidine
in the medium when theexperiment begins
has a strong influenceon the
importance
of the radioactivepool
and the rate of itsparticipation
to DNAsynthesis ;
whichleads us to the conclusion that this active compartment concurs into the
synthesis
with the endo-genous precursors.
3
. The DNA
synthesis
carried out in the in vitro organ amounts per hour to 0.20to o.¢o per cent of its content of nucleicacidr,
that is to sayr/ 5
to i/3 of the DNAsynthetized
in situ. The permanentendogenous pool approximately
represents the amount of nucleotidesrequired by
theDNA
synthesis
for half an hour.Various patterns
accounting
for the exchanges between compartments are discussed.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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