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80 e anniversaire de la rafle du Vél d Hiv Dossier documentaire

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Academic year: 2022

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80 e anniversaire de la rafle du Vél’d’Hiv Dossier documentaire

Pourquoi commémorer et enseigner la rafle du Vél’d’Hiv ?

« Il est, dans la vie d’une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l’idée que l’on se fait de son pays. » Le 16 juillet 1995, cinquante-trois ans après la rafle du Vél’d’Hiv, Jacques Chirac débute son discours en soulignant la difficulté de commémorer les « heures noires » de notre histoire qui constituent une « injure à notre passé ». Il reconnaît ainsi la responsabilité de l’État français dans la déportation et la persécution des juifs de France durant la seconde guerre mondiale. Plus de vingt-cinq ans après ce discours, la commémoration du 80e anniversaire de la rafle du Vél’d’Hiv relève toujours d’une impérieuse nécessité, en particulier avec les élèves.

Il incombe à l’école de la République de maintenir en éveil l’esprit critique des jeunes générations pour que jamais le processus génocidaire ne puisse renaître. Commémorer la rafle du Vél’d’Hiv, l’enseigner, c’est, certes, parler d’un passé tragique mais c’est aussi faire réfléchir les élèves sur les valeurs morales et démocratiques de notre République afin de mieux combattre les germes racistes et antisémites. À l’instar de tout travail de mémoire, commémorer et enseigner la rafle du Vél’d’Hiv, c’est parler d’hier pour construire demain.

En 2012, un sondage réalisé à l’initiative de l’Union des étudiants juifs de France estimait que 67 % des 15-17 ans, 60 % des 18-24 ans et 57 % des 25-34 ans ignoraient le drame de la rafle du Vél’d’Hiv 1. Huit ans plus tard, après la mise en œuvre de nouveaux programmes d’enseignement, un autre sondage réalisé en septembre 2020 révèle que 87 % des jeunes Français de 15 à 24 ans indiquent maintenant connaître le génocide des juifs et que 68 % d’entre eux savent ce qui s’est passé lors de la rafle du Vél’d’Hiv 2. Si le travail de mémoire a progressé, il ne saurait être question de baisser la garde.

C’est pourquoi, Réseau Canopé, en partenariat avec la Délégation académique à la mémoire, à l’histoire et à la citoyenneté propose aux enseignants un ensemble de ressources afin qu’ils puissent actualiser leurs connaissances sur ce sujet complexe et y puiser des éléments de contenu pédagogique.

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QUAND ABORDER LA RAFLE DU VÉL’D’HIV DANS LES PROGRAMMES SCOLAIRES ?

HISTOIRE

CM2 : thème 3 « La France, des guerres mondiales à l’Union européenne ».

Troisième : thème 1 « L’Europe, un théâtre majeur des guerres totales (1914-1945) » ; chapitre

« La deuxième guerre mondiale, une guerre d’anéantissement ».

Terminale générale et technologique, tronc commun : thème 1 « Fragilités des démocraties, totalitarismes et seconde guerre mondiale (1929-1945) » ; chapitre 3 « La seconde guerre mondiale ».

Spécialité HGGSP, terminale générale : thème 2 « Histoire et mémoires » ; chapitre « L’histoire et les mémoires du génocide des juifs et des Tsiganes ».

Terminale technologique : thème 1 « Totalitarismes, guerres et démocratie : des années 1920 à nos jours » ; chapitre « Totalitarismes et seconde guerre mondiale ».

Première professionnelle : thème 2 « Guerres européennes, guerres mondiales, guerres totales (1914-1945) ».

ENSEIGNEMENT MORAL ET CIVIQUE

« L’enseignement moral et civique vise à l’acquisition d’une culture morale et civique et d’un esprit critique qui ont pour finalité le développement des dispositions permettant aux élèves de devenir progressivement conscients de leurs responsabilités dans leur vie personnelle et sociale. […] L’EMC vise aussi une appropriation libre et éclairée par les élèves des valeurs qui fondent la République et la démocratie : le socle des valeurs communes comprend la dignité, la liberté, l’égalité – notamment entre les filles et les garçons –, la solidarité, la laïcité, l’esprit de justice, le respect et l’absence de toute forme de discrimination, c’est-à-dire les valeurs constitutionnelles de la République française, inscrites dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et dans le préambule de la Constitution de 1946. »

CM2 : « Respecter autrui ; Acquérir et partager les valeurs de la République ; Construire une culture civique ».

Collège : « Culture de la sensibilité ; Culture de la règle et du droit ; Culture du jugement ; Culture de l’engagement ».

Seconde générale et technologique : axe 2 « Garantir les libertés, étendre les libertés : les libertés en débat ».

Terminale générale et technologique : axe 1 « Fondements et expériences de la démocratie ».

Seconde professionnelle : « Liberté et démocratie ».

Première professionnelle : « Égalité et fraternité en démocratie ».

PHILOSOPHIE

Tronc commun terminale générale et technologique : perspectives abordées : « L’existence humaine et la culture », « La morale et la politique » ; notions : « l’État, la justice, le devoir, la liberté, la religion ».

Spécialité HLP terminale générale : thème : « L’Humanité en question » durant la période

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ENSEIGNEMENTS ARTISTIQUES

Pour ces enseignements artistiques, la thématique de la rafle du Vél’d’Hiv peut constituer un sujet d’étude et/ou s’inscrire dans des projets interdisciplinaires (avec l’EMC et l’histoire- géographie plus directement concernés).

Éducation musicale, cycles 3 et 4 : compétences « écouter, comparer, construire une culture musicale commune » et « réaliser des projets musicaux de création ou d’interprétation ».

Arts plastiques, cycle 3 et 4 : compétences « expérimenter, produire, créer », « se repérer dans les domaines liés aux arts plastiques, être sensible aux questions liées à l’art ».

Option Arts au lycée (enseignement facultatif ou spécialité) : « Les enseignements artistiques proposés au lycée s’inscrivent dans la continuité de ceux suivis dans le cadre de la formation générale obligatoire (arts plastiques, éducation musicale et chant choral, histoire des arts) enrichie des expériences proposées par des dispositifs d’éducation artistique et culturelle dans de nombreux domaines. »

QUELQUES PISTES PÉDAGOGIQUES

ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE

Avec les plus jeunes, une approche interdisciplinaire semble être plus appropriée pour aborder la rafle du Vél’d’Hiv.

L’étude de cet épisode peut en effet allier l’histoire (dans le cadre du chapitre sur la seconde guerre mondiale), l’enseignement moral et civique (pour aborder l’axe « Respecter autrui »), le français (pour travailler la maîtrise de l’expression orale et de la lecture) et les arts plastiques.

Les documents visuels sont bien adaptés aux écoliers. L’enseignant pourra, par exemple, partir de la bande dessinée Après la rafle afin de présenter le parcours du jeune Joseph Weismann, rescapé de la rafle du Vél’d’Hiv.

Il pourra ensuite être intéressant de mettre la bande dessinée en regard de documents d’archives visuelles (photographie de la carte d’identité avec la mention « Juif » apposée, photographie de l’étoile jaune, affiche de l’exposition « Le Juif et la France », etc.) qui permettront de faire comprendre aux élèves que l’aventure du jeune Jo s’inscrit dans une réalité historique plus large. Enfin, l’étude de la rafle du Vél’d’Hiv pourra être l’occasion de faire réfléchir les écoliers sur les notions de discrimination et d’égalité, hier et aujourd’hui. Le débat pourra se traduire par une production plastique (dessins, fresque, etc.) illustrant ces notions.

Pour les Franciliens, une approche par l’histoire locale peut être envisagée à partir de l’étude des plaques commémoratives apposées dans les écoles confrontées ensuite aux archives visuelles proposées dans le dossier.

COLLÈGE

Les collégiens, plus âgés, peuvent se confronter à des documents plus ambitieux et notamment des textes. L’étude du chapitre « La France dans la seconde guerre mondiale » prescrit de travailler sur le régime de Vichy. Il peut être intéressant de s’appuyer sur la rafle du Vél’d’Hiv pour mettre en évidence la politique antisémite et la collaboration (notamment policière)

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L’histoire locale est également recommandée quand elle est possible (en particulier en Île-de- France) : à partir des plaques commémoratives, il peut être intéressant de mener des recherches sur les élèves juifs déportés lors des rafles de 1942 sur le moteur de recherche du Mémorial de la déportation des juifs de France (stevemorse.org/france) ou sur la cartographie interactive

« Territoires et trajectoires de la déportation des juifs de France » (tetrade.huma-num.fr) LYCÉE

Au lycée, les élèves ont, normalement, acquis au collège des repères chronologiques et notionnels de base sur la Shoah et sur la rafle du Vél’d’Hiv. En effet, au lycée, les élèves sont à même de suivre une démarche historique plus fine, par une approche croisée des documents, en mettant par exemple en regard des témoignages et d’autres archives (textes juridiques, photographies). D’autre part, les lycéens doivent aussi réfléchir sur l’évolution de la mémoire de ce tragique événement. Enfin, la rafle du Vél’d’Hiv peut également être le support d’un questionnement moral et philosophique, notamment sur la notion de crime contre l’humanité.

Là encore, en plus de l’incontournable discours de Jacques Chirac sur la responsabilité de l’État français dans la déportation des juifs de France, il paraît opportun de s’appuyer sur les témoignages oraux et écrits.

QUELLES RESSOURCES UTILISER POUR LA CLASSE ?

Trois ressources disponibles en ligne sur Valeurs de la République ; Mémoire et citoyenneté reseau-canope.fr/valeurs-de-la-republique.html :

– Film d’animation La Rafle du Vél’d’Hiv du 16 au 17 juillet 1942, Réseau Canopé, 2022.

– Entretiens filmés d’Annette Wieviorka, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de l’his- toire des juifs au xxe siècle, de la Shoah et de sa mémoire : La rafle du Vél’d’Hiv et la politique de collaboration. Première partie : Premières arrestations, premières rafles. Deuxième partie : La plus grande rafle organisée sur le territoire français, Réseau Canopé, 2022.

– Entretiens filmés d’Anne-Marie Matard Bonucci, professeure d’histoire contemporaine à l’uni- versité Paris 8, spécialiste du fascisme, du totalitarisme et de l’histoire de l’antisémitisme.

L’antisémitisme : une hostilité plurielle et plurimillénaire. Première partie : Aux racines de l’antisé­

mitisme en Occident. Deuxième partie : L’antisémitisme de la Révolution française à la Shoah, Réseau Canopé, 2022.

Témoignages sur la rafle du Vél’d’Hiv de trois rescapées : Rachel Jedinak, Esther Senot et Arlette Testyler, ressource de la Délégation académique à la mémoire, à l’histoire et à la citoyenneté captation vidéo du 28 janvier 2022.

pia.ac-paris.fr/portail/jcms/p1_2537536/temoignages-sur-la-rafle-du-vel-d-hiv

RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES EN LIGNE

Mémoires de la Shoah, « Grands entretiens », INA. Cent dix témoignages accompagnés des interventions de cinq « acteurs de la mémoire » : Serge Klarsfeld, Annette Wieviorka, Pierre Truche, Claire Andrieu et Jacques Andréani qui mettent en perspective la parole des témoins.

entretiens.ina.fr/memoires-de-la-shoah

Mémorial de la Shoah : des ressources et des références nombreuses consacrées au génocide des juifs d’Europe durant la seconde guerre mondiale.

memorialdelashoah.org

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Musée-Mémorial des enfants du Vél’d’Hiv : de nombreux documents proposés par le Centre d’étude et de recherche sur les camps d’internement dans le Loiret (Cercil).

musee-memorial-cercil.fr

Serge Klarsfeld évoque les 8 000 victimes de la rafle, Lumni, mai 2012.

lumni.fr/video/le-memorial-des-enfants-juifs-deportes-de-france

Fondation pour l’histoire de la Shoah : l’actualité sur les projets qui permettent d’élargir les connaissances sur la Shoah.

fondationshoah.org

Enseigner l’histoire de la Shoah : les textes officiels, des activités pédagogiques, des conseils pour préparer des visites sur les lieux de mémoire.

enseigner-histoire-shoah.org

BIBLIOGRAPHIE COMPLÉMENTAIRE

Nouvelle Histoire de la Shoah, Bande Alexandre, Biscarat Pierre-Jérôme, Lalieu Olivier (dir.), Passés composés, 2021.

L’État contre les juifs : Vichy, les nazis et la persécution antisémite, Joly Laurent, Grasset, 2018.

Vichy-Auschwitz, de Klarsfeld Serge, Fayard, 1983.

La Grande Rafle du Vél’d’Hiv, 16 juillet 1942, Lévy Claude, Tillard Paul, coll. « Texto », Tallandier, 2020 (1re éd. 1967).

Vichy et les juifs, Marrus Michaël, Paxton Robert, Calmann-Lévy, 2015 (1re éd. 1981).

La Rafle du Vél’d’Hiv, Rajsfus Maurice, Détour, 2021 (1re éd. 2002).

Il y a soixante ans. La rafle du vélodrome d’Hiver. Le peuple de Paris solidaire des juifs, Rayski Adam, Mairie de Paris, 2012.

« Le régime de Vichy », TDC, n° 1088, Réseau Canopé, 15 janvier 2015.

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Plan du dossier documentaire

L’organisation de la rafle du Vél’d’Hiv ou la mise en œuvre de la politique antisémite du régime de Vichy et de la collaboration policière avec l’Allemagne nazie

Préambule

Les protagonistes

Le protocole de Wannsee Le recensement des juifs en France

Affiche appelant au recensement

Loi du 3 octobre 1940 portant sur le statut des juifs La discrimination administrative

Extrait du rapport Dannecker sur la « question juive » en France Le fichage des juifs par l’administration française

Exposition « Le Juif et la France »

La huitième ordonnance sur le port de l’étoile jaune en France L’étoile jaune en France

Les négociations entre autorités allemandes et françaises avant la rafle

L’entrevue de Theodor Dannecker, Helmut Knochen et René Bousquet le 4 juillet 1942 Négociations des autorités allemandes avec Pierre Laval, René Bousquet et Louis Darquier de Pellepoix

Négociations entre Karl Oberg et Pierre Laval La rafle

Circulaire du 13 juillet 1942 organisant la rafle du Vél’d’Hiv Photographie anonyme prise du Vél’d’Hiv le jour de la rafle Le bilan chiffré de la rafle

Les conditions d’arrestation, de détention et de déportation des raflés Au Vél’d’Hiv

Témoignage sur les conditions dans le Vél’d’Hiv L’évacuation du Vél’d’Hiv

Après la rafle : la déportation Les camps du Loiret

La séparation des enfants et des adultes dans les camps du Loiret L’arrivée des enfants à Drancy

Le camp de Drancy

La mémoire de la rafle du Vél’d’Hiv Une politique mémorielle tardive

Le silence imposé à la presse collaborationniste

La reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans la rafle du Vél’d’Hiv par le président Jacques Chirac en 1995

Le jardin mémorial des enfants du Vél’d’Hiv Le rôle des AMEJD

La rafle du Vél’d’Hiv dans les arts

La rafle du Vél’d’Hiv : un sujet cinématographique relativement récent Le dernier documentaire sur le sujet

La rafle du Vél’d’Hiv en bande dessinée

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L’ORGANISATION DE LA RAFLE DU VÉL’D’HIV OU LA MISE EN ŒUVRE DE LA POLITIQUE ANTISÉMITE DU RÉGIME DE VICHY ET

DE LA COLLABORATION POLICIÈRE AVEC L’ALLEMAGNE NAZIE

Préambule

LES PROTAGONISTES

AUTORITÉS FRANÇAISES AUTORITÉS ALLEMANDES

Philippe Pétain, chef de l’État français

Pierre Laval, chef du gouvernement et ministre de l’Intérieur

René Bousquet, conseiller d’État, secrétaire général de la police de Vichy

Jean Leguay, délégué en zone occupée du secrétaire général de la police, René Bousquet Amédée Bussière, préfet de police de Paris Émile Hennequin, directeur de la police municipale de Paris

Louis Darquier de Pellepoix, commissaire général aux « questions juives »

Adolf Hitler, Reichsführer (Berlin)

Heinrich Himmler, SS, chef de toutes les polices allemandes (Berlin)

Reinhard Heydrich, SS, directeur du RSHA (Office central de la sûreté du Reich), bras droit de Heinrich Himmler (Berlin)

Adolf Eichmann, SS, membre du RSHA,

chargé des « affaires juives et de l’évacuation », responsable de la logistique de la « solution finale » (Berlin)

Theodor Dannecker, chef à Paris de la section

« IV J » de la Gestapo, chargée de la « question juive »

Karl Oberg, commandant supérieur des SS en France et de la police allemande en France Helmut Knochen, adjoint direct de Karl Oberg, chef de la Police de sûreté (« Sipo ») et du Service de sûreté (« SD ») pour la France et la Belgique, de 1942 à 1944.

LE PROTOCOLE DE WANNSEE

Le 20 janvier 1942 à Berlin, Grosser Wannsee n° 56 58, a lieu la conférence de Wannsee : des dignitaires nazis se réunissent secrètement pour planifier la solution finale, c’est-à-dire la déportation de tous les juifs d’Europe vers l’est en vue, sans que le mot ne soit utilisé, de leur extermination. Le protocole de cette conférence est publié en une trentaine d’exemplaires.

Il s’agit d’un document classé secret par le Reich. Le texte précise les modalités générales de la « solution finale » et fixe un objectif de 11 millions de juifs européens à déporter. Un tableau détaille pour chaque pays le nombre de juifs concernés. En France, les estimations s’élèvent à 165 000 juifs en zone occupée et 700 000 en zone non occupée.

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Page 6 du protocole de Wannsee (exemplaire n° 16) fixant l’objectif d’une solution finale pour 11 millions de juifs européens dont 865 000 en France.

Source : PAAA, Berlin

Le recensement des juifs en France

Le 27 septembre 1940, le Militärbefehlshaber (commandement militaire) publie une première ordonnance enjoignant aux juifs de la zone Nord (français ou étrangers) de se faire recenser avant le 20 octobre. Avant la guerre, un proverbe juif disait « heureux comme un juif en France ».

La population juive vivant en France, confiante dans les institutions de ce pays, va se faire recenser car elle croit être protégée par l’État français.

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En juin 1941 a lieu le deuxième grand recensement : il concerne toutes les personnes qui sont juives selon la loi du 2 juin 1941 (c’est-à-dire le deuxième statut des juifs promulgué par le régime de Vichy). Ce recensement concerne les personnes et les biens qu’elles possèdent.

Affiche du département de Seine-et-Oise appelant au recensement des juifs au commissariat de police avant le 20 août 1941, en application de la loi du 2 juin 1941.

Source : Mémorial de la Shoah, Af511c_171

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LOI DU 3 OCTOBRE 1940 PORTANT SUR LE STATUT DES JUIFS

« Loi portant statut des juifs.

[…]

Art. 1er. – Est regardé comme juif, pour l’application de la présente loi, toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race, si son conjoint est juif.

Art. 2. – L’accès et l’exercice des fonctions publiques et mandats énumérés ci-après sont interdits aux juifs :

1. Chef de l’État, membre du Gouvernement, conseil d’État, conseil de l’Ordre national de la Légion d’honneur, cour de cassation, cour des comptes, corps des mines, corps des ponts et chaussées, inspection générale des finances, cours d’appel, tribunaux de première instance, justice de paix, toutes juridictions d’ordre professionnel et toutes assemblées issues de l’élection.

2. Agents relevant du département des affaires étrangères, secrétaires généraux des départements ministériels, directeurs généraux, directeurs des administrations centrales des ministères, préfets, sous-préfets, secrétaires généraux des préfectures, inspecteurs généraux des services administratifs au ministère de l’intérieur, fonctionnaires de tous grades attachés à tous services de police.

3. Résidents généraux, gouverneurs généraux, gouverneurs et secrétaires généraux des colonies, inspecteurs des colonies.

4. Membres des corps enseignants.

5. Officiers des armées de terre, de mer et de l’air.

6. Administrateurs, directeurs, secrétaires généraux dans les entreprises bénéficiaires de concessions ou de subventions accordées par une collectivité publique, postes à la nomination du Gouvernement dans les entreprises d’intérêt général.

Art. 3. – L’accès et l’exercice de toutes les fonctions publiques autres que celles énumérées à l’article 2 ne sont ouverts aux juifs que s’ils peuvent exciper de l’une des conditions suivantes : a) Être titulaire de la carte de combattant de 1914-1918 ou avoir été cité au cours de la campagne de 1914-1918 ;

b) Avoir été cité à l’ordre du jour au cours de la campagne 1939-1940 ;

c) Être décoré de la Légion d’honneur à titre militaire ou de la médaille militaire.

[…]

Art. 8. – Par décret individuel pris en conseil d’État et dûment motivé, les juifs qui, dans les domaines littéraire, scientifique, artistique, ont rendu des services exceptionnels à l’État français, pourront être relevés des interdictions prévues par la présente loi. »

Source : Journal officiel de la République française, Lois et décrets (imprimé à Vichy) n° 0266 du 18/10/1940, Legifrance

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Projet de loi portant statut des juifs annoté de la main de Philippe Pétain pour durcir encore les conditions d’exclusion des juifs dans la fonction publique. Loi édictée le 3 octobre 1940.

Source : Mémorial de la Shoah, Paris (France)

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LA DISCRIMINATION ADMINISTRATIVE

Le premier statut des juifs est établi par le gouvernement de Vichy le 3 octobre 1940. Il exclut les juifs de tous les postes de la fonction publique, de la presse et du cinéma, leur interdit des professions libérales et proclame la notion de « race » juive, désormais inscrite sur les cartes d’identité, alors que l’ordonnance allemande du 27 septembre ne fait référence qu’à la « religion juive ».

Carte d’identité de Léon Glaeser.

Source : Mémorial de la Shoah, Paris (France)

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EXTRAIT DU RAPPORT DANNECKER SUR LA « QUESTION JUIVE » EN FRANCE

« En novembre 1940, un collaborateur de notre section aux questions juives a été délégué à la préfecture de police de Paris en qualité de représentant permanent de la section. À la suite de notre pression, un fichier juif complet et constamment tenu à jour a été constitué dans les plus brefs délais [il s’agit du fichier Tulard]. Ce fichier se subdivise en [un] fichier simplement alphabétique, les juifs de nationalités française et étrangère ayant respectivement des fiches de couleur différentes, et des fichiers professionnels par nationalité et par rue. »

Rapport, daté du 1er Juillet 1941, du SS-Obersturmführer Theodor Dannecker de la Sipo-SD France à Paris, intitulé « La question juive en France et son traitement ».

Source : Mémorial de la Shoah, XXVI-1

LE FICHAGE DES JUIFS PAR L’ADMINISTRATION FRANÇAISE

Les arrestations de juifs en France sont facilitées par le fichage réalisé par l’administration française. À partir de 1940, les services de la préfecture de police de Paris, sous la direction d’André Tulard, réalisent deux fichiers avec les renseignements collectés à l’occasion des deux recensements de 1940 et 1941. Un « fichier familial » ou « grand fichier » dactylographié répertorie tous les membres d’une même famille et un « fichier individuel » ou « petit fichier » est constitué de fiches manuscrites (beiges ou orange pour les étrangers, bleues pour les Français), précisant le nom, la nationalité, le domicile et la profession de la personne. Un fichier d’enfants (beige avec un bandeau de couleur) est également constitué. En plus du fichier de la préfecture de police de Paris, il existe des fichiers réalisés par l’administration des camps de Beaune-la Rolande, Pithiviers et Drancy. L’ensemble de ces fichiers constitue ce que l’on appelle communément le « fichier juif ». Après la Libération, une circulaire du 6 décembre 1946 ordonne la destruction de « toutes les pièces fondées sur une discrimination de caractère racial ». Le pilonnage du fichier débute en 1948 mais est interrompu : ce qu’il reste est transféré au ministère des anciens combattants et victimes de guerre pour servir à établir les droits des déportés ou de leur famille. En 1991, Serge Klarsfeld retrouve sa trace. Il devient alors la propriété des Archives nationales et est déposé en 1997 dans la crypte du Mémorial de la Shoah.

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Fiche individuelle de Josef Fryling, juif polonais.

Selon le Mémorial de la déportation des juifs de France, Josef Fryling a été arrêté avant la rafle du Vél’d’Hiv, interné au camp de Beaune-la Rolande, puis déporté par le convoi n° 5 du 28 juin 1942.

Il n’a pas survécu.

Source : Archives nationales, F/9/5756/3

Fiche d’internement d’Icek Papiernik, juif polonais interné à Beaune-la-Rolande.

Selon le Mémorial de la déportation des juifs de France, Icek Papiernick a été arrêté avant la rafle du Vél’d’Hiv, interné à Beaune-la-Rolande puis déporté par le convoi n° 5 du 28 juin 1942.

Il n’a pas survécu.

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Fiche individuelle de Ginette Raszewska née en France à Paris le 4 juillet 1939.

Selon la base de données de Yad Vashem et le Mémorial de la déportation des juifs de France, Ginette Raszewska est née à Paris et a donc la nationalité française. Sa famille est d’origine polonaise et vit au 6 impasse Letort, dans le 18e arrondissement quand elle est raflée en juillet 1942. Internées à Pithiviers, Ginette et sa sœur Marie (14 ans) sont transférées à Drancy pour être déportées et assassinées à Auschwitz-Birkenau par le convoi 21 du 19 août 1942.

Ginette était âgée de 3 ans.

Source : Archives nationales, F/9/5747_268736_L

Fiche individuelle de Joseph Rappel né à Paris le 12 février 1930.

Selon la base de données de Yad Vashem et le Mémorial de la déportation des juifs de France, Joseph Rappel est français car né en France. Il est le fils de Henri et Esther Rappel, originaires

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EXPOSITION « LE JUIF ET LA FRANCE »

Du 5 septembre 1941 au 5 janvier 1942, l’exposition intitulée « Le Juif et la France » se tient au palais Berlitz, situé dans le deuxième arrondissement de Paris, près de l’Opéra. L’événement est financé et organisé par l’Institut d’étude des questions juives, une association privée créée en mai 1941 avec le soutien du bureau de la Propagande allemande (Propagandastaffel) et placée, dans les faits, sous le contrôle direct de l’occupant nazi.

Affiche de l’exposition « Le Juif et la France », réalisée par René Péron, 1941.

Source : Collection La Contemporaine, LC_AFF_030311_01

LA HUITIÈME ORDONNANCE SUR LE PORT DE L’ÉTOILE JAUNE EN FRANCE

« Il est interdit aux juifs, dès l’âge de six ans révolus, de paraître en public sans porter l’étoile juive.

L’étoile juive est une étoile à six pointes ayant les dimensions de la paume de la main et les contours noirs. Elle est en tissu jaune et porte, en caractères noirs, l’inscription JUIF.

Elle devra être portée bien visiblement sur le côté gauche de la poitrine, solidement cousue sur le vêtement. »

Article 1er « Insigne des juifs », huitième ordonnance allemande du 29 mai 1942 concernant le port de l’étoile jaune.

Source : Mémorial de la Shoah, CDXXVIII-82

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L’ÉTOILE JAUNE EN FRANCE

Étoile jaune portée par Claude Szenker.

Source : Mémorial de la Shoah, MCXI_852

Les négociations entre autorités allemandes et françaises avant la rafle

L’ENTREVUE DE THEODOR DANNECKER, HELMUT KNOCHEN ET RENÉ BOUSQUET LE 4 JUILLET 1942

« Le président Laval a proposé que, lors de l’évacuation des familles juives de zone non occupée, les enfants de moins de seize ans soient emmenés eux aussi. Quant aux enfants juifs qui resteraient en zone occupée, la question ne l’intéresse pas.

Je demande donc une décision urgente, par télex, pour savoir si, par exemple, à partir du quinzième convoi de juifs partant de France, nous pouvons également inclure des enfants de moins de seize ans. Pour finir, je fais remarquer qu’à ce jour nous n’avons abordé que la question des juifs apatrides ou étrangers pour démarrer l’action. Dans la seconde phase, nous passerons aux juifs naturalisés après 1919 ou 1927 en France. »

Lettre, datée du 6 juillet 1942, du SS-Hauptsturmführer Theodor Dannecker de la Sipo-SD de Paris, adressée au Reichssicherheitshauptamt, concernant l’expulsion des juifs hors des zones occupées et non occupées de France avec l’accord du président Laval.

Source : Mémorial de la Shoah, XLIX 35

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NÉGOCIATIONS DES AUTORITÉS ALLEMANDES AVEC PIERRE LAVAL, RENÉ BOUSQUET ET LOUIS DARQUIER DE PELLEPOIX

« Des négociations avec le premier ministre Laval, le secrétaire d’État à la police Bousquet et le commissaire aux affaires juives Darquier de Pellepoix, ont donné les résultats suivants : seront arrêtés tous les juifs apatrides des deux sexes, âgés de 16 à 45 ans, se trouvant en zone occupée et en zone non occupée, à condition qu’ils ne vivent pas en mariage mixte. Cela donnera, en zone occupée, un chiffre d’environ 22 000. Il reste encore à voir combien de juifs correspondent à ce critère en zone non occupée. Cette solution a également eu l’approbation du maréchal Pétain, chef de l’État et du conseil des ministres. […] La surveillance des convois, en zone occupée sera assurée par la gendarmerie française. »

Lettre, datée du 7 juillet 1942, du SS-Hauptsturmführer Dannecker du service IV J de la Sipo-SD France à Paris, contresigné par le SS-Standartenführer Knochen, adressée au Militärbefehlshaber in Frankreich, au Kommandant von Gross-Paris et à l’ambassade d’Allemagne, au sujet de la déportation de juifs de la zone occupée et de la zone libre dans le cadre de la solution finale.

Source : Mémorial de la Shoah, XXVb-52

NÉGOCIATIONS ENTRE KARL OBERG ET PIERRE LAVAL

« La question juive a fait l’objet d’un échange de vue entre le chef de Gouvernement et le général Oberg. […] Dans un souci d’humanité, le chef du Gouvernement a obtenu – contrairement aux premières propositions allemandes – que les enfants, y compris ceux moins de 16 ans, soient autorisés à accompagner leurs parents. »

Extrait du compte rendu du conseil des ministres du 10 juillet 1942, présidé par le maréchal Pétain.

Source : Serge Klarsfeld, Vichy­Auschwitz, Fayard, 1983, p. 242

La rafle

CIRCULAIRE DU 13 JUILLET 1942 ORGANISANT LA RAFLE DU VÉL’D’HIV

« Paris, le 13 Juillet 1942, Circulaire n° 173­42

À Messieurs les Commissaires Divisionnaires, Commissaires de Voie Publique et des Circons­

criptions de Banlieue. [...]

Les Autorités Occupantes ont décidé l’arrestation et le rassemblement d’un certain nombre de juifs étrangers. La mesure dont il s’agit ne concerne que les juifs des nationalités suivantes : Allemands, Autrichiens, Polonais, Tchécoslovaques, Russes (réfugiés ou soviétiques, c’est­à­dire

« blancs » ou « rouges »), Apatrides, c’est­à­dire de nationalité indéterminée. Elle concerne tous les juifs des nationalités ci­dessus, quel que soit leur sexe, pourvu qu’ils soient âgés de 16 à 60 ans (les femmes de 16 à 55 ans). Les enfants de moins de 16 ans seront emmenés en même temps que les parents. Vous constituerez des équipes d’arrestation. Chaque équipe sera composée d’un gardien en tenue et d’un gardien en civil ou d’un inspecteur des Renseignements généraux ou de la Police Judiciaire. [...] Les équipes chargées des arrestations devront procéder avec le plus de rapidité possible, sans paroles inutiles et sans commentaires.

En outre, au moment de l’arrestation, le bien­fondé ou le mal­fondé de celle­ci n’a pas à être discuté. C’est vous qui serez responsables des arrestations et examinerez les cas litigieux qui devront vous être signalés. [...] Des autobus, dont le nombre est indiqué plus loin, seront mis à votre disposition. Lorsque vous aurez un contingent suffisant pour remplir un autobus, vous dirigerez : – sur le Camp de Drancy : les individus ou familles n’ayant pas d’enfants de moins

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de 16 ans ; – sur le vélodrome d’Hiver : les autres. Vous dirigerez alors les autobus restants sur le vélodrome d’Hiver. [...] Tableau récapitulatif des fiches d’arrestations : Paris : 25 334 ; banlieue : 2 057 ; total : 27 391. Le Directeur de la Police municipale, Hennequin. »

Circulaire n° 173-42, datée du 13 juillet 1942, adressée aux commissaires divisionnaires, commis- saires de voies publiques et des circonscriptions de banlieue concernant « l’arrestation et le rassemblement d’un certain nombre de juifs étrangers décidés par les autorités occupantes » et signée d’Hennequin, directeur de la police municipale.

Source : Mémorial de la Shoah, XX-14a

PHOTOGRAPHIE ANONYME PRISE DU VÉL’D’HIV LE JOUR DE LA RAFLE

Les autobus et voitures de police ayant servi à transporter les juifs au vélodrome d’Hiver lors de la rafle, garés devant le stade, Paris 15e arrondissement, 16 juillet 1945.

Source : Mémorial de la Shoah, CIII_45b

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LE BILAN CHIFFRÉ DE LA RAFLE

Bilan chiffré de la rafle du Vél’d’Hiv, 20 juillet 1942.

Source : Archives de la Préfecture de police de Paris, série BA-1817, dossier B51-7

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LES CONDITIONS D’ARRESTATION, DE DÉTENTION ET DE DÉPORTATION DES RAFLÉS

Au Vél’d’Hiv

TÉMOIGNAGE SUR LES CONDITIONS DE DÉTENTION DANS LE VÉL’D’HIV

« Au Vél’d’Hiv, 12 000 juifs sont parqués, c’est quelque chose d’horrible, de démoniaque, quelque chose qui vous prend à la gorge et vous empêche de crier. Je vais essayer de te décrire le spectacle, mais ce que tu vois déjà, multiplie­le par mille, et tu n’auras seulement qu’une partie de la vérité.

En entrant, tu as d’abord le souffle coupé par l’atmosphère empuantie, et tu te trouves dans ce grand vélodrome noir de gens entassés les uns contre les autres, certains avec de gros ballots déjà salis, d’autres sans rien du tout. Ils ont à peu près un mètre carré d’espace chacun quand ils sont couchés. Les quelques W­C qu’il y a au Vél’d’Hiv (tu sais combien ils sont peu nombreux) sont bouchés ; personne pour les remettre en état. Tout le monde est obligé de faire ses déjections le long des murs. Au rez­de­chaussée sont les malades. Les bassins restent pleins à côté d’eux, car on ne sait pas où les vider. Quant à l’eau, depuis que je suis là­bas, je n’ai vu que deux bouches d’eau (comme sur les trottoirs), auxquelles on a adapté un tuyau de caoutchouc. Inutile de te décrire la bousculade. Résultat : les gens ne boivent pas, ne peuvent pas se laver. Le ravitaillement : une louche de lait par enfant de moins de neuf ans (et encore tous n’en ont pas), deux tartines épaisses de 2 cm de gros pain pour toute la journée (et encore tous n’en ont pas) ; une louche de nouilles ou de purée pour les repas (et encore tous n’arrivent pas à en avoir). Cela va encore, car les gens ont des provisions de chez eux, mais d’ici quelques jours, je ne réponds plus de rien.

L’état d’esprit des gens, de ces hommes, femmes et enfants entassés là est indescriptible. Des hurlements hystériques, des cris : “Libérez­nous !“, des tentatives de suicide. Il y a des femmes qui veulent se jeter du haut des gradins ; elles se précipitent sur toi : “tuez­nous, mais ne nous laissez pas ici“, “une piqûre pour mourir, je vous en supplie“, et tant d’autres, et tant d’autres. On voit ici des tuberculeux, des infirmes, des enfants qui ont la rougeole, la varicelle. Les malades sont au rez­de­chaussée ; au milieu se trouve le centre de la Croix­Rouge. Là, pas d’eau courante, pas de gaz. Les instruments, le lait, les bouteilles pour les tout­petits (il y en a qui ont treize mois), tout est chauffé sur des réchauds à métal ou à alcool. Pour faire une piqûre, on met des heures.

L’eau est apportée dans des laitières plus ou moins propres. On tire l’eau avec des louches. Il y a trois médecins pour 15 000 personnes et un nombre insuffisant d’infirmières. La plupart des internés sont malades (on est même allé chercher les opérés de la veille dans les hôpitaux, d’où éventrations, hémorragies… J’ai vu aussi un aveugle et une femme enceinte). Le corps sanitaire ne sait où donner de la tête ; de plus, le manque d’eau nous paralyse complètement et nous fait négliger totalement l’hygiène. On craint une épidémie. Pas un seul Allemand ! Ils ont raison. Ils se feraient écharper. Quels lâches de faire faire leur sale besogne par des Français ! Ce sont des gardes mobiles et des jeunes des “chantiers de jeunesse” qui font le service d’ordre. Inutile de te dire ce qu’ils pensent. Nous – assistantes sociales et infirmières – avons reçu comme consigne de nos monitrices : “Surtout ne racontez rien de ce qui se passe ici.” C’est ignoble. On voudrait faire silence autour de ce crime épouvantable. Mais non, nous ne le permettrons pas. Il faut qu’on le sache. Il faut que tout le monde soit au courant de ce qui se passe ici. »

Extrait d’une lettre d’une assistante sociale (nom inconnu) à son père.

Source : Adam Rayski, Il y a soixante ans. La Rafle du vélodrome d’Hiver. Le Peuple de Paris solidaire des juifs, Mairie de Paris, 2005, p. 40-41

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L’ÉVACUATION DU VÉL’D’HIV

Rapport de la DAPG (Direction des affaires administratives de Police générale), 22 juillet 1942.

Source : Archives de la Préfecture de police de Paris, série BA-1817, dossier B51-6

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Note sur l’évacuation du Vél’d’Hiv, 22 juillet 1942.

Source : Archives de la Préfecture de police de Paris, série BA-1817, dossier B51-7

Après la rafle : la déportation LES CAMPS DU LOIRET

« Du 19 au 22 juillet, les familles arrêtées lors de la rafle du Vél’d’Hiv, surtout des mères et leurs enfants, sont transférées de la gare d’Austerlitz à Pithiviers et Beaune­la­Rolande dans des wagons à bestiaux. En quelques jours, 7 600 personnes, dont 4 000 enfants, s’entassent dans les baraques. » Citation Cercil-Musée mémorial des enfants du Vél’d’Hiv : musee-memorial-cercil.fr/ete-1942- pithiviers-beaune/

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Camp d’internement de Beaune-la-Rolande, Loiret, 1941.

Source : Mémorial de la Shoah, CIII_401

LA SÉPARATION DES ENFANTS ET DES ADULTES DANS LES CAMPS DU LOIRET

« Il y a trois jours, nous étions 4 900, maintenant, nous sommes de nouveau 1 140 de moins (depuis le 30 juillet) […] On a pris tous les hommes et les femmes qui étaient là sans enfant, des garçons âgés de 14­15 ans sont partis avec le père, d’autres sont restés, des mères ont été arrachées aux enfants et mises dans le convoi. Les gendarmes avec une douce brutalité.

Les inspecteurs qui fouillaient les bagages avec un vandalisme indescriptible. Le camp est rempli de duvet. Tous les édredons et les oreillers des partants ou ceux laissés par eux ont été éventrés pour y rechercher de l’argent et des bijoux. »

Extrait de la lettre de Joseph Wertheim, interné au camp de Pithiviers à partir du 14 mai 1941 et déporté le 23 septembre 1942 (1er août 1942)

Source : Éric Conan, Sans oublier les enfants, © Éditions Grasset & Fasquelle, 1991

« Tout le monde s’est rassemblé au milieu du camp. Les enfants s’accrochaient aux mères, les tiraient par leurs robes. À coups de crosses, de matraques, de jets d’eau glacée, on a voulu nous séparer. C’était une bousculade sauvage, des cris, des pleurs, des hurlements de douleur […]

Puis soudain, un grand silence. D’un côté, des centaines d’enfants, de l’autre les mères et les plus grands. Au milieu, les gendarmes donnant des ordres brefs.

Michel et moi, nous tenant par la main, sans bouger, des larmes séchant sur nos visages, nous regardons maman, immobile, au premier rang du groupe qui nous fait face.

De loin, je vois son sourire, son regard tendre. Sa main ébauche un salut.

On emmena le groupe et nous sommes restés seuls. »

Source : Annette Muller, La Petite Fille du Vél’d’Hiv, Orléans, éditions du Cercil, 2009

(25)

L’ARRIVÉE DES ENFANTS À DRANCY

Voir le dessin de Georges Horan, Arrivée des enfants internés au camp de Drancy, à la gare du Bourget­Drancy, Seine-Saint-Denis, 1945, sur le site du Mémorial de la Shoah.

ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=id:372836 LE CAMP DE DRANCY

Les 16 et 17 juillet, les personnes seules et les couples sans enfants sont envoyés à Drancy.

Les familles sont enfermées au vélodrome d’Hiver à Paris. Entre le 19 et le 22 juillet, elles sont transférées dans les camps du Loiret, à Pithiviers et à Beaune-la-Rolande. Fin juillet, début août, les adultes seuls sont progressivement transférés à Drancy puis déportés à Auschwitz. 3 000 enfants sont alors brutalement séparés de leurs proches car Berlin n’a pas encore autorisé leur déportation, demandée par Laval. L’accord est donné le 13 août. 4 464 internés du Loiret, dont 3 081 enfants, sont alors convoyés à Drancy et, pour le plus grand nombre, aussitôt déportés et assassinés à Auschwitz.

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LA MÉMOIRE DE LA RAFLE DU VÉL’D’HIV

Une politique mémorielle tardive

LE SILENCE IMPOSÉ DANS LA PRESSE COLLABORATIONNISTE

« À plusieurs reprises, la presse française a fait, dès le 16 juillet 1942, des démarches auprès du service de la propagande et a exprimé le souhait de rendre compte de la rafle. On a fait savoir au service de propagande que, pour l’instant et jusqu’à nouvel ordre, il fallait s’abstenir de tout article de presse relatant l’action. Comme d’autres actions sont prévues pour plus tard, le mieux sera alors de ne faire paraître dans la presse que des articles à caractère très général, dont le contenu sera obligatoirement convenu à l’avance avec le service de la propagande. Ces articles pourraient s’attacher à montrer l’arrogance dont la juiverie, loin de s’amender, continuerait à faire preuve, aujourd’hui comme hier, d’une arrogance telle qu’elle aurait rendu nécessaire le recours à des mesures énergiques. Ils indiqueraient que pour l’essentiel, on a arrêté des juifs qui se livrent de manière impertinente au marché noir, qui falsifient des passeports et des cartes d’identité, qui se rendent continuellement coupables de corruption de trafics importants et de toutes sortes d’autres délits. »

Lettre, datée du 18 juillet 1942, du SS-Obersturmführer Heinz Röthke, adressée au SS-Ober- sturmbannführer Kurt Lischka, au SS-Standartenführer Docteur Helmuth Knochen et au SS-Brigadeführer Karl-Albrecht Oberg, concernant le transfert de juifs et de leurs enfants arrêtés lors des rafles du 16 juillet 1942 et du 17 juillet 1942 vers les camps d’internement de Pithiviers, Beaune-La-Rolande, du vélodrome d’Hiver et de Drancy.

Source : Mémorial de la Shoah, XLIX-67

LA RECONNAISSANCE DE LA RESPONSABILITÉ DE L’ÉTAT FRANÇAIS DANS LA RAFLE DU VÉL’D’HIV PAR LE PRÉSIDENT JACQUES CHIRAC EN 1995

« Dimanche 16 juillet 1995

Monsieur le Maire, Monsieur le Président, Monsieur l’Ambassadeur, Monsieur le Grand Rabbin, Mesdames, Messieurs,

Il est, dans la vie d’une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l’idée que l’on se fait de son pays. Ces moments, il est difficile de les évoquer, parce que l’on ne sait pas toujours trouver les mots justes pour rappeler l’horreur, pour dire le chagrin de celles et ceux qui ont vécu la tragédie. Celles et ceux qui sont marqués à jamais dans leur âme et dans leur chair par le souvenir de ces journées de larmes et de honte. Il est difficile de les évoquer, aussi, parce que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions.

Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français.

Il y a cinquante­trois ans, le 16 juillet 1942, 450 policiers et gendarmes français, sous l’autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis.

Ce jour­là, dans la capitale et en région parisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police.

On verra des scènes atroces : les familles déchirées, les mères séparées de leurs enfants, les vieillards – dont certains, anciens combattants de la Grande Guerre, avaient versé leur sang pour la France – jetés sans ménagement dans les bus parisiens et les fourgons de la préfecture de police.

On verra, aussi, des policiers fermer les yeux, permettant ainsi quelques évasions. Pour toutes ces personnes arrêtées, commence alors le long et douloureux voyage vers l’enfer.

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Combien d’entre­elles ne reverront jamais leur foyer ? Et combien, à cet instant, se sont senties trahies ? Quelle a été leur détresse ?

La France, patrie des Lumières et des Droits de l’homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour­là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux.

Conduites au vélodrome d’Hiver, les victimes devaient attendre plusieurs jours, dans les conditions terribles que l’on sait, d’être dirigées sur l’un des camps de transit – Pithiviers ou Beaune­la­

Rolande – ouverts par les autorités de Vichy. L’horreur, pourtant, ne faisait que commencer.

Suivront d’autres rafles, d’autres arrestations. À Paris et en province. Soixante­quatorze trains partiront vers Auschwitz. Soixante­seize mille déportés juifs de France n’en reviendront pas.

Nous conservons à leur égard une dette imprescriptible.

La Thora fait à chaque juif devoir de se souvenir. Une phrase revient toujours qui dit : “N’oublie jamais que tu as été un étranger et un esclave en terre de Pharaon”. Cinquante ans après, fidèle à sa loi, mais sans esprit de haine ou de vengeance, la communauté juive se souvient, et toute la France avec elle.

Pour que vivent les six millions de martyrs de la Shoah. Pour que de telles atrocités ne se reproduisent jamais plus. Pour que le sang de l’holocauste devienne, selon le mot de Samuel Pisar, le “sang de l’espoir”. Quand souffle l’esprit de haine, avivé ici par les intégrismes, alimenté là par la peur et l’exclusion.

Quand à nos portes, ici même, certains groupuscules, certaines publications, certains ensei­

gnements, certains partis politiques se révèlent porteurs, de manière plus ou moins ouverte, d’une idéologie raciste et antisémite, alors cet esprit de vigilance qui vous anime, qui nous anime, doit se manifester avec plus de force que jamais. En la matière, rien n’est insignifiant, rien n’est banal, rien n’est dissociable. Les crimes racistes, la défense de thèses révisionnistes, les provocations en tout genre – les petites phrases, les bons mots – puisent aux mêmes sources.

Transmettre la mémoire du peuple juif, des souffrances et des camps. Témoigner encore et encore.

Reconnaître les fautes du passé, et les fautes commises par l’État. Ne rien occulter des heures sombres de notre histoire, c’est tout simplement défendre une idée de l’homme, de sa liberté et de sa dignité. C’est lutter contre les forces obscures, sans cesse à l’œuvre.

Cet incessant combat est le mien autant qu’il est le vôtre. Les plus jeunes d’entre nous, j’en suis heureux, sont sensibles à tout ce qui se rapporte à la Shoah. Ils veulent savoir. Et avec eux, désormais, de plus en plus de Français décidés à regarder bien en face leur passé. La France, nous le savons tous, n’est nullement un pays antisémite. En cet instant de recueillement et de souvenir, je veux faire le choix de l’espoir. Je veux me souvenir que cet été 1942, qui révèle le vrai visage de la “collaboration”, dont le caractère raciste, après les lois anti­juives de 1940, ne fait plus de doute, sera, pour beaucoup de nos compatriotes, celui du sursaut, le point de départ d’un vaste mouvement de résistance.

Je veux me souvenir de toutes les familles juives traquées, soustraites aux recherches impitoyables de l’occupant et de la milice, par l’action héroïque et fraternelle de nombreuses familles françaises. J’aime à penser qu’un mois plus tôt, à Bir Hakeim, les Français libres de Koenig avaient héroïquement tenu, deux semaines durant, face aux divisions allemandes et italiennes. Certes, il y a les erreurs commises, il y a les fautes, il y a une faute collective.

Mais il y a aussi la France, une certaine idée de la France, droite, généreuse, fidèle à ses traditions, à son génie. Cette France n’a jamais été à Vichy. Elle n’est plus, et depuis longtemps, à Paris. Elle est dans les sables libyens et partout où se battent des Français libres. Elle est à Londres, incarnée par le général de Gaulle. Elle est présente, une et indivisible, dans le cœur de ces Français, ces

“Justes parmi les nations” qui, au plus noir de la tourmente, en sauvant au péril de leur vie, comme l’écrit Serge Klarsfeld, les trois­quarts de la communauté juive résidant en France, ont donné vie à ce qu’elle a de meilleur.

(28)

Les valeurs humanistes, les valeurs de liberté, de justice, de tolérance qui fondent l’identité française et nous obligent pour l’avenir. Ces valeurs, celles qui fondent nos démocraties, sont aujourd’hui bafouées en Europe même, sous nos yeux, par les adeptes de la “purification ethnique”.

Sachons tirer les leçons de l’histoire.

N’acceptons pas d’être les témoins passifs, ou les complices, de l’inacceptable. C’est le sens de l’appel que j’ai lancé à nos principaux partenaires, à Londres, à Washington, à Bonn. Si nous le voulons, ensemble nous pouvons donner un coup d’arrêt à une entreprise qui détruit nos valeurs et qui, de proche en proche risque de menacer l’Europe tout entière. »

Allocution de Jacques Chirac, président de la République, prononcée lors des cérémonies commémorant la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942.

Source : Fondation pour la mémoire de la Shoah

Photographie du président Jacques Chirac, le 16 juillet 1995

Source : Mémorial de la Shoah

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LE JARDIN MÉMORIAL DES ENFANTS DU VÉL’D’HIV

« Inauguré le 16 juillet 2017 à l’occasion du 75e anniversaire de la rafle du Vél’d’Hiv, ce jardin a été créé à l’initiative de Serge Klarsfeld et de la Commission du souvenir du CRIF.

Gardien de la mémoire des 4 115 enfants raflés les 16 et 17 juillet 1942, séparés de leurs parents, déportés et exterminés dans le camp d’Auschwitz­Birkenau, il est situé à l’endroit où s’élevait le vélodrome d’Hiver.

Lieu de recueillement, il accueille le mur du souvenir où sont inscrits les noms et les âges de ces milliers d’enfants.

Lieu de mémoire, le jardin mémorial des enfants du Vél’d’Hiv nous invite à s’incliner devant le souvenir de ces enfants, arrêtés par le gouvernement de Vichy complice de l’occupant nazi, assassinés dans les camps de la mort parce qu’ils étaient juifs.

Ce jardin composé de plantes grimpantes (clématites) et de vivaces (carex, iris, pulmonaria) a été cédé à la Ville de Paris en 2019. »

Source : « Présentation », Jardin mémorial des enfants du Vél’d’hiv, paris.fr

LE RÔLE DES AMEJD

Les associations pour la mémoire des enfants juifs déportés (AMEJD) œuvrent à des fins éducatives depuis 1997 à l’historiographie, à la commémoration et à la diffusion du souvenir des enfants juifs déportés de France durant l’Occupation. Parmi leurs actions notoires, on peut citer l’initiative avec la mairie de Paris, de la création en 2017, au cimetière du père Lachaise d’un monument à la mémoire des 11 450 enfants victimes de la Shoah déportés de France. Ce sont aussi les AMEJD qui ont aidé à la réalisation des plaques commémoratives apposées dans les écoles parisiennes.

Voir par exemple le site de l’AMEJD Paris 12e : amejd12.net/2017/10/15/le-monument-aux-enfants- parisiens-victimes-de-la-shoah/

La rafle du Vél’d’Hiv dans les arts

LA RAFLE DU VÉL’D’HIV : UN SUJET CINÉMATOGRAPHIQUE RELATIVEMENT RÉCENT

« Avant de devenir un lieu de tragique mémoire, le vélodrome d’Hiver est longtemps resté, dans l’esprit des gens, attaché à sa fonction, celle d’un haut lieu de manifestations sportives. Pendant plusieurs décennies, l’épisode de l’été 1942 a fait figure de “trou de mémoire“ dans l’histoire du grand stade. Quant à l’image de la rafle, elle ne s’est construite que lentement et tardivement, en particulier parce qu’il n’y avait pas de photographies de l’événement ni, du moins jusque dans les années 1970, de représentations cinématographiques.

En effet, si la rafle se trouve discrètement évoquée dans deux courts­métrages au tournant des années 1960, il faut attendre 1974 pour qu’elle occupe pour la première fois une place centrale dans un film, Les Guichets du Louvre, avant d’être représentée dans Monsieur Klein en 1976.

Pour son cinquantenaire, en 1992, elle fait l’objet d’un documentaire réalisé pour la télévision qui lui est entièrement consacré : Opération “Vent printanier”. S’y ajoutent trois productions pédagogiques éphémères. Près de vingt ans plus tard, en 2010, une bouffée de mémoire semble ressurgir au cinéma avec deux fictions, très différentes l’une de l’autre : La Rafle, de Rose Bosch, et Elle s’appelait Sarah, de Gilles Paquet­Brenner d’après le roman de Tatiana de Rosnay.

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Le corpus est bien maigre, ce qui est en soi significatif. Mais malgré ces grands écarts de temps entre les films (ou peut­être grâce à eux), il permet d’appréhender l’évolution de la perception de l’événement en lien avec le “climat” social et historique du moment. Il permet de voir comment s’est constituée et transformée la mémoire de ce lieu et, de fait, celle de la grande arrestation de l’été 1942. Le cinéma, tout en témoignant de cette évolution, aura certainement contribué à construire notre imaginaire actuel qui fait des 16 et 17 juillet 1942 le seul événement que le nom de Vél’d’Hiv évoque immédiatement. […]

Réjouissons­nous que différents points de vue et, en conséquence, un débat potentiel puissent enfin surgir à propos de la représentation au cinéma d’une question aussi douloureuse pour la conscience nationale et aussi délicate à porter à l’écran. Quand on sait le poids de l’image cinématographique sur les représentations mentales et son impact sur la constitution d’une mémoire collective, on en mesure toute la portée. »

Source : Claudine Drame, « Le Vél’d’Hiv au cinéma », Revue d’Histoire de la Shoah, vol. 195, n° 2, 2011, pp. 239-254

LE DERNIER DOCUMENTAIRE SUR LE SUJET

« S’appuyant sur une historiographie éprouvée et fort du témoignage des derniers survivants (Annette, 12 ans en 1942, traînée dans la rue dès l’aube ; Jozef, 11 ans, emmené avec sa sœur et ses parents ; Rachel, 8 ans, dénoncée par sa concierge), ce film narre à la manière d’une autopsie les événements qui menèrent la France à écrire l’une des pages les plus sombre de son histoire. » Présentation du documentaire de Fabrice Buysschaert, La Rafle du Vél’d’Hiv : l’histoire révélée, 2021.

Source : Fondation pour la mémoire de la Shoah LA RAFLE DU VÉL’D’HIV EN BANDE DESSINÉE

Arnaud Delalande (scénario), Laurent Bidot (dessin) et Clémence Jollois (couleurs), Après la rafle.

Une histoire vraie, d’après le livre de Joseph Weismann, Les Arènes BD, 2022.

Trois planches visibles sur actuabd.com

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