2018-2019 M1EEF – UGA
Feuille 1 : ´ Equations diff´ erentielles lin´ eaires
Correction du II
Lorsque ce n’est pas pr´ ecis´ e, les fonctions consid´ er´ ees sont d´ efinies sur R . C’est no- tamment le cas dans le 1.
1.a. Soit r une racine r´ eelle de χ, i.e. tel que r
2+ αr + β = 0, et f la fonction t 7→ e
rt, qui est C
∞sur R . Alors, pour tout t ∈ R , f
0(t) = re
rt et f
00(t) = r
2e
rtdonc
f
00(t) + αf
0(t) + βf(t) = (r
2+ αr + β)e
rt = 0.
Ainsi, f est solution de (EH). Si maintenant r est une racine double de χ, alors χ(X) = (X − r)
2, et en particulier −2r = α. La fonction g : t ∈ R 7→ te
rt est C
∞et satisfait, pour tout t ∈ R , par d´ erivation de produits, g
0(t) = (1 + rt)e
rtet g
00(t) = (r + r(1 + rt))e
rt= (r
2t + 2r)e
rt, de sorte que
g
00(t) + αg
0(t) + βg(t) = ((r
2t + 2r) + α(1 +rt) + βt)e
rt= ((r
2+ αr +β)t + (2r + α))e
rt= 0.
Ainsi, g est solution de (EH).
1.b. Supposons que r = λ + iω soit une racine complexe de χ. Les calculs pr´ ec´ edents restent valables pour r complexe. Ainsi, la fonction f : t 7→ e
rt= e
λte
iωt= e
λt(cos(ωt) + i sin(ωt)) satisfait encore : ∀t ∈ R , f
00(t)+αf
0(t)+βf(t) = 0. Mais si on note f
1la fonction r´ eelle t 7→ e
λtcos(ωt) = Re (f (t)) et f
2la fonction r´ eelle t 7→ e
λtsin(ωt) = Im (f (t)), on a f
0= f
10+ if
20, f
00= f
100+ if
200, donc en r´ eordonnant les termes, pour tout t ∈ R :
(f
100+ αf
10+ βf
1)(t) + i(f
200+ αf
20+ βf
2)(t) = 0
ce qui montre, par identification des parties r´ eelles et imaginaires, que f
1et f
2sont solutions de (EH).
1.c. On note f
1et f
2les fonctions en question. On suppose r
16= r
2. Soit (λ
1, λ
2) ∈ R
2tel que λ
1f
1+λ
2f
2est la fonction nulle. Alors en particulier, par ´ evaluation en 0, λ
1+λ
2= 0, i.e. λ
1= −λ
2. En outre, λ
1f
10+λ
2f
20est encore la fonction nulle, et l’´ evaluation en 0 donne cette fois λ
1r
1+ λ
2r
2= 0 = λ
2(r
2− r
1). Comme r
26= r
1, ceci entraˆıne λ
2= −λ
1= 0.
Ceci montre que la famille (f
1, f
2) est libre.
1.d. Soit (λ, ω) ∈ R × R
∗. On note ` a nouveau f
1et f
2les fonctions en question. Soit (λ
1, λ
2) ∈ R
2tel que λ
1f
1+ λ
2f
2est la fonction nulle. Alors en particulier, par ´ evaluation en 0, λ
1= 0. Mais alors l’´ evaluation en
2ωπdonne λ
2= 0. Ainsi, la famille (f
1, f
2) est libre.
1.e. Soit r ∈ R
∗. On note ` a nouveau f
1et f
2les fonctions en question. Soit (λ
1, λ
2) ∈ R
2tel que λ
1f
1+ λ
2f
2est la fonction nulle. Alors en particulier, par ´ evaluation en 0, λ
1= 0.
Mais alors l’´ evaluation en 1 donne λ
2e
r= 0, ce qui entraˆıne λ
2= 0 puisque e
r6= 0. Ainsi, la famille (f
1, f
2) est libre.
1.f. Bilan : en notant ∆ le discriminant de χ,
• si ∆ > 0, χ a deux racines r´ eelles distinctes r
1et r
2, et 1.a et 1.c montrent que
(t 7→ e
r1t, t 7→ e
r2t) forme une famille libre de solution de (EH) ;
• si ∆ = 0, χ a une racine double r´ eelle r, et 1.a et 1.e montrent que (t 7→ e
rt, t 7→ te
rt) forme une famille libre de solution de (EH) ;
• si ∆ < 0, χ a deux racines complexes conjugu´ ees λ+iω et λ−iω avec (λ, ω) ∈ R × R
∗, et 1.b et 1.d montrent que (t 7→ e
λtcos(ωt), t 7→ e
λtsin(ωt)) forme une famille libre de solution de (EH).
2.a. Sur son ensemble de d´ efinition, w
0=
f
10f
20+ f
1f
200−
f
20f
10− f
2f
100= f
1(−αf
20− βf
2) − f
2(−αf
10− βf
1) = −αw, donc w est bien solution d’une EDLH d’ordre 1 (` a coefficient constant en l’occurrence ici, mais ce fait est g´ en´ eral pour les EDL d’ordre 2, y compris ` a coefficients variables).
2.b. Si χ(X) a deux racines r´ eelles distinctes r
1et r
2, f
iest la fonction t 7→ e
rit, donc w(0) = (f
1f
20− f
2f
10)(0) = 1 × r
2− 1 × r
16= 0.
Si χ(X) a une racine r´ eelle simple r, f
1= t 7→ e
rtet f
2= t 7→ te
rt, de d´ eriv´ ee t 7→
(1 + rt)e
rt, donc
w(0) = (f
1f
20− f
2f
10)(0) = 1 × 1 − 0 × r 6= 0.
Enfin si χ(X) a des racines complexes (non r´ eelles) conjugu´ ees λ ±iω, f
1= t 7→ e
λtcos(ωt) et f
2= t 7→ e
λtsin(ωt), de d´ eriv´ ees respectives t 7→ e
λt(λ cos(ωt) − ω sin(ωt)) et t 7→
e
λt(λ sin(ωt) + ω cos(ωt)), donc
w(0) = (f
1f
20− f
2f
10)(0) = 1 × ω − 0 × λ 6= 0.
On a bien dans tous les cas w(0) 6= 0. Or d’apr` es la question pr´ ec´ edente, pour tout t ∈ R , w(t) = w(0)e
−αt, et l’exponentielle ne s’annule pas, donc pour tout t ∈ R , w(t) 6= 0.
ATTENTION ! Le simple fait que f
1et f
2soient des ´ el´ ements lin´ eairement ind´ ependants de C
2( R , R ) ne signifie pas et n’entraˆıne pas que les vecteurs
ff10(t)1(t)
et
ff20(t) 2(t)sont lin´ eairement ind´ ependants pour tout t ! Il y a des tas de fonctions lin´ eairement ind´ ependantes dont le DL ` a l’ordre 1 coincide en un ou plusieurs point(s) ! Donc on ne peut pas montrer comme cela que w(t) 6= 0 pour tout t. Il faut utiliser le fait qu’ici f
1et f
2sont solution d’une mˆ eme EDL !!
2.c. Pour tout t ∈ R , F
0(t) =
ff000(t)(t)(la d´ eriv´ ee d’une fonction ` a valeurs vectorielles ou matricielles s’obtient simplement en d´ erivant chaque coefficient) et
AF (t) =
0 1
−β −α
f (t) f
0(t)
=
f
0(t)
−βf(t) − αf
0(t)
donc
∀t ∈ R , F
0(t) = AF (t)
⇔
∀t ∈ R , f
00(t) = −βf (t) − αf
0(t)
⇔ f est solution de (EH).
2.d. Pour i = 1, 2, f
iest solution de (EH) donc d’apr` es la question pr´ ec´ edente, en notant F
i=
ffi0i
, F
i0= AF
i, et donc R
0= AR. En outre, det(R) = w, qui ne s’annule pas sur R ,
donc pour tout t ∈ R , R(t) est inversible.
2.e. Pour tout t ∈ R ,
(R(t))
−1= 1 w(t)
f
20(t) −f
2(t)
−f
10(t) f
1(t)
donc les coefficients de C = R
−1F sont d´ erivables comme sommes de produits de fonctions d´ erivables. On peut donc ´ ecrire, pour tout t ∈ R , comme pour un produit de fonction, F
0(t) = R
0(t)C(t) + R(t)C
0(t) (on peut justifier cette formule en ´ ecrivant que pour tout t
0∈ R et tout t 6= t
0,
F (t) − F (t
0)
t − t
0= R(t)C(t) − R(t)C(t
0) + R(t)C(t
0) − R(t
0)C(t
0) t − t
0= R(t) C(t) − C(t
0)
t − t
0+ R(t) − R(t
0) t − t
0C(t
0)
− −− →
t→t0
R(t
0)C
0(t
0) + R
0(t
0)C(t
0),
par continuit´ e du produit matriciel ou de fa¸con plus ´ el´ ementaire par convergence coor- donn´ ee par coordonn´ ee). Mais attention, toutes les formules de d´ erivations de fonctions compos´ ees ne s’´ etendent pas aux matrices !
On a donc F
0(t) = AR(t)C(t) + R(t)C
0(t) = AF (t) + R(t)C
0(t). Donc f est solution de (EH) si et seulement si pour tout t ∈ R , R(t)C
0(t) =
00, ce qui ´ equivaut ` a C
0(t) =
00car R(t) est inversible. Finalement, on a bien que f est solution de (EH) si et seulement si C est une fonction constante.
2.f. Ainsi, f est solution de (EH) si et seulement si il existe C =
cc12
∈ R
2tel que
f f0
=
f1 f2
f10 f20
C, i.e. tel que f = c
1f
1+ c
2f
2et f
0= c
1f
10+ c
2f
20(cette deuxi` eme condition
´
etant redondante car d´ ecoulant de la premi` ere). L’ensemble des solutions de (EH) est donc bien l’ensemble des fonctions de la forme c
1f
1+ c
2f
2avec c
1, c
2∈ R . Il s’agit d’un sous-espace vectoriel de dimension 2 de C
2( R , R ), (f
1, f
2) en formant une famille libre et g´ en´ eratrice, donc une base. Les diff´ erents cas de figure selon le discriminant du polynˆ ome caract´ eristique ont ´ et´ e donn´ es dans la question 1.f.
2.g. Soit f une solution, donc de la forme c
1f
1+ c
2f
2avec c
1, c
2∈ R .
f(t0) f0(t0)
=
yy00 0⇔
cc1f1(t0)+c2f2(t0)1f10(t0)+c2f20(t0)
=
yy00 0⇔ R(t
0)
cc12
=
yy00 0⇔
cc12
= (R(t
0))
−1 yy00 0.
Donc il existe bien une unique f ∈ Sol(EH) tel que f(t
0) = y
0et f
0(t
0) = y
00.
2.h. Le polynˆ ome caract´ eristique de cette EDL d’ordre 2 homog` ene ` a coefficients con- stants est X
2+ ω
2, qui a deux racines imaginaires pures ±iω si ω 6= 0, et une racine r´ eelle double 0 sinon. L’ensemble des solutions de l’´ equation est donc dans le premier cas
{f : x ∈ R 7→ c
1cos(ωx) + c
2sin(ωx), c
1, c
2∈ R } et dans le second cas
{f : x ∈ R 7→ c
1+ c
2t, c
1, c
2∈ R } , c’est-` a-dire l’ensemble des fonctions affines.
3.a. On montre comme en I.B.1 que Sol(E) = {p} + Sol(EH).
3.b. Plus pr´ ecis´ ement, montrons que si d est une fonction polynomiale P : x 7→ P
nk=0
a
kx
kde degr´ e n, (E) admet une solution polynomiale de degr´ e n. Soit Q : x 7→ P
nk=0
b
kx
kune fonction polynomiale de degr´ e n. Pour tout x ∈ R ,
Q
0(x) =
n
X
k=1
kb
kx
k−1=
n−1
X
j=0
(j + 1)b
j+1x
jet de la mˆ eme fa¸con
Q
00(x) =
n
X
l=0
(l + 2)(l + 1)b
l+2x
l, donc
Q
00(x)+αQ
0(x) + βQ(x)
=
n−2
X
k=0
((k + 2)(k + 1)b
k+2+ α(k + 1)b
k+1+ βb
k) x
k+ (αnb
n+ βb
n−1)x
n−1+ βb
nx
n. Donc par identification, Q est solution si et seulement si
a
n= βb
na
n−1= αnb
n+ βb
n−1∀k ∈ [[0, n − 2]], a
k= (k + 2)(k + 1)b
k+2+ α(k + 1)b
k+1+ βb
k,
ce qui se r´ e´ ecrit :
a
n.. . a
0
= M
b
n.. . b
0
avec M de la forme
β 0
. ..
∗ β
.
Comme β 6= 0, la matrice M est inversible, donc il existe un unique vecteur
b
n.. . b
0
satisfaisant cette ´ egalit´ e, ce qui conclut.
Supposons maintenant que d est de la forme x 7→ e
λxP (x) avec P polynomiale de degr´ e n. Soit Q : x 7→ P
mk=0
b
kx
kune fonction polynomiale et f : x 7→ e
λxQ(x). Apr` es calcul, on a pour tout x ∈ R ,
(f
00+ αf
0+ βf )(x) = e
λxQ
00+ (2λ + α)Q
0+ (λ
2+ αλ + β)Q (x).
Ainsi, f est solution ssi Q est solution de
(∗) y
00+ (2λ + α)y
0+ (λ
2+ αλ + β)y = P,
´
equation du type ´ etudi´ e pr´ ec´ edemment (` a condition que λ
2+ αλ + β 6= 0, c’est-` a-dire que
λ ne soit pas racine du polynˆ ome caract´ eristique), et qui admet une solution polynomiale
de degr´ e n, donc l’´ equation initiale admet bien une solution de la forme x 7→ e
λxQ(x) avec
Q du mˆ eme degr´ e que P . Si λ est racine simple du polynˆ ome caract´ eristique, on montre
de la mˆ eme mani` ere que (∗) admet une infinit´ e de solutions polynomiales de degr´ e n +1, et
exactement une valant 0 en 0. Enfin si λ est racine double du polynˆ ome caract´ eristique, on
montre que (∗) admet une infinit´ e de solutions polynomiales de degr´ e n + 2, et exactement une ayant 0 pour racine double.
Finalement, l’´ equation initiale admet exactement une solution de la forme x 7→ x
kR(x)e
λxo` u k est la multiplicit´ e de λ comme racine du polynˆ ome caract´ eristique et R est polyno- miale de degr´ e n.
Application. On commence par r´ esoudre l’´ equation homog` ene. Son polynˆ ome caract´ eristique est X
2−3X +2 qui a deux racines r´ eelles distinctes 1 et 2, donc l’ensemble de ses solutions est
f : x ∈ R 7→ λe
x+ µe
2x, λ, µ ∈ R .
D’apr` es ce qui pr´ ec` ede, 1 ´ etant racine simple du polynˆ ome caract´ eristique et x 7→ x + 1 polynomiale de degr´ e 1, l’´ equation globale a une solution particuli` ere de la forme f : x 7→
(ax
2+ bx)e
x. Apr` es calculs,
(f
00− 3f
0+ 2f )(x) = (0x
2+ ((4a + b) − 3(2a + b) + 2b)x + (2a + 2b) − 3b)e
x= −2ax + 2a − b donc comme f est solution,
−2a = 1 et 2a − b = 1 ce qui donne
a = − 1
2 et b = −2.
Finalement, l’ensemble des solutions de l’´ equation ´ etudi´ ee est g : x ∈ R 7→ (−
12x
2− 2x + λ)e
x+ µe
2x, λ, µ ∈ R . 3.c. Etant donn´ ´ ees des fonctions c
1, c
2sur I,
c
1f
1+ c
2f
2= f
c
1f
10+ c
2f
20= f
0⇔ R
cc12
=
ff0⇔
cc12
= R
−1 ff0. Or les composantes de R
−1 ff0sont C
1(d´ ej` a vu ou presque), donc il existe bien un unique couple (c
1, c
2) de fonctions C
1telles que
c
1f
1+ c
2f
2= f c
1f
10+ c
2f
20= f
0. 3.d. La r´ eponse ` a cette question est quasi-identique ` a celle de 2.e.
3.e. On commence par r´ esoudre l’´ equation homog` ene. Son polynˆ ome caract´ eristique est X
2+ 1 qui a deux racines imaginaires pures ±i, donc l’ensemble de ses solutions est
{f : x ∈ R 7→ λ cos(x) + µ sin(x), λ, µ ∈ R } .
On cherche une solution particuli` ere de l’´ equation compl` ete sous la forme f = c
1cos +c
2sin avec c
1et c
2de classe C
1sur ] −
π2,
π2[. D’apr` es ce qui pr´ ec` ede, f est solution ssi
C
0=
cos sin
− sin cos
−10
1 cos
=
cos − sin sin cos
0
1 cos