LA C U L T U R E DE L'IVRESSE
Véronique jN ahoum-Grappe
LA CULTURE DE L'IVRESSE
Essai de phénoménologie historique
Quai Voltaire
Quai Voltaire Histoire collection dirigée par
Julia Csergo
Photo de couverture :
À la bonne bouteille, enseigne de marchand de vins Lauros-Giraudon
@ QUAI VOLTAIRE, PARIS, 1991
Aux amis
I N T R O D U C T I O N
Objet et méthode
Interroger le thème de l'ivresse sous toutes ses facettes n'est pas une entreprise qui vise à l'ex- haustivité. Nous proposons ici des pistes, des hypo- thèses qui resteront à conforter par des travaux ultérieurs.
L'unité de cet objet est donc thématique, à savoir l'ivresse et la constellation de significations ou d'images qui lui sont associées dans notre culture : étudier l'ivresse dans tel ou tel contexte social ou historique serait une entreprise autre. Or, décrire ce qu'est l'ivresse dans notre imaginaire social le plus courant, le plus consensuel, nous oblige à un regard rétrospectif. Le plus souvent, lorsqu'il est confronté à la différence, à l'étrangeté des manières anciennes d'exister, l'historien s'étonne, et les sujets de cet étonnement influencent ses choix de recherche. Ici, au contraire, l'identique, le même sans surprise, l'absence d'étonnement fécond retiennent l'attention : lever un verre en signe de triomphe est une conduite qui, trop bien comprise rétrospectivement, ne suscite aucune question par- ticulière. Pourquoi étudier cette séquence attendue dont l'apparente faible valeur heuristique va de pair
avec un fort coefficient de « banalité » supposée? Or, plus les images sont banales, « naturelles » et peu
« réfléchies », plus elles apportent d'informations anthropologiques. Plus le stéréotype est naturel, mieux il est construit historiquement.
Mais comment définir le cadre chronologique et sémantique de cet ensemble thématique? Le recours à des notions comme « dans notre culture », « dans notre société », « pour nous », etc. 1, est nécessaire mais insatisfaisant : la contrainte de l'objet se révèle ici trop « douce », et ses limites trop ténues pour se laisser nettement circonscrire.
Lorsque nous disons « l'homme occidental », la
« culture latine », quel artefact sommes-nous en train de construire? Quel type de dispositif, dont l'unité est hautement improbable, mettons-nous en pers- pective? Il serait plus prudent de renoncer à ces outils fuyants, de restreindre le champ et d'isoler des sources homogènes : ainsi, « l'ivresse dans la poé- sie du XVIe siècle » aurait été un sujet plus serein sur le plan épistémologique. Mais la question de l'ivresse en elle-même passerait alors au second plan, la poésie française du XVIe siècle devenant le véri- table objet de la recherche. A contrario, la « phé- noménologie de l'ivresse » ne se fonde pas sur un échantillon « statistiquement représentatif » de textes, mais sur une manière de les lire. Dans le travail présenté ici, les exemples ne sont pas démonstratifs, mais illustratifs.
Nos manières de boire et de nous enivrer peu- vent-elles être comparées à celles des Boshimans du désert de Kalahari, par exemple 2, des nomades du
D é s e r t d e s d é s e r t s a u m i l i e u d u s i è c l e 3 o u d e s I n u i t 4 ?
Sont-elles les mêmes? Les « nôtres », « latines »,
« européennes », « occidentales », ont en outre la lourde responsabilité d'avoir été exportées à l'exté-
rieur lors des siècles d'expansion coloniale et de servir de modèle à l'ensemble des groupes sociaux en cette fin du xxe siècle.
S'il n'est pas possible de définir l'extension de ce que nous entendons par « dans notre culture », parce que ce qui est désigné ainsi se dissout en fonction de l'échelle adoptée, il n'est pas possible non plus de ne pas différencier cet ensemble de ce qui lui est étran- ger, à savoir les autres aires culturelles « non occi- dentales ».
Quelles sont les limites dans le temps ou l'espace de la « culture occidentale »? Quand aurait fini en Occident une culture « non occidentale »? Avant le néolithique? Avant le commerce du vin? Avant l' Iliade et l'Odyssée? Il y a des concepts flous parce que l'objet désigné est lui-même flou et que ses frontières dépendent de son découpage chronologique.
Autre versant de cette même question : comment dater les composantes d'un imaginaire social? Celui- ci est-il une zone de références communes dans une aire culturelle donnée? Est-il un inconscient collectif?
un préconscient poétique? un fond consistant du tableau? Qu'est-ce que «l'air» du temps? Qu'est-ce qui fait le « style », l' atmosphère reconnaissable d'un groupe social donné en train de boire, de manger?
Pour répondre à ces questions il faudrait au préalable avoir déjà élucidé le fonctionnement de ce que l'on
n o m m e l ' i m a g i n a i r e s o c i a l 5, n o t i o n q u i s e r a u t i l i s é e i c i c o m m e l a s o m m e d e s é v i d e n c e s , d e s s t é r é o t y p e s , d e s b a n a l i t é s l e s p l u s i n s i g n i f i a n t e s a p p a r e m m e n t . C e s d e r n i è r e s c i r c u l e n t c o n s c i e m m e n t , m a i s s a n s a v o i r b e s o i n d ' ê t r e é n o n c é e s , o u m ê m e p e n s é e s , à l ' i n t é - r i e u r d ' u n e m ê m e c u l t u r e .
Boire
Il y a différentes sortes d'ivresse et une infinité de manières d'être ivre, auxquelles renvoie en France un usage singulier du verbe « boire ».
« Il boit » désigne le sujet « addicté » à une bois- son enivrante — « on dit absolument en ce sens qu'un homme est sujet à boire ou qu'il boit pour dire qu'il est coutumier de s'enivrer », dit un dictionnaire du
X V I I e s i è c l e 6. « B u v o n s ! » s ' é c r i e n t l e s b u v e u r s d a n s
leurs propos de « gens bien yvres 7 », sans avoir besoin de préciser le genre de boisson.
L'invitation ou la demande « à boire! » ne prescrit pas de quantité limitée : boire un pot invite à un échange, à lever le coude 8 ensemble, mais non pas à ne boire qu'un seul pot. En fait le « coup », le « pot » sont tou- jours « un », et le même acte de boire est sans cesse multiplié par lui-même, jamais additionné — on ne dit pas « viens boire quatre coups ». Le boire implique donc le risque d'ivresse, et il avait bu est un constat rétrospectif succinct, qui résume une scène qu'il n'est nul besoin de décrire, la scène de l'ivresse.
« Boire » est donc un verbe dont l'emploi éco- nomise une série de précisions, celle de son contenu privilégié comme celle de sa mesure. Le lexique du boire fonctionne de façon métaphorique — le vin peut être du « gros qui tache » —, voire métonymique — prendre un pot, un verre 9, « descendre » la bouteille.
Il tend à « tourner autour du pot » en multipliant les désignations possibles de ce qui est bu et de l'action de boire, le tout dans une atmosphère de gouailleuse complicité 10.
Par conséquent, boire comporte dans son énoncé
même toutes sortes d'implications dont l'axe commun est l'enivrement pressenti. Ce « pressentiment » social de ce qu'est l'ivresse pour nous, aujourd'hui, et non pas l'ivresse en soi, est l'objet de la recherche pré- sentée ici.
Pourquoi le geste de porter une santé est-il aussi résistant aux changements historiques qui se sont pro- duits depuis deux millénaires 11 ? Et pourquoi l'image de l'ivrogne est-elle aussi prédictible? Ces questions nous amènent à regarder en arrière, non pour élu- cider ce qu'était l'ivresse jadis, mais pour mieux rendre visibles nos manières de nous enivrer ainsi que l'en- semble d'images et de significations qui les rendent compréhensibles.
L'ivresse est une invention ancienne, mais nos manières d'être ivres, le « style » de nos enivrements tels que nous les imaginons actuellement en France, relèvent de ce que nous croyons être une ivresse éter- nelle, banale, dans un imaginaire sans chronologie.
L'immédiateté d'un pressentiment social évi- dent, celui qui surgit lorsqu'il s'agit de boire, est le résultat d'une longue construction historique à l'in- térieur d'une même aire culturelle, ainsi que d'une répétition infinie des pratiques : depuis quand, en Occident, marque-t-on l'espace festif avec les gestes du boire? Comment imaginer une « fête » sans boire, un repas d'hôte sans boisson alcoolisée?
Le leurre délibéré d'éternité et d'universalité qui consiste à penser l'ivresse de Noé, sans oublier celle du capitaine Haddock, est indispensable à la consti- tution d'une phénoménologie de l'ivresse. Si je peux comprendre la colère d'Achille ou si je suis soulagée que les noceurs de Cana 12 puissent boire autre chose que de l'eau, si je ris du gros œil soûl du Cyclope, cela ne signifie pas que je sache quoi que ce soit sur Achille ou Homère, sur les manières de table
anciennes ou sur l'exégèse des textes canoniques, mais plutôt que colère et ivresse suscitent de ma part une compréhension littérale immédiate, non savante mais passionnée, indifférente aux faux sens. Quelle est cette compréhension? Cette force compréhensive qui nous entraîne vers les rivages étrangers et nous les rend « habitables », cette colère, cette ivresse, cette honte s'il n'y a pas de vin pour la noce, c'est aussi moi.
1
LA Q U E S T I O N DE L'IVRESSE
L'ivresse éprouvée
L'ivresse est un état particulier pendant lequel la conscience de soi et celle du monde sont plus ou moins modifiées; le sujet enivré vit alors une expé- rimentation active et très particulière de sa propre perception du temps et de l'espace social, de la pesan- teur et de la verticalité, des frontières entre le monde intérieur et le monde extérieur. Puisque nous sommes en France, pays dont l'identité nationale est marquée par l'histoire du vin et de la vigne 1, et qui se situe en tête de la consommation d'alcool pur par habi- tant 2, nous choisissons en priorité l'ivresse due au trop boire des boissons contenant de l'éthanol : si les manières de table ont évolué de façon notable au cours de notre histoire 3, les gestes du boire sont rela- tivement stables. Porter une santé, trinquer est un geste qui nous vient de l'Antiquité grecque et romaine, sous une double version, cérémonielle et sacrificielle
— il s'adresse au(x) dieu(x) et aux valeurs sacrées du groupe culturel —, festive ou quotidienne — il s'adresse alors à celui ou celle qui doit être publiquement honoré. Le geste du buveur, moins auguste que celui du semeur, mais plus résistant aux changements his- toriques, est un signe public, même dans l'espace
privé. Il suffit à la communication sociale de ce qu'il énonce. Pourquoi cette efficacité dans l'information non verbale, résistante aux changements historiques?
L'alcoolisme en tant que tel est un champ lar- gement balisé par les recherches médicales, surtout depuis le XIXe siècle, période où l'alcool, repéré chimiquement et socialement, est définitivement bap- tisé 4. Il touche à la question de l'ivresse mais ne la recouvre pas, surtout en France, où la consommation de vin est inscrite historiquement dans les rapports sociaux. Le pourtour de la Méditerranée cultive la vigne depuis « toujours 5 » et les grands textes fon- dateurs de religions ou de cultures — la Bible, l'Iliade et l' Odyssée, V Epopée de Gilgamesh 6 par exemple — nous offrent de nombreux récits d'ivresse due au trop boire. Mais notre recherche ne remontera pas aussi loin : nous nous en tiendrons à l'espace français et ce, surtout depuis la fin du Moyen Âge.
Si des travaux d'historiens tentent d'élucider l'histoire du buveur en France, si des travaux de sociologues et d'ethnologues décrivent les manières de boire et réfléchissent aux fonctions sociales de l'enivrement 7, l'ivresse « bien de chez nous », celle qui fait rire ou pleurer le buveur enivré, celle qui fait rire du buveur « fin soûl », reste à interroger.
Une description de la façon dont elle se donne à voir dans les pratiques comme dans les images relève d'un regard « phénoménologique », qui met à plat les dif- férentes faces du « phénomène ». Avant d'expliquer, il dépliera le système d'images associées pour nous au boire. Ce mode d'élucidation de l'état d'ivresse, tel qu'il est socialement imaginé et donc pratiqué, se fonde aussi sur une perspective généalogique : la conscience collective de ce que peut être un tel état est aussi un phénomène historique 8.
Cette approche doit résister aux explications trop
tentantes afin de laisser la place aux multiples facettes souvent contradictoires d'un même phénomène : nous ne prétendons pas faire l'histoire de l'ivresse, difficile à élaborer. Les sources disponibles pour l'historien, médicales ou juridiques par exemple, ne laissent que peu de place à l'expression de ce qui se passe dans l'ivresse pour le sujet ivre. Elles donnent le plus sou- vent leur point de vue extérieur et implicitement normatif comme seul pertinent. Si les sources litté- raires livrent un autre mode d'approche, leur utili- sation par l'historien pose des problèmes épistémo- logiques complexes, comme celui du clivage entre représentations et pratiques, tout à fait crucial en ce qui concerne le thème de l'ivresse, dont la spécificité même nous empêche d'en retracer l'histoire réelle.
L'ivresse aléatoire
En effet, ce qui est ressenti dans l'ivresse demeure problématique pour le sujet lui-même, et l'écart entre soi et soi est une des dimensions spécifiques de l'expé- rience identitaire de l'enivrement — « Non, je ne suis pas soûl », clame sincèrement le buveur ivre mort;
« Ah! je ne ressens rien!», proteste, déçu, le fumeur d'herbes psychotropes, en attente d'une boulever- sante aventure intérieure.
Une des caractéristiques de l'expérience de l'ivresse est donc aussi de creuser un écart entre soi et la perception de soi, nous le verrons, cet écart étant un des obstacles majeurs à la possibilité d'une histoire des ivresses réellement éprouvées, qui ne sont pas toujours traduites dans un langage articulé, voire écrit, susceptible d'être retrouvé par l'historien.
Une autre question se pose : quels étaient les toxiques utilisés dans les époques anciennes, leurs
compositions, leurs goûts? S'il y a de fortes présomp- tions pour penser que le vin de jadis était probable- ment moins chargé en alcool 9 que celui d'au- jourd'hui, il est néanmoins difficile de le démontrer.
Par ailleurs, l'expérience de l'ivresse n'est pas forcément vécue de la même façon par chacun des membres d'un groupe donné dans cette expérience plus sociale qu'individuelle. Or, les disciplines les plus avancées sur ce type de problème sont celles qui prennent pour objet l'unité individuelle — médecine, psychiatrie, psychologie, psychanalyse —, contraire- ment aux sciences sociales qui prennent pour objet le groupe culturel. Pourtant l'ivresse n'est pas seu- lement une aventure de l'espace intérieur du sujet, elle est aussi une pratique sociale dont le risque est balisé par des règles et des normes collectives plus ou moins explicites et contradictoires.
Montaigne, qui condamne globalement « l'yvro- gnerie », rappeHe : « Platon défend aux enfants de boire vin avant dix-huit ans, et avant quarante de s'enyvrer; mais, à ceux qui ont passé les quarante, il ordonne de s'y plaire [...]. Et en ses lois trouve telles assemblées à boire (pourvu qu'il y ait un chef de bande à les contenir et régler) utiles, l'yvresse étant une bonne épreuve et certaine de la nature d'un chacun 10 [...]. » Le contrôle interne de la mesure dans la sobriété est ici remplacé par la règle externe impo- sée par un chef dans la bande des buveurs. L'auteur désigne dans ce texte des « préférences » et interdits mineurs, sans autres contraintes qu'une répulsion ou un « souci de soi » encadrant le boire et surveillant le buveur « de l'intérieur » : par exemple, l'ivresse convient mieux aux adultes faits qu'aux femmes et aux enfants. Cela dit, la méfiance sociale devant un enivrement enfantin ou féminin, qui n'avait pas encore au temps de Montaigne un alibi médical aussi
puissant que son fondement moral et « civil », fonc- tionne en deçà des lois et dans la longue durée, indé- pendamment des pratiques effectives.
Certaines classes d'âge, des groupes sexuels, sociaux, des personnalités culturelles « stéréoty- piques » peuvent échapper à l'ivresse : une « vieille fille », telle qu'elle est mise en scène dans la produc- tion romanesque en Occident depuis le XIXe siècle n'est pas appelée à s'enivrer follement. Ces acteurs n'agissent pas seulement en suivant des règles plus ou moins codées juridiquement; ils sont aussi contraints de l'intérieur, de façon plus ou moins
« douce », par un système de méfiance et d'incitations collectives.
Dans les enquêtes sociologiques contemporaines sur les consommations, le recours à la notion irré- ductible du goût individuel permet dans certains cas d'échapper définitivement à l'expérience de l'ivresse.
«Je n'aime pas l'alcool », dit le sujet 12, éliminant ainsi la possibilité de s'enivrer et le travail intérieur de choix identitaire qu'impliquent ses manières de boire.
Fait probable qu'aucune statistique ne vient pourtant confirmer : dans les sociétés occidentales, une fois au moins depuis l'adolescence, la majorité des adultes mâles ont abusé de boissons alcoolisées.
Cet enivrement, dû parfois aux règles du groupe dont les membres sont obligés de boire et reboire encore, se situe dans un cadre plutôt social que psycholo- gique...
L'état d'ivresse est-il ressenti de façon homogène par tous les individus? À ébriété équivalente deux sujets éprouvent-ils la même chose? Seul le romancier peut rendre visible la palette nuancée des disparités individuelles. En revanche, la question du lexique disponible et des catégories culturelles enjeu concerne les sciences humaines : quelle grille d'interprétation
possible est offerte au buveur pour organiser le récit qu'il se fera à lui-même, une fois dessoûlé?
L'erreur sur la brûlure
L'impression ressentie pendant l'ivresse peut res- ter intraduisible dans certaines cultures. Le sommeil qui clôt le cycle de l'enivrement emporte avec lui le sens qu'elle pouvait revêtir pour le sujet enivré, d'au- tant plus que ces significations avaient de grandes chances de rester indécises même pour lui. L'expres- sion de ce qui est éprouvé dans l'ivresse est fragile, elle dépend du récit rétrospectif qui lui donne un contenu. La prochaine expérience peut alors réaliser
« mimétiquement » ce contenu, et la boucle est ainsi bouclée entre la pratique d'une expérience et sa tra- duction sociale. L'historien ne disposera ni de la pre- mière émotion ni du deuxième récit, mais plus sûre- ment du reflet de ce dernier dans les sources autorisées.
Le plus souvent, les histoires du boire, et d'une
f a ç o n g é n é r a l e l ' h i s t o i r e d e s p r o d u i t s p s y c h o t r o p e s 13, n ' a p p r é h e n d e n t q u e d i f f i c i l e m e n t c e q u i e s t r e c h e r c h é p a r l e s a c t e u r s s o c i a u x d a n s l e s d i f f é r e n t e s f o r m e s d ' i v r e s s e s ; e l l e s r e s t e n t s u r t o u t d e s h i s t o i r e s d u r e g a r d s o c i a l , m é d i c a l e t j u r i d i q u e , q u i o n t i n s c r i t d a n s l e u r s a r c h i v e s l e s c o n s é q u e n c e s l e s p l u s v i s i b l e s d e l ' i v r e s s e . L ' h i s t o i r e d e l ' a l c o o l i s m e r é e l e s t q u a s i i m p o s s i b l e à s a i s i r a v a n t l e X I X e s i è c l e d a n s l e s s o c i é t é s o ù l e p r o - d u i t ( l ' a l c o o l ) e t l e s d é g â t s p h y s i o l o g i q u e s l i é s à s a c o n s o m m a t i o n e x c e s s i v e n e s o n t p a s p e r ç u s ; l ' a l c o o - l i s m e « r é e l » e s t i n v i s i b l e .
L ' i v r e s s e s e d o n n e e n s p e c t a c l e , a l o r s q u e l e s e f f e t s o r g a n i q u e s à b a s b r u i t s d e l a m o l é c u l e d ' é t h a n o l r e s t e n t d a n s l ' o m b r e . A u s s i , l e r e g a r d m é d i c a l a n c i e n
Le dégoût d'une surenchère : la buveuse 126
La poissarde 133
L'ivresse impossible 134
La sobriété distinctive 137
IV. Le lien social
L'anticipation comme communication 144
La réparation aggravante 150
Le conformisme paradoxal du buveur 152
Le verre à la main 154
Le détour pour boire 157
Arrêt sur inachèvement 165
La bonne distance 168
Le monde renversé 170
Les dégâts 177
Conclusion: La culture de l'ivresse 183
Notes 191
CET OUVRAGE A ÉTÉ COMPOSÉ ET ACHEVÉ D'IMPRIMER
SUR ROTO-PAGE PAR L'IMPRIMERIE FLOCH À MAYENNE EN AVRIL 1991 POUR LE COMPTE DE QUAI VOLTAIRE
5, QUAI VOLTAIRE, 7 5 0 0 7 PARIS