Groupes totaux
Bruno DESCHAMPS et Ivan SUAREZ ATIAS Université du Maine
Abra.—Total groups are groups for which the dimension of the invariant algebra center of a cen- tral simple algebraAfassociated to a 2-cocyclef∈Z2(Gal(L/k), L∗)under a lifting of the Galois aion toAf is conant for allkandf. In this article, we show that the quasi-CC groups (groups with cyclic center and for which all the centralizer of non-central elements are cyclic) are total. CC-groups, which are quasi-CC groups with trivial center, are thus total. We give a complete classification of these groups. We also describe a general family of quasi-CC groups which are not CC : the meta-dicyclic groups.
Résumé.—Les «groupes totaux» sont les groupes pour lesquels la dimension du centre l’algèbre des invariants d’une algèbre simple centraleAf associée à un 2-cocyclef∈Z2(Gal(L/k), L∗)sous l’aion d’un relevé de l’aion galoisienne àAf econante quels que soientketf. Dans cet article, nous montrons que les groupes quasi-CC (qui sont les groupes de centre cyclique et dont les centralisa- teurs des éléments hors du centre sont cycliques) sont totaux. Les groupes de type CC qui sont les groupes quasi-CC à centre trivial sont donc totaux. Nous en donnons une classification complète.
Nous décrivons également une famille infinie de groupes quasi-CC qui ne sont pas de type CC : les groupes méta-dicycliques.
Introduion.
Dans ce texte, nous introduisons et étudions la notion de groupe total. La totalité e une propriété arithmétique liée aux algèbres simples centrales. Etant donné un groupe fini Get une extension galoisienne finieL/k, de groupe de GaloisGde neutree, on se donne un 2-cocylef ∈ Z2(G, L∗) et l’on noteAf l’algèbre muni du produit croisé relatif à f et rapportée à uneL-base{aσ}σ∈G. Il exie un plongement tout à fait canonique du corpsL dans l’algèbreAf, donné par l’application
pf : L −→ Af λ 7−→ f−1(e, e)λae
Dans cette situation, il se peut que le groupeGse relève en un sous-groupe de Autk(Af).
Autrement dit, il peut exier un morphisme injeifϕ:G−→Autk(Af) tel que pour tout λ∈Let toutg∈G, on ait
pf(λg) =ϕ(g)◦pf(λ)
Dans le cas où un tel relevé exie, on peut considérer l’algèbre des invariants deAf par G, notéeAGf, ainsi que son centre Z(AGf ). On dit que le groupeGetotal si la dimension surkde Z(AGf) eindépendante du choix deL/ket def. Le but de cet article ed’étudier cette notion et de donner une vae série d’exemples de groupe totaux.
Bien que, de part sa définition, la totalité puisse apparaître comme une notiona priori improbable, les résultats établis dans ce texte montrent que de nombreuses familles clas- siques de groupes finis la possèdent. Parmi les plus connues, nous montrons que, pour tout entiern, le groupe cyclique Cn (proposition), le groupe diédral D4n+2(corollaire), le
Mathematics SubjeClassification PrimaryE,D,SSecondaryE,K
groupe dicycliqueQ4n(corollaire) et le groupe spécial linéaire projeif de dimension 2 sur le corps fini à 2néléments PSL2(F2n) (corollaire) sont des groupes totaux. D’autres exemples plus exotiques de groupes totaux sont donnés et dans le cas de la non-totalité, le texte donne des résultats numériques qui indiquent les dimensions possibles que peut prendre Z(AGf) dans le cas de groupesGde petits ordres.
Cet article se compose de trois parties. Les deux premières sont assez élémentaires et concernent la queion du relèvement de l’aion galoisienne et l’étude du centre de l’algèbre des invariants. La troisième se consacre à l’étude des groupes totaux. Plus pré- cisément :
Dans la première partie on s’intéresse à la queion du relèvement du groupe G à Autk(Af). Cette queion, ainsi que lesruures des algèbresAGf et Z(AGf), sont invari- antes par cobordisme. Plus précisément, sif , g∈Z2(G, L∗) sont deux 2-cocycles cohomo- logues, disonsf =d(µ)gavecµ∈C1(G, L∗), il exie un isomorphisme entreAf etAg, donné par l’application
θ: Af −→ Ag
X
σ∈G
λσaσ 7−→ X
σ∈G
λσµ(σ)aσ
Cet isomorphisme respee les plongements deL dans Af et Ag (i.e. pg =θ◦pf), par ailleurs il induit un isomorphisme
θ: Autk(Af) −→ Autk(Ag) α 7−→ θ◦α◦θ−1
Puisqueθ(α)◦pg=θ◦α◦θ−1◦θ◦pf =θ(α◦pf), on en déduit queθapplique un relevé de Gdans Autk(Af) à un relevé deGdans Autk(Ag) et que les algèbresAGg etAGg (resp. Z(AGg) et Z(AGg)) sontk-isomorphes.
Ainsi, on peut reformuler plus globalement la problématique en la regardant sur le groupe H2(G, L∗) : étant donné un élémentα ∈H2(G, L∗) on dira queGse relève àα, si le groupe d’automorphismesGse relève dans Autk(Af) oùf ∈Z2(G, L∗) désigne n’importe quel représentant deα. La colleion des relevés ainsi que les algèbres invariantes et leurs centres ne dépendent donc pas, à k-isomorphisme près, du choix du représentant f de α. Nous montrons dans cette partie queG se relève à Autk(Af) si et seulement sif e cohomologue à un 2-cocyle à valeurs dansk∗(théorème) ce qui se traduit par le fait que les éléments du H2(G, L∗) pour lesquels Gse relève sont exaement ceux qui sont dans l’image du morphisme canonique H2(G, k∗)−→H2(G, L∗). Une foisf fixé, l’ensemble des relevés deGdans Autk(Af) a naturellement uneruure de groupe abélien.
La deuxième partie s’intéresse à l’algèbre des invariants,AGf , deAf par un relevé deG.
Nous montrons que la dimension surkdeAGf etoujours égale à l’ordre deG(théorème
) et nous montrons que la dimension surkdu centre Z(AGf) de l’algèbreAGf correspond au cardinal d’un ensemble de classes de conjugaison deGpour lesquelles un certain mor- phisme e trivial (théorème). Dans le cas des groupes non-abélien nous en déduisons que l’algèbre des invariantsAGf n’e jamais commutative (corollaire). Dans le cas des groupes abéliens, ce résultat ecomplété par le fait que la dimension surkde Z(AGf) e un entier tel queo(G)/dimkZ(AGf) soit un carré parfait (proposition).
La troisième partie econsacrée à la propriété de totalité à proprement dite. En vertu des résultats établis dans les partieset, un groupe finiGetotal lorsque la dimension de Z(AGf) eégale au nombre de classes de conjugaisons deG, quels que soient le corpsk
et le 2-cocyclef. Cette notion eintrinsèquement liée à l’arithmétique du groupe que l’on étudie et ne reeable pour aucune des opérations usuelles sur les groupes (passage aux quotients, au sous-groupes, au produit cartésiens ou encore aux extensions). Nous donnons toutefois plusieurs critères pour obtenir des groupes totaux. Nous montrons, par exemple, que tout groupe dont l’ordre eun entier radicalaire etotal (corollaire).
Nous nous intéressons, par ailleurs, à la notion de groupes de type CC, qui sont les groupes pour lesquels les centralisateurs des éléments non triviaux sont cycliques. Ils sont toujours totaux. Nous donnons une classification de ces groupes (théorème) : ce sont exaement les groupes cycliques, les groupes spéciaux linéaires projeif PSL2(F2n) et les produits semi-dire de deux groupes cycliques pour une aion ayant de "bonnes pro- priétés". Cette classification permet d’exhiber plusieurs familles explicites de groupes to- taux. Plus généralement, lesgroupes quasi-CC(même définition que CC, mais l’on autorise le centre à être cyclique) sont totaux. Nous donnons un exemple de famille de groupes quasi-CC qui ne sont pas de type CC : les groupes méta-dicycliques. Il s’agit d’une famille obtenue en généralisant la conruion des groupes dicycliques (paragraphe ..). Elle compte des groupes de centre d’ordres arbitrairement grands.
.— Relèvement de l’aion galoisienne.
On conserve les notations de l’introduion et pour ce qui edes objets cohomologiques, nous utilisons les notationsandards.
Théorème .—Le groupeG se relève àAutk(Af)si et seulement sif ecohomologue à un 2-cocyle à valeurs dansk∗. En particulier, l’ensemble des α ∈ H2(G, L∗) pour lesquellesG se relèvent àαeexaement l’image du morphisme canoniqueH2(G, k∗)−→H2(G, L∗).
Quand f ecohomologue à un2-cocyle à valeurs dansk∗, l’ensemble des relevés de G à Autk(Af) a alors uneruure de groupe, isomorphe au groupe d−1(Z2(G, k∗))/C1(G, k∗)(où d: C1(G, L∗)−→Z2(G, L∗)el’application de cobord pour leG-groupeL∗). Plus précisément, sif echoisi normalisé (i.e. f(e, e) = 1) et à valeurs dansk∗, alors la correspondance annoncée s’obtient, pourµ∈C1(G, L∗)telle qued(µ)∈Z2(G, k∗), par
G −→ Autk(Af)
g 7−→ conjugaison parµ(g)ag
Preuve du théorème : Commençons par montrer que si f e supposé normalisé et à valeurs dansk∗alors pour toutµ∈C1(G, L∗) telle qued(µ)∈Z2(G, k∗), l’application
θ:g7−→conjugaison parµ(g)ag
ebien un relevé. En premier lieu, puisquef enormalisé, on a pour toutg∈G,f(e, g) = f(g, e) = 1 et le plongement naturel deLdansAf edonné parλ7−→λae. Ainsi, pourλ∈L, on a
θ(g)(λae) = µ(g)agλae(µ(g)ag)−1=µ(g)agλaeµ(g)−g−1f(g, g−1)−g−1ag−1
= µ(g)λgf(g, e)agµ(g)−g−1f(g, g−1)−g−1ag−1
= µ(g)λgµ(g)−1f(g, g−1)−1f(g, g−1)ae
= λgae
et donc l’aion deθ(g) surLcoïncide avec celle deg.
Ree à voir queθebien un monomorphisme : pour toutg, h∈Gon a µ(g)agµ(h)ah=µ(g)µ(h)gf(g, h)agh=µ(gh)f0(g, h)agh
oùf0=d(µ)f ∈Z2(G, k∗). Commef0(g, h)∈k∗= Z(Af)∗, la conjugaison par l’élémentf0(g, h) vaut l’identité. Ainsi, on a θ(gh) =θ(g)◦θ(h). Par ailleurs, θ e bien injeive carg ∈ ker(θ)⇐⇒µ(g)ag∈k∗=⇒g=e.
Venons-en maintenant à la preuve du coeur du théorème. Puisque la propriété de relèvement ree vraie par isomorphisme, on peut supposer quef edéjà normalisé (sous cette hypothèse le plongement deLdansAf ecanonique).
Supposons donc donné un relèvementG −→Autk(Af) et notons alors xg l’aion de l’élémentg ∈Gsur l’élément x∈Af viace relèvement. Le théorème de Skolem-Noether assure qu’il exiexg ∈Af tel que l’aion deg surAf soit la conjugaison parxg. Ainsi, pour toutλ∈L, on aλgxg =xgλ. Cependant, pour toutλ ∈L, on aλa−g1=a−g1λg, donc a−g1xg∈Z(Lae) =Lae. Ainsi, il exieµg∈L∗tel quexg=µgag.
Maintenant, pourg, h∈Gdonnés, la conjugaison par (µgag).(µhah) doit être égale à celle parµghagh. On en déduit qu’il exie un élémenta(g, h)∈k∗= Z(Af)∗tel que (µgag).(µhah) = a(g, h)µghagh. Ceci équivaut àµgµghf(g, h)agh=a(g, h)µghaghou encore
∀g, h∈G, µghµ−gh1µgf(g, h) =a(g, h)
Cette dernière propriété exprime exaement le fait que le 2-cocyle (g, h)7−→ f(g, h) e cohomologue (par le 2-cobord associé à l’applicationg7−→µg) au 2-cocyle (g, h)7−→a(g, h) qui e, par définition, à valeurs dansk∗.
Si on suppose quef e déjà à valeurs dansk∗, alors les relevés sont paramétrés par les applicationsµdécrites précédemment. Leur ensemble correspond alorsd−1(Z2(G, k∗)), mais deux telles applications donnent le même relevé si les conjugaisons associées sont les mêmes, c’e-à-dire si elles différent d’une 1-cochaîne à valeurs dansk∗.
Il efacile de décrire des situations où le morphisme H2(G, k∗)−→H2(G, L∗) n’epas surjeif et donc où G ne se relève pas. Par ailleurs, signalons que l’image de H2(G, k∗) dans H2(G, L∗) apparaît dans d’autres queions relatives aux algèbres simples centrales : on trouvera, par exemple, dans [Ti, Th..] une caraérisation (sous certaines hypothèses) de la décomposition en produit d’algèbres cycliques d’une algèbre simple centrale qui fait intervenir cette image.
.— Algèbre des invariants.
On se fixe un 2-cocycle f ∈ Z2(G, k∗) normalisé et on considère un relevé deG dans Autk(Af). Quitte à modifierf par un cobord on peut supposer que le relevé en queion ele relevé canonique g 7−→conjugaison par ag. En effet, considérons un relevé Gdans Autk(Af) paramétré, d’après ce qui précède, par une application µ∈ C1(G, L∗) telle que d(µ)∈Z2(G, k∗). Considérons alors le 2-cocyclef0=d(µ)f ∈Z2(G, k∗) (quitte à modifierµ par une 1-cochaîne à valeurs dansk∗, on peut supposer quef0eaussi normalisé). Comme rappelé dans l’introduion de ce texte, l’application
θ: Af0 −→ Af
X
σ
λσaσ −→ X
σ
λσµ(σ)aσ
ealors unk-isomorphisme d’algèbres qui respee les plongements naturels deLdansAf0 etAf. Sicλdésigne la conjugaison par l’élémentλalors l’image parθde l’automorphisme
cag el’automorphismeθ◦cag◦θ−1. Pourx, ytel quey=θ(x), on a θ◦cag◦θ−1(y) =θ(agxa−g1) = (µ(g)ag)y(µ(g)ag)−1=cµ(g)ag(y)
On en déduit queθ−1envoie le relevé deGdans Autk(Af) relatif àµsur le relevé canon- ique deG dans Autk(Af0). On va s’intéresser à l’algèbreAGf des invariants deAf parG.
Ce que l’on vient d’expliquer montre en particulier qu’àk-isomorphisme près l’algèbreAGf ne dépend pas du relevé que l’on choisit pourG. Ainsi, pour ces queions, on peut tou- jours se ramener au cas du relevé canonique, le paramètre d’étude devenantf, le 2-cocyle normalisé à valeurs dansk∗.
Caraérisons maintenant les éléments deAGf : Proposition .—Un élémentx=P
σλσaσ appartient àAGf si et seulement si on a
(SG) ∀g, σ∈G, λgσ=λgσ g−1f(gσ g−1, g) f(g, σ) Preuve :
x∈AGf ⇐⇒ ∀g∈G, agxa−g1=x
⇐⇒ ∀g∈G, X
σ
λgσf(g, σ)f−1(g, g−1)f(gσ , g−1)agσ g−1=x
⇐⇒ ∀g∈G, X
σ
λgσf(g, σ)f−1(gσ g−1, g)agσ g−1=X
σ
λσaσ carf(g, g−1)gσ g−1f(gσ g−1,1) =f(gσ , g−1)f(gσ g−1, g)
⇐⇒ ∀g, σ∈G, λgσ =λgσ g−1f(gσ g−1, g) f(g, σ)
Pourσ∈Gfixé, on noteωσ ∈C1(G, k∗) l’application définie par : ωσ: G −→ k∗
g 7−→ f(gσ g−1, g) f(g, σ) Lemme .—Pour toutσ , g, h∈G, on aωσ(gh) =ωhσ h−1(g)ωσ(h).
Preuve :Pour toutσ , g, h∈Gon a
(1) f(g, h)ghσ h−1g−1f(ghσ h−1g−1, gh) =f(ghσ h−1, h)f(ghσ h−1g−1, g) (2) f(hσ h−1, h)gf(g, hσ) =f(ghσ h−1, h)f(g, hσ h−1)
(3) f(h, σ)gf(g, hσ) =f(gh, σ)f(g, h) En quotientant (1) et (2) on obtient
f(ghσ h−1g−1, g)
f(g, hσ h−1) =f(ghσ h−1g−1, gh) f(g, hσ)
f(g, h) f(hσ h−1, h) On a donc
ωhσ h−1(g)ωσ(h) = f(ghσ h−1g−1, g) f(g, hσ h−1)
f(hσ h−1, h) f(h, σ)
= f(ghσ h−1g−1, gh) f(g, h) f(g, hσ)f(h, σ)
Comme d’après (3) on a f(g, h)
f(g, hσ)f(h, σ)= 1
f(gh, σ), on en déduit finalement que ωhσ h−1(g)ωσ(h) =f(ghσ h−1g−1, gh)
f(gh, σ) =ωσ(gh)
Cette propriété traduit simplement le fait que, pour toutg, h, σ∈G, on a (ahσ)g=aghσ .
Notations :Dans la suite de ce texte, pourσ∈G, on notera
•CenG(σ), le centralisateur deσdansG,
•Lσ, le corpsLCenG(σ)des invariants deLpar CenG(σ),
•bσ, une classe de représentants de l’ensemble quotientG/CenG(σ),
•σe, la classe de conjugaison deσ :σe=n
gσ g−1/g∈ bσo
(description biunivoque),
•Gconj, une classe de représentants de l’ensemble des classes de conjugaison deG.
Une première conséquence du lemmeeque la reriion deωσ à CenG(σ) eun morphisme de groupes et que siσ , σ0∈Gsont deux éléments conjugués, alors les fonions ωσ etωσ0 rereintes aux centralisateurs deσ etσ0 sont égales. Plus précisément, siσ0= gσ g−1, alors on a CenG(σ0) = gCenG(σ)g−1 et, pour tout h∈ CenG(σ), si l’on considère h0=ghg−1, on a
ωσ0(h0) =ωgσ g−1(h0) =ωσ(h0g)
ωσ(g) =ωσ(gh)
ωσ(g) =ωhσ h−1(g)ωσ(h)
ωσ(g) =ωσ(h)
Cette propriété va être importante pour l’étude du centre Z(AGf) à venir. Mais com- mençons par étudier l’algèbreAGf elle-même : on considère, pourσ ∈Gdonné, le sous-L- espace veoriel deAf
Eσ=
x=X
g∈ bσ
λgσ g−1agσ g−1
On a bien surAf = M
σ∈Gconj
Eσ. La relation (SG) montre que l’aion deGlaisseable chaque Eσ, on en déduit donc que
AGf = M
σ∈Gconj
EσG
oùEσGdésigne l’ensemble des invariants deEσ parG.
Théorème .—Pour toutσ∈Gconj, l’ensembleEσGe(non canoniquement) un sous-Lσ-espaces veoriels deAf. On adimLσEGσ = 1et plus précisément,
EσG= VeLσ(u) avecu=X
g∈ bσ
λg0
ωσ(g)agσ g−1
oùλ0∈Leun élément non nul qui vérifieλg0=λ0ωσ(g)pour toutg∈CenG(σ).
En conséquence de quoi on adimkAGf =o(G).
Preuve :Le sous-groupeEσGeunLσ-espaces veoriels, pour la loi de composition externe suivante :
Lσ×EσG −→ EGσ
λ, x=X
g∈ bσ
λgσ g−1agσ g−1
7−→ λ.x=X
g∈ σb
λgλgσ g−1agσ g−1
En effet, il e clair que les axiomes définissant laruure d’espace veoriel sont bien vérifiés, la seule chose à détailler eque la loi de composition ebien à valeurs dansEσG. Considéronsλ∈Lσ etx=P
g∈
bσλgσ g−1agσ g−1∈EσG, pour touth∈Getg∈ bσ on a (λgλgσ g−1)h=λhgλhgσ g−1=λhgλhgσ g−1h−1f(hgσ g−1h−1, h)
f(h, gσ g−1)
Pour montrer queλ.x∈EσG il faut donc montrer que pour touth∈Get toutg ∈
bσ, on a λhg =λg
0
oùg0∈
σbele représentant dehgmodulo CenG(σ). Or, il exieτ∈CenG(σ) tel hg=g0τ, et donc commeλ∈Lσ, on aλhg=λg
0
τ=λg
0
. Ainsi,λ.x∈EσG.
On remarque, au passage, qu’en considérantkcomme sous-corps deLσ alors laruc- ture induite par cette loi àkredonne laruure dek-espace veoriel naturel deEσG(c’e- à-dire celle obtenue par la multiplication à gauche).
Six=P
g∈
bσλgσ g−1agσ g−1 ety=P
g∈
σbµgσ g−1agσ g−1 sont deux éléments non nuls deEσG, alors pour toutg∈CenG(σ), on a
λgσ =λσωσ(g)et µgσ=µσωσ(g)
et doncλσ/µσ einvariant par CenG(σ). Il exie doncα∈Lσ tel queµσ=αλσ. On a alors
α.x = X
g∈ bσ
αgλgσ g−1agσ g−1=X
g∈ bσ
αgλgσωσ(g)−1agσ g−1
= X
g∈ bσ
(αλσ)gωσ(g)−1agσ g−1=X
g∈ bσ
(µσ)gωσ(g)−1agσ g−1
= X
g∈ bσ
µgσ g−1ωσ(g)ωσ(g)−1agσ g−1=y
Ceci prouve queEσGeau plus une droiteLσ-veorielle. Ree donc à montrer queEσG, {0}.
Commençons par regarder la condition (SG) quandg parcourt CenG(σ). Dans cette situation,ωσ eun élément de Hom(CenG(σ), k∗). Sid=o(Im(ωσ)), on a Im(ωσ) =µd⊂k∗. Considérons le sous-groupeH= ker(ωσ), on a alors CenG(σ)/H 'µd et l’extensionLH/Lσ
e cyclique de degréd. Comme µd ⊂k∗ et que d e premier à la caraériique dek (puisque]µd =d), l’extensionLH/Lσ ekummérienne et il exie donc un élémentα∈k∗ tel que`=√d
α∈LHsoit un élément primitif. On considère alors l’épimorphisme canonique ϕ: G= Gal(L/Lσ) −→ µd
g −→ `g
`
Puisqueωσ etϕont même noyauH, il exieθ∈Aut(µd) tel queωσ=θ◦ϕ.
G ωσ
&&
MM MM M 1 //H
&&
MM MM MM
88q
qq qq
q µdvv θ
G ϕ
88q
qq qq
Comme Aut(µd)'(Z/dZ)∗, il exie alorsr∈(Z/dZ)∗ tel queθ(ξ) =ξr pour toutξ∈µd. Posonsλ0=`r, on a alors pour toutg∈G,
λg0= (`r)g= (`g)r=ϕ(g)r`r=θ◦ϕ(g)λ0=ωσ(g)λ0 Prenons maintenant un élémentg∈Gquelconque et posons
λgσ g−1= λg0 ωσ(g)
Cette définition e sans ambiguïté, car sig, g0 ∈G sont tels quegσ g−1=g0σ g0−1 alors il exieh∈CenG(σ) tel queg0=ghet donc
λg
0
0
ωσ(g0) = λgh0
ωσ(gh)= (λh0)g
ωσ(g)ωσ(h) (d’après le lemme)
= λg0 ωσ(h)g
ωσ(g)ωσ(h)= λg0 ωσ(g) Vérifions maintenant quex=P
g∈
bσλgσ g−1agσ g−1ebien un élément deEσG. Sig0∈G, alors pour toutg∈
bσ, on a
λggσ g0 −1 = λg00g
ωσ(g)=λg0gσ g−1g0−1
ωσ(g0g) ωσ(g)
= λg0gσ g−1g0−1
ωgσ g−1(g0)ωσ(g)
ωσ(g) (d’après le lemme)
= λg0gσ g−1g0−1ωgσ g−1(g0)
et doncxvérifie bien la condition (SG). Ainsi, on a bien EσG= VeLσ(u) avecu=X
g∈ bσ
λg0
ωσ(g)agσ g−1
oùλ0 ∈L e un élément non nul qui vérifieλg0 =λ0ωσ(g) pour tout g ∈ CenG(σ). On remarque que, réciproquement, pour n’importe quel choix deλ0∈Lnon nul vérifiant que pour toutg ∈CenG(σ) on aitλg0 =λ0ωσ(g), l’élémentu=P
g∈ bσ
λg0
ωσ(g)agσ g−1 engendre bien surLσ l’espaceEGσ.
On déduit de cela que
dimk(EGσ) = dimk(Lσ)dimLσ(EσG) = [G: CenG(σ)]
et donc, l’équation des classes permet d’écrire dimkAGf = dimk M
σ∈Gconj
EGσ = X
σ∈Gconj
[G: CenG(σ)] =o(G)
Abordons maintenant l’étude du centreAGf et établissons préalablement deux lemmes à cette fin.
Lemme .—Posonsn=o(G). Il exie uneL-base,(e1,· · ·, en), deLntelle que si l’on pose pour i= 1,· · ·, n,ei= (λ(i)σ )σ∈GalorsX
σ∈G
λ(i)σ aσ ∈AGf.
Preuve : ConsidéronsGconj={σ1,· · ·, σr}et, pour touti∈ {1,· · ·r}, posonsσbi={gi,1,· · ·, gi,hi} (on convient quegi,1=e). Pouri∈ {1,· · ·r}fixé, on considère un élément non nul
x=
hi
X
j=1
λgi,jσig−1
i,jagi,jσig−1
i,j
∈EGσi
On sait qu’aucun desλgi,jσig−1
i,j n’enul, et que pour toutj= 1,· · ·, hi, on a λgi,jσig−1
i,j = λgσi,ji
ωσi(gi,j)
Commehi = [G: CenG(σ)], on ahi = dimkLσi et l’on considère{α1,· · ·, αhi}unek-base deLσi. Pour touts= 1,· · ·, hi, on pose
(eσi)s= (αsλσi)gi,1
ωσi(gi,1) ,· · ·,(αsλσi)gi,hi ωσi(gi,hi)
!
∈Lhi
On remarque quePhi j=1
(αsλσi)gi,j
ωσ(gi,j) agi,jσig−1
i,j =αs.x∈EσG(ruure deLσ-espace veoriel deEσG introduite dans le théorème) et donc le veeur (eσi)s eà coordonnées dansEGσ. On a, par ailleurs,
det
{(eσi)s}1≤s≤h
i
=
hi
Y
j=1
λgσi,ji
ωσi(gi,j)
αg1i,1 · · · α1gi,hi ... ... αgsi,1 · · · αsgi,hi
Ce dernier déterminant e certainement non nul, car si tel était le cas, il exierait une équation deL-dépendance linéaire pour lesgi,1,· · ·, gi,hi∈Isomk(Lσi, L), ce qui econtraire au lemme de Dedekind.
Ainsi, la famille {(eσi)s}1≤s≤h
i e uneL-base de Lhi. On rajoute alors des zéros aux coordonnées manquantes des veeurs (eσi)s,
(eσi)s=
]σb1
z }| {
0,· · ·,0,· · ·,· · ·,(αsλσi)gi,1
ωσi(gi,1) ,· · ·,(αsλσi)gi,hi
ωσi(gi,hi) ,· · ·,· · ·,
]bσr
z }| { 0,· · ·,0
et{(eσi)s}1≤s≤h
i devient alors une familleL-libre deLn. La famille{(eσi)s}1≤i≤r,1≤s≤h
i e visiblement une familleL-libre deLnsatisfaisant aux conditions demandées, mais comme cette dernière ede cardinal
r
X
i=1
hi = X
σ∈Gconj
[G: CenG(σ)] =o(G) =n
on en déduit finalement qu’il s’agit bien d’une base.
Notons maintenant Af(k) = M
σ∈G
kaσ (c’e une sous-algèbre de Af puisque f e à valeurs dansk∗) et considérons, pourσ∈G,
EGσ(k) =EσG∩Af(k)
Lemme .—Pour toutσ∈G,EGσ(k)eunk-espace veoriel de dimension0ou1et l’on a dimkEσG(k) = 1⇐⇒ωσ|CenG(σ)≡1
Preuve : L’ensembleEσG(k) evisiblement unk-espace veoriel (interseion de deuxk- espaces veoriels). Un élémentx∈EσG(k) s’écrit
x=X
g∈ bσ
λgσ g−1agσ g−1=X
g∈ bσ
λgσ
ωσ(g)agσ g−1=λσX
g∈ bσ
1
ωσ(g)agσ g−1
ce qui prouve queEσG(k) eau plus une droite veorielle.
Supposons queEσG(k),{0}et soitλσ∈k∗tel queλσP
g∈ bσ 1
ωσ(g)agσ g−1∈EσG(k). Pour tout g∈CenG(σ), on a
λσ=λgσ=λgσ g−1ωσ(g) =λσωσ(g) et doncωσ(g) = 1.
Réciproquement, supposons queωσ|CenG(σ)≡1. Le choix deλ0= 1 dans le théorème
montre que
EGσ =
X
g∈ σb
λg
ωσ(g)agσ g−1/ λ∈Lσ
et donc, on en déduit que
EσG(k) =k.
X
g∈ σb
1
ωσ(g)agσ g−1
,{0}
Théorème .— On a Z(AGf ) = AGf ∩Af(k) = M
σ∈Gconj
EσG(k). En conséquence de quoi, on a dimkZ(AGf ) =]SoùS={σ∈Gconj/ ωσ|CenG(σ)≡1}.