Une singularité bien française

322 | La Lettre du Neurologue Nerf & Muscle • Vol. XX - n° 10 - décembre 2016

ÉDITORIAL

P. Bouche déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

”

“ Une singularité bien française

Pr Pierre Bouche

Rédacteur en chef.

C

J’ai souligné les différences entre les conceptions françaises et anglo-saxonnes, ou même germaniques, concernant le fonctionnement des unités ou des services de neurologie.

Nous observons, en France, une séparation funeste entre la neurologie clinique − représentée par les traditionnels services cliniques de neurologie − et les explorations fonctionnelles − qui dépendent normalement de la discipline en question. Ce n’est pas le cas dans la plupart des autres pays, notamment dans les pays anglo-saxons,

et ce n’est pas le cas non plus dans d’autres disciplines, comme la cardiologie, où les techniques d’exploration sont intégrées au sein même des services.

Cette séparation entraîne forcément de graves dysfonctionnements. Les 2 services peuvent également être éloignés géographiquement, sans communication pratique entre eux. De plus, la direction de ces services d’exploration fonctionnelle appartient au corps des biologistes et non à celui des médecins. Ce qui peut parfois donner naissance à de curieuses alchimies où la direction de la neurophysiologie clinique est assumée par un biologiste spécialisé dans les affections rénales… C’est ainsi le grand service d’exploration à la française, traitant des explorations aussi bien rénales ou autres que neurologiques. Si bien que certains services de neurologie clinique ont dû créer au sein de leur  département une unité spéciale d’électrophysiologie clinique, sous la direction d’un des médecins de l’équipe. Ce qui peut entraîner un conflit avec le service central des explorations fonctionnelles, qui, lui, reçoit toutes les dotations de l’hôpital pour son fonctionnement.

Pourquoi cette singularité française qui provoque des sourires attristés

de commisération de la part de nos confrères étrangers ? La réponse n’est pas facile à donner. Il semble que, depuis longtemps, un consensus se soit installé entre biologistes et médecins pour se partager les services. Tout ce qui a trait aux explorations revient aux biologistes. Seules la cardiologie et, à un moindre degré, la pneumologie ont pu déroger à cette règle. Mais c’est du passé. On peut aujourd’hui espérer un peu plus de rationalité.

Espérer aussi que les médecins fassent l’effort nécessaire pour récupérer ces unités.

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