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Submitted on 1 Jan 1939
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Sur la rupture du noyau d’uranium en atomes plus légers
J. Thibaud, A. Moussa
To cite this version:
SUR LA RUPTURE DU NOYAU D’URANIUM EN ATOMES PLUS
LÉGERS
Par MM. J. THIBAUD et A.
MOUSSA,
Institut de
Physique Atomique.
Faculté des Sciences deLyon.
Sommaire. -
A, Remarque relative au parcours ionisant des ions moyens résultant de la rupture
de l’uranium. B, Expériences tendant à montrer la formation par rupture d’un élément halogène
diffé-rent de l’iode.
A. Observation à la chambre d’ionisation i
d’atomes de recul à
grande
énergie.
Parcours deces ions. - Les conditions
expérimentales
ont été .publiées
en février dans lesComptes
rendus del’Aca-démie des Sciences
[ il
et en mars dans la Revuescien-[2].
Rappelons quelques
résultats : a,l’énergie
transférée au gaz(production brusque
de 2 millionsde
paires d’ions)
par l’unquelconque
des ions résul-tant de larupture
neparaît
pasdépasser
70 à 8oMeV(voir
sur lafigure
I la distribution enénergie
deFig. i.
54o
particules
derupture);
tenantcompte
de l’exis-tence de 2ions,
l’énergie
cinétique
totale résultantde la
rupture
dépasserait
peu i5o R.IeXT et seraitlargement
inférieure àl’énergie
derupture
(plus
de 200MeV)
calculée àpartir
des défauts de masse.b. Le parcours ionisant des ions de
rupture,
dans l’air àt.p.n.,
déterminé au moyen d’une chambred’ionisation
plate
de 3 mm deprofondeur,
est infé-rieure à 18 mm. Lafigure
2 montre la distributionen
énergie
desparticules
derupture
en fonction dela distance " parcourue par ces ions entre l’uranium et la chambre d’ionisation. La
figure
3,
aucontraire,
~eprésente
en fonction de la mêmedistance 2;
parcours
dansl’air)
le nombre departicules
obser-vées dontl’énergie
se trouvesupérieure
à celle desFig. 3.
rayons oc de l’uranium. On voit que le parcours
n’excède pas 18 mm. Ces résultats ont été confirmés par la mesure des
portées
dans des lames d’alu-minium[2].
389 Par
ailleurs,
F. Joliot[3]
a pu recueillir des atomesde recul à une distance de 3 cm de
l’uranium,
c’est-à-dire 1 cmplus
loin que la limite du parcours ioni-sant mesuré dans nosexpériences.
c. Nous admettons que chacun des
ions,
initiale-ment formé avec une
charge positive
élevée,
capture
ensuite le
long
de sontrajet
desélectrons,
defaçon
à réduirerapidement
cettecharge positive
àquelques
unités. L’ion derupture
tend ainsi vers laneutrali-sation,
ceci avant d’avoirépuisé
sonénergie.
La différence des parcours observés dans nosexpériences
et dans celles de Frisch
[4]
d’unepart,
et dans lesexpériences
de F. Joliot d’autrepart,
s’explique
par le faitqu’après
2 cm de parcours dansl’air,
l’ionse trouvera avoir
perdu
sacharge
sans être ralentijusqu’au
repos. Ons’explique
en mêmetemps
la grosse différence enénergie signalée
en a : unepartie
seulement de
l’énergie
initiale de l’ion étant utilisée à laproduction
despaires
d’ions du gaz.Ces vues ont été confirmées
récemment,
dupoint
de vue
théorique,
dans notrelaboratoire,
par G. Becket P. Havas
[5] :
elles ferontl’objet
d’unepublication
ultérieure dans le Journal dePhysique.
B. Dès le début des études sur la cassure de
l’ura-nium,
nous avonssignalé [1]
]
la f ormation dans l’uranium irradié par les neutrons de radio-élémentsayant
lespropriétés chimiques
d’unhalogène
et semblant avoirplus
spécialement
celles du brome.Depuis,
divers auteurs ont montréqu’un
des radio-éléments considérésauparavant
commetransura-niens,
1’« Eka-Platine » depériode
2,5
h devait enréalité être considéré comme un
isotope
de l’iode.En
effet,
Abelson[6],
Feather et Bretscher[71
par l’étude duspectre
de rayons X de cet élément et de l’élément depériode
66 hqui
est sonparent
direct,
ont montré que leurs numérosatomiques
sontrespectivement
53(Iode)
et 52(Tellure).
Enfin Hahn et Strassmann[8]
ont vérifié récemment que lespropriétés chimiques
de ces deux élémentss’ac-cordent bien avec de telles
places
dans la classifi-cation.Ces conclusions n’infirment pas celles que nous
avions déduites de nos
expériences,
car il est facile de voir que les radio-éléments dont nous avonssignalé
l’existence sont différents de ceux décrits ci-dessus. En effet lesexpériences
deséparation
chimique d’halogène
que nous avons effectuéesaprès
destemps
d’irradiation différentsmontrent,
bien que leurprécision
ne soit pas trèsgrande
à causedes
pertes
inévitables àl’entraînement,
que les radio-éléments enquestion
se forment dans l’uranium soitdirectement soit à
partir
de corps depériode
assezcourte. Au contraire l’iode de
période
2,5
h se forme par l’intermédiaire d’un tellure depériode
66h,
si bien
qu’on
lesépare
facilement des autres «ex-transuraniens » en laissant reposer
pendant
deux j jours
le
précipité
de sulfure deplatine
obtenu immédiate-mentaprès
une irradiation assezlongue
de l’uranium.Rappelons
que, aucontraire,
dans nosexpériences
la
séparation
du brome était effectuée en distillantl’uranium irradié additionné d’un bromure et d’un acide non
oxydant
(acide phosphorique),
l’acidebromhydrique
recueilli étantprécipité
ensuite dans le distillat à l’état de bromured’argent.
Cesopérations
étaient effectuées immédiatementaprès
l’irradiation et l’étude de l’activité duprécipité
faite aussitôt. Les conditions de formation sont donc tout à faitdifférentes,
de même que l’évolution avec letemps
de l’activité des
précipités d’halogénures
d’argent
obtenus.Ceux-ci en effet montrent une décroissance
com-plexe qui
peut
s’interpréter
par l’existence de deuxpériodes
différentes : une assez courte que nousavions évaluée à
1,5
h et l’autre d’environ 20 h.Fig.4.
D’après
les idées en cours sur les radio-élémentsproduits
par la cassure de l’uranium nous avions admisqu’il pouvait s’agir
d’unefiliation,
le corps depériode
20 h dérivant dupremier,
soitdirectement,
soit par l’intermédiaire d’un radio-élément à
période
courte(krypton
deSavitch)
qui
ne. se serait pasmanifesté sur la courbe de décroissance. Cela lui aurait
assigné
letype
chimique
gaz rare ou alcalin.Mais nous n’avons pu
séparer
par divers moyensla seconde
période
de lapremière,
soit parchauffage
duprécipité
sous le videcathodique
pour en extrairele gaz rare
hypothétique,
soit par fusion alcaline duprécipité, reprise
parl’eau,
reprécipitation
du bromured’argent
etprécipitation subséquente
de bitartrate alcalin. Cesopérations
nous onttoujours
donné un résultatnégatif
et il nous faut admettre pour le momentqu’il s’agit
de deux radio-élémentshalogènes, isotopes
ou non,qui
auraient pu seformer simultanément
pendant
l’irradiation.L’étude de la courbe de décroissance de ces élé-ments nous conduit aux valeurs rectifiées suivantes
pour les
périodes :
Tl =
I h etT2
=1 ~,~
h(fig.
5).
390
Strassmann :
2,3
h. Il est d’ailleurspossible qu’il
existe une troisièmepériode, plus
courte,
To
= 30à
4o min,
déjà signalée
dans notrepremier
travail[ i
Enfin,
pour les coefficientsd’absorption
dans l’alu-minium nous avons trouvé les valeurs pi = 26cm-1
(fig. 4)
et ~2 =3g
cm-1 pour lesspectres
des éléments depériodes T 1
etT 2 respectivement.
Par ailleurs il était intéressant de comparer les courbes dedécrois-sance d’activité sur des
précipités
obtenusaprès
destemps
d’irradiation r différents. Ces courbes necoïncident pas
et,
si elles manifestent les mêmes valeurs despériodes
Tl
etT2 signalées,
lesrapports
des nombres d’atomes initiaux
AB
etN2
des deuxéléments,
obtenus sur ladécomposition
de lafigure
5, varient avec 5..
a j v ...
Le
rapport augmente
avec 0 et tendrait versFig.~
5. En cequi
concernel’assignation
à ces éléments dunuméro
atomique
35(Brome) plutôt
que 53(Iode),
nous nous sommes basés sur la
précipitation
frac-tionnée de bromure
d’argent,
en l’absence de toutedonnée
précise
fournie par lespectre
de rayons X. En effet dans lesprécipitations
fractionnéesd’halogé-nures
d’argent,
l’iode se concentre fortement en têtealors
qu’il
n’en est rien pour les radio-éléments enquestion.
Les autres essais deprécipitation
(précipi-tation d’iodure depalladium,
d’iodurecuivreux)
sont
trop
peuprobants
à cause des entraînementspossibles
d’unhalogène
parl’autre,
vu leur étroiteparenté,
pour que l’onpuisse
en tirer unrensei-gnement
très sûr.Remarquons
enfin qued’après
les résultats actuel-lement connus il semble bienqu’il
y aitplusieurs
«
couples
de cassure »possibles
pour l’uranium. Sion admet l’exactitude de la série des «
ex-transura-niens n l’attribution du numéro 53 à l’ancien «
Eka-Platine » montre que la cassure se
produit
à l’élé-ment La sérieproposée
par Hahn Strassmannl’équilibre
devenant
10sec ii 59min M h 3h
5oSn
2013s)Sb
-- 52Te - 5;;1 la cassure se ferait donc suivant lecouple
In-Ma(49-43),
Une autrepossibilité qui paraît
assez bien établie est la cassure Cs-Rb(55-3~).
Enfin la formationdirecte d’un
radiolanthane,
signalée
par Mme I. Curie et P.Savitch,
jointe
à la formation de radiobrome que nous avonssignalé,
montrequ’il pourrait
exister lecouple
La-Br(57-35).
Manuscrit reçu le 25 juillet r g3g. BIBLIOGRAPHIE.
[I] J. THIBAUD et A. MOUSSA, C. R. Acad. Sc., 1939, 208, p. 652 et 744.
[2] J. THIBAUD et A. MOUSSA, Revue scientifique, 1939,77, p.18.
[3]
F. JOLIOT, C. R. Acad. Sc., 1939, 208, p. 341. [4] O. FRISCH, Nature, 1939, 143, p. 276.[5] G. BECK et P. HAVAS, C. R. Acad. Sc., 1939, 208, p. 1643. [6] Ph. ABELSON, Phys. Rev., 1939, 55, p. 418.
[7] N. FEATHER et E. BRETSCHER, nature, 1939, 143, p. 516.