C AHIERS DE
TOPOLOGIE ET GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CATÉGORIQUES
P IERRE L EROUX P AULO R IBENBOIM
Dérivations d’ordre supérieur dans les catégories semi-additives
Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, tome 11, n
o4 (1969), p. 437-466
<http://www.numdam.org/item?id=CTGDC_1969__11_4_437_0>
© Andrée C. Ehresmann et les auteurs, 1969, tous droits réservés.
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DERIVATIONS D’ORDRE SUPERIEUR DANS
LESCATEGORIES
SEMI - ADDITIVESpar Pierre LEROUX et Paulo RIBENBOIM CAHIERS DE TOPOLOGIE
ET GEOMETRIE DIFFERENTIELLE
Vol. XI, 4
INTRODUCTION
Dans ce
travail,
nousgénéralisons
la notion de dérivation(d’ordre supérieur)
dans les anneaux aux dérivations dans lescatégories
semi-ad-ditives. Nous obtenons une
catégorie DersS (pour
tout segment initial S deN = (0 , 1, 2, ...))
dont lesobjets
sont lescatégories
semi-additiveset les
morphismes
les dérivations d’ordreS,
lacomposition
de dériva-tions étant définie de
façon analogue
au cas des anneaux(c..f. [61 , [71 ).
Tout foncteur additif peut être considéré comme une dérivation et
ceci donne lieu à un
plongement TS : Csad -> DersS (où Casd
dénote ’lacatégorie
descatégories
semi-additives et foncteursadditifs).
Lapartie
cruciale de ce travail est la construction dans les
paragraphes
3 et 4 desdérivations universelles et co-universelles associées à toute
catégorie
semi-additive ou, en d’autres termes, la construction
d’adjoints
àgauche
et à droite du foncteur
TS.
C’est dans ce but que les notions decatégo-
rie
quotient
et decatégorie
semi-additive libre sur ungraphe
orienté sontrappelées
et que celle de séries formelles sur unecatégorie
semi-additiveest introduite dans le
paragraphe
1.Dans le
paragraphe 5,
nous définissons une notion de transforma- tion naturelle entre dérivations et une loi decomposition
entre ces trans-formations faisant de
DersS
une2-catégorie,
i. e. de telle sorte que lesrègles
du calcul fonctoriel de Godement soient valides. Ceciprovient
dufait que ces transformations sont en réalité des transformations naturelles
entre certains foncteurs induits par les dérivations.
Finalement,
dans leparagraphe
6 nous considérons les groupes des endo-dérivations inversibles etquasi-inversibles
d’unecatégorie
additive..
La
terminologie prérequise
peut être trouvée dans[5J
sauf excep- tionexplicite. Si C
est unecatégorie, 1 e 1 désigne
la classe desobjets de C, Mer(C)
la classe de tous lesmorphismes de C.
TABLE DES MATIERES
0.
Catégories
semi.additivesDEFINITION. Une
catégorie C
est dite semi-additive si pour toutcouple d’ obj ets
C, C’de C l’ensemble C(C, C’)
desmorphismes
de C à C’dans C
est muni d’une structure de monoide(demi-groupe
avec élémentneutre )
commutatif de telle sorte que les relations suivantes soient satis- faites :Chaque
fois que lescomposés
suivants sontdéfinis,
on aS-A-2
0 g = 0 = f 0 (le
mêmesymbole
0 dénote les élémentsneutres des différents
monordes).
Si,
deplus,
les monoidesC( C,
C’) sont des groupes, on ditque e
estune
catégorie
additive.( S-
A- 2 devient alors uneconséquence
de S-A- 1).
Dans ce cas on a aussi la relation
EXEMPLES. 1. Soit A un anneau. La
catégorie
des A -modules(à gauche)
et A
-homomorphismes
est alors unecatégorie
additive.5. Soit A un anneau associatif avec élément neutre. A peut alors être considéré comme une
catégorie
additive avec un seulobj et. Récipro-
quement,
si C
est unecatégorie
additive et C unobj et de C,
alorsC( C,
C )
est muni d’une structure d’anneau associatif avec élément unité.3.
Soit K
unecatégorie multiplicative (i.
e. munie d’un bifoncteurK x K :f. K
de telle sorte que * soit associative etpossède
un élément neu-tre à droite et à
gauche)
avec sommes directes finies(et
donc aussi un ob-j et
initial:0)
danslaquelle
les relations suivantes sont satisfaites:Par
exemple: Espaces topologiques
avec* = produit
direct. A -modules avec * = @ si A est commutatif.
Supposons
que deplus K possède
unpetit squelette,
i. e. que la classe des classesd’équivalences d’objets de K
sousles K-isomorphis-
mes soit un ensemble.
Si K désigne
lesquelette de K,
alors1 K 1 (ensem-
ble des
objets de K)
est muni d’une structure desemi-anneau,
i. e. de ca-tégorie
semi-additive avec un seulobjet,
en prenant la somme directe com-me somme et * comme
produit.
4. La
catégorie
dessemi-groupes
commutatifs ethomomorphismes
est
semi-additive,
si on définit la somme de deuxhomomorphismes
de fa-çon évidente.
D E FINITION. Un foncteur
F: e -+ e’, où C
ete’
sont deuxcatégories semi-additives,
est ditadditif
si(chaque
fois quef+f’
a unsens), (pour chaque 0 ) .
Désignons
pare6..ad
lacatégorie
descatégories
semi-additives etfoncteurs additifs et par
Cadd
lasous-catégorie pleine
deCsad
dont lesobjets
sont lescatégories
additives.Quelques
restrictions à caractère ensembliste doivent êtreimpo-
sées
lorsque
l’onparle
de ces «trèsgrandes» catégories;
on peut par exem-ple
utiliser les univers de Grothendieck ou bien travailler dans le cadre de lacatégorie éa
descatégories
deLawvere [3].
Nous passerons sous silence cet aspect de laquestion.
THEOREME 0 . 1 . L e
plongement Cadd -> Csadd possède
unadjoint
à gau- che. En d’autres termes, pour toutecatégorie
semi-additivee,
il existeune
catégorie additive è
et unfoncteur additif FC : C -> C
de telle sorteque, pour toute autre
catégorie
additivee’
et toutfoncteur additi f
F :C - C,
il existe ununique foncteur addi ti f F: e -. C’
tel que lediagramme
soit
commutati f.
P R E U V E .
Si e
est unecatégorie semi-additive,
on construit lacatégorie C
de lafaçon
suivante: Lesobjets de C
sont ceuxde C.
Si C et C’sont des
objets de C, C(C, C’)
est le groupe total des différences du monordeC(C, C’).
Lacomposition
étant bilinéairedans C,
elle s’étendalors de
façon canonique
en unecomposition dans C
enimposant
la bili-néarité. Le reste de la démonstration est laissé au lecteur.
THEOREME 0 . 2. Le
foncteur
d’oubliCsad - Cat
a unadjoint
àgauche
Sad :eaI-+ Csad.
PREUVE. Si
(Ï
est unecatégorie quelconque, Sad( (1) désigne
lacatégo-
rie semi-additive obtenue à
partir
deLÎ
de lafaçon
suivante: Lesobjets
de
Sad ( (1)
sont ceux de(1
etSad (Q)(A, A’)
est ledemi-groupe
abé-lien libre
engendré
parQ(A, A’).
Lacomposition
se définit à l’aide de la distributivité et en demandant que les zérosagissent
commemorphis-
mes nuls.
COROLLAIRE. L e
composé Éadd - Éaad - ÉH a
unadjoint à gauche.
En fait
Sad (Q) = Add (Q) (c.f. [5],
page37)
est lacatégorie
ayant les mêmes
obj ets
que(1
et pourlaquelle Add(Q)(A, A’)
est legroupe abélien libre
engendré
par(1(
A,A’ ).
1. Quelques
constructions dans lescatégories
semi-crdditives A. CATEGORIESQUOTIENTS.
DEFINITION. Une
congruence R
sur unecatégorie
semi-additivey
estune
famille R = (RCC’)(C, C’)E|C| x |C|
de relationsd’ équivalence
. IR CC,
surC(C, C’) compatibles
avec l’addition et lacomposition,
i. e.EXEMPLE. Tout foncteur
additif C ->F C’
induit unecongruence RF
sure
si on poseLorsque 1
est une congruencesur C,
on construit une nouvellecatégorie semi-additive C /R
et un foncteur additifPR : C -> e /R
de lafaçon
suivante: Lesobjets de C/R
sont ceuxde C
etPg
est l’iden-tité sur les
objets.
1 -
et
PR(f)
est la classed’équivalence
def
moduleRCC’.
Lacomposi-
tion dans
C/R
est la seule faisant dePô
un foncteur:Alors C /R
est bien semi-additive etPR
est additif. Deplus, RPR = R.
C /R
estappelée
lacatégorie quotient
deC
parR.
T H E O R E M E 1 . 1.
PR : C ->. e /R
a lapro pri été
universelle suivante:fR f’
entraîne
PR(f) = PR(f’),
et, siF : C - e
est unfoncteur additi f
tel quefRf’
entratneF ( f )
=F ( f’ ),
alors il existe ununique foncteur additif F’: C /R -> e’
tel que lediagramme
suivant soitcommutatif :
COROLLAIRE. Si
F: e-.e’
est unfoncteur addi ti f,
il existeun f oncteur additi f F’: el RF -> C’ unique
telque F’o PR F = F .
P ROP OSITION 1 . 1. Soit
F : C -> C’
unfoncteur additi f
tel quei)
e’ 1
=1 C | et
F est l’identité sur lesobjets,
ii) pour
chaque
C, C’ E1 e f l’ application
induite par F de(?,(C,C’)
dans
C’(C, C’) est surjective.
Alors
C" est isomorphe à C/RF.
D E F IN IT IO N .
Soit C
unecatégorie
additive. Unidéal 9 de C
est unefamille P = (PCC’)(C, C’) E |C| x |C|
de sous-groupesgCC,
deC(C, C’),
de telle sorte que, pour
chaque
C, C’ , C", C’" dansle il
PROPOSITION
1. 2. Si e
est unecatégorie additive,
les idéauxde C
sontles noyaux des
foncteurs additi f s
desource (?
et sont enbijection
avecles congruences
sur C.
B. SOUS-CATEGORIES ENGENDREES ET CATEGORIES LIBRES.
DEFINITION.
Soit e
unecatégorie.
Une sous-classe demorphismes
dee
est unefamille § =
(SCC’)(C,
C’)E|C x le I de
sous-ensembles(éven-
tuellementvides) SCC’
deC(C, C’).
à
peut être considéré comme ungraphe
orienté sur1 el:
pour toutcouple ( C,
C’ )d’objets
deC,
on a un ensembleScce
de flèches de Cà C’ . En fait
S
est unsous-graphe
dugraphe
orientésous-jacent à C :
Les sous-classes de
morphismes de C
sontpartiellement
ordon-nées par inclusion:
D E F IN IT IO N .
Soit S
une sous-classe demorphismes
d’unecatégorie
semi-additive C.
Laplus petite sous-catégorie
semi-additiveS > de e
ayant les mêmesobjets que C
etcontenant S s’appelle
lasous-catégorie
semi-additive de C engendrée
parS.
Si
S
est une sous-classe demorphismes
d’unecatégorie
semi-additive C, S>
peut être décriteexplicitement:
Lesobjets
deS
>sont ceux
de C.
Si C et C’ sont desobj ets de C,
unmorphisme f :
C - C’de
S>
est une somme finie decomposés
où,
pourchaque i , fn,i E S,
n = 1, 2, ... ,ki,
etf1,i
est de source Cet
f k..
est de but C’ . On convient d’admettre la sommevide,
que l’on identifie à 0 : C - C’;cependant
uncomposé
dans la somme(*)
peut être vide seulement si C =C’ ,
et alors cecomposé
vide est identifié à1 C.
D E F IN IT IO N . Si la
représentation (*)
desmorphismes
deS >
est uni- que à l’ordre des termes de la sommeprès,
on dira queS >
est librementengendrée par S.
Si e = S > ,
on diraque C
estengendrée
parS
et, le cas éché- ant,que e
est libre surS.
THEOREME 1 . 2 . Soit
e
unecatégorie
semi-additive libre sur une sous-classe de
morphismes S.
Alors pour toutecatég orie
semi-additiveC’,
tout
homomorphisme
degraphes
orientés F :S -> C’
s’étend defaçon unique
en un
foncteur additi f F’ : C -> C’ ,
P R E U V E . F’ est donné par la formule:
THEOREME 1.3.
Soit S
ungraphe
orienté sur un ensemble E. Alors ilexiste une
catégorie semi-additive C(S), unique
à unisomorphisme près,
telle que
|C(S) | =
E etque e ( S)
contienne unsous-graphe
orienté iso-morphe
àS
surlequel C ( S)
est libre.PREUVE.
Soit S
lacatégorie
libreengendrée par S (c. f. Ehresmann [2] ;
les
morphismes
sont desmots ... ). Alors C(S)
=Sad(S).
TH E O R E M E 1 . 4. Toute
catégorie
semi- additive estquotient
d’une caté-gorie
semi-additive libre.PREUVE.
soient C
unecatégorie
semi-additive etS
une sous-classe demorphismes engendrant C,
parexemple
legraphe sous-jacent à C.
Alorsl’inclusion de
S dans C
induit un foncteur additifP : C(S) -> C
et il estclair
que C = C(S)/RP.
Remarquons
que les notions desous-catégorie engendrée
et de ca-tégorie
libre s’étendent defaçon
assez immédiate auxcatégories
additives.C. CATEGORIES DE SERIES FORMELLES.
Soit e
unecatégorie
semi-additive. Nous construisons une nou-velle
catégorie ë
de lafaçon
suivante: Lesobjets de ë
sont ceuxde e .
Un
morphisme f
de C à C’dans ê
est une suitef = (f0, f1, ...),
oùchaque 1 v
est unmorphisme
de C à C’dans C.
Sig = (g0, g1, ....)
est un
morphisme
de C’ à C"dans C,
on définiten posant
Il est facile de voir que cette loi de
composition,
pourlaquelle
est élément neutre, est associative et
qu’elle
est distributive relativement à la somme définie ainsi:Si f’ = ( fi, f1,....),
On a aussi
PROPOSITION 1 . 2.
e
est unecatégorie
semi-additive.Si
f :
C -> C’dans C,
on notera de nouveau parf
lemorphisme
(f, 0, 0, ....) de C.
PROPOSITION 1 . 3.
L’application f
1-*f = ( f, 0, 0, .... ) définit
unfonc-
teur
additi f fidèle
nous permettantd’identilier e à
l asous-catégorie de C
dont lesmorphismes
sont les suites(f0, f1, ... , )
pourlesquelles fv=0
si v > 0.Pour
chaque C e le |, désignons
parXC
lemorphisme
Alors
on pose
Alors
PROPOSITION 1 . 4. Pour tout
PREUVE. En fait
si g désigne XvC, o i
oufo XvC,
alorsEn
particulier,
sif :
C - C’dans C,
Ainsi si
f = ( f0, f1, f2, .... ) :
C -> C’ , on peut écrire formellement:Si
alors
L’analogie
avec la théorie des anneaux nous permet d’écrireë =
e [ [
X]]
et de nommerC [ [
X]] la catégorie
des sériesformelles
en Xsur
e.
Nousdésignerons
parC [X]
lasous-catégorie
deC [ [X]]
contenant
C
dont lesmorphismes
sont les suites à support fini.e [ X ]
est aussi semi-additive. Si
f :
C -> C’ danse [X],
alorsi
sereprésente
defaçon unique
comme une somme finie:Remarquons
que,si C
estadditive, X ] et X
sont aussiadditives.
2. Dérivations
Soit S un segment initial de
N =( 0 ,
1, 2, ... ) .Soient C’ et D
deuxcatégories
semi-additives.DEFINITION. Une dérivation d’ordre S
de C à Î
est une famille D =( D v) V tE s d’applications
du typeDv : Mar(C) -> Mar(D)
telle que:D - 1
D0 préserve
les identités.D-2 Si on note
DCC’
la restriction deD v à C(C, C’) (de
sorte queD- 3
Chaque
fois quef+f’ est
défini et pour tout v E S,D - 4
Chaque
fois que g of
est défini et pour tout v E S,D- 5
Si 0 # v E S, Dv(1C) = 0 .
Il suit immédiatement de la définition que
Do
est un foncteur ad-ditif et que
chaque DCC’v
est unhomomorphisme
de monoides additifs.Si
S
est unecatégorie additive,
D-3-b estconséquence
de D-3-a et D-5 estconséquence
de D-4.La condition D-4 entraîne la
généralisation
suivante:EXEMPLES. l. Si A et B sont deux anneaux, une dérivation d’ordre S de A à B
(c. f. [6])
est toutsimplement
une dérivation d’ordre S de A à B considérés commecatégories
additives avec un seulobjet.
2. Si
F : C -> D
est un foncteuradditif, alors,
pour tout S, F s’é- tend defaçon canonique
en une dérivationDF
d’ordre Sde C à D
enposant
DF0 = F
etDFv = 0.
3 . La formule tensorielle de Kûnn eth
( c. f . [4] ,
page166)
valide sous certaines
hypothèses
sur K et L permetd’envisager
l’homo-logie
comme une dérivation H de K à K’ pour certainescatégories
semi-additives K et K’ du type de
l’ exemple 3, § 0.
On doitégalement
avoir4. Une dérivation
classique d
sur un anneauA ,
parexemple
surun anneau de
polynômes,
donne une dérivation d’ordre( 0 , 1 )
sur A pourlaquelle d0 = 1A et dl
= d . On obtient de la mêmefaçon
une dérivationD d’ordre
(0, 1) sur C[X] ou C[[X]],
en posant5.
Soit e
unecatégorie
additive. Considéronsanneau des familles
d’endomorphismes de C. Explicitement les
élémentsde é
sont lesfamilles R = (fC)CE|C| de morphismes fC : C -> C
dee,
et l’addition et la
multiplication
sont données par:Pour
chaque R E E,
on définit une dérivation d’ordre( 0 , 1 ) , DR, de C
àe
en posant:On a alors les relations suivantes:
voir
plus bas),
6. D’autres
exemples
seront donnés par les dérivations univer- selles(paragraphe 3)
et co-universelles(paragraphe 4).
Soient D’ une dérivation d’ordre S’
de 93 à C
et D une dériva-tion d’ ordre S
de C à D.
On définit une nouvelle familleoù S" =
S n S’,
en posantPROPOSITION 2 . 1. D o D’
est une dérivation de B à D.
Deplus
les re-lations suivantes sont
satisfaites :
est une dérivation de
(1 à 93,’
sont des
foncteurs additifs ;
PREUVE. On a
D o D’ satisfait donc à la condition D-4 et il est facile de voir que les
autres conditions sont aussi
vérifiées;
donc D o D’ est bien une dériva- tion. Par ailleursLes deux autres relations sont immédiates.
On obtient ainsi une
catégorie Ders
dont lesobjets
sont les caté-gories
semi-additives et lesmorphismes
les dérivations de tous les or-dres. Pour
chaque
segment initial S deN ,
on a aussi lacatégorie DersS
ayant les mêmes
obj ets
queDers,
mais dont lesmorphismes
sont les déri-vations d’ordre S . En
particulier,
pour le segment initial(0)
deN ,
on ala
catégorie Ders(0), qui
estisomorphe
àe6.4.d.
Notons aussi l’existence des
catégories Derar
etDeraS,
sous-catégories pleines
deDers
etDersS respectivement
dont lesobjets
sontles
catégories
additives. Enparticulier Dera(0) = Cadd.
Notons P :
Dera -> Ders
etPS: DeraS -> DersS
les foncteursplon-
gements
canoniques.
TH E O R E M E 2. 1. Les
foncteurs
P etPS
pourchaque
S ont desadjoints
à
gauche.
PREUVE. En fait le théorème 0 . 1 donne
l’adjoint
àgauche
deP (0).
Cetadjoint
s’étend defaçon
évidente en unadjoint
à P et àPc.
Si S et S’ sont des segments initiaux de N et si S
s: S’ ,
on a unfoncteur
YS’S : DersS, -> DersS qui
est l’identité sur lesobjets
et pourlequel
C’ est un
problème
ouvert de déterminer si ces foncteurs ont desadjoints
à
gauche
ou àdroite,
même dans le cas des foncteursd’oubli YS(o) : DersS -> Csad.
Par ailleursYS’So YS’S’ = YS"S
et ainsi ’1’ définit undiagramme
decatégories.
On remarque alors que 3. Dérivationsuniverselles
Soit S un segment initial de N .On a un foncteur
TS : Csad -> DersS qui
est l’ identité sur les ob-jets
et pourlequel TS( F )
=DF
est défini parsi F est un foncteur additif.
Les deux dernières relations de la
proposition
2. 1expriment pré-
cisément que
T’S
est un foncteur.TS
est unplongement
fidèlequi
nouspermet d’ identifier
éaad
avec lasous-catégorie
deDersS
dont les mor-phismes
sont les dérivations D pourlesquelles D v = 0
si 0 # v E S.Ainsi si F est un foncteur
additif,
on notera de nouveau par F la dériva-tion
D F .
On a alorsTHEOREME 3.1. Pour
chaque
segment initial S deN,
lefoncteur TS:
e6.d ... DersS
a unadjoint
àgauche. Explicitement,
pourchaque catégo-
rie semi-additive
e,
il existe unecatégorie
semi-additivees
et une dé-rivation
DS
d’ordre Sde C
àeS
telles que, pour toutecatégorie
semi-additive D
et toute dérivation D d’ordre Sde e
àD,
il existe un uni-que
foncteur additif
F :eS ... d
tel que F oD s
= D .C,,
estappelée
lacatégorie différentielle
d’ordre S associéeà e
et
DS
la dérivation universelle d’ordre S associéeà C.
Le reste de cette section est consacré à la démonstration de ce
théorème.
PROPOSITION 3 . 1.
Soit À une congruence sur C
et soit D =( Dy) y E S
une
famille d’applications
du typeMer (C / R) -> Mor (D)
telle quesoit une dérivation d’ordre S
de C
àD ;
alors D est une dérivation d’or- dre Sde C /R à 9.
PREUVE.
D- 1 On a donc
On a
P R O P O SI T I O N 3 . 2. Soit
e
unecatégorie
semi-additive etsoit S une
sous-classe de
morphismes de C
telle queS > = e.
Alors toute déri- vation D d’ordre Sde C à D
est déterminéeuniquement
par sone f fet
sur
1 C 1
et sur la classeS.
PREUVE. On doit avoir
Or les
morphismes de C
sont des sommes finieset
chaque Dv
est additif. La conclusion est immédiate.P RO P O SITION 3 . 3.
Soit e
unecatégorie
semi-additive libre sur un gra-phe S.
Soit S un segment initial de N . Soit d :|C| -> |D 1
uneapplica-
tion,
où D
est unecatégorie semi-additive,
et pourchaque
x : C - C’ dansS, soit (dx, v) v E S une famille
demorphismes de D
du typeAlors il existe une
unique
dérivation D d’ordre Sde C à Î
telle que:PREUVE. L’unicité de D est une
conséquence
de laproposition
3 . 2 .Pour démontrer
l’existence,
il suffit de voirqu’en
posanton obtient bien une dérivation d’ordre S
de C à CJD.
Or ceci n’estqu’une
vérification formelle.
Soit
S
ungraphe
orienté sur un ensemble E et soit S un segment initial de N . On construit un nouveaugraphe
orientéSS
sur E en posant(SS)CC’=SCC,XS
et on posexv =(x, v)
pourXES
et VES.PROPOSITION 3 . 4.
Si C
est lacatégorie
libresur S ( le 1 = E),
alorsla
catégorie di f férentielle es
d’ordre Sde C
est lacatégorie
libre surSS
et la dérivation universelleD S
d’ordre Sde C
est la seule dériva-tion d’ordre S
de C à es
tell e queP R E U V E .
D’après
laproposition précédente, D S
est bien une dérivationd’ordre S. Si D est une dérivation d’ordre S
de C
àD,
soit F le seulfoncteur additif de
Cs à $Î
tel queF(C)=Dc/C)
etF(xv) = Dv(x).
Alors
F o D S
est une dérivation d’ ordre Sde e à $Î qui
cdincide avecD sur
S,
caret
Donc Fo
DS
= D. Par ailleurs si F’ est un autre foncteur additif deCS -> D
tel que
F’ o D S = D ,
alorset don c F’ = F .
PREUVE DU THEOREME 3 . 1.
Soit e
unecatégorie semi-additive. C
estquotient
d’unecatégorie libre C(S)
sur ungraphe orienté S
par une con-gruence R sur C(S), i.e. C = C(S)/R.
Soit C(S)S
lacatégorie
différentielle d’ ordre Sde C(S)
etDy
C(S) -> C(S)S
la dérivation universelle d’ordre Sde C(S). Soit RS la
congruence la
plus
finesur 6(§)ç
telle que, pour x, x’E C(S),
Soient le foncteur cano-
nique.
On définit de lafaçon
suivante :dans C,
on poseAlors
DS
est biendéfini,
car, si et doncPar ailleurs
DS o PR
=PRSo D’S
est une dérivation et doncD S
aussi,d’après
laproposition
3 . 1. AlorsD s de C
àCs
est la solution cherchée.En
effet,
si D est une dérivation d’ordre Sde C à S,
D oPg
est une dérivation d’ ordre S
de C(S) à S,
et donc il existe ununique
foncteur additif
F’ : C(S)S -> D
tel queD o PR
=F’ o D’S.
Mais six 1
x’ ,donc, si z R z’ , F’(z)
=F’(z’),
carRS
estplus
fine queRF : . I1
exis-te donc un
unique
foncteur additif F :CS -> D
tel queF o PR S
=F’ ;
alorsdonc alors
donc
1 1
COROLLAIRE 3.1.
T’S préserve
les limitesprojectives.
Enparticulier
DersS possède
desproduits
directsqui
coincident avec ceux dee6.ad..
Posant
DifS(C) = es’ Di fS
s’étend defaçon canonique
en un foncteurDersS -> Csad qui
estl’adjoint
àgauche
deTS.
COROLLAIRE 3. 2.
Difs préserve
les limites inductives.COROLLAIRE 3.3. Le
foncteur composé
a un adjoint à gauche.
COROLLAIRE 3.4. Considérons le
di agramme commutati f
suivant, oùUS
est
simplement
la restriction deT S
auxcatégories
additives. AlorsUs
a un
adjoint
àgauche.
P R E U V E . Ceci est une
con séquence
d’ un théorème de E. Dubuc([1])
sur les
«adjoint triangles», P S
etTSo P(0)
ayant desadjoints
àgauche.
En fait
l’adjoint
àgauche
deUS
peut être construit directement par unprocédé analogue
à celui de la construction del’adjoint
àgauche
deTç.
4. Dérivations et séries
formelles.
Dérivationsco-universelles Soit e
unecatégorie semi-additive. e désigne
lacatégorie
desséries formelles
sur C
décrite en 1- C .sont des
morphismes
C -> C’
de C
et si S est un segment initial deN ,
on définitPROPOSITION 4.1. La
famille JqS
=(RSCC’)
est une congruence sure.
Nous noterons
eS
lacatégorie quotient CI RS. Remarquons
queC(0)
estisomorphe
àC
et queN
=C.
On écriraXSC = PRS(XC).
SiS et S’ sont des segments initiaux et si S
S’,
on aR S’ RS
et on ob- tient donc un foncteurgb SIS :CS’ -> CS.
En fait
ës
estisomorphe
à lacatégorie
dont lesmorphismes
sontles suites
fS
=(fv) vE S, la
somme se faisant termes à termes et la com-position
par larègle
Alors 9D
s’ s consiste tout
simplement
à tronquer les suites.et ainsi (D définit un
diagramme
dansCat.
On remarque queOn définit une dérivation d’ ordre S
de é à C
en posantAlors
si j
1 pour tout v E S, de sorte que II induitune dérivation
DSC = D
d’ordre S deC à e unique
pourlaquelle
on aOn a
T H E O R E M E 4 . 1. Soit S un segment initial de N . Alors la dérivation d’ordre S de
à 9)
estco-universelle,
c’est-à-dire que, pourtoute dérivation D d’ordre S
de C
àD,
il existe ununique foncteur
ad-ditif FD : C -> DS pour lequel D o FD
= D .
En d’autres termes, posant
ES
s’étend en un fonc-teur
DersS -> Csad adjoint
à droite deT S : Csad -> DersS.
Enfait, ES(D)(fS)
est donné par la formuleDe
plus ES
est unplongement fidèle,
et un foncteur additif F:CS -> Ds
est de la forme
ES(D)
pour une dérivation D d’ordre Sde é à D
si etseulement si
F(XSC)
=XSF(C).
P R E U V E D U T H E O R E M E . Soit D un e dérivation d’ ordre S
de C à S.
Si
C E |C|
, on doit avoiret, si
f :
C-C’dans C,
on doi t avoirL’unicité de
FD
est doncacquise.
Posantil est facile de voir que
FD
est bien un foncteur additif pourlequel
Posons
ES(D) = DS.
Alors l’extension deES
en un foncteurse fait de la
façon
habituelle.Explicitement
est le seul foncteur additif pour
lequel
En f ait
Notons que
Si G est une dérivation d’ordre S
de C à 1
telle que D i.G,
et si
D0
=G0,
alor s il exi ste v E S etf :
C - C’dans C
tel s que l’on, Posant on a
et donc est fidèle.
P ar
ailleurs,
si est un foncteur additif tel queon définit une dérivation D d’ordre S
de C à D
de lafaçon
suivanteAlors
et on vérifie aisément que D est bien une dérivation.
p ar
aill eurs,
pour v E S ,et
Donc
pour tout
dans
Ain si
COROLLAIRE.
T’S préserve
les limites inductives. Enparticulier DersS
possède
des sommes directesqui
coincident avec celles dee6.ad.
Remarquons
finalement que la restriction deES
auxcatégories
additives donne un foncteur
ES: DeraS -> Cadd adjoint
à droite duplonge-
ment
US : Cadd -> DeraS.
5.
Transformations naturelles
dedérivations
Soit S un segment initial de N .L’application f -> fs = (f, 0, 0, ....)
définit un foncteur additifSC = S S: C -> CS qui
est unplongement
fidèle.OS
est le seul foncteur additif tel que60 SS
=1 e
dansDersS.
D E F IN I T I ON . Soient D et D’ deux dérivations d’ ordre S
de C à $Î
etsoient
FD
etFDe
les deux foncteurs additifs deês
à9)S correspondant
à D et D’
respectivement
selon le théorème 4.1(alors
notésES( D )
etES( D’ ) respectivement).
Unetransformation
naturellea
de D à D’ estune transformation naturelle du foncteur
FDo (DS
vers le foncteurFD, o SS :
C -> DS.
On doit donc avoir
est un
morphisme de
de telle sorte que, si
f :
C - C’ dansC,
lediagramme
suivant soit com-mutatif dans
DS:
C’est-à-dire que l’on doit avoir
(rappelant
que )Ourchaque
v E S:Si
chaque Ci C
est inversible dansDS,
alors(
.est aussi une transformation naturelle de
FD’oSS
àFD°SS.
DEFINITION. On dira alors que
à
est uneéquivalence
naturelle de D àD’ et que D et D’ sont naturellement
équivalentes.
Si D" est une autre dérivation d’ ordre S
de C à D
et si à’ est une transformation naturelle de D’ à D" , on obtient une transformation na-turelle à’ o
à
de D à D" en posant(à’o a)C
=a’co êÍC.
On a alorsDe
plus
est une trans-formation naturelle de D à D, et
Si (
exi ste,
On remarque que la relation «D est naturellement
équivalente
à D’»,notée
D~aD’
siCL
est uneéquivalence
naturelle de D à D’ , est une rela- tiond’équivalence
sur la classeDersS(C, D).
PROPOSITION 5. 1. a est une
transformation
naturelle de D à D’ si etseulement si
à
est unetransformation
naturelle deFD
àF D’.
Enparti-
culier 1 D = IF ,
P R E U V E. La condition est évidemment suffisante.
Supposons
donc queà = (aC) CE|C 1est
une transformation natu, relle deFDoSS
àFD, oSS,
et montrons quea = (aC)
est aussi unetran sform ation n aturelle de
FD
àFD’.
Pour
cela,
soitfS = (fv)v E S ;
£- C’ dansCS
et voyons que ledi agramm e
sui van t e s t commu tati fdans is.
Or
PROPOSITION 5.2. Soient D et D’ des dérivations d’ordre S de
C à 3).
Si a
=(a C)Ce le |
est unetransformation
naturelle deD0 à D’0,
telleque, pour
chaque
v E S etchaque f :
C - C’, on aitD’v (f)aC = ac’Dv(f) dans D, et si on pos e aSC = (aC, 0,0,...),
alorsest une
transformation
naturelle de D à D’ .COROLLAIRE. Si
chaque cxC
est inversible dansD, Cxs
est uneéquiva-
lence naturelle de D à D’ et on a, pour tout1:
C - C’de C
et pour cha- que v E S,Réciproquement
sia = (aC)CE |C| 1est
une familled’isomorphis-
mes
de 3)
du typea,C : D0 ( C ) -> D0 (C)
où D est une dérivation d’ordre Sde C à D,
on définit une nouvelle dérivation D’ d’ ordre Sde C à D,
naturellement
équivalente
àD ,
en posant :P RO P OSITION 5 . 3. Considérons la situation suivante
où D , D’ ,
i5, D’ ,
sont des dérivations d’ordre S et oùà
etal
sont destransformations
naturelles de dérivations. Ondéfinit
de nouvellestransfor-
mations naturelles
D*â1
deDo D
àDo D’ et a*D
de D05
àD’ oD,
en posant:
et
De
plus
Cette dernière
égalité
définit une transformationnaturelle,
notéea 1 * a,
de Do D à D’o D’.PROPOSITION 5.4. Munie de la loi * ainsi
définie, DersS
devient une2
-catégorie.
P R E U V E . Tenant compte de la
proposition
5.1 et du théorème 4.1 et re-marquant que
D*â1
=FD * â,1
eta*D
=â* FD,
ceci résulte du fait que les transformations naturelles forment une2-catégorie.
On obtient ainsiles
«règles
du calcul fonctoriel de Godement»:En outre, si à et
a1
sont deséquivalences naturelles, a* a1
en estaussi une.
COROLLAIRE. L a relation «D est naturellement
équivalent
à D’» est unecongruence sur la
catégorie DersS
permettant de passer à lacatégorie qu o t i en t DersS/~.
De même, en se
restreignant
à lacatégorie DeraS,
on obtient lacatégorie quotient DeraS/~.
P R EU V E. On sait
déjà
que - est une relationd’ équivalence
surchaque
classeDersS (C, D).
P ar
ailleurs,
si D - D’ etD~, D’ ,
alors D oD
~ D’ oD’ .
C’ est un exercice amusant
(! )
de vérifier que6.
Endo-dérivations inversibles
etquasi-inversibles
dansles catégories
additivesDans cette
section, C
est unecatégorie
additive et S est un seg-ment initial de N .
PROPOSITION 6.1. Si D est une dérivation d’ordre S
de C à C
pour1 aquelle D0 =1C,
alors D est inversi bl e.PREUVE. On définit une
dérivation A
d’ordre Sde e à C
en posant:en
général
pour n E S ,Il est alors facile
(mais long)
de vérifierque 6
est bien une dérivationd’ ordre S
de C à C
et qu eD o D = 1C = D o D.
COROLLAIRE
6.1. Si D
est unecatégorie
semi-additive et si D est unedérivation d’ordre S
de C
àg),
D est inversible si et seulement siD0=
= F est un
foncteur
inversible.PREUVE. La condition est évidemment nécessaire.
Par
ailleurs,
si elle estsatisfaite, F’1 o
D est une dérivation d’or- dre Sde C à C
etD’ après
laproposition précédente, F-l0
D est doncinversible;
soit D’son inverse. Alors D’ o
F-1
est l’inverse de D .CO R OL L AIR E 6. 2.
Si 93
est unecatégorie
semi-additive et si D est unedérivation d’ordre S
de 93
àe,
D est inversible si et seulement siDo-
= F est un
foncteur
inversible.Désignons
parle groupe des endo-foncteurs additifs inversibles de
e,
le groupe des endo-dérivations d’ ordre S inversibles
de C,
le sous-groupe normal