edo if et irises
N o
attribuéparlabibliothèque
Titre
Stratégies de R&D et innovation
dans l'industrie pharma eutique en
Fran e
Une étude é onométrique sur données individuelles
THÈSE
Pour l'obtention du grade de
Do teur en S ien es É onomiques
(Arrêté du 07 août 2006)
Présentée et soutenue publiquement par
Messaoud ZOUIKRI
Jury
Dire teur de thèse : Monsieur André TORRE
Dire teur de re her he, INRA Paris
Rapporteurs : Monsieur Christophe HURLIN
Professeur, Université d'Orléans
Monsieur Alain RALLET
Professeur, Université Paris Sud
Suragants : Monsieur Christian Le BAS
Professeur, Université Lumière Lyon 2
Monsieur Mi hel POIX
Maître de Conféren e, Université Paris Dauphine
au une approbation ouimprobation aux
opinionsémises dans lesthèses : es
opinionsdoivent être onsidérées
À lissue d'un travail de thèse, stimulant et enri hissant, la première hoǑse
qui vient à lesprit est de remer ier tou e l le et eux qui ont ontribué,
d'une manière ou d'une autre, ne serait- e que par leur en ouragement,
à sa réalisation.
Me remer iement 'adressent en premier lieu à mon dire teur de thèse
et Dire teur de re her he à lINRA, Monsieur André Torre, pour avoir
a epté d'en adrer ette thèse, mai aussi pour se onseil et son soutien
permanent.
Je tien égalementà remer ier Monsieur le Professeur ChristoǑphe Hurlin
et Monsieur le Professeur Alain Ral let, qui malgré leur responsabilité
ont a epté de prendre en harge la lourde tâ he de rapporteur. Je tien,
i i, à vou exprimer ma profonde re onnaissan e pour voǑ ritique et voǑ
ommentaire. Ma grande gratitude va également à Messieur Christian
Le Ba et Mi he l Poix qui ont a epté de parti iper à e jury.
De nombreuse étape, évènement et personne ont marqué la
réalisa-tion de e travail de re her he. La parti ipation à lé ole d'été euroǑpéenne
sur la dynamique industrie l le (ESSID) organisée à lInstitut d'Étude S
ien-tifique de Cargèse en 2003 (31/08-06/09), était une étape dé isive dan
son orientation empirique. Je saisie ette o asion pour remer ier le P
ro-fesseur Bronwyn H. Hal l, Ja que Maîresse et Jordi Jaumandreu, pour
leur pré ieux onseil et judi ieuse re ommandation dont j'ai béné fi ié
lor de ette ren ontre et au-de là.
Ma visite de re her he à Sant-Anna S hool of Advan ed Studie de Pise
en 2004 (01/06-31/12) dan le adre du programme euroǑpéen Marie Curie
her he empirique, de ren ontrer de her heur de dif férente nationalité
ave lesque l ont été e f fe tué d'intense é hange et de ri he dis ussion.
Je remer ie le Professeur Giovanni DoǑsi pour m'avoir a ueil li au sein
du LEM (Laboratory of E onomi and Management). Je sui
re onnai-sant également aux her heur et do torant du LEM, en parti ulier Giulio
Bottazzi, Ange lo Se hi, Alessio Moneta, Mar o Grazzi, Sandro Sapio,
Mikhail Anufriev et Grid Thoma, pour leur aide à lapprentissage de
L A
T
E
X, du système d'exploitation Gnu/Linux et de dif férent outil
stati-tique Open Sour e.
Me remer iement et ma re onnaissan e vont aussi au Ministère de
la Re her he et lÉdu ation Nationale, au Servi e de étude et de
stati-tique industrie l le (SESSI) et à lInstitut de Re her he Interdis iplinaire en
So iologie, É onomie et S ien e politique (Pari Dauphine) pour le soutien
finan ier, et la onfian e qu'il m'ont a ordé. J'adresse une pensée
par-ti ulière à lINSEE par son Comité du se ret statistique et à la DPD-C3,
qui m'ont fait onfian e en m'a ordant la è à de base de donnée sur
la re her he et linnovation en Fran e. J'exprime un sentiment de
grati-tude enver Madame Catherine Bidou-Za hariasen, qui a toujour laissé
ouverte la porte de lIRISES quand j'en avai besoin. Je vou remer ie
pour votre humanité et votre bienveil lan e.
Je tien également à remer ier lensemble de do torant de lIRISES pour
leur aide et leur amitié et notamment, Sonia Ben Slimane, Bile l Ben
Dhifal lah, Emmanue l Fremiot, De lphine Gal laud et Cé line Commergnat.
Je sui profondément re onnaissant à Jihane Rahmouni pour son
sou-tien infail lible et sa présen e permanente dan le moment le plu
dif fi- ile de la thèse, et en parti ulier, durant la réda tion du présent do ument.
Je tien également à remer ier Latifa et Abderrezak Difal lah pour leur
Nadir Aliane, Imad Rherrad et Raphaë l Dornier qui m'a a ompagné
dan le moment de solitude inévitable de la thèse.
J'envoie une pensée af fe tueuse à me deux famil le algérienne et italienne
(Marisa, RoǑsario, Consig lia et Mariano Duro) qui me soutiennent dan
ette épreuve. Enfin, un grand mer i à mon frère You e f et mon ousin
Amor pour leur re le ture du manus rit, et si de problème demeurent
et essayerd'aimer les questions elles-mêmes omme des hambresverrouillées, ommedes livres é rits dans
une languetrès étrangère.Nepartezpasmaintenantàlare her hederéponsesqui nepeuventpasvousêtre
donnéespar equevousnepourriezpaslesvivre.Et edontils'agit, 'estdetoutvivre.Vivezmaintenantles
questions.Peut-être,alors, ettevie,peuàpeu,unjourlointain,sansquevousleremarquiez,vousfera-t-elle
entrerdanslaréponse.
Note . . . i
Remer iements . . . ii
Citation . . . v
Dédi a e . . . vi
Introdu tion générale 1 I R&D et innovation : fondements théoriques et éviden es dans le se teur de la pharma ie 12 1 La relation entre R&D et innovation, entre postulats théoriques et éviden es empiriques 14 1.1 Introdu tion . . . 14
1.2 La théories humpetérienne de l'innovation . . . 16
1.2.1 La dynamiqueé onomique hez S humpeter . . . 16
1.2.2 Les onje tures s humpetériennes . . . 20
1.2.3 Amendementdes hypothèses s humpetériennes : La ontribution de John Kenneth Galbraith 21 1.2.4 Le paradoxe s humpetérien . . . 22
1.3 Mesurer l'a tivitéd'innovation . . . 24
1.3.1 Inputs de l'a tivitéd'innovation . . . 24
1.3.2 Outputs de l'a tivité d'innovation . . . 26
1.4 Composition de l'a tivité de R&D . . . 28
1.4.1 La distin tion fon tionnelle des a tivités de R&D . . . 28
1.4.2 La distin tion organisationnelle des a tivités de R&D . . . 33
1.5 R&D, taillede la rmeet innovation . . . 39
1.5.1 Un survol des études empiriquess'ins rivant dans latradition s humpetérienne 40 1.5.2 Modes de R&D et innovation.Hypothèses de re her he . . . 58
1.5.3 Fa teurs expli atifs de l'impa tdes stratégies de R&D sur laperforman e des rmes en matièred'innovation 59 1.6 Con lusion . . . 68
2 L'industrie pharma eutique. Le dé de l'innovation 70 2.1 Introdu tion . . . 70
2.2.1 Dénition etspé i ités du se teur de l'industrie pharma eutique . . . 71
2.2.2 La naturedu pro essus d'innovation . . . 75
2.2.3 La stru ture de l'ore etde la demande . . . 77
2.3 L'a tivité d'innovation dans l'industrie pharma eutique . . . 83
2.3.1 Les sour esde l'innovation . . . 83
2.3.2 La R&D pharma eutique : volume, ompositionet sour esde nan ement 86 2.3.3 Prote tion des résultats des a tivités d'innovation . . . 95
2.3.4 Le paradoxe de produ tivité de l'innovation pharma eutique . . . 98
2.4 Les fa teursexpli atifs du paradoxe de l'innovation pharma eutique : revue de littérature 105 2.4.1 Le rle de la réglementationde l'a tivitéd'innovation . . . 105
2.4.2 Le hangementparadigmatique . . . 117
2.5 Con lusion . . . 121
II La ontribution des a tivités de R&D à l'innovation : une appro he par les stratégies de R&D 123 3 R&D interne versus R&D externe 125 3.1 Introdu tion . . . 125
3.2 Stratégies de R&D et modes d'apprentissages . . . 126
3.2.1 Apprentissageinternevs. apprentissage externe. L'aspe t double de l'a ti-vité de R&D127 3.2.2 Apprentissagehybride . . . 130
3.3 Investigations statistiques sur l'investissement des rmespharma eutiques françaisesdans les a tivités de R&D134 3.3.1 Quelques onsidérationssur la méthodologie empirique: modélisationparamétrique versus modélisationnon paramétrique 134 3.3.2 Présentation de labase de données R&D et dénition des variables . . 144
3.3.3 Des ription statistiquede labase de données R&D . . . 148
3.3.4 Intensitéde R&D des rmes pharma eutiques en Fran e . . . 160
3.4 Véri ation empiriquedes hypothèses s humpetériennes sur données françaises : relationentre intensitéde R&D et taillede la rme163 3.4.1 Véri ation du lienentre R&D ettaillede larme à partirdes données de l'industrie pharma eutique française163 3.4.2 Dé omposition organisationnellede R&D: re her he interne versus re her he externe 177 3.4.3 Dé omposition fon tionnellede R&D :re her he de base, re her he appliquée et développement178 3.5 Con lusion . . . 180
4 L'impa t des stratégies de R&D sur la apa ité d'innovation de la rme 182 4.1 Introdu tion . . . 182
4.2 Les fa teursendogènes déterminantsde l'innovationpharma eutique . . . 184
4.2.1 Base de données innovation etdénition des variables . . . 185
4.2.2 Probabilitéd'innover par domaine . . . 196
4.3.2 Test empiriquede la omplémentaritédes modes de R&D dans l'innovation. Lafon tion de produ tion omme adre théoriqued'analyse 217
4.4 Impli ationsthéoriques des résultatsempiriques . . . 225
4.4.1 Modes de produ tion des onnaissan es et traje toires d'innovation . . 225
4.4.2 Impli ationsen termesde politique publique . . . 229
4.5 Con lusion . . . 233
Con lusion générale 235 Annexes 240 A.Modèles de panel à oe ients omposés et à oe ientsaléatoires. . . 240
B. Dénition opérationnelledes prin ipales variablesde l'enquête CIS3 . . . 246
C. Questionnaires . . . 250
D. Terminologie . . . 266
Table des gures 268
Liste des tableaux 270
Bibliographie 271
Résumé 293
L'intérêt que sus ite aujourd'hui l'a tivité d'innovation parmi les her heurs, hefs
d'en-treprises et nan iers laisse penser qu'il s'agit d'un phénomène ré ent, rendu élèbre par la
révolution des industries éle tronique et de l'automobile japonaises dans les années
quatre-vingt. Ses origines remontent ependant loin dans l'histoire de l'a tivité é onomique. Dès le
premierChapitrede LaRi hesse desNations (1776)AdamSmithmontre quelesplus grandes
améliorations dans la puissan e produ tive du travail, et la plus grande partie de l'habileté,
de l'adresse et de l'intelligen e ave laquelle il est dirigé ou appliqué, sont dues à la division
du travail. Si on onsidère ette division du travail omme la réation de nouvelles
a tivi-tés é onomiques, et don de nouveaux mar hés, sont ainsi proposées les premières esquisses
d'une théoriede l'innovation.Desaméliorationsqualitativesetquantitativesde laprodu tion
permettent d'obtenir d'importantsgains de produ tivité.
In ontestablement, le fondement d'une véritable théorie d'innovation revient à
l'é ono-miste austro-améri ain Joseph Aloïs S humpeter (1883-1950). La théorie s humpetérienne
est onstruite ependant à la marge de l'analyse é onomique lassique. S humpeter (1912)
lui-même,en présentant une évaluationdes idées de Smith, repro he à e dernierun manque
d'originalitéetsouligneparti ulièrementl'absen edeméthodepropreetd'aspe tsanalytiques
nouveaux par rapport auxidées répandues à l'époquede Smith. Cette ritiqueest révélatri e
de toute l'÷uvre de S humpeter et de son heminement à la marge de l'appro he standard
dominante. Mais elletémoigne aussi de lafor e quere èle lavisions humpetérienne de
l'é o-nomie, une vision qui met en avant l'innovation portée par un agent é onomique parti ulier,
l'entrepreneur. Selon l'appro he s humpetérienne, l'a tivité de e dernier débou he
inévita-blement sur une situation de monopoletemporaire, alors que la visiondominante, provenant
des idées smithiennes, prnela on urren e parfaited'agentsé onomiques guidéspar la main
invisibledu mar hé. Ces deux visions opposées de l'a tivité é onomique ontinuent en ore à
faire débats aujourd'hui tant au niveau théorique qu'empirique, sans pour autant aboutir à
un onsensus. Sans vouloir tran her pour l'une oul'autre de es deux visions, il semble
néan-moins que la on eption s humpetérienne est la plus adaptée pour étudier et omprendre le
phénomènedel'innovation,notammentdanslesse teurs où ettea tivitésepratiqueave une
sur les prin ipes de l'évolution é onomique, formulées à l'aube de la première guerre
mon-diale (S humpeter (1911)). Mais S humpeter n'a pu a hever ette théorie que vers la n de
la se onde guerre mondiale ave son travail de référen e, Capitalisme, so ialisme et
démo- ratie (S humpeter (1942)). Dansla première période, l'auteur onsidère que l'innovation est
le moteur de l'évolution é onomique, impulsée par l'entrepreneur. En brisant la routine par
l'introdu tiond'uneidée nouvelle,l'entrepreneur s humpetériendéséquilibrelesystème établi
pourtireravantagedelastru turenaissante.Leplusimportant en'estpasl'existen ede
nou-velles onnaissan esentantquetelles(inventions),mais 'estleurutilisationoutransformation
en a tivités é onomiques (innovations). C'est la tâ he à laquelle doit se onsa rer
l'entrepre-neur. Dans la se onde période, S humpeter resitue ette problématique en onsidérant que
l'innovation devient une a tivité systématique pratiquée par de grandes rmes disposant de
laboratoires formels de re her he et agissant dans un environnement oligopolistique. Cette
apparente ontradi tion dans la vision de S humpeter, entre 1911 et 1942, est qualiée de
paradoxe s humpetérien, mais ertains auteurs y voient au ontraire une ontinuité dans la
réexion de l'auteur (Munier(1999)).
Cette vision a donné naissan e à de nombreux débats théoriques et tests empiriques qui
ontinuent en ore aujourd'hui à alimenter les problématiques de l'é onomie industrielle. Il
s'agit de e quiest onnu danslalittérature parl'appellationd'hypothèsess humpetériennes.
Pré isément,deuxhypothèsesontété formulées.Lapremièreest relativeaulienentretaillede
larmeetinnovation.Ils'agitdesavoirsil'innovationestl'apanagedelagranderme, omme
l'estime S humpeter (1942). La se onde hypothèse on erne la relation entre innovation et
stru ture de mar hé. L'interrogationporte i isurlaquelle des stru turesde mar héest laplus
favorableàl'innovation.End'autrestermes,l'innovationest-t-ellefavoriséeparla on urren e
ou par lemonopole.
L'interrogation dans la littérature sur les hypothèses s humpetériennes marque un regain
d'intérêt évident pour l'innovation en tant que déterminant endogène de la roissan e
é ono-mique (e.g. Aghion et Howitt (1998), Aghion et
al
. (2001)), par rapport à la visionstandardantérieure du hangement te hnologique. En eet, ette dernière onsidère le hangement
te hnique ommeunedonnée quisedétermineàl'extérieuredusystèmeé onomique.Déslors,
l'innovation est assimilée au hoix d'une te hnique optimale parmi un ensemble (sto k)
d'al-ternativesdisponibles dans l'environnement. En onséquen e, les onditions de saprodu tion
et de son organisation n'apparaissent pas des questions pertinentes sur lesquelles il faudrait
s'interroger. Tout l'intérêt porte sur le al ul é onomique du oût d'adoption dans le seul
porte sur la manière de le mesurer. Dans un deuxième temps, il s'agit de s'interroger sur
ses prin ipauxdéterminants.De par sanature omplexe, diversiée etrisquée, l'a tivité
d'in-novation demeure di ile à mesurer. Partant du onstat que l'innovation est devenue dans
les rmes modernes une a tivité formalisée, elle peut être don assimilée à toute démar he
d'investissement. À partir de là,les é onomistes se sont intéressés aux dépenses de re her he
et développement (R&D) omme lesprin ipales ressour es (inputs)destinées délibérément et
systématiquementà ette a tivité.
Au niveau théorique, les premières formulations qui donnent naissan e à l'é onomie de la
R&D en tant qu'a tivité formalisée au sein des entreprises et é onomies sont présentes dans
les travaux de Nelson (1959) et Arrow (1962A). Le fond de es travaux reste marqué par
le lien qu'a fait S humpeter entre stru ture de mar hé et innovation. Même si l'innovation
i i est appro hée par les ressour es né essaires à sa produ tion (R&D), l'idée de la situation
du monopole reste impli itement admise omme une ondition à son émergen e. Elle s'est
seulement exprimée d'une autre manière,l'importan ede laré upérationpar la rme de son
investissement initial. En e sens, Arrow (1962A) estime que les rmes ne sont plus in itées
à investir dans la R&D au delà du niveau e ient, puisqu'elles ne sont pas en mesure de
s'approprier les onnaissan es qu'elles produisent. Pour remédier à ette situation, qualiée
de défaillan e de mar hé (market failure), le se teur publique est appelé à se substituer au
se teur privé pour investir dans la re her he. Mais la re her he n'a pas les mêmes obje tifs
dans lesdeux se teurs. Ellen'a pasnon pluslesmêmesdomainesd'appli ation.Bienqu'ilsoit
di ile de séparerentre les domaines de re her he, pour un sou i de mesure, les é onomistes
s'a ordent traditionnellementà distinguer entre re her he fondamentale, re her he appliquée
et développement.Les in itations des rmes àinvestir dans es domaines dépendent du degré
d'appropriation,don deré upérationdelarented'investissement.Pourlapremière atégorie,
dont les obje tifs restent généraux et les retombées très in ertaines et de long terme, la plus
grande part de sa produ tion doit être menée par des universités et laboratoires publiques.
La raison en est que le retour sur investissement pour la so iété est supérieur au as où
elle aurait été produite dans des laboratoires privés (Nelson (1959)). En ayant un obje tif
immédiatd'appli ationindustrielle,don deproximitédu mar hé,lare her he appliquéeetle
développementexpérimentalnedevraientpasposerdeproblèmed'in itationàl'investissement
privé,pourvu qu'ilexiste un droit de propriété industrielle.
Cettereprésentation lassique de l'é onomie de la R&D abeau oup évolué depuis les
tra-vauxfondateurs pré itésde NelsonetArrow.Dans ertainsse teurs del'é onomie,telsqueles
biote hnologiesoulapharma ie,lestrois atégoriesdere her hesetrouventaujourd'hui
étroi-tementimbriquées.Parailleurs,lesgrandesrmesdans ertainsse teurs,de hautete hnologie
annéessoixante, onaassistéàun développement rapided'appli ationsempiriquesdestinées à
mieux appréhender laR&D et ses déterminantset par extensionl'innovation. C'est ainsi que
s'est onstitué auxÉtats-Unis un groupe de re her he au sein de la Rand orporation autour
d'é onomistes tels que Zvi Grili hes, Edwin Manseld, Vernon Ruttan etNathan Rosenberg,
omme le relate Nelson (2006). Certains membres de e groupe ont ontinué à animer par
la suite ensemble à d'autres her heurs omme le français Ja ques Mairesse, les travaux du
fameuxNationalBureau of E onomi Resear h (NBER)sur larelationentre R&D et
produ -tivité ainsi quesur diérents aspe ts du hangement te hnologique.
Traditionnellement,lesétudesempiriquessurlaR&D,qu'ellessoientvouéesàlavéri ation
des hypothèsess humpetériennes ouqu'ellesexplorent lelienentre R&D etprodu tivité,
pré-sentent la ara téristique générale d'assimilerla R&Dà une entité homogène,sans distinguer
sonorigine nisa omposition.Ilestentenduparoriginedel'investissementdanslesa tivitésde
R&Dsadistributionentre larmeetlemar hé,ie.lapartréaliséepar larme et elle onée
aux partenaires externes. Quant à la omposition de la R&D, elle fait référen e à la
distin -tion habituelle entre re her he fondamentale,re her he appliquéeet développement.Certains
travaux ont exploré les déterminants des stratégies d'innovation (eg. Veugelers etCassiman
(1999)) en référen e au adre d'analyse de l'é onomie des oûts de transa tion (Williamson
(1985), Pisano (1990)). Cette appro he, opposant l'organisation au mar hé dans un
obje -tif lassique de maximisation immédiate du prot, omet ependant un aspe t essentiel de
l'investissementdanslesa tivités d'innovation,l'apprentissage. Lesa tivités de R&Dsont
as-similées,dans etteoptique,àtoutinvestissementordinaire,alorsqu'ellesprésentent ertaines
ara téristiquesfondamentales quileur onfèrentune parti ularitépropre.Cespropriétés sont
relativesaux prin ipauxproduits de l'a tivité de R&D,la onnaissan eetl'apprentissage. Le
degréd'in ertitudeinhérentaurendement desa tivitésde R&Dest égalementunélémentqui
les diéren ie des autres a tivités é onomiques. Outre la question de la non prise en ompte
de la stru ture de R&D dans les études empiriques traditionnelles, un se ond aspe t
géné-ral les ara térise. C'est l'utilisation, dans la plupart des as, de données multise torielles.
Le problème qui se pose i i est que l'hétérogénéité entre les se teurs en matière de R&D est
aptée seulement par des variables indi atri es de se teurs. L'intensité de R&D dière entre
les entreprises et entre les se teurs, e qui onditionne matériellementles possibilitésde leur
évolutionte hnique. Lesopportunitéste hnologiques quis'orent auxrmesetles onditions
d'appropriation des onnaissan es, peuventdiérer égalementd'un se teur àl'autre(Levinet
al
.(1984),(1985)).Ces diéren esse torielles ontétéillustréesparletravaildePavitt(1984). L'adoption d'une appro he se torielle est préférable s'il s'agit de faire émerger à un niveaun l'ensemble des propriétés du se teur en question. Car omme le propose Malerba (2002),
fut une ex eption dans la littérature. Il est l'un des rares auteurs à s'être interrogé sur la
ompositiondes a tivités de R&D lorsde l'estimation de leur ontribution àl'innovation.
Ens'ins rivantdanslaperspe tivedu travaildeManseld(1981), ettethèse entend
renou-veler et étendre ette appro he par l'interrogation sur la omposition des a tivités de R&D
sous un angle double : la omposition fon tionnelle des a tivités de R&D (re her he
fonda-mentale,re her he appliquée etdéveloppement)d'unepartetla ompositionorganisationnelle
(re her he interne et re her he externe) d'autrepart.
La problématique de la thèse
Lathèse fait le hoix d'une orientation empirique.Son obje tif est l'ouverture de la boîte
noire de R&D. Les moyens employés sont l'utilisation des données d'entreprises à un niveau
désagrégé. La manière par laquelle il onvient d'appro her la R&D est l'interrogation sur sa
ompositionetson organisationausein des entreprises d'unpoint de vuestratégique, ie.quel
type d'a tivité l'entreprise doit développer elle-même, par rapport à e qu'elle doit a quérir
sur le mar hé. Cette entrée né essite une redénition de l'a tivité de R&D, qui é happe à la
on eption lassique de simple input matérielde produ tion. Dans ette dernière optique, la
R&D ne représente qu'une ressour e à allouer, à l'image des autres fa teurs de produ tion.
La nouvelle on eption, par ontre, onsidère que la prin ipale fon tion de la R&D est la
produ tion des onnaissan es. Nous adoptons ainsi la vision de Foray (1991), qui dénit la
rme innovatri e omme elle qui hoisit de posséder une ressour e propre de R&D, en vue
de produire et/ou de apter de nouvelles onnaissan es te hnologiques. Cette dénition peut
être amendée en lui rajoutant la fon tion d'utilisation des onnaissan es. Celle- i marque les
liens qu'entretient la rme ave son environnement, en e sens que la aptation des
externa-lités de onnaissan es ou leur a quisition formelle se fait dans l'obje tif de les exploiter en
les transformant en produits et pro édés. Ainsi, lanotion d'utilisation donne une image plus
réaliste de la rme innovatri e. Cette dernière devient ave la fon tion nouvellement a quise
elle quifournit un eort de R&D en vue de produire, d'utiliser et/ou d'a quérir de nouvelles
onnaissan es. La notion d'utilisation a une pla e entrale dans ette dénition, ar il y a
une diéren e entre l'a ès àla onnaissan eet son utilisation (Malerbaet Orsenigo(2000)).
Arora et Gambardella(1993)distinguententreles ompéten ess ientiques,quelesrmes
mo-bilisentpourévaluerl'informationpertinente,etles ompéten este hnologiques quipermettent
son exploitation(utilisation).Dansun entretiende Ri hardNelson ave Krat et Maupertuis
(1996), l'auteur estime que e n'est pas le fait de réer des onnaissan es di ilement
imi-tables qui est la question vraiment intéressante. C'est plutt d'étudier omment es rmes
vont être apables de tirer prot de es onnaissan es et ompéten es . L'organisation de
unique-tient omptede l'a umulation des onnaissan es et de l'apprentissage,l'autre fa e a hée de
la R&D (Cohen et Levinthal (1989)). La rme innovatri e privilégiera l'e a ité dynamique
(Klein (1988), Carlsson(1989)) 1
.
Le sens que nous donnons à l'apprentissage est plus général que elui que laisse entendre
la mesure traditionnelle de e phénomène : la ourbe d'apprentissage. Dans ette appro he,
l'apprentissage signie la rédu tion des oûts (e.g. de produ tion) résultant de l'expérien e :
en répétant l'exé ution d'une tâ he donnée, on nit par mieux faire, plus vite et à moindre
oût.
Dans ledomainedes a tivités d'innovation,nous étendons lanotion d'apprentissage pour
lui donner un ara tère de apa ité. Ce i nous permet, de l'approximer empiriquement par
des indi ateursquantitatifs,les dépenses de R&D désagrégéespar domained'a tivité
innova-tri e. Dans ette perspe tive, l'eort de R&D est ensé renfor er l'apprentissage de
l'entre-prise et don améliorer sa apa ité d'innovation. À travers l'a umulation des onnaissan es
et expérien es (qui dé oulent des a tivités de R&D), une rme augmente sa probabilité de
mise en ÷uvre de nouveau produits et pro édés, i.e. d'être innovatri e en dynamique. Ainsi,
l'apprentissage interne est approximé par la R&D interne et l'apprentissage externe par la
R&D externe. Pour qualier les deux types de R&D, nous utilisons indiéremment dans le
texte lesexpressions modes de R&D oustratégies de R&D.
Laquestion fondamentale qui se pose suite à ladé omposition de la R&D suivantun
prin- ipefon tionnel(re her he de base,re her he appliquéeetdéveloppement)ouorganisationnel
(re her he interneetre her he externe)portesurlelienexistantentre es omposantes(modes
de R&D) etl'innovation. Il s'agit tout d'abord de s'interroger sur les déterminants des
modes deR&D, par rapport aux travaux qui onsidèrent la R&D omme un orpus
uniforme. Par en haînement logique, la question qui s'impose dans un se ond temps est :
quel est l'impa t de es modes de R&D sur l'innovation? Puis de la manière dont
il se produit. Autrement dit, les stratégies de R&D ontribuent-t-elles à l'innovation
de façon omplémentaire ou substituable?
Apporter des réponses à es questions, tant pour l'entreprise que pour la politique
pu-blique,est essentielpourplusieursraisons.Pourl'entreprise, onnaîtrel'impa tde
l'investisse-mentde R&Dsur l'innovationpar atégorie d'a tivité,est une donnée indispensable, ar 'est
de ela que dépend sa apa ité innovatri e future. De plus, ela lui permet une ae tation
e iente de ses ressour es de R&D en tenant ompte de ses besoins et obje tifs. Aussi, ne
pas distinguer l'ae tationdes ressour es entre R&D interne etR&D externe, 'est admettre
diéren e à e que la R&D soit menée par l'entreprise ou onée à des partenaires externes.
Les ompéten es et expérien es que la rme peut développer en investissant elle-mêmedans
les a tivités d'innovation, dièrent largement de elles qu'elle peut en béné ier, si elle
a -quiert ou fait réaliser son investissement par les autres. Par ailleurs, omme les travaux sur
l'é onomie de la onnaissan el'ont bien montré, ertaines onnaissan es (ta ites) ne peuvent
êtretransférées d'un ontexteàunautresans avoiràpayerunprixexorbitant(pourunaperçu
f. Foray (2000)). Toutes es raisons montrent que les stratégies de R&D sont d'une
impor-tan e apitalepour la apa ité d'innovation de larme.Pour lapolitique publique, onnaître
la nature du lien qui lie les omposantes de R&D à l'innovation aide à dénir la politique
te hnologique auniveau ma ro-é onomique,qui doit déterminer entre autres, les subventions
et in itations au se teur privé dans les domaines de R&D et d'innovation. Il reste à dire que
la réponse aux questionsposées plus haut ainsi quele degréde abilité quipeut être donné à
es dernières armations dépendent des investigations empiriques.
Le terrain de re her he empirique
La problématique de la thèse né essite d'être projetée sur un terrain de re her he dans
lequel les a tivités d'innovation revêtent une importan eparti ulière. C'est le as en général
des industries de haute te hnologie telles que l'éle tronique, l'aéronautique, l'automobile la
himieoulapharma ie.Notre hoixs'est portésurl'industriepharma eutique enFran e.Non
seulement il s'agit d'une industrie de haute te hnologie dont l'a tivité de R&D est entrale,
mais surtoutladuréetrès longued'apprentissage,né essaireàlamise en÷uvre d'unnouveau
produit, répond parfaitement à la problématique posée. De e point de vue, elle o upe une
pla e unique quant à la parti ularité de son pro essus d'innovation. Par ailleurs, l'industrie
pharma eutique mondialetraverse depuis les années quatre-vingt des hangements majeurs,
relatifs à l'essouement de son paradigme fondateur ( himie) et l'avènement d'un nouveau
paradigme, les biote hnologies modernes. Ces transformations posent la question de
l'orga-nisation de la R&D, qui est la fon tion prin ipale de ette industrie, ave a uité. Il s'agit
notammentde savoirsil'industrie pharma eutique développe ellemême es nouvelles
te hno-logies ousi elledevrait maintenir plutt des liens de oopération ave les nouvelles start-ups
omme moyen d'intégration. D'autres solutionssont bien évidemment envisageables.
Vient s'ajouter à e hangement stru turel de l'industrie pharma eutique, la roissan e
ontinue des dépenses de R&D, parallèlement à l'apparition de rendements dé roissants de
l'a tivité d'innovation. Ce paradoxe est l'énigme majeure que her hent à résoudre
a tuelle-ment tant les grands groupes que les PME pharma eutiques. Une des estimations les plus
ré entes du oût du développement d'un nouveau médi amentlesitue autour de 800 millions
duits phares. Cette situation a a entué la on urren e en abaissant les barrières à l'entrée
de nouveaux a teurs, lesprodu teurs des médi aments génériques à moindres oût (produits
dont lebrevetest tombédans ledomainepubli ).Au niveau mondial,l'industrie
pharma eu-tique la plus dynamique demeure l'industrie améri aine. Ave quelques groupes européens et
japonais, les rmes améri aines sont responsables de l'introdu tion de la plus grande partie
des innovationsmajeures.
En Fran e, il semble que les rmes pharma eutiques aient suivi dans l'ensemble une
tra-je toire qui peut être qualiéed'imitation(Danzon(1997), Pammolliet
al
. (2002)),alors quelesentreprises françaiseso upaientlapremièrepla edansl'introdu tiondesnouvellesentités
himiques (NEC), devantl'Angleterre etlesÉtats-Unis, dansles années60.Ens'interrogeant
sur l'organisationdes a tivitésd'innovation,en plusdu volumed'investissement, notretravail
empiriquetentede donnerune interprétationàl'émergen e,ausein de l'industrie
pharma eu-tiquefrançaise,d'unestratégied'imitationaulieud'unestratégied'innovation, omme 'était
le as aux États-Unis.
Ainsi, l'industrie pharma eutique présente un intérêt double. Il s'agit tout d'abord d'un
hamp de re her he empirique de véri ation de nos hypothèses de re her he. Dans le même
temps, l'étude empirique apporte des éléments de réponse aux questions é onomiques, en
relation ave lesa tivités d'innovation, qui tou hent l'industriepharma eutique française.En
e sens, notre méthodologie de re her he s'ins ritdans une appro he positive.
Sur la méthodologie de la thèse
Bien que ette thèse s'ins rive dans une démar he fondamentalement empirique,ellen'en
fait au unement une nalité propre. Nous voulons ainsi éviter de tomber dans e que Blaug
(1982) qualie d'instrumentalisme sans âme, lestravaux empiriquesqui ne parviennent pas à
faireletrientre des expli ations on urrentes. Loind'êtrepurementempiriste,notre réexion
première est fondée sur un raisonnement théorique qui s'inspire de la théorie é onomique
moderne de l'innovation. Bien que ses ra ines puissent remonter jusqu'à l'÷uvre de Adam
Smith et les travaux de Marshall, ette dernière s'est armée dans l'histoire des idées
é o-nomiques grâ e aux ontributions de Joseph S humpeter (1911, 1939, 1942). Les fondements
posésparS humpeterontétérenouvelésetenri hisparlesapportsdesnéo-s humpetériens(eg.
Nelson etWinter (1982), Malerbaet Orsenigo (1996), Bres hi et
al
. (2000), Malerba (2002),Dosi (1988A), Dosi (1988B), Dosi (1982), Dosi et al. (1988)) et les développements de
l'é o-nomie de la onnaissan e (eg. David etForay (1995), Forayet Cowan (1997), Cowanet
al
.(2000), Foray (2000)). La théorie de la rme basée sur les ompéten es peut être également
Quoique onstituant un orpus hétérogène, es développements théoriques s'a ordent
sur de nombreux points qui apparaissent importants à la formulation de nos hypothèses de
re her he, parmi lesquels :
Privilégierlaprodu tion,l'a umulationetl'utilisationdes onnaissan esàleuré hange;
Considérer l'a tivité d'apprentissage omme une sour e d'innovation;
Analyser le progrès te hnique omme un phénomène endogène, lié prin ipalement au
ontexte lo alde la rme;
Étendre l'expli ationde l'hétérogénéité inter-rmes à ladépendan e du sentier, en plus
des diéren es dans les apa ités d'investissement.
Le adre on eptuelemployédans ettethèsepuisedans esdéveloppementsthéoriquespour
formuler des hypothèses de re her he destinées à être testées empiriquement. Il est essentiel
que les véri ations empiriques puissent montrer à leur tour e qu'elles peuvent apporter à
la théorie de référen e. Notre démar he méthodologique part don , dans un premier temps,
d'une dénition des a tivités de re her he et développement (R&D) s'ins rivant dans une
optique de réationde onnaissan es et apprentissages. Elle souligneparti ulièrement le lien
existant entre lesmodes d'investissements dans es a tivités etlesformes d'apprentissage qui
en résultent. Dans un se ond temps, l'importan e est donnée à l'appré iation empirique de
es on epts. Pour ela, une base de données originaleportant sur la R&Det l'innovationest
utilisée.Elleest omposéededeux enquêtesdistin tes,mobiliséespourdesobje tifsdiérents.
Lapremière est l'enquête sur lesmoyens onsa rés auxa tivités de R&Ddans lesentreprises,
réalisée par Ministère de l'édu ation nationale et de la re her he. La période d'observation
disponible s'étend de 1980 à 2000. La se onde, est la troisième enquête ommunautaire sur
l'innovationdansl'industrieetlesservi es(CIS3).RéaliséeenFran eparleServi edes études
et statistiquesindustrielles (SESSI), l'enquêteCIS3 porte sur lapériode 1998-2000.
L'analyseempiriques'appuiesur unedoubleappro heé onométrique:paramétriqueet
non-paramétrique. Le travail empirique pro ède par tâtonnement mais en respe tant un ritère
stri t : la ohéren e de la démar he empiriquedans son ensemble. Cela permet d'un té, de
révéler les di ultés ren ontrées à haque étape et les solutionsproposées pour les dépasser,
etde fairelelienentre lesdiérentsrésultatstrouvés, de l'autre té.Les solutionsproposées
restentindisso iablesdelanaturedes donnéesetdeladimensiondesé hantillonsd'entreprises
La thèse est organisée autour de deux parties, qui omportent ha une deux hapitres.
La première partie présente les fondements théoriques du lien taille de la rme
R&D/innovation, ave une appli ation au se teur de l'industrie pharma eutique
française.
Lepremier hapitresituel'originethéoriquedu lienentre R&Detinnovationetprésente
une revue de littérature des études empiriques onsa rées à la véri ation de ette relation.
Il rappelle en parti ulier l'apport fondamental de la pensée de S humpeter qui représente le
so lede lathéorieé onomiquedel'innovation(se tion1).L'innovationentantquephénomène
omplexe est un on ept di ilement mesurable (se tion 2). Mais les a tivités de R&D sont
traditionnellement utiliséespour quantier les ressour es vouées à l'a tivité d'innovation. La
R&D est onsidérée en e sens omme un fa teur de produ tion. Dans un sens plus général,
l'innovationpeutêtre mesurée égalementpar des indi ateursd'outputs tels quelesbrevets, le
nombre des produits nouveaux ou le hire d'aaires innovant. La on eption traditionnelle
des a tivités de R&D, nous amène à proposer une distin tion de es a tivités par domaine
d'appli ation et par mode d'organisation, e qui permet d'estimer la relation entre R&D et
innovationàun niveautrès n (se tion3).Pour e faire,un ertainnombred'hypothèsessont
élaboréesand'êtretestéesempiriquement.Celles- isontformuléessuiteàlaréalisationd'une
revue de littérature multise toriellesur les études empiriques onsa rées à la véri ation des
hypothèsess humpetériennes :relationentre R&D/innovationettaillede larme(se tion4).
Certaines des études examinéestraitent des déterminants de la R&D oumême du lien R&D
innovation qui sont souvent des questions indisso iables. La revue de littérature, est réalisée
en mettantl'a entsur lesméthodologiesempiriquesutilisées par lesauteurs.
Le deuxième hapitre propose l'industrie pharma eutique omme terrain de re her he.
Il ommen e tout d'abord par présenter ses ara téristiques générales (se tion 1). L'a tivité
d'innovation y est ensuite analysée ave profondeur en mettant l'a ent sur ses sour es, sa
mesureetsonrendement(se tion2).Undesélémentsmajeursàsoulignerestlarelationinverse
observée depuis les années 70 entre l'investissement dans les a tivés de R&D et le nombre
de nouveaux produits dé ouverts, e qui mérite d'être appelé paradoxe de produ tivité de
l'innovationpharma eutique.Quelquesélémentsexpli atifsde eparadoxesontennprésentés
(se tion 3).
La se onde partie de la thèse est onsa rée à une véri ation empirique des
déterminants des modes de R&D et estime leur ontribution à l'innovation dans
gènes inuant sur l'innovationpharma eutique. Il ommen e par une présentation du modèle
de Cohenet Levinthal (1989) omme adre d'analyse du lien existant entre la re her he
in-terne et la re her he externe (se tion 1). Il en haîne ensuite par une des ription statistique
de l'investissement desentreprises pharma eutiquesfrançaisesdans lesa tivités deR&D
(se -tion 2), avant de terminer par une véri ation empirique des hypothèses s humpetériennes
sur données françaises (se tion3).L'obje tif de ette dernière analyse est de réestimer lelien
R&D-tailleaumoyen dete hniquesparamétriquesetnonparamétriques,permettantdemieux
erner ette relation,sans supposer à l'avan e une forme fon tionnelle parti ulière. Ainsi, les
résultats obtenus peuvent être omparés à eux issus de larevue de littérature.
Le quatrième et dernier hapitre a pour obje tif l'estimation de l'impa t des modes
de R&D sur l'innovation, en utilisant des données qualitatives (se tion 1) et des données de
omptage (se tion2). Dans le premier as, il s'agit d'estimer lesdéterminants de la
probabi-lité d'innover en tenant ompte de diérentes sour es de onnaissan es. Dans le se ond as,
l'appro he des données de omptageest utiliséepour estimerl'impa tdes modes de R&Dsur
l'innovation en utilisant une é helle de mesure quantitative. Ce travail permet de omparer
les résultats des deux modèles et de tirer des on lusions sur la ontribution des modes de
R&D àl'innovation.Enn, un dernierpoint(se tion3) her he à déterminerlesimpli ations
R&D et innovation : fondements
théoriques et éviden es dans le se teur de
portàdes on epts,propositionsouhypothèsespourallerensuiteversunespa ed'observation
an de vérier (inrmer ou onrmer), appré ier outester l'importan ede telles
on eptuali-sations. C'est e que laméthodologiede re her he appelleune démar he positive.En prenant
omme point de départ la théorie moderne de l'innovation, ette première partie, s'interroge
sur la mesurede l'a tivitéd'innovationen examinantlestravauxempiriquesqui s'étaient
ins-pirés de la vision s humpetérienne de l'innovation (Chapitre premier). La grande partie de
es études était vouée à la véri ation de e qui est onnu sous le nom d'hypothèses
s hum-petériennes. L'obje tif es ompté de et examen est de dénir un ertain nombre de on epts
relatifs à la mesure de l'a tivité d'innovation, pour proposer ensuite la prise en ompte de
nouvelles mesures à un niveau mi ro-é onomique sus eptibles d'améliorer notre
ompréhen-siond'unphénomèneparnature omplexequ'est l'innovation.Cettedémar he s'appuiesurun
terraind'observation,l'industriepharma eutique, danslequel l'a tivitéd'innovation onstitue
la sour e de l'avantage ompétitif des entreprises (Chapitre deuxième). Elle représente de e
faitun espa eidéalpermettantde testerdeshypothèsesformuléessuiteàl'examendes études
La relation entre R&D et innovation,
entre postulats théoriques et éviden es
empiriques
1.1 Introdu tion
LespremierstravauxdeS humpeter (1911)sur lerlede l'innovationdansl'évolution
é o-nomiquen'ontpasmodiélavision lassiquedelapla eduprogrèste hniquedansl'é onomie.
Celui- iétait onsidéré ommeunphénomèneexogèneàlasphèreé onomique.Autrementdit,
une donnée à intégrer dans le al ulus é onomique. Cette vision s'était renouvelée suite aux
résultats obtenus par les travauxqui her haient àappré ier la ontributiondu progrès
te h-nique àla roissan e (e.g.Solow(1956),(1957),Denison(1961),(1974),(1985)).Mais e type
d'études, omme lenotent Mairesse etSassenou (1991), suit une démar he fondée
essentielle-mentsur une appro he omptabledes fa teurs de la roissan e, leprogrèste hnique n'estpas
appréhendé dire tement, mais est appro hé omme un fa teur résiduel expli atifde la
rois-san e. Abramowitz (1956) qualia la partie résiduelle du rendement (output) non expliqué,
devenue plustardrésidudeSolow,d'indi edel'ignoran edesé onomistes.Maisla
mé onnais-san e du progrès te hnique ne provient-elle pas de la di ulté de sa mesure? En eet, il est
toujours di ile de erner ave pré ision e phénomène dans sa globalité,d'autant plus qu'il
semanifeste parfois de façonqualitative.Pour aronter esdi ultés, lesé onomistes sesont
intéressésauxa tivitésde R&D, onsidérées ommeleprin ipalfa teurgénérantl'innovation.
Depuislesannées70,de nombreusesétudesstatistiqueseté onométriquesontétéee tuées
aussibienauxÉtats-Unisqu'en Europe(e.g.Grili hes(1979),Grili hes etLi htenberg(1984),
Grili hes et Mairesse (1990B), Hall etMairesse (1995), (1996), Crépon et
al
. (1998), Harho(1998), Crépon et
al
. (2000)), dans le but d'appré ier les a tivités de R&D et d'évaluer leurlitativestelles quelasérie d'enquêtes CISen Europeoulabase de données brevets onstituée
au sein du NBER auxÉtats-Unis 1
.
Auniveaumi ro-é onomique,letravailde Grili hes(1957)peut être onsidéré ommele
fondementde l'é onométriede l'innovation.L'obje tifde Grili hesétait dedémontrerquedes
innovations te hnologiques, en l'o urren e l'introdu tionde lavariété du maïs hybride dans
l'agri ulture aux États-Unis, pourraient être analysées d'une perspe tive é onomique. Il s'est
opposé ainsi aux théoriesé onomiques existantes qui ont traité le hangement te hnologique
ommeunfa teurexogène.Pluspré isément,Grili hes(1957)amontréqueleretardenregistré
dans ledéveloppement des formes hybrides de maïs, adaptables à des zones diérentes, ainsi
que le retard d'entrée des produ teurs de semen es dans es régions, peuvent être expliqués
par les diéren es dans laprotabilité de l'entrée.
Les premières analyses de Grili hes ont été suivies par d'autres investigations qui ont
ontribué àl'améliorationde notre onnaissan e du lienentre innovation etperforman e
é o-nomique. Cette amélioration n'était pas possible sans la mobilisation de bases de données,
issues d'enquêtes sans esse enri hies par de nouvelles informations. Par ailleurs, la
multi-pli ation des travaux utilisant diérentes unités d'analyse (entreprise, se teur, région, pays),
permet d'opérer des omparaisons entres des entreprises, se teurs oupays diérents. Dans le
adre de ette thèse, nous nous intéressons, toutefois, qu'à lapartie des études qui ont porté
sur les données d'entreprises et qui visent à étudier les a tivités de R&D et d'innovation en
relation ave les hypothèses shumpetériennes.
La plupart de es études partent des formulations théoriques de S humpeter sur
l'innova-tion (Se tion 2) pour ee tuer ensuite des véri ations empiriques. Un des eorts majeurs
fournis par lesétudes empiriques, est la propositionde mesures de l'a tivité d'innovation qui
demeure tout de même, un phénomène di ilement quantiable (Se tion 3).Les a tivités de
re her he et développement représentent à et égard, la mesure la plus utilisée
traditionnel-lementpar les é onomistespour évaluer l'eortd'innovation des entreprises. An d'améliorer
la ompréhension de la ontribution des a tivités de R&D à l'innovation, le présent travail
proposel'utilisationd'indi ateursàunniveau désagrégéenopérantunedoubledé omposition
de es a tivités:fon tionnelleetorganisationnelle(Se tion4).Eneet, larevue de littérature
révèle que la quasi-totalité des études empiriques sur la R&D s'ins rivant dans la tradition
s humpetérienne, n'a pas tenu ompte de ette distin tion (Se tion 5).
1. Une des ription détaillée de la base de données brevets du National Bureau of E onomi Resear h
L'interrogationsur ladynamiquedesa tivitésindustriellesestune an iennepréo upation
des é onomistes. Depuis l'émergen ede la théorie de l'évolution hez lesbiologistes, des
é o-nomistes ont her hé à transposer les hypothèses portant sur les êtres vivants au monde des
entreprises, enles onsidérant ommedes entitésquinaissent, roissent,semettenten
on ur-ren e laquelle onduit ertaines d'entre elles à survivre et d'autres à disparaître (eg. Al hian
(1950)).Dès lors, l'attention des her heurs est fo aliséesur lesfa teurs omportementauxde
la rme luipermettant de maintenir sa ompétitivitéou de régner dans son environnement.
Le pré urseur de l'analyse du phénomène de l'évolution é onomique demeure sans doute
l'é onomiste Joseph S humpeter, qui a dressé la dénition de l'innovation dans sa théorie
de l'évolution é onomique (S humpeter (1911)). Cette se tion s'atta he à présenter lestraits
majeursde lathéorie s humpetérienne de l'innovation (1911-1942).
1.2.1 La dynamique é onomique hez S humpeter
Bien qu'il ne soit pas le premier é onomiste à avoir traité la question de la dynamique
industrielledesa tivitésé onomiques,S humpeterfut eluiquiaélaboréunethéorie omplète
de la dynamique é onomique basée sur l'innovation et l'eort de l'entrepreneur. Avant lui,
Marshallé ritdéjàen1890que...l'é onomiqueestunes ien ede lavie,etqu'elleest voisine
de labiologie pluttque de la mé anique.
L'évolution é onomique
S humpeter(1911)alemérited'êtrelepremieràmettreenéviden elerlemoteurquejoue
l'innovation dans l'évolutioné onomique. Dans sapremière dénition de ette dernière il n'a
pas utiliséexpli itementletermeinnovationmais pluttexé utionde nouvelles ombinaisons.
Il é rit à e propos :
La forme et la matière de l'évolution au sens donné par nous à e terme sont alors
fournies par la dénition suivante: exé utionde nouvelles ombinaisons.Il identie ensuite
inq formes par lesquelles peuvent s'exprimer lesnouvelles ombinaisons:
1. Fabri ation d'unbiennouveau, 'est-à-direen orenon familierau er ledes
onsomma-teurs ou d'unequalité nouvelle d'un bien.
2. Introdu tiond'uneméthode de produ tionnouvelle, 'est-à-dire pratiquement in onnue
de la bran he intéressée de l'industrie, il n'est nullement né essaire qu'elle repose sur
une dé ouverte s ientiquement nouvelle et elle peut aussi résider dans de nouveaux
intéressée de l'industrie du pays intéressé n'a pas en ore été introduite, que e mar hé
aitexisté avant ou non.
4. Conquête d'une sour e nouvelle de matières premières ou de produits semi-÷uvrés; à
nouveau, peu importe qu'ilfaille réer ette sour eou qu'elle aitexisté antérieurement,
qu'on ne l'aitpas prise en onsidérationouqu'elle aitété tenue pour ina essible.
5. Réalisationd'unenouvelleorganisation, ommela réationd'unesituationde monopole
(par exemple latrusti ation) oul'apparition brusque d'un monopole.
Il ressort de ette dénition que l'innovation au sens où l'entend S humpeter n'est pas
seulement te hnologique (produit/pro édé), elle peut être également au niveau du mar hé
(biens/matières premières) ou de l'organisation.
Le renouvellement de la dynamique
Dans sa dénition de la statique, S humpeter marque en ore une fois sa diéren e par
rapport aux auteurs lassiques tels que Clark, Barone, Walras ou Pareto 2
.La notion de
sta-tique hez es auteursestappréhendée par uneanalogiemé anique :l'équilibre.Ce dernierest
atteint par un ajustement quantitatif. Chez S humpeter la statique s'exprime par une
ana-logie biologique : le ir uit. Dans un ommentaire sur la théorie de l'évolution é onomique,
Perroux 3
estimequeS humpeteremprunteuneséried'élémentsauxpenseurs lassiques,mais
il les fond en un ensemble qualitatif. Sa théorie est essentiellement une théorie du qualitatif
puisqu'elle repose dans son ensemble sur la notion de ombinaison nouvelle dont, l'absen e
dénit le ir uit (statique),la présen e dénit l'évolution (dynamique).
Lerenouvellementdeladynamiqueaeu omme onséquen essurlathéorieé onomique,
entre autres,la redénitiondu rle etde lafon tion de l'entreprise etde l'entrepreneur.
L'entreprise, l'entrepreneur et le pro essus de destru tion réatri e
1. L'entreprise et l'entrepreneur
Nous appelons entreprise l'exé ution de nouvelles ombinaisons et également ses
réali-sationsdans des exploitations,et . etentrepreneurs 4
, lesagentsé onomiques dont lafon tion
2. Référen es itéesparS humpeter(1911):
Clark,J.B.(1899).Thedistributionof wealth:A theory of wages,interestandprots
Walras,L.(1900).éléments d'é onomie politique pure,4eédition
Clark,J.B.(1907).Essentialsofe onomi theory
Barone,E.(1908).Ilministrodellaproduzionenellostato ollettivista., Giornaledeglie onomisti
3. Perroux,F.Introdu tion:Lapenséeé onomiquedeJosephS humpeter., inS humpeter,J.(1911).
Théorie de l'évolution é onomique. Re her hes sur le prot, le rédit, l'intérêt et le y le de la onjon ture,
trad.française,versionéle tronique,UniversitédeQuébe àChi outimi, 1935
nitions du rle de l'entreprise et de l'entrepreneur imaginé par S humpeter (1911). Celles- i
attribuent à l'entreprise la fon tion de l'innovation et à l'entrepreneur le rle d'assumer et
exé uter ettefon tion.Cettevisiondépasse ainsi lairementl'imagerédu tri e quelathéorie
a orde à l'entreprise; elle qui transformedes inputs(fa teurs de produ tiondisponibles)en
outputs (produits et servi es).
En dé rivant la fon tion de l'entrepreneur, S humpeter ne s'était pas é arté
omplè-tement des dénitions traditionnelles, il a plutt étendu le rle de elui- i à une nouvelle
fon tion, elle d'exé uter de nouvelles ombinaisons. En eet, il dé lare a epter la vision
de Jean Baptiste Say qui attribue à l'entrepreneur la fon tion de ombiner et rassembler les
fa teurs de produ tion. Il est également d'a ord ave la on eption de Mataja (1884) 5
. Ce
dernier donnaitla dénition suivante: est entrepreneur elui à quié hoit leprot.
L'entrepreneur hezS humpetern'estpas untyped'agent ommelesautres.Ilest
égale-mentdiérentdesmanagers.Andesaisirsonrleetsafon tion,l'auteurestimequ'ilfaudrait
hanger la manière par laquelle on traite traditionnellement ette question. Par rapport à la
vision habituelle, sa on eption dière sur trois points. Premièrement,l'opposition de deux
événementsréels:tendan eàl'équilibred'unepart,modi ationou hangementspontanédes
données de l'a tivitéé onomique parl'é onomie, d'autrepart;deuxièmement,l'oppositionde
deux appareilsthéoriques : statique et dynamique; troisièmementl'opposition de deux types
d'attitude : nous pouvons nous les représenter dans la réalité, omme deux types d'agents
é onomiques : des exploitantspurs et simpleset des entrepreneurs.
Lesentrepreneurssontlesinnovateurs,lesexploitantspeuventêtre onsidérés ommedes
imitateurs. Les innovateurs par leurs a tions provoquent la rupture du ir uit et dé len hent
l'évolution. Ils font ainsi à la re her he de plus de prot, ar dans le ir uit il n'y en a pas,
estime S humpeter.
Sil'entrepreneurs humpetérienest uninnovateur,ilestdistinguéde l'inventeur.Le
pre-mier est tout d'abord un exé uteur, iln'agit pas seul mais ila besoin d'autres ollaborateurs.
Lafon tion d'inventeur ou de te hni ienen général,et elle de l'entrepreneur ne oïn ident
pas. L'entrepreneur peut être aussi un inventeur etré iproquement,mais en prin ipe e n'est
vrai qu'a identellement. L'entrepreneur, omme tel, n'est pas le réateur spirituel des
nou-velles ombinaisons; l'inventeur omme tel n'est ni entrepreneur ni hef d'une autre espè e.
Leurs a tes etles qualitésné essaires pour lesa omplir, dièrent omme onduite et omme
type (S humpeter (1911)).
terme,même i ela impliqueune destru tionde valeur pour lesentreprises établiesqui
béné- iaientjusqu'alorsd'unepositiondominante.Laperpétuitéde e y le ( réationdestru tion)
est qualiéepar S humpeter (1942)de pro essus de destru tion- réatri e. 6
2. Le pro essus de destru tion réatri e
Ladestru tion réatri eest un pro essusdynamique par lequel de nouvelles a tivités sont
réées onjointement à ladisparition d'autres se teurs d'a tivités. Ce pro essus de
destru -tion réatri e onstitue la donnée fondamentale du apitalisme : 'est en elle que onsiste,
en dernière analyse, le apitalisme et toute entreprise apitaliste doit, bon gré mal gré, s'y
adapter (S humpeter (1942)).
La notion de destru tion réatri e nous fait omprendre que l'émergen e d'une
innova-tion (radi ale) dans une a tivité ou un se teur d'a tivités donné onduit à la disparition de
l'an ienne a tivité. Or, dans laréalité é onomique nous pouvons observer, dans de nombreux
se teurs, la oexisten e de l'an ienne et la nouvelle a tivité. À titre d'exemple, l'émergen e
des biote hnologies modernes n'a pas fait disparaître les entreprises et les a tivités
pharma- eutiques basées sur la himie traditionnelle.
En fait, il n'existe pas de ontradi tion entre la formulation de S humpeter du
pro es-sus de destru tion réatri e etla réalité des a tivités é onomiques. Dans son ÷uvre de 1911,
S humpeter onsidère que les nouvelles ombinaisons ou les rmes, les entres de
produ -tion qui leur donnent orps -théoriquement et aussi généralement en fait- ne rempla ent pas
brusquement lesan iennes, mais s'y juxtaposent. Car l'an ienne ombinaison, leplus souvent
ne permettait pas de faire e grandpas en avant.
En e sens, lefait quele se teur des biote hnologiesn'a pas réussi àfournir rapidement
des produits sus eptibles de rempla er eux à base de himie traditionnelle, a laissé
su-samment de temps aux rmes pharma eutiques de s'y adapter. En termes de similitude des
a tivités, une autre expli ationpeut être donnée. À ourt terme, 'est une division du travail
innovant qui s'est installée entre les deux industries. Les nouvelles entreprises (start-up) de
biote hnologies s'étaient spé ialisées dans la re her he, puis elles en èdent les résultats via
des brevets etli en es.Lesrmespharma eutiques développent lesproduitsàpartirdes
te h-nologies a quises en partiedes entreprises biote hnologiques. Ce s héma général,très simple,
6. Sil'expressionfutpopulariséeparS humpeter(1942),saformulationremonteautravaildel'é onomiste
Werner Sombart(1902),Le apitalismemoderne.Les÷uvresdeKarlMarxontégalementinuen élapensée
de S humpeter.Le pro essus delutte des lasses dé rit parMarx,menant leprolétariat àserévolter ontre
les apitalistes(la bourgeoisie), peut être interprété omme une destru tion du régime de es derniers et la
probable que es deux se teurs onvergeraientvers une seule industrie, la biopharma ie.
Lapérioded'ajustement des stru turesétablies àlanouvellete hnologienaissantenous
rappellela théoriedes y les é onomiques longsde Kondratie 7
.Selon lemodèle de
Kondra-tie,tousles inquanteans onatteintletermed'uneondete hnologiquelongue.Lesdernières
vingtièmes années seraient ara térisées par la prospérité des industries nées du dernier
pro-grès te hnologique dans lesquelles la rentabilité atteint son niveau maximum. Mais, en eet,
la génération des prots re ords dans ette phase du y le n'est que la rémunération du
apital d'un se teur qui a essé de roître. La n d'un y le orrespond à un ralentissement
é onomique puisque leste hnologiesémergentes ne peuvent réer susammentd'emploipour
dé len her un nouveau y le de roissan e. Sans vouloir représenter l'évolutionte hnologique
parunmodèledéterministe,les hémad'analysedeKondratiepermetd'expliquerlaphasede
transitiond'unean ienne àunenouvellete hnologie,phasedanslaquelle S humpeter prétend
la oexisten e des deux te hnologies. S humpeter (1939) a repris l'idée de Kondratie pour
développerà son tour une théoriedes y les des a tivités é onomiques.
La pensée de S humpeter est une sour e inépuisable qui ontinue aujourd'hui en ore à
alimenter l'analyse é onomique, les études de management et les travaux empiriques. Elle a
ontribué de manière signi ativeaudéveloppement de nouveaux ourants etthéories
é ono-miques tel que la théorie de la roissan e endogène (Aghionet Howitt (1998)) et la théorie
évolutionniste du hangementte hnologique (Nelson etWinter (1982)).
1.2.2 Les onje tures s humpetériennes
Le terme d'hypothèses s humpetériennes n'est pas une suggestion de S humpeter, mais
résulte del'interprétationde son÷uvre par lesnéo-s humpetériens(Nelson etWinter (1982),
Malerba et Orsenigo (1996), Bres hiet
al
. (2000)) et par les études empiriques qui leur ontété onsa rées ( f.Kamien etS hwartz (1975)).Ces le turesont débou hé sur la formulation
de deux hypothèses de base :
1. Taille de la rme et innovation
Dansson ÷uvre de 1942,S humpeter établit un lienentre la granderme etl'innovation.
Il onsidère que ette dernière est devenue l'apanage des grandes rmes qui la pratiquent de
façonroutinière.Leprogrèste hniquedevientautomatiséetplaniéauseindesgrandesrmes
modernes. Celles- i disposent de laboratoires pour mener systématiquement des a tivités de
re her he.Partantde e onstat, denombreuses étudesempiriques,dontnousallonsprésenter
7. Kondratie,N.D.(1926).Thelongwaves ine onomi life
(R&D) 8
ettaillede larme etd'un autre té, le lienentre innovation et taille.
2. Stru ture de mar hé et innovation
Lathèsede S humpeter (1942)partde la ritique du modèlede on urren e parfaitedans
la mesure où elui- i ne favorise pas l'innovation et est in ompatible ave la réalisation de
prot.L'auteur onsidère quelemonopoleestné essairepourproduirel'innovationet ultiver
les béné es qui en résultent.
Dans notre travail empirique, nous nous limitons toutefois au test de la première
hy-pothèse sh umpétérienne ( f. hap. 3), même s'il existe une relation indire te entre les deux
onje tures. En eet, omme leremarque Munier(1999), S humpeter assimile la on urren e
imparfaite àla présen e de grandes entreprises.
1.2.3 Amendement des hypothèses s humpetériennes : La
ontribu-tion de John Kenneth Galbraith
SiS humpeter (1942) ne parle que des eorts systématiques onsa rés à l'a tivité
d'inno-vation par les grandes rmes, Galbraith (1952) expli ite ette idée en mettant l'a ent sur
lesressour es nan ières àleur dispositionqui leurpermettent de mener ette a tivité. Les
grandesrmessont parfaitement adaptéesànan er le hangementte hnique. Leur
organisa-tion fournit de fortes in itations à entreprendre de nouveaux développements et à les mettre
en pratique (Galbraith(1952),86).
Galbraithrejointl'analysede S humpeter sur l'importan ede l'eort d'innovation 9
que
fournissent les grandes entreprises. Il estime qu'une han e qui, jusqu'à présent, a été
béné-que, a fait de l'industrie moderne de quelques grosses entreprises, un instrument presque
parfait pour en ourager le hangement te hnique. Lagrande entreprise est tout-à-fait
équi-pée pour nan er le développement te hnique, son organisation sait puissamment stimuler
l'eort d'expansion etle mettreen pratique.
Enrelationave l'innovation,Galbraithdénombre lesavantagessuivants,qui donnent à
la granderme une supériorité à onduire ettea tivité :
8. L'abréviationR&Dserautiliséetoutaulongdutextepourdésignerl'ensembledesa tivitésdere her he
et du développementexpérimental. Ladistin tion deleur ontenu sera présentéeplus loin( f. hap. 1, se t.
4).
9. L'utilisationdutermeeortd'innovationtoutaulongdelathèse,faitréféren eauxinputsdupro essus
d'innovation et non aux outputs. De e fait, nous onsidérons eort d'innovation et eort de R&D omme